CROA est l’histoire de l’exil, une fuite vers l’avant, loin des jugements subis en permanence. Comprenons notre environnement. Déployons les ailes de la liberté.
Un Poivron Séché casse La Routine conte le récit d’un homme prêt à bouleverser son destin. Après une soirée bien arrosée, il rencontre une femme énigmatique. Elle le mène vers sa renaissance. Notre protagoniste croque la vie à pleines dents du jour au lendemain… mais pour combien de temps ?
Bruno Caruana imprime 2 nouvelles pour un total de 5 pages. Cette fois, les réalisations suivent l’esthétique si particulière de la risographie ! Au rendez-vous : humour noir et fantastique. Antoine Wathelet s’occupe de la mise en page. Camille Chautru dessine l’illustration au dos de l’écrit, formant un poster A3 à afficher chez vous ! Il est également possible d’envoyer ce manuscrit par la poste, grâce à une case dédiée à cette fonction.
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Pour découvrir l’auteur et son œuvre, l’origine du projet et l’envers du décor : RCF Liège et l’interview avec Mouche. Cette boutique est provisoire. Elle disparaîtra une fois le stock écoulé.
Où se trouve la chaleur humaine ? Désigner l’art comme non-essentiel. Observer nos abeilles disparaître petit à petit. Voir des manifestations devenir de vraies scènes de guerre… l’heure est à la réconciliation. Nicolas Michaux partage ‘Chaleur Humaine’. Il semble faire la paix avec soi-même. Son clip dévoile une ambiance chaleureuse. Le guitariste se promène vers des décors ensoleillés. On aurait envie de se perdre à ses côtés, au milieu des plages méditerranéennes. Le Soleil, c’est bien beau mais peut-on y déceler un message clair et net ? Sur Instagram, l’artiste décrit vouloir garder espoir en chantant ‘Chaleur Humaine’, malgré nos deux maux actuels : le dérèglement climatique et le capitalisme débridé.
En 2021, Nicolas Michaux exprime déjà un élan d’optimisme, tout en tenant un discours nuancé. Lorsque je rédige mon mémoire au sujet de la critique musicale francophone, ses mots donnent à réfléchir.
Le confinement et toute cette histoire de corona bouleversent beaucoup de choses. J’aperçois de la bienveillance de la part des médias envers les artistes belges. Je vois ça d’un bon œil. Sauf que j’ai toujours eu le sentiment que la Belgique francophone est un territoire peu chauvin. C’est vrai que ça a aussi plein d’avantages. Je n’ai pas envie qu’on devienne des patriotes culturels qui brandissent les couleurs des artistes pour tout et pour rien. Je ne vois pas le monde, la culture et la vie de cette façon. Je pense vraiment que les mentalités évoluent.
Il y a quelques années, il fallait être connu ailleurs pour être reconnu chez soi. Aujourd’hui, une vraie réflexion s’impose. On devrait soutenir mieux, ou encore plus, nos artistes, sans avoir peur d’en être fier. Pour ma part, je me considère extrêmement chanceux quant à la réception d’Amour Colère. Des dizaines d’artistes produisent des œuvres pleines de valeurs et dont on ne parle jamais ! Il y a également un engouement autour de Capitane Records (ndr : label musical géré par Nicolas Michaux). Il y a un intérêt chez la sphère médiatique pour les initiatives similaires à la création du label.
Quelques années plus tard, l’artiste propose un morceau classieux, propre à son rock minimaliste. Un titre solaire et solidaire. ‘Chaleur Humaine’ me rappelle à quel point j’aime rencontrer les artistes. Ces derniers ne suivent pas le modus operandi des politiciens. Rien n’est calculé à l’avance pour la plupart d’entre eux. La spontanéité domine bien plus leur manière d’être. Nicolas Michaux comprend sûrement cette opinion, lui-même favorisant le pouvoir à la sainte collectivité, et non à l’idéologie libérale de plus en plus superficielle.
Mon travail de composition est plus coopératif qu’auparavant. Plutôt que de me focaliser sur une idée fixe qui va d’un point A à un point B, de juste essayer de la mettre en place pour qu’elle ressemble au maximum à ce que j’ai en tête, ici, j’arrive avec un élément clé qui me chauffe. Puis, on décortique et on aménage le tout ensemble.
Les autres membres ont beaucoup d’expérience. Leurs conseils amènent souvent à des passages auxquels je n’aurais pas pensé. -Maxime Knappen, guitariste chez Oghma
TH da Freak – Indie Rock
Thoineau Palis, leader de TH da Freak, attire l’attention grâce à son humour non-dissimulé. ‘Serie A’ révèle le côté méta de ses compositions. Indie Rock fut partagé lors d’un premier avril. Il arrivera bientôt à nos oreilles et sourires.
Enjoy
Les jumeaux Wyatt et Fletcher Shears forment The Garden. J’avais déjà écrit à quel point le duo est avant-gardiste. En solo, les gaillards sont tout aussi forts ! Enjoy revient en force avec ‘Hard Lesson’, une ambiance qui rappelle les heures dorés de l’opus Punk Planet.
Nicolas Michaux
‘Chaleur Humaine’ est une chanson sur le changement climatique et malgré toutes les nouvelles effrayantes qui circulent, c’est une chanson d’espoir. Que toute cette chaleur humaine porte ses fruits. Fruits d’amour et de sagesse. La chanson m’est tombée dessus comme une aubaine. Une journée de vacances à jouer du ukulélé. Tout m’est venu d’un coup, du début à la fin en quelques minutes. C’est comme si toute l’anxiété qui s’accumulait lentement à propos de l’avenir avait soudainement été libérée et transformée en quelque chose de joyeux. Comme si la partie de moi qui veut encore croire l’avait emporté sur la peur et la consternation. –Nicolas Michaux
Sharko incarne un esprit enfantin. On le note en contemplant ses clips, en décryptant ses paroles. Est-ce la recette pour ne pas finir ringard ? Il faut le croire !
Jack and the Bearded Fishermen – Playful Winds
More is less. Effets voix comme réglées par un démon-fantôme. Guitare déchainée et attirée par le bruit. Welcome to Playful Winds !
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Le titre ‘Spécial’ est traversé par un swing diabolique. Cette chanson pioche autant dans l’univers pop français de L’Impératrice que dans celui tout en groove de Kaytranada. -+++
Lonny – Autour d’Ex-Voto
Dans quelques mois, on partagera une surprise en rapport avec Lonny. Le folk français s’analysera sur JCCLM ! En attendant… que vienne l’élégance.
Pourquoi j’aime les taiseux et taiseuses ? A la différence des personnes faisant part de leur hystérie, d’autres apparaissent sages, restant calmes en toute situation. Posées. Réfléchies. Ces personnes peu loquaces analysent souvent le monde avec des yeux uniques en leur genre. Les musiciens d’Aleph Quintet font sûrement partie des ces personnalités.
Le groupe émerge de la scène bruxelloise. Il propose une musique envoûtante, c’est-à-dire un style nord-africain mêlant jazz et culture soufie.
Le silence tient un rôle principal au sein de leur univers. Une information comprise en lisant une interview sur les pages de la revue Larsen. Surtout quand est nommé leur album, Shapes of Silence.
Une personne peut être silencieuse mais émettre beaucoup d’énergie et de messages aux autres. Sans qu’on le sache. -Théo Zipper, bassiste
Les membres suivent aussi la voie du soufisme. D’après Eric Geoffroy, auteur de La Grande Histoire de l’Islam (2018), cette croyance est née en Arabie au septième siècle. Elle se définit tel un aspect de la sagesse éternelle, universelle, qui s’est incarné dans le corps de la religion islamique. Les soufis étaient souvent de grands oulémas (savants en sciences islamiques). Ils rappelaient que seul l’Esprit est à même de vivifier les formes, et de lutter contre la sclérose de la pensée islamique.
Si cette spiritualité provoque les mélodies émouvantes et imprévisibles de la bande, autant continuer sur cette voie. Car le silence est souvent synonyme de sauvegarde. Le silence est un fructueux bouclier. Il sert à se protéger de l’énervement, des malentendus, de l’ignorance…
Aleph Quintet laisse notre imagination bercer aux sons de leurs instruments. Une action sacrée. Un jeu élégant. Sans qu’aucun chant ne gâche leurs instants de pur voyage vers l’Orient.
La musique naît du silence. Il faut faire mieux que le silence. -Akram Ben Romdhane, oudiste
Foo Fighters, Queens of the Stone Age et désormais, Royal Blood… cette année, certaines légendes rockennerollesk’ font leur retour ! Nous sommes gâtés, c’est fou. ‘Mountains at Midnight’ rappelle une évidence frappante : Royal Blood forme un duo pondant, encore et toujours, des mélodies brutes et accrocheuses. Mention honorable à la batterie ouvrant le morceau sans chichi, tout en puissance.
Mono(Pol) – Vlek Cinko
Quel sacré trip ce Mono(Pol). Vu qu’on aime les artistes à la fois atypiques et grand public, son titre ‘Zob Mateub’ se doit d’être honoré. Clap clap.
Drast – Indaco
‘Gran Finale’ chanté par Drast est une romance à cœur ouvert. La Dure à Cuire, c’est ça aussi. Puis, la langue italienne semble la meilleure pour les chansons d’amour. Grazie Drast !
Guillaume Vierset est un artiste aux multiples facettes. Tantôt compositeur jazz, tantôt guitariste rock. Mais les étiquettes, il aimerait s’en débarrasser ! Lors de son passage au Jazz à Liège, il dépeint Edges. La philosophie du groupe apparaît claire et nette. Elle rime avec improvisation, simplicité, rage et réconciliation.
L’art est une chose que l’on voit tous les jours mais qu’on prend rarement le temps de regarder et apprécier. L’art est un débat mondial, l’art, c’est tout et rien en même temps. Est-ce que les jeux-vidéo, c’est de l’art ? Est-ce qu’une casserole, c’est de l’art ? Est-ce qu’une banane scotchée à un mur, c’est de l’art ? Ect.
Car oui la banane scotchée à un mur est une œuvre d’art créée par Maurizio Cattelan vendue à 120 000 dollars. Cet artiste italien a voulu défier les règles de l’art et ce n’est pas le seul.
Et c’est là que je reviens à mon sujet principal la beauté de la vie c’est… l’art car l’art, c’est la beauté de la vie pour ses catégories classiques ; l’écriture, le dessin, la danse, la peinture et j’en passe… Mais c’est aussi la beauté de la vie car c’est une banane scotchée à un mur, une toilette retournée, et plein d’autres choses aussi farfelues vu que cette forme d’art, sa seule limite, c’est la créativité de l’homme, qui elle, est illimitée.
L’art, c’est la beauté de la vie car c’est c’est ce qui l’a écrite.
Les 20 ans d’un label qui honore la brutalité sonore… ça se fête ! Bravo à Head Records. Pour le coup, écoutons Loons, un groupe dont j’attends impatiemment de nouveaux morceaux.
Protomartyr – Formal Growth In The Desert
Malgré les qualités visuelles du clip ‘Make Way’, Protomartyr n’est pas mon trip. Il s’agirait d’écouter Formal Growth In The Desert ce 2 juin… mais le chanteur qui ne chante pas n’attire pas ma curiosité à ce point.
Club Bombardier – Anger Management
Club Bombardier change de style, vraiment ? Un changement de voix advient et laisse le groupe vaguer dans une énergie toujours aussi percutante. ‘Mr. Muscle’ accroche assez vite à l’oreille. Il sera aisé de suer, une fois la chanson jouée sur scène.
Je prends ma voiture. Je suis à la gare. J’oublie mon GSM. Je reprends ma voiture. Je chope mon GSM et revient à la gare. J’entre dans le train et rate le second. J’en profite pour manger, j’admire les campagnes wallonnes, et… je fucke le monde.
Une réplique propre à l’esprit d’Edges. Ce nouveau projet du guitariste Guillaume Vierset joue à l’Ancienne Belgique. Même si j’oublie des objets, même si les transports en commun sont souvent en retard, je préfère réfléchir comme l’artiste. Lors d’une interview au Soir, il rappelle ô combien la musique permet de s’échapper d’un quotidien trop étouffant. Il juge son œuvre enregistrée en 2020. Son regard est limpide.
Je suis ultra-heureux parce ça représente bien une époque, la pandémie, le confinement. J’ai joué avec de l’énergie, de la hargne. Je fucke le monde en fait, allez tous vous faire foutre, je fais mon truc et on voit ce qui se passe.
Cette philosophie se retrouve sur scène. Le jeune homme apparaît vêtu d’un peignoir et démarre le concert, sans un salut la famille. Heureusement, tout comme Antoine Pierre (batteur chez Next.Ape) en seconde partie, Guillaume Vierset communique énormément avec son public. Dès les premières notes, une forte impression martèle mon crane. Et si Edges était bien meilleur à écouter en live ? Non pas que l’album de ses membres soit inaudible. Mais une fois écoutés au spectacle, les morceaux The End of the F***ing World semblent taillés pour la scène. Si l’opus n’avait jamais été joué devant des auditeurs férus de rock, cela aurait été un pur gâchis.
Accords Simples et efficaces. Rythme envoutant, jamais ennuyant. Improvisation bien amenée. Sourire en coin, joie notable et instants incroyablement doux. Cette liste de mots définissent ce moment partagé avec le quatuor. Comme quoi, parfois il faut revenir à l’essence de la musique : jouer instinctivement pour créer une magie unique en son genre.
Samedi dernier, je m’aventure vers une tanière modavienne. Je découvre une salle de concerts. Aux Deux Ours, l’envie de se déchaîner est compréhensible. A l’affiche, on retrouve des groupes aux riffs bruts et méchants : Lymass et Naked Passion. Empty Head est aussi de la partie. Ses membres dévoilent de nouveaux morceaux. Une opportunité en or pour savoir si leur jeu est toujours aussi puissant.
Le quatuor faisait une résidence sur les lieux, quelques jours avant le spectacle. Dans quel but ? Ecouter les remarques de Jeremy Alonzi, l’homme aux mille-et-un projets, mais avant tout, musicien parmi The Experimental Tropic Blues Band. Thomas Michiels, guitariste chez Empty Head, décrit cette aide artistique.
Ses meilleurs conseils sont nombreux. Etre plus libres sur scène. Se laisser aller davantage. Se faire confiance les uns, les autres. Jouer bien plus ensemble, en fonction de ce qui se passe sur le moment même. Laisser place à l’imprévu pour se détacher de notre set bien carré, bien exécuté, pour le faire vivre encore plus, le rendre plus sincère. En n’oubliant pas d’inclure plusieurs fois le public.
Le concert démarre, ça bastonne en peu de secondes. Les deux guitaristes se complètent sans que leurs effets deviennent brouillons. Le chanteur devient insaisissable, tant il se déplace partout, tout le temps. Un interlude rappelle la force de frappe des Liégeois. Elle est en mesure de provoquer un pogo, même pour les plus statiques. Parlons-en. Choc générationnel ou pas, peu de personnes dandinent leur fessier… rien de grave ! Je continue à exploser ma nuque sur de nouvelles chansons, telles que ‘Violence’. Ce coup de cœur fut déjà apprécié au Bear Rock Festival. ‘Modern Man’ demeure probablement leur chanson la plus radiophonique. Rien de dérangeant. Les membres calment le jeu, l’espace d’un instant.
‘Cosmic Rave’ retient l’attention. Pourquoi ? Dio santo ! Ce titre est parfait pour clôturer le concert en sueur. La fougue domine sur plusieurs aspects : au niveau d’un chant maîtrisé et des soli de guitare plutôt mémorables.
Que manquait-t-il à cette soirée ? L’imprévisible singe-costard-cravate. A savoir, le personnage principal de ‘Moden Man’. Un grain de folie de plus pour ces musiciens à l’énergie débordante.
Lucien Phare est musicien, très philosophe. Ses réponses sont simples. Non pas simplistes, mais légères, mystiques, pertinentes. Il présente son premier album, Idiosyncrasy. A quoi s’attendre ? L’insouciance infantile, l’œil de Francisco Mata Rosas, Carl Jung et ses réflexions.
Parlons de la pochette du disque. Tu as choisi une photo de Francisco Mata Rosas. Voulais-tu refléter l’insouciance des enfants, celle qui disparaît quand on vieillit ?
J’aime bien l’idée que chacun puisse se faire sa petite histoire. C’est important parce que cette image est quelque chose de très symbolique et ça ouvre… en fait, on peut envisager un tas de narrations. Si tu le souhaites, je peux raconter la mienne.
Oh, oui oui.
L’image m’est tout de suite apparue touchante. Après, j’y mets cette idée de l’insouciance, c’est sûr. Il y a aussi cette idée du regard qui est ultra parlant. Il reflète une chose très forte quand on pense aux masques que l’on porte. Puis, ça me faisait penser au fait que chaque personne sur Terre a été un enfant. Plus je revenais sur cette idée, plus ça me faisait réfléchir… par exemple, quand j’observais des dirigeants du monde, des choses comme ça, et que je songeais qu’ils étaient des enfants, je ne sais pas, ça me faisait énormément réfléchir… le fait que ces parents ont aussi été de petits enfants, qu’on a tous traversé la période de l’enfance. Je me focalise sur l’idée que tout le monde peut à un moment enlever son masque et montrer cette insouciance, comme tu dis. Ces choses un peu enfouies, un peu cachées.
L’enfance, tu as des facilités à en parler. Ou alors, est-ce une thématique complexe qui demande du temps pour être développée au fil de l’album ?
Bonne question… mais je pense que ouais, j’ai de plus en plus de facilités à en parler. Je ne cours pas après mais disons que je ne cesse de redécouvrir un peu ces sensations, ces ressentis qui réapparaissent. Dans cet album, il y a des morceaux dans lesquels je ne me suis vraiment pas pris la tête. Je jouais quelque chose d’assez fluide, d’assez simple. Je suivais une philosophie : lâcher prise, ce que les enfants font très bien. (rire) L’attitude est punk sans l’être. On se relâche. Les choses deviennent futiles.
J’aimerais revenir sur le photographe Rosas. Très vite, il arrive à choper notre attention. Ses photos sont très épurées. Qu’est-ce qui te marque le plus dans le travail de cet artiste ?
J’étais dans un musée à Mexico. Il s’y trouvait une photo mémorable de Francisco. Ensuite, je m’étais renseigné et j’apprenais qu’il pratique le photojournalisme. Il y a ce côté… je ne sais pas, son style est authentique. Il y a des moments de vie. Pour la pochette de l’album, il y a une mise en scène minime. Mais finalement, ce n’est pas dans ses habitudes. La mise en scène se voit rarement dans ses clichés. Ce sont souvent des photos de rue. J’aime vraiment l’authenticité qu’il réussit à capturer.
J’aime beaucoup visualiser tes chansons comme un phare, une aide lumineuse. En m’informant sur Idiosyncrasy, je me demandais si la peur était le plus gros frein de nos actes, à chacune de nos pensées. Tu souhaitais partager ce message en composant l’album.
Oui. Je le réalisais dans un moment où je ressentais beaucoup de peur. Inévitablement, ça en parlait. Quand je composais, je ne me disais pas qu’il fallait évoquer la peur. Mais en fait, j’étais dans cet état. Les compositions répondaient à ça. Par exemple, l’idée du morceau ‘Calm Down’ était clairement imaginée au moment où tout bouillonnait en moi, quand venait l’instant de se dire : laisse aller, n’aies pas peur, enfin plutôt… c’était bien plus, laisse la peur être ce qu’elle est et puis ça passera. Il y a cette proposition de ralentir le rythme au fil de l’album. La peur, c’est aussi l’accélération. C’est pour ça que dans cet album, tout est très lent. Des fois, il ne se passe pas grand-chose. Mais c’est fait exprès. Qu’une envie de lâcher prise puisse planer.
Peut-on percevoir la peur comme quelque chose de positif ? Durant la période covid, des amis artistes se mettaient à composer, à écrire. Inconsciemment, ils craignaient que tout se termine. Créer, maintenant ou jamais. La peur peut devenir un moteur pour créer ?
Ouais, c’est arrivé mais ça m’arrive de moins en de moins. Quand ça arrive, ça arrive. Je ne lutte pas contre (rire). A ce moment-là de ma vie, lors des enregistrements de l’opus, ouais, c’était dans le sujet. Mais en ce moment, ça va. Je suis plutôt dans une phase où j’ai de moins en moins peur. Je pense que la sensation propre à la peur peut aider. Ça fait partie des choses qui motivent, tout comme la colère, ou juste l’amour. Ça devient parfois un vecteur d’inspiration artistique.
Quand j’écoute l’album, je me transporte vers un western féerique. Comme si j’étais au milieu d’un désert, où les cowboys utilisent leurs armes pour planter des arbres. Des personnalités participent à la féerie du projet. Je fais référence aux voix féminines. Elles sont envoûtantes. Comment fais-tu pour caser ces voix aux meilleurs moments ?
Là, pour le coup, j’étais dans l’intuition. Les chœurs ont été fait par une amie. Elle s’appelle Victoire. Nous sommes très proches. Elle était près de moi pendant ces phases. Ça s’est fait de manière assez fluide parce qu’en fait, les compositions des morceaux se réalisaient sur un temps long. Ce temps n’avait rien de défini. J’étais chez moi et ça durait plus d’un an. Nous travaillions petit à petit. Sur ‘Walk Don’t Stop’, j’avais des idées claires. J’entendais des sons, néanmoins, le petit pont de voix fut écrit par Victoire. Pour les dernières chansons, la voix est moins formulée en chœur. Elle nous est plus proche. J’étais, là aussi, accompagné d’une amie avec qui je passais beaucoup de temps. A un moment donné, on a enregistré dans ma cave.
C’est ta première interview pour un webzine belge. Aimerais-tu que je te pose une question plus qu’une autre ?
(gros silence) Pourquoi je me retrouve à parler de Carl Gustav Jung sur mon album ? Je me suis rendu compte que ce n’était habituel de citer un psychiatre en musique. Derrière cela, il y a le processus d’individuation. Cette idée signifie d’aller vers un soi indivisible, authentique, une sorte d’unité qui accepte la conflictualité en soi et qui la découvre… Le disque parle un peu de ces choses. Il y a l’idée du soin. Je ne sais pas encore si c’est une idée qui va perdurer dans mes prochaines créations. En tout cas, à travers Idiosyncrasy, il y a idée qui est portée sur le soin. Et plus précisément, sur l’idée de guérison.
Tu traduis en musique les écrits de Jung.
Ses écrits m’inspiraient. Je lisais pendant que je créais ma musique. Forcément, ça influençais mes sons. C’était arrivé dedans sans que je le veuille. Ca faisait partie de ma vie et ça finissait inévitablement dans les compositions.
A qui conseiller ces lectures ? Quelle personne en aurait le plus besoin ?
L’auteur m’aidait beaucoup lorsque j’étais confus à cause du flot de pensées dans ma tête… je le conseille aux personnes qui ont un mental un peu envahissant. Aux personnes qui ont parfois peur de l’inconnu, de l’invisible, qui ont peur d’eux-mêmes, des autres, de ce que Jung appelle l’ombre. C’est-à-dire, tout ce qui concerne ce qu’on n’arrive pas à négocier entre nous et nous-même. Qu’ils lisent Jung, ils trouveront des trucs vachement croustillants. Enfin, pour moi c’était décisif dans ma vie.