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Joann Sfar, idiot utile de trop ?

L’Amour est le Message. J’espère promouvoir cette pensée à travers mes écrits. Pourquoi ? Nous vivons des heures sombres. Pourquoi ? Nos sociétés se percutent, s’entrechoquent, se saignent pour glorifier des idées meurtrières. S’il fallait donner un et un seul exemple, parlons de la Palestine. Juste après la Seconde Guerre mondiale, son peuple s’engouffre dans une lutte infernale pour faire valoir ses droits. N’oublions pas. 1948, l’exode de plusieurs Palestiniens…

Aujourd’hui, d’autres chiffres terrifient à tout point de vue. Gaza est hécatombe. Selon l’Organisation des Nations Unis, on y compte plus d’enfants tués en 4 mois, qu’en 4 ans de conflits dans le monde. Il est temps de condamner Israël. Destituez ce Netanyahou fasciste. Remettons en question les propos de Joann Sfar. Récemment, l’auteur français publie Nous vivrons, une enquête sur l’avenir des juifs.

Je ne déteste pas ce dessinateur. Il est important de l’écrire. La haine est un frein toxique pour tout un chacun. Par contre, même s’il prône le dialogue avec les peuples, même s’il souhaite l’espoir d’une cohabitation possible… quelle tristesse de ne pas citer les actions insupportables d’un Etat israélien extrêmement belliciste ! Au sein d’espaces médiatiques, Joann Sfar se présente, non pas comme géopoliticien, mais comme alarmiste. Les tensions entre juifs et arabes existent et existeront encore et encore. Surtout si personne n’arrête le Hamas et les personnes finançant ces terroristes ! Pour quelle raison l’artiste ne pointe pas du doigt la probable implication israélienne ?

Pour empêcher la création d’un Etat palestinien, il faut épauler ceux qui soutiennent le Hamas et lui transfèrent des financements.

Voici ce qu’aurait affirmer Benyamin Netanyahou, lors d’une réunion des parlementaires du Likoud (2019), d’après The Observer (2023). Autre information provenant du même journal, dans les médias israéliens, un représentant du ministère de la Défense certifie qu’à terme, Gaza ne sera plus qu’une ville de tentes, sans aucun bâtiment.

Par honnêteté, j’avoue un détail important… je n’ai pas lu Nous vivrons. Néanmoins, la promo orchestrée par Joann Sfar mérite un article, cet article ! Car l’individu passe pour un idiot utile. C’est-à-dire, une personne qui sert, involontairement, une cause qu’il ignore, contredisant parfois ses convictions profondes. Je ne peux pas définir Joann Sfar de la sorte. Pour l’instant, je constate qu’il semble nier la réalité palestienne… mais je ne veux être aucunement insultant envers une personnalité aussi engagée, aussi pacifiste, se rendant compte qu’il est de plus en plus rude de débattre avec les 2 populations.
Donnons une chance à la paix. Il est difficile d’être juif en France, Joann, ça se comprend. Cependant, le passé éclaire le présent.

brunoaleas – Photo ©Antonino Caruana

Choujin X

La vie doit-elle avoir un sens ? Est-ce qu’un homme doit posséder un rêve pour exister ? Y a-t-il tant de mal à se laisser porter par les flots du temps, à s’oublier jusqu’à ce que nos choix soient faits à notre place ? Eh bien… certainement… oui.

Disons simplement que comme tout, c’est plus facile pour certains que pour d’autres.

Choujin X est la dernière œuvre de Sui Ishida, l’auteur de Tokyo Ghoul (qui se trouve être mon œuvre favorite). Et ce qui est sûr, c’est que même si graphiquement, il a énormément évolué depuis ses débuts, on reconnait bien son style et univers. En effet, les thèmes explorés au niveau de l’univers sont globalement les mêmes. Dans ce monde, certains humains sont des mutants/surhommes appelés Choujins. Un Choujin a le droit entre être renoncé à utiliser ses pouvoirs, être un criminel, ou devenir un keeper et utiliser ses pouvoirs pour le bien de tous. Puis, où se porte notre attention ? Sur deux lycéens. Tokio et Azuma sont très différents et pourtant ils sont meilleurs amis. Azuma est un garçon plein de ressources et semble être inarrêtable, tandis que le timide Tokio est indécis et vit dans l’ombre de son meilleur ami, tout en lui portant assistance comme il le peut. Leur destin sera à tout jamais bouleversé lorsque, acculé par un dangereux Choujin, ils n’auront d’autre option que de devenir eux même des surhommes.

Lorsqu’on prend du recul sur la prémisse, le scénario ne s’éloigne pas trop de Tokyo Ghoul. Les thèmes explorés au niveau de l’univers sont globalement les mêmes. Ici, on part plutôt sur des études de personnages très poussées. Les pouvoirs des Choujins sont liés à leurs inconscients et c’est en partant à la découverte de leurs propre personne que nos protagonistes apprennent à maîtriser leurs pouvoirs. Notre héros timide devra essayer de comprendre pourquoi son pouvoir le rends si fort et exubérant, et pourquoi, malgré sa modestie, il prend la forme du vautour, l’oiseau qui vole le plus haut. Son meilleur ami devra essayer de comprendre pourquoi lui, qui est si fort et qui a tellement confiance en lui, n’a pas réussi à développer le moindre pouvoir. Et bien sûr, c’est à coups de virements scénaristiques et de puissantes réalisations de nos protagonistes que l’histoire progressera.

Il y a aussi beaucoup de mystères. Ils ne reposent pas sur les personnages mais plutôt sur des plans cryptiques contenant des représentations symboliques. Plus on en apprend sur le monde des Choujins, plus notre sang est glacé. Le récit prend un peu de temps à démarrer, mais un excellent combat au tome 2, et certaines révélations exaltantes au tome 4, ne manquent pas de faire désirer la suite.

Le pouvoir et l’apparence d’un Choujin seront toujours en raccord avec les désirs de la personne qui contracte les pouvoirs. Souvent, lorsque quelqu’un devient cette créature, il entre dans un état de folie et d’hyperfixation. Notons un cas fascinant, un baseballeur connu pour ses balles plongeantes. Quand il se métamorphose, ses attributs physiques prennent l’apparence des équipements de baseballeurs. Son pouvoir est d’augmenter la gravité des choses pour qu’elles plongent comme ses balles. 

J’ai vraiment adoré les scènes d’actions de ce manga. Depuis Tokyo Ghoul, un grand effort de clarté est effectué. Les batailles sont de vrais ballets de violence mouvementée. De la pure brutalité. Une des caractéristiques les plus intéressants des Choujins est ce qu’on appelle le raise. Deux ou trois fois par combat, lorsque les surhommes meurent, il peut tenter de revenir d’entre les morts, bien plus fort qu’auparavant. Cela les poussera à utiliser des tactiques très risquées. Parfois, ils se brisent même la nuque tout seul, afin d’obtenir un avantage décisif. Cela donne des affrontements complètement débridés où les combattants n’ont aucune retenue.

En somme, on peut dire que j’ai été complètement conquis par cette œuvre. Bien qu’elle prenne un peu de temps à démarrer, cette nouvelle œuvre de Sui Ishida a beaucoup de chance de supplanter son œuvre précédente, dans la liste de mes mangas favoris.

J’aimais Tokyo Ghoul à la folie, pas pour les dessins, pas pour l’action et encore moins pour cette triste adaptation animée qui ne lui fait pas honneur, mais bien pour le soin, l’amour et la poésie que l’auteur insuffle à son personnage principal. Ken est un personnage qui avait besoin d’évoluer, de se remettre en question sans cesse. J’ai l’impression qu’à travers Choujin X, ce n’est pas à un, mais bien à trois personnages que ce soin va être apporté. Couplant cela aux nombreuses améliorations de l’auteur sur son dessin et son découpage, je ne peux qu’avoir de plus en plus hâte, à chaque tome sorti, de connaitre la suite !

Rêve, espoir, ambition, persévérance…

Rage, justice, beauté, amour…

Aux Choujins

La destinée fait don d’une apparence et d’une force qui leur conviennent le mieux.

(…)

Et lui, qui l’est devenu… ce garçon… la détenait-il réellement, cette fameuse nature ?

Pierre Reynders – Illustrations ©Sui Ishida

LA DURE A CUIRE #102

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la moins douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist homonyme !

Willow

Tant de points à souligner, tant d’observations à écrire… Willow surprend encore et encore. Ses notes de piano, sa voix, sa rage, trop de points forts ! Impossible de ne pas être séduit par l’univers de l’artiste.

Pretty Inside

Pretty Inside épate au sein de l’écurie bordelaise, Flippin’ Freaks. Est-on en train de voyager dans le temps en écoutant le groupe très 90s ? Sommes-nous en train de déterrer nos guitares pour fuir nos métiers de merde ? Arrêtons là. On pourrait se poser quelques questions… ‘Big Star’ rappelle qu’une simple ballade sert à émouvoir.

L’Ombra

Fans des Mars Volta, réveillez-vous ! L’Ombra joue une musique complexe et recherchée. Mes oreilles souhaitaient écouter de telles sonorités. Pourquoi ? Pour s’éloigner des standards radiophoniques, ultra ennuyeux.

Ferielle

Pop. Francophone. C’est la deuxième fois qu’on cite Ferielle. La chanteuse joue des tours à son ex-amoureux. A découvrir en matant son clip ‘riviera’ !

brunoaleas

Quelques lettres sur un bout de papier

Vit-on aujourd’hui dans un monde où l’oral prime sur l’écrit ?

Aujourd’hui, l’art oratoire semble dominer tandis que l’écrit, lui, paraît subir un vrai déclin. Que dire du manque d’intérêt que peut susciter la lecture et de sa diminution chez les jeunes, alors que ces derniers se ruent devant des vidéos YouTube où seuls l’oral et la vidéo comptent ? Que dire du langage SMS ou du niveau d’orthographe en baisse depuis quelques (longues) années ? L’écriture est-elle morte aujourd’hui parmi la jeune génération ?

Écrire et inventer des histoires est ma passion depuis aussi longtemps que je m’en souvienne. Cependant, cet attrait pour l’écriture ne me semble pas être majoritaire dans ma génération. Comme si devenir influenceur ou star des réseaux était plus un rêve partagé actuellement que de laisser une petite trace écrite dans l’histoire.

Pourtant, à l’origine, c’est par l’écrit qu’un nombre incalculable de savoirs ont été partagés, c’est l’écriture qui a révolutionné l’histoire de l’humanité et permis au monde d’évoluer. Être capable d’écrire était source de savoirs il y a encore quelques temps de ça et les poètes étaient des gens reconnus il y a encore quelques décennies.

Mais quelques lettres sur un bout de papier ou un autre support est-il maintenant quelque chose de dépassé à l’heure où Netflix et YouTube semblent dominer notre monde avec la vidéo, à l’heure où lire des classiques semblent être une corvée scolaire plutôt qu’un choix que l’on fait ? Malgré le pessimisme qui peut ressortir de ce texte, je tiens à vous dire que tout n’est pas perdu. Quelques irréductibles membres, de ce qu’on pourrait appeler jeunesse, cultivent encore ce goût pour l’écriture. Que ce soit par le journal de ma fac ou par les rencontres faites avec Scan-R, je me rends compte que l’écriture n’est pas morte et que s’appliquer à écrire est encore important pour certains.

Alors prenez tous un crayon ou un Bic et gravez sur le papier ou même sur un ordi ce que vous voulez exprimer et qui parfois, vaut 1000 images.

Emma Muselle – Photo ©brunoaleas
Texte écrit lors d’un atelier Scan-R

LA DURE A CUIRE #101

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la moins douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist homonyme !

I Hate My Village

Quand l’Afrique rencontre l’Italie, nous voici face à I Hate My Village. Le groupe rejoint diverses sonorités s’éloignant des standards radiophoniques. La voix d’Alberto Ferrari, tête pensante chez Verdena, amène sa touche inspirée au titre ‘Water Tanks’.

Through The Void

Le nu metalcore, ça vous parle ? Through The Void envoie du pâté. Conséquences ? Mêler les genres pour ensuite danser en toute liberté !

While She Sleeps

I’m saving it for best. Taking all the sentiments. And starting at the end. Pain in single measures. Try not to wake the neighbours now. We’re all high as the gods. And as low as the demons but she’s alone.

brunoaleas

UssaR Interview

UssaR partage ses émotions depuis quelques années. Pour Des Nu.es, son nouvel opus, il s’éloigne des synthétiseurs ou autres machines. Il dépose son cœur sur le piano. Le jeune auteur se livre sur plusieurs sujets : la boxe, les loosers et la valeur des mots !

Quand j’écoutais ton mini album, il y a une chanson que j’aimais réécouter plusieurs fois. Elle se nomme ‘Podium’. Le texte est dédié aux loosers magnifiques. Parfois, les gens ont du mal à s’exprimer sur les actions dont ils sont fiers. C’est plus facile de se plaindre ? Cette idée est présente sur le titre ?

Je ne sais pas. Rendre hommage aux loosers magnifiques, c’est quelque part un sujet de société. Cette société qui nous tire durement vers le bas, vers une insatisfaction, où chaque conquête est plus difficile à avoir, où chaque victoire est de plus en plus mince et lointaine. C’est une belle figure le looser magnifique. On en retrouve partout, au cinéma, au théâtre, en littérature. Pensons aux héros de John Cassavetes.
Puis, je suis très sportif. Je suis fasciné par celles et ceux qui n’arrivent pas à accomplir leur objectif. La personne glorieuse m’intéresse moins. A l’inverse de celle qui vient de perdre 10 ans de sa life finissant quatrième sur le podium (rire). Parfois, elle ne se plaint pas. Je pense qu’elle a gagné quelque chose au final. Quant au jeu d’écriture, c’est un plaisir de pouvoir dérouler des métaphores sportives tout au long du morceau.

Parlons-en du sport. Que retrouves-tu dans ton sport qui est introuvable en musique ?

(court silence) C’est étonnant comme question. Moi, je fais de la boxe. J’en fais pas mal. C’est une école de la confrontation. Tu es face à un adversaire mais tu es toujours ton propre adversaire. Il faut maîtriser son souffle, sa peur, ses appréhensions. Les parallèles avec la musique sont en rapport avec l’ancrage, les liens au sol. En musique, si tu flottes de manière éthérée, sans base solide, sans le savoir d’artisan qu’est composer des harmonies, sans un travail de parolier, tu vas te perdre. Tu risques de t’essouffler, te retrouver dans les cordes.
Bon après, dans le sport, il y a des perdants et gagnants. En musique, tu ne sais jamais si tu gagnes ou si tu perds. Tu flottes dans un entredeux (rire). Je ne crois pas aux prix et distinctions. Il n’y a pas de récompense. Il n’y a que celle que tu t’attribues à toi-même.

Revenons sur le thème de la fierté. De quoi es-tu le plus fier lorsque tu penses à tes nouvelles chansons ?

Je ne vais te mentir, j’en suis très fier de cet EP. Je suis très content de ce que j’ai réussi à faire. Il est arrivé d’un geste, à poil. J’ai réussi à garder, même dans sa production, les dépouillements, petits bruits, souffles, imperfections. C’était voulu. Pour être honnête, je suis vraiment très fier du travail harmonique posé sur certains morceaux. Les morceaux comme ‘Ouistreham’ ou ‘Il pleut encore’ sont de beaux morceaux, bien écrits. Il y a quelque chose qui se tient. Ca reste pop, en ayant une exigence au niveau de l’écriture harmonique. Ca fait mec qui se la pète mais j’en suis fier (rire). La réussite de cet EP, c’est son côté léché. Par le passé, j’avais oublié que les gens veulent être avec toi, à l’endroit de l’écoute. Pour Des Nu.es, je me suis dit que les auditeurs devaient être assis à côté de moi, dans la pièce. Ils doivent entendre le piano, les fins de morceaux. Comme si on était à un endroit précis et qu’on n’y bouge pas pendant 6 morceaux.

Le piano est le meilleur instrument pour traduire ce qu’on ressent durant l’hiver.

En fait, sur Des Nu.es, le piano est à la fois le médium et la finalité. Je compose souvent au piano. J’avais envie de composer des chansons. J’entends par là, délaisser les expérimentations. Revenir aux couplets, refrains, harmonies, des choses plus chansonesques. Quand j’ai eu ces chansons, il fallait refaire un chemin, c’est-à-dire, écrire des partitions pour se servir du piano. Donc, trouver la chanson qui colle le mieux à l’instrument. C’est un double processus. D’abord composer au piano, puis réécrire au piano.

Sur ‘Moitié beaux’, tu chantes Tout finit trop tôt. Te détaches-tu de ce genre de phrase ou est-ce vraiment toi que l’on identifie dans ton écriture ?

Il y a très peu cynisme à travers mon écriture. Il n’y a pas d’utilitarisme. Je ne suis pas en train d’utiliser les mots pour plaire ou séduire à tout un chacun. Je pense vraiment que tout finit trop tôt. Les bonheurs sont passagers. Les amours meurent trop tôt. Les succès, passions et joies sont évanescents.
L’introduction de L’Insoutenable Légèreté de l’être m’avait marqué à vie. Kundera écrivait que nous faisons de nos vies des croquis, sans jamais avoir le temps de finir le tableau, qu’on est déjà sur le croquis suivant. Il y a un écho à ça, à quelque chose qui nous échappe, qui coule entre nos mains et qui nous condamne… à cette insoutenable légèreté de l’être (rire). UssaR me permet une catharsis, d’être le réceptacle noir de mes émotions, pensées et ressentis. La sincérité fait vraiment partie de mon écriture. Je l’espère. S’il y a l’épaisseur d’un papier de cigarette entre ce que je pense et écris, c’est bien.

Interview menée par brunoaleas – Photos ©Lara Sanchez

Nouvelle écriture pour Roméo Elvis 

Roméo Elvis sait enfin écrire ? Il y a deux ans, j’incendie le Bruxellois. Pourquoi ? Citer des marques, faire l’apologie du cannabis et se branler sur sa ville natale… le ton fut fort ennuyeux. Heureusement, je reste curieux. Je ne me définis pas fermé d’esprit. Dès lors, à l’écoute du titre ‘Orangé (Nelly)’, je dandine de la tête. Car l’artiste délivre encore des prods fraiches et dansantes. Mais là, l’hommage à sa grand-mère est assez poétique et illustre une dimension décomplexée. Puis, une impression règne en maître. L’enfant en Roméo s’exprime sans coup de bide. On assiste à une nouvelle écriture de sa part.

Décalage horaireLe ciel change de couleur. Au-dessus des nuages. Dans ma tête, les troubles. Tu passes dans mes pensées. Les souvenirs me trouent l’cœur.

Ecoutons son nouveau mini-album, Echo, plus en profondeur. ‘Mercure et Jupiter’ dépeint une planète de plus en plus chaotique. ‘Smooth 3.0’ file la pêche, tant le duo formé avec Peet est une bonne poilade. Mais le morceau le plus réussi est sûrement ‘Nightshot’. Lorsque les rappeurs décrivent leur quotidien aussi bien que leurs réflexions, mon attention s’active instantanément ! Le morceau me rappelle ‘Premier pas’ de Nekfeu. A savoir, une fresque de nos vies souvent remplies de doutes. Il aura fallu attendre plusieurs albums avant d’écouter une plume assez mature, franchement philosophique.

Tu penses qu’on est sur Terre pour une bonne raison ? Bah ouais. J’attends encore la date de floraison. Comment ça ? J’sais pas, j’suis comme c’placard dans cette grosse maison, j’sais pas à quoi j’sers. Mais frérot on sert à rien. Enlève-toi ça de la tête. Nan parce que franchement. Elle va tourner sans nous la Terre.

brunoaleas

Pauvres Créatures

Yórgos Lánthimos… we don’t need no education. We don’t need no thought control. No dark sarcasm in the classroom. Teacher, leave them kids alone. Hey, teacher, leave them kids alone. All in all, it’s just another brick in the wall. All in all, you’re just another brick in the wall.

brunoaleas

Moonlight

Qui se souvient de Moonlight ? Ce drame américain récompensé par l’Oscar du meilleur film, en 2017. A mon avis, pas grand monde… les humains oublient plus qu’ils ne respirent. Ne soyons pas méprisants ! Une question me vient à l’esprit lorsque je pense aux propos du long métrage. Quel est le rôle des cinéastes ? Abderrahmane Sissako certifie son idée sur le sujet. Le réalisateur mauritanien l’exprime sur le plateau de Médiapart.

Le rôle d’un cinéaste, de tout artiste, est de se projeter loin dans le monde. Savoir ce qui arrive dans un pays, continent.

Barry Jenkins s’inscrit-il dans cette mission d’anticiper les faits et événements ? Le réalisateur de Moonlight décrit des situations précaires, tendues, extrêmes, c’est-à-dire, le quotidien d’un jeune Afro-Américain, près de Miami. Comment ? En illustrant trois périodes cruciales d’une vie. Barry Jenkins explore le présent sans poser un ridicule jugement quant aux futurs de ses personnages. De l’enfance à l’âge adulte, le protagoniste est notre serpent s’incrustant là où personne ne souhaite sa venue. Ni sa mère, ni ses camarades de classe. Chiron est régulièrement martyrisé. Mais à aucun instant, il va se plaindre.


A Liberty City, la vie est rude. Surtout si nous nous révélons être bien plus différents des autres. Mais quand tout semble perdu, quand tout semble illusoire, une lueur d’espoir n’est jamais très loin. Qui est la lumière de Chiron ? Juan. Incarné brièvement par Mahershala Ali, le personnage prend le gosse sous son aile. Non pas pour le former à être le prochain dealer du coin… mais pour jouer un mentor bienveillant.

Alors, qui se souvient de Moonlight ? Sans doute, les plus cinéphiles d’entre nous. Cependant, même si ma mémoire n’est pas la plus vive au monde, je me souviendrai toujours de l’œuvre pour un point émouvant. Il s’agit des sages paroles prononcées par Juan.

A un moment, c’est à toi de décider qui tu veux être. Ne laisse personne décider à ta place.

Le plan final devient alors mémorable. Comme si Chiron fut toujours éclairé par Juan. Ce clair de Lune est si chaleureux. Il suffit parfois d’une personne pour que nos vies soient bouleversées du jour au lendemain. J’en suis convaincu. Et si Barry Jenkins l’était aussi ?

brunoaleas

Augure

‘augure’ :  personnage important qui se croit en mesure de connaître et de prédire l’avenir, de faire des pronostics. Le Larousse ne ment jamais. Mais peut-on se tromper sur l’idée d’un film ? Sûrement. Lorsque je découvre le film de Baloji sur grand écran, je me trouve semi-subjugué. Les décors, les costumes, les panoramas et bien sûr les évènements mystiques illustrent une œuvre colorée où ressentir un trip psychédélique n’est pas à proscrire. Baloji est cinéphile.

Mon enfance à Liège, aux côtés d’une grande communauté italienne, a fait de moi un fan absolu de cinéma italien, de la famille des grands ‘i’, comme Pasolini, Fellini, Antonioni. Leur onirisme me parle. –Baloji

Sa passion, on la saisit pleinement à la vue des rites, du désert et de clans filmés soigneusement. Quelles en sont les conséquences directes ? L’envie de contempler un univers partagé entre naturel et surnaturel. Mention honorable aux magnifiques costumes accrochant notre regard du début à la fin.

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Au départ, nos yeux suivent le trajet de Koffie. Il est maudit dès l’enfance à cause de ses tâches de naissance. Le jeune homme revient au Congo pour rendre visite à sa famille, accompagné de son épouse enceinte. L’Afrique apparaît tribale, animiste, où de nombreux cultes doivent être respectés. Koffie met les pieds là où on l’accepte difficilement. Les points de vue basculent d’une personne à l’autre, afin d’apercevoir ce que le cinéaste appelle les vrais victimes de son histoire.

Ses propos ne me choquent pas. Cependant, je ne valide pas sa pensée. Quand Baloji s’exprime lors d’interviews, il explique précisément les images de son film. D’après lui, la personne à plaindre n’est pas Koffie. Les personnages les plus à plaindre sont les protagonistes décidant de rester en Afrique. Ces femmes et hommes n’ayant pas le luxe de quitter leur terre natale… c’est pourquoi, le jeune réalisateur définit Koffie comme un privilégié.
Ne serait-ce pas trop prétentieux de sa part ? Que signifient ces termes ?! Selon l’artiste, si Koffie réalise des va-et-vient, c’est qu’il est extraordinairement chanceux. En d’autres mots, si Koffie vit chez les Occidentaux, il n’est qu’un homme différent des siens. Baloji s’engouffre dans une généralisation hâtive. Même si son message clair à ses yeux, il passe à côté de la plaque. Quitter sa terre est chose aisée… qui ose le prétendre ?! Trouver un job à l’étranger, est-ce complexe, vraiment ?! Croiser des racistes, est-ce une bénédiction ?! Ne plus revoir sa famille pendant de longues années, un paradis pour tant de personnes… mais bien sûr…

Vous l’aurez compris, Augure est fort au niveau formel. Quant au fond, le propos derrière les métaphores de l’artiste, il est impossible de le deviner. Je me renseigne souvent sur les coulisses d’un film. D’habitude, j’aime découvrir l’envers du décor, ce ne fut pas le cas pour l’œuvre du jeune sophiste.
Baloji ne laisse pas aux spectateurs l’opportunité de déceler sa pensée profonde. Puis, tant mieux. Si c’est pour avaler ses paroles… non merci. L’exil d’une personne n’est jamais comparable à celui d’une autre.

brunoaleas