Manga

Notre sympathie pour Denji

Depuis quelques années, un manga apparaît comme une dinguerie. Chainsaw Man conte l’histoire de Denji. Héros malgré lui, le jeune homme se lance dans la chasse aux démons pour survivre. Assez pauvre. Quasi inculte. Denji est un protagoniste fascinant. Il fusionne avec son chien. Du jour au lendemain, il devient l’Homme Tronçonneuse ! Le jeunot suit alors les ordres de Makima et affronte les menaces aux côtés de Power.

Plus le temps passe, plus une question m’obnubile. Comment se fait-ce qu’un tel paumé soit si attachant, alors que la seconde partie du manga est moins palpitante que la première ?

Primo, nous sommes ses yeux. Comment ? Les lecteurs découvrent littéralement la folie qui s’offre à Denji. L’univers construit par Tatsuki Fujimoto est renversant. Rien n’est acquis. Des liens se font et défont. Des relations se créent et s’annihilent, en un rien de temps. Denji subit énormément de tragédies sans jamais perdre son énergie. Soudain, il devient notre envie de foncer droit dans le feu. Comme si les chapitres symbolisaient aussi notre percée dans le monde si taré du mangaka !

Secundo, l’adolescent ne suit pas exactement le parcours du héros théorisé par Joseph Campbell. Pourquoi cet auteur fut connu ? Pour son analyse du parcours héroïque des récits littéraires. S’il fallait le résumer, définissons 3 étapes : séparations, initiations, retour.
Revenons à notre blondinet. A aucun moment, au début de son aventure, se vit une initiation. Nul mentor rencontré. Inconsciemment, nous ressentons une certaine sympathie pour ce mec qui part de rien… dont les actes sont ensuite vénérés par le peuple sauvé !
En d’autres mots, Denji est livré à lui-même. Makima n’est pas une figure protectrice. Power n’est pas un ange gardien. Dès lors, l’enjeu est prononcé. A qui faire confiance ? Au fil de la lecture, la réponse semble effrayer…

Ces 2 raisons font la force de l’œuvre ! Denji est un personnage plutôt inoubliable, tant ses désir sont d’une simplicité déconcertante : baiser et manger. Des désirs à assouvir au sein d’une société imprévisible. Des désirs nous rappelant que la normalité est bien relative.

Peut-être que je suis devenu un Chasseur de Démons pour une raison vraiment superficielle… mais je suis prêt à mourir pour continuer à vivre comme ça. -Denji

brunoaleas – Illustrations ©Tatsuki Fujimoto

Cycle de l’enfance : Digimon

L’enfance est sacrée. Parfois, on s’éloignait des codes et obligations imposés par la société… une particularité phénoménale. Certaines œuvres dépeignent les enfants comme des êtres à part. Découvrons des titres américains et japonais !

Aucun générique ne me plonge dans un sentiment de nostalgie comme celui de Digimon.

Digimon, beaucoup s’en souviennent, parfois avec cynisme, comme une pâle copie de Pokémon, créée pour vendre un maximum de jouets. Et vous savez quoi ? Je ne peux pas vraiment réfuter ces accusations.

Imaginés en 1997 pour offrir une version plus « garçon » des Tamagotchis, tous les produits dérivés, que ce soient les dessins animés, cartes ou jouets, sortent juste après le succès phénoménal de Pokémon. Il s’agit de 2 franchises dont le principe est de collectionner un maximum de petits monstres colorés, de les faire s’affronter… après tout, la comparaison est légitime. Mais clairement, Digimon a toujours eu un je ne sais quoi de différent à mes yeux. Il y a là, un design plus cru, organique et belliqueux des créatures : là ou Pokémon réalise énormément de mascottes et d’animaux colorés avec l’occasionnel dragon, Digimon est plutôt du genre à présenter des dinosaures, machines et anges en armure.
Mais si je considère vraiment cette franchise comme celle qui m’a le plus marquée dans mon enfance, c’est aussi grâce aux messages transmis par ses médias. Ils ne sont pas les mêmes que ceux de la concurrence.

Pour le comprendre, penchons-nous sur le dessin animé, et plus précisément la saison 1 et 3. Décrivons les raisons qui m’ont tant marquées.

Première saison : l’ode à l’enfance

Le tout premier dessin animé de Digimon se nomme Digimon Adventure. Il raconte l’histoire de 7 jeunes enfants transportés dans le Digi-monde. Complètement démunis dans ce monde sauvage et plein de dangers, ils rencontrent chacun un compagnon Digimon, et grâce à la force de leurs amitiés, les enfants permettent à leurs compagnons d’évoluer en de puissants monstres. Ces êtres seront alors capables de rétablir l’ordre dans un Digi-monde en proie au chaos.

Digimon Adventure est sorti en 1999, donc imaginez le coup de vieux. Eh oui, les 10 premiers épisodes n’ont qu’une vocation : montrer le plus d’évolutions possibles, afin que les enfants puissent reconnaître quels jouets acheter en magasin. Le scénario se répète en boucle. Les jeunes protagonistes arrivent dans un nouvel endroit, ils se font attaquer par un Digimon maléfique, et un Digimon gentil évolue pour le battre. Néanmoins, une fois la première partie achevée, les choses sérieuses commencent !

Contrairement à Pokémon, qui reste un road trip où très peu de choses se passent, où les épisodes ne sont reliés que par de faibles fils narratifs, Digimon ressemble beaucoup plus à un anime contemporain. Il y a de l’action, du drame, des antagonistes complexes, et même des personnages qui meurent ou se sacrifient !

Bien qu’à la base ce soit une franchise multimédia dont le but est commercial, les créateurs décident d’y mettre de l’attention, de ne pas prendre l’audience pour des bébés.

Je me souviens à quel point tomber sur cette fiction me rendait hystérique, lorsque j’étais petit. J’avais l’assurance qu’à chaque épisode, on notait un moment assez épique. Même quand tout semblait perdu, le héros du jour allait trouver la force en lui de changer, s’améliorer, et par la même occasion, permettre à son partenaire Digimon de se digivolver en un monstre puissant et majestueux. Ces scènes me remplissaient d’émotion.

Les jingles accrocheurs, la musique, tout était parfait. Des thèmes sont mis de côté. On ne contemple pas l’entraînement ou l’acquisition de force physique qui fait progresser les héros, mais bien l’amélioration de soi. Le récit me donnait l’impression que tant que je continuais de grandir, d’apprendre, rien n’était impossible.

Les liens d’amitié unissant les héros et leurs Digimons étaient si forts, si purs. C’est aussi ce genre d’idéal qui représente l’enfance à mes yeux. Trouver de la simplicité et de la force dans les jolies choses de la vie.

Lors d’une phase de la série, les héros apprennent qu’ils possèdent tous une qualité unique. Ils doivent la développer pour renforcer leurs Digimons. Le courage, la fiabilité, la gentillesse, etc. Trouver de la force dans nos propres qualités, dans ce que nous pouvons apporter aux autres, n’est-ce pas une valeur magnifique à inculquer ?

Troisième saison : ne pas avoir peur des sujets graves, quand on parle aux enfants

Si la toute première saison reste un doux souvenir nostalgique, intrinsèquement lié à mon enfance, la meilleure chose arrivée à Digimon est sa troisième saison.

Cette nouvelle partie commence déjà avec un parti pris intéressant. Faire table rase, se détacher presque complètement des premières séries. La série débute dans notre monde, où Digimon, et surtout le jeu de cartes associé, sont bien connus de tout enfant. 3 protagonistes feront cependant la rencontre, dans leurs quartiers, d’un partenaire Digimon.
Dès lors, ils devront sauver leur ville de diverses menaces, des Digimons apparaissant mystérieusement près de chez eux.

Une prémisse très simple qui, bien sûr, sert avant tout à introduire de nouveaux monstres et jouets, sauf que ! Cette nouvelle série est scénarisée par Chiaki J. Konaka, aussi connu pour l’iconique Serial Experiments Lain, une série cyberpunk, qualifiée aussi de thriller psychologique !

Digimon Tamers a donc la chance d’être beaucoup plus qu’une série pour enfants. On y retrouve tout ce qu’on recherche dans Digimon : de l’action, de l’amitié, des personnages devant faire face à leurs peurs et défauts pour triompher. De plus, des thématiques très graves sont abordées. Les sacrifices qu’on est prêt à faire pour l’ambition, la maltraitance, le deuil, la vengeance. Parfois présentée de manière sombre et sérieuse, la série ne prend pas de pincettes. Elle aborde ces thèmes de manière crue et mature. Mais le plus étonnant, c’est lorsqu’un personnage meurt et que son partenaire, déjà accablé par un deuil et une relation difficile avec sa famille, perd complètement les pédales, noyé par le chagrin. Ces séquences sont parfois dérangeantes. Digimon Tamers prend le risque de raconter un vrai récit dramatique, d’aller bien plus loin que les autres séries franchisées pour enfants. Ces scènes ne me quitteront jamais. Elles m’offrent la conviction que certaines sensations m’accompagnent jusqu’à maintenant : la tension et impression palpable des héros. Ces mêmes personnages ont quelque chose à perdre, à apprendre dans chaque situation.

Aujourd’hui, la franchise continue d’évoluer. Elle semble suivre la maturation de ses fans de la première heure. Ils viennent de sortir un jeu vidéo alliant visual novel et jeu de stratégie. L’ambiance est plus sombre (Digimon Survive). Les créateurs sont en train de lancer un nouveau jeu de cartes à jouer/collectionner plutôt compétitif, rempli d’allusions très nostalgiques des débuts de la série. Voilà une franchise qui sait utiliser le transmédia pour faire plaisir à ses fans.

Run faster than the wind !
Aim farther than the skies !
You can meet a new you
Unknown courage sleeps in your heart, and when you realize
The downpour in your heart
Will surely stop… show me your brave heart

Pierre Reynders

Cycle de l’enfance : Une Sacrée Mamie

L’enfance est sacrée. Parfois, on s’éloignait des codes et obligations imposés par la société… une particularité phénoménale. Certaines œuvres dépeignent les enfants comme des êtres à part. Découvrons des titres américains et japonais !

Je ne veux pas partir. Je veux continuer à pêcher des légumes dans la rivière tout en mangeant de faux repas avec un sourire crispé aux lèvres. Je veux être fière de ma maison. Bancale, trouée, elle sait nous protéger avec une fidélité sans faille.

Je ne me lasserai jamais du cynisme comique de mamie ! Infatigable malgré la faim et le travail acharné, elle ne cesse de me nourrir de sa sagesse. Elle m’ouvre les yeux sur le monde, les autres et mon cœur. Pour elle, la pauvreté n’est qu’une question de point de vue. La richesse d’âme ne s’achète pas, elle se cultive.

Je veux rester pour voir Akihiro grandir. Le voir jouer, courir, faire des bêtises, pleurer face à la beauté de la vie et continuer à rayonner d’amour.

Sa mamie et lui se voient relier par le destin. La mère du jeunot se retrouve dans l’impossibilité d’élever ses enfants. C’est pourquoi, elle confie Akihiro, du jour au lendemain, à sa grand-mère.

Je ne réussis pas à terminer ma lecture. Je veux encore rester avec Akihiro et sa mamie, à Saga. C’est difficile de les quitter. Quitter ce cocon de tendresse et de sincérité. Une Sacrée Mamie, sorti en 2009, imaginé par Yoshichi Shimada, me met une sacrée claque d’amour.

Mouche – Illustrations ©Yoshichi Shimada

One Piece et son final – droit de réponse

Dans ma tête, quand j’étais enfant, j’avais le fantasme de dessiner un manga où la fin est la partie la plus excitante ! Je me demande si je peux en faire une réalité désormais !
Eh bien, j’ai bientôt fini l’arc Wano. Les préparatifs sont presque terminés. Cela m’a pris 25 ans… lol… cependant, vous êtes les bienvenus si vous commencez à me lire aujourd’hui. Parce qu’à partir de maintenant ça va être – le – One Piece ! Je vais dépeindre tous les mystères de cet univers que j’ai cachés jusqu’à présent. Ça va être amusant. Attachez vos ceintures et profitez du voyage !!! -Eiichirō Oda, communiqué datant de juillet 2022

One Piece est un manga encastré dans mon cœur. On ne présente plus cette œuvre extraordinaire, mais si je devais résumer son message en quelques mots, je dirais qu’il s’agit d’une immense fresque humaniste, une ode à la liberté.

La grande quête de libération des héros passe obligatoirement par la découverte d’une histoire perdue et oubliée, effacée par les vainqueurs tyranniques qui règnent sur le monde. Rappel cruel que ce n’est qu’en détenant les clés de notre passé que nous pouvons nous défaire des chaînes qui nous oppriment. Pas d’évolution sans compréhension. Et tous ceux qui veulent faire taire ou transformer la vérité sont ceux qui veulent vous pacifier. Alors libérez-vous !

Il est facile de voir que je porte ce manga particulièrement dans mon cœur. Mais quelle n’est pas ma surprise lorsque j’entends d’infâmes détracteurs médire de ma série bien-aimée. Eh bien, Monsieur brunoaleas, laissez-moi vous dire que je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites ! Je vais démonter vos arguments :

➜ Il y a tellement de mystères à résoudre. Comment ne pas bâcler le travail ? Est-il possible de relier tous les points d’interrogations du manga ?

Oda et son équipe ont en effet créé un monde gigantesque, rempli de personnages, d’intrigues et de mystères en tous genres. Et c’est justement tous ces mystères qui planent sur ce monde qui retiennent notre attention. Si, avant les tout derniers chapitres, il ne reste rien à découvrir du monde, alors même qu’il s’agit d’un manga sur l’exploration maritime, ce serait bien étrange ! Mais il suffit de voir les derniers chapitres, remplis de personnages qu’on n’avait pas vus dessiner depuis carrément plus de vingt ans, pour comprendre que rien ne sera oublié. Oda a un plan bien en tête et toutes les ficelles seront reliées. Je dirais même que l’œuvre sera un jour complète, en un seul morceau.

➜ Si l’auteur vient à mourir, pourrions-nous voir un/e autre mangaka reprendre le flambeau ?

Mais quel pessimisme ! Ne parlons pas de malheur ainsi ! Quoi qu’il en soit, il est bien connu que les éditeurs qui ont suivi Oda durant sa longue carrière sont tous au courant des derniers secrets que recèle l’intrigue. Si, en effet, l’auteur venait à se faire frapper par la foudre – ce qui est quand même peu probable, il n’est pas si vieux que ça –, il y aurait bien des successeurs capables de reprendre le flambeau. Après tout, l’un des thèmes les plus importants de One Piece est « la transmission de la volonté par héritage ».

➜ Imaginons le final réussi. Puis, imaginons plusieurs suites publiées juste après. Ces suites ne viendraient-elles pas gâcher 30 ans de lecture ?

Boichi nous a démontré avec son spin-off One Piece épisode A, se focalisant sur le périple d’Ace, qu’il est tout à fait possible de continuer à enrichir l’univers d’Oda sans pour autant toucher à la magie de l’œuvre originale. Pour ma part, je suis ravi à l’idée que la fin de One Piece ne sera que le début d’une nouvelle ère où cette œuvre, passée au rang légendaire, deviendra un terreau fertile pour l’imagination d’une toute nouvelle génération.

➜ La conclusion de Game of Thrones fut décevante, – euphémisme activé –. Les derniers épisodes sont à ce point ruinés qu’il est impossible de conseiller la série. One Piece risque gros. Si son final est foiré, il sera difficile de conseiller la lecture du manga, comme si de rien n’était.

L’échec de Game of Thrones est explicable par plusieurs facteurs. La série Game of Thrones est l’adaptation d’un roman, tandis que One Piece est une œuvre originale. Les producteurs de la série ont clairement déclaré avoir voulu arrêter Game of Thrones afin de se diriger vers d’autres projets, tandis qu’Oda a déclaré que One Piece était l’œuvre de sa vie. Nous ne parlons pas ici d’une franchise contrôlée par le marketing dont le but est de créer le plus de contenu en moins de temps possible, mais bien d’un projet titanesque dans lequel un artiste exceptionnel a mis désormais 27 ans de son existence. Je pense que si One Piece vous plaît, la fin a peu de chance de vous décevoir. Et puis, pour citer Luffy, refusant à Usopp de se laisser dévoiler le secret du One Piece par un pirate légendaire :

Si le papy nous dit quoi que ce soit au sujet du trésor, alors moi j’arrête d’être pirate ! C’est de l’aventure que je veux ! Pas un petit voyage sans adrénaline !

Alors profitons du voyage au lieu de trop se soucier de sa fin !

Car oui, One Piece, ce n’est pas qu’un manga, c’est un voyage ! Il est long et parfois ardu, mais c’est l’expérience narrative la plus satisfaisante disponible chez votre libraire. Alors hissez la grand-voile !

Pierre Reynders – Illustrations ©Eiichirō Oda

Blood-C

Saya Kisaragi, une jeune lycéenne japonaise, habite dans une petite ville paisible. Chaque jour, elle répète le même rituel avant de se rendre à son école. Elle salue son père qui est près d’un temple shintoïste, puis, va prendre son petit-déjeuner dans un petit café, à côté du temple dans lequel elle vit avec son père. Ce café, dénommé Guimauve, est tenu par un curieux personnage répondant au nom de Nanahara Fumito. D’apparence, il semble être une personne tout à fait normale. Mais au fil de l’histoire, nous verrons qu’il ne semble pas si normal qu’il ne le laisse transparaître.

À la nuit tombée, Saya n’est plus une lycéenne normale mais une chasseuse de démons appelés Enfants Ainés. Nous voici dans l’univers de Blood-C.

Vous me direz, pourquoi me suis-je intéressé à un anime qui ne semble proposer rien d’intéressant en termes d’intrigue ? Vous me direz qu’une histoire autour d’une personne qui mène une vie normale la journée et combat le mal la nuit n’a rien de très original. Vous avez raison. Cette façon de faire se retrouve dans tous les genres, que ce soit dans le cinéma avec le héros Batman, ou dans les dessins animés pour enfants avec Les Pyjamasques.

Blood-C semble, de prime abord, être un manga sans intérêt, mais arrivé à la moitié de l’œuvre, les choses deviennent très intéressantes car un évènement curieux se produit.

Un anime de type Power Rangers

Tout le monde connaît les Power Rangers. Mais savez-vous d’où vient ce genre de personnage très atypique ? Je vais certainement vous l’apprendre. Ca vient du Japon.

Nos Power Rangers viennent à l’origine des séries japonaises appelées sentai. Selon Ryosuke Sakamoto : Le sentai, ce sont 5 personnages identifiés par une couleur. Ils forment une équipe et se battent contre le mal.

Qu’est-ce que j’entends par anime de type Power Rangers ? Par ce terme, je parle d’une œuvre dans lequel le même schéma se répète à chaque fois. Dans les séries Power Rangers, il se passe toujours la même chose : les héros passent une journée ordinaire, un monstre apparaît, ils ont du mal à le battre, ils font appel aux Megazords puis, réussissent à vaincre le méchant de l’épisode.

Blood-C peut être placé dans ce genre car le même schéma ne cesse de se répéter. On peut le résumer de la façon suivante : Saya passe une journée ordinaire à l’école, elle rentre au temple, son père lui annonce qu’un Enfant Ainé vient de surgir, elle combat et élimine ce dernier.

Honore le pacte…

Comme déjà expliqué, l’anime est clairement ennuyeux à cause du schéma peu surprenant. Mais, un élément vient chambouler l’histoire. Saya remarque que les créatures qu’elle combat peuvent s’exprimer. Le premier Enfant Ainé qui vient à s’exprimer n’est pas très loquace.
Après avoir été vaincu, ce dernier prononce 3 mots : Honore le pacte. À partir de cet instant, le quotidien de notre héroïne n’est plus aussi répétitif. Au plus les démons sont puissants, au plus ils sont loquaces et lui rappellent qu’il y a un pacte à respecter. Mais ils n’abordent jamais le contenu de ce dernier.

Du sang mais pas que

Une des particularités de Blood-C, c’est la présence du sang. Dans le genre des animes, il est rare de voir beaucoup de sang car la censure y est monnaie courante. A travers Blood-C, oubliez ça. Vous penserez sûrement qu’il est assez normal qu’avec un tel titre, le sang soit présent. Je répondrai par l’affirmation mais je préciserai qu’il y a un double sens. En effet, visuellement, il y a beaucoup de sang mais le sang de Saya est d’un type particulier et il explique pourquoi elle est capable de combattre ces étranges créatures.

Quelle fin !

Vous souvenez-vous de la fin de Devilman Crybaby ? La fin de Blood-C est dans la même lignée, en gardant ses spécificités. Comme je ne cesse de le rappeler, tout est question de rythme dans cet anime. Et, les 2 derniers épisodes dénotent avec le reste de l’œuvre car tout s’accélère à une vitesse hallucinante. Cette accélération n’est pas un hasard scénaristique pour permettre de boucler la série au plus vite. Toutefois, elle s’inscrit dans un schéma cohérent, celui d’offrir à Saya, la compréhension du monde qui l’entoure. Au début de la série, elle n’a qu’une compréhension basique des évènements. Ensuite, arrive un élément qui lui permet de comprendre son monde. C’est également cet évènement qui marque l’accélération de la série.

Blood-C est un anime qui s’apprécie au fil des épisodes. Il nous force à nous calquer sur le rythme lent de l’intrigue. Et, cette façon de faire est intéressante car nous avons le temps de réfléchir, nous avons le temps de deviner les évènements à venir. Une fois que tous les éléments sont introduits, l’anime accélère vu que tout est lié et cela conduit à une fin des plus surprenante.

Fortuné Beya Kabala

Guts au cœur des familles

Nous sommes les seules créatures sur Terre à raconter des histoires. Aucune autre créature ne raconte des histoires, même si certaines sont très futées, comme les baleines. Nous sommes les animaux conteurs. Nous nous racontons des histoires pour comprendre qui l’on est.

Salman Rushdie prononce ces paroles récemment. Il pointe la force des humains. A savoir, transmettre des mythes et légendes de générations en générations, depuis les temps anciens. L’écrivain se serait bien entendu avec Kentaro Miura. Malheureusement, une rencontre entre les 2 artistes est irréalisable. Le dessinateur japonais décède en 2021. Il laisse derrière lui une œuvre magistrale.

Berserk suit l’épopée martiale de Guts. Ame guerrière. Homme d’action. Etre déraciné. Guts est un protagoniste fascinant. En anglais, guts signifie tripes, entrailles. Le ton est donné. Le personnage principal défie viscéralement les démons.
Comment le prouver ? Primo, suite à une catastrophe maléfique, il voit sa vie basculer de la lumière à l’ombre et porte une marque maudite attirant les menaces surnaturelles. Secundo, le chevalier noir défonce des apôtres à l’aide d’une armure absorbant son énergie vitale. Doit-on retenir la sombreur du manga comme élément pertinent ? Probablement. Pour l’instant, n’analysons pas les mésaventures sanguinaires.

Kentaro Miura exploite énormément de thèmes bouleversants. Mysticisme assumé. Courage sans borne. Amour impossible. Une thématique précise m’inspire à écrire. La place de la famille. Dès les premiers tomes de Berserk, Guts suit la Troupe du Faucon. Menée par Griffith, cette bande d’amis constitue un premier socle important pour Guts. Il s’identifie et s’affirme aux côtés de ce groupe… quand soudain, Griffith enclenche un énorme sacrifice pour le bien de son idéal.

Guts est désormais isolé, face à plusieurs diableries. Comment s’en sortir ? Kentaro Miura développe alors son talent. Il amène son personnage vers une reconstruction. Reconstruire ses valeurs et choix. Après avoir subi une tragédie, notre héros rencontre de nouvelles personnalités diverses et variées. Schierke, jeune sorcière, prudente et valeureuse. Un esprit habile et calme nommé Serpico. Farnèse, prête à survivre quoi qu’il en coûte. L’enfant impertinent qu’est Isidro. L’auteur questionne donc notre rapport aux autres. Qu’attendre de notre famille ? Quel est le meilleur enseignement qu’on accepte de recevoir ?

A une époque où médias et politiciens divisent les populations, les planches du mangaka rappellent la force du collectif. Un proverbe africain résume ma pensée : Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin.

brunoaleas – Illustrations ©Kentaro Miura

Les pires animes

Pour cette semaine manga, notre vénéré rédacteur en chef, Bruno (aka Drama pour les anciens de la vieille), me propose une belle idée : puisqu’on rédige souvent des critiques positives, pourquoi ne pas faire un top des pires animes ? Voilà une excellente initiative !

Alors, selon le recensement que j’ai fait sur MyAnimeList, apparemment, j’ai vu, dans ma longue vie d’amateur d’animation, environ 270 saisons d’animes. Des animes, j’en ai vu de toutes sortes : des excellents, de très bons, des moyens et des barbants. Mais ceux que je vais vous présenter maintenant mesdames et messieurs, soyez sûrs qu’il s’agit de la lie, des animés qui ne sont pas seulement de qualité médiocre, mais qui sont des insultes aux consommateurs qui auront le malheur de poser leurs yeux dessus.

3. Pupa

Quand quelqu’un dit que les animes sont vulgaires et que les Japonais sont des pervers, ce qu’il imagine être l’animation japonaise doit ressembler à Pupa. Cette mini-série raconte une histoire ayant puiser dans tout ce qu’il y a de plus répulsif.

L’histoire est simple. Utsutsu et sa sœur Yume se font violemment battre chaque jour par leur père. Utsutsu (non mais quel prénom…) décide alors de protéger sa chère petite sœur à tout prix.
Quand un virus étrange transformera la gentille Yume en un dégoutant monstre cronengbergesque, le grand frère devra se sacrifier pour l’empêcher de devenir une meurtrière. Mais pas de soucis ! Il a lui aussi contracté le virus. Mais lui, il ne se transforme pas en monstre, à la place, sa chair se soigne toute seule.

Le scénario, d’une idiotie sans pareille, est clairement une excuse de l’auteur pour représenter graphiquement toutes sortes d’horreurs provenues de son psyché malade : l’horreur, la violence physique, et surtout, l’inceste. Les scènes centrales du scénario, sur lesquelles l’auteur se focalise le plus, sont celles où la sœur, désormais assoiffée de sang, dévore et arrache des lambeaux de chairs de son grand frère. Des actions illustrées dans une scène mimant l’extase sexuelle…

Un scénario dérangeant et dénué de sens donc. Pour ce qui est du graphisme, si le manga original avait au moins l’intérêt de présenter des dessins de monstres assez effrayants et pouvant vraiment plaire aux amateurs d’horreur, les animateurs de l’anime n’avaient apparemment pas ce talent. Citons un monstre en particulier, il n’est qu’une masse rose avec quelques dents pointues. Il perd tout effet surprenant. Une catastrophe à éviter, absolument.

Mais au moins, Pupa est une mini-série composée d’épisodes de quatre minutes. La souffrance est donc de courte durée. C’est déjà ça !

2. Green Green

Green Green est une petite comédie romantique datant de 2003. Pas gâtée par son âge, l’animation et les designs des personnages n’ont vraiment rien pour eux. Mais si elle se trouve dans mon classement des pires animes, c’est bien avant tout pour son scénario.

L’histoire se concentre sur Yusuke, un jeune homme membre d’une école réservée aux garçons. Lorsque pour la première fois, lui et ses camarades partent en classe verte avec une école pour fille, tout le monde est impatient de côtoyer l’autre sexe. Qu’elle ne fut pas la surprise de chacun quand, à peine arrivé, l’une des écolières de l’autre lycée se jette dans les bras de notre protagoniste !

Green Green est une très, très simple comédie romantique. Toute l’intrigue se base d’un côté, sur les quiproquos amoureux de Yusuke, et de l’autre, les complots de ses camarades visant à voir, en général, les filles de l’autre école se baigner ou réaliser d’autres pitreries polissonnes. L’humour, très bas du front, lié aux caractères absolument insupportables des personnages, rend l’expérience de visionnage particulièrement irritante.
Finalement, c’est une histoire barbante, portée par des personnages agaçants faisant des blagues vulgaires, peu drôles.

Mais ce qui tire cet anime dans les bas-fonds, se résume à une blague qui m’a consternée au plus haut point. Bacchi-Gu, le petit gros pervers de service, tente d’observer le héros et sa dulcinée en train de s’embrasser, petit voyeur qu’il est. Or, v’làtipas qu’un ours le surprend. S’ensuit alors une scène hilarante (non). Notre pitre se fait allégrement ENCULER par l’ours, pendant, ce qui a l’air d’être, une éternité. Mesdames et messieurs, je souhaiterais nominer cette séquence comme étant le pire gag de tous les temps. Autant de mauvais goût en une seule scène, ça ne devrait pas être légal.

1. Tokyo Ghoul √A

Je veux bien l’avouer, ici, c’est personnel. Tokyo Ghoul est mon manga préféré. La première saison de l’anime faisait un assez bon travail pour représenter l’œuvre. Cependant, afin d’encourager les lecteurs à lire le manga, je suppose, les producteurs prennent une décision audacieuse : l’anime et le manga auront 2 histoires similaires, mais différentes, à partir de la deuxième saison. Si dans le manga, notre héros, Ken, crée sa propre faction de ghoules pacifistes, dans l’anime, il rejoindra les méchantes ghoules d’Aogiri, l’organisation terroriste dont il venait pourtant de s’échapper…

Je ne suis pas très sûr de comprendre la stratégie derrière ces choix. Néanmoins, ce qui est limpide, c’est que c’est un échec total. La série est une catastrophe. Dans cette version alternative de l’histoire, les choix de Ken n’ont absolument aucun sens et le sortent complètement de la trajectoire d’évolution qu’il suivait. Au lieu d’un Ken plus sûr de lui, de ses désirs, on obtient un personnage sombre et violent. Peut-être dans le but d’appâter les fans de Sasuke Uchiwa. Ces personnes pour qui la vie ça pue.

Sans oublier, une absurdité. Le but des créateurs était d’attirer les lecteurs vers le manga, en continuant de produire normalement une saison 3. Il a bien fallu que les évènements importants restent les mêmes. Imaginez donc les incohérences scénaristiques de certains choix forcés pour respecter ce plan irréalisable.

Un autre fait m’a encore plus choqué. A la fin de la série, les caisses étaient complètement vides. La qualité de l’animation baisse drastiquement jusqu’à tomber à des niveaux plus bas que jamais. Une scène censée être émouvante à la fin de l’anime, où Ken porte le corps sans vie d’un de son allié, dure littéralement 3 minutes. 3 minutes de Ken marchant lentement, animé si pauvrement qu’on croirait par instant que seuls ses cheveux sont animés. Comme si on assistait à une pub déguisée pour un shampoing. Par pitié, allez lire le manga et lavez-vous des péchés commis par cette adaptation. Elle est clairement la pire des pires.

Pierre Reynders

One Piece et son final prévu en 2500

Dans ma tête, quand j’étais enfant, j’avais le fantasme de dessiner un manga où la fin est la partie la plus excitante ! Je me demande si je peux en faire une réalité désormais !
Eh bien, j’ai bientôt fini l’arc Wano. Les préparatifs sont presque terminés. Cela m’a pris 25 ans… lol… cependant, vous êtes les bienvenus si vous commencez à me lire aujourd’hui. Parce qu’à partir de maintenant ça va être – le – One Piece ! Je vais dépeindre tous les mystères de cet univers que j’ai cachés jusqu’à présent. Ça va être amusant. Attachez vos ceintures et profitez du voyage !!! -Eiichirō Oda, communiqué datant de juillet 2022

One Piece est un manga encastré dans mon cœur. Dès l’enfance, son créateur, Eiichirō Oda, exploite intelligemment plusieurs thèmes universels : amitié, curiosité, loyauté, bravoure, etc. Or, l’équipage du Chapeau de Paille découvre mers et terres depuis près de 30 ans ! Est-ce lassant ? Pas vraiment. Néanmoins, il est temps d’apporter des réponses aux lecteurs.

Le majeur défaut de l’auteur se résume en peu de mots. Il ajoute trop de mystères à son récit. Le siècle oublié. L’origine du gouvernement mondial. L’incident de God Valley. L’identité du premier Joy Boy. Le point commun réunissant les porteurs du D., initiale mystique. Le véritable rêve de Luffy… bref, les premières énigmes de la série sont pratiquement éclipsées.

Je ne souhaite pas cracher sur le manga le plus vendu au monde. Par le passé, nous pointions déjà quelques problèmes de l’œuvre. Je me préoccupe plutôt de son final. Voici quelques questionnements :

➜ Il y a tellement de mystères à résoudre. Comment ne pas bâcler le travail ? Est-il possible de relier tous les points d’interrogations du manga ?

➜ Si l’auteur vient à mourir, pourrions-nous voir un/e autre mangaka reprendre le flambeau ?

➜ Imaginons le final réussi. Puis, imaginons plusieurs suites publiées juste après. Ces suite ne viendraient-elles pas gâcher 30 ans de lecture ?

➜ La conclusion de Game of Thrones fut décevante,  – euphémisme activé –. Les derniers épisodes sont à ce point ruinés qu’il est impossible de conseiller la série. One Piece risque gros. Si son final est foiré, il sera difficile de conseiller la lecture du manga, comme si de rien n’était.

Désormais, je lis One Piece comme s’il s’agissait d’un feuilleton. Mais, je demeure fan. Féru d’un univers riche et vaste. Actuellement, Luffy et ses amis débarquent à Egg Head, l’île où se trouve un fameux scientifique, un puits de connaissances. Espérons recevoir plusieurs réponses, savourer les révélations !

brunoaleas – Illustrations ©Eiichirō Oda

Le portail Wabi Sabi

Vous rêvez d’aller au Japon ? Mais comme moi, vous n’avez pas un rond ? JCCLM a LA solution ! La Cité Ardente regorge d’endroits où vous pourrez, le temps d’un instant, vous téléporter dans vos mangas ou animes favoris. Bienvenue dans notre tour, au Pays du Soleil Levant made in Liège.

Notre voyage commence chez Wabi Sabi, au 9 Boulevard Saucy. Un concept store où vous pourrez boire un verre ou manger de délicieux bentos (mais pas que…), assis sur un tatami. Puis repartir avec un souvenir, un kimono et des délicieux ingrédients pour refaire vous-même le plat que vous venez de déguster.

Tout ici rappelle avec nostalgie les restaurants de nos mangas : un endroit petit et chaleureux, la chef cuisinant avec passion, les conversations pleines de vie de tout un chacun, l’odeur apaisante de nos repas. L’ensemble se mêle pour créer un moment hors du temps.

Je suis allée à la rencontre de Vincent, patron de Wabi Sabi. Il se passionne pour le Japon notamment grâce au Club Dorothée. Aujourd’hui, il est actif dans l’ASBL Passerelle Japon et cela, depuis 14 ans. La naissance de son concept store s’est faite d’un subtil mélange entre une envie forte d’indépendance, de son amour pour le Japon, celui transmis par sa maman concernant la cuisine, inspiré par des voyages entre Montréal et New-York, où ce type d’établissement est en vogue.

Lors de notre échange, nous avons pu discuter des œuvres qui ont bouleversé et influencé sa vie. Elles sont multiples. Il y a entre autres Théo ou la batte de la victoire, en japonais Touch (très peu connu ici). Vincent nous partage les thèmes abordés : la jeunesse et le premier amour, traité avec drame et humour. Pour ceux qui seraient curieux de découvrir cet anime de niche, n’hésitez à aller découvrir son opening.

L’univers de Takeshi Kitano l’a aussi marqué comme son film de boxe Kids Return. Avec un coup de cœur pour la musique de Joe Hisaishi.

Toutes ces influences peuvent se ressentir dans son établissement. Quasi tout ce que je mets ici je les ai vu dans les dessins animés, déclare Vincent. Par exemple, les estampes, les tatamis, le shôgi viennent tout droit du monde du Ranma 1/2 !

La porte de Wabi Sabi, tel un portail, nous mène vers une expérience immersive visuel, gustative et remplie de souvenirs. Alors, si vous êtes de passage en Outremeuse, n’hésitez pas à l’ouvrir ! Qui sait ? Peut-être qu’un de vos personnages favoris vous y attendra…

Après un descriptif du resto, il est temps de savoir ce que souhaite Vincent à ses clients, lorsqu’ils sortent de son établissement. Le jeune homme va droit au but.

Qu’ils aient voyagé justement. Pour moi, c’est le plus important. Qu’ils aient vécu une expérience, que ce soit culinaire, mais pas que (…) Ce que j’aime bien aussi, ce que je trouve important et que j’adore, c’est quand les gens se rencontrent. Ils ne se connaissent pas et s’échangent leurs expériences. Ça me transporte.

C’est ici que notre premier voyage se termine. Restez à l’affût ! D’autres adresses exceptionnelles vous seront proposées tout au long de l’année.

Mouche – Photos ©Karl Delandsheere

Choujin X

La vie doit-elle avoir un sens ? Est-ce qu’un homme doit posséder un rêve pour exister ? Y a-t-il tant de mal à se laisser porter par les flots du temps, à s’oublier jusqu’à ce que nos choix soient faits à notre place ? Eh bien… certainement… oui.

Disons simplement que comme tout, c’est plus facile pour certains que pour d’autres.

Choujin X est la dernière œuvre de Sui Ishida, l’auteur de Tokyo Ghoul (qui se trouve être mon œuvre favorite). Et ce qui est sûr, c’est que même si graphiquement, il a énormément évolué depuis ses débuts, on reconnait bien son style et univers. En effet, les thèmes explorés au niveau de l’univers sont globalement les mêmes. Dans ce monde, certains humains sont des mutants/surhommes appelés Choujins. Un Choujin a le droit entre être renoncé à utiliser ses pouvoirs, être un criminel, ou devenir un keeper et utiliser ses pouvoirs pour le bien de tous. Puis, où se porte notre attention ? Sur deux lycéens. Tokio et Azuma sont très différents et pourtant ils sont meilleurs amis. Azuma est un garçon plein de ressources et semble être inarrêtable, tandis que le timide Tokio est indécis et vit dans l’ombre de son meilleur ami, tout en lui portant assistance comme il le peut. Leur destin sera à tout jamais bouleversé lorsque, acculé par un dangereux Choujin, ils n’auront d’autre option que de devenir eux même des surhommes.

Lorsqu’on prend du recul sur la prémisse, le scénario ne s’éloigne pas trop de Tokyo Ghoul. Les thèmes explorés au niveau de l’univers sont globalement les mêmes. Ici, on part plutôt sur des études de personnages très poussées. Les pouvoirs des Choujins sont liés à leurs inconscients et c’est en partant à la découverte de leurs propre personne que nos protagonistes apprennent à maîtriser leurs pouvoirs. Notre héros timide devra essayer de comprendre pourquoi son pouvoir le rends si fort et exubérant, et pourquoi, malgré sa modestie, il prend la forme du vautour, l’oiseau qui vole le plus haut. Son meilleur ami devra essayer de comprendre pourquoi lui, qui est si fort et qui a tellement confiance en lui, n’a pas réussi à développer le moindre pouvoir. Et bien sûr, c’est à coups de virements scénaristiques et de puissantes réalisations de nos protagonistes que l’histoire progressera.

Il y a aussi beaucoup de mystères. Ils ne reposent pas sur les personnages mais plutôt sur des plans cryptiques contenant des représentations symboliques. Plus on en apprend sur le monde des Choujins, plus notre sang est glacé. Le récit prend un peu de temps à démarrer, mais un excellent combat au tome 2, et certaines révélations exaltantes au tome 4, ne manquent pas de faire désirer la suite.

Le pouvoir et l’apparence d’un Choujin seront toujours en raccord avec les désirs de la personne qui contracte les pouvoirs. Souvent, lorsque quelqu’un devient cette créature, il entre dans un état de folie et d’hyperfixation. Notons un cas fascinant, un baseballeur connu pour ses balles plongeantes. Quand il se métamorphose, ses attributs physiques prennent l’apparence des équipements de baseballeurs. Son pouvoir est d’augmenter la gravité des choses pour qu’elles plongent comme ses balles. 

J’ai vraiment adoré les scènes d’actions de ce manga. Depuis Tokyo Ghoul, un grand effort de clarté est effectué. Les batailles sont de vrais ballets de violence mouvementée. De la pure brutalité. Une des caractéristiques les plus intéressants des Choujins est ce qu’on appelle le raise. Deux ou trois fois par combat, lorsque les surhommes meurent, il peut tenter de revenir d’entre les morts, bien plus fort qu’auparavant. Cela les poussera à utiliser des tactiques très risquées. Parfois, ils se brisent même la nuque tout seul, afin d’obtenir un avantage décisif. Cela donne des affrontements complètement débridés où les combattants n’ont aucune retenue.

En somme, on peut dire que j’ai été complètement conquis par cette œuvre. Bien qu’elle prenne un peu de temps à démarrer, cette nouvelle œuvre de Sui Ishida a beaucoup de chance de supplanter son œuvre précédente, dans la liste de mes mangas favoris.

J’aimais Tokyo Ghoul à la folie, pas pour les dessins, pas pour l’action et encore moins pour cette triste adaptation animée qui ne lui fait pas honneur, mais bien pour le soin, l’amour et la poésie que l’auteur insuffle à son personnage principal. Ken est un personnage qui avait besoin d’évoluer, de se remettre en question sans cesse. J’ai l’impression qu’à travers Choujin X, ce n’est pas à un, mais bien à trois personnages que ce soin va être apporté. Couplant cela aux nombreuses améliorations de l’auteur sur son dessin et son découpage, je ne peux qu’avoir de plus en plus hâte, à chaque tome sorti, de connaitre la suite !

Rêve, espoir, ambition, persévérance…

Rage, justice, beauté, amour…

Aux Choujins

La destinée fait don d’une apparence et d’une force qui leur conviennent le mieux.

(…)

Et lui, qui l’est devenu… ce garçon… la détenait-il réellement, cette fameuse nature ?

Pierre Reynders – Illustrations ©Sui Ishida

Akira Toriyama est immortel

La nouvelle est tombée… Akira Toriyama n’est plus des nôtres. Comment y croire ? L’artiste derrière Dragon BallAraleBlue Dragon, et bien d’autres dingueries, nous quitte à l’âge de 68 ans. Pourtant, il est impossible d’y croire… avouons-le, l’auteur fut la figure artistique la plus inspirante de ces dernières années. Pensez à DBZ. Combien de personnes, fans ou détracteurs, se souviennent de Goku, ses amis, ennemis et objectifs ?! Les 7 boules de crystal. Vegeta. Les haricots magiques. La liste est longue. Les références perchées et bons souvenirs sont beaucoup trop nombreux.

Le premier épisode de Dragon Ball donne le ton. On découvre Son Goku, un enfant doté d’une force surpuissante. Il se joue d’un tigre à dents de sabre et pêche un piranha géant. Il vit simplement avec ce que lui procure la nature. Il chérit aussi un don de son grand-père, une boule de cristal. Un beau jour, il rencontre Bulma, une jeune fille de la ville. Les jeunots décident ensuite de partir vers l’inconnu. Une fois aux côtés du candide Goku, nous voici plongé à l’intérieur d’un monde vaste, riche, mais surtout, surprenant. Akira Toriyama dévoile alors des scènes cocasses, érotiques, absurdes, épiques, mémorables. Ce qui démarre comme une aventure banale, deviendra un mythe. Goku représentera une figure héroïque. Pourquoi ? Le protagoniste fait preuve de bonté en respectant une attitude admirable : il relève n’importe quel défi, partout et tout le temps !

Goku marque les esprits car il ne freine devant rien, ni personne. La peur n’est plus un obstacle. La soif de pouvoir n’est nullement un idéal. Le cœur n’est pas de pierre. Vous l’aurez compris, Akira Toriyama pond une bande dessinée fascinante. Comment l’oublier ? Ou plutôt, oubliera-t-on sa patte artistique, son magnifique univers ? Le dessinateur trace une histoire intemporelle. Akira Toriyama est immortel.

brunoaleas

TOP MANGAS 2023

J’aurais pu encenser One Piece, continuer à lire HunterxHunter, mais je préfère découvrir les nouveautés de cette année (exception faite à Chainsaw Man, dinguerie toujours plus créative). Du Mouvement de la Terre surprend tant son cadre et propos fascinent. Dans l’Europe de la fin du Moyen Âge, les lecteurs apprennent ô combien le Savoir est une arme. Le jeune personnage principal devra douter pour comprendre que ses convictions sont fausses.
Puis, mon numéro uno fait honneur à un poète de l’image. Hayao Miyazaki débarque à temps pour rappeler que la seule victoire à gagner est une paix entre les peuples. Ses œuvres nous embarquent dans cette idée pacifiste et
Le Voyage de Shuna développe plus précisément, l’esclavagisme. Le manga, illustré par d’incroyables aquarelles, introduit déjà un thème évident dans la filmographie de l’artiste : l’enfance demeure une lueur d’espoir au sein de nos sociétés ravagées par la haine. –brunoaleas

TOP 3

  1. Le Voyage de Shuna – Hayao Miyazaki

  2. Chainsaw Man – Tatsuki Fujimoto

  3. Du Mouvement de la Terre – Uoto

Illustration ©Antoine Wathelet