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Batawp Interview

Paranoiæ n’est pas un livre comme les autres. Giulio Rincione, aka Batawp, illustre les pensées d’Alan. Ce personnage torturé entraîne notre cerveau vers l’emprisonnement et la fuite. L’œuvre ambitionne d’être un miroir des lecteurs. L’enjeu est de taille. L’auteur présente ses techniques, sa philosophie et sa fascinante bande dessinée.

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Comment définir Paranoiæ ? Comment le considérer parmi tes autres publications ?

C’est une œuvre nécessaire. Paranoiæ fut ma première bande dessinée auto-conclusive, longue, écrite par moi-même. Il y avait la volonté de dessiner des choses déterminées. D’une part, j’avais vraiment écrit une liste d’éléments à dessiner, plusieurs types de sensations, ambiances, villes, atmosphères. D’autre part, il y avait vraiment une exigence personnelle et narrative de raconter une histoire non-définie.
Vers 2014 ou 2015, je commençais à penser à ce livre. Je ne vivais pas une période heureuse de ma vie. Je ne me sentais pas bien dans ma peau. C’était une période où je n’arrivais pas à me reconnaître. Comme si je trahissais mon essence. Par conséquent, j’étais isolé des autres et je ne savais pas quoi faire. Alors, l’idée était de mettre tout sur le papier, à travers les dessins et paroles. Non pas pour parler de moi. Mais parce que j’étais fortement convaincu qu’à ce moment de solitude, je n’étais pas seul. Je n’étais pas l’unique personne à éprouver ces sensations. J’étais convaincu que je ressentais des sentiments hautement partageables.
Paranoiæ, je le définis comme un livre-miroir. C’est une sorte de vitre présente lors des interrogatoires de police. Je suis à nu devant les lecteurs. Comme si je te parlais car toi, tu dois te voir toi-même.

Aujourd’hui, te sens-tu plus Alan, Tête de Patate ou Docteur Bau ?

Actuellement, heureusement, je ne me sens moins comme eux. 8 années se sont écoulées depuis la parution de la BD, et heureusement, l’œuvre a fait son travail. Elle m’a aidé à sortir de certaines situations.
Mais pour revenir aux 3 personnages, je choisirais quand même Tête de Patate. (sourire) Malheureusement, il a un caractère humain. Il fait toujours la même chose, croyant qu’il est différent des autres.

Il y a divers messages, interprétations pour cette BD. J’ai l’impression que tu souhaitais raconter comment se vit un mal-être pour les femmes et hommes piégés éternellement dans une sorte de cage. Mais j’imagine aussi que tu voulais transmettre une atmosphère bien particulière, plus qu’un message précis sur la vie.

Paranoiæ est un voyage brute à faire. Quand tu commences la lecture, il n’y a pas de moment où tu crois pouvoir fuir. A tel point que l’histoire est cyclique. La fin et le début coïncident, ce sont la même chose. Donc, parfois tu peux avoir la sensation que tout va bien -les passages à la plage, les scènes où surplombe un ciel bleu- mais ce n’est qu’une petite parenthèse, car tu es toujours oppressé lors de la lecture. Ce qui nous ramène à notre condition humaine et prisonnière. Nous ne pouvons pas nous échapper de notre corps et cerveau.

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Parmi tous tes titres, mon préféré demeure Vies Dessinées. Et j’admets avoir un attrait pour les thèmes de Paranoiæ. J’avais tout de même du mal à terminer cette BD. Il y a quelques années, je perdais la personne que j’aimais le plus au monde. Certaines planches me renvoient à ce souvenir. J’espère ne pas être confus… ton processus d’écriture était un calvaire à certains moments ?

Pour l’écriture, j’ai fait quelque chose qu’habituellement, on n’a pas besoin de faire, selon le canon didactique de la bande dessinée. Je dessinais et coloriais toutes les planches, sans textes. Quand j’avais vraiment terminé, j’écrivais les textes en une nuit. C’est une méthode extrêmement dangereuse. Mais oui, Paranoiæ fut écrit d’un jet.
Aujourd’hui, quand je le relis, je ne reconnais pas ce que j’ai écrit, vu qu’à l’époque, je rédigeais quasi en trans.
Je pourrais revenir à cette méthode si je vivais encore quelque chose de fort dans ma vie. En somme, il est préférable de préparer un scénario à l’avance, pour fermer des cercles narratifs de façon cohérente pour les lecteurs.

Durant ton interview avec Dario Moccia, tu annonçais une idée de boucle. Les lecteurs peuvent s’arrêter à n’importe quelle page. Quand tu relis Paranoiæ, il y a toujours un instant différent sur lequel tu t’arrêtes ?

En 5 ou 6 ans, j’ai lu 2 fois Paranoiæ. Pour l’une, j’avais choisi une page et pour l’autre, c’était une page opposée. Dans ma vie, beaucoup de choses changeaient. J’avais changé d’entourage et moi-même je n’étais plus comme auparavant. Par conséquent, je n’étais plus dans la même phase de la boucle.

Si tu devais choisir un groupe italien pour symboliser la colonne sonore de ton livre, à quel nom penser ?

Cette question est très difficile à répondre parce que Paranoiæ fut écrit et pensé en écoutant The Wall de Pink Floyd. Il y a carrément des phrases de l’album traduites en italien, puis insérées dans les planches. Donc, imaginer une bande italienne à la place de Pink Floyd est difficile. Non pas car il n’y a aucun musicien italien aussi talentueux, c’est juste que j’ai pensé ma BD via The Wall. Oui, je ne sais vraiment pas quoi te répondre. (grand sourire)

Pour la dernière question, analysons ton style graphique. Cette année, lors d’une conférence dans une librairie italienne, tu affirmais ta fascination pour les dessins des enfants. Ce ton enfantin se découvre en lisant tes livres. Il y a une sincérité et vérité dans les dessins des enfants, inatteignables une fois adultes ?

Plus qu’une vérité, il y a 2 choses que j’aime énormément dans leur façon de faire.
Premièrement, le plaisir de dessiner propre aux enfants. Malheureusement, quand on sort de la zone ludique et que le travail devient long, pénible, il se peut que j’en souffre. Réaliser de force une chose qui te plaît, ou plaisait, est assez douloureux. Ce que j’aime chez les enfants, c’est qu’ils dessinent parce qu’ils veulent dessiner. Déjà là, cette observation les porte à un plan supérieur.
Deuxièmement, quand un enfant fait un dessin, il n’en dira jamais qu’il est laid. Les plus jeunes ne critiquent pas leurs dessins en solo. Donc, ils ne vivent pas le sens de la frustration, faute. Alors que nous, dessinateurs, aimons nous l’offrir chaque jour. Quand je conçois mes planches, je pense directement à ce qui ne me plaît pas, à ce qu’il faut améliorer. D’une certaine manière, ces idées éteignent le plaisir. C’est clair qu’elles sont nécessaires pour évoluer. Mais nous parlons de dessins, une activité qui devrait être liée au plaisir.
Les enfants sont d’une extrême sincérité. Ils ont une absence de faute et sentent une joie de dessiner, donc ce sont mes idoles. Un jour, j’espère dessiner, non comme les enfants au niveau technique, mais j’espère réussir à dessiner avec leur état d’esprit.

Interview menée par Drama – Photo ©Martina Deathsy

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Blue Period

Pourquoi est-ce si dur d’exprimer ses sentiments ? Pourquoi est-ce que l’avis des autres m’importe tant ? La peur de voir ses fiertés détruites par le regard de ses pairs nous rend si malheureux, mais en même temps, elle donne un intérêt à la pratique de l’art.
Artistes de tout genre, jeunes, vieux, débutants et vétérans, rassemblez-vous tous autour de l’œuvre nommée Blue Period.

Nous suivons l’histoire de Yatora Yaguchi, un lycéen de dernière année. Beau, intelligent et populaire malgré son style de mauvais garçon. Il vit sa vie en se laissant porter au gré du vent. Yatora prend ses études et ses relations sociales très au sérieux et voit tout sous le prisme de la question Que dois-je faire ?. Il n’a aucune passion, aucune vraie envie. Il n’est pas malheureux ou déprimé, mais sa vie manque de relief.

Un jour, par hasard, il tombe néanmoins sur le tableau d’une élève en club d’art. Cette vision le subjugue littéralement et à partir de là, en essayant lui-même la peinture, il découvre un tout nouvel univers et un moyen de remplir le vide qui l’habite.

Il entre en contact pour la première fois avec sa propre sensibilité et son monde intérieur et découvre l’ivresse de la véritable expression. En réfléchissant à sa propre vision des choses et en trouvant une occasion de la transmettre sans mots, il a pour la première fois l’impression de vraiment communiquer avec les autres.

J’aime vraiment ce manga. Tout d’abord, je l’ai repéré de la meilleure manière possible : la couverture m’a complètement accroché.

La plupart des couvertures de manga sont très belles, mais ne parlent finalement qu’à ceux qui connaissent. Rares sont les concepts de couverture vraiment accrocheurs. Ici, presque toutes les couvertures nous montrent un personnage différent du manga. Et à chaque fois, on nous le présente sous la perspective… du tableau qui est en train d’être peint. Cela donne une merveilleuse occasion de voir les personnages dans leur transe créative, mis dans de magnifiques couleurs et débordant de personnalité.

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Pour ce qui est du dessin, c’est sympathique sans non plus dépasser des sommets. L’auteure est douée pour les expressions, ce qui aide bien son récit, mais il n’y a pas de fulgurance particulière à déclarer. Les nombreuses œuvres d’art sont empruntées, avec leurs accords, à des étudiants en arts japonais. On y ressent une bonne impression d’authenticité. Mais deux petits problèmes : l’absence de couleurs est clairement en défaveur de ces œuvres et, puisque souvent plusieurs artistes différents prêtent leurs œuvres au même personnage, le fait que celui-ci peigne des œuvres avec des styles complètement différents, qui n’ont vraiment rien à voir l’une avec l’autre au niveau du style, est tout de même un peu troublant.

Mais bien sûr, toute l’âme de l’œuvre se trouve dans son scénario !

Le récit, qui aurait pu être très court et même se résumer au premier tome, ne cesse malgré tout d’approfondir son sujet et d’explorer toujours plus profondément les tourments qui peuvent animer l’âme de chaque artiste.

Yatora débute complètement dans le dessin. Il aura de très nombreuses leçons à apprendre de la vie d’artiste. Vivre de sa sensibilité nous rend vulnérable et les périodes de doutes et de remises en question seront légion. Tant de thèmes sont explorés que je ne pourrai les mentionner, comme l’expression de soi, le regard des autres ou le fameux débat qui fait rage depuis la nuit des temps : mieux vaut-il avoir du talent ou faire beaucoup d’effort ?

Mais au-delà du scénario, j’aime la manière dont le manga introduit son lecteur à son sujet avec beaucoup de patience et de compréhension. Le monde de l’art n’est pas accessible à tous. Les concepts et les techniques de base sont bien expliqués et on ne se sent jamais dépassé par le propos, peu importe à quel point on l’approfondit.

Blue Period n’est pas seulement une œuvre qui parle d’art, mais avant tout une analyse minutieuse des artistes. À sa lecture, il se pourrait que vous en appreniez plus, non seulement sur l’art, mais sur l’artiste qui sommeille en vous également, et ça, ça vaut bien le détour.

Pierre Reynders

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LA DURE A CUIRE #89

Dye Crap

Dye Crap exprime un besoin viscéral de retrouver ce bonheur et cette insouciance qui caractérisent les souvenirs les plus chers. Voici ce qu’on lit dans le dossier de presse du quatuor. Si tel était le défi, il est pleinement réussi ! Pourquoi ? Grâce au clip de ‘Good Days Again’, un morceau plein d’énergie !

Blur – The Ballad of Darren

Le retour de Blur ne casse pas trois pattes à un canard. L’alchimie est belle. Mais The Ballad of Darren sonne comme un nouvel album de Damon Albarn, calme, aux teintes tristounettes. Le titre ‘St. Charles Square’ ne sauvera pas l’affaire…

Siz

Combien d’artistes ont questionné la Lune ? Il ne manquait plus que Siz. Cette fois, une touche encore plus shoegaze envahit ses compositions.

Drama – Votre playlist Spotify

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King Krule / Late

King Krule – Space Heavy

Une apparition remarquable au Primavera. Des vinyles distribués à l’arrache à ses concerts, dévoilant des morceaux inédits. King Krule sait attirer l’attention. Malheureusement, son quatrième album, Space Heavy, s’illustre comme une sombre nuit pluvieuse, où l’alcool détruit nos sens, où nous demeurons abandonner à la rue. L’Anglais semblait retrouver une part de luminosité via Man Alive!. Ses dernières productions embrassent le côté obscur de la Force.

La recette est bien moins accrocheuse par rapport aux précédents albums. Des morceaux longs (parfois trop longs). Des accords répétés en boucle, sans envolées instrumentales. Un chant s’éloignant souvent de la rage vocale, une rage si forte de l’artiste qui manque énormément au projet.

King Krule écrit et compose à partir d’une ressource essentielle à son art : la mélancolie. Lorsqu’on écoute sa musique, ses paroles, on ne peut penser à l’analyse de l’humoriste Fary (Les Inrocks n°21, juin 2023), au sujet de la poésie.

La poésie. Un regard en décalage sur quelque chose qui paraît banal. Tout peut être poétique, ça dépend du regard qu’on va poser dessus.

Même si le musicien compose des albums plutôt différents les uns des autres, cette fois, son nouveau disque fait l’effet d’un pétard mouillé. Quelques titres à sauver : ‘Space Heavy’, ‘Tortoise of Independency’, ‘When Vanishing’, ‘Pink Shell’, ‘Empty Stomach Space Cadet’.

Late – Empires

Muse, Queens of the Stone Age, Foo Fighters… cette année marque le retour d’un bon nombre de légendes du rock. Néanmoins, avouons-le, certains groupes, soit demeurent dans leur zone de confort, soit n’apportent plus leur force musicale d’antan, sur le devant de la scène.

Puis, arrivent les petits groupes qui varient leur rythme, au chant envoutant, signant des morceaux courts et efficaces. Late fait partie de ces bandes. Aucun clip de leur EP Empires n’est trouvable sur Youtube. Heureusement, un concert, situant les membres prêts d’avions en tout genre, est disponible ! Si leur son vous rappelle les ambiances de Grandma’s Ashes, c’est normal. Myriam El Moumni, guitariste du trio, s’occupe de Late au niveau du mixage. Le résultat est tout bonnement propre, clair et lisse pour l’ouïe.

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Sacha Piersanti Interview

La poésie est un grain de sable dans l’engrenage. Sacha Piersanti prononce cette idée haut et fort. Il est membre de La Maison Zeugma. L’initiative romaine provoque les rencontres entre poètes et public sans étiquette. La poésie prend énormément de sens une fois interprétée… Sacha Piersanti le fait comprendre en toute simplicité.

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Peux-tu décrire la Maison de la Poésie de Rome nommée Zeugma ?

Zeugma est un projet né en 2021. L’idée était de trouver un espace physique où y dédier la poésie, à Rome. Dans cette ville, on retrouvait une Maison de la Littérature, une Maison de l’Architecture mais pas encore de Maison de la Poésie. On souhaitait créer une ambiance où tout un chacun puisse se sentir à la maison. C’est un espace domestique où les personnes se retrouvent et partagent les poésies.
On organise aussi des évènements en invitant des artistes divers et variés. Notre ligne commune est de faire lire la poésie. Nos invités lisent leurs poésies. Leurs écrits ont un style reconnaissable de qualité, indépendant du succès des auteurs ou de leur maison d’édition. Mais leur point commun est de partager de vive voix leurs poésies. Nous ne présentons pas de A à Z un livre. Nous lisons soit des poésies écrites actuellement, soit nous invitons des artistes prêts à rendre hommage aux poésies du passé.
Puis, les spectateurs peuvent échanger avec les artistes, lors de la fin des lectures. On reste ensemble, on boit, on mange, on se confronte de manière informelle.

Vos évènements sont souvent un moment de rencontre entre vieilles et jeunes générations.

Le public de la poésie, hier comme aujourd’hui, est souvent le public qui fait la poésie. Des auteurs viennent écouter des poètes pour ensuite venir faire comme eux, des interprétations sur scène. Un des objectifs de Zeugma est de démonter cette dynamique. Nous avons commencé à inviter des personnes qui se situent loin du monde poétique. Cela a déjà rassemblé des femmes ayant plus de 70 ans aux côtés de jeunes de 18 ans. Inviter des gens du théâtre, des musiciens d’electro, fait qu’un public différent puisse se rapprocher. Parfois, des personnes ne connaissant rien de la poésies se voyaient surprises de voir à quel point la poésie pouvait s’éloigner d’une quelconque valeur scolaire.

Crois-tu que la politique puisse se détacher de la poésie ? Je suis persuadé que tout est politique, de notre conversation au choix de te voir. Par ‘politique’, j’entends ‘donner des messages forts’, ‘se diriger vers un bord politique assumé’.

La politique dans le sens ‘relation’, ‘activité humaine, avant celle citoyenne’… la politique est impossible d’enlever à chaque fait humain, artistique, non ? En particulier dans la poésie. En écrire est un acte énormément subversif. Faire de la poésie signifie exactement ne pas satisfaire l’esprit du temps. L’esprit du temps équivaut à nos envies d’avoir tout et très vite. Par exemple, l’effet des tweets, un fait d’actualité passé de mode après quelques minutes, la limite des images, tout ceci, cette vitesse, cette frénésie du contemporain est l’ennemi des poétesses et poètes.
La poésie signifie discipline, rigueur artisanale, concentration. Imaginer vouloir écrire de la poésie est donc déjà politiquement puissant vis-à-vis de la contemporanéité. Une contemporanéité qui nous souffle :
Fais tout, fais tout de suite, travaille, dépense, travaille, dépense. C’est à ce moment qu’il me vient de dire, la poésie est un grain de sable dans l’engrenage. Quelque chose de petit, mais qui, peut-être, fera sauter la machine. L’engrenage tourne encore et encore mais le grain devient son obstacle. La poésie est cela par rapport à la réalité, à comment on conçoit la réalité d’aujourd’hui.

Interview menée par Drama – Photo ©Dino Ignani
Sacha décrit aussi l’utilité de la poésie, une réponse lisible sur Instagram

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L’electro à l’international Part 2

Le temps file à la vitesse du son. Comment analyser toutes les sorties musicales ?! Calmons le jeu. Discutons d’electro. Sens aiguisés. Démarche chaloupée. A chaque coup de cœur partagé, un voyage à l’international est proposé !

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France

Créer sans cesse des boucles mélodiques peut vite lasser. Heureusement, via ‘Des Images’, Puce conte une histoire ponctuée de rebondissements sonores. Kids, let’s dance !

Allemagne

Fejká délivre des sons planants depuis un certain temps. Jetons la première pierre à celles et ceux imaginant l’artiste produire toujours la même soupe. Ses morceaux invitent au voyage.

Belgique

Il suffit de se renseigner quelques secondes sur Vaague pour comprendre une évidence… ses compositions sont sophistiquées ! Jam découvre son univers. On y aperçoit son matos ultra-méga-giga fascinant (l’art et la manière de détourner les sonorités d’une batterie).

Australie

L’imperfection est perfection.Flume

Drama – Lire la première partie de l’article

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The Murder Capital / Giancane

The Murder Capital – Gigi’s Recovery

Il y a tant à dire sur Gigi’s Recovery, le second opus des Murder Capital. Cette sortie donne à réfléchir. La scène rock ne grouille plus de pépites aussi percutantes qu’auparavant. Pourquoi ? Peut-être est-ce dû aux musiciens copiant trop de groupes, tels que les Beatles, Radiohead ou Pixies.

Puis, débarque The Murder Capital. Un chant digne d’un messie nous emmenant vers un univers froid et mélodieux. Des guitares dont les parties s’incrustent parfaitement aux bons moments, à chaque chanson. Et surtout, avant tout, miraculeusement, une ambiance mémorable, voire fascinante, à découvrir à l’écoute de Gigi’s Recovery !

Au début, tout ce qu’on avait, c’était une idée claire de la direction sonore que l’on voulait explorer. On était obsédé par certaines textures, certaines ambiances.
On a plongé dans le monde des synthétiseurs et des pédales d’effets. Ça a vraiment débloqué notre créativité
. –Cathal Roper, guitariste chez The Murder Capital

Je tombe enfin sur un album solide, unique en son genre. Une pièce musicale à écouter plusieurs fois pour comprendre sa beauté sonore.

Giancane – Tutto Male

Souvent en Italie, la personne qui crie le plus fort gagne les revendications. Quelles en sont les conséquences ? Sentir une odeur de plastique brûlé, en pleine nuit sans broncher. Observer des bars incendiés sur les plages. Primer la volonté d’arnaquer sur la pyramide des valeurs. Nul ne souhaite ces situations pour les Italiens.

Giancane tire la sonnette d’alarme d’albums en albums. Dès lors, sa collaboration avec l’auteur Zerocalcare (ayant illustré de nombreuses fois l’univers du musicien) apparaît logique. Les deux artistes pointent du doigt un système rempli de failles. L’un compose des morceaux plutôt fédérateurs, l’autre dessine ses doutes et souvenirs. Une figure rhétorique les unit. Elle se résume en quelques mots : savoir brillamment exploiter l’ironie pour transmettre ses messages.

Tutto Male est empreint d’humour, mais est aussi très contemporain d’un pays gouverné par de Grands Déconnectés du Ciboulot. Alors oui, les chanteurs engagés existent encore !

Drama

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Kotaro en solo, un nouveau voisin arrive !

Rien de mieux que des animes avec peu d’épisodes. Ils sont simples, efficaces et percutants. Voilà leur recette. Ils sauront vous transporter sans qu’un goût de trop peu ne vienne tout gâcher. Ils auront la qualité de ne pas vous lasser. Koni no tabi : The beautiful World, ReLife, Araburu et bien d’autres en font partie ! Ils seront sujets à plusieurs articles écrits dans les prochains mois. Aujourd’hui, je présente Kotaro en Solo.

Kotaro en solo

Voici votre nouveau voisin ! Il s’appelle Kotaro, a 4 ans et vit seul. Il est espiègle, borné, rempli d’imagination, insouciant, touchant et surtout il a dû grandir trop vite. Il a besoin de vous, de votre amour mais il ne vous le dira pas. Il doit déjà être adulte. Pour lui c’est une nécessité. Il n’a pas besoin d’aide ! Il vous fera rire et pleurer. Vous agacera et vous épatera. Mais malgré lui et malgré vous, l’immeuble dans lequel vous vivez deviendra sa nouvelle famille. Petit à petit, il se laissera aller dans vos bras. Il se laissera le droit d’être un enfant.

Kotaro en solo met en avant avec justesse et finesse ce que peut vivre un enfant qui, très tôt, est obligé d’affronter l’abandon. L’anime arrive à faire comprendre les mécanismes internes (et les comportements qui en découlent) qu’un petit être à peine né peut développer pour se protéger face à ce type de traumatisme. Ceci en partie grâce au travail de recherche sur la psychologie de l’enfant abandonné qu’a certainement dû faire l’auteure, Mami Tsumura. Je sens à plusieurs reprises que les problématiques amenées dans les épisodes sont approfondies et recherchées. J’ai l’impression de refouiller mes cours, de revivre des discussions avec mes professeurs de psychologie, lors de ma formation en éducation spécialisée. Ainsi, je conseille vivement cette série à de futurs travailleurs sociaux ou futurs psychologues. Kotaro sera d’une grande aide pour mieux appréhender vos cours et mieux comprendre la théorie vis-à-vis de ce thème.

La plus grosse force de l’œuvre réside dans la mise en scène de la thématique de l’abandon. Elle allie humour et émotion avec brio au point d’être joyeux et triste, sans qu’une émotion n’en surpasse une autre. Elles se complètent. Je ressens alors un sentiment particulier. Comme si l’autrice tentait d’expliquer qu’un enfant coupé de liens familiaux ne doit pas être accompagné avec un excès de tristesse ou dérision. Ni avec surprotection, ni avec négligence. Mais avec tendresse, une douce fermeté, gaieté et amour.

Kotaro en solo fera de vous un voisin comblé, le tout en 10 épisodes.

Mouche

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LA DURE A CUIRE #88

La Jungle – Ephemeral Feast

On sait, on sait… La Jungle vient de sortir un nouvel album cette année ! On rattrape notre retard car le duo s’inscrit dans l’actualité tribale et musicale, quoi qu’il arrive. Alors savourez No Eyes, un concentré de tornades sonores.

Maura Weaver

Plus le temps passe, plus les Strokes deviennent une référence pour bon nombre de jeunes groupes. Maura Weaver se cale se situe dans cet héritage où la surprésence de guitares ne dérange jamais !

Shamir – Homo Anxietatem

Qui n’a jamais rêvé de tourner un clip dans sa chambre ? Lieux de rencontres, création, épanouissement pour la plupart des mortels. Découvrons Shamir via un morceau conjuguant l’ambiance des années 90 et une voix paisible et douce.

Baroness – Stone

Baroness porte bien son nom. Ses membres deviennent barons d’un genre musical à la fois brutal et mélodieux. Que le prochain opus reste sur cette voie.

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Danser pour Echt!

Ecouter Echt! est une expérience. C’est accepter son corps en transe, presque transporté dans un décor froid et allemand, sous un Soleil de plomb. Oui, l’oxymore est electro-machiavélique. Les Bruxellois forment un projet où les instrumentations se confondent pour, non pas créer une cacophonie, mais des sonorités plutôt fascinantes. Heureusement, le quatuor, à la différence d’un Glauque, se passe du chant. Eurêka ! La recette fonctionne et les musiciens continuent sur leur voie en sortant un second album, sobrement nommé Sink Along (un titre ironique, une touche de fatalisme pour les mélomanes).

Echt! souhaite un public dansant à ses spectacles. Les Intelligences Artificielles ne remplaceront pas leurs mélodies. Leurs machines s’envolent au-delà du jazz, au-delà des frontières du Connaissable. Leurs machines sont un outil pour danser sur des boucles sonores jamais ennuyeuses, jamais pauvres en termes de rythmique.

Ce n’est pas un disque avec des mélodies évidentes et des itinéraires tout tracés. L’idée, c’est justement de se perdre dans les ambiances, de s’abandonner à la couleur des sons et de laisser une grande place à l’imagination du public.

Telles sont les paroles du batteur Martin Méreau. Si la danse est provoquée à l’écoute de Sink Along, la transe sera bel et bien inévitable !

Drama – Photo ©Mayli Sterkendries

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Athena

À quel point un film peut-il être prophétique ? Cherche-t-on vraiment l’envie d’observer une réalité alternative, quand on va au cinéma ? En tout cas, Romain Gavras, il y a un an, réalise un film qui restera dans les mémoires des plus cinéphiles d’entre nous. Il y développe ce que la rage des banlieues. A savoir, des jeunes se regroupant pour venger la mort d’un de leur frère.
Romain Gavras prend la température et sent cette pulsion de mort qui plane sur certains territoires français. Faut-il applaudir le cinéaste pour avoir produit Athena, œuvre dont les images dépassent la fiction ?

Je fais référence à l’affaire Nahel, où un policier exécute un adolescent, comme si de rien n’était. Cette tragédie s’apparente vraiment aux propos du long métrage. Actuellement, nous sommes en droit de nous questionner. Comment expliquer que les justiciers de la paix exterminent la jeunesse ? Quel futur proposer à nos enfants, si ces gardiens massacrent des innocents ?

Il est temps de remettre l’église au milieu du village. Nous avons besoin d’artistes comme Romain Gavras. En plus d’épater via des techniques cinématographiques totalement bluffantes -mouvements de caméra imprévisibles, direction d’acteurs ultra crédible- il soigne à l’écran le pire scénario possible. Les failles du système se résument à la mort d’un jeune homme et les conséquences du drame provoquent une sorte de guerre épique. Romain Gavras expose la violence depuis plusieurs années mais cette brutalité donne à réfléchir.

Quand l’Etat abandonne certains lieux de France, il n’y a plus aucune surprise à voir apparaître autant de saccages dans les rues du peuple. Le cinéaste pointe du doigt une tragédie qui n’a rien d’illusoire, Athena étant désormais comparable aux dégâts laissés à Nanterre, Lille et j’en passe. Il dénonce ni la barbarie des policiers, ni l’absence de politiciens, mais plutôt une haine ambiante, incontrôlable, dont l’origine se dévoile une fois nos yeux rivés vers les dernières séquences.

Le réalisateur oppose, certes, 2 camps, la justice et les banlieues. Cependant, il ne prends pas parti et laisse le spectateur deviner ce qu’est la racine du mal. Au final, le maux de nos sociétés s’appelle l’ignorance. Ignorer notre pouvoir d’action. Ignorer notre force de frappe. Ignorer notre échelle de valeur.

Lorsqu’on explore une tragédie, l’idée, c’est de ne pas avoir des gentils d’un côté et des méchants de l’autre. Les situations sont toujours plus complexes. Le film n’est pas très bavard, on est plus dans l’action et la frénésie du moment et les acteurs ont réussi à ignorer cette complexité. Tout est dirigé par le destin : il y a un mal fait au début du film et à partir de ce mal fait, c’est le destin qui vient tout ravager. Si le film pouvait se résumer en une phrase ou un tweet, ce ne serait pas intéressant.Romain Gavras

Le maire de Trappes, excellent orateur, décrit des jeunes Français exaspérés par un fonctionnement étatique complètement déconnecté de la réalité. Il réagit aux propos de Gérald Darmanin, un ministre au vocabulaire fasciste, un homme ne souhaitant pas comprendre ses citoyens.

Je ne justifie en aucun cas le fait de brûler des voitures, détruire des écoles, casser des vitrines puis, voler les commerçants, pour crier haut et fort ses idées. Parfois, j’aimerais valider ces actes vu qu’un vie ne mérite pas d’être enlevée après un contrôle de police sans péril… toutefois, cette réflexion est plutôt amorale. Je préfère privilégier le dialogue, les manifestions sereines et solidaires. Or, n’admettons pas que ces saccages viennent de nulle part. L’Histoire jugera les vrais coupables de cette tragédie sans nom. Et Romain Gavras sera salué pour ses talents artistiques.

Drama

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Pierre et Drama chez Silenceless

Qui se marre sur Twitch ? 2 visages de votre webzine ! Pierre Reynders et Drama présentent Je Crie C’est La Musique chez Silenceless. Les camarades développent divers sujets : demeurer d’insatiables curieux, recruter les premiers venus, s’adresser à n’importe quel artiste, promouvoir, non pas la 5G sur Mars, mais les productions artistiques de chaque membre, dès que possible. Bonne écoute !

Photo de l’émission en direct sur Twitch – Ecouter et regarder l’émission entière