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Futuropolis Interview

Quelle maison d’édition surprend plus d’une fois ? Futuropolis. On y trouve des bédés illustrant des peuples et époques. Les thèmes sociaux ne sont donc pas écartés ! Alain David, membre de l’équipe éditoriale, souligne les spécificités du projet artistique.

Comment résumer les 50 ans de Futuropolis ?

Quelle question ! Résumer 50 ans en quelques lignes, vaste sujet. On peut déjà dire que l’histoire de Futuropolis se décline en 2 grandes périodes : de 1974 à 1994, le canal historique, né de la volonté de Florence Cestac et Étienne Robial, et la renaissance, de 2004 à aujourd’hui, sous les bons auspices d’Antoine Gallimard – qui était le propriétaire de Futuropolis, depuis 1987 – Mourad Boudjellal et sous la direction de Sébastien Gnaedig et Patrice Margotin. En 50 ans, le marché de la bande dessinée a bien changé. Le nombre de publications est multiplié par plus de 10, mais je crois que l’ADN de la maison est resté le même. Futuropolis a été un des premiers éditeurs – voire, le premier – à mettre en avant les auteurs plutôt que des personnages ou des séries. Une grande attention est apportée aux livres, aux sujets traités, à la conception graphique. Des auteurs majeurs de la première époque se sont retrouvés dans la seconde époque, Baru, J.C. Denis, Tardi, Munoz et Sampayo, Rabaté…
Nous avons même cette année le retour d’Edmond Baudoin !! Je crois qu’en 50 ans, le moteur des éditeurs de Futuropolis est resté le même : l’amour et le respect des livres, des auteurs et de la bande dessinée. 

Votre maison d’édition se focalise énormément sur des évènements historiques. Puis, un Gipi apparaît aussi dans votre catalogue. Actuellement, comment sélectionnez-vous les livres à publier ?

Il y a de grands axes sur lesquels nous restons fixés : un regard sur le monde, le social, l’écologie, l’histoire, la littérature et le dessin – ce qui peut paraître paradoxal, mais qui apparaît, parfois, comme le parent pauvre de certaines publications de bande dessinée –. Être éditeur ne se résume pas à publier des livres mois après mois. C’est créer un catalogue, travailler sur la durée avec un auteur, anticiper le titre suivant. Gipi, Davodeau, Lepage, Sacco, Kokor, Gibrat, Keum Suk Gendry-Kim… ont une place de choix dans notre catalogue. Nous avons plaisir à faire un long chemin avec eux.
Reste qu’avec la volonté de ne pas faire plus de 40 livres par an, les choix sont souvent cornéliens. Les projets de nouveaux auteurs se doivent d’intégrer notre politique éditoriale. Un recueil de gags en une page, tout aussi bon soit-il, manquerait certainement sa cible en étant publié par Futuropolis. Idem, quand nous publions des livres étrangers en achat de droits, c’est qu’ils s’inscrivent dans notre logique éditoriale. Et qu’il ne nous aurait pas paru aberrant d’en être les primo-éditeurs.

La montée de l’extrême droite est affolante en Europe. Quant aux nombreuses guerres, elles sont insupportables à voir. Editer Journal d’une invasion, au sujet de l’Ukraine et dessiné par Igort, sonnait comme une évidence ?

Bien évidemment. Toutefois, n’oublions pas que le Journal d’une invasion fait suite à 2 autres ouvrages essentiels d’Igort : Les cahiers russes et Les cahiers ukrainiens, où il racontait déjà ces pays, les dérives autocratiques de Poutine, l’assassinat d’Anna Politkovskaïa, l’Holodomor voulue par Staline… certains livres sont des réactions à chaud, même si le temps d’un livre n’est pas le même que celui de la presse. D’autres livres sont plus longuement muris. Luz a pu réaliser Catharsis quelques temps après le drame de Charlie Hebdo, puis Indélébiles, où il revient avec recul sur son parcours, au sein de cette même rédaction.
Mais effectivement, je ne pense pas que Futuropolis soit un éditeur neutre. Publier Igort, Joe Sacco, Benoit Colombat, Etienne Davodeau, Sébastien Vassant, Lisa Lugrin, pour n’en citer que quelques-uns, c’est envoyer des messages, des regards sur le monde, des alertes. Même une œuvre qui semble de pure distraction, Shaolin Cowboy de Geof Darrow, véhicule un constat terrible sur l’Amérique de Donald Trump.

Le Faux Soir raconte la création d’un pastiche du Soir volé. Ce quotidien belge fut confisqué à ses propriétaires, durant la Seconde Guerre mondiale. On y retrouve un fac-similé dévoilant le journal conçu par la résistance belge. Finalement, la bande dessinée est le meilleur outil littéraire pour mieux connaître les faits historiques.

Ce serait peut-être prétentieux de dire que c’est le meilleur, mais un excellent, tout à fait. Par nature, la bande dessinée, alliant texte et dessin, est un art ludique, à la portée du plus grand nombre. Dès lors qu’il y a reconstitution historique, la bande dessinée possède un avantage sur l’audiovisuel : les contraintes budgétaires sont moindres. L’auteur, s’il le souhaite, peut utiliser tous les décors qu’il veut, tous les figurants. Et maintenant, avec l’intérêt grandissant pour les romans graphiques, une pagination plus libre permettant d’approfondir son propos.
Quant au lecteur, libre à lui de prendre tout le temps qu’il souhaite pour lire le récit, digérer les informations, revenir en arrière. En résumé, vous avez certainement raison. 

Interview menée par brunoaleas – Illustrations ©Igort & ©Christian Durieux

LA DURE A CUIRE #105

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la moins douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist homonyme !

Shellac

Steve Albini nous quitte à l’âge de 61 ans. Cet homme bossa sur In Utero, Surfer Rosa, Rid of Me. Désormais, il laisse derrière lui une tonne d’albums incroyables. Leur particularité ? Leurs sonorités sont bruts de décoffrage. Le style de l’ingé son est à la fois balèze et reconnaissable. Le second album de Raketkanon prouve qu’il réalisait souvent un sacré mixage. Il temps de l’honorer. Ecoutons un morceau de Shellac !

Bring Me The Horizon

We are the children of the devolution. The infamous martyrs, the scars on the sun. Asphyxiating with a smile on your face. While they pull your teeth out, one by one.

King Hannah

Big Swimmer donne son nom au nouvel album de King Hannah. Ce disque parle de résilience. Même à contre-courant, il faut continuer à nager, ne jamais renoncer à ses idéaux.Hannah Merrick

brunoaleas

Blood-C

Saya Kisaragi, une jeune lycéenne japonaise, habite dans une petite ville paisible. Chaque jour, elle répète le même rituel avant de se rendre à son école. Elle salue son père qui est près d’un temple shintoïste, puis, va prendre son petit-déjeuner dans un petit café, à côté du temple dans lequel elle vit avec son père. Ce café, dénommé Guimauve, est tenu par un curieux personnage répondant au nom de Nanahara Fumito. D’apparence, il semble être une personne tout à fait normale. Mais au fil de l’histoire, nous verrons qu’il ne semble pas si normal qu’il ne le laisse transparaître.

À la nuit tombée, Saya n’est plus une lycéenne normale mais une chasseuse de démons appelés Enfants Ainés. Nous voici dans l’univers de Blood-C.

Vous me direz, pourquoi me suis-je intéressé à un anime qui ne semble proposer rien d’intéressant en termes d’intrigue ? Vous me direz qu’une histoire autour d’une personne qui mène une vie normale la journée et combat le mal la nuit n’a rien de très original. Vous avez raison. Cette façon de faire se retrouve dans tous les genres, que ce soit dans le cinéma avec le héros Batman, ou dans les dessins animés pour enfants avec Les Pyjamasques.

Blood-C semble, de prime abord, être un manga sans intérêt, mais arrivé à la moitié de l’œuvre, les choses deviennent très intéressantes car un évènement curieux se produit.

Un anime de type Power Rangers

Tout le monde connaît les Power Rangers. Mais savez-vous d’où vient ce genre de personnage très atypique ? Je vais certainement vous l’apprendre. Ca vient du Japon.

Nos Power Rangers viennent à l’origine des séries japonaises appelées sentai. Selon Ryosuke Sakamoto : Le sentai, ce sont 5 personnages identifiés par une couleur. Ils forment une équipe et se battent contre le mal.

Qu’est-ce que j’entends par anime de type Power Rangers ? Par ce terme, je parle d’une œuvre dans lequel le même schéma se répète à chaque fois. Dans les séries Power Rangers, il se passe toujours la même chose : les héros passent une journée ordinaire, un monstre apparaît, ils ont du mal à le battre, ils font appel aux Megazords puis, réussissent à vaincre le méchant de l’épisode.

Blood-C peut être placé dans ce genre car le même schéma ne cesse de se répéter. On peut le résumer de la façon suivante : Saya passe une journée ordinaire à l’école, elle rentre au temple, son père lui annonce qu’un Enfant Ainé vient de surgir, elle combat et élimine ce dernier.

Honore le pacte…

Comme déjà expliqué, l’anime est clairement ennuyeux à cause du schéma peu surprenant. Mais, un élément vient chambouler l’histoire. Saya remarque que les créatures qu’elle combat peuvent s’exprimer. Le premier Enfant Ainé qui vient à s’exprimer n’est pas très loquace.
Après avoir été vaincu, ce dernier prononce 3 mots : Honore le pacte. À partir de cet instant, le quotidien de notre héroïne n’est plus aussi répétitif. Au plus les démons sont puissants, au plus ils sont loquaces et lui rappellent qu’il y a un pacte à respecter. Mais ils n’abordent jamais le contenu de ce dernier.

Du sang mais pas que

Une des particularités de Blood-C, c’est la présence du sang. Dans le genre des animes, il est rare de voir beaucoup de sang car la censure y est monnaie courante. A travers Blood-C, oubliez ça. Vous penserez sûrement qu’il est assez normal qu’avec un tel titre, le sang soit présent. Je répondrai par l’affirmation mais je préciserai qu’il y a un double sens. En effet, visuellement, il y a beaucoup de sang mais le sang de Saya est d’un type particulier et il explique pourquoi elle est capable de combattre ces étranges créatures.

Quelle fin !

Vous souvenez-vous de la fin de Devilman Crybaby ? La fin de Blood-C est dans la même lignée, en gardant ses spécificités. Comme je ne cesse de le rappeler, tout est question de rythme dans cet anime. Et, les 2 derniers épisodes dénotent avec le reste de l’œuvre car tout s’accélère à une vitesse hallucinante. Cette accélération n’est pas un hasard scénaristique pour permettre de boucler la série au plus vite. Toutefois, elle s’inscrit dans un schéma cohérent, celui d’offrir à Saya, la compréhension du monde qui l’entoure. Au début de la série, elle n’a qu’une compréhension basique des évènements. Ensuite, arrive un élément qui lui permet de comprendre son monde. C’est également cet évènement qui marque l’accélération de la série.

Blood-C est un anime qui s’apprécie au fil des épisodes. Il nous force à nous calquer sur le rythme lent de l’intrigue. Et, cette façon de faire est intéressante car nous avons le temps de réfléchir, nous avons le temps de deviner les évènements à venir. Une fois que tous les éléments sont introduits, l’anime accélère vu que tout est lié et cela conduit à une fin des plus surprenante.

Fortuné Beya Kabala

LA DURE A CUIRE #104

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la moins douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist homonyme !

Cosse

On est au début d’une carrière. On n’a pas envie de s’enfermer dans quelque chose. On voulait ouvrir des branches pour ne pas se coincer dans un genre. Ce qui a beaucoup changé, c’est aussi le fait de partir 2 semaines en studio avec un producteur. Il y a eu une vraie recherche pour chaque morceau de chaque son de guitare, chaque son de snare… à chaque morceau, on s’est creusé la tête pour savoir comment sonner.Nils Bö, chanteur-guitariste de Cosse

Billie Eilish

Billie Eilish est une dure à cuire. Son titre ‘Lunch’ prouve à quel point son attitude pue la classe.

Loons

On ne va pas s’mentir, le retour de Loons claque sa grand-mère satanique. Fidèle à leurs premiers sons, le trio maîtrise la disto !

brunoaleas

Guts au cœur des familles

Nous sommes les seules créatures sur Terre à raconter des histoires. Aucune autre créature ne raconte des histoires, même si certaines sont très futées, comme les baleines. Nous sommes les animaux conteurs. Nous nous racontons des histoires pour comprendre qui l’on est.

Salman Rushdie prononce ces paroles récemment. Il pointe la force des humains. A savoir, transmettre des mythes et légendes de générations en générations, depuis les temps anciens. L’écrivain se serait bien entendu avec Kentaro Miura. Malheureusement, une rencontre entre les 2 artistes est irréalisable. Le dessinateur japonais décède en 2021. Il laisse derrière lui une œuvre magistrale.

Berserk suit l’épopée martiale de Guts. Ame guerrière. Homme d’action. Etre déraciné. Guts est un protagoniste fascinant. En anglais, guts signifie tripes, entrailles. Le ton est donné. Le personnage principal défie viscéralement les démons.
Comment le prouver ? Primo, suite à une catastrophe maléfique, il voit sa vie basculer de la lumière à l’ombre et porte une marque maudite attirant les menaces surnaturelles. Secundo, le chevalier noir défonce des apôtres à l’aide d’une armure absorbant son énergie vitale. Doit-on retenir la sombreur du manga comme élément pertinent ? Probablement. Pour l’instant, n’analysons pas les mésaventures sanguinaires.

Kentaro Miura exploite énormément de thèmes bouleversants. Mysticisme assumé. Courage sans borne. Amour impossible. Une thématique précise m’inspire à écrire. La place de la famille. Dès les premiers tomes de Berserk, Guts suit la Troupe du Faucon. Menée par Griffith, cette bande d’amis constitue un premier socle important pour Guts. Il s’identifie et s’affirme aux côtés de ce groupe… quand soudain, Griffith enclenche un énorme sacrifice pour le bien de son idéal.

Guts est désormais isolé, face à plusieurs diableries. Comment s’en sortir ? Kentaro Miura développe alors son talent. Il amène son personnage vers une reconstruction. Reconstruire ses valeurs et choix. Après avoir subi une tragédie, notre héros rencontre de nouvelles personnalités diverses et variées. Schierke, jeune sorcière, prudente et valeureuse. Un esprit habile et calme nommé Serpico. Farnèse, prête à survivre quoi qu’il en coûte. L’enfant impertinent qu’est Isidro. L’auteur questionne donc notre rapport aux autres. Qu’attendre de notre famille ? Quel est le meilleur enseignement qu’on accepte de recevoir ?

A une époque où médias et politiciens divisent les populations, les planches du mangaka rappellent la force du collectif. Un proverbe africain résume ma pensée : Seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin.

brunoaleas – Illustrations ©Kentaro Miura

Les pires animes

Pour cette semaine manga, notre vénéré rédacteur en chef, Bruno (aka Drama pour les anciens de la vieille), me propose une belle idée : puisqu’on rédige souvent des critiques positives, pourquoi ne pas faire un top des pires animes ? Voilà une excellente initiative !

Alors, selon le recensement que j’ai fait sur MyAnimeList, apparemment, j’ai vu, dans ma longue vie d’amateur d’animation, environ 270 saisons d’animes. Des animes, j’en ai vu de toutes sortes : des excellents, de très bons, des moyens et des barbants. Mais ceux que je vais vous présenter maintenant mesdames et messieurs, soyez sûrs qu’il s’agit de la lie, des animés qui ne sont pas seulement de qualité médiocre, mais qui sont des insultes aux consommateurs qui auront le malheur de poser leurs yeux dessus.

3. Pupa

Quand quelqu’un dit que les animes sont vulgaires et que les Japonais sont des pervers, ce qu’il imagine être l’animation japonaise doit ressembler à Pupa. Cette mini-série raconte une histoire ayant puiser dans tout ce qu’il y a de plus répulsif.

L’histoire est simple. Utsutsu et sa sœur Yume se font violemment battre chaque jour par leur père. Utsutsu (non mais quel prénom…) décide alors de protéger sa chère petite sœur à tout prix.
Quand un virus étrange transformera la gentille Yume en un dégoutant monstre cronengbergesque, le grand frère devra se sacrifier pour l’empêcher de devenir une meurtrière. Mais pas de soucis ! Il a lui aussi contracté le virus. Mais lui, il ne se transforme pas en monstre, à la place, sa chair se soigne toute seule.

Le scénario, d’une idiotie sans pareille, est clairement une excuse de l’auteur pour représenter graphiquement toutes sortes d’horreurs provenues de son psyché malade : l’horreur, la violence physique, et surtout, l’inceste. Les scènes centrales du scénario, sur lesquelles l’auteur se focalise le plus, sont celles où la sœur, désormais assoiffée de sang, dévore et arrache des lambeaux de chairs de son grand frère. Des actions illustrées dans une scène mimant l’extase sexuelle…

Un scénario dérangeant et dénué de sens donc. Pour ce qui est du graphisme, si le manga original avait au moins l’intérêt de présenter des dessins de monstres assez effrayants et pouvant vraiment plaire aux amateurs d’horreur, les animateurs de l’anime n’avaient apparemment pas ce talent. Citons un monstre en particulier, il n’est qu’une masse rose avec quelques dents pointues. Il perd tout effet surprenant. Une catastrophe à éviter, absolument.

Mais au moins, Pupa est une mini-série composée d’épisodes de quatre minutes. La souffrance est donc de courte durée. C’est déjà ça !

2. Green Green

Green Green est une petite comédie romantique datant de 2003. Pas gâtée par son âge, l’animation et les designs des personnages n’ont vraiment rien pour eux. Mais si elle se trouve dans mon classement des pires animes, c’est bien avant tout pour son scénario.

L’histoire se concentre sur Yusuke, un jeune homme membre d’une école réservée aux garçons. Lorsque pour la première fois, lui et ses camarades partent en classe verte avec une école pour fille, tout le monde est impatient de côtoyer l’autre sexe. Qu’elle ne fut pas la surprise de chacun quand, à peine arrivé, l’une des écolières de l’autre lycée se jette dans les bras de notre protagoniste !

Green Green est une très, très simple comédie romantique. Toute l’intrigue se base d’un côté, sur les quiproquos amoureux de Yusuke, et de l’autre, les complots de ses camarades visant à voir, en général, les filles de l’autre école se baigner ou réaliser d’autres pitreries polissonnes. L’humour, très bas du front, lié aux caractères absolument insupportables des personnages, rend l’expérience de visionnage particulièrement irritante.
Finalement, c’est une histoire barbante, portée par des personnages agaçants faisant des blagues vulgaires, peu drôles.

Mais ce qui tire cet anime dans les bas-fonds, se résume à une blague qui m’a consternée au plus haut point. Bacchi-Gu, le petit gros pervers de service, tente d’observer le héros et sa dulcinée en train de s’embrasser, petit voyeur qu’il est. Or, v’làtipas qu’un ours le surprend. S’ensuit alors une scène hilarante (non). Notre pitre se fait allégrement ENCULER par l’ours, pendant, ce qui a l’air d’être, une éternité. Mesdames et messieurs, je souhaiterais nominer cette séquence comme étant le pire gag de tous les temps. Autant de mauvais goût en une seule scène, ça ne devrait pas être légal.

1. Tokyo Ghoul √A

Je veux bien l’avouer, ici, c’est personnel. Tokyo Ghoul est mon manga préféré. La première saison de l’anime faisait un assez bon travail pour représenter l’œuvre. Cependant, afin d’encourager les lecteurs à lire le manga, je suppose, les producteurs prennent une décision audacieuse : l’anime et le manga auront 2 histoires similaires, mais différentes, à partir de la deuxième saison. Si dans le manga, notre héros, Ken, crée sa propre faction de ghoules pacifistes, dans l’anime, il rejoindra les méchantes ghoules d’Aogiri, l’organisation terroriste dont il venait pourtant de s’échapper…

Je ne suis pas très sûr de comprendre la stratégie derrière ces choix. Néanmoins, ce qui est limpide, c’est que c’est un échec total. La série est une catastrophe. Dans cette version alternative de l’histoire, les choix de Ken n’ont absolument aucun sens et le sortent complètement de la trajectoire d’évolution qu’il suivait. Au lieu d’un Ken plus sûr de lui, de ses désirs, on obtient un personnage sombre et violent. Peut-être dans le but d’appâter les fans de Sasuke Uchiwa. Ces personnes pour qui la vie ça pue.

Sans oublier, une absurdité. Le but des créateurs était d’attirer les lecteurs vers le manga, en continuant de produire normalement une saison 3. Il a bien fallu que les évènements importants restent les mêmes. Imaginez donc les incohérences scénaristiques de certains choix forcés pour respecter ce plan irréalisable.

Un autre fait m’a encore plus choqué. A la fin de la série, les caisses étaient complètement vides. La qualité de l’animation baisse drastiquement jusqu’à tomber à des niveaux plus bas que jamais. Une scène censée être émouvante à la fin de l’anime, où Ken porte le corps sans vie d’un de son allié, dure littéralement 3 minutes. 3 minutes de Ken marchant lentement, animé si pauvrement qu’on croirait par instant que seuls ses cheveux sont animés. Comme si on assistait à une pub déguisée pour un shampoing. Par pitié, allez lire le manga et lavez-vous des péchés commis par cette adaptation. Elle est clairement la pire des pires.

Pierre Reynders

One Piece et son final prévu en 2500

Dans ma tête, quand j’étais enfant, j’avais le fantasme de dessiner un manga où la fin est la partie la plus excitante ! Je me demande si je peux en faire une réalité désormais !
Eh bien, j’ai bientôt fini l’arc Wano. Les préparatifs sont presque terminés. Cela m’a pris 25 ans… lol… cependant, vous êtes les bienvenus si vous commencez à me lire aujourd’hui. Parce qu’à partir de maintenant ça va être – le – One Piece ! Je vais dépeindre tous les mystères de cet univers que j’ai cachés jusqu’à présent. Ça va être amusant. Attachez vos ceintures et profitez du voyage !!! -Eiichirō Oda, communiqué datant de juillet 2022

One Piece est un manga encastré dans mon cœur. Dès l’enfance, son créateur, Eiichirō Oda, exploite intelligemment plusieurs thèmes universels : amitié, curiosité, loyauté, bravoure, etc. Or, l’équipage du Chapeau de Paille découvre mers et terres depuis près de 30 ans ! Est-ce lassant ? Pas vraiment. Néanmoins, il est temps d’apporter des réponses aux lecteurs.

Le majeur défaut de l’auteur se résume en peu de mots. Il ajoute trop de mystères à son récit. Le siècle oublié. L’origine du gouvernement mondial. L’incident de God Valley. L’identité du premier Joy Boy. Le point commun réunissant les porteurs du D., initiale mystique. Le véritable rêve de Luffy… bref, les premières énigmes de la série sont pratiquement éclipsées.

Je ne souhaite pas cracher sur le manga le plus vendu au monde. Par le passé, nous pointions déjà quelques problèmes de l’œuvre. Je me préoccupe plutôt de son final. Voici quelques questionnements :

➜ Il y a tellement de mystères à résoudre. Comment ne pas bâcler le travail ? Est-il possible de relier tous les points d’interrogations du manga ?

➜ Si l’auteur vient à mourir, pourrions-nous voir un/e autre mangaka reprendre le flambeau ?

➜ Imaginons le final réussi. Puis, imaginons plusieurs suites publiées juste après. Ces suite ne viendraient-elles pas gâcher 30 ans de lecture ?

➜ La conclusion de Game of Thrones fut décevante,  – euphémisme activé –. Les derniers épisodes sont à ce point ruinés qu’il est impossible de conseiller la série. One Piece risque gros. Si son final est foiré, il sera difficile de conseiller la lecture du manga, comme si de rien n’était.

Désormais, je lis One Piece comme s’il s’agissait d’un feuilleton. Mais, je demeure fan. Féru d’un univers riche et vaste. Actuellement, Luffy et ses amis débarquent à Egg Head, l’île où se trouve un fameux scientifique, un puits de connaissances. Espérons recevoir plusieurs réponses, savourer les révélations !

brunoaleas – Illustrations ©Eiichirō Oda

François Wautelet Interview

François Wautelet est auteur. Ecrire des nouvelles est sa passion. Fin mai, son troisième recueil, La Poésie des Cicatrices, sera disponible. Quid de son premier livre ? Focus sur Bagages Inconnus, des histoires à la fois métaphysiques et touchantes.

En quelques mots, comment décrire les nouvelles de Bagages Inconnus ?

Au travers de ces 13 histoires à chutes brèves et intenses, parfois de façon émouvante, parfois avec suspense, j’ai cherché à mettre en lumière les mécanismes, sensations, émotions, contradictions de tous ces personnages en recherche d’eux-mêmes. Ils vivent le moments-clés de leur vie, où un carrefour se présente, où tout bascule.

J’ai l’impression que tes personnages partagent une caractéristique commune. Un thème semble mis en évidence, celui de l’acceptation. S’accepter soi, ses failles et forces. Ça paraît important d’en parler via différents points de vue.

S’accepter soi, oui. Accepter ce qui nous arrive aussi. Prendre de la hauteur. Relativiser. Comprendre que rien n’est parfait, même pas soi. C’est avec toutes ces merveilles dans son bagage que l’on peut véritablement partir en voyage, être maître de son destin et vivre la vie que l’on souhaite vraiment.

Il n’y a que le premier pas qui coûte. Cette phrase provient d’une nouvelle de ton livre. En tant qu’auteur, suis-tu cette sorte de philosophie ?

Bagages inconnus est ma première aventure littéraire, celle des premières fois, avec son lot de découvertes, de surprises et d’essais-erreurs. Grâce à ce livre, j’ai pu me précipiter dans un monde que je ne connaissais pas et comprendre les différents enjeux et aspects – qui paraissent a priori bien nébuleux et difficiles, comme toute chose inconnue –. Donc oui, c’est vrai, c’est le premier pas qui coûte le plus cher. Ensuite, la dynamique de la marche s’enclenche et il faut se laisser porter par cette énergie incroyable qui nous emmène.
En ce qui concerne l’écriture, c’est pareil : même si je sais exactement la thématique qu’il me tient à cœur d’aborder, c’est commencer la rédaction le plus coûteux. Une fois que la première phrase est tapée sur l’écran, alors c’est parti ! Chaque nouveau texte, chaque nouveau livre est un nouveau départ. Et le premier pas qui va avec. A chaque fois. Il faut continuellement se remettre en question.

Tu es sur le point de publier ton troisième recueil de nouvelles, La Poésie des Cicatrices. Bagages Inconnus demeure une source d’inspiration ?

Je suis forcément nourri par tout ce que je vis et tout ce que j’écris. Difficulté supplémentaire avec les recueils de nouvelles : c’est que j’aborde de nombreux thèmes différents – qu’il ne faut pas réaborder dans le livre suivant, ou du moins, pas de la même manière –.
Chaque nouveau livre me permet de grandir, de gagner en maturité, d’un point de vue personnel mais aussi dans les sujets abordés, ainsi que dans l’écriture même. Il ne faut jamais oublier d’où l’on vient, c’est ce qui nous précède qui fait ce que l’on est aujourd’hui. 

Interview menée par brunoaleas

LA DURE A CUIRE #103

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la moins douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist homonyme !

Sunnata

Les Polonais de Sunnata partagent un son massif et imposant ! Le stoner peut vite sonner redondant mais le quatuor apporte une touche plutôt singulière.

Jim Ballon

Les textures s’étirent vers l’infini. Voici ce qu’on lit sur Capsule Collectif. Quel beau descriptif pour le psychédélisme de Jim Ballon !

The Libertines

The Libertines n’est plus si balèze. Il faut passer la main. Pourquoi composer des chansons sans réelles envolées artistiques ? Lorsque Pete Doherty se la jouait Serge Gainsbourg, l’intérêt fut plus grand…

brunoaleas

Le portail Wabi Sabi

Vous rêvez d’aller au Japon ? Mais comme moi, vous n’avez pas un rond ? JCCLM a LA solution ! La Cité Ardente regorge d’endroits où vous pourrez, le temps d’un instant, vous téléporter dans vos mangas ou animes favoris. Bienvenue dans notre tour, au Pays du Soleil Levant made in Liège.

Notre voyage commence chez Wabi Sabi, au 9 Boulevard Saucy. Un concept store où vous pourrez boire un verre ou manger de délicieux bentos (mais pas que…), assis sur un tatami. Puis repartir avec un souvenir, un kimono et des délicieux ingrédients pour refaire vous-même le plat que vous venez de déguster.

Tout ici rappelle avec nostalgie les restaurants de nos mangas : un endroit petit et chaleureux, la chef cuisinant avec passion, les conversations pleines de vie de tout un chacun, l’odeur apaisante de nos repas. L’ensemble se mêle pour créer un moment hors du temps.

Je suis allée à la rencontre de Vincent, patron de Wabi Sabi. Il se passionne pour le Japon notamment grâce au Club Dorothée. Aujourd’hui, il est actif dans l’ASBL Passerelle Japon et cela, depuis 14 ans. La naissance de son concept store s’est faite d’un subtil mélange entre une envie forte d’indépendance, de son amour pour le Japon, celui transmis par sa maman concernant la cuisine, inspiré par des voyages entre Montréal et New-York, où ce type d’établissement est en vogue.

Lors de notre échange, nous avons pu discuter des œuvres qui ont bouleversé et influencé sa vie. Elles sont multiples. Il y a entre autres Théo ou la batte de la victoire, en japonais Touch (très peu connu ici). Vincent nous partage les thèmes abordés : la jeunesse et le premier amour, traité avec drame et humour. Pour ceux qui seraient curieux de découvrir cet anime de niche, n’hésitez à aller découvrir son opening.

L’univers de Takeshi Kitano l’a aussi marqué comme son film de boxe Kids Return. Avec un coup de cœur pour la musique de Joe Hisaishi.

Toutes ces influences peuvent se ressentir dans son établissement. Quasi tout ce que je mets ici je les ai vu dans les dessins animés, déclare Vincent. Par exemple, les estampes, les tatamis, le shôgi viennent tout droit du monde du Ranma 1/2 !

La porte de Wabi Sabi, tel un portail, nous mène vers une expérience immersive visuel, gustative et remplie de souvenirs. Alors, si vous êtes de passage en Outremeuse, n’hésitez pas à l’ouvrir ! Qui sait ? Peut-être qu’un de vos personnages favoris vous y attendra…

Après un descriptif du resto, il est temps de savoir ce que souhaite Vincent à ses clients, lorsqu’ils sortent de son établissement. Le jeune homme va droit au but.

Qu’ils aient voyagé justement. Pour moi, c’est le plus important. Qu’ils aient vécu une expérience, que ce soit culinaire, mais pas que (…) Ce que j’aime bien aussi, ce que je trouve important et que j’adore, c’est quand les gens se rencontrent. Ils ne se connaissent pas et s’échangent leurs expériences. Ça me transporte.

C’est ici que notre premier voyage se termine. Restez à l’affût ! D’autres adresses exceptionnelles vous seront proposées tout au long de l’année.

Mouche – Photos ©Karl Delandsheere

Musique, politique, fusion compliquée ?

Année 2000. 3 couplets. 3 refrains. Rage Against The Machine pénètre les esprits en interprétant ‘Sleep Now in the Fire’. Les paroles dénoncent le système capitalisme et rappellent 2 catastrophes américaines (Vietnam et Hiroshima). Cerise sur la gâteau, pour magnifier sa colère, le groupe donne un concert aux abords de Wall Street, filmé par le réalisateur Michael Moore !
Les membres ne stagnent pas sur place. Les forces de l’ordre commencent à s’agglutiner. Les musiciens se hissent alors sur une statue de George Washington. Conséquences ? Michael Moore et le bassiste Tim Commerford sont coffrés. Quant à la Bourse de New York, elle annonce sa fermeture pour la fin de journée, 2 heures plus tôt qu’à l’accoutumée (une première depuis le krach de 1929). Quelle époque. Quel culot.

Aujourd’hui, qui oserait réaliser une telle action ? Les artistes engagés existent toujours, heureusement. L’humoriste Aymeric Lompret, parrain des mal logés. Zerocalcare dessinant les préoccupations locales et internationales. Les photographies de Marjorie Goffart. Jérôme Colin, auteur ému face aux souffrances juvéniles. Adèle Haenel qui politise son arrêt du cinéma. La liste est longue.
Mais qu’en est-il de la musique actuelle ? Plusieurs noms me viennent en tête : Idles, Médine, Pomme, Caparezza, OrelSan, Nekfeu, Giancane… mais franchement, personne n’arrive à la hauteur de Rage Against The Machine (je vous laisse découvrir le pourquoi du comment).

Faut-il désespérer ? Jamais. L’espoir fait vivre. Un phénomène offrant joie et énergie se nomme ‘le chant’. Il est primordial de savoir qu’on peut s’engager en chantant, sans étudier le solfège, sans oreille absolue. Comment s’en rendre compte ? En allant manifester. Des chants s’organisent de A à Z, bien avant de marcher tous ensemble dans les rues. Mehdi Salhi détaille le modus operandi.

M. Salhi à la marche contre le centre fermé de Vottem. – ©Mouche (avril 2024)

Dans la composition du chant, il y a 3 éléments à avoir en tête : l’idée politique, le rythme et des gens capables de chanter une idée simple, facile, reconnaissable. Dans la plupart des manifestations, il est important d’avoir une réflexion collective avec tous les militants autour de toi. Savoir quel message va percer, comment l’organiser.

L’homme de gauche creuse sa pensée. Mélomane, il aime lancer des chansons en manifestation. Il cite les Français, quand ils criaient contre la réforme des retraites : Pas de retraités sur une planète brûlée ! Si on voyage un peu plus loin, la vision de l’Afrique du Sud se présente tel un modèle pour se réapproprier les rues. Mehdi Salhi le constate sur les lieux, aux côtés de Peter Mertens, ancien président du Parti du Travail de Belgique.

En Afrique du Sud, le peuple chante tout le temps dans toutes leurs manifs. C’est devenu une identité sociale. C’est ultra fort. Leur façon de faire date de leur lutte contre l’apartheid. On doit s’inspirer des sudafricains. Ils avancent, dansent et chantent ensemble. Quelle leçon ! Il n’y a qu’à voir leurs manifs durant les années 90, c’est bien plus impressionnant que les nôtres.

Il aimerait aussi expérimenter une activité : se calquer sur les pratiques des supporters de football. Les ultras (fanatiques de foot) ne sont pas des exemples de vertus. Néanmoins, chanter comme ils le font dans les stades serait une manière de faire vibrer la rue, selon Mehdi Salhi.
L’espace public ne doit pas incarner le pouvoir autoritaire d’une certaine élite politique… le peuple doit symboliser un contre-pouvoir, vu que les médias traditionnels ont du mal à l’être. Un réflexe à adopter, surtout face aux systèmes étouffants, absurdes et inégalitaires. Mehdi Salhi désire défendre les jeunes. Il espère un avenir débarrassé des désillusions. Et nous ? Sommes-nous prêts à militer en composant de nouvelles mélodies ? Bien sûr ! La musique est à la portée de tout le monde.

brunoaleas – Photo bannière ©Gie Knaeps