Thoineau Palis Interview

Le chanteur de TH da Freak a plusieurs casquettes. Thoineau Palis rassemble la crème de la crème du rock français. Notre musicien aux cheveux bleus est à la tête de Flippin’ Freaks, un label situé à Bordeaux. Il s’exprime sur sa seconde famille, son nouvel album et surtout, sur l’aspect fédérateur de la musique.

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Une question se pose sur la légitimité des labels. Les artistes savent fonctionner tout seul dorénavant, sans l’aide des médias ou autres managers. Daft Punk l’a très bien prouvé, avant sa séparation. Le duo était aux commandes de ses campagnes promotionnelles.
Aujourd’hui, à quoi bon s’inscrire dans un label ?

J’ai toujours vu les labels comme des familles d’artistes. Une fois inscrit dans une écurie, tu découvres peu à peu les artistes qui y gravitent. D’expérience personnelle, lorsque j’ai rejoint Howlin Banana, j’ai pu faire de très belles rencontres lors de leurs soirées. Par exemple, on se serrait les coudes, en se faisant de nouveaux potes. On s’aidait pour trouver des dates de concerts. S’inscrire dans un label, c’est important pour trouver sa place sur la scène. C’est aussi une manière de découvrir le monde musical.

Gérer Flippin’ Freaks t’a rendu meilleur. 

Sortir les disques des petits groupes est gratifiant. Parfois, ils n’ont pas forcément de gros public qui les suit. Ils ne savent pas comment s’y prendre pour les attirer. Ou alors, ils sont très jeunes et ont vécu peu d’expérience. Arriver au bon endroit, au bon moment, et pouvoir les aider à créer une promo efficace engendre deux situations : inviter d’autres artistes dans ton monde et motiver les plus jeunes à travailler à fond sur leurs activités.

C’est quoi la recette pour durer ?

Ca aide de se la jouer -collectif-. Ce n’est jamais une bonne idée de s’isoler dans un label, sans soutien moral. Vu qu’on est plusieurs à être des amis de longue date, s’il y a un de nous qui veut abandonner, les autres l’encourageront à continuer. Flippin’ Freaks, ça dure car on est nombreux et passionnés.

Parlons du nouvel album nommé Coyote.
Tes chansons semblent se tourner vers une ambiance mystique. Il n’y a qu’à voir les images poisseuses et enfantines des deux premiers clips. 

T’as visé juste. Le nom de l’album s’inspire de la mythologie des Amérindiens. Le coyote est aussi considéré comme leur -trickster-. Tout comme le renard en France, ou le Dieu Loki dans les croyances nordiques. Il équivaut au personnage rusé. Le coyote des Amérindiens a apporté le feu, la connaissance et la folie aux Hommes. L’album évoque ces éléments. Je voulais retranscrire cette ambiance propre aux contes mythologiques, via des images, des clips et jusqu’à la pochette. Elle s’inscrit dans ce délire.
Je me suis inspiré des paroles des morceaux. Les thèmes illustraient le feu intérieur qui brûle en chacun de nous. Puis, j’ai fais le lien avec la légende du coyote. A la base, l’album devait s’appeler
Burn. J’ai opté pour un nom plus mystérieux, plus lointain. Que chacun puisse s’imaginer ce qu’il veut, à travers cette image.

Vivons-nous dans une société qui a réellement besoin qu’on lui lise plus de contes ?

Nan. Je pense qu’on est dans une société où il faut se dire ses quatre vérités, crûment. Il y a trop de sujets qu’on évite. Je fais références aux générations nées avant nous. Elles ferment les yeux sur un tas de problématiques. En ce moment, il faut mettre le doigt dessus et en parler. Mais ça ne veut pas signifier que la musique doit nous empêcher de rêver. La musique n’a pas nécessairement besoin d’être politisée ou de transmettre un message moralisateur.

Je me demande toujours si on a affaire à l’album le plus sage du groupe.

Je ne sais pas. C’est à toi de décider (rire). Oui, il y a des morceaux assez calmes. Mais parfois, l’accalmie peut être provocatrice. Si un artiste réalise du gros garage punk durant toute sa carrière, et qu’à un instant il joue du folk, je trouverais ça violent comme concept.
A toi de juger si
Coyote est sage ou pas.

Interview menée par Drama Photos ©Pierre Martial

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