Hana-bi

Nishi est un flic traumatisé. Il s’endette avec les yakuzas du coin. Néanmoins, il n’est pas à réduire aux malheurs existentiels. Notre protagoniste voue un amour profond pour sa femme. Atteinte de leucémie, il lui reste très peu de temps à vivre. C’est pourquoi, son mari souhaite qu’elle savoure une dernière fois les petits riens de la vie.

A la fois acteur, peintre, scénariste et réalisateur, Takeshi Kitano signe une œuvre complexe nommée Hana-Bi. Si sa première heure intrique diverses lignes de temporalité, la seconde partie est un road trip, où tout aléa se révèle être soit un bain de sang, soit un songe éveillé. Lorsque Nishi défie la pègre, sa violence explose à l’écran. Ses attaques sont crues, brutales, inoubliables. Le cinéaste illustre explicitement les agressions. En jouant avec les ombres ou les bruits, des sous-entendus sont aussi exploités. Nous voici donc devant un film dépeignant une dure réalité, tout comme des fantasmes acerbes.

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Au sein de ce microcosme maléfique, Nishi n’est point un simple jouet éduqué au combat. Takeshi Kitano dévoile un personnage prêt à dépasser chaque obstacle. Rien ne l’arrête. Personne ne freine son objectif. Nishi parle avec parcimonie. Son silence annonce sa détermination. Nul ne compte plus que sa femme. L’amour devient un moteur noble et vertueux, là où la société de l’ancien policier reflète l’exact opposé. Mais pourquoi contempler un thème semblant vu et revu ? Deux réponses sont indéniables : la passion artistique de Kitano et le sujet propre à son métrage.

L’artiste expose son savoir-faire avec maestria. Il désarçonne et invite à la contemplation. Des tableaux, des plages, des routes et bien d’autres paysages sont mis à l’honneur. Les spectateurs voyagent au rythme d’un montage lent et poétique. Le récit dégage une atmosphère bien moins radicale à partir du moment où l’on découvre les habitudes de tout un chacun.

Quant à son sujet principal, Hana-Bi est hautement philosophique. Quel est notre but sur Terre ? Fonder une famille ? Réaliser ses rêves ? Atteindre l’ataraxie ?
Nishi choisit de rester près de sa douce moitié. L’horreur quotidienne n’est qu’un détail sur son chemin. Finalement, nous pouvons apporter respect et allégresse aux personnes nous aimant depuis toujours. Qu’importe l’environnement. Qu’importe les haineux. Nishi est maître de son destin. Il demeure et demeurera l’un des personnages les plus émouvants du grand écran. Il ne demande pas la Lune… seulement quelques instants rayonnants, quelques plaisirs burlesques avec sa bien-aimée.

Hana-Bi perturbe par son manque de dialogue, ses séquences brutes et sa musique si envoûtante. Cependant, l’expérience est à vivre. Son final ouvert questionne encore : que sommes-nous prêts à sacrifier pour notre liberté d’aimer ? L’œuvre est à voir plusieurs fois, afin de savoir si ses interprétations sont toujours aussi intenses. Puis, je découvrirai les classiques de Takeshi Kitano.
Je gagnerais sûrement en sagesse.

Drama

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