Nos Concerts

Alice on The Roof au Centre Culturel de Seraing

Alice, je m’excuse de te livrer une critique de ton concert, après 6 mois de retard…

Lorsque je sors de la salle, après le sublime moment offert le 8 septembre 2023, je fus surprise de voir le lapin de ton spectacle au détour d’un des couloirs du Centre Culturel de Seraing. Envoûtée, je le suis et comme par magie, il me transporte dans un univers, reflet de ta personnalité artistique, où tout est douceur, enchantement et drôlerie. Après des mois d’émerveillement, il est de temps de revenir à Liège afin de te dire que ta performance, que tu surnommais crash test, est infiniment réussie ! S’il existait une compagnie ‘Alice on The Roof Airlines’, ma phobie de l’avion disparaîtrait en un claquement de doigt.

Ta musique, ta présence scénique, ta direction artistique sont vectrices d’amour, de rêve. Ton public fait partie intégrante de ta performance. Quel plaisir de ne pas être juste consommateurs de divertissement. Tu crées des sons avec nous, tu ris avec nous, tu nous demandes notre avis, le tout avec une sincérité d’une rare pureté. Nous nous sentons exister, inclus. Tu réussis à faire de nous une famille, le temps d’un instant.

Je sors de ce moment les paillettes pleins des yeux et le sourire au cœur.

Je me réjouis du prochain concert. Je me réjouis de te retrouver de l’autre côté miroir.

Mouche

Lorenzo Di Maio à L’An Vert

Ce monde parallèle existe encore ? Voici la question posée par mon frère, lorsque je lui annonce ma présence à L’An Vert. A Liège, ce lieu est sacré pour les passionnés de jazz. L’endroit reçoit Lorenzo Di Maio, fin janvier. J’ai pu découvrir l’immense potentiel créatif du guitariste à l’Ancienne Belgique, l’année passée, aux côtés de son groupe Next.Ape.

Dès l’âge de 15 ans, il consacre son énergie dans le noble exercice jazz. Il est d’ailleurs diplômé du Conservatoire Royal de Bruxelles, en 2009. Ce n’est pas anodin de le voir forger une carrière solide et professionnelle. Il s’entoure alors de musiciens talentueux, dont le pianiste Wajdi Riahi, pour présenter son troisième album, Ruby. Mes oreilles sont-elles encore charmées par les mélodies du jeune musicien ? Bien sûr !

Retour au sein de la salle liégeoise. Dès les premières notes, je reconnais la touche Next.Ape. Lorenzo Di Maio ne joue pas un jazz daté, poussiéreux. Les touches de synthés amènent un côté formidablement moderne à son univers. Cédric Raymond embellit la couleur du projet. Mais la surprise ne s’arrête pas là !
Certes, on est loin du jazz aux sonorités traditionnelles, mais certains passages du concert me rappellent un génie de la musique… le seul, l’unique, Ennio Morricone. ‘The Chase’ et ‘Tenacity’ en sont le parfait exemple. Leurs parties à la guitare, joyeuses, imprévisibles, invoquent l’esprit du compositeur italien. Influence consciente ou inconsciente, constatons que l’imaginaire du jeune Belge puise énormément dans plusieurs références artistiques.

Lorenzo Di Maio l'An Vert OK-7

‘Woodstock 99’ est né après avoir vu un documentaire au sujet du mythique festival. Lorenzo Di Maio l’explique lui-même devant son public. Encore une fois, le guitariste prouve qu’il n’est pas voué à composer des morceaux homogènes. ‘Woodstock 99’ est accrocheur, tant il dévoile une face plus rock, brute et hargneuse. Mention honorable à Pierre Hurty, un batteur à l’énergie endiablée et inépuisable !

Quant à ‘Everglow’, il s’agit sûrement du titre le plus à part. Pourquoi ? Les auditeurs seront obligés de planer. Ils navigueront sur des mélodies rêveuses, grâce à un piano, une guitare et batterie ensorcelants. Ils ne voudront jamais arrêter le voyage.

Lorenzo di Maio fait partie des fascinants artistes sur notre territoire. La Belgique regorge de musiciens proposant des opus jazz nullement périmés. Il n’est jamais trop tard pour renouer avec un style si honorable. Il suffit d’écouter les personnalités inscrites chez Igloo Records. Ce monde parallèle existe encore.

brunoaleas – Photos ©Geoffrey Meuli

Edges à l’Ancienne Belgique

Je prends ma voiture. Je suis à la gare. J’oublie mon GSM. Je reprends ma voiture. Je chope mon GSM et revient à la gare. J’entre dans le train et rate le second. J’en profite pour manger, j’admire les campagnes wallonnes, et… je fucke le monde.

Une réplique propre à l’esprit d’Edges. Ce nouveau projet du guitariste Guillaume Vierset joue à l’Ancienne Belgique. Même si j’oublie des objets, même si les transports en commun sont souvent en retard, je préfère réfléchir comme l’artiste. Lors d’une interview au Soir, il rappelle ô combien la musique permet de s’échapper d’un quotidien trop étouffant. Il juge son œuvre enregistrée en 2020. Son regard est limpide.

Je suis ultra-heureux parce ça représente bien une époque, la pandémie, le confinement. J’ai joué avec de l’énergie, de la hargne. Je fucke le monde en fait, allez tous vous faire foutre, je fais mon truc et on voit ce qui se passe.

Cette philosophie se retrouve sur scène. Le jeune homme apparaît vêtu d’un peignoir et démarre le concert, sans un salut la famille. Heureusement, tout comme Antoine Pierre (batteur chez Next.Ape) en seconde partie, Guillaume Vierset communique énormément avec son public. Dès les premières notes, une forte impression martèle mon crane. Et si Edges était bien meilleur à écouter en live ? Non pas que l’album de ses membres soit inaudible. Mais une fois écoutés au spectacle, les morceaux The End of the F***ing World semblent taillés pour la scène. Si l’opus n’avait jamais été joué devant des auditeurs férus de rock, cela aurait été un pur gâchis.

Accords Simples et efficaces. Rythme envoutant, jamais ennuyant. Improvisation bien amenée. Sourire en coin, joie notable et instants incroyablement doux. Cette liste de mots définissent ce moment partagé avec le quatuor. Comme quoi, parfois il faut revenir à l’essence de la musique : jouer instinctivement pour créer une magie unique en son genre.

brunoaleas – texte & photo

Empty Head aux Deux Ours

Samedi dernier, je m’aventure vers une tanière modavienne. Je découvre une salle de concerts. Aux Deux Ours, l’envie de se déchaîner est compréhensible. A l’affiche, on retrouve des groupes aux riffs bruts et méchants : Lymass et Naked Passion. Empty Head est aussi de la partie. Ses membres dévoilent de nouveaux morceaux. Une opportunité en or pour savoir si leur jeu est toujours aussi puissant.

Le quatuor faisait une résidence sur les lieux, quelques jours avant le spectacle. Dans quel but ? Ecouter les remarques de Jeremy Alonzi, l’homme aux mille-et-un projets, mais avant tout, musicien parmi The Experimental Tropic Blues Band. Thomas Michiels, guitariste chez Empty Head, décrit cette aide artistique.

Ses meilleurs conseils sont nombreux. Etre plus libres sur scène. Se laisser aller davantage. Se faire confiance les uns, les autres. Jouer bien plus ensemble, en fonction de ce qui se passe sur le moment même. Laisser place à l’imprévu pour se détacher de notre set bien carré, bien exécuté, pour le faire vivre encore plus, le rendre plus sincère. En n’oubliant pas d’inclure plusieurs fois le public.

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Le concert démarre, ça bastonne en peu de secondes. Les deux guitaristes se complètent sans que leurs effets deviennent brouillons. Le chanteur devient insaisissable, tant il se déplace partout, tout le temps. Un interlude rappelle la force de frappe des Liégeois. Elle est en mesure de provoquer un pogo, même pour les plus statiques. Parlons-en. Choc générationnel ou pas, peu de personnes dandinent leur fessier… rien de grave ! Je continue à exploser ma nuque sur de nouvelles chansons, telles que ‘Violence’. Ce coup de cœur fut déjà apprécié au Bear Rock Festival. ‘Modern Man’ demeure probablement leur chanson la plus radiophonique. Rien de dérangeant. Les membres calment le jeu, l’espace d’un instant.
‘Cosmic Rave’ retient l’attention. Pourquoi ? Dio santo ! Ce titre est parfait pour clôturer le concert en sueur. La fougue domine sur plusieurs aspects : au niveau d’un chant maîtrisé et des soli de guitare plutôt mémorables.

Que manquait-t-il à cette soirée ? L’imprévisible singe-costard-cravate. A savoir, le personnage principal de ‘Moden Man’. Un grain de folie de plus pour ces musiciens à l’énergie débordante.

brunoaleas – texte & photos

Ultraphallus au KulturA.

Quand dandiner sa tête devient impossible… c’est pour mieux pogoter. Combien de concerts donnent l’impression de ramollir ? Combien de concerts nous font vibrer ? Plus les années s’écoulent, plus un besoin devient vital : contempler des spectacles bousculant les tripes.

Heureusement, Ultraphallus existe encore. Prononcer leur nom bouscule les mentalités. Un nom parfait pour leur style proche d’un metal psychédélique.
La bande joue au KulturA. Pourquoi éviter cette date printanière ?! Avant de franchir le pas de la salle, je ne m’attends à rien. Je ne suis ni un grand fanatique, ni un détracteur assumé du groupe. Ne rien attendre des musiciens, c’est sûrement la meilleure position à adopter devant leur show.

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Dès les premières notes écoutées, je passe du Côté Obscur de la Force. Le quatuor se fait plaisir. Comment ? A bas les costumes foireux sur scène. Adieu les fioritures sonores. Ici, ce sont des gaillards habillés normalement jouant des gros riffs barbares. Entre le chanteur aux mouvements vaudous, et le batteur aussi percutant qu’un tir de tank, le jeu en vaut la chandelle.
Le titre Motherbumface reflète mes propos. Le son est bête et méchant. Simple et bourrin. Surtout très méchant.

Les surprises ne s’arrêtent pas là ! Le groupe adapte une chanson composée par Evil Superstars, ‘Can’t Seem To Fuck Things Up’. Il faut applaudir. Evil Superstars faisait partie des groupes belges à la carrière brève, intense, aux compositions mémorables. Ses membres étaient de talentueux énergumènes. On y apercevait Tim Vanhamel (Millionaire, Broken Glass Heroes) ou même Mauro Pawlowski (dEUS). La reprise est réussie, tant elle colle au répertoire phallusien. L’hommage est donc apprécié !

Ultaphallus marque un retour comme il se doit. Surveillons la suite des évènements. Qui sait ? D’autres mélodies pourraient enrichir leurs morceaux. Même si la trompette de Phil Maggi, ainsi que sa voix, marquent déjà l’esprit.

brunoaleas – texte & photos

Insert Name Festival #7

La septième édition du festival Insert Name dévoile une affiche alléchante. Pourquoi ? Diantre ! Cosse, Gnome, et Ronker sur le même écriteau ! Plongeons vers ces concerts attirant les passionnés des cordes et percussions.

Apex Ten ne calcule rien à l’avance. Le trio suit son instinct stoner. Le but est d’improviser. Une guitare ou deux, un riff ou du chant, la bande envoie du lourd. Benoît Velez se lâche. Il se met aussi bien au service des lignes de basse, qu’à son service (oui, il se fait plaisir). Il joue alors des solos dont la durée n’est jamais trop longue, jamais trop courte.

Ronker communique une énergie sans nom. Le chanteur grimpe sur tout et n’importe quoi, quand il ne crache pas ses cordes vocales.
Serait-ce un Idles flamand sous nos yeux ? Il est sûrement trop tôt pour tenter la comparaison. Les Anglais flottent sur une autre stratosphère, tant sur le plan scénique qu’instrumental. Quoi qu’il en soit, me voici en contemplant la rage des Belges. 

Les classieux Cosse, eux, restent groupés sur scène. Du peu que j’ai écouté, leur concert fut une merveille. Des effets guitares très doux se mêlent à leurs brutes transitions. Leurs mélodies mordantes s’enchaînent sans tarder, offrant une vraie couleur au groupe.

Quant à la puissance sonore de Naked Passion, elle apparaît telle une surprise incroyable. Le batteur souffle quasiment à chacun de ses coups. Les guitaristes tournoient face à leur public. Le bassiste rejoint ce mouvement énergivore. Les membres s’emparent de la scène sans danse macabre, sans théâtralité foireuse.
Va falloir suivre ces jeunes Liégeois pour comprendre leur magie. Comment le prouver ? Il suffit d’écouter la fin de leur spectacle. On les aperçoit tenir quelques notes, longuement, avec assurance… en suant de leur meilleur front pour ensuite éclater en crescendo ! Comme face à un volcan toujours prêt à exploser. Plutôt bluffant. Bravo.

Finalement, Insert Name est un évènement vraiment intéressant. Ce rendez-vous annuel sert à cerner la sphère actuelle des actrices et acteurs rock, stoner, metal. Pour les mélomanes, il est difficile de rater le coche.

brunoaleas – texte et photo

Lomepal au Palais 12

Quand je débarque au Palais 12, je ressens une soif de curiosité. Lomepal s’entoure de musiciens pour présenter Mauvais Ordre. Est-ce vraiment suffisant pour se déplacer jusqu’à la capitale ? Bien sûr. Voyons si le fan des Strokes défend un rap enrichissant et mélodieux.
Une fois serré comme une sardine, je l’attends impatiemment. L’attente est trop longue et Limsa n’arrange rien. Ce dernier assure la première partie. Rien ne va. Trois jeunes filles gueulent ses paroles de merde. L’artiste vanne maladroitement :
Bruxelles ! Montrez que vous êtes chauds ! On n’est pas à Charleroi ici. Cerise sur le gâteau, le rappeur prévient un comparse-producteur qu’un morceau démarre sur une fausse note… s’ensuit un malaise assez pénible. Le public n’en peut plus. La tension est palpable.

Passée cette pseudo-écoute (Limsa, mon cerveau fut totalement débranché), voici de premières sensations fortes : des notes de pianos retentissent brillamment, des lumières s’activent de toute part, plusieurs hommes arrivent enfin un par un ! Lomepal, vêtu de blanc, apparaît charismatique. L’air sérieux, il entonne ‘Auburn’. Morceaux rock assumé. Le titre est toujours aussi entêtant. La guitare et le synthé m’emportent vers un électrisant western. Le Parisien ouvre le bal comme il se doit !

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Il enchaîne les chansons du nouvel opus, en reflétant une belle assurance. Le sourire aux lèvres. Les mains pointant son public. Il invite à lâcher prise.
Lomepal domine la scène. Mieux encore ! Le rappeur maîtrise son chant. Sa voix ne fait jamais défaut. Là où ‘Crystal’ sonne comme le piège parfait pour celles et ceux à la voix trop mielleuse, son interprète gère et communique son énergie ! La salle boit ses paroles.

Les morceaux plus méchants ne sont point délaissés. ‘Lucy’ et ‘Pommade’ font tourner les têtes. Il fait de plus en plus chaud. Lomepal est inépuisable. Un atout majeur pour ce trentenaire à la cheville foulée. Seuls bémols : ‘Maladie moderne’ couplé à ‘Pour de faux’. Est-ce le véritable ventre mou du concert ? Assurément.
Mais le show est si jouissif qu’il est impossible d’en être dégoûté.

D’ailleurs, saluons le travail des techniciens. La scénographie est minimaliste au vu des néons accrochés aux structures métalliques. Les lumières n’ont rien de psychédéliques. Ces points rendent l’évènement mémorable. Le concert ne provoque pas une crise d’épilepsie. Ce concert est visuellement propre et sobre. Le spectacle est également intense. ‘Decrescendo’ est joué lors du rappel. Ambiance électrique à fond les ballons. Pression sonore fascinante. Lomepal réinterprète le morceau. Comme pour ‘Etna’, il incarne une figure théâtrale. Couleurs et écrans se mêlent pour ensuite se fermer devant l’artiste. Ainsi se conclue sa performance. Un adieu digne d’une pièce tragique. Lomepal s’en va sous de longs applaudissements. A force de travailler, d’écouter les Beatles, de croire en la musique, il façonne une foutue perle.

brunoaleas – Photos ©Elo Fenty & ©Aurore.m

BRNS au Reflektor

L’idéal après un accident de bagnole est d’y survivre. Après ma mésaventure campagnarde, me voici au Reflektor. Je suis prêt à écouter les rythmiques de BRNS. Sans oublier leurs parties vocales, leurs transitions sonores et leur messes extraterrestres. BRNS réunit bel et bien ces composantes. Celluloid Swamp, leur dernier album en date, illustre à nouveau une envie d’innover, quitte à se détacher de la scène rock ! Ce soir, je ne voulais pas être déçu.
Le quatuor est-il aussi efficace en concert qu’en studio ? Affirmatif.

« Void » ouvre le bal. Le public bat des mains, au rythme de la chanson. Soudain, nous rentrons en communion avec les Bruxellois. A noter : le guitariste utilise un tournevis pour frotter ses cordes. L’outil me rappelle ô combien ma camionnette devrait rester dans un garage… mais surtout, ô combien les musiciens surprennent sur scène. S’enchaînent « Mexico » et « My head is into you » aux cris fédérateurs. Les auditeurs s’improvisent chanteurs. Je me situe juste devant la scène. Leurs paroles traversent mon dos. Dès lors, le volume des deux morceaux est largement amplifié. Une vraie chorale se dresse face au groupe.

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Mention très honorable à « Lighthouses ». La bande défend des mélodies complexes. Le titre offre une transition épique. D’abord bousculé par une partie féroce, nous basculons vers une échappée planante. Ce type de composition démontre la maestria du groupe à varier de registres quand il veut, où il veut. Qui sait si Celluloid Swamp deviendra mon opus favori de leur discographie ? En tout cas, jouer « Lighthouses » en live fut une bonne idée.

Un tonnerre d’applaudissements annonce la fin du spectacle. Que retenir de frappant ? Un rappel exposant des artistes infatigables. Une puissance vocale toujours aussi impressionnante. Le souvenir d’un spectacle point synonyme de liturgies foireuses. Et une certaine prise de conscience : à la batterie et au chant, Timothée Philippe porte la formation de bout en bout.

La scène est l’objectif du projet.
On a besoin de ressentir cette énergie, cette puissance de l’instant.
-Diego Leyder (Larsen n°44)

La pensée du guitariste m’évoque mon dérapage. Lors de mon accrochage sur la route, je ne ressentais aucune peur, zéro sensation…
heureusement, devant BRNS, l’adrénaline semblait s’activer à chaque chanson. 

brunoaleas – Photos ©Mouche – Reflektor, 01/06/2022

Moldera/Down To Dust/Anna Sage à La Zone

Mon premier concert de métal… que dire ? Avouons qu’en dépit de mon jeune âge, mon dernier concert remonte à loin. Kendji Girac, juillet 2017. Quelle époque. Après 5 ans, 3 tailles de vêtements supplémentaires et plusieurs bières ingurgitées, mes goûts musicaux ont bien évolués.

MoldEra a sûrement été le groupe le plus surprenant ce soir, à La Zone. Avez-vous déjà vu votre professeur d’Histoire jouer de la guitare sur scène ? Moi oui. La surprise était trop belle. Remettons-lui cette dédicace. Sa bande instaure de suite la couleur de la soirée. Tout le monde remue déjà la tête, au rythme des paroles hurlantes. Le groupe déploie une énergie à la fois posée et énervée, difficile d’expliquer.

Malgré leur effectif plus réduit, Down To Dust réussit également à mettre la patate. Coup de cœur personnel pour la partie chant. Le public se déchaîne (sauf ma personne prenant des photos sur l’estrade). À ce stade là du concert, je suis déjà retournée, mais comme l’annonce le dicton :

Le meilleur est pour la fin.

ANNA SAGE est un véritable spectacle intense. De l’animation métalesque, j’aime le concept. Tout en symbiose. Ajoutez à ça des mouvements incessants provenant des pogos dans le public, ce fut l’un des moments les plus énergiques de toute mon existence.

Je ne me doutais pas en arrivant dans la salle liégeoise ce 30 avril, vivre une excellente découverte et une si bonne expérience.
Merci à Marcus. Merci à Etrel. Merci à La Zone et aux groupes de cette sacrée soirée.

Charlie Meeder – Photo ©Charlie Meeder – La Zone, 30/04/2022

Insert Name Festival #6

Deux ans ! Deux ans à subir le flou des mesures gouvernementales. Les mélomanes sont de retour, face à leurs spectacles fétiches, prêts à honorer Euterpe !
Le KulturA. est une association connue des Liégeois pour ses programmations éclectiques. Cette salle de concerts fêtera ses cinq ans d’existence. Avant d’entamer ces festivités, ce lieu organise une nouvelle édition de l’Insert Name. Il s’agit d’une journée entière où les styles punk, metal et stoner sonnent à tout va.

Le seize avril dernier, onze groupes défilent sur deux scènes. S’y ajoute un quotient de l’hypoténuse conséquent. Je n’oublie pas les divers organisateurs (on salue PopKatari), les serveurs souriants et le public visiblement fêtard.

Les moments durant lesquels ça chante faux, l’arrivée de larsens imprévus, le triste bilan déclarant : Putain, c’est tout le temps la même musique… ne décrivons pas ces instants foireux.
Place aux coups de cœur de la sainte journée.

16h40 – PARLOR

Aimez-vous les tornades ? Adorez-vous le second degré ? Alors, écoutez un ouragan de soixante degrés ! PARLOR communique facilement sa rage et son humour. Nous ne sommes pas face à un groupe mutique et monolithique. Mes yeux se figent sur un tableau brutal et comique. Le chanteur rit et sautille auprès des auditeurs. Le bassiste sue des litres d’eau. Des têtes tournoient sans cesse, au rythme du spectacle.

J’adore les artistes dépeignant l’absurde réalité. Il est temps de découvrir « Instacat ». Le chanteur annonce ce titre sur scène. Je m’apprête à entendre une blague de mauvais goût. Cependant, un message pertinent découle du morceau. Sa signification est inscrite sur leur Bandcamp.

Conditionné par son habitus de star des réseaux sociaux, incapable de réaliser la futilité, l’insignifiance des posts et autres hashtags dont il inonde les smartphones de sa myriade de followers, l’Instacat représente la vanité susceptible d’habiter chacun d’entre nous, prisonniers asservis aux diktats d’idoles numériques cruelles et déshumanisantes.

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17h30 – Eosine

Une bière se boit. Trois bières se savourent.
Mais trois bières face à un concert metal provoquent parfois des tremblements stomacaux. Heureusement, après la tempête PARLOR, voici l’accalmie Eosine.

Les jeunes Belges misent encore sur l’image scénographique. A la différence de leur concert au Hangar, les lumières des projecteurs remplacent les vidéos visionnées à l’arrière du groupe. De quoi contempler les nouvelles installations du KulturA. (une structure bien plus professionnelle qu’auparavant). Via ces effets, on ressent à nouveau cette envie de psychédélisme. L’expérimentation est toujours aussi envoutante.

Le groupe cause un autre phénomène : amener un jeune public. J’ai observé plusieurs Yoda à divers concerts liégeois. Je suis content de voir des mélomanes d’un autre âge. Non pas que je sois contre la venue des vieilles personnes au festival. Les jeunes visages sont de bonnes augures. L’avenir est aux plus jeunes. Ils illumineront des musiciens méconnus rêvant de concerts internationaux.
Vu l’âge moyen d’Eosine, il n’est pas si anodin de voir des jeunots à leurs dates. Néanmoins, soulignons l’amour du rock radioheadesque porté par les adultes en devenir !

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18h20 – SaaR

Ils appellent ça du post metal. J’appelle ça un chasseur sachant chasser va tout chiffonner ! SaaR maîtrise les envolées et les repos à la perfection. Les Français proposent plus qu’une expérience. Ils partagent un voyage digne d’une sombre aventure aux côtés de Guts, l’âme torturée de Berserk.

Les auditeurs comprennent l’ampleur de la situation, rien qu’en écoutant « Tirésias ». Plus le morceau avance, plus l’adrénaline explose le cerveau. Une recette corrosive se fait ressentir : peu, voire pas de chant, des riffs faisant trembler les murs, des musiciens au service d’une basse lourde, distinctive et accrocheuse. Le son de Boris Patchinsky (ce même bassiste de PARLOR) est mis en évidence, mis à l’honneur. La disposition du groupe sur scène traduit un fait indéniable : la basse règne en maîtresse.
Je joue rarement de cet instrument. Suite à cette plongée vers l’univers de SaaR, je ne demande qu’à pincer de grosses cordes !

En quittant le KulturA., je réfléchis à un début de croyance : la France et la Belgique jouissent encore d’une scène rock/metal foutrement inspirante ! Insert Name est à vivre. L’évènement m’a permis de raviver ma passion musicale, éteinte pendant trop longtemps.

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brunoaleas – texte et photos

Eosine au Hangar

Je voue un culte pour les bières ambrées. Lorsque je fous les pieds chez l’association Le Hangar (Liège), j’aperçois la vente d’une boisson de ce type. Il est impossible de me souvenir de son nom, mon cerveau alcoolisé est à plaindre. Reprenons nos esprits ! Nous ne sommes point disposés à faire la promotion de ce Saint Breuvage ! Les concerts reprennent de plus belle. Il est temps de se manger plusieurs murs du son, et d’en parler haut et fort.

En cette soirée de février, Eosine joue devant une salle complète. La formation vient défendre un premier EP enregistré au Wood Studio, à Chênée. PopKatari, collectif liégeois porté par des mélomanes, invite les jeunes membres à faire leurs preuves.

Je ne connais rien du groupe. J’aime découvrir de nouveaux talents, en partant à l’aveuglette vers certains évènements culturels.
Eosine n’annonce rien de mauvais. J’avais eu l’occasion d’écouter un extrait de « Onyx » et je savais que ces musiciens étaient fans de Radiohead. Je ne leur ai jamais adressé la parole. Mais leurs sonorités témoignent d’un fait indubitable : ils sont fans de Radiohead.
Un bon point, n’est-ce pas ?

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Passé cette déduction, le show débute et je contemple leur jeu de lumières sur scène. Diverses images aux couleurs enivrantes, saturées et psychédéliques décorent les visages et les corps des musiciens. Puis, des sortes de molécules fleurissent de plus en plus sur eux. Eosine semble nous donner un cours de biologie sous LSD. Une technique assez subjuguante. Elle colle d’autant plus à leurs morceaux planants. Cet adjectif est trop réducteur pour définir leurs sons. Parfois apocalyptiques (« Inner You ») et souvent relaxantes (« Transfusion »), leurs ambiances se marient à merveille face au public. Les spectateurs hochent de la tête, sourient et observent, figés, les performances du quatuor. Il affiche par moment la rage de Benjamin Franssen (batteur) ou un bref instant d’ire vocale d’Elena Lacroix (chanteuse principale). Qui ose s’ennuyer ?

« Antares » synthétise au mieux la signature éosienne : placer un effet reverb envoutant, de doux chants et des percussions jamais trop envahissantes.

L’éosine est une substance fluorescente connue pour ses bienfaits sur la peau.
Cette nuit hivernale, les mélodies de la bande soignent mes oreilles. Durant leur spectacle, mon esprit se détache loin du flux d’informations anxiogènes propre à notre quotidien. Eosine ne suit pas simplement les traces de Thom Yorke et de sa clique. Eosine transporte ses auditeurs vers son univers. Personne n’imitera ses concerts scientifiquement non-identifiés.

brunoaleas Photos ©Elena Sciara – Hangar asbl, 04/02/2022

Down to Dust au Wood Studio

Les lumières sanguinaires du Wood Studio (Chênée) n’inspirent pas l’hostilité. Au contraire, elles accueillent des mélomanes afin d’aider Pilori. Suite à une de leur date annulée, des Belges sont venus à leur secours ! (bien sûr) Quoi de mieux qu’un spectacle à deux centimètres des musiciens, sur quelques mètres carré ?! Vu que plus on est de fous, mieux on rit, Down to Dust s’occupe de la première partie, le soir même.

Après leur venue à La Zone, la force de frappe est toujours présente,
La guitare s’embrouille dans une disto aussi féroce que la voix d’Olivier Jacqmin. Ce chanteur partage une rage très communicative. Durant les morceaux, il n’hésite pas à crier loin du micro. Ce crachat de poumons n’est pas le seul point attirant mon regard. Il se pose également sur le jeu de batterie d’Hadrien Panelli. L’artiste délivre une performance tribale et brutale, au service du post-metal !

Groupe Metal 1 Chenée-5
« Savour Your Days » demeure leur morceau le plus accessible, de par sa durée et sa structure efficace. Le titre est une belle synthèse de leur premier EP,
Demonstration. « The light above us » apparaît comme une respiration, où basse et batterie captent l’attention. Quant à « Upstair till the unknown », il est très intelligent de le jouer en dernier. Cette tuerie est bel et bien faite pour la scène ! Son riff final est si lourd qu’il me file la patate, m’excite, m’oblige à pactiser avec le Diable. Bref, il laisse un bon souvenir. Par les temps qui courent, c’est assez énorme.

Certains miracles ont lieu, lors de nos journées dignes de La Quatrième Dimension.
Surveillons l’évolution de ce groupe…
et profitons des concerts qu’ils soient secrets ou illégaux modafucka !

brunoaleas – Photos ©Kyra Thonnard – Wood Studio, novembre 2021