Film

Tim Burton en quelques lignes / Dark Shadows

Tim Burton est un cinéaste qui marque les esprits. Comment définir ses gimmicks ? Il nous présente souvent des personnages au cœur d’or. On s’emporte vers des récits pour enfants et adultes. Son imaginaire illustre bel et bien de farfelus protagonistes baignant dans divers décors à la fois macabres et baroques. Pourtant, il s’y note généralement une touche féerique. Avant que mes cheveux blancs envahissent entièrement ma tête, analysons en quelques phrases certaines de ses œuvres. Continuer la lecture

The Green Knight

Loyauté. Honneur. Deux thèmes qui prennent forme via un film d’une lenteur extrême et d’un esthétisme mémorable. David Lowery revisite une quête de l’univers arthurien. Son personnage nommé Gauvain relève un défi surnaturel. Cela l’oblige à vivre un voyage traumatique. Les spectateurs s’engouffrent alors dans le froid, la brume, les forêts et quelques pièges… aussi bien scénaristiques que visuels. Continuer la lecture

Tim Burton en quelques lignes / Mars Attacks!

Tim Burton est un cinéaste qui marque les esprits. Comment définir ses gimmicks ? Il nous présente souvent des personnages au cœur d’or. On s’emporte vers des récits pour enfants et adultes. Son imaginaire illustre bel et bien de farfelus protagonistes baignant dans divers décors à la fois macabres et baroques. Pourtant, il s’y note généralement une touche féerique. Avant que mes cheveux blancs envahissent entièrement ma tête, analysons en quelques phrases certaines de ses œuvres. Continuer la lecture

You Heat Me Up, You Cool Me Down

King Krule se déplace de Londres à Manchester, mais aussi de la Terre jusqu’à la Lune. Quant à la première fois où le Roi entre dans ma vie, c’est lors de mon adolescence. Le choc est soudain. La découverte est jouissive. L’artiste redéfinit l’attitude musicale de l’Angleterre post 2000. The Libertines saigne de pétulantes guitares. Arctic Monkeys devient un tank aux rythmes turbulents.
King Krule, lui, s’initie à une musicalité encore plus riche. Il décrit l’amour, la solitude en mêlant la noblesse du jazz, le punk et sa brutalité, ainsi que les beats ultra frais propres au trip hop.
Quelques mélomanes se mettent d’accord pour lui laisser la couronne. J’en fais partie, même aujourd’hui, face à ses concerts filmés, synthèse de son éternelle fougue. 
You Heat Me Up, You Cool Me Down apporte un sourire aux lèvres.

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©Reuben Bastienne-Lewis

On y aperçoit le groupe d’Archy Marshall. Ses musiciens s’expriment comme ils le souhaitent sur scène. Ce côté organique offre des morceaux aux durées plus longues, mais surtout, des adaptations instrumentales bien plus généreuses !

Le court métrage se ponctue d’images d’archives. Le dandysme vestimentaire des premiers spectacles. Les voyages qui bercent l’imaginaire artistique. Le public apportant une incroyable force aux musiciens. Leur présentation, l’hommage indispensable qui clôt l’aventure visuelle. Les séquences témoignent également de la ténacité rageuse du rouquin.

Je pense que la colère est le sentiment le plus honnête que l’on puisse avoir.
C’est comme si l’on était possédé par cette rage, que ton esprit voulait s’enfuir, ainsi la seule vérité en surgit.
 -King Krule (RifRaf n°193, 2013)

You Heat Me Up, You Cool Me Down reflète l’importance des spectacles vivants. Ses images dévoilent le lien insécable entre les artistes et leur public. L’oeuvre tombe à pic, lorsque certains croient encore que la culture est non-essentielle.
Archy Marshall ne se limite pas à partager gratuitement cette espèce de documentaire. Un CD et deux vinyles (déjà soldout !) sont à vendre. L’Anglais continue de créer sans limite. Mon envie de le suivre dans chacun de ses délires grandit d’année en année.

DRAMA – Illustration ©JG Marshall

Bo Burnham : la génération de la fin du monde (1/4)

Mai 2021. Le confinement touche à sa fin, les chiffres sont à la baisse, et le Soleil d’un premier été déconfiné se lève sur une société bouleversée. Comment tout cela est-il arrivé ? Quels micro-évènements de la comédie humaine nous ont amené vers cet état catastrophique, où plus rien n’a de sens clair, où plus rien n’est stable ?

Parmi ce tas de décombres, le secteur culturel, jugé non-essentiel, se relève difficilement. En particulier, le monde du cinéma peine à reprendre de la vitesse. Art collectif, il a souffert du confinement, empêchant le travail en communauté.
Dans ce désert, on aperçoit un cavalier seul, habitué à créer dans sa chambre. Le confinement semblait comme l’occasion parfaite pour qu’il apparaisse dans toute sa splendeur. Alors qu’Internet était devenu une des dernières fenêtres sur le monde, un artiste maîtrisant ses codes les plus profonds émerge aux 4 coins de la toile : Bo Burnham.

Le comédien en pleine ascension a marqué le paysage cinématographique avec une œuvre majeure, incroyable portrait de l’époque actuelle : Inside. Mais si beaucoup connaissent l’artiste depuis son dernier travail, le parcours de Bo Burnham n’est pas exempt de chef d’œuvres. Car depuis 15 ans déjà, la moitié de sa vie, l’artiste saisit parfaitement les codes de son époque et de son média.

Comment Bo Burnham a-t-il construit son talent pour se hisser en tant que symbole de toute une époque artistique ? Comment est-il parvenu à représenter toute une génération, ses soucis et sa personnalité ? Un parcours long et étrange peint un tableau : la génération de la fin du monde.

2006, Etats-Unis. George Bush est président. La guerre en Irak fait rage et Internet apparaît lentement dans le monde occidental. Bo Burnham a 16 ans et, comme beaucoup après lui, il poste des vidéos sur le net. Musicien, le garçon grand et maigre martèle son synthétiseur sur des textes comiques, avec un sens de l’ironie déjà aigu, celui qui fera son succès. Il est loin de savoir que 15 ans plus tard, il reviendra au même format.

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©Amazon

Le garçon est talentueux et plus le temps passe, plus ses chansons parcourent le monde. Au fur et à mesure, la qualité sonore et visuelle s’améliorent. En plus des chansons, il se met aux sketchs et à 18 ans, il se produit sur scène. Mais alors, son œuvre n’est constituée que d’éléments isolés sur des sujets précis. Le but est de faire rire et c’est tout. Aucune prétention ne colore cette période de l’artiste. Il a une et une seule volonté : faire passer un bon moment au spectateur, en y parvenant chapeau bas.

Il faut dire que les années 2000 n’ont pas les mêmes enjeux que l’époque actuelle. Pas de crise climatique imminente, pas de pandémie mondiale, pas de chute dangereuse du capitalisme, et un optimisme global se ressent au sein de nos sociétés.

En 2010, sort son premier spectacle : Words Words Words. Long d’une heure, cette création est construite de A à Z par l’artiste. L’exécution et l’écriture sont plus complexes, tout comme les thèmes abordés. Bo Burnham ne se contente plus d’être drôle. Il utilise l’humour pour parler de sujets plus graves et personnels. De sa mise en scène résulte une véritable fusion entre un concert et un spectacle de stand-up. Il marie superbement les médias en jonglant entre sketchs et chansons dont chacune, à partir de cet instant, deviendront complexes et, pour certaines, cultes.

Dans « Oh Bo », il aborde le thème de la légitimité de l’artiste, sujet qui ne le quittera jamais, telle une obsession. Dans « What’s funny », il pose des questions sur la comédie en tant que genre. Quel est son but ? Qu’est-ce qui la définit ?
Finalement, le spectacle titube, il a du mal à trouver un équilibre entre les ambiances tragiques et comiques. Certains sketchs sont mal construits. On sent que l’artiste manque d’expérience pour devenir le réalisateur d’Inside.
Mais c’est à cette époque que se construit sa personnalité artistique, et ce qu’elle a d’original. Il ne fait pas uniquement de la comédie. Il fait de la comédie sur le fait de faire de la comédie. En constante angoisse sur sa légitimité, il utilise l’anxiété comme base pour faire rire. Réel « humour de la dépression », ce style le suivra pendant toute sa carrière.

A partir de Words Words Words, la stratégie de Bo Burnham va changer. Finies les vidéos et sketchs isolés, chacune de ses œuvres va ressembler à son premier spectacle. Une union fertile entre dépression et humour, sous fond musical de plus en plus riche et varié.

L’artiste s’isole pendant 3 ans. 3 longues années pendant lesquelles il peaufinera chaque ligne, chaque accord dans un perfectionnisme créatif exacerbé. La machine est lancée, et le deuxième enfant du monstre créatif s’appelle What… 8 ans avant la fin du monde.

Lou

Tim Burton en quelques lignes / Ed Wood

Tim Burton marque les esprits. Comment définir ses astuces ? Le cinéaste présente souvent des personnages au cœur d’or. Les récits attirent enfants et adultes. Son imaginaire illustre bel et bien de farfelus protagonistes baignant dans divers décors à la fois macabres et baroques. Mais il s’y note généralement une touche féerique.
Avant que mes cheveux blancs envahissent entièrement ma tête, analysons en quelques phrases certaines de ses œuvres.
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Ces films impossibles à terminer Part 1

Comment exprimer son dégoût face à certains films ? Pourquoi fuir devant l’incompréhension ? Nous revenons sur quelques expériences foireuses du septième art. Au programme : 3 films décriés par mois.

Sleepy Hollow – Tim Burton

Pour beaucoup, Tim Burton est un des plus grands cinéastes de sa génération. Et si, en effet, son style atypique et son alchimie unique ont fait de lui un grand nom du cinéma fantastique contemporain, son parcours n’est pas immaculé. Sleepy Hollow (1999) est une douloureuse éraflure dans la filmographie du génie.
Nous contemplons des personnages trop plats et caricaturaux. Il ne se passe pas grand-chose, et la matière est trop pauvre pour laisser la magie opérer. Avec beaucoup d’efforts, il est possible d’atteindre la moitié de l’œuvre. Mais son dynamisme, déjà faible, s’écroule assez vite. L’effort que demande le visionnage rompt le contrat entre le spectateur et le film. Alors, 
Sleepy Hollow se goûte dans la gastronomie de Burton telle une tranche de pain de mie, sans saveur ni intérêt.

Downsizing – Alexander Payne

Downsizing date de 2018 et est un parfait exemple de mariage raté entre deux genres. Collés de force à grands coups de scotch, la comédie et le drame empiètent l’un sur l’autre comme de mauvais voisins : impossibles à concilier, ils ne demandent qu’à se fuir l’un l’autre.
Pourtant, il est possible, et même très intéressant, de faire de la comédie dramatique. Rire des choses tristes est un terrain fertile qui a su inspirer de nombreuses œuvres. Néanmoins, il y a une différence entre ‘comédie dramatique’ et ‘comédie + drame’. Dans 
Downsizing, les rires et les pleurs se succèdent sans s’entremêler, sans s’associer. Si bien qu’on a l’impression, en réalité, de se trouver devant deux films différents, diffusés en même temps. Or, le téméraire qui aurait tenté une telle expérience le sait : c’est insupportable.

El Topo – Alejandro Jodorowski

Alejandro Jodorowski est un véritable alien. Perdu entre les styles et au-dessus des conventions, il est le maître du bizarre et parmi les rois incontestés des films d’auteur. En 1970, le réalisateur franco-chilien sort son deuxième long métrage : El Topo. Comme on peut en attendre de l’artiste, le film est une œuvre étrange. Ecrite, tournée, et montée bizarrement. Cependant, bizarrement ne signifie pas mal, car on sent une grande maîtrise de la part du réalisateur. Malgré la qualité incontestable d’El Topo, en venir à bout est un supplice. Sa lenteur et son vide narratif sont si pesants que peu d’entre nous pourront se vanter d’avoir atteint les dernières minutes.
L’œuvre semble avoir été conçue pour les artistes, mais pas pour les spectateurs. Ou en tout cas, pas pour le public occidental actuel, peut être trop habitué au cinéma hollywoodien, rapide, rempli et rythmé.

Lou

Le Mal contourné par Miyazaki

L’égoïsme est un thème extrêmement fascinant. Peu importe sa nature, l’être humain ne peut échapper à cet état d’esprit.
Le cinéaste Hayao Miyazaki exploite ce sujet à de nombreuses reprises. Là où deux poids, l’Homme et la Nature, tentent de s’équilibrer dans ses productions, une autre parenthèse est à noter. L’artiste nippon expose les mortels et leurs sacrifices. 

Ne passons pas en revue toute l’orfèvrerie visuelle du maître de l’animation. Le Vent se lève retient mon attention. Non pas qu’ils soit mon Miyazaki favori. Cependant, il présente bel et bien un récit pertinent. Il s’articule autour d’une histoire vraie : le destin de Jiro Horikoshi (1903-1982). Cette figure conçoit le Mitsubishi A6M Zero. L’appareil est considéré comme l’un des meilleurs de la Seconde Guerre mondiale. Il reste pourtant associé à une sombre période du militarisme japonais, propre aux missions kamikazes de forces aériennes.

Au départ, je ne devine pas ce que veut transmettre l’œuvre. Plus l’histoire avance, plus je comprends mon erreur. Il ne s’agit pas de raconter des batailles historiques. Face à mes yeux se dressent deux histoires d’amours. D’une part, la passion de l’aviation ancré chez un homme depuis son enfance. De l’autre, la flamme amoureuse brûlant chez deux jeunes adultes. Le Vent se lève perturbe l’espace d’un instant. Il ne se limite pas du tout à son aspect documentaire.

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Miyazaki ne pointe pas seulement des progrès aéronautiques et les mœurs d’une époque. Il emmène également les spectateurs vers le surnaturel. Jiro partage ses rêves avec son idole Giovanni Battista Caproni. L’importance du rêve se dépeint alors grâce à ces images !

Vu sous cet angle, je construis un début de conviction : Miyazaki contourne le Mal à l’aide de son Art. Le Vent se lève décrit les atrocités de la guerre mais ne s’y focalise pas pendant des heures. Le réalisateur provoque l’oubli des atrocités via ce qu’il conte. Caproni est au service d’un certain Benito Mussolini. Il ne représente pas le Diable à l’écran. Il rappelle plutôt à quel point choisir équivaut à renoncer.
Le cofondateur du Studio Ghibli présente des personnages égoïstes entreprenant leurs souhaits les plus profonds, quel qu’en soit le prix à payer.

Au bout de la course, une séquence vient marquer mon esprit. Des larmes arrivent presque à mes yeux en observant une et une seule relation fusionnelle : Jiro et sa bien-aimée atteinte de tuberculose. Rien ne peut arrêter ces êtres déchirés par leurs obligations. Ils se complètent et symbolisent la persévérance (Disney n’a qu’à se cacher).

Un avion amélioré peut devenir une arme de guerre. Un couple peut se rencontrer malgré des risques maladifs. Dès lors, est-ce que notre passion l’emporte sur notre raison ? Est-ce que l’amour rend aveugle ? Qui sommes-nous pour juger ? Est-ce vraiment correct de s’émouvoir devant un homme participant au chaos mondial ?! Trop de questions avalent le mental… ce qui donne une vraie force aux propos du film.

Les années 30 sont tragiques. Heureusement, quelques rêveurs vivent leurs désirs. Le réalisateur avoue avoir produit une simple mise en scène, celle d’un ingénieur soucieux de concevoir de beaux avions. Nos visions ont beau être manichéennes, parfois, l’égoïsme aussi s’éloigne du Mal.

Le Temps scintille et le Songe est savoir. -Paul Valéry

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Inside

La sagacité de Bo Burnham l’amène à composer une fresque de notre époque. L’artiste passe en revue les absurdités actuelles avec un humour qui pique. Il n’est pas pour autant violent dans ses propos. Inside propose vraiment de sages paroles. Quelle est l’arme principale de ses mots ? L’ironie. Continuer la lecture