Perdu dans Le Labyrinthe de Pan

ATTENTION SPOILERS

Sombre. Le Labyrinthe de Pan est une œuvre très noire. Peu après la guerre d’Espagne, la jeune Ofelia rencontre un faune. La créature lui déclare qu’elle est la princesse d’un monde souterrain. Elle doit alors réussir trois épreuves pour obtenir son titre.

Cette création hispano-mexicaine partage des propos et un visuel frôlant les ténèbres. Elle développe 2 thèmes : la joie finie de l’imaginaire infantile et la tristesse infinie d’une guerre civile.

Non, ne conseillons pas le long métrage aux plus déprimés d’entre vous. Non, il ne regorge pas d’un univers aussi fantastique que le Pinocchio de Matteo Garrone.
Oui, il restera dans ma mémoire à cause d’un récit cruel mais réel, inventif mais amer.

Je demeure mitigé. Impossible de clairement m’exprimer. Je me perds volontiers dans le labyrinthe deltoresque. Comme si mes pensées symbolisaient aussi un dédale. Comme si j’assistais à un évènement dantesque. Le sixième film de Guillermo del Toro m’enchante, me terrifie… me grise. Face à la mort d’Ofelia, froidement abattue par le capitaine Vidal, je ressens la chute des astres, la fin de l’humanité. L’Assassinat de l’Imaginaire par la Haine. Je me demande si l’oeuvre n’aurait pas gagné en puissance en laissant les spectateurs dans le flou. Après l’assassinat d’Ofelia, pourquoi la caméra ne s’arrête pas au moment où l’enfant monte sur le trône royal ? Pourquoi ne pas avoir écourté le film, afin de nous bercer via des séquences moins atroces ? Je deviens peut-être trop sensible. Mon analyse dépend de mon regard de vingtenaire. Qui sait si mon avis évoluera bien plus tard ?

arras-film-festival-Le-Labyrinthe-de-Pan-Guillermo-del-toro-projection©LeMagduCiné

La profondeur artistique de Guillermo del Toro ne laisse pas indifférent. Son conte cinématographique est une ode à la désobéissance. Celle même amenant à la liberté. Dès les premières scènes, Ofelia désobéit et s’éloigne de sa mère. Innocente, elle suit son instinct la plupart du temps.

Cette transgression permanente aboutit à une sorte d’ataraxie vécue par la jeune fille, lors de son dernier souffle. Un ultime sourire apparaît chez Ofelia, clouée au sol, transportée vers une dimension merveilleuse. Quelle scène traumatisante… le plus insolent des spectateurs pensera qu’Ofelia n’avait pas sa place sur Terre, que la cruauté l’emporte sur la bonté… le plus naïf des cinéphiles admirera une fin ouverte, où le surnaturel surpasse toute réalité.

Le film donne à réfléchir. Quelques messages me viennent à l’esprit. La liberté à un prix. Quant à nos actes, infimes soient-ils, ils définissent notre identité à chaque seconde. Ces pensées n’ont rien d’insensées. Le cinéaste mexicain comprend également ces réflexions.

Je crois qu’il faut s’abandonner à l’univers pour être immortel… Je crois que nous sommes tous des sabliers, et que notre vie coule inéluctablement comme du sable. Et nous n’avons qu’un ultime instant pour définir qui nous sommes. Guillermo del Toro

Je n’imagine pas revoir Le Labyritnhe de Pan de sitôt. Ce qui ne m’interdit pas de créer sa morale. Certes, il est tentant d’écrire son destin sans subir un perpétuel hasard. Néanmoins, choisir équivaut parfois, et trop souvent, à renoncer. Dès lors, deux concepts se rapprochent de plus en plus : destinée et sacrifice.

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