Ces films impossibles à terminer Part 1

Comment exprimer son dégoût face à certains films ? Pourquoi fuir devant l’incompréhension ? Nous revenons sur quelques expériences foireuses du septième art.
Au programme : 3 films décriés par mois.

Sleepy Hollow – Tim Burton

Pour beaucoup, Tim Burton est un des plus grands cinéastes de sa génération. Et si, en effet, son style atypique et son alchimie unique ont fait de lui un grand nom du cinéma fantastique contemporain, son parcours n’est pas immaculé. Sleepy Hollow (1999) est une douloureuse éraflure dans la filmographie du génie.
Nous contemplons des personnages trop plats et caricaturaux. Il ne se passe pas grand-chose, et la matière est trop pauvre pour laisser la magie opérer. Avec beaucoup d’efforts, il est possible d’atteindre la moitié de l’œuvre. Mais son dynamisme, déjà faible, s’écroule assez vite. L’effort que demande le visionnage rompt le contrat entre le spectateur et le film. Alors, 
Sleepy Hollow se goûte dans la gastronomie de Burton telle une tranche de pain de mie, sans saveur ni intérêt.

Downsizing – Alexander Payne

Downsizing date de 2018 et est un parfait exemple de mariage raté entre deux genres. Collés de force à grands coups de scotch, la comédie et le drame empiètent l’un sur l’autre comme de mauvais voisins : impossibles à concilier, ils ne demandent qu’à se fuir l’un l’autre.
Pourtant, il est possible, et même très intéressant, de faire de la comédie dramatique. Rire des choses tristes est un terrain fertile qui a su inspirer de nombreuses œuvres. Néanmoins, il y a une différence entre ‘comédie dramatique’ et ‘comédie + drame’. Dans 
Downsizing, les rires et les pleurs se succèdent sans s’entremêler, sans s’associer. Si bien qu’on a l’impression, en réalité, de se trouver devant deux films différents, diffusés en même temps. Or, le téméraire qui aurait tenté une telle expérience le sait : c’est insupportable.

El Topo – Alejandro Jodorowski

Alejandro Jodorowski est un véritable alien. Perdu entre les styles et au-dessus des conventions, il est le maître du bizarre et parmi les rois incontestés des films d’auteur. En 1970, le réalisateur franco-chilien sort son deuxième long métrage : El Topo. Comme on peut en attendre de l’artiste, le film est une œuvre étrange. Ecrite, tournée, et montée bizarrement. Cependant, bizarrement ne signifie pas mal, car on sent une grande maîtrise de la part du réalisateur. Malgré la qualité incontestable d’El Topo, en venir à bout est un supplice. Sa lenteur et son vide narratif sont si pesants que peu d’entre nous pourront se vanter d’avoir atteint les dernières minutes.
L’œuvre semble avoir été conçue pour les artistes, mais pas pour les spectateurs. Ou en tout cas, pas pour le public occidental actuel, peut être trop habitué au cinéma hollywoodien, rapide, rempli et rythmé.

Raturix

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