Musique
La jeune scène electro(choc) française
La scène française electro n’a rien à envier aux autres phénomènes du genre. De Daft Punk à DJ Mehdi, de Kavinsky à SebastiAn, nombreux sont les artistes à avoir exploité la house. Ces derniers participent à une fameuse déclinaison appelée French Touch. La France est bel et bien terre d’un royaume aux sons machinaux. Quid des nouveaux arrivants ? Qui tracent les sentiers d’une ère musicale maintes fois réinventées ?
STUFF. et l’abstraction géométrique
Yôkaï et STUFF. débarquent d’une autre dimension. Pour certains, les deux groupes font partie de l’avant garde musicale belge. Il est peut-être trop tôt pour se prononcer là-dessus. En tout cas, leurs sonorités imbriquent divers genres dont le résultat est une formule aux riches mélodies.
Pour ce qui est de STUFF., ses musiciens allient dernièrement leur groove à l’art de Guy Vandenbranden (1926-2014). Les caractéristiques du graphiste sont le miroir des instrus surprenantes et académiques propres aux Flamands : symétrie, couleurs chamarrées, géométrie variable. Il ne restait plus qu’à donner vie à l’œuvre « Composition » (1967), exposée au Musée Royal des Beaux-Arts d’Anvers. Frederik Jassogne réalise alors un clip où les formes dansent à l’image d’un cobra se tortillant devant des charmeurs de serpents.
La démarche a de quoi être pertinente. Elle prouve qu’aucune frontière ne sépare les musées de la scène musicale. Le but étant aussi de savoir rendre hommage à des productions graphiques.
Cette inspiration offre un aperçu de ce que sera le troisième album du quintet. Tant pis si leurs morceaux ne passeront pas sur les ondes radiophoniques. Tant pis si le public ne sera pas au rendez-vous. STUFF. fait du bien aux plus curieux des mélomanes.
brunoaleas
L’exil tribal de Saint Mesa
Imaginez-vous prêts à vous battre. Imaginez-vous au bord de la falaise, sans aucune possibilité de faire demi-tour. Imaginez-vous dans un monde aussi dark qu’un film DC. Que vous soyez un guerrier, un gladiateur, un vampire, un pirate, un héros intergalactique… Peu importe l’univers qui vous branche le plus. Imaginez l’envie de vous battre, le refus de courber le dos, le regard fixé sur l’horizon, les poings serrés. Maintenant, ajoutez à votre scène une musique épique.
J’avoue n’en avoir rien à faire de ce qui vous est passé à l’esprit. Une et une seule sensation importe ! Une musique épique qui donne la chair de poule et qui fait frissonner. La même qui parvient à nous convaincre qu’on peut accomplir n’importe quoi. Le secret de cette musique, Saint Mesa (Danny McCook pour les intimes) l’a percé. Continuer la lecture
La chanson la plus actuelle de Lennon
8 décembre 1980. John Lennon est froidement abattu en pleine rue par un homme dont on ne citera pas le nom (qu’on l’oublie). 10 ans avant cette tragédie, une chanson aux paroles percutantes apparaît sur Plastic Ono Band. « Isolation » reflète la vulnérabilité d’un artiste post-Beatles, aux côtés de Yoko Ono, engagé et porté par des combats idéologiques prônant la paix.
I don’t expect you, to understand
After you caused so much pain
But then again, you’re not to blame
You’re just a human, a victim of the insane
Certes, via ces vers, John Lennon communique sa peine. Néanmoins, il ne blâme pas ceux qui l’attristent. Nous participons tous à l’irrationalité mondiale. Nous sommes victimes des folies humaines. Une vision qui mérite un débat, mais qui résume toutefois à quel point la vie peut être absurde. Et si cette partie semble trop sombre, le final du morceau amène un vent d’espoir.
We’re afraid of everyone
Afraid of the sun
Isolation
The sun will never disappear
Ce texte, lu aujourd’hui, s’interprète de diverses manières. Lorsque les commerçant ferment boutique et se suicident par après, quand les artistes ne s’expriment plus, ou que les hôpitaux sont surchargés de travail, « Isolation » rappelle un point important. Il y aura toujours de la lumière pour celui/celle qui luttera, en honorant de justes valeurs. Même au sein de la pire société. Même dans le pire cauchemar.
brunoaleas – Illustration ©Jolanda Kunst
Pintglass, Strangled : un split qui fait mal !
D’un côté, il y a les gars de Pintglass, de la bourgade de Guildford en Angleterre. Ils nous jouent du beatdown riche en alcool (« 2 sugars not 1 or Stella », slogan du groupe) et en bagarre. Ils avaient déjà marqué les esprits avec leur premier EP, The Way of the Geezas (2019), déjà une pure merveille et surtout très prometteur. Puis, de l’autre, Strangled, venu tout droit d’Oklahoma (USA) avec un EP éponyme paru la même année que leurs camarades britanniques. Les Américains nous offrent un mélange de deathcore et de slam avec des passages rapides. Ils alternent avec du lourd, du technique et surtout beaucoup d’agressivité.
Si ces deux groupes nous ont envoyé du lourd en 2019 avec leur premier EP s’imposant dans la scène beatdown/slam, on n’ose pas imaginer ce que ce serait une collaboration entre les deux formations !
Eh bien… ce jour est enfin arrivé ! À travers un split intitulé Geezas Worldwide sorti pendant cette belle année 2020, on retrouve les deux groupes en forme. Prêts à déclencher une bagarre via la haine résultant de ce petit bijou. Continuer la lecture
La dure à cuire #40
La dure à cuire #39
La dure à cuire #38
La dure à cuire #37
Bring Me The Horizon / Mr. Bungle
Bring Me The Horizon – POST HUMAN : SURVIVAL HORROR
Il m’aura fallu quelques albums pour commencer à éviter Bring Me The Horizon. Pourtant, le premier morceau POST HUMAN : SURVIVAL HORROR ouvre le bal de façon efficace. Puis arrive la suite de l’album, devenant presque un exercice foireux où tout devient dispensable. L’electro ringarde et l’ambiance geek pour minettes font office de fan service pour les quelques auditeurs qui apprécient l’évolution adoucissante de la bande.
Quant à la composition de « Teardrops », elle fait pitié. Peut-être qu’en 2003, le titre aurait fait fureur… sauf qu’on est en 2020 et qu’il sonne tel un ersatz d’une chanson de Linkin Park ! Seulement 3 morceaux retiennent l’attention : Parasite Eve, Ludens et Dear Diary,.
Ce n’est pas le message écolo ++ de l’opus qui sauve les pots cassés. Les artistes n’arrêtent pas de nous le rabattre ces derniers temps (de Pearl Jam à Foals). Certes, les propos de la bande peuvent amener à des réflexions pertinentes. Néanmoins, les parties instrumentales n’enrichissent pas du tout les paroles.
Le projet débute comme étant trop lisse et bien plat. A se demander si la magie de Sempiternal (2013) sera de nouveau possible à capter…
Mr. Bungle – The Raging Wrath Of The Easter Bunny Demo
Heureusement que Mike Patton existe encore sur la scène. Chaque année, il apporte son grain de folie dans l’industrie musicale.
Un casting 5 étoiles l’accompagne cette fois, afin d’enregistrer à nouveau les premiers morceaux de Mr. Bungle. De quoi saliver en voyant jouer Dave Lombardo (premier et ex-batteur de Slayer) et Scott Ian (guitariste chez Anthrax).
Le but de la manœuvre ? Retrouver la force artistique et juvénile des débuts. 34 ans plus tard, l’exercice n’est point facile. La bande s’en sort tout de même via 11 morceaux, dont 2 reprises, « Loss of Words » et « Hypocrites / Habla Español O Muere ». D’ailleurs, dans cette dernière, on retrouve l’humour pattonesque avec une transition qui rend hommage à la cucaracha !
Le groupe a la réputation d’allier les genres : de la polka au funk metal (écoutez Mr. Bungle datant de 1991).
A travers ces vieux titres mis au goût du jour, ne vous attendez pas à la délirante versalité de Mr. Bungle. On a droit à du pur thrash metal. Ca rentre dans le lard comme papa dans maman. The Raging Wrath of the Easter Bunny Demo illustre un Mikey toujours en forme. Encore aujourd’hui, ses performances vocales demeurent impressionnantes.
I won’t give in till I’m dead
Try to change my hates to my likes
I will never wear make up or spikes -« Anarchy Up Your Anus »
L’artiste a décidément trouvé sa fontaine de jouvence.
DRAMA