Musique

Danser avant l’Apocalypse

La fin du monde est un vaste sujet. Loin de moi l’idée de jouer les Greta Thunberg du dimanche. Notre chute n’est pas à nier. Pas besoin de balancer des chiffres menant à une déprime certaine afin de le comprendre. Parmi les fléaux terriens, citons les feux de forêts, les tsunamis et les trous dans la couche d’ozone. Sans compter les nombreux ouragans qui s’abattront sur nos territoires. Le réchauffement climatique réserve bel et bien des catastrophes. A quoi s’ajoutent des foules capitalistes qui consomment trop et trop vite.

Les confinements imposés par diverses nations freinent-ils les dangers environnementaux ?
La course à la mondialisation semble bien plus difficile à arrêter. Dernièrement, le navire coincé au canal de Suez le prouve sans nul doute. D’ailleurs, les humains ont une sacrée envie de survivre dans leur petit confort. Comme si nous devenions les putes des GAFAM.

Le confinement, c’est la grande victoire du monde virtuel. Il fait beau dehors, il n’y a pas d’avion, les oiseaux s’en donnent à cœur joie, le potager attend, et je reste cloîtré comme un con dans l’électronique, à tapoter sur un clavier. -Pablo Servigne (Wilfried n°12)

L’auteur oublie un point important : on peut s’en sortir à l’aide de la musique !
Découvrons trois tueries spatiales qui donneront envie de danser avant l’Apocalypse.

Rone – Rone & Friends

Pour l’amour de la drogue.
J’ai du flair. J’avais rédigé un article sur la scène electro de France qui bouillonne ces derniers temps. Une œuvre confirme encore ce constat.
Rone arrive pile poil au moment où les artistes de Molière sont au top de leur forme. Via son nouvel album, il réunit la crème de la crème : la punk Jehnny Beth, les poètes d’Odezenne, l’écrivain Alain Damasio et j’en passe ! Chaque morceau s’enchaîne extrêmement bien. Erwan Castex pose ses tripes sur ce projet aux multiples facettes. A l’instar des personnages de sa pochette, nous planons vers d’autres cieux plus radieux.

De La Groove – EQUILIBRIUM

Pour l’amour de la danse.
Souhaites-tu enflammer la piste de danse ? Savoure la compilation du label français De La Groove ! Elle s’écoute notamment sur Soundcloud et Spotify. De quoi sauter de joie, porté par la zic de 6 artistes internationaux, au carrefour de la house et du funk.
Avec plus de 2.000 vinyles vendus en 3 ans et plus d’une cinquantaine de soirées, De La Groove est à suivre de près. Je vous laisse avec « Kissin’ (Club) », parfait pour les fans de Modjo et Crystal Waters !

Shlohmo – Dark Red

Pour l’amour de la collapsologie.
Dark Red de Shlohmo ne date pas d’hier. L’opus de 2015 est un must pour tout passionné d’électro. Un classique pour certains, un indémodable pour d’autres. L’instru est lourde. Elle manipule énormément des graves sonorités tout en étant… quasi démoniaque. Le jeune Américain signe peut-être son œuvre la plus complète. Celle-même qui a fédéré plusieurs personnes prêtes à se faire tatouer l’illustration de l’album. 
Ces 11 titres suffisent à nous baigner en eaux troubles. Non pas à cause de la fonte des glaces, mais bien grâce à une homogénéité instrumentale qui sonne de façon unique. 

DRAMA  Illustration ©_ogygie
Notre playlist PAX pour les amoureux du genre

Feu! Chatterton et son cocon

Depuis des années, Feu! Chatterton construit son cocon. A la sortie de son troisième album, tout devient plus limpide. Palais d’argile apporte une véritable richesse sonore à la scène française.

Ce même cocon est peut-être à l’image de l’idée du club de Bagarre. On y accepte tout et tout le monde : les rockeurs puant le tabac des beaux jours, les possédés vibrant sur l’electro, et surtout, les amoureux des lettres. Le nouvel album des Français fédère grâce à une poésie portant un regard sur l’époque contemporaine. Arthur Teboul parle d’écran total, de message à porter à la mer, d’ombres et de rêves. Le dandy assume d’avantage ses envolées lyriques et ses contes n’ennuient jamais. Sa poésie permet de s’imaginer plusieurs histoires originales.

Est-ce que « L’homme qui vient » décrit un inconnu dont les ambitions le dépassent ? Est-ce que « Laissons filer » exprime le besoin de placer la Nature au centre de nos préoccupations ? Inutile de se lancer dans des débats stériles. Il n’existe point une et une seule interprétation de ces textes. Feu! Chatterton peint diverses images aussi abstraites qu’universelles. A leur écoute, nous nous changeons en de simples fugitifs. Nous jouissons du confort linguistique et instrumental d’une bande au sommet.

Les jeunes musiciens s’aident d’Arnaud Rebotini afin de jouer sur différents terrains. Le personnage est notamment connu pour faire l’amour aux machines.
Ce qui n’empêche pas Feu! de se méfier des dérives technologiques.

On est dans une société où le mot ‘‘accélération’’ est central. Quand on fait de la physique, c’est un concept qu’on utilise beaucoup. Mais je ne sais pas s’il va bien aux humains. Alors, on est obligé de se poser et de prendre de la distance, de remettre un peu de lenteur, d’essayer de retrouver des forces apaisantes. C’est ce qu’on essaye de mettre dans ce disque. Ca vient vraiment de nos propres réflexions et problèmes face à ce monde liquide accéléré. –Sébastien Wolf

Le guitariste/physicien craint d’ailleurs un constat : les personnes deviennent de moins en moins sensibles. Palais d’argile questionne bel et bien nos désirs et notre évolution. Parmi ces inquiétudes, une interrogation demeurera toujours en tête.

Mais que savions-nous faire de nos mains ?

« Monde Nouveau », au ton prophétique (écrit avant la période Covid-19), rappelle une espèce d’évidence : profitons de nos capacités pour réaliser nos rêves tant qu’il est encore temps. Qui souhaite disparaître à cause de loisirs superficiels ?

DRAMA – Photo ©Fanny Latour Lambert/SDP

Ladylo – Yet, It Is the Truth

Il n’y a pas longtemps s’est déroulée La Semaine de la Musique belge. Pendant 7 jours, les artistes du pays ont été mis à l’honneur via, entre autres, des captations live et des playlists. Ce fut l’occasion pour beaucoup de réaliser à quel point la scène belge est foisonnante. Ce qu’on entend à la radio, ce n’est que la partie émergée d’un iceberg bien plus gros que celui qui a envoyé Leornado Di Caprio au fond de l’Atlantique.

Parmi toute cette faune musicale, j’ai découvert Ladylo, groupe de rock/flashpop (dixit leur compte Instagram). Mi-février, ils sortent leur deuxième album, Yet, It Is The Truth.
Œuvre incroyable, et ce pour plusieurs raisons.
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Two, three, four… Street Soldier !

Chaque année offre son lot d’albums, de singles et de nouvelles sorties musicales. Tout comme à notre habitude, nous sauterons à pieds joints dans un de nos genres de prédilection, le Hardcore Beatdown ! 

Dans l’article précédent, nous avons parlé des anglais de Pintglass. Restons une fois encore dans cette chère Angleterre, où Street Soldier lâche un énorme kick en pleine face avec leur premier album, Turn Dangerous. Continuer la lecture

Les saintes paroles artistiques

Natacha Polony parle d’épistocratie. Lors de son interview chez Sputnik, la journaliste tient un discours raisonné sur le système en place. Les plein pouvoirs sont aux mains des scientifiques. Le citoyen n’a rien à dire.

En dépit de son analyse pointue, n’ayons pas peur des mots… on subit une espèce de dictature. Promenade sans masque, amende. Grosse fête chez toi, amende. Les matchs de foot illustrant des joueurs démasqués, possible. Les attroupements dans les transports en commun, possible. L’absurde dépasse la raison. On nous entube jusqu’à l’os (politesse ++ activée). 

Il est temps d’écouter les oubliés. C’est pourquoi, au lieu de donner la parole aux Saints Virologues, le micro passe aux artistes ! Ces derniers pèsent leurs mots. Ils remettent en question la musique actuelle. Ce même domaine cadenassé par des foutues mesures à la con (fuck politesse).

Quelques irréductibles Gaulois vivent encore en Belgique. De quoi se rassurer. Saule a un avis très prononcé quant aux alternatives remplaçant les concerts réels. Le live streaming apparaît comme un outil grandiose. Cependant, un musicien n’en est pas un autre. Afin de réaliser un spectacle filmé de façon professionnelle, le savoir technique n’est point à la portée de tout le monde. Le budget permettant de s’offrir un bon matériel son/image peut être une autre contrainte. Saule préfère attendre un retour à la normale.
Qui veut vendre son âme au capitalisme, moteur d’une culture d’écrans ?

J’ai refusé toutes les sollicitations pour du live streaming. J’ai dû en recevoir plus d’une cinquantaine. Ce n’est pas mon truc. Comme spectateur et artiste, je suis dingue de vraie musique live. Je préfère me réserver pour les concerts publics. Le live streaming, c’est un sparadrap.
Hormis chez -M-, Cali ou Aubert, le résultat est nul. Tu es un artiste dans sa bulle dont les yeux deviennent globuleux, lorsqu’il se rapproche de son écran pour voir si les suiveurs mettent des emojis ou des pouces levés. Moi, j’ai besoin de la réaction physique des gens, des cris, des regards, du contact, des mouvements de foule, des applaudissement, bref tout ce qui fait l’intensité d’un art vivant.
 -SAULE (Larsen n°39)

L’ancien chanteur de Dillinger Escape Plan partage une approche visionnaire. Il sait travailler sur ses envies, quand les médias traditionnels se foutent royalement de l’industrie musicale. A l’image de Mike Patton et de son Ipecac Recordings, il fonde son propre label nommé Federal Prisoner. Ce type d’initiative annonce une nouvelle ère. Saluons ces artistes qui se dédient à une véritable musique indépendante. Aucune maison de disque pour dicter des ordres. Aucun public à satisfaire. D’après le musicien, inutile de se soucier du genre lorsqu’on assume une identité.
Greg Puciato ne sera jamais aveugle.

Je sens qu’on a atteint un point critique dans l’évolution humaine, un moment où on choisit ce qui va être important ou non pour nous dans le futur.
A chaque fois qu’une société n’a pas accordé d’importance à l’art ou à la culture, c’était durant une période sombre de l’Histoire. 
-Greg Puciato (New Noise Magazine n°55)

Stuart Braithwaite note une obsession au Royaume-Uni : sauver l’industrie de la pêche. Le compositeur de Mogwai affirme que le secteur culturel rapporte bien plus d’argent. Pourtant, personne ne mentionne cette donnée… Sans oublier qu’après un pénible Brexit, le Covid va déclencher la fin de moult formations musicales.
Pendant ce temps, les gouvernements mondiaux n’ont aucun scrupule à confiner les peuples. Désirent-ils vraiment que l’on développe un esprit critique ?!
Ces dernières années effacent l’importance de la culture. Il ne reste plus qu’à proposer une révolution dont la bande-son serait 
As The Love Continues.

Durant de telles périodes, les gens ont besoin de l’art, de livres, de musique,
de films, de la télévision. C’est plutôt le moment de mesurer l’importance de la culture plutôt que de l’oublier. 
-Stuart Braithwaite (New Noise Magazine n°56)

DRAMA  Illustration ©François Boucher

The Wytches à nus

Pendant que des dinosaures feintent de transpirer la nouveauté (on salue les Pixies), de jeunes générations tracent leur route.
The Wytches s’établit bel et bien sur scène en 2014, en sortant Annabel Dream Reader. Le genre d’album où l’on ne souhaite faire aucun amalgame de plus entre les jeunots et Nirvana. Le type d’œuvre qui baise tous ceux qui pensent que le rock est mort.
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