Interview

The Brums Interview

Trompette et clavier se mélangent à un rythme dansant. The Brums, groupe liégeois, séduit grâce à des sonorités jazz et modernes. Programmé à La Zone, on ne pouvait nier leur concert, surtout pas après avoir joué dans le clip endiablé de « Kimberley ». Ces musiciens s’embarquent dans une première interview pour un site web !

Quels étaient les choix les plus importants à faire lors l’enregistrement de l’album ?

Clément Dechambre : On a fort changé notre manière de voir les choses. Juste pour cet album, notre son est particulier. On a lancé un nouveau mode de fonctionnement. Il fallait étoffer le coté électronique. C’était le premier choix.

Alain Deval : C’est l’élément déclencheur. On voulait y amener de l’acoustique. J’ai écrit trois morceaux et Clément un seul. On cherchait le rôle de chacun dans l’électronique. On souhaitait vraiment travailler sans sample et sans boucle, même si j’en utilise un peu. Tout est joué dans nos morceaux. Comme il y a deux claviéristes, c’était chouette de pouvoir jouer trompette et clavier en même temps. Tout aussi agréable que de trouver une manière réalisable de jouer cette musique en concert.

Vous y avez cru dès le départ ? Ou il y avait une petite crainte que ce mélange des sons ne percent pas ?

Alain : Non. Je fais ça depuis longtemps dans d’autres groupes. C’est un truc que j’ai beaucoup travaillé. En plus, j’étais au sein du groupe Quark avec Adrien donc j’imaginais déjà la partie sonore qu’il aurait eu avec son trombone. Puis, j’ai découvert Antoine, notre claviériste. Grâce à ça, on peut tous jouer ensemble en l’air à quatre, sans dépendre de sample ou de boucle.

Quels ont été les retours des premiers auditeurs ?

Alain : C’était un retour assez positif, ce qui était étonnant. Nos quatre titres étaient une démo faite en un jour. Au départ, on se dirigeait vers l’enregistrement de quatre morceaux de manière novice. On ne comptait rien sortir de ce EP.

Clément : Ça reste dans l’optique d’une démo présente gratuitement sur Internet. Ça circule et on a des retours assez positifs.

Des gens surpris ?

Alain : On était les premiers surpris.

Clément : Des labels nous ont contactés. C’était pas mal, parce que j’avais toujours l’impression que personne ne cherchait rien. Qu’on écoutait plus du tout des artistes aux nouvelles sonorités. Mais c’était faux.

Il reste pas mal de curieux.

Clément : Les gens ont vite parlé du projet après qu’on ait sorti la démo, sans qu’on ne fasse rien.

Alain : On n’a quasi pas envoyé de mail pour faire des concerts mais on nous envoie des mails pour nous en proposer.

Lorsque j’écoute vos morceaux, il y a ce mélange entre jazz et sons plus modernes. Est-ce que votre musique est tout public ?

Antoine Dawans : On en parlait tantôt, avec le clip qu’on va sortir. En fait, ça touche plus de gens qu’on ne le pensait. On croyait que le public était plus ciblé. Mais on a plusieurs retours de proches avec des profils assez différents. Ça doit être le côté dansant qui réunit cette foule. C’est expérimental mais c’est dansant.

Alain : Par rapport au jazz, l’idée que j’ai dans la compo, c’est de faire de la musique électronique. Comme on vient du jazz, le but était de ne pas abandonner cela. On désire plutôt un côté brut dans les thèmes, pas trop mélodique ou trop harmonique. On reste proche de la musique électronique.

Improvisez-vous sur scène ?

Alain : Oui. Si on fait n’importe quelle musique, si on est tous ensemble, il va toujours y en avoir. C’est notre manière de jouer. Même si on ne rentre pas dans les cases du jazz, improviser est un but. J’ai toujours eu l’impression de jouer comme un musicien de jazz.

Quand des musiciens improvisent, est-ce qu’il faut prendre en compte le fait qu’ils se connaissent depuis longtemps ?

Alain : Ça dépend des rencontres. Tu peux faire de l’impro avec des gens avec qui ça ne va pas coller et le résultat sera peut-être intéressant. Il y a plein de langages dans l’improvisation. Notre avantage est qu’on a énormément joué ensemble en dehors de ce projet. On se connaît beaucoup et ça nous aide.

Si un jour vous deviez ajouter du chant, il serait de quel type ?

Clément : On pensait ajouter des voix complètement tordues, faites nous-même, avec plein de disto.

Alain : Et peut-être sur le prochain disque, vu qu’on a en parallèle un spectacle avec une chanteuse dans des écoles, on pourrait faire un titre avec elle… On ne sait pas encore.

Clément : On a vraiment envie de garder l’aspect instrumental.

Antoine : Ce n’est pas rien d’ajouter du chant parce que tu changes vite d’univers. Si après on t’identifie avec une voix, tu ne peux plus faire marche arrière.

Alain : En tout cas ce ne serait pas central. Ce serait une voix instrumentale exploitant plusieurs effets.

Clément : C’est difficile de savoir quel mot mettre sur une musique. On n’est pas doué avec ça. On a du mal rien que pour inventer des titres.

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Le morceau « Liège » est à l’image de la ville ?

Alain : Oui. J’avais envie d’écrire un morceau pour Liège. Au départ, il se nommait « Tox City » mais cela pouvait sembler péjoratif. J’ai étudié à Anvers, puis j’ai beaucoup joué à Bruxelles et pas tant que ça à Liège. Ces derniers temps, je reviens de plus en plus à Liège avec ce groupe puisqu’il se passe de plus en plus de choses. Je me suis rendu compte que j’aimais beaucoup ma ville.
Avant, comparé à Anvers, quand je venais à Liège, je m’ennuyais. Je trouvais qu’artistiquement, il y avait pas grand-chose à faire, c’était dur. Avant, Liège se tournait vers le punk. Là maintenant, c’est beaucoup plus large. Notamment avec une salle comme le Kultura, de nombreux collectifs ou le Micro Festival. Tout le monde était un peu dans son coin mais tout s’est bien rassemblé. Je pensais que Jaune Orange ne favorisait que la pop mais ils nous ont contacté.

Il y a beaucoup de petits évènements à droite à gauche. Par contre, est-ce que les gens ne sont pas assez curieux ou est-ce que la publicité des shows n’est pas assez efficace ?

Clément : Les gens sont quand même curieux. Si tu te rends dans un lieu comme L’An Vert (ndr : Liège, en Outremeuse), où on est souvent amené à y jouer, des musiciens en tout genre y passent souvent. On y retrouve ceux qui sont à fond dans la musique.

Alain : Il en va de même pour le Kultura, où il y aura de l’expérimental un jour et de la techno le lendemain. Il y a une certaine ouverture. C’est génial.

Projetez vous dans le futur. Comment imaginez-vous The Brums dans deux ou trois ans ?

Alain : Moi j’ai vraiment envie de garder le coté brass band et jazz mais faire quelque chose de plus groove encore. J’écris des morceaux plus trap au niveau des beats. Je veux vraiment garder ce caractère assez brut, en n’oubliant pas de la grosse basse.

Il y a de plus en plus d’artistes qui exploitent la trap. N’avez-vous pas peur de perdre votre originalité ?

Alain : Non. On gardera toujours un mélange de tout. Comme il y a de l’instrumentation et qu’on n’est pas juste dans l’électronique, on ne va pas se mettre à rapper en triolet.

(na na na na, tchq tchk: le flow du groupe qui parodie le rap en pleine interview)

Alain : Depuis le début, on prend un truc qui m’intéresse dans un style puis on l’adapte à notre jeu. On a plein de morceaux qui ne sont pas encore dansants. Je veux que tout soit dansant. Qu’il y ait une énergie tant via des morceaux plus calmes que plus pêchus.

Je me rappelle au Reflektor, durant le tournage de « Kimberley », il y avait une sacrée énergie. Je trouve vos sons déjà dansants… Tu souhaites pousser les curseurs à fond de balle !

Antoine : Par exemple « Liège » n’est pas dansant. Enfin, ça dépend de ta manière de danser…

Clément : Moi je danse sur tout !

Antoine : Oui mais tu es un danseur fou.

(rires)

Pourquoi le poulet ? Dans vos publications, on retrouve souvent cet animal.

Alain : C’est ma poule qu’on voit souvent. On joue comme des poulets. Je devais faire la pochette très vite. Ça marchait bien avec le thème.

Antoine : Au synthé, on retrouve les cris similaires à cet oiseau.

(tout le monde caquette pendant les réponses)

Alain : On a fini par assumer la poule.

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DRAMA
Photo bannière ©Sauvage Sauvage – The Brums au Reflektor, Liège
Autres photos ©Katerina Myshkin – The Brums à La Zone, Liège

Lunatic Interview

SE RAPPROCHER LE PLUS POSSIBLE DE LA NATURE

Elle expose ses œuvres au Cupper Café, à Liège. Elle anime des soirées DJ. Elle dépeint un univers psychédélique et coloré. Elle se nomme Lunatic. Un entretien s’impose afin de comprendre les tréfonds de l’art abstrait !

Comment est né Lunatic ?

J’étais à Liège 1 de ma première à ma troisième. En quatrième, il m’ont dit: “Vas te faire foutre”. En gros, soit je doublais encore une fois, soit j’allais en qualif. Du coup, je suis allée à Saint Luc. Je voulais aller en photo mais il n’y avait plus de place. Je me suis alors inscrite en infographie, sans vraiment savoir ce que c’était, en attendant qu’il y ait une place qui se libère en photo. Au final, j’ai beaucoup aimé l’infographie. On a appris à gérer les logiciels Illustrator Design et Photoshop, des trucs assez basiques, pas très artistiques. En deuxième, on a eu un stagiaire qui venait de Saint Luc supérieure. Il parlait de choses un peu plus abstraites. Notamment du Bam Festival. C’est un festival à la caserne Fonck se déroulant une fois par an et mettant en avant l’art numérique. Il m’a montré quelques techniques dans Photoshop, pour être plus artistique, plus abstrait. J’ai commencé à faire plusieurs fonds d’affiches. Puis, en première supérieure, à Saint Luc supérieure, j’ai commencé à en faire de plus en plus et à ajouter des logiciels et plein de fonctions différentes. J’ai ensuite créé une page pour partager.
On est plein d’élèves à avoir les mêmes outils dans les mains mais chacun aura des réglages différents. Tout dépend de ce que l’on veut. J’adore les astuces qu’use un graphiste lié à Tame Impala. Il a fait beaucoup de pochettes d’album et également des clips. Il a toujours des univers hyper colorés. Ce qu’il poste sur Instagram ou sur Facebook, c’est un peu dans le même genre: des couleurs assez saturées, beaucoup de mouvements, tout en restant hyper abstrait.

Quels sont tes outils ?

Mon outil principal était Photoshop. En ce qui concerne le dessin, je suis vraiment nulle, ça me saoule. Je ne suis pas assez patiente pour ça. J’aime Photoshop et dupliquer plein de calques, les saturer et voir ce que ça donne. Dès que je commence, je n’ai pas une idée de ce que ça va donner. Je teste et quand ça rend bien, je l’enregistre et je le garde de côté. Là, ça fait un an que mes outils commencent à se multiplier. J’utilise du glitch avec de nombreuses applications sur ordi ou iPad. C’est ce qui provoque des bugs comme des séparations de couleurs. Récemment, j’ai acheté l’iPad Pro. Il est muni d’un stylet et tu peux dessiner tout ce que tu veux. C’est assez pratique parce que les tablettes graphiques externes, c’est 1200€ pour l’A4. L’iPad coûte 600€. Je l’utilise tous les jours et il me permet des modifications plus précises comparé à Photoshop. Ces outils me servent à obtenir une meilleure ligne conductrice et à savoir ce que je veux.

Il y a quand même une part de hasard liée aux logiciels. Tu as une idée en tête mais tu ne prévois pas où va tomber le trait.

C’est ça. Le premier album que j’ai créé s’appelait Kaléidoscope. D’ailleurs, le nom que je donne souvent à la photo c’est celle de l’image de base. Par exemple, pour Fruit, c’était une photo de fruit un peu nulle, trouvée sur Google Images. Junk était une photo d’ordure. Ou Arc-en-ciel, c’est celui que j’ai vu sur ma manche. Après ça, l’arc-en-ciel ne ressemble plus à sa forme initiale.

Maintenant, tu fonctionnes autrement. Tes idées sont plus claires à visualiser.

Oui. Avant ce n’était pas le cas.

Es-tu autodidacte ?

Oui. Parfois, je créé des photos une fois par jour, mais il y a des mois où je n’en fais pas du tout. Ça dépend du temps. Avant d’avoir l’iPad Pro, je commençais un peu à m’ennuyer, à faire tout le temps la même chose, alors j’ai attendu que l’inspiration vienne à moi. Là, je varie pas mal. Pour mon expo, j’avais essayé de me mettre à la peinture. C’est une technique qui consiste à prendre un gobelet, y mélanger des couleurs et les renverser sur une toile. C’était chouette. Via la peinture, j’obtenais un effet similaire au digital. L’expo permettait d’alterner entre le digital et la peinture.

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Pense-tu reproduire ça plus tard ?

J‘en fais de temps en temps. C’est cool à faire. Même s’il faut de la patience.

Envisages-tu d’exposer à l’étranger ?

Avec les cours, le taff, c’est compliqué d’organiser ça. Mais ça me plairai, c’est sûr.

Est-ce qu’on t’as déjà proposé des collaborations ? D’autres artistes sont venus vers toi ?

A Saint Luc supérieure, la plupart de mon entourage fait de l’art. La peinture, on l’a fait à deux avec d’autres compositions. Aucun artiste étranger n’est venu à moi. Il y a plusieurs comptes Instagram que j’adore. Il y a une fille qui se fait appeler Mala Vida. Sa technique est d’user de techniques proches de la peinture puis, de les scanner et de les retravailler à fond sur l’ordinateur. Ça fait des effets très stylés. Ca serait cool de travailler avec elle mais je ne sais pas si ça pourrait être possible.

Tu as peut-être déjà répondu à cette question… Mais allez posons la.
Qu’est ce qui est le plus séduisant dans le type d’art que tu pratiques ?

Au lieu de faire un truc totalement abstrait, j’efface un peu certains éléments. Prenons l’exemple de la photo de bus modifiée par mes soins. Au départ, c’est une photo de bus que j’ai transformé à mort. Puis, j’ai effacé toute modifications à certains endroits.

J’ai essayé de retrouver cette photo parce qu’elle ma marquée.

Ca m’intéressait de rendre la chose un peu abstraite, tout en utilisant la technique d’une espèce de pluie. Prendre les pixels et faire tomber les gouttes grâce à l’iPad. C’est cool parce que y a du glitch, de la couleur et un peu d’abstrait mais aussi un univers et une ambiance.

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Cela ne tente pas d’interpréter l’imagination de quelqu’un ?
On croirait que c’est une illusion, une vision de l’avenir…

J’y ai jamais pensé mais c’est intéressant. Je fais des rêves très très bizarres. Je racontais mes rêves à un pote et on se disait que ce serait drôle de l’illustrer en BD.

Cette question est longue. Prépare-toi mentalement. Dominik Lange modifie totalement l’environnement qu’il prend en photo. Il a déclaré en interview qu’il ne peut pas révolutionner le monde dans lequel il vit. C’est pourquoi, il le transforme symboliquement dans ses films. Est-ce que tu penses pareillement par rapport à tes œuvres ? Souhaites-tu bouleverser les sens et les esprits ? Veux-tu provoquer des émotions chez le spectateur ?

Dans ce qu’il exprime, il y a une démarche artistique, ce que je n’ai pas encore. Ce qu’on peut me reprocher, même si cela semble inconscient de ma part. Je fais juste du visuel. Oui, je veux que ça touche ceux qui voient mes œuvres. Il me plaît de voir ceux qui se perdent dans le visuel. Ceux qui y le fixent assez longtemps et qui y voient différentes choses. J’aime quand on me parle de formes différentes et distinguées. J’ai juste envie que cela provoque quelque chose, que ce soit chaleureux. J’utilise très rarement des couleurs froides ou du noir et blanc.

L’interactivité avec les spectateurs pourraient fonctionner pour tes expos.

Oui, j’allais y venir. Pour ce soir, j’aide un DJ à La Zone, grâce à un logiciel qui permet à une boule de réagir selon le son qui passe. Ca déclenche une activité interactive avec le son. Mon but  serait de brancher une Kinect et d’obtenir différents effets selon nos mouvements. Ça peut aller loin, et c’est pour ça que je suis à fond là-dedans. Installer des attractions interactives, plutôt que des posters.

As-tu un prochain projet sur le feu ? D’autres idées ?

L’interactivité. A Saint Luc, chaque fin d’année, il y a un jury. Pour ma première et deuxième, le sujet était de “visualiser le son”. L’objectif était de savoir ce que les vibrations sonores peuvent créer comme visuel. Il n’y a qu’à penser à l’expérience d’Ernst Chladni. Tu poses une plaque de métal sur une haut-parleur et il fera vibrer la plaque de métal. Tu mets du sable dessus et les vibrations vont faire des patterns de dingue.

Comme pour « High Ball Stepper » de Jack White.

Oui, exactement.

Encore une fois, c’est l’aléatoire qui joue.

Il intervient beaucoup moins. Selon la fréquence, les patterns diffèrent. C’est fou ! A ma deuxième année, j’ai utilisé un haut-parleur qui faisait vibrer un ballon où se trouvait un miroir. Un laser s’était projeté sur le miroir et était dévié sur le mur

Les Totally Spies !

Oui ! Des ronds parfaits apparaissaient sur certaines fréquences.

Utilises-tu de la gelée ou des liquides ?

On a fait ça avec de la maïzena, c’était drôle. Vu que mon copain a fait des formations d’ingénieur du son, il m’apporte tout le côté technique des sonorités. On applique un mix entre le son et le visuel. On vise à se rapprocher le plus possible de ce que nous montre la nature.

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Interview réalisée le 02/09/18, à Liège / Illustrations ©Lunatic

Valeero Interview

ABANDONED TO DANCE

Alors que l’on pouvait comparer les premiers morceaux de Valeero à du Queen of the Stone Age tout craché, « Charade » nous emmène vers un Ailleurs. Aux méthodes rigoureuses, ce groupe allie sons et images en adéquation à un rock dansant.
Entretien avec le chanteur, Antoine Litt.

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Y a-t-il un message particulier derrière le clip de « Charade » ?

Avec le réalisateur, Thomas Mancuso, on a discuté pendant longtemps du morceau avant de tourner quoi que ce soit. Le but était de laisser le spectateur un peu dans le flou, pour qu’il puisse se faire sa propre projection de la chanson et du personnage. Le clip est une non-intrigue comme dit Thomas, une sorte d’excuse à l’image.

David Lynch a déclaré que ce qui effraie le plus, ce n’est pas la réalité, mais ce qu’on imagine qu’elle cache.

Ça rejoint un peu ce que j’expliquais. Dans nos morceaux, nos paroles et nos images, on préfère ne pas tout dire et laisser la place à l’interprétation du public.

En termes d’images, quels sont vos objectifs ? Et qui sont vos modèles ?

Le but est simplement de produire des images qui collent bien avec notre son et qui le renforce. Il y a beaucoup d’échanges avec Sébastien Plumier, notre graphiste, avec qui on bosse depuis 10 ans. Il est un membre à part entière du groupe. Nos discussions tournent plus autour de thèmes, d’inspirations, de couleurs que de modèles. Je lui envoie des images ou des screenshots non-stop et quand on se voit on met tout en commun pour voir où ça peut nous mener. Pour le visuel de « Charade » par exemple, Seb nous avait fait pas mal de propositions, ça n’a pas été facile de choisir mais le résultat final est top !

Stany Ponitka joue toujours dans vos clips. Pourquoi l’avez-vous choisi ? Y a-t-il un fil conducteur entre chaque histoire de vos clips ?

Quand il a joué dans notre premier clip, on ne savait même pas qu’il serait aussi bon. Comme Sébastien, il comprend tellement bien l’ambiance que l’on cherche à dégager de nos morceaux qu’il ne faut pas lui expliquer longtemps.
Tourner avec d’autres acteurs nous a bien effleuré l’esprit, mais à chaque fois, il revient comme l’évidence. A la base, ce n’était pas notre volonté d’en faire un fil conducteur mais au final, pourquoi pas ! Le liant entre les clips, c’est plutôt une ambiance qui est propre au groupe, une façon de mettre en avant la track sans trop en dire.

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Qu’est-ce que vos nouveaux morceaux ont de différent par rapport aux anciens ?

Un côté dansant, une certaine légèreté. On tient à s’amuser en les enregistrant, et surtout en les jouant sur scène. On touche aussi à d’autres instruments et à des sonorités plus synthétiques. Les compositions sont travaillées en studio le plus tôt possible et pas juste à l’enregistrement, ça permet d’avoir plus de recul.

Comment s’est passé l’enregistrement de votre album ? Avez-vous une anecdote liée à l’enregistrement ?

Pour l’enregistrement de Sweet Abandon, le groupe a passé beaucoup de temps sur les détails, à peaufiner les paroles, les mélodies…
On voulait que tout soit parfait pour le premier EP de Valeero.
Avec Yannick Lemoine à la production, il nous a fallu 3 jours et 2 nuits en continu pour enregistrer les tracks de base en studio et 4 mois pour faire le reste, c’est-à-dire les voix, solos, ambiances… Aujourd’hui, la méthode de travail est un peu différente et nous marchons plus au feeling. Nous sommes toujours en quête de nouvelles sonorités et le fait de sortir les morceaux un par un nous permet d’expérimenter un peu plus loin à chaque fois.

Où avez-vous toujours rêvé de jouer ?

Dour, La caverne, samedi 22h30 par exemple… (rire)

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Interview faite le 27/11/18

TH da Freak Interview

TH DA FREAKENSTEIN !

Aux sonorités brutes et grasses, TH da Freak a tout de suite attiré mon regard ! Magnifier une distorsion musicale, réaliser des clips aux images saturées ou chanter des textes décomplexés, telles sont les forces de ces rockeurs.

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La scène rock de Bordeaux est vraiment particulière.

Il y a énormément de bons groupes rock à Bordeaux. On s’entraide pas mal entre nous. Les personnes qui organisent des concerts sont aussi très déterminées, si leur salles ferment, ils en ouvrent une autre dans la foulée.

En ce qui concerne vos clips, avez-vous envie de créer des vidéos à l’image de vos musiques, de renouer avec des clips réalisés à l’ancienne, ou de juste délirer ?

C’est juste une question de moyen et d’esthétisme. On n’a pas d’argent pour s’acheter une caméra de ouf, donc on a pris la vieille cam’ qui trainait. On aime bien aussi son rendu final car ça colle avec la musique qui est « à l’ancienne ».

Etait-il difficile de fonder votre propre label ? Que conseillez-vous aux artistes qui veulent faire de même ?

Notre collectif Flippin’ Freaks n’est pour l’instant qu’une association qui fait des soirées de concerts à Bordeaux. C’est vrai que nous avons déjà fait des co-productions avec des labels, tels que Howlin Banana ou Montagne Sacrée, pour la sortie de certains disques de groupes de notre collectif. Mais nous songeons à nous constituer en tant que label avec des sorties gérées de A à Z. Pour les artistes qui veulent faire de même, je leur conseillerais de commencer doucement avec des co-prods et surtout, d’être fiers de chaque sortie. S’ils veulent constituer un très bon label, il faut aussi démarcher la presse, les salles et faire marcher son réseau. Bref, il faut accompagner l’artiste qu’on signe, ce que pratiquement aucun petit label ne fait actuellement en France, faute de temps et de moyens, ce que je comprends.

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« I Was Such An Idiot » raconte l’histoire d’une personne qui se pose trop de questions ?

« I Was Such An Idiot » parle de quelqu’un qui voit clair après une période de flou.
Le mec se rend compte qu’il a été un peu débile d’avoir fait des choix stupides.
Il s’en veut mais c’est du passé. Maintenant ça va.

Et « Techno Bullshit » fait de la techno le Mal incarné ?

Non pas le Mal Incarné mais juste de la connerie et un peu du foutage de gueule.
La chanson traite de quelqu’un qui vient mettre un morceau de techno au milieu de la playlist rock que tu avais prévue avec tes copains passionnés de rock.

Si vous deviez choisir un seul album indémodable, lequel serait-ce ?

Mellow Gold de Beck car il y a de tout dedans. Sa musique est expérimentale bien qu’accessible à tout le monde. C’est pour moi la meilleure chose qu’on puisse faire en musique.

« Freak » signifie « monstre » en anglais. Quel monstre symbolise le plus votre groupe ?

La créature de Frankenstein car il est un peu couillon.

Une dernière question me turlupine beaucoup trop. Sur votre clip « Thick Head », on y lit en description que votre invité spécial est Christian Bolognaise. J’ai besoin de résoudre ce mystère. Qui est-il ?

L’homme le plus cool d’Andernos-les-Bains et le chanteur du groupe de grunge CHEAAP.

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Photos ©Raw Journey / Interview réalisée le 26/09/18

The Guru Guru Interview

Tout droit venu d’Hasselt, The Guru Guru est un incroyable groupe de rock ! Leur premier album se nomme PCHEW et se prononce comme un rayon laser.

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Pourriez-vous décrire l’image de la couverture votre album PCHEW ? Qu’est-ce que ça veut dire ?

C’est une photo de notre bassiste, Moreno. Sa mère poste des photos de lui comme ça sur Facebook. Notre batteur, Siemon, les trouvait drôles et les as gardées sur son ordinateur. Quand nous avons eu besoin d’une couverture pour l’album, Siemon a proposé cette image et l’accord fut unanime. L’expression et les sentiments qui ressortent de la photo sont les mêmes que ce que nous avons ressentis à la sortie de notre premier album.

Votre musique a un côté bipolaire. Dans vos morceaux, vos mélodies peuvent calmer comme exploser l’ouïe. Comment expliquez-vous cela ?

Notre guitariste, Jean, a démarré ce groupe inspiré par l’expression très limite, psychotique, extrême d’une imprévisible saute d’humeur. Je crois qu’on aime tout simplement l’énergie que le contraste peut amener.

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Y a-t-il des musiciens de Ampersand Music avec qui vous aimeriez collaborer ?

En fait, nous avons collaboré avec Brutus en 2015. Nous avons fait des super split avec eux, avons partagé nos chansons et avons fait une interprétation de ‘Troy’ de Sinnead o’Connor. Les collaborations peuvent être une grande source d’inspiration. Ça élargit les zones de confort et chacun y apprend. Nous espérons en faire plus dans le futur.

Quel est votre plus grand rêve en tant que musiciens ?

Peut-être que des petits rêves sont plus satisfaisants ? Un bus de tournée plus grand serait pas mal.

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Photos ©Kay Lacombe – Arctangent, Bristol

Sale Gosse Interview

RIEN N’EST REVOLU !

Sale Gosse ravive un feu punk qui était nécessaire en nos terres belges. Ce trio familial jouait à La Zone, où tout leur talent de musicien s’était déchaîné. Intervertissant leurs rôles sur scène, le show était puissant. DRAMA les rencontre pour discuter rock, Liège, famille et désordre !

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Sacralisez-vous Iggy Pop ? Si oui, pourquoi ?

Maman : J’ai très vite été séduite par Iggy Pop quand j’étais jeune à Lille. C’était un de mes premiers concerts et j’étais fascinée. Je ne m’attendais pas à ce qu’il déballe tout le matos. J’adore Iggy Pop et je suis contente qu’il soit encore vivant.

Surtout après tout ce qu’il a pris.

Randa : Oui c’est ça. Les autres sont tous tombés comme des mouches mais lui est encore là.

Maman : J’étais beaucoup plus fan des Stooges à l’époque mais ce qu’il a fait à côté, dont ses collaborations, je trouve ça fun.

J’ai écouté l’album Pop Post Depression où il joue avec Josh Homme et j’ai trouvé la fusion des deux géniale.

Randa : Et n’oublions pas aussi sa collaboration avec Michel Houellebecq.

Maman : Et Peaches, B-52’s, David Bowie et même avec Catherine Ringer des Rita Mitsouko.

Est-ce que vous aspirez à être comme lui ou vous vous en foutez complètement ?

Maman : Nan, nan.

Randa : Il fait du tai-chi, je fais du yoga donc la ressemblance s’arrête là.

(rire)

Quel est le truc le plus rock que vous ayez fait ?

Randa : Moi j’ai été au lit hier soir sans me brosser les dents.

(rire)

Maman : Le premier concert que j’ai fait avec mon groupe de filles quand j’avais 20 ans. J’ai fini à l’hôpital parce que j’avais glissé à cause de chaussures à la con qui ne m’aidaient pas à marcher. Je m’étais faite très mal.

Ah la maladresse.

Maman : C’était rock and roll.

Lino : Le groupe dans lequel je suis est je pense la chose la plus rock and roll que je fais.

Randa : Prendre un instrument et faire de la musique, c’est déjà rock and roll en soit. Ca dépend aussi de ton milieu, ton âge, ton genre et ta famille. Mais rien que le fait de se dire qu’on veut faire de la musique, c’est un acte rock.

Maman : Finalement, en ce qui nous concerne, la création du groupe est vraiment le truc le plus rock.

Randa : Malgré les impossibilités ou improbabilités.

Aviez-vous déjà fait de la musique avant Sale Gosse ?

Maman : Avec mon fils Lino on était dans groupe nommé Me And My Fucking Mum.

(rire)

Maman : On a 15 ans de différence tous les trois et continuer à jouer ensemble reste un bel exploit.

Randa : Au sinon, samedi passé j’ai craché de la bière sur Animal Youth et c’était bien rock.

Ils vont se venger.

Maman : Nan, ils sont cool.

Quels sont les avantages et inconvénients de faire de la musique en famille ?

Lino : L’avantage c’est qu’on se connaît déjà de base.

Maman : Qui a envie de jouer avec sa mère ?

Tout dépend à quel type de mère on s’adresse.

Randa : L’avantage c’est d’être tombé sur une famille existante vu j’ai été adoptée.

C’est une belle image d’un groupe.

Maman : Oui. Je pense que ce sera de plus en plus à la mode. Parfois, des personnes après nos concerts viennent nous trouver pour nous dire qu’elles aussi jouent avec des membres de leurs familles. Mais elles n’ont pas passé le cap, et nous on l’a fait.

Quel cap ?

Maman : Celui d’aboutir à former un groupe et de faire vraiment de la musique dans les règles de l’Art. J’ai commencé avec Lino dans Me And My Fucking Mom, puis il voulait que je le lâche jusqu’au moment où il a craqué dès l’arrivée de Randa dans la famille.

Pourriez-vous me décrire Luik Records et l’apport de ce label après y avoir signé?

Randa : On n’a rien calculé. Au début, on avait fait une démo de 3 titres qu’on jouait dans des bars. Elle était aussi postée sur Soundcloud. Quelques jours plus tard, Damien Aresta, avec qui j’avais déjà bossé par le passé, me contacte pour signer sur Luik Records. Il nous a trouvé des dates , dont une tournée en France, et apporté une aide pour l’enregistrement d’un EP.

Maman : Il a fait le papa.

Ordre ou désordre ?

Maman : Désordre. Putain c’est vaste le désordre. Je suis une fille assez désordonnée. Rien que l’endroit où l’on répète est un amoncellement de plusieurs choses. C’est tout petit chez moi et c’est toujours le bordel.

Lino : Je choisi « désordre ». J’aime surtout un désordre où j’arrive quand même à m’y retrouver. Appelons cela « un désordre ordonné ».

Randa : Ordre. Je suis passé par la case « désordre » et c’est casse-tête. Maintenant je suis obligée de choisir l’ordre malgré moi. Il le faut pour me simplifier la vie. L’ordre mène à une énorme tranquillité. Il t’arrive tellement de merdes au quotidien que si on devait choisir le « désordre », ce serait encore pire. C’est en cultivant un minimum d’ordre que tu arriveras à bien naviguer d’une manière ou d’une autre.

Maman : J’ajouterai que le rock and roll est parfois désordonné.

Si vous jouez comme des pros, vous serez ordonnés.

Randa : Ouais mais tu ne nous as pas encore vu.

(rire)

Randa : On en reparlera après le set.


The Beatles ou The Rolling Stones ?

Lino : Beatles. Tout est une question d’affinité. J’ai toujours été attiré par eux. J’aime leurs compositions même si leurs paroles ne sont pas toujours très recherchées. J’ai toujours trouvé les Beatles plus intéressants que les Stones.

Randa : Stones. J’aime leur coté sex-appeals même si ce sont des Anglais qui ont copié le style de musique des afro-américains. J’aime leur ambiance bluesy.

Maman : Je dirai les deux. Je suis la plus vieille et j’ai connu les deux.

Les as-tu vu en concert ?

Maman : Non pas du tout. A choisir, j’aurais vraiment voulu voir les Beatles. Quant aux Stones, quand j’avais vu à la télévision Keith Richard taper un fan avec sa gratte parce qu’il montait sur scène, j’avais trouvé ça dégueulasse.

Nirvana ou Guns N’Roses ?

Maman : Nirvana.

Lino : Nirvana.

Randa : Guns N’Roses !

(rire)

Randa : Je vote les Guns juste pour Axl Rose car c’est un sketch ce mec.

Lino : Et Kurt Cobain n’est pas un sketch.

Randa : Nan mais Kurt Cobain c’est autre chose. J’ai grandi avec MTV qui diffusait les deux groupes mais j’ai plus de souvenirs colorés et comiques d’Axl Rose. Il a quand même réussi à séduire Stephanie Seymour.

Lino : Mais ça on s’en fout.

(rire)

Maman : J’ai commencé la musique dans les années 90 avec une Américaine qui avait amené tout ce bagage grunge chez moi, en Lorraine. Je trouvais ça génial. Les Guns N’Roses sont trop surfaits pour moi.

J’ai l’impression que Nirvana s’était fait dépassé par leur succès. Est-ce que vous pensez que vous perdriez les pédales si le succès vous dépassait ?

Lino : Si on atteignait le même succès qu’eux, on deviendrait dingue.

Randa : Je pense qu’il faut remettre les choses dans leurs contextes. A l’époque, l’effervescence du rock indépendant et du rock grunge avait formé tout un mouvement récupéré par le mainstream. Aujourd’hui, ça ne nous arrivera pas parce que si on voulait que le succès nous rattrape, on ferait du rap. En ce qui concerne les succès à grande échelle, le rock est devenu démodé.

Maman : Pas en famille.

Randa : On restera dans une espèce de niche et ce n’est pas plus mal.

Maman : De toute façon, c’est chiant d’être connu.

Randa : Même si avoir son Tour Bus… C’est quand même la classe.

Bruxelles ou Liège ?

Maman : Bruxelles !

Lino : Bruxelles. J’ai toujours vécu là-bas. Même si Liège est très cool. J’ai toujours apprécié les moments où j’y étais.

Qu’aimez-vous le plus à Liège ?

Randa : Je trouve que les Liégeois sont les gens les plus méditerranéens de toute la Belgique. Il y a un vrai laisser-aller ici.

Maman : Je suis née à Dunkerque et Liège me rappelle vachement l’ambiance chez les Ch’tis. Les gens sont simples et hyper humains.

Randa : Rien qu’au marché de Noël liégeois, j’étais stupéfaite de voir à quel point les gens transpiraient la bonne humeur. A Bruxelles, ce n’est pas pareil. Les Liégeois sont plus accueillants. Cependant, mon cœur reste attaché à Bruxelles parce que c’est ma ville et que je l’adore.

Grande salle ou petite salle de concert ?

Lino : Petite !

Randa : On a déjà joué dans une douche, devant 10 personnes, et c’était un de nos meilleurs putain de concert. C’était génial.

Comment est-ce que c’était de jouer au Reflektor ?

Lino : J’avais bien aimé.

Randa : Je trouve que ce n’était pas un des meilleurs qu’on ait fait. On jouait avec Monolithe Noir ce soir-là. Cette soirée était organisée par Luik Records et on s’est retrouvé avec Monolithe Noir sur l’affiche, un artiste à l’opposé total de notre style de musique. A cause de cette énorme différence, il n’y avait pas beaucoup de gens.

Jouer en studio ou en live ?

Lino : Jouer en live.

Randa : Live.

Maman : Live.

Randa : Le studio c’est chouette mais ce n’est pas pareil. Les deux sont très chouettes.

Où naissent vos chansons ?

Randa : A la maison. Ta journée en studio peut te coûter 400 balles voir plus et c’est sûr qu’on n’est pas les Rolling Stones qui dormaient dans leurs studios, en fêtant et travaillant jour et nuit. C’était un vrai espace de création pour eux. Aujourd’hui, vu les prix, on a intérêt à avoir terminé le morceau avant de rentrer chez soi.

C’était une autre époque.

Randa : Ouais… L’âge d’or est loin derrière nous.

Maman : Mais faire du rock and roll est encore possible même avec très peu de choses. Notre studio est fait de briques et de broc, 10 mètres carrés d’instruments.

Randa : C’est rudimentaire.

Dormez-vous sur vos instruments ?

Lino : Exactement.

Randa : Maman oui. Elle se réveille le matin avec des amplis sur la face.

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DRAMA
Interview faite le 21/11/17
Photos ©Alexis Docquier – La Zone, Liège

Bagarre Interview

LE CLUB

Bagarre sort du lot avec des textes à la fois simples, efficaces et surréalistes, ornementés d’une instru directe et frontale. DRAMA reçoit l’aide de Pauline Wathelet pour une interview centrée autour d’un des groupes français des plus extravertis !

Est-ce que vous pensez qu’une petite bagarre vaut mieux qu’un dialogue parfois ?

Le dialogue ? On ne connaît pas… En fait, plus sérieusement, il n’y a pas de petites bagarres. Nous, on passe notre temps à mener des bagarres avant tout contre nos blocages, ou ce qui nous coince dans nos vies. C’est ce qu’on essaye de faire aussi musicalement, en faisant s’entrechoquer différentes influences musicales très variées, en donnant la liberté de les faire dialoguer entre elles, les mélanger. C’est en zonant sur SoundCloud qu’on est aussi arrivé à composer comme cela, en allant chercher plein de musiques différentes. Aujourd’hui, il n’y a plus vraiment de frontières, on peut vraiment tout écouter. Internet est super inspirant pour nous, même central dans notre processus créatif où on va chercher des influences très variées et parfois assez underground, de la ghetto house à la funk. Avec le temps qu’on passe aussi devant des écrans et la façon dont on communique avec les gens, Internet a pris une place de fou dans nos vies, dans nos intimités, et ça donne aussi envie d’en parler dans nos chansons. Il y a un morceau dans notre album CLUB 12345 qui s’appelle « La Vie C Nul » et qui parle d’un mec qui reste devant son ordi et tombe amoureux d’une X CAM par exemple. C’est aussi un lieu assez libre où la parole se libère ou se lâche, où il y a autant de dialogues improbables que de clashs à la con…

Le look semble important dans vos clips. Suivez-vous une mode ou un styliste en particulier ?

Ouais être bien sapé, avec nos chaînes, nos survets, c’est important pour nous. Déjà parce que c’est grave cool et aussi parce que dans Bagarre, on devient autre chose que ce qu’on est. On s’invente tous les cinq : c’est pour ça qu’on a créé ce lieu qu’est le CLUB 12345, où l’on projette toutes nos envies, nos fantasmes et nos pseudos. Tout ça nous permet d’être réellement nos personnages, de dire certaines choses qu’on n’oserait pas dire, de faire des choses qu’on n’oserait pas faire.

Quel est l’album français qui vous a le plus marqué l’esprit ?

Notre playlist sur Youtube ! On écoute plus vraiment d’album en entier. La musique qu’on fait est vraiment composite… Comme la façon dont ton écoute la musique, track par track, avec plein de trucs différents.

La chanson « Béton Armé » fait référence aux attentats du Bataclan et à l’état d’urgence que vit la France depuis ?

Clairement. Il y a eu après les années 2015 et 2016, une envie de faire retour sur ce qu’on avait vécu. C’est vrai que les attentats du 13 novembre ont vraiment eu lieu là où on habite, dans notre quartier, là où on passe tous les jours. On avait envie, besoin de parler de ce qui s’était passé, des attentats de janvier 2015, puis de novembre, puis de Nice… Quand on a commencé à écrire l’album à l’été 2016, on a beaucoup parlé de ces événements, alors on a voulu l’évoquer dans nos chansons, et être capable d’en dire quelque chose. On a essayé de se saisir de ce moment où tout est un flou dans ta tête, ou bien trop dense. Ce moment où les images et les mots s’enchaînent et tu comprends pas vraiment ce qu’il se passe, ou ce qu’il va se passer. C’est un peu cet état là qu’évoque « Béton Armé », tout en étant toujours tourné vers la danse, comme une réponse première à la noirceur.

Comment définiriez la ville de Paris ? Elle a une place assez particulière dans vos chansons. Paris danse entre mélancolie et fête pour vous ?

Paris est une inspiration permanente, par sa brutalité, la solitude qu’elle implique, son mouvement. C’était le thème de « Ris Pas » sur notre EP Musique De Club. Mais Paris nous inspire surtout l’inverse. La ville pousse aussi les gens les uns sur les autres au bon sens du terme, et le club, que ce soit un appartement avec des potes, un bar bondé, un hangar à Bobigny ou une vrai boîte, c’est toi qui le crée, c’est où tu veux. C’est une réponse à la semaine comme la nuit libre est une réponse à la journée. C’est le moment où tu te sens libre d’être plus toi, de casser des barrières. Le Club est un lieu de contact, où se crée vraiment des liens, dans la nuit, dans les basses. Où l’on va pour des raisons qui sont à la fois les mêmes et différentes pour tout le monde. C’est là où tu vas vivre plus fort. Et nous, en tant que groupe c’est vrai que depuis quelques années on a pu grâce à des collectifs comme nos potes Fils de Vénus (ou plein d’autres) voir la nuit changer : on voit des groupes lives à 2h du mat’, c’est moins cher. La nuit est vachement plus diverse et ouverte qu’avant et c’est trop bien !

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DRAMA et Pauline Wathelet
Interview faite le 13/02/18

Soldout Interview

PLUS FIN QUE JAMAIS

Soldout, duo belge composé de Charlotte Maison et de David Baboulis, évoluant d’album en album vers un style électro très épuré et enflammant toute piste de danse.
DRAMA, fan du groupe depuis l’enfance, s’adresse à Charlotte afin de discuter Forever, Blade Runner, Goose ou défi musical.

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Quel est la différence majeure entre le Soldout du premier album comparé à celui de maintenant ?

On a évidemment beaucoup évolué au long de ces 5 albums. Notre premier album est sorti en 2004, donc ça fait longtemps, c’était le tout début, on l’a écrit plus vite, il a un côté plus jeune, donc plus simple et un peu plus rock. Beaucoup de gens nous parlaient d’un côté un peu punk à ce moment-là. Maintenant, on est plus dans la finesse de la production, ça nous intéresse d’expérimenter, donc au fil des années, on a plus travaillé la mélodie, et la production du son.

Avant la sortie de Forever, avez-vous trouvé de nouveaux plaisirs à jouer avec des machines pour créer des sons ?

Oui, on essaie de changer un peu de synthés à chaque fois. La technologie avance très vite, donc sur ordinateurs il y a des nouveautés chaque année. On essaie de rester à jour, et d’expérimenter avec ce qu’il y a de neuf, même si on utilise toujours des grand synthés classiques, comme le Minimoog, le Korg Ms20, et le SH 101.

Comment s’est passée votre collaboration avec Goose ?

Ca s’est passé très simplement. On se connaissait un peu, on savait qu’on s’appréciait mutuellement, donc on les a contacté pour faire un titre ensemble. On leur a envoyé plusieurs démos, et ils ont flashé sur la démo de « Do It Again ». La ligne de basse était déjà là, mais il manquait tout le reste. On est allé deux jours entiers dans leur studio à Courtrai, à triturer des synthés, à tester des sons, des accords. Il sont très bons, et jouent pleins d’instruments, donc c’est cool pour nous de voir comment un autre groupe fonctionne. J’ai testé des voix sur place, puis on est rentré chez nous à Bruxelles avec toute la matière sur un disque dur. Il a fallu encore pas mal de temps à David pour tout trier, choisir les sons, faire un structure logique avec tout ce qu’on avait fait. En quelques semaines, il leur a envoyé le résultat, et ils étaient emballés.

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Comment s’est passée votre tournée en Chine et quel en est votre meilleur souvenir ?

L’accueil du public! Ils ne nous connaissaient pas, mais ils étaient à fond dans la musique, et on a pu parler avec certains après les concerts. On adore jouer devant un nouveau public, dans des petites salles, dans des pays lointains. Nos meilleurs souvenirs sont sans doute les concerts à Xiamen, et Chongqing. Chongqing est une ville énorme de 20 millions d’habitants, on avait l’impression d’être dans
Blade Runner… Et vu qu’on est assez fans de science-fiction, c’est clair que là-bas, les paysages urbains étaient vraiment incroyables à voir. Xiamen est un ville côtière, dans le Sud, c’était plus chill là-bas. Il faisait beau, c’était plus « une ambiance relax », totalement l’opposé de Chongqing! Mais on a adoré ces deux côtés très contrastés de la Chine.

Blade Runner 2049 est sorti au cinéma cette année, ce qui nous rappelle l’énorme influence qu’a eu Vangelis sur la musique électro. Est-ce qu’il en va de même pour votre musique ? Si votre réponse est non, y a-t-il un autre artiste qui vous a beaucoup influencé ?

Ah ben c’est drôle, j’ai cité Blade Runner dans la question précédente, sans savoir que tu allais en parler. David a beaucoup écouté Vangelis,  il a aussi écouté Klaus Schulze, The Orb, mais aussi Front 242, et bien-sûr, Depeche Mode. Je pense que l’influence de tous ces groupes est claire dans notre musique, même si notre dernier album Forever sonne un peu moins 80s. Moi je suis un peu plus jeune, donc je suis plus années 90, j’ai écouté PJ Harvey, Catpower, No Doubt, Madonna, et des groupes plus instrumentaux comme Mogwai et Sigur Rós. Aujourd’hui, on écoute vraiment de tous les styles de musique, mais moi j’ai quand même une petite préférence pour ce qui est un peu dark 🙂

Y avait-il un défi particulier à relever pour ce nouvel album ?

Le défi est toujours le même, ne pas se répéter et toujours avoir envie. On est content du résultat. Ce n’est pas facile de se retrouver devant une page blanche, il y a toujours un moment où on risque de commencer à tourner en rond. Je pense qu’à ce moment-là, on aura envie d’autre chose.

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DRAMA
Interview faite le 15/01/18
Photos ©Dominique Houcmant/Goldo – Reflektor, 30/03/17

Dead Sullivan Interview

YouTube, c’est merveilleux. De nos jours, la musique n’a aucune frontière. Drama découvre Dead Sullivan sur le média incontournable. Lorsqu’il écoute le groupe pour la première fois, il fut tellement détendu. Leur ambiance lui rappelait les sons d’Elliott Smith. C’est peu dire !

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Avez-vous appelé votre album Imbecile en référence au sentiment d’être un idiot quand on est amoureux ?

Ça devrait être en référence à se sentir comme un idiot, pas forcément à être amoureux, mais plutôt pour toute sorte de relations. C’était à l’origine le nom du deuxième morceau de l’album. Mais quand j’ai créé la couverture et que j’ai écrit imbecile sur sa tête, je me suis dit que ça marchait mieux parce que beaucoup des chansons partagent une atmosphère lyrique similaire, étant surtout à propos des relations avec les gens qu’on a autour de nous et comment parfois, ils nous font se sentir idiots.

J’ai remarqué des atmosphères intimes et douces dans vos morceaux. Comment et où composez-vous ?

Je fais tous les enregistrements dans ma propre chambre, du coup, il y a beaucoup de bruits ajoutés par inadvertances, mais ça rajoute une texture à la musique que j’aime bien. J’ai aussi un chien qui ronfle très fort donc si vous écoutez attentivement vous pourrez peut-être l’entendre ronfler, ou m’entendre lui dire de la fermer. La majorité de la musique que j’écoute est plutôt lofi alors je n’ai jamais eu l’impression que c’était fatalement nécessaire d’avoir un équipement d’une grande qualité pour faire de la bonne musique. J’essaie toujours de rendre mes morceaux aussi bons que possible, mais je travaille mieux dans mon propre espace donc je trouve l’ambiance bienvenue.

Quelles sont les plus belles choses pour un musicien qui vient du Texas ?

Je suis né à Dallas et j’ai vécu au Texas toute ma vie alors je ne connais pas grand-chose d’autre. Mais Dead Sullivan a récemment fait une tournée à travers l’Arkansas et le Tennessee. J’ai eu l’occasion de rester dans quelques maisons montagnardes, alors c’est vrai que j’aurais bien voulu qu’il y ait plus de montagnes ici aussi. Mais j’aime toujours vivre au Texas même si ça devient extrêmement chaud parfois. À Denton, il y a aussi une bonne scène DIY (électro artisanale) pour la musique, ce qui est une belle qualité de l’endroit où je vis parce qu’il y a beaucoup d’opportunités pour regarder ou faire des spectacles.

J’aimerais savoir. Tu as sûrement que tu qualifies de meilleur album de 2017.

Je me suis récemment intéressé au groupe Slint et à leur album Spiderland. J’aime l’intensité de leur musique émotionnelle et instrumentale. Elle est très unique. J’écoute souvent de la musique plus lente et douce. Je suis content d’avoir trouvé quelque chose de plus lourd qui me plaise. J’admire vraiment Dave Pajo, le guitariste de Slint, et tous ses projets complémentaires.

Est-ce que la musique est un remède à tout dans ta vie ?

Non je ne pense pas qu’il y ait un remède à tout mais c’est agréable de faire quelque chose et d’en être fier. L’art a tendance à rester une distraction saine ou un hobby pour beaucoup de gens. Mais si tu t’y prends sérieusement et si travailles dur, ça commence à développer un sens plus profond pour toi et, espérons-le, pour les autres. Ce qui motive le plus, ce qui donne le plus envie de continuer, est de savoir qu’il y a des gens là, ayant la volonté de t’écouter, de te supporter.

Quel est ton endroit de rêve pour faire un grand concert ?

Nous n’avons pas eu l’occasion de jouer au-delà du Sud. Ce serait super de voyager et de jouer plus dans le Nord-Est. On a surtout fait des spectacles intérieurs et je pense qu’on apprécie vraiment tout endroit où les gens sont juste heureux d’écouter des concerts.


DRAMA – Interview réalisée le 21/01/18

Ali Danel Interview

LA POESIE IMPLIQUE L’ENGAGEMENT

Depuis la découverte d’Ali Danel via le clip de « Petite Fourmi », DRAMA suit avec grand intérêt les productions de cet artiste français. Car oui, ça fait du bien d’écouter des paroles françaises, des sons exotiques et des chansons engagées !

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Qu’est-ce qui tu aimes le plus en musique ?

Dans la musique, j’aime la rencontre, le partage, la différence. On commence par monter un groupe de potes, ça noue des liens et ça pousse tout le monde vers le haut. Ensuite on rencontre des organisa.teurs.trices de concerts, des technicien.ne.s, un public, et d’autres artistes, tou.te.s uniques. Quand on pense que tout ce monde a fait en sorte qu’un concert soit possible, on se dit quelle chance, quelle richesse, il faut le rendre et tenter de saisir toutes les opportunités de rencontres qui se présentent.

Peux-tu nous expliquer les démarches premières et la construction de la mixtape Alpha Centuri ?

En novembre 2016, j’avais envie de fouiner dans ce que mon ami Winston B avait pu composer depuis quelques années. Je voulais écrire des textes sur sa musique pour changer d’univers sonore le temps d’une mixtape. L’univers de Winston est plutôt sombre et froid, comme le mois de novembre, je me sentais inspiré par un voyage cosmique.
Le mois suivant, j’ai composé et produit « Révélations » et « Ecocide » de mon côté.
On a laissé reposer nos compositions, dont certaines de Winston sont restées instrumentales, car la musique en dit parfois suffisamment.
On s’est repenché sur la question début d’été 2017, pendant un road trip musical dans le sud-est de la France, Winston étant également mon percussionniste depuis des années. Dans l’optique de publier la mixtape avec la Souterraine, on s’est dit qu’il serait sympa de reprendre un titre déjà publié par le non-label. J’ai alors suggéré « L’ADN des derniers » de Hello Kurt à Winston, et trois jours plus tard il avait produit un cover étonnant. Je l’ai écouté en boucle durant mon vol pour la Martinique, j’avais l’impression d’être dans un vaisseau spatial de survivants privilégiés qui quittaient la Terre pendant l’apocalypse.

Penses-tu que l’alliage entre images et sons (le clip de « Ecocide ») reste un des moyens les plus efficaces pour sensibiliser les personnes à l’écologie ?

Le clip de « Ecocide » a été tourné dans ma Picardie natale, sur une route que je parcours plusieurs fois par semaine, que ce soit en direction du Havre, de Lille, d’Amiens, ou de la Belgique. J’avais ces images très familières en tête lorsque m’est venue la chanson, alors ça a été tout naturel de tourner le clip comme je l’ai fait avec les frères Fournaise, de vieux amis picards également.
Je ne suis pas juge de ma production, je pense tout de même qu’il doit y avoir une certaine efficacité dans le fait d’écrire des textes aussi concis et de produire un clip autant épuré, mais je ne sais pas si le message d’ensemble est autant efficace qu’un message d’une ONG ou du ministère de l’écologie. J’espère que non, parce que sinon on n’est pas rendus. Mais justement, je ne suis pas ministre, je suis artiste, alors mon rôle est d’abord poétique. La poésie implique l’engagement, sinon je n’y vois pas d’intérêt, mais il y a aussi une dimension esthétique et une volonté de surprendre, voire de séduire dans la formulation. Je veux aborder des sujets importants et graves sans faire fuir mon auditoire. Un peu de légèreté et de subtilité s’imposent donc.

Est-ce que tu n’as jamais pensé faire un album entier en interprétant des poèmes d’autres auteurs ?

Oui j’ai pensé à sortir un EP dédié à Paul Eluard ! Mais finalement, les ambiances musicales sont trop différentes d’un poème à l’autre, alors je compte disséminer mes arrangements dans des mixtapes à venir pour donner une continuité entre mes opus. Et puis d’autres poètes, pourquoi pas, par la suite.
J’avoue que c’est aussi très amusant de reprendre des chansons publiées par la Souterraine, car on y trouve de véritables pépites, et je peux surprendre les artistes que je reprends, provoquer la rencontre voire la collaboration, et avoir des retours de leurs parts.

Si tu savais que tu devrais vivre exilé, sur une île déserte, quels seraient les 3 albums que tu emporterais avec toi ?

Sur une île déserte, j’emporterai probablement Mes Mauvaises Fréquentations de Philippe Katerine, je le considère que l’un des plus beaux albums de chanson française. J’emporterai aussi Dog House Music de Seasick Steve, j’ai l’impression que le blues n’a jamais aussi bien sonné qu’avec la production très roots de cet album. Pour finir, je dirais Out Among the Stars, parce que j’adore Johnny Cash et qu’il aurait fallu en choisir un. Et puis sur une île déserte, j’aurais envie de chanter, or j’ai la tessiture de Cash, mais pas du tout celle de Katerine.

Que peux-tu nous dire sur tes futurs projets ?

J’ai une mixtape en cours d’autoproduction. Je pensais avoir terminé avec mes parties guitares, banjo, basse, chant et les percussions, ainsi que les congas, shakers, djembé que mon frère Cl3mson a jouées durant son dernier séjour en métropole. Mais ça manque peut-être un peu de cuivres et de nappes discrètes, alors j’envoie les projets garageband à Cl3mson qui vit en Martinique en espérant qu’il va bien s’amuser.
Jean-Michel Fessol, le dessinateur qui a réalisé l’artwork de ma mixtape
Ali Danel et ses ami.e.s travaille actuellement sur ce second opus, aux teintes plus folk et bluegrass, qui s’appellera Ali Danel en Liberté.
Je prévoie également de produire une œuvre qui reprend par la suite la démarche de
Alpha Centauri dans la thématique. Ça pourrait être un moyen-métrage d’animation musical ou rester simplement sonore, mais on sera directement plongé dans les problématiques de survivants de la Terre qui cherchent une nouvelle planète…

DRAMA
Interview faite le 06/01/18

Young Theory Interview

NOT JUST A SIMPLE THEORY

Les 5 jeunes membres de Young Theory se sont délivrés un soir, avant leur concert dans un bar liégeois, pour un entretien 200% JCCLM. Participant à une agréable ambiance, voici de quoi mieux connaître leurs visions de la musique.

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Comment choisissez-vous les morceaux que vous reprenez, quels sont leurs critères ?

Christopher : C’est souvent une personne qui les propose. On passe à des votes et la chanson qui a le plus de votes est choisie.

Ne faites-vous pas des choix par rapport aux chansons qui fonctionnent le plus en ce moment ?

Kelly : Nan pas vraiment. (rire)

Anil : On reprend aussi du Noir Désir et je ne crois pas que ça passe sur NRJ. (rire)

Camille : On reprend aussi des vieux morceaux, on n’interprète pas seulement ceux qui viennent à peine de sortir.

Simon : C’est souvent des chansons qui donnent bien envie de bouger quand on les écoute.

Camille : Ce n’est pas faux mais ça dépend aussi des goûts des personnes.

Kelly : On a tous des styles différents, ce qui fait qu’on a tendance à proposer à chaque fois des morceaux différents. On arrive à y trouver tout de même notre confort.

N’y a-t-il pas un morceaux qui vous déplaît plus qu’un autre ?

Kelly : En général, s’il y a un membre du groupe qui n’aime pas une chanson, on fait toujours en sorte de la jouer à notre sauce.

Christopher : Personnellement, je ne connaissais pas la plupart de nos morceaux. J’écoute beaucoup plus de rap, mais avec eux, j’ai changé. (rire)

N’y a-t-il pas plus de pression lorsqu’on reprend des chansons, car si
on la foire en live, on néglige aussi l’image d’autres artistes.

Kelly : Si jamais on modifie un morceaux à notre façon, on ne va pas le bâcler vite fait. On essaye toujours de construire correctement ce que l’on veut jouer. Si les gens qui nous écoutent sont hyper puristes, il pourrait arriver qu’ils soient dérangés par nos manières de faire des reprises. Cela reste du domaine des goûts de chacun.

Etes-vous déjà tombés sur ce genre de personnes ?

Kelly : Jamais. Pas encore.

Simon : Ce que la plupart des gens retiennent de nos concerts, ce ne sont pas vraiment les qualités des chansons. Quand je sais que tel groupe reprend telle chanson à l’identique, je trouve que c’est tout de suite moins amusant.

Camille : C’est sûr que ça en devient décevant. On n’a pas la prétention de faire la même chose que l’artiste ou le groupe que l’on reprend. Plusieurs de nos versions proposent des changements, ne serait-ce qu’au niveau des instruments.

Kelly : D’habitude, les commentaires que l’on a en retour, après nos concerts, dévoilent que ce que l’on fait est chouette et que l’on s’éloigne des chansons originales. Ces remarques représentent plus une force qu’une faiblesse.

Etes-vous des perfectionnistes ou pas du tout ?

Kelly : On essaye de jouer les chansons du mieux que l’on peut.

Anil : On garde une structure et de là, chacun apporte sa petite touche.

Quelle est la chose que vous préférez une fois sur scène ?

Kelly : Ah c’est une bonne question. Au fur et à mesure de nos concerts, en voyant les gens participer et en devinant qu’ils aimaient ce que l’on jouait, un effet particulier apparaissait et me faisait plaisir.

Camille : Je pense pareillement.

Kelly : La complicité entre nous est également géniale. Je trouve cela incroyable de pouvoir partager ce que l’on aime avec ses amis.

Camille : J’ai le même avis là-dessus. Au départ, on ne se connaissait pas trop. Maintenant, on communique de plus en plus sur scène. La joie est la même lorsqu’on s’aperçoit que notre énergie se transmet à ceux qui viennent à nos concerts. C’est toujours agréable d’avoir un public qui réagit devant nous.

Christopher : Ce que j’aime bien, c’est de m’amuser et de voir aussi les autres s’amuser.

C’est un plaisir partagé.

Kelly : Exactement.

Simon : J’adore jouer sur scène avec eux et partager le plus possible ce que l’on sait faire.

Avez-vous des modèles en musique que vous aimeriez bien dépasser ?

Kelly : Dépasser ?

Anil : Ce serait déjà bien de les égaler. (rire)

Kelly : C’est déjà difficile de les égaler.

Camille : Je ne pense pas. On a déjà tous nos goûts particuliers. On n’a pas de groupe modèle.

Kelly : Je ne pense pas que les artistes soient comparables. On a tous notre personnalité.

N’existe-t-il pas un artiste qui vous bluffe à chaque fois ?

Anil : Etant violoniste, je suis très fan du violoniste de Clean Bandit. J’étais choqué devant sa façon de jouer, c’était mon Dieu… (rire)

Anil : En gros, vu qu’il n’y a pas beaucoup de violonistes dans les groupes pop rock, j’ai tout de suite accroché et je voulais jouer comme lui et donner de belles choses à notre groupe par la suite.

Kelly : Je ne crois vraiment pas qu’il y a un artiste qu’on arrivera à égaler ou même dépasser.

Camille : Ca c’est sûr.

Kelly : Les artistes rock m’impressionnent beaucoup plus que les autres. Chacun aime le style qu’il veut.

Au final, cette volonté de dépasser ou égaler une personne n’est pas le plus important.

Kelly : Oui. Pour nous, ce n’est pas du tout le plus important.

Anil : On n’y avait jamais pensé.

Avez-vous composé des morceaux qui vous appartiennent ?

Kelly : On en a déjà un de bouclé. On en a d’autres en préparation.

Avez-vous déjà une date de sortie pour votre nouvel album ?

Kelly : Pour le moment, il n’y a rien de concret.

Simon : On attend d’abord d’être tous réunis.

Kelly : Notre pianiste est en Erasmus.

Camille : Notre guitariste remplace notre pianiste. Anil va aussi partir en Erasmus mais heureusement notre guitariste reste avec nous.

Il est multi-fonction en fait.

(rire)

N’avez-vous pas des mots aguicheurs pour décrire vos nouvelles chansons ?

Kelly : « Original ».

Original ?! Wo.

Christopher : Moi je dirai « magique ».

Anil : Je suis d’accord, le mot « magique » convient bien. En un autre mot, « émotion ». Ce n’est pas comparable à de bêtes chansons qui contiennent une répétition exagérée du mot « baby ».

Camille : Je ne sais pas trop. « Etrange » ou « mystérieux » pour l’ambiance générale des morceaux.

Simon : Je n’étais pas là pour les compositions, du coup, je pense sérieusement que « original » colle avec nos reprises.

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DRAMA
Interview faite le 25/11/17
Photos ©DRAMA (prises au Tikis B’Art, le 25/11/17)