Film

His House

Nous sommes à Londres, dans un centre de demandeur d’asile. Bol et Rial font face à 3 personnes. Ces dernières leur annoncent que l’Etat leur octroie un habitat. Un sourire et des rires de soulagement transparaissent de notre couple. Enfin il va avoir la maison dont il rêvait. Arrivés chez eux, la désillusion et le passé les hantent. Et si cette maison n’était pas vraiment la leur ? Continuer la lecture

Decision to Leave

L’amour impossible prend une tournure sanglante chez Park Chan-Wook. Le retour du cinéaste se fête en beauté. Il se nomme Decision to Leave. Dernièrement, le film remporte un prix au Festival de Cannes. Sa romance n’est nullement ennuyeuse. Hae-jun, policier herculéen, ne trouve plus sommeil. L’arrivée d’une belle et mystérieuse jeune femme n’arrange rien. Infirmière au passé trouble, elle paraît être une autre personne face à ses partenaires masculins…

Le réalisateur signe un récit purement hitchcockien. Même s’il semble se détacher des références propres au Maître du Suspens, Park Chan-Wook joue sur les ambiguïtés. Il annonce une couleur en première partie de l’œuvre : le quotidien d’un mari dévoué à la cause policière. Au second volet, il expose les réelles intentions des personnages. D’un côté, une femme bouleversée par la délicatesse d’un enquêteur classieux. De l’autre, un homme dont l’amour dépasse tout entendement. Ce récit affiche une mise en scène mémorable. Nos yeux admirent divers angles de vue sophistiqués, des transitions aux petits oignons, moult décors majestueux, etc.
Néanmoins, le fond l’emporte sur la forme. Decision to leave est une tragi-comédie présentant des protagonistes conscients de l’ampleur de leurs actes. Dissimuler des preuves. Fabriquer des mensonges. Comprendre le Mal. Deux concepts ne cessent de se confronter : justice et amoralité. Pourquoi le cinéma coréen attire l’attention via de telles thématiques vues et revues ?

phpWnbrSC

Je pense que si le cinéma coréen est apprécié, c’est en raison de son amplitude émotionnelle. Dans le cinéma moderne, ce sont peut-être les Coréens qui expriment le plus d’énergie dans les sentiments et les états d’âmes.Park Chan-Wook

Pensons à Dernier train pour Busan, ou plus récemment, à Parasite. Le septième art coréen a la réputation de manipuler, puis mélanger les genres de manière inouïe. Decision to Leave dépeint des séquences hilarantes, angoissantes et surtout, philosophiques. De fait, quelques passages questionnent notre moralité. Si l’amour rend aveugle, faut-il protéger l’ignominie ? Hae-jun est en ça intéressant. Il met à rude épreuve son code moral. Qu’il soit en montagne, en ville ou au commissariat, il souhaite demeurer un justicier… malgré le caractère d’une dame à la fois rusée et envoutante.
Le polar nous renvoie à notre condition humaine. On a beau lutter pour nos passions premières, contre toute attente, nos désirs l’emportent sur notre raison.

Drama

Incroyable mais vrai

On peut tromper mille fois mille personnes, non, on peut tromper une fois mille personnes, mais on ne peut pas tromper mille fois mille personnes.

Serait-ce la philosophie propre à Quentin Dupieux ?
La citation est tirée de
La Cité de la peur. Ce film des années 90 est porté par une troupe d’humoristes, Les Nuls. A l’époque, Dupieux est bercé par leurs sketchs décalés, plus proches des Monty Python que des Inconnus. Les chiens ne font pas des chats ! Quentin se lance alors dans une filmographie au style bien à part. Son humour n’est pas celui de Nicolas Bedos. Ses images ne sont pas celles de Julia Ducornau. Quentin Dupieux est un auteur. Qu’importe ce qu’il raconte à l’écran, son univers assume une veine humoristique assez atypique.

0003283.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx

Incroyable mais vrai narre 2 histoires fantastiques. Le cinéaste touche aussi à la science-fiction, en décrivant 2 personnages pétrifiés par l’idée de vieillir. Ils adorent les nouvelles technologies et désacralisent leur biologie. Comme un conte pointant vers une morale, les récits affichent la démesure humaine et ses conséquences toxiques. Certains protagonistes sont prêts à tout pour ne pas subir la vieillesse. Ils deviennent alors pitoyables.
Le réalisateur filme bon nombre de leurs passages pathétiques : faux exploits sexuels, envie de starification incompréhensible, etc. Il ne se voile pas la face quant aux personnes contre-nature.

C’est une maladie qui existe. Moi, j’en fais un conte fantastique, mais c’est une vraie maladie. Des gens sont terrorisés par le vieillissement. Ils font tout pour reculer, alors que c’est perdu d’avance. On ne peut pas remonter le temps à ce point là. C’est même absurde d’essayer. C’est une course contre la mort. Enfin, c’est un truc flippant. Quentin Dupieux

En termes d’astuces techniques, les flous en arrière-plan font mal aux yeux. Dommage, lors de ses interviews, on ne questionne jamais l’artiste sur le sens de ce choix esthétique.
Heureusement, le film se regarde et s’apprécie, tant ses personnages sont succulents à observer. Il demeure une belle porte d’entrée pour découvrir l’univers dupieuesque, tant l’exercice de la satyre est réussi. Puis, face à la filmographie de Mr. Oizo, comprendre n’est pas l’objectif premier… rions de l’absurdité de la Vie.

brunoaleas

Doctor Sleep ou singer l’Auteur

CRITIQUE AVEC SPOILERS

Doctor Sleep, réalisé par Mike Flanagan, est un projet pouvant offrir autant de fascination que de crainte. Se targuer d’adapter au Cinéma le livre éponyme de Stephen King sorti en 2013, une suite à son roman Shining : L’enfant Lumière, avait de quoi intriguer. Pour bien comprendre ce qui symbolise le ratage du long-métrage, il va falloir parler des 2 œuvres littéraires d’origine, ainsi que du Shining de Stanley Kubrick (1980). Continuer la lecture

Love Death + Robots : de gores réflexions

VOLUME 1 & 3

Lorsqu’on m’a proposé une séance Netflix pour regarder Love Death + Robots, j’étais assez dubitative, mais tout de même intriguée. Je ne voue pas un amour exacerbé aux fictions gores ruisselantes de violences.
Une fois l’expérience face à mes yeux, je n’arrive pas à regarder l’écran, je passe mon temps à cacher mes yeux. Etrangement, après 3 épisodes visionnés, je suis subjuguée, transcendée… j’en veux plus. Que s’est-il donc passé ?
Continuer la lecture

Love Death + Robots : intenses essais

Volume 3

Toujours plus gore, toujours moins subtile, la saison 3 de Love Death + Robots apparaît telle une surprise convoitée ! Comme si nous attendions le buffet le plus rare sur la table. Comme si nous attendions l’orgasme le plus glauque de l’époque. La série anthologique déçoit lors de son second volet, trop gentillet, peu couillu. Heureusement, le nouveau chapitre s’ouvre sur des thématiques vicieuses, glaçantes et pertinentes. 9 courts métrages sont au rendez-vous. Pour nos yeux : stop motion, 2D de toute beauté, hyperréalisme, etc. Ce retour en force se note surtout grâce à 3 perles cinématographiques.  Continuer la lecture

Mad God, une œuvre hors du temps

Mad God faisait partie de l’un de ces projets pour lesquels j’avais perdu tout espoir de poser les yeux un jour. Véritable arlésienne du cinéma et censé représenter l’œuvre matricielle de son créateur, cet OVNI cinématographique aura pris 33 années avant d’être achevé. Certains objets filmiques sont aujourd’hui légendaires de par leur inexistence. Chaque spectateur connaît un projet devenu culte, même si au final celui-ci ne s’est jamais fait. Nous pourrions citer le Dune d’Alejandro Jodoroswy (qui donnera le sublime documentaire Jodorowsky’s Dune de Frank Pavich) ou bien encore Megalopolis de Francis Ford Coppola. Toutefois, il arrive que certaines de ces folles ébauches aboutissent des années plus tard, alors même que nous les pensions mortes et enterrées. C’est le cas pour L’Homme qui tua Don Quichotte. Bien que n’ayant plus rien avoir avec sa proposition originel, le film de Terry Gilliam reste un produit méta absolument fascinant. Mad God fait partie de ces rares exceptions.

Projet finalement assez méconnu du grand public, de la même manière que son réalisateur, il n’en reste pas moins une œuvre attendue religieusement par de nombreux cinéphiles et curieux à travers le monde. Phil Tippett est un artiste étant resté relativement dans l’ombre, comparé à certains de ses homologues, mais demeurant une figure quasi christique pour tous les amateurs d’effets spéciaux pratiques, de stop motion. Continuer la lecture

Le minimalisme islandais de Lamb

Au mois de décembre, nous avions parlé de la perte d’hégémonie d’Hollywood au profit d’un cinéma plus internationalisé. Cette tendance se confirme-t-elle ? Trop tôt pour le dire. Mais quoi de mieux pour lui donner confiance qu’un film étrange, d’un pays inattendu dans les salles, sorti à l’aube de cette nouvelle année ?
L’Islande est un pays peu peuplé, culturellement isolé, avec une tradition cinématographique très artisanale. Peu de films islandais se sont démarqués à l’internationale. Mais cette année, un d’entre eux transcende les frontières comme rarement : Lamb.
Continuer la lecture

Bo Burnham : la génération de la fin du monde (2/4)

Décembre 2013. La société avance lentement et parmi elle, la génération Internet hurle de plus en plus fort. Le média est loin de son hégémonie culturelle, mais les stars montent assurément. Toute la vie humaine s’emprunte de références et de mœurs cultivés sur la toile. Jeune encore est la génération de la fin du monde. Son influence artistique se mesure en pas de nains. Nous sommes toujours à l’époque où la télévision s’inspire d’Internet, mais ne se laisse pas phagocyter par le futur géant numérique.

Au milieu de cela, Bo Burnham s’isole depuis trois ans. L’artiste a percé le plafond. Après son premier spectacle, Words Words Words, tous les outils sont entre ses mains pour nous exposer son talent. Ce qu’il a à dire est prêt à être entendu.

En 2013 sort What, deuxième spectacle de l’artiste. Burnham a peaufiné son œuvre de manière plus fine, et l’écriture est bien plus raffinée. Chaque blague est réfléchie plus profondément, placée sur l’équilibre entre le « trop », et le « pas assez ». What sonne juste à bien des niveaux. Continuer la lecture

Tim Burton en quelques lignes / Dark Shadows

Tim Burton est un cinéaste qui marque les esprits. Comment définir ses gimmicks ? Il nous présente souvent des personnages au cœur d’or. On s’emporte vers des récits pour enfants et adultes. Son imaginaire illustre bel et bien de farfelus protagonistes baignant dans divers décors à la fois macabres et baroques. Pourtant, il s’y note généralement une touche féerique. Avant que mes cheveux blancs envahissent entièrement ma tête, analysons en quelques phrases certaines de ses œuvres. Continuer la lecture