L’idéal après un accident de bagnole est d’y survivre. Après ma mésaventure campagnarde, me voici au Reflektor. Je suis prêt à écouter les rythmiques de BRNS. Sans oublier leurs parties vocales, leurs transitions sonores et leur messes extraterrestres. BRNS réunit bel et bien ces composantes. Celluloid Swamp, leur dernier album en date, illustre à nouveau une envie d’innover, quitte à se détacher de la scène rock ! Ce soir, je ne voulais pas être déçu.
Le quatuor est-il aussi efficace en concert qu’en studio ? Affirmatif.
« Void » ouvre le bal. Le public bat des mains, au rythme de la chanson. Soudain, nous rentrons en communion avec les Bruxellois. A noter : le guitariste utilise un tournevis pour frotter ses cordes. L’outil me rappelle ô combien ma camionnette devrait rester dans un garage… mais surtout, ô combien les musiciens surprennent sur scène. S’enchaînent « Mexico » et « My head is into you » aux cris fédérateurs. Les auditeurs s’improvisent chanteurs. Je me situe juste devant la scène. Leurs paroles traversent mon dos. Dès lors, le volume des deux morceaux est largement amplifié. Une vraie chorale se dresse face au groupe.
Mention très honorable à « Lighthouses ». La bande défend des mélodies complexes. Le titre offre une transition épique. D’abord bousculé par une partie féroce, nous basculons vers une échappée planante. Ce type de composition démontre la maestria du groupe à varier de registres quand il veut, où il veut. Qui sait si Celluloid Swamp deviendra mon opus favori de leur discographie ? En tout cas, jouer « Lighthouses » en live fut une bonne idée.
Un tonnerre d’applaudissements annonce la fin du spectacle. Que retenir de frappant ? Un rappel exposant des artistes infatigables. Une puissance vocale toujours aussi impressionnante. Le souvenir d’un spectacle point synonyme de liturgies foireuses. Et une certaine prise de conscience : à la batterie et au chant, Timothée Philippe porte la formation de bout en bout.
La scène est l’objectif du projet. On a besoin de ressentir cette énergie, cette puissance de l’instant. -Diego Leyder (Larsen n°44)
La pensée du guitariste m’évoque mon dérapage. Lors de mon accrochage sur la route, je ne ressentais aucune peur, zéro sensation… heureusement, devant BRNS, l’adrénaline semblait s’activer à chaque chanson.
Mon premier concert de métal… que dire ? Avouons qu’en dépit de mon jeune âge, mon dernier concert remonte à loin. Kendji Girac, juillet 2017. Quelle époque. Après 5 ans, 3 tailles de vêtements supplémentaires et plusieurs bières ingurgitées, mes goûts musicaux ont bien évolués.
MoldEra a sûrement été le groupe le plus surprenant ce soir, à La Zone. Avez-vous déjà vu votre professeur d’Histoire jouer de la guitare sur scène ? Moi oui. La surprise était trop belle. Remettons-lui cette dédicace. Sa bande instaure de suite la couleur de la soirée. Tout le monde remue déjà la tête, au rythme des paroles hurlantes. Le groupe déploie une énergie à la fois posée et énervée, difficile d’expliquer.
Malgré leur effectif plus réduit, Down To Dust réussit également à mettre la patate. Coup de cœur personnel pour la partie chant. Le public se déchaîne (sauf ma personne prenant des photos sur l’estrade). À ce stade là du concert, je suis déjà retournée, mais comme l’annonce le dicton :
Le meilleur est pour la fin.
ANNA SAGE est un véritable spectacle intense. De l’animation métalesque, j’aime le concept. Tout en symbiose. Ajoutez à ça des mouvements incessants provenant des pogos dans le public, ce fut l’un des moments les plus énergiques de toute mon existence.
Je ne me doutais pas en arrivant dans la salle liégeoise ce 30 avril, vivre une excellente découverte et une si bonne expérience.
Merci à Marcus. Merci à Etrel. Merci à La Zone et aux groupes de cette sacrée soirée.
Deux ans ! Deux ans à subir le flou des mesures gouvernementales. Les mélomanes sont de retour, face à leurs spectacles fétiches, prêts à honorer Euterpe ! Le KulturA. est une association connue des Liégeois pour ses programmations éclectiques. Cette salle de concerts fêtera ses cinq ans d’existence. Avant d’entamer ces festivités, ce lieu organise une nouvelle édition de l’Insert Name. Il s’agit d’une journée entière où les styles punk, metal et stoner sonnent à tout va.
Le seize avril dernier, onze groupes défilent sur deux scènes. S’y ajoute un quotient de l’hypoténuse conséquent. Je n’oublie pas les divers organisateurs (on salue PopKatari), les serveurs souriants et le public visiblement fêtard.
Les moments durant lesquels ça chante faux, l’arrivée de larsens imprévus, le triste bilan déclarant : Putain, c’est tout le temps la même musique… ne décrivons pas ces instants foireux. Place aux coups de cœur de la sainte journée.
16h40 – PARLOR
Aimez-vous les tornades ? Adorez-vous le second degré ? Alors, écoutez un ouragan de soixante degrés ! PARLOR communique facilement sa rage et son humour. Nous ne sommes pas face à un groupe mutique et monolithique. Mes yeux se figent sur un tableau brutal et comique. Le chanteur rit et sautille auprès des auditeurs. Le bassiste sue des litres d’eau. Des têtes tournoient sans cesse, au rythme du spectacle.
J’adore les artistes dépeignant l’absurde réalité. Il est temps de découvrir « Instacat ». Le chanteur annonce ce titre sur scène. Je m’apprête à entendre une blague de mauvais goût. Cependant, un message pertinent découle du morceau. Sa signification est inscrite sur leur Bandcamp.
Conditionné par son habitus de star des réseaux sociaux, incapable de réaliser la futilité, l’insignifiance des posts et autres hashtags dont il inonde les smartphones de sa myriade de followers, l’Instacat représente la vanité susceptible d’habiter chacun d’entre nous, prisonniers asservis aux diktats d’idoles numériques cruelles et déshumanisantes.
17h30 – Eosine
Une bière se boit. Trois bières se savourent. Mais trois bières face à un concert metal provoquent parfois des tremblements stomacaux. Heureusement, après la tempête PARLOR, voici l’accalmie Eosine.
Les jeunes Belges misent encore sur l’image scénographique. A la différence de leur concert au Hangar, les lumières des projecteurs remplacent les vidéos visionnées à l’arrière du groupe. De quoi contempler les nouvelles installations du KulturA. (une structure bien plus professionnelle qu’auparavant). Via ces effets, on ressent à nouveau cette envie de psychédélisme. L’expérimentation est toujours aussi envoutante.
Le groupe cause un autre phénomène : amener un jeune public. J’ai observé plusieurs Yoda à divers concerts liégeois. Je suis content de voir des mélomanes d’un autre âge. Non pas que je sois contre la venue des vieilles personnes au festival. Les jeunes visages sont de bons augures. L’avenir est aux plus jeunes. Ils illumineront des musiciens méconnus rêvant de concerts internationaux. Vu l’âge moyen d’Eosine, il n’est pas si anodin de voir des jeunots à leurs dates. Néanmoins, soulignons l’amour du rock radioheadesque porté par les adultes en devenir !
18h20 – SaaR
Ils appellent ça du post metal. J’appelle ça un chasseur sachant chasser va tout chiffonner ! SaaR maîtrise les envolées et les repos à la perfection. Les Français proposent plus qu’une expérience. Ils partagent un voyage digne d’une sombre aventure aux côtés de Guts, l’âme torturée de Berserk.
Les auditeurs comprennent l’ampleur de la situation, rien qu’en écoutant « Tirésias ». Plus le morceau avance, plus l’adrénaline explose le cerveau. Une recette corrosive se fait ressentir : peu, voire pas de chant, des riffs faisant trembler les murs, des musiciens au service d’une basse lourde, distinctive et accrocheuse. Le son de Boris Patchinsky (ce même bassiste de PARLOR) est mis en évidence, mis à l’honneur. La disposition du groupe sur scène traduit un fait indéniable : la basse règne en maîtresse. Je joue rarement de cet instrument. Suite à cette plongée vers l’univers de SaaR, je ne demande qu’à pincer de grosses cordes !
En quittant le KulturA., je réfléchis à un début de croyance : la France et la Belgique jouissent encore d’une scène rock/metal foutrement inspirante ! Insert Name est à vivre. L’évènement m’a permis de raviver ma passion musicale, éteinte pendant trop longtemps.
Je voue un culte pour les bières ambrées. Lorsque je fous les pieds chez l’association Le Hangar (Liège), j’aperçois la vente d’une boisson de ce type. Il est impossible de me souvenir de son nom, mon cerveau alcoolisé est à plaindre. Reprenons nos esprits ! Nous ne sommes point disposés à faire la promotion de ce Saint Breuvage ! Les concerts reprennent de plus belle. Il est temps de se manger plusieurs murs du son, et d’en parler haut et fort.
En cette soirée de février, Eosine joue devant une salle complète. La formation vient défendre un premier EP enregistré au Wood Studio, à Chênée. PopKatari, collectif liégeois porté par des mélomanes, invite les jeunes membres à faire leurs preuves.
Je ne connais rien du groupe. J’aime découvrir de nouveaux talents, en partant à l’aveuglette vers certains évènements culturels.
Eosine n’annonce rien de mauvais. J’avais eu l’occasion d’écouter un extrait de « Onyx » et je savais que ces musiciens étaient fans de Radiohead. Je ne leur ai jamais adressé la parole. Mais leurs sonorités témoignent d’un fait indubitable : ils sont fans de Radiohead.
Un bon point, n’est-ce pas ?
Passé cette déduction, le show débute et je contemple leur jeu de lumières sur scène. Diverses images aux couleurs enivrantes, saturées et psychédéliques décorent les visages et les corps des musiciens. Puis, des sortes de molécules fleurissent de plus en plus sur eux. Eosine semble nous donner un cours de biologie sous LSD. Une technique assez subjuguante. Elle colle d’autant plus à leurs morceaux planants. Cet adjectif est trop réducteur pour définir leurs sons. Parfois apocalyptiques (« Inner You ») et souvent relaxantes (« Transfusion »), leurs ambiances se marient à merveille face au public. Les spectateurs hochent de la tête, sourient et observent, figés, les performances du quatuor. Il affiche par moment la rage de Benjamin Franssen (batteur) ou un bref instant d’ire vocale d’Elena Lacroix (chanteuse principale). Qui ose s’ennuyer ?
« Antares » synthétise au mieux la signature éosienne : placer un effet reverb envoutant, de doux chants et des percussions jamais trop envahissantes.
L’éosine est une substance fluorescente connue pour ses bienfaits sur la peau.
Cette nuit hivernale, les mélodies de la bande soignent mes oreilles. Durant leur spectacle, mon esprit se détache loin du flux d’informations anxiogènes propre à notre quotidien. Eosine ne suit pas simplement les traces de Thom Yorke et de sa clique. Eosine transporte ses auditeurs vers son univers. Personne n’imitera ses concerts scientifiquement non-identifiés.
Les lumières sanguinaires du Wood Studio (Chênée) n’inspirent pas l’hostilité. Au contraire, elles accueillent des mélomanes afin d’aider Pilori. Suite à une de leur date annulée, des Belges sont venus à leur secours ! (bien sûr) Quoi de mieux qu’un spectacle à deux centimètres des musiciens, sur quelques mètres carré ?! Vu que plus on est de fous, mieux on rit, Down to Dust s’occupe de la première partie, le soir même.
Après leur venue à La Zone, la force de frappe est toujours présente.
La guitare s’embrouille dans une disto aussi féroce que la voix d’Olivier Jacqmin. Ce chanteur partage une rage très communicative. Durant les morceaux, il n’hésite pas à crier loin du micro. Ce crachat de poumons n’est pas le seul point attirant mon regard. Il se pose également sur le jeu de batterie d’Hadrien Panelli. L’artiste délivre une performance tribale et brutale, au service du post-metal !
« Savour Your Days » demeure leur morceau le plus accessible, de par sa durée et sa structure efficace. Le titre est une belle synthèse de leur premier EP, Demonstration. « The light above us » apparaît comme une respiration, où basse et batterie captent l’attention. Quant à « Upstair till the unknown », il est très intelligent de le jouer en dernier. Cette tuerie est bel et bien faite pour la scène ! Son riff final est si lourd qu’il me file la patate, m’excite, m’oblige à pactiser avec le Diable. Bref, il laisse un bon souvenir. Par les temps qui courent, c’est assez énorme.
Certains miracles ont lieu, lors de nos journées dignes de La Quatrième Dimension. Surveillons l’évolution de ce groupe… et profitons des concerts, secrets ou illégaux, modafucka !
Le mec remplit la salle. Le mec maîtrise la vibe. C’est un mec, man. Peet enflamme l’Ancienne Belgique pour un concert de plus d’une heure… on ne pouvait pas nier l’évènement !
Malheureusement, je n’étais point à la capitale ce soir-là. Heureusement, le spectacle est diffusé en direct sur les réseaux.
Quelle joie de retrouver ce trublion du 77 ! Les morceaux de Pierre Mignon sont adaptés d’une toute autre façon, face à son public. Le saxophone enrichit ses mélodies. La batterie frappe au grès des invités : Swing, Morgan et Zwangere Guy. L’artiste laisse ses potos se lâcher, comme un Damon Albarn honorant ses collaborations au sein de Gorillaz.
L’univers de Peet se synthétise sur la scène bruxelloise. Un humour qui conte le quotidien des vingtenaires, lorsque ça pulse. Les doutes exprimés sur des sonorités plus planantes. Les spectateurs chantent alors ses paroles décomplexées et dansent grâce à un saxophoniste endiablé !
Le rap est frais. L’ambiance est folle. L’évolution de Peet a de quoi émerveiller. Il ne s’abandonne pas à la pauvreté des basses d’une trap dispensable (là où Vald s’est piégé). Au contraire, ses musiciens donnent une autre couleur à ses productions.
Son amour pour la musique en devient encore plus puissant ! Bref, Peet a mis de la sueur dans le tempo, c’est maintenant que tout commence.
Ca faisait longtemps que je n’avais pas vécu de vrai concert. Heureusement que la Cité Ardente bouillonne d’évènements totalement fous.
Je me retrouve au Reflektor plus vite que mon ombre dès que je remarque Bothlane programmé à une soirée Hybrid Nights (collectif liégeois). Alain Deval (Ginger Bamboo, Quark, Ana Junnonen) est derrière ce projet. Je l’avais déjà aperçu lors de deux concerts de The Brums. Quant à son aventure solo, elle paraît assez barge!
J’ai testé pas mal de set up mais je ne ressentais pas spécialement le besoin de faire un projet solo. J’étais plus dans l’optique du jazz, de l’improvisation et de l’échange avec d’autres musiciens. Je n’étais pas près pour ça! Puis, au fur et à mesure, j’ai composé des espèces de morceaux assez expérimentaux, avec peu de beat. Je cherchais beaucoup une texture sonore et de l’improvisation autour d’une idée. Le modulaire m’a permis de synthétiser tout ça. Je ressentais le besoin de faire un truc plus personnel, sans concession et sans l’empreinte d’autres musiciens. Je viens des arts plastiques, de la peinture. J’aime bien l’idée de passer des journées seul à travailler dans un atelier. Cette sorte d’introspection artistique me manquait. C’est un peu ce que je retrouve avec ce projet. –Alain Deval
Tout le matos batterie/synthé-modulaire du batteur n’est pas sur scène mais bien dans la fosse. La batterie s’entoure d’une multitude de câbles. Lors du show, des lumières aux pieds d’Alain permettent de voyager dans différentes couleurs. Tout est en place afin de vivre un rite electro.
Autour de moi, on balance des têtes et on se dandine. Alain Deval nous fait signe pour qu’on se rapproche de lui. C’est là que se provoque la transe. Les coups de batterie entrent dans l’estomac. Les sonorités, dignes d’un Blade Runner sous coke, transportent de stupéfaction à contemplation. Le batteur ne joue pas pendant 2 heures. 30 minutes suffisent pour créer l’attention.
Il est clair que si tout le monde dansait ce soir-là, je me serait emporté et j’aurais cassé ma clavicule sur un beat d’Alain. Chaque note de sa sainte machine s’arrêtait à de bons moments pour repartir de plus belle. Quelques fois, sa rythmique et ses roulements semblaient provenir d’influences africaines!
On a peut-être l’impression d’écouter des rythmiques africaines parce que j’ai étudié le jazz. J’adore Elvin Jones et son jeu complètement organique. Ainsi que Nasheet Waits, proche des tambours bata et de la trance. D’ailleurs, il y a des disques de bata où l’on dirait presque de la techno. Dans Bothlane, on s’en éloigne. Je ne cherche pas vraiment ce mélange.
En tout cas, je ne désire pas pondre quelque chose de trop propre ou de trop synthétique. Je veux pouvoir continuer à jouer dans l’instant.–Alain Deval
Alain Deval est la preuve existante qu’une formation jazz, telle que la sienne, amène à de merveilleuses créations artistiques. La musique et ses délires. La musique et ses surprises.
Premier Damned Soul Fest de ma vie. Ce petit festival à la (déjà) grande réputation m’intrigue, et je décide donc de m’aventurer dans le magnifique petit village de Bomal sur Ourthe. A mon arrivée, le froid est déjà perçant. Une petite bière pour réchauffer tout ça, et c’est parti! Je découvre la salle, minuscule mais très chaleureuse et accueillante, avec son côté »underground ». Qui dit petite salle, dit public serré. Mais pas ici ! Malgré la fréquentation importante, nous ne sommes pas les uns sur les autres.
A l’affiche, des groupes belges, mais pas seulement: Luxembourg, France ou encore Pays-Bas, les pays limitrophes sont fièrement représentés. Une diversité qui me plaît. Il y a une diversité de styles aussi : death, hardcore, rock n’roll, ou encore symphonique. Je ne connaissais que trois groupes de l’affiche. Tant mieux, j’aime les découvertes.
Je commence avec Dirty Wolfgang. Première fois que je les vois en live. Récemment, c’est un nouveau batteur qui a rejoint les rangs des « fils de pute » au rock dur version »loud ». La bande offre un set carré et énergique, mais assez peu naturel. Malgré la qualité des enchaînements, on sent que les trois musiciens doivent encore jouer ensemble avant d’acquérir une réelle cohésion. Mais mises à part les petites erreurs rythmiques, c’est prometteur! Les influences du groupe sont multiples, mais Dirty Wolfgang arrive à les fusionner en un style propre, puissant, et crade à la fois. Bref, on aime !
Dirty Wolfgang
Anwynn enchaîne. Première fois que je revois le groupe depuis que Kelly Thans de Pandora’s Key remplace « Bouc » au growl. C’était justement ce mélange de voix que j’aimais. Je suis donc sceptique. Mais je me rends vite compte que mes doutes étaient infondés, tant l’alchimie entre Kelly et Eline est intense! Le mélange marche parfaitement bien. Par contre, toujours au niveau des voix, je ne change pas d’avis sur la voix d’Eline au fil des ans : ses notes méritent d’être mieux « posées ». Quant au reste de la bande, c’est toujours aussi bon et précis! Peut être un petit regret : le set perd en constance et en énergie à sa deuxième moitié.
Anwynn
Ma découverte de cette édition
C’est devant Dysrancor que je prends une claque monumentale. J’avais déjà entendu parler d’eux, mais je ne m’attendais pas à ce que mes yeux soient scotchés à la scène de A à Z. Je suis plutôt du genre distraite. Donc, si le groupe qui joue ne me transporte pas, je décroche et ne raccroche jamais. Ce n’est pas le cas avec Dysrancor ! Pas grand chose à redire de leur set, plus que maîtrisé. Avec une bonne interaction entre musiciens et une énergie débordante, le groupe propose un mélange très original et convaincant de brutal death et de black sympho. Et, le moins que l’on puisse dire, c’est que ça fonctionne !
Je n’ai qu’un regret : ne pas avoir pu assister au concert des Français de Fractal Universe, qui a bénéficié de très bons échos. Globalement, le son et les lights étaient très bons. Et les prix des boissons et snacks, plus que raisonnables. En résumé, une troisième édition réussie! Au total, ce sont près de 500 personnes qui ont fait le déplacement cette année.
Pour finir sur un mot de Matthieu Addonisio, l’organisateur: « Mes attentes sont comblées, et au niveau financier, c’est une édition plus que réussie ». Il faudra encore attendre quelques semaines pour savoir si une nouvelle édition aura lieu en 2021. Mais nous, on l’espère !
Lorsque tu traverses à pied et en pleine soirée la N673 (Trooz) juste pour la musique, alors, la passion brûle en toi. Si je pars à la campagne avec mon photographe de choc, c’est pour voir les prestations scéniques de Landing Planes (trio franco-belge/stoner rock).
Une fois arrivé sur les lieux, tout est confort (bière 1 euro, pains/saucisses gratos, bonne humeur au rendez-vous). La salle, petite soit-elle, me rappelle toujours à quel point j’aime l’ambiance d’un concert à petite échelle.
La salle du Racoon Waterfalloffre une atmosphère particulière: du fait d’être isolée dans la campagne et d’avoir une capacité de 50 personnes à peine. Une fois à l’intérieur, on se sent dans une petite bulleentre copains, même avec des inconnus. D’un point de vue pratique, un des avantages est l’accès à la scène pour monter et démonter le matériel, qui se fait à part de l’entrée du public. Chose peu commune pour les petites scènes. On peut aussi y enregistrer l’audio de son live en ramenant une carte SD à l’organisateur. Il a installé tout ce qu’il faut pour y arriver. De quoipromouvoirtout ce qui estpost-concert. –David Annenkoff (batteur de Landing Planes)
Le trio débarque sur scène et le soundcheck envoie déjà du lourd! Dès les premières notes jouées, la claque est sévère. Une sonorité bien plus frontale, directe et agressive que celle du premier groupe avant eux. Tout sonne clair. On distingue chaque performance. Le slap du bassiste. Les cris mélodieux du chanteur. Le public, lui, gronde sa joie après chaque fin de chanson. Les morceaux s’enchaînent à merveille. Plus le concert avance et plus mon ami me fait remarquer que Landing Planes serait peut-être la relève de feu Mølk. Une nouvelle met du baume au cœur! Certes, nous n’avons pas connu Kyuss. Cependant, Liège regorge désormais de groupes (Hetouht, Elefar, Karma Nova) dont les concerts deviennent mémorables pour tout féru de rock!
Le stoner est-il pour autant un genre musical bien reçu en Belgique?
Le stoner vit bien en Belgique! Mieux en Flandre qu’en Wallonie. Mais globalement très bien. D’ailleurs, ce sont des Flamands qui nous ont offert notre première scène (No Name Collective). Le fait qu’il y ait NNC, un collectif dédié au stoner accueillant des groupes du monde entier en Belgique, montre que le genre y est bien reçu. La Belgique rayonne à l’international. Puis, on a des groupes qui fonctionnent bien. Ils sont nombreux et ont un public très fidèle. Atomic Vultures, Your Highness, MIAVA, My Diligence, Fire Down Below, Tangled Horns, Psychonaut,…
Si on regarde du côté des festivals, depuis 2014, on a le Desertfest, un des plus gros festivals de stoner au monde. L’Alcatraz se veut éclectique et a une scène dédiée au genre depuis l’an passé: une scène rien que pour le stoner, un signe de bonne santé!
Quant au public stoner, ce sont des experts qui ont une grande culture. Ils connaissent leurs classiques mais sont toujours ouverts aux nouveautés. Ça change des « true metalheads » qui ne jurent que par les groupes de plus de 30 ans. Dans le stoner, il y a cette recherche de la nouvelle pépite. Sans oublier qu’un esprit communautaire encourage à partager de nouveaux sons et à soutenir les groupes émergeant. Tout le monde s’entraide et s’apprécie. -David Annenkoff
Ce n’est que le second live pour Landing Planes. Les membres fourmillent d’idées concernant d’autres dates. Il n’est pas trop tard pour découvrir ce groupe qui laisse un bon souvenir d’écoute. Du riff inoubliable et implacable de « Falling Apart » à « Define », dont la violente douceur a su clore le concert en beauté! Rien ne tient qu’à vous d’écouter cette musique d’une lourdeur apaisante (comme dirait David).
Au bout d’un parking immense, après un dédale entre des bâtiments délabrés, j’atteins finalement les locaux de Primitive Music: une salle minuscule, mais chaleureuse, à la très bonne acoustique.
Ce soir, Obselete Humanityprésente son EPéponyme et partage l’affiche avec Squidhead, Ashes Into Blood et Komah. Une affiche de qualité en accord avec le style que propose les nouveaux venus de la scène liégeoise. Je vois débarquer sur scène quatre jeunes gars vêtus de masques à gaz. Remake death metal de Rise Of The Northstar? La suite me prouvera que non.Continuer la lecture →
J’étudie à Louvain-la-Neuve. Lorsque Deathtura passe au Reflektor, je reconnais plusieurs têtes de la cité universitaire. Une communauté prête à se taper presque 100 km afin d’afficher ses cornes digitales. Mon fief se fait envahir par une audience heureuse de retrouver sa jeune bande.
Le chanteur, habillé d’un gilet pare-balles, oscille toujours entre un chant clair et un terrifiant grondement. Un trait assez particulier au groupe. Certains considèrent ces musiciens comme la relève de Channel Zero. D’autres affirment qu’ils ont la qualité de jouer un metal accessible à tout auditeur.
Les différentes approches de styles caractérisent le plus Deathtura. Tout le monde trouvera son compte avec notre musique. Pour preuve, 85% des personnes qui n’aiment pas le metal adorent nos concerts! On a la jeunesse et l’audace. On a aussi nos influences assez old school.
Le manager de notre label nous a décrit comme faisant du 360° metal. On compte évidemment mieux définir notre style pour notre deuxième album en cours d’écriture. –Nico Mike D., batteur de Deathtura
D’ailleurs, ils collent parfaitement à l’affiche liégeoise, derrière un Dagoba qui a fait ses armes dans le mélange des genres (rock/electro/metal).
A titre personnel, mon souvenir le plus marquant au Reflektor, c’est le contact qu’on a eu avec Dagoba. On est passé de fans à collègues le temps d’une soirée! Avant le concert, j’ai passé un moment mémorable, seul sur scène avec Nicolas Bastos. On a parlé batterie forcément… Il a beaucoup complimenté mon kit de batterie et m’a donné plein d’astuces de placements d’éléments. J’ai même réussi à lui glisser quelques conseils sur son propre kit. Un instant un peu particulier qui a plus de valeur aux yeux d’un batteur qu’à ceux d’un lecteur. Cet échange privilégié a été très important pour moi. –Nico Mike D.
Dès les premières notes, je m’avance vers le devant de la scène. L’adolescent ne jurant que par le metal remonte en moi et contemple le jeu du groupe.
Le titre m’épatant le plus: « Escape the Time ». Le riff initial me fascine tant que je ne cesse de fixer les doigts du guitariste. Des mélodies bien plus graves viennent s’y imbriquer. Laissez-les mijoter, puis ajoutez une batterie tapant plus fort que le cœur d’un tachycardique! Sacrée turbulence.
On savoure encore jusqu’au dernier morceau, « Purgatory of Our Future ». De quoi laisser une vague de notes agressives. Le tout accompagné d’un jouissif timbre de voix caverneux. Une chanson qui donne la sensation d’en vouloir plus… Toujours plus de Deathtura! Je souhaite en entendre beaucoup plus après ces trente minutes de live. Un spectacle court mais intense. Un avant-goût prometteur et optimiste quant aux nouvelles générations metal.
Il faut souffrir pour être belle. Une expression à laquelle on pense fortement, lorsqu’on passe ses vacances d’été dans le Sud de l’Italie. C’est comme si Greta Thunberg se cachait derrière nos têtes pour rappeler qu’il n’y a pas que les banquises qui croulent… puis, arrive ce jour où l’on m’annonce que je pars assister au Jova Beach Party de Jovanotti, à Rocella Ionica (Calabre). Je pensais avoir fumé la moquette. Pourtant, ça n’avait rien d’irréel. J’allais voir l’artiste italien le plus inspirant et inspiré de ces dernières années !
Jovanotti, ou Lorenzo Cherubini de son vrai nom, est un faiseur de miracle. Tout au long de sa carrière, il ne cesse de jouer diverses musiques : rap, rock, hip hop, électro, jazz. Admettons un fait. Ses créations font la richesses culturelle en Méditerranée.
L’enthousiasme pour les nouveautés fait partie de notre système opératif aussi bien que la peur du neuf. Entre ces deux fonctions, nous nous dirigeons vers le futur. -Jovanotti in Sbam
En 2019, Lorenzo, 53 ans, 14 albums derrière lui et exalté dans les veines, lance un projet hors norme : Jova Beach Party. Il s’agit d’installer des villages sur diverses plages italiennes, en 15 dates estivales ! Imaginez un festival visant plus haut qu’un concert de stade ! Quel est le but ? Emmener le public vivre une expérience naturelle, inoubliable. De quoi fusionner avec le sable et se baigner entre 2 concerts. Notre poète en profite également pour inviter différents invités de renom : de Caparezza à Alborosie.
Mais une chose à la fois. Il est temps de décrire une odyssée complètement folle…
Si je m’apprête à écrire une flopée de louanges propres à Jova Beach, n’oublions pas l’enfer de son trajet. En voiture, on ne sait pas où se garer, sans qu’une arnaque pointe le bout son nez. Si. Vous savez. Ces enflures qui vous font croire qu’ils travaillent pour le festival, proposant une place de parking plus chère que votre vie. Une fois la bécane en lieu sûr, on doit se taper un peu plus de 3 kilomètres à pied, sous un Soleil de midi (celui qui amène à voir double). Ce périple, digne d’un mythe grec, s’achève près de la plage de Rocella Ionica.
La musique envahit déjà les nombreuses infrastructures. Jovanotti, habillé tel un cowboy inca, chante avec son groupe des versions acoustiques de ses titres. Toujours prêt à enthousiasmer et remercier son public, il enchaîne les mélodies devant 25 000 personnes. Aux premiers abords, le son ambiant donne envie de danser et nous suit à chacun de nos pas.
Que serait une fête sans un heureux évènement ? Un mariage est prévu à chaque date de la tournée. Allons-nous voir un prêtre ? Nenni ! Lorenzo fait l’affaire et s’entoure de son groupe, tout en bénissant les jeunes mariés de sa musique sacrée !
S’ensuivent les Palestiniens de 47 Soul sur scène. L’air devient oriental. Un mix entre la bande son des Mystérieuses Cités d’or et l’imagination d’un Bombino. Le duo DJ, Ackeejuice Rockers, chauffe ensuite l’audience, avant l’arrivée du romain sur scène.
Qui admire la fontaine de jouvence ? Cette soirée est d’une certaine fraîcheur musicale. Nous avons droit à un spectacle de presque 3 heures, où Jovanotti mêle l’art DJ aux pures prerformances instrumentales. L’artiste mixait des tubes ultras connus (« Alors on danse », « I Gotta Feeling », « Around the World ») et les incruste entre ses chansons. Il s’élance derrière sa platine. Il bondit, une guitare en main. Une seule idée me vient en tête : Lorenzo Cherubini est à la quintessence de son art. Lui qui commence comme DJ en boîte de nuit et qui joue en cette nuit d’août, devant des milliers de fans.
Quand j’ai commencé à travailler dans les clubs, les DJ étaient derrière leurs platines dans le noir.Personne ne s’enfuyait. La musique était tout. En quelques années, Tomorrowland réalisait des nombres plus importants que Glastonbury, jusqu’au paradoxe de la fiction totale dans laquelle la console est devenue un autel, où se célèbre une fonction souvent pré-produite qui manque toujours d’une véritable vibration. La musique pour le public est le prétexte pour se mettre en scène. Il en a toujours été ainsi. A l’ère numérique et sociale, elle l’est plus radicalement. -Jovanotti in Sbam
Chaque morceau s’imbrique de façon inattendue. Derrière sa table de mix, le quinquagénaire offre des hymnes à la jeunesse et à l’amour. Sans oublier 2 invités de luxe, venus le rejoindre : Brunori Sas et Toto Cutugno. L’un, symbole d’une nouvelle génération de paroliers. L’autre, grand compositeur de la botte méditerranéenne. Toto prend tout suite les commandes des musiciens, sans problème. Assurance et professionnalisme devant nos yeux. Dès lors, le show ne semble jamais finir. Les classiques de la musique italienne résonnent partout sur la plage. Fumées colorées, chants et lumières scéniques fusionnent afin d’entrer en communion, le temps d’une fête d’une incroyable modernité.
Le show se termine via « Fango ». La guitare de Riccardo Onori gronde sous les étoiles. Un solo qui restera gravé à jamais dans ma mémoire. De nombreux applaudissements pleuvent alors face à la prouesse. Bravo à Jovanotti et sa bande. Nous repartons les jambes cassées et le mental émerveillé. Qui sait s’il sera possible de revivre une telle claque ? Pour l’instant, félicitons le talent de Jovanotti à rarement décevoir.
E questa la vita che sognavo da bambino. -Extrait de « Megamix »