Musique
La dure à cuire #38
La dure à cuire #37
Bring Me The Horizon / Mr. Bungle
Bring Me The Horizon – POST HUMAN : SURVIVAL HORROR
Il m’aura fallu quelques albums pour commencer à éviter Bring Me The Horizon. Pourtant, le premier morceau POST HUMAN : SURVIVAL HORROR ouvre le bal de façon efficace. Puis arrive la suite de l’album, devenant presque un exercice foireux où tout devient dispensable. L’electro ringarde et l’ambiance geek pour minettes font office de fan service pour les quelques auditeurs qui apprécient l’évolution adoucissante de la bande.
Quant à la composition de « Teardrops », elle fait pitié. Peut-être qu’en 2003, le titre aurait fait fureur… sauf qu’on est en 2020 et qu’il sonne tel un ersatz d’une chanson de Linkin Park ! Seulement 3 morceaux retiennent l’attention : Parasite Eve, Ludens et Dear Diary,.
Ce n’est pas le message écolo ++ de l’opus qui sauve les pots cassés. Les artistes n’arrêtent pas de nous le rabattre ces derniers temps (de Pearl Jam à Foals). Certes, les propos de la bande peuvent amener à des réflexions pertinentes. Néanmoins, les parties instrumentales n’enrichissent pas du tout les paroles.
Le projet débute comme étant trop lisse et bien plat. A se demander si la magie de Sempiternal (2013) sera de nouveau possible à capter…
Mr. Bungle – The Raging Wrath Of The Easter Bunny Demo
Heureusement que Mike Patton existe encore sur la scène. Chaque année, il apporte son grain de folie dans l’industrie musicale.
Un casting 5 étoiles l’accompagne cette fois, afin d’enregistrer à nouveau les premiers morceaux de Mr. Bungle. De quoi saliver en voyant jouer Dave Lombardo (premier et ex-batteur de Slayer) et Scott Ian (guitariste chez Anthrax).
Le but de la manœuvre ? Retrouver la force artistique et juvénile des débuts. 34 ans plus tard, l’exercice n’est point facile. La bande s’en sort tout de même via 11 morceaux, dont 2 reprises, « Loss of Words » et « Hypocrites / Habla Español O Muere ». D’ailleurs, dans cette dernière, on retrouve l’humour pattonesque avec une transition qui rend hommage à la cucaracha !
Le groupe a la réputation d’allier les genres : de la polka au funk metal (écoutez Mr. Bungle datant de 1991).
A travers ces vieux titres mis au goût du jour, ne vous attendez pas à la délirante versalité de Mr. Bungle. On a droit à du pur thrash metal. Ca rentre dans le lard comme papa dans maman. The Raging Wrath of the Easter Bunny Demo illustre un Mikey toujours en forme. Encore aujourd’hui, ses performances vocales demeurent impressionnantes.
I won’t give in till I’m dead
Try to change my hates to my likes
I will never wear make up or spikes -« Anarchy Up Your Anus »
L’artiste a décidément trouvé sa fontaine de jouvence.
DRAMA
La dure à cuire #36
Tessa Violet – Bad Ideas
On sous-estime parfois l’importance de la première impression. Combien de chansons sont devenues célèbres grâce à leur entrée en matière ? Cette première phrase que tout le monde connaît et reconnaît, imprimée dans les mémoires, et annonçant la chanson mieux encore que l’artiste lui-même.
L’ouverture de cet album donne le ton. « I’m insecure » déclare Tessa Violet, à travers une voix presque enfantine qui semble s’excuser. Dès cette première phrase, l’auditeur sait ce qui va suivre : un voyage dans la tête de l’artiste, dans ses doutes, ses peines, ses émotions les plus personnelles. Continuer la lecture
Damso – QALF
Si Lithopédion (2018) a pu être considéré comme l’album de la maturité, QALF est très certainement celui de la responsabilité. Damso y clarifie son rôle de père, de fils, d’homme et aussi de citoyen belge rattaché par le cœur à l’Afrique. La musicalité de son pays natal et de son continent en général est d’ailleurs très présent sur l’album, dans les sonorités, mais aussi parmi les collaborations.
Avec QALF, Damso nous a surpris.
Il s’est livré à son public à cœur ouvert. Et même si l’album est très complet en lui-même, suivant des variations de rythme et de thèmes, des surprises vont très certainement arriver pour parfaire et préciser toutes ses pensées, sûrement avec des sons plus nwarr. -Robin Gille
Damso devient petit à petit un géant du rap francophone. Via QALF, il mélange ses curiosités sonores. Le mélomane passe à des basses et paroles sévères (« D’JA ROULE »), ainsi qu’à des influences africaines (« MEVTR »). Gros coup de cœur sur « 911 » digne de la bande son propre à GTA : Vice City (2002). C’est juste ce qu’il faut pour se relaxer ou danser au ralenti.
Le rappeur déclare que son projet est une philosophie à savourer avant la sortie d’un nouvel opus. Une raison de plus d’écouter la richesse instrumentale de QALF.
Quant aux propos de l’album, certains les jugent trop fragiles. Pourtant, ils n’ont rien de dérangeants. L’artiste ne se pose pas en tant que moralisateur. Il n’a rien d’un justicier masqué. Comme à son habitude, il pose ses tripes sur le papier. Ses thèmes tournent autour de son vécu : la maladie de sa mère, sa paternité, l’amour et ses futilités.
Il n’a pas la prétention d’un Roméo Elvis parlant de colonialisme (« La Belgique Afrique »), alors que ce dernier n’est qu’un sauvage comme un autre.
William Kalubi Mwamba crée un orphelinat à Kinshasa (2018), puis, met sur pied la fondation Vie sur nous afin de lutter contre l’exploitation minière (cobalt, coltan, cuivre). Des groupes armés dirigent ces mines en terre congolaise. Ce sont des milliers d’hommes/femmes qui sont dans des conditions déplorables.
Si le ton est engagé, il est surtout digeste et important à entendre.
Damso sait de quoi il parle et d’où il vient. -brunoaleas
Jack White sans artifice
Il y a quelques jours, Jack White a joué au Saturday Night Live. L’invité rend hommage à Eddie Van Halen. Il révèle utiliser une guitare offerte par le défunt.
La guitare a été conçue par Eddie. Eddie a été très bon avec moi, et il a veillé à ce que cette guitare soit faite pour moi selon mes spécifications.
Ce soir, je ne compte pas insulter le talent de cet homme en essayant de jouer une de ses chansons. Merci encore Eddie pour cette guitare et repose en paix, grand homme. –Jack White Continuer la lecture
La voie Joji
Joji a décidément trouvé sa voie. George Miller en est à son deuxième album. Nectar impressionne via sa dimension si soignée. Nous assistons à un travail hors-pair des instruments à cordes, parfaitement calibrés pour une voix assez romantique, parfois déprimante. Continuer la lecture
La dure à cuire #35
Puma Blue, l’ange moderne
A l’image d’un ange déchu sur terre, il sonne vraiment comme lui. Il le cite d’ailleurs comme référence. Puma Blue se situe dans la droite lignée de Jeff Buckley. Ses envolées lyriques et sa voix presque androgyne rappellent la pureté vocale du défunt compositeur.
Sur le papier, le sentiment du vide est un des thèmes qu’il chérit. Citons l’indémodable « She’s Just a Phase », où l’amour n’est que passager. Sans oublier sa nouvelle pépite moderne, « Velvet Leaves », en hommage à sa sœur. Cette dernière sortie délivre une ambiance de fragiles invétérés… pourtant, sa mélodie relaxe et colle parfaitement à l’évolution musicale de notre félin. Il n’en fait ni trop, ni trop peu. A la fin du titre, il se lâche juste assez à la guitare pour l’écouter en boucle !
Dans son univers, on danse bel et et bien sur la mélancolie. Avec classe. Sous un rythme lent ou dynamique. Parfois accompagné d’un saxophone endiablé.
D’ailleurs, Puma Blue entre assurément dans la case Blue Wave ! J’ai inventé ce terme afin de désigner tous les artistes anglais chantant le spleen via des accords jazz. Ce style domine les sonorités du Londonien, même si ses étiquettes demeurent nombreuses et floues.
L’auteur remet au goût du jour des progressions harmoniques. Non pas en les jouant à la vitesse de la lumière, ou de façon punk à l’image d’un King Krule, mais de manière à planer pendant des heures.
Au départ, je nommais Cosmo Pyke, prince de la Blue Wave. Il y a désormais de la concurrence. Cette dimension accueille un nouvel élu appelé Jacob Allen.
Son nouvel album est prévu pour janvier 2021. De quoi imaginer une future cure musicale tombée des cieux.
Pour produire la meilleure musique possible, je devais devenir un peu quelqu’un d’autre. J’ai pensé que le mieux serait de capturer un nom.
J’étais très attiré par cette couleur, le bleu, car je me sens très proche de l’eau et évidemment, il y a beaucoup de bleus dans la musique jazz. Puma a suivi tout de suite, je ne sais pas pourquoi. Je suppose que c’est à cause de l’idée d’un vieux chat sauvage assis dans un bar, très fatigué, un peu rejeté. -Puma Blue
brunoaleas – Photo ©Abbie Douglas
Barns Courtney – Hard To Be Alone
Il y a de ces moments où chacun prend le temps de contempler ses pensées. En période de crise, le silence laisse place aux élucubrations de l’esprit. C’est ainsi que les souvenirs heureux, les réminiscences tristes, jaillissent dans notre mémoire. Continuer la lecture