Musique

Foo Fighters / Cosmo Pyke

Foo Fighters – Medicine at Midnight

Comment expliquer que la sortie d’un album des Foo Fighters soit un non-évènement ? La bande s’essouffle.

Leurs premiers singles puent la merde. Les percussions de « Shame Shame » sont molles. Ni révolutionnaire, ni entraînant. Quant à « Waiting On A War », certes, elle représente une ballade sympathique. Néanmoins, l’envolée finale du titre, en mode « ça joue vite, c’est plus cool ! », ne transpire pas d’une énorme créativité.

Foo Fighters symbolise peut-être un caméléon aux diverses couleurs sonores… une force comme une autre. Pourtant, à l’image des Pixies, ses membres arrivent à un stade où ils n’apportent quasiment plus rien à la scène musicale.
J’adore « No Son Of Mine », avec ses chœurs fantomatiques qui ne font pas tâche. Rien à voir avec le chant féminin de « Making A Fire », bien trop risible. Malheureusement, « No Son Of Mine » ne peut nullement relever l’entièreté du projet.

A la période Wasting Light (lorsque j’avais plus de boutons que de cheveux), je croyais vraiment que les Américains se dirigeraient vers un style assez metal. Après l’écoute du renversant « White Limo », j’étais prêt à me prendre leurs prochaines gifles ! Ce rêve se brise au fur et à mesure des années.

Je ne refuserai jamais d’aller à leur concert. De quoi contempler Dave Grohl bouffer son chewing-gum, fracasser une batterie ou courir telle un gazelle devant son public. Mais Medicine at Midnight ne mérite pas un engouement aussi dingue, celui-même ressenti à l’annonce de leurs spectacles à venir.

Cosmo Pyke – A Piper For Janet

Cosmo Pyke est enfin de retour ! Le multi-instrumentaliste du Sud de Londres sort un premier EP en 2017. Les Inrocks glorifie même l’artiste (à l’époque où leurs rédacteurs étaient inspirés). Un silence radio s’ensuit.

L’écoute de A Piper For Janet est encore plus brève que celle de Just Cosmo… courte, mais intense ! Cuivres et cordes sont réunis sur 4 chansons incroyables.
Cosmo Pyke n’a rien perdu de son énergie.

« A Piper For Janet » et « Filet Mignon » ouvrent les portes d’une contrée où l’on s’adonne au skate tout en planant. « Railroad Tracks » traite d’une rupture amoureuse, et dégage par ailleurs une envie de défoncer des capitalistes d’un Black Friday (ce riff de guitare + ces violons époustouflants, nom de Dieu !). Quant à « Seasick », il invite presque à voyager en Jamaïque, terre d’origine du chanteur, dans le respect de ses paroles : 
Smoking and drinking. Surrounds me. I feel it sinking.

King Krule règne sur la Blue Wave. Cependant, je maintiens mon observation de tout temps : Cosmo Pyke est le prince du genre. Via son apport artistique, Londres garde sa réputation de capitale du beau rock.

DRAMA

Yungblud et son cri viscéral

Mon premier contact avec Yungblud s’est fait totalement par hasard : c’était à un festival de 2019, mon amie et moi devions charger notre téléphone, et quel artiste jouait justement à la scène devant les bornes ? Taylor Swift bien sûr. Non je déconne, c’était pour voir si vous suiviez. C’était Yungblud, courant et sautillant, comme possédé par le Dieu Caféine. Il crachait ses tripes dans son micro, hurlant pour les droits d’une génération faite de paillettes et de happy pills. C’est un kid des nineties, mais son combat est universel. Le « petit mec en robe », tout en cheveux et en cris, a une aura. Elle nous force à l’écouter dès qu’il se met à chanter.

Me voilà, presque 2 ans et une pandémie mondiale plus tard, à attendre impatiemment son prochain album. C’est qu’il a tout fait pour faire monter la tension : en sortant des EP et des titres en featuring avec d’autres artistes comme Marshmello ou Machine Gun Kelly. Il a même sorti une des nouvelles chansons 3 jours avant la sortie de l’album, juste pour nous faire mousser. Continuer la lecture

Le meilleur hymne de notre époque

Le meilleur hymne de notre époque n’est pas sorti cette année.

Il y a 22 ans, Subsonica révèle « Liberi Tutti ». Ce morceau prône toute libération mentale des asphyxies sociales. Il provient de l’album Microship Emozionale. Moult mélomanes considèrent ce second album comme l’apogée artistique des Turinois.

N’oublions pas que l’œuvre est au carrefour des genres : electro, rock, funk et… pop ! La bande détient la force la force de se distancier des standards méditerranéens, tout en produisant des titres radiophoniques. De « Tutti i miei sbagli », présenté au Festival de Sanremo, à « Discolabirintho », écrit en partie par Morgan, leader des Bluvertigo, autre tuerie de l’espace !

En plus de livrer des tubes ultra accessibles, l’opus transpire une rage juvénile. Ce n’est pas hasardeux si le guitariste Max Casacci avoue que l’album a bercé l’adolescence de plusieurs personnes ! Centrons-nous sur « Liberi Tutti » afin de comprendre cette envie de vivre en brisant ses chaînes.

Liberi, liberi, liberi, liberi tutti.
Dai virus della mediocrità.
Dai dogmi e dalle televisioni.
Dalle bugie, dai debiti.
Da gerarchie, dagli obblighi e dai pulpiti.
Squagliamocela.

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La chanson cite une série de préoccupations. Des problèmes à ne pas éviter, mais dont il faut se libérer. Loin de la débile et ringarde TV. Ou hors des hiérarchies pesantes, des dogmes scolaires. A vous de définir si le ton est engagé ou dérisoire. En tout cas, il ausculte notre société malade et sa catastrophique évolution. Je n’en peux plus des virologues considérés comme des messies sur les plateaux télévisuels. Je me demande ce qui freine les étudiants à créer un blocage massif au vu du manque de contacts, de respect et d’aide à l’enseignement belge.

Nous manque-t-il un Joker, version Todd Phillips, pour bousculer les mentalités ?

« Liberi Tutti » apparaît presque comme une prophétie. Il suffisait de ne plus donner de crédit aux plus puissants. Arrêtons de nous voiler la face : les hautes sphères préparent une nouvelle économie mondiale. Peut-être que les concerts, les cinémas et les spectacles d’antan n’auront plus lieu d’être. La culture, dite non-essentielle, coûte sûrement trop chère aux dirigeants…

Quelle tristesse, alors que le secteur culturel propose des solutions : nombre de personnes limitées selon les tailles des salles et installation de machines faisant circuler l’air sans arrêt. Mais non. On préfère rester assis dans la plus grande parano…

Subsonica semble loin de son message initial, inscrit sur tous les réseaux et dont Microship Emozionale voit sa réédition (toujours plus de money dans le biz ?). Pourtant, « Liberi Tutti » ne perd pas son charme ! A écouter encore et encore, en dansant jusqu’au bout de la nuit.

brunoaleas – Illustration bannière ©Youtube

Impossible d’arrêter Nekfeu

Après un film exutoire, Ken Samaras capte l’attention l’année dernière. Mettons de côté les rumeurs qui annoncent l’abandon de sa carrière. L’artiste doit sûrement gratter jour et nuit. Certes, Les Etoiles Vagabondes (Syrine Boulanouar, 2019) illustre un rappeur qui galère à trouver son inspiration. Désormais, il semble impossible de l’arrêter.
Certaines de ses récentes collaborations marquent l’esprit. Des exercices où il continue d’afficher des vérités sur le papier. (à des années lumières de ce branleur de Roméo Elvis)

Nekfeu apparaît en forme sur la don dada mixtape. L’ambiance est mélancolique sur « malevil ». Sa voix rauque fait peser la sombreur du projet d’Alpha Wann. Puis, son flow blasé fait un bien fou ! Il dégage de la sagesse. On a beau être généreux, l’égoïsme est le propre de l’Homme.

On traite les autres d’égoïstes parce qu’on l’est tous.

Avec plus de 8 millions d’écoutes sur Spotify, « Moins un » connaît un sacré succès. Nekfeu s’allie à un ancien du rap, Dinos. La fusion fonctionne à merveille. A croire qu’une bienveillance berce leurs paroles. L’invité de Stamina, transpire une putain d’attitude ! Grosso modo, il avoue une certitude sur les passionnés de rap authentique. Ils vivent les vraies expériences en ce bas monde… fort.

Si t’écoute du bon rap, t’as perdu trop d’gens.

Comment ne pas citer Népal ? Lui et son ami offrent une dernière perle sur Adios Bahamas. Nekfeu admet que la route est longue avant d’atteindre les cimes. Il l’exprime en jouant avec les mots et en faisant de l’argot sa poésie. Les groupes ont tendance à voir une sûreté économique en se joignant à des labels. Lui, préfère serrer la ceinture et tracer sa voie. Dans ce merdier, la vérité est troublante. Ca ne l’empêche pas d’oublier d’où il vient. Le message alimente la philosophie d’un Népal qui ne cesse de manquer à la scène française.

Maintenant le squa est dans les kiosques, qui est-ce qui ose quoi ?

brunoaleas Photo ©Julien Lienard

La curiosité d’Onha

Onha semble être extrêmement curieux. Cet artiste de la Cité Ardente ne fait pas dans la demi-mesure. On sent qu’il souhaite jouer sur plusieurs terrains musicaux. Espérons d’ailleurs qu’il balance divers morceaux aux sonorités jazz. Pour le moment, son nouveau son se nomme ‘Balise’. A son écoute, tout est là pour illustrer sa curiosité. (et son envie de soigner son univers)

Là où ‘Toujours’ sonne plus comme un standard des productions actuelles, ‘Balise’ donne une meilleure importance aux instrumentations. Elles suffisent à faire rêver.

Aucune basse vulgaire qui fait tâche. Oui, fuck the trap. Le bassiste l’accompagnant se lâche et ça groove du feu de Dieu ! Sa richesse sonore envoie diverses notes bien placées. Nul flow pété qui étouffe l’instru. Onha maîtrise bien et bien la mélodie de ‘Balise’. Il apporte son grain de poésie au milieu des plantes.

Il assume sa volonté de poser des vérités via ses paroles. C’est ça qu’on veut ! Marre de ces moralistes au ton politiquement correct (salut Bigflo & Oli). Marre de ces pseudos-rappeurs qui ne racontent rien (coucou Roméo Elvis). Onha puise dans ses impressions personnelles afin d’imaginer une introspection de qualité. Sans oublier son partage d’observations intéressantes sur nos sociétés. Puis, il a le mérite d’avoir une plume subtile. Un style à surveiller de près !

Qu’il se consume comme le récit du Soleil. Qu’il récite à chacun de nos éveils.

brunoaleas Photo ©tiny.prod

Nekfeu – Feu

Membre du S-Crew, de l’Entourage et de 1995, Nekfeu est le jeune rappeur français qui a une cote énorme ces derniers temps. Avec son album solo, Ken Samaras révèle sa puissance de parolier. Voici quelques paroles dorées.

J’connais les risques de l’amour mais j’ai toujours l’amour du risque. -« Risible Amour »

J’ai épousé ma plume pour affronter les tempêtes et repousser la brume. -« Plume »

La crise, qui est-ce qu’elle atteint?
Toi, moi ou le suicidaire qui escalade un toit? -« Tempête »

Je ne vois plus que des clones, ça a commencé à l’école.
A qui tu donnes de l’épaule pour t’en sortir?
Ici tout l’monde joue des rôles en rêvant du million d’euros.
Et j’ai poussé comme une rose parmi les orties. –« Nique les Clones Part II »

feu-dans-la-légende©Quentin Curtat

Enfin, peut-être le top :

Je suis devenu celui dont aurait rêvé celui que je rêvais d’être.
Tu me suis? Je ne vais pas me réveiller. –« Egérie »

Centrons-nous sur deux de ses morceaux: « Egérie » et « Risibles Amours ».
Le premier est un hymne à l’ego trip£. Il consiste à mettre en avant le rappeur. Il présente une réalité qui a une moindre importance par rapport à sa vie. Sa mise en image renvoie au final du clip de 
« Flashing Light », où Kanye West, ligoté dans un coffre de voiture, se fait matraquer de coups de pelle par une fille en sous-vêtements. Cette dernière rejoint Nekfeu dans la voiture comme si « Egérie » était la suite de « Flashing Light ». Le clin d’œil est drôle… d’une arrogance qui fait du bien.
Le second est une histoire d’amour ultra moderne. L’instru est lourde. Elle sonne au rythme d’un rap de veille école indémodable. Le titre se réfère également aux nouvelles Risible Amours écrites par Kundera. Car oui, le Fennec fait de nombreuses références à la littérature : Le HorlaMartin Heden, etc. Cette chanson nous embarque dans la vie ténébreuse du rappeur. Il raconte ses histoires amoureuses dont il se lasse très vite. Cela me rappelle l’effet que me procure les chansons de Jacques Brel : il arrive à attirer toute mon attention lorsqu’il conte ses récits.

Construit sur des failles… Ken a suivi sa voie et est devenu un des rappeurs, si ce n’est LE rappeur, le plus intéressant des ces dernières années.

brunoaleas
Nouvelle mise en page de la critique de 2016.

Coldplay – Parachutes

We live in a beautiful world

Une phrase chantée sur un ton mélancolique. D’une voix presque larmoyante. Ainsi, s’ouvre le premier album de Coldplay. 6 mots d’autant plus forts, lorsque l’on sait que Parachutes est dédié à Sara Champion, mère de Will Champion, batteur du groupe. L’opus fête ses 20 ans et symbolise un coup de cœur musical.

Enfant, je ne connaissais pas encore la rage de Nirvana ou l’artisanat de Radiohead. J’écoutais Coldplay en boucle. Il me plaît de définir leurs premiers projets comme des orgasmes auditifs. Leurs premières chansons me relaxent au plus haut point. J’ai grandi avec Parachutes. J’ai dansé, calé, admiré… bref, j’ai été bercé par cette musique. Ma critique est plus subjective que raisonnable. Parachutes demeure un travail d’une grande délicatesse. Puis, à l’inverse de ses clips, sa musicalité n’a pas pris une ride.

Quand Coldplay poursuivait les traces de Jeff Buckley, ses membres n’avaient rien à prouver. Leur tristesse sonore s’allie à des paroles d’une simple poésie. Simple, et non simpliste.

Look at the stars
Look how they shine for you

Des mots qui font écho en chacun de nous. ‘Yellow’ est désormais un hymne crié à leurs concerts. Peut-être que les membres ont choisi ces paroles en blaguant. Cependant, une fois prononcées par Chris Martin, elles prennent une sacrée dimension. À l’origine, les membres du groupe doivent apparaître dans le clip. Les funérailles de Sara se déroulent le jour du tournage. Chris, seul acteur de la scène, courre sur la plage de Studland. Il y affronte un climat assez morose. Défiant le temps. Défiant la mort ? Son sourire résume tant de choses. Il illustre l’optimisme de Coldplay. Un sentiment notable dès leur succès.

Nous voyons le côté optimiste de la musique. Beaucoup de nos chansons sont assez maussades et racontent de mauvaises choses, surtout via leurs paroles.
Mais elles aboutissent à plusieurs types de rebondissements qui impliquent de l’optimisme… Dans ‘Spies’, il y a un petit twist à la fin, ce qui est un peu contraire à sa musique. Sa mélodie sonne vraiment sombre, mais ses paroles à sa fin sont plutôt positives. C’est une espèce de dichotomie.
Will Champion

Le batteur complète et avoue qu’à l’image d’un ‘Perfect Day’ (Lou Reed, 1972), Parachutes contient des paroles heureuses et une musique triste. Là réside la recette afin de créer diverses ambiances. Contempler un tableau d’une terre brûlée, centré sur une rose gardant ses couleurs. Danser sous la pluie. Pleurer de joie.

Parachutes a une âme. Caractériser sa poésie de naïve ou d’innocente, c’est ne pas accepter d’être en apesanteur. Et même si cela paraît abstrait, l’album me parle encore aujourd’hui. Durant une période où le gouvernement fait de nous ses chienchiens. A une époque où la culture est bafouée. Il est d’autant plus sain d’écouter ce qui nous fait vibrer.

Parachutes noue 2 sentiments les plus universellement ressentis : mélancolie et gaieté.
Un projet où une bande de potes avait du mal à garder un bon tempo, allant même jusqu’à virer leur batteur… pour enfin le reprendre, grâce l’amour amical. Voici donc les frustrations et amusements des débuts. Un résultat qui amène à un disque honorant toute démarche acoustique. Ces mélodies de l’enfance me parleront encore demain.

bruonaleas – à Giovanna