Film

La Ballade de Buster Scruggs

Scénaristes, réalisateurs et producteurs, Ethan et Joel Coen (Fargo, The Big Lebowski) reviennent en force sur Netflix! Alors que leur projet de film sous forme de sketchs n’allait pas voir le jour, Netflix l’a pris en charge.

La quête de créativité qui a déserté Hollywood, on la retrouve chez Netflix et Amazon. La singularité et l’audace sont leurs arguments de vente. Pour satisfaire leurs clients, ils doivent augmenter leur offre, donc produire toujours plus. Ce qui implique de donner leur chance à de nouveaux talents.Ethan Coen

Quel miracle!

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MEILLEURES SERIES 2018

Les séries Netflix explosent de partout! Le petit écran ressemble encore et encore au plus grand! Ces constats nous amènent à cette exception à la rubrique « films » de jcclm. 2018 voit l’apparition de séries en tout genre. En passant par une science-fiction proche des films noirs (Altered Carbon) à une romance juvénile aux propos universels (The End of The F***ing World), l’imagination n’a plus de limites. – DRAMA

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Submarine

Bercé par les morceaux d’Alex Turner, Submarine est un petit joyau cinématographique que je pourrai me visionner plusieurs fois. Adapté du roman de Joe Dunthorne, ce long-métrage se détache de ce que l’on visionne d’habitude grâce à Richard Ayoade, un cinéaste qui revisite les codes des comédies sentimentales.

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Ready Player One

ATTENTION SPOILERS

En 2045, il existe un monde virtuel où tout le monde a la possibilité d’y entrer. Son nom : l’Oasis. Wade Owen Watts, adolescent, passionné de jeux vidéos, fait partie des fans de James Donovan Halliday, le créateur de l’Oasis. A sa mort, l’idole de notre héros a laissé derrière lui un incroyable enjeu pour tous ceux qui jouent à l’intérieur de son univers fantasque : celui de posséder l’Oasis après avoir relever 3 défis. C’est alors que Wade et ses amis se lancent à des poursuites et aventures épiques, remplies de péripéties les plus folles les unes des autres. Ces derniers vont aussi devoir lutter contre Nolan Sorrento (incarnation du Mal capitaliste et matérialiste), parton de l’IOI, qui veut à tout prix contrôler l’Oasis.

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Detachment

Une personne que j’apprécie beaucoup m’avait conseillé de visionner Detachment (2011). Dès que j’ai appris que Tony Kaye était à la réalisation, la pensée de m’émerveiller devant cette œuvre n’était pas impossible. De fait, le cinéaste m’avait déjà énormément bluffé grâce à American History X (1998) : véritable leçon de vie, au scénario digne d’un pamphlet contre le racisme.

A la différence de American History X, ce deuxième long-métrage est beaucoup plus métaphysique en ce qui concerne ses propos. Il raconte certes les diverses vies estudiantines, les galères liées aux professeurs et la dure réalité qui se cache derrière les lumières de la ville, néanmoins, ses thèmes sont bien plus universels et complexes qu’il n’y paraît.

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TOP FILMS 2017

CLEMENT MANGUETTE : Malgré son lot de bons films, 2017 fut une année quelque peu morne, il aura fallu attendre l’été pour que la majorité des auteurs sortent leurs films, sorties presque successives jusqu’à l’apogée Blade Runner 2049, ou alors est-ce mon adoration sans limites pour ce film qui biaise mon point de vue ? Peut-être, mais peu importe, car si une poignée de films hollywoodiens ont su tirer leur épingle du jeu (Logan, Dunkirk et Blade Runner en tête), on peut au sortir de 2017 faire une fois de plus faire le constat d’un Hollywood sur la pente descendante standardisant de plus en plus ses productions aux budgets toujours plus faramineux. Entre l’ogre Disney, et ce qu’il implique au niveau des relations malsaines que la boîte a avec ses réalisateurs, qui étend de plus en plus sa mainmise sur Hollywood (hier Marvel et Star Wars, aujourd’hui la Fox) et la Warner qui semble de plus en plus hésitante à laisser le « final cut » à ses réalisateurs, nul doute que l’on se précipite droit vers au pire un fossé artistique, au mieux une standardisation profondément ennuyeuse. Ce qui, encore une fois, n’a pas empêché 2017 de voir naître des propositions de cinéma hautement intéressantes.

Je tiens également à préciser avoir manqué nombre de films s’annonçant absolument prometteurs soit par faute de temps, soit par défaut de distribution. Tel est le cas pour le documentaire We Blew It (Jean-Baptiste Thoret), de Faute D’Amour (Andrey Zvyagintsev) ou encore de The Lost City Of Z (James Gray). Sur ce, place au classement (qui n’en est pas vraiment un tant les places occupées au-delà du numéro 3 sont interchangeables).


TOP 10

1. Blade Runner 2049 Denis Villeneuve

Véritable monstre en cage depuis l’annonce du canadien Denis Villeneuve aux commandes du film et de Ridley Scott à la production, Blade Runner 2049 se hisse au-delà de toutes les espérances. Plus qu’une simple suite, c’est un véritable complément au chef-d’œuvre de Ridley Scott qu’offre ici Villeneuve, tout en y insufflant des thématiques présentes dans le cinéma du Canadien depuis ses débuts en 1998, au travers d’une filmographie jusqu’ici irréprochable. Le film se paie en plus le luxe d’offrir un discours on ne peut plus pertinent sur l’industrie hollywoodienne actuelle en soulignant l’inutilité de faire renaître un passé mort et oublié. Mais réduire Blade Runner 2049 à cette simple qualité serait criminel tant il raconte beaucoup plus de choses que ça (notamment sur la recherche de soi, d’où on vient, de la création), mais aussi parce qu’il est d’une splendeur visuelle, sonore, et artistique. Chaque plan transpire le soin apporté par les artisans ayant travaillé sur le film. Bref, une réussite totale et assurément le meilleur film hollywoodien depuis Mad Max: Fury Road.

2. Silence – Martin Scorsese

Troisième volet d’une trilogie consacrée à la foi, entamée par La Dernière Tentation Du Christ et continuée par Kundun. Scorsese renoue avec son cinéma dans ce qu’il a de plus religieux. Il raconte les persécutions subies par les chrétiens Japonais vues par un couple prêtres jésuites magnifiquement interprétés par Andrew Garfield et le toujours excellent Adam Driver. Scorsese va ici plus loin que le « simple » thème de la foi et la façon de la vivre, et dépeint de façon anti-manichéenne au possible une société japonaise désirant s’affranchir de l’influence des puissances européennes et de maintenir leur culture. Véritable chemin de croix long de près de trois heures, la pénibilité du film sert de façon magistrale son propos et la longue descente aux Enfers de ses deux protagonistes, le tout servi par une reconstitution et mise en scène sublime du maître. Maintenant, il ne reste plus qu’à attendre The Irishman.

3. Un Jour Dans La Vie De Billy Lynn – Ang Lee

Peut-être le film le plus déchirant de l’année, Ang Lee raconte comment les jeunes soldats envoyés au Moyen Orient et revenant au pays, traumatisés, sont totalement dépossédés de leur histoire et de leur trauma par une poignée de cyniques n’ayant pour but que de pérenniser une nation qui destine une partie de ses forces vives à se faire tuer dans un désert à des milliers de kilomètres de chez eux. Tout ça pour que ses citoyens se complaisent dans une consommation ostentatoire et nihiliste. La guerre est une chose horrible, découvrir pourquoi on se bat réellement (autre que les grands principes de démocratie et de liberté) en est une autre. Sans pour autant être une véhémente charge antimilitariste, le film d’Ang Lee montre que les héros fabriqués par les cyniques ne sont que des marionnettes. C’est là que la filiation avec Le Mémoire De Nos Pères de Clint Eastwood est manifeste: le film raconte en substance la même chose et arrive à la même conclusion: la meilleure façon d’honorer ces « héros » est de se souvenir d’eux tels qu’ils étaient et non pas comme une image montée de toute pièce par des publicitaires. Notons également un excellent Vin Diesel qui montre, à l’instar d’Andrew Garfield, que bien dirigé, il est un excellent acteur, et un tout aussi excellent, mais trop rare, Garrett Hedlund.

4. La La Land – Damien Chazelle

Si la tendance actuelle qu’a Hollywood à faire revivre ses gloires passées, le film de Damien Chazelle concilie à mon sens parfaitement cette volonté de rendre hommage à un cinéma révolu, surtout pour ce qui est de la comédie musicale classique, tout en y intégrant son cinéma. Là où Denis Villeneuve est à contre-courant du Blade Runner de Ridley Scott, le jeune Chazelle va piocher d’un côté chez Coppola (One From The Heart), de l’autre chez Jacques Demy (Les Parapluies De Cherbourg), ou encore chez Stanley Donen (Singin’ In The Rain) tout en sollicitant, de manière moins viscérale certes, les thématiques déjà abordées dans Whiplash. A savoir notamment les sacrifices nécessaires pour réussir son rêve, en suivant le couple de Sebastian et Mia, campés par le merveilleux duo de Ryan Gosling et Emma Stone qui ont tous les deux confirmé en 2017 être des acteurs formidables. Peut-être avec Blade Runner 2049 le plus beau film de l’année, tant on sent un soin similaire à celui du film de Denis Villeneuve sur tous les niveaux: que ce soit l’interprétation des acteurs, les couleurs de la photographie de Linus Sandgren, la musique de Justin Hurwitz et la caméra de Damien Chazelle, virevoltant dans les rues de ce Los Angeles rêvé. Peut-être est-ce là que réside le succès de La La Land, parce que toutes ses composantes font de ce film un rêve éveillé.

5. L’Autre Côté De L’Espoir – Aki Kaurismäki

Le Finlandais revient six ans après son Le Havre en suivant également un migrant désirant s’en sortir dans la Finlande contemporaine. Comme d’habitude chez Kaurismäki, on retrouve ces visages burinés et figures fatiguées par un monde qui n’a pas de sens et dans lequel il convient de se mettre ensemble pour le rendre intelligible. Une fois de plus, le décalage entre l’austérité toute finlandaise de ces personnages et l’humour des situations font mouche et rappelle Chaplin, sans pour autant sacrifier ce qui fait aussi le sel du cinéma unique de Kaurismäki: la sympathie infinie que provoque ses personnages pourtant désabusés par le monde moderne mais aussi la tendresse qu’ils éprouvent entre eux passant par des moments fugaces, ce qui les rend d’autant plus beaux. Il serait dommage que l’auteur des géniaux La Vie de Bohême et I Hired a Contract Killer arrête sa carrière ici, tant son cinéma a une chaleur qu’on ne retrouve nulle part ailleurs.

6. Au Revoir Là-Haut – Albert Dupontel

A l’heure où le cinéma français s’embourbe dans des productions de plus en plus standardisées, ce qui n’est pas sans rappeler la situation outre-Atlantique, il reste chaque année des ilôts épars que l’on n’attendait pas forcément. Qu’ils émanent d’auteurs confirmés ou de nouveaux talents, ils qui sont d’autant plus bienvenus. Cette année, c’est Albert Dupontel qui tire son épingle du jeu avec l’adaptation du roman Au Revoir Là-Haut, de Pierre Lemaître, prix Goncourt 2014. Le film raconte l’arnaque montée par deux vétérans de la Première Guerre mondiale via la vente de monuments aux morts. Si le film n’ait pas excepté une légèreté évoquant Charlie Chaplin, il est aussi, dans son introduction, effroyablement puissant quand il s’agit de filmer les tranchées, ou de filmer ces vétérans, mis en marge de la société parisienne des années 20 semblant vouloir oublier l’horreur des tranchées à grands coups de réceptions bourgeoises. Malgré ce focus sur une époque et son état d’esprit, Dupontel n’oublie jamais ses personnages principaux, surtout Péricourt, gueule cassée dont la reconstruction, qu’elle soit physique ou identitaire est le véritable fil conducteur du film. Une merveille d’humour, d’intelligence et, surtout, d’ambition, ce qui fait particulièrement plaisir à voir dans un cinéma français tournant de plus en plus à vide.

7. Song To Song – Terrence Malick

Cela fait plusieurs années que Terrence Malick nous a habitués à des films particuliers, à la limite de l’expérimental et donc extrêmement clivant tant l’appréciation de cette partie de la filmographie du réalisateur dépend d’un spectateur à l’autre. Song To Song ne déroge pas à cette règle: en tout point déroutant, il suit le parcours sentimental et spirituel de trois personnages incarnés à la perfection par la fantomatique Rooney Mara, Michael Fassbender et Ryan Gosling (encore lui). Des festivals de musique aux appartements et villas californiennes, Malick fait virevolter sa caméra au gré des rencontres vécues par les personnages, avec une toujours sublime photographie d’Emmanuel Lubezki. Ajoutez à cela les apparitions toutes aussi savoureuses les unes que les autres de Cate Blanchett, Natalie Portman, Pattie Smith ou encore Val Kilmer, et l’on obtient le film le plus déroutant de l’année posant énormément de question sur notre propre condition occidentale, sans évidemment y répondre. Quel serait l’intérêt sinon ?

8. Logan James Mangold

Après un volet absolument raté, il était étrange que James Mangold revienne pour un troisième film sur le héros aux longues griffes. Pourtant, on peut presque voir dans Logan une appropriation de l’imaginaire entourant Wolverine, similaire à l’appropriation que Villneuve s’est faite de l’univers de Blade Runner. En découle un film éminemment personnel, relevant plus du western crépusculaire autour de la figure du super-héros que du film de super-héros en tant que tel. En montrant un Wolverine et un professeur X épuisés, fatigués, Mangold montre dans un élan absolument fordien la fin de ses légendes. Le film aurait sans doute été plus beau s’il avait annoncé la fin effective du film de super-héros à Hollywood, ce qui n’a pourtant pas l’air d’être le cas, tout comme L’homme Qui Tua Liberty Valance a été le film annonciateur de la fin du western classique.

9. Jackie – Pablo Larraín

Parti comme un énième biopic à Oscar, le Chilien Pablo Larrain arrive à transcender son sujet et à livrer un film éminemment malickien, dans lequel on est placé au plus près de la veuve du défunt John Kennedy durant les jours et de préparation de ses funérailles. Pas consensuel pour un sou, le thème du film étant la fabrication de l’histoire et des mythes de l’Amérique, la figure du président Kennedy est implicitement critiquée sans pour autant tomber dans une violente charge contre un de ceux qui a failli plonger le monde dans la troisième guerre mondiale, chose rappelée par le personnage de Robert Kennedy, ce qui rend la pique d’autant plus marquante.

10. Dunkirk Christopher Nolan

Après les boursouflés Inception et Interstellar, la crainte était que Nolan renoue avec ses défauts avec son Dunkirk. Et si l’on en retrouve quelques fugaces traces, force est de constater que Nolan a réussi à se renouveler en proposant un film dépouillé en dialogues ou explications saugrenues et nous met au plus près de ses protagonistes, le temps d’un huis clos sur la plage de Dunkerque, alternant entre les points de vue de l’infanterie, de l’aviation et de la marine. La tension que Dunkirk fait grandir tout au long de son déroulement est sa grande force: on sait que l’ennemi est proche, et on sait qu’il va arriver. En outre, le fait que l’ennemi n’est jamais montré donne une dimension presque mythologique à l’étau qui se resserre sur les soldats anglais et français. Pourtant, le film est très maladroit dans sa reconstruction historique et la composition de Hans Zimmer est une fois de plus d’une fainéantise assez incroyable quand on la compare à son travail sur Blade Runner 2049. Quoiqu’il en soit, Dunkirk est la maturité retrouvée (depuis The Dark Knight qui va sur ses dix ans) pour un Christopher Nolan qui redonne envie de voir ce que réserve la suite de sa carrière.


DRAMA
: J’ai trouvé cette fin d’année riche en films extraordinaires. Même si ce début d’année à commencer avec le visionnage d’œuvres telles que La La Land, emportant les spectateurs dans des couleurs ou musiques vivifiantes et confirmant un certains talent à Damien Chazelle pour la mise en scène et la réalisation. Nocturnal Animals, sorti fin 2016 mais sur nos écrans en janvier dernier, n’est pas non plus à négliger. Ce thriller perturbe aisément via des scènes capables de chambouler toutes les idées qu’on le pouvait se faire au sujet de son intrigue principale.

L’acteur de l’année s’appelle Ryan Gosling (même si je n’ai pas accroché à Song To Song, aux commandes d’un Terrence Malick aux créations devenues trop caricaturales) et les actrices à retenir sont Ana de Armas (Blade Runner 2049), Emma Stone (La La Land), Ahn Seo-hyeon (Okja) et surtout Noomi Rapace (Seven Sisters). Cette dernière délivre une prestation mémorable et folle de 7 personnages baignés dans un univers futuriste, où les décisions politiques mènent à des séquences dont la violence gifle souvent le spectateur de façon brutale.

Mais 2017, c’est aussi l’année qui a porté sur le devant de la scène un phénomène captivant : deux longs-métrages qui ont énormément divisés. Ils se nomment Blade Runner 2049 et Star Wars VIII : The Last Jedi. Alors que le premier propose un type de cinéma dont la plupart des communs des mortels n’est plus habitué à voir (et ça j’en suis sûr), le second, lui, décide d’offrir une tabula rasa à des fans liés à une saga qui n’a pas fini de faire parler d’elle.

Si le nouveau Star Wars, assez mauvais en certains points, se trouve dans ce top, c’est parce qu’il apporte de nouvelles lectures concernant l’univers passionnant des chevaliers de l’espace. Je pense qu’il est bon de souligner cette caractéristique malgré un scénario bancale qui découle notamment d’un épisode VII extrêmement foireux.

La suite au Blade Runner de Ridley Scott est admirable, tant elle résulte d’un savoir-faire qui me rappelle grand nombre de vieux films : on est plus enclin à contempler diverses images où leurs expositions ne s’enchaînent pas à grande vitesse, mais durent longuement à l’écran. Roger Deakins mérite un Oscar (voilà c’est écrit). Un dernier point, mais pas des moindres, pour ce qui est du bijou de mon Québecois adoré : j’adore les films qui torturent mes méninges et qui m’amènent à plusieurs questionnement une fois à leurs fins. Inutile d’insister sur le fait que Blade Runner 2049 en réussit le pari. N’oublions pas aussi le choix intelligent de Ryan Gosling pour un rôle qui lui va comme un gant. Alors oui, Denis Villeneuve, comme pour le top de l’an passé, se place numéro un grâce à un travail hors-pair et très peu comparable à celui des autres cinéastes d’aujourd’hui.

TOP 10

1. Blade Runner 2049 Dennis Villeneuve

2. La La Land  Damien Chazelle

3. Baby Driver  Edgar Wright

4. Nocturnal Animals  Tom Ford

5. Colossal  Nacho Vigolando

6. Okja  Bong Joon-ho

7. Les Gardiens De La Galaxie 2  James Gunn

8. Logan  James Magold

9. Star Wars Episode VIII: Les Derniers Jedi   Rian Johnson

10. Seven Sisters  Tommy Mirkola



LE DARON :

TOP 10

1. Quelques Minutes Après Minuit – Juan Antonio Bayona

Magnifique, touchant, universel. Bayona à son sommet.

2. Logan – James Mangold

La réponse a 10 ans d’attentes. Le film Wolverine que l’on rêvait de voir.
Et en plus sur fond de western.

3. La Planète Des Singes : Suprématie – Matt Reeves

La conclusion simiesque à la nouvelle trilogie
de l’une des meilleurs saga de tous les temps.

N’hésitez pas à jeter un œil sur nos critiques de quelques classiques du cinéma.

Manhattan – Woody Allen

Easy Rider – Dennis Hopper

Dr. Strangelove Or: How I Learned To Stop Worrying And Love The Bomb
Stanley Kubrick

Orange Mécanique – Stanley Kubrick

Le Président – Henri Verneuil

La Nuit Des Morts Vivants – Georges Romero

Once Upon A Time – Sergio Leone

Baby Driver

Baby Driver est le sixième long-métrage du cinéaste anglais Edgar Wright. Après avoir réalisé la Trilogie du Cornetto, et s’être éloigné de la machine hollywoodienne qui gérait Ant-Man (2015), il est de retour pour une comédie musicale sous forme de courses poursuites, braquages de banques et histoires de vengeance.

Baby, interprété par Ansel Elgort, est un jeune et habile conducteur qui se charge de conduire et sauver des criminels avant et après qu’ils ne dérobent tout l’argent entreposé dans des banques. Il travaille pour un mafieux des temps modernes, nommé Doc et joué par l’acteur Kevin Spacey.

Un beau jour, Baby fait la rencontre de Debora, une serveuse tout aussi passionnée de musique que lui, et le coup de foudre s’abat sur lui. Il envisage alors de ne plus être complice de magouilles menant sa vie en danger, mais quel est le prix à payer pour s’échapper de cette routine ?

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Blade Runner 2049

Blade Runner possède un statut particulier au sein de l’histoire du cinéma: si tout le monde s’accorde à dire que le film de Ridley Scott sorti en 1982 a redéfini beaucoup de traits du genre de la science-fiction, il n’a jamais bénéficié de l’aura d’un Alien et n’est finalement l’objet de l’adoration de cercles plus restreints. La multiplicité des versions n’aidant pas; dur de se repérer entre la version cinéma de 1982, la Director’s Cut (qui n’en est pas une) de 1992 et l’extraordinaire Final Cut de 2007. A partir de ce constat, lancer une suite, en plus de susciter un lever de sourcil inquisiteur chez bon nombre d’amateurs du premier, semblait être un pari assez risqué. Mais dès que Hampton Fancher (scénariste de l’opus originel) fut annoncé à l’écriture, Roger Deakins à la photographie, ce bon vieux Ridley Scott, qui semble inarrêtable en cette année 2017, à la production, et surtout Denis Villeneuve à la réalisation, bon nombre de craintes se sont envolées. En effet, fort à l’époque de ses Prisoners et Enemy, vite rejoints par son Sicario, le Québécois a montré qu’il n’était pas descendu à Hollywood pour plaisanter. Ses œuvres oppressantes et à la limite du paranoïaque participent à un tout mêlé à des thèmes déjà exploités dans ses films canadiens, tels que la filiation, le cercle de la violence ou la quête de sens. Dès la sortie de Arrival, apparait la confirmation du talent de Villeneuve à ne sacrifier en rien l’aspect purement émotionnel, voire sensoriel, sur l’autel du film de science-fiction. Désormais, on savait qu’il était l’homme providentiel destiné à faire suite à l’indescriptible monologue de Roy Batty (Rutger Hauer) sous la pluie.

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Le Redoutable

Fort d’une solide réputation méritée en tant qu’auteur de comédie suite à La Classe Américaine et les deux opus de OSS 117, et de la multitude d’oscars remportés par The Artist, Michel Hazanavicius revient là où on ne l’attend pas spécialement. Et pour cause, avec Le Redoutable, adapté du roman d’Anne Wiazemsky, Un an après, Hazanavicius s’attaque au mythe Jean-Luc Godard sous le prisme de son histoire d’amour avec ladite Anne Wiazemsky, actrice ayant joué pour lui dans La Chinoise (1967) jusque 1969. Là où d’autres auraient adapté le roman de la petite fille de François Mauriac comme un biopic tout ce qu’il y a de plus classique, Hazanavicius se le réapproprie en livrant une comédie ayant pour personnage principal Jean-Luc Godard.

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Il était une fois en Amérique

ATTENTION SPOILERS

Il m’a fallu 3 jours pour visionner l’entièreté de ce film. Durant mes vacances, j’ai préféré dédié mes après-midi à voir cette œuvre d’une durée de près de 4h.
Si je décide d’en parler, c’est parce que Once Upon A Time In America détient les points cruciaux attribués aux films que j’aime.

Simple recette pour adorer un long métrage, de quoi avons-nous besoin ?

  1. Un des meilleurs acteurs de tous les temps : Robert Fuckin’ De Niro

  2. Un compositeur génial : Maître Ennio Morricone

  3. Un thème violent : la pègre

Je peux terminer ainsi cette critique. Néanmoins, je compte insister sur quelques caractéristiques au sujet de l’œuvre de Sergio Leone. Upon A Time In America se déroule aux lueurs du vingtième siècle, dans un ghetto juif new-yorkais, et traite des aventures de 5 camarades qui grandissent ensemble. Au sein de ce milieu sans foi ni loi, le spectateur suit particulièrement le parcours du jeune et pauvre Noodles. Ce dernier tombe follement amoureux d’une fille voulant devenir actrice, Deborah. Il est aussi accompagné de Max, son coéquipier et frère d’arme. Ensemble, ils vont vivre de nombreuses péripéties pour survivre dans les bas-fonds. A eux-deux, ils sont à la tête d’une petite bande de canailles. Ils mènent alors une vie faite de magouilles, d’arnaques en tout genre.

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Leur ennemi, nommé Bugsy, assassine un des leurs. Noodles abat froidement le meurtrier pour venger son ami. Jugé par la suite pour son crime, Noodles va passer une grande partie de sa vie en prison. A sa sortie, Max l’accueille en lui annonçant qu’un commerce d’alcool de contre-bande l’attend. Il devient accro à l’opium et son amour pour Déborah n’est que grandissant.

Bourré d’anti-héros, Once Upon A Time In America est rempli de scènes pas très catholiques : viols, meurtres ou encore braquages. Noodles, interprété par Robert Damn De Niro, et Max, joué par James Wood, sont deux figures incroyables, à savoir, des hommes sans scrupules. Ils sont prêts à atteindre chacun de leurs buts, les plus dangereux soient-ils. Si l’on se demande parfois s’ils ne sont pas victimes de leur bestialité, on est sûr par contre qu’ils en usent comme moyen d’expression, d’affirmation personnelle.

Bien que le commencement soit compliqué de sens mais révélateur d’un grand nombre de choses pour l’intrigue, il est à l’image d’un Sergio Leone au sommet d’une réalisation des plus modernes. Une fois ce constat remarqué, une question mérite d’être posée. Pourquoi ce long métrage dévoile un imaginaire unique en son genre ? Grâce à sa capacité à présenter un protagoniste extraordinaire : le temps. D’ailleurs, le cinéaste, lors d’une conversation avec l’historien Noël Simsolo, avouait :

La particularité de l’opium est d’être une drogue qui vous fait imaginer le futur comme le passé. L’opium crée des visions de l’avenir. Les autres stupéfiants ne vous font voir que le passé. (…) Noodles n’est jamais sorti de 1930. Il rêve tout. Tout le film est le rêve d’opium de Noodles à travers lequel je rêve les fantômes du cinéma et du mythe américain.

Les créateurs d’Inception peuvent aller se rhabiller ! Ce détail a toute son importance, lorsqu’on analyse cette fresque américaine. A un instant précis du récit, Noodles n’est plus et ne sera jamais. Emporté dans ce qui semble une aventure onirique, je ne pense pas que tout spectateur sache que ce film porte une marque de modernité claire et manifeste.

Que ce soit les trois périodes d’existence des personnages, ou l’évolution de New-York ne perdant rien de sa froideur selon les époques, le temps est omniprésent. Le temps ravage les consciences, sépare et trace différents destins.

Noodles, éloigné de Déborah, loin de son milieu, ressort de sa peine carcérale comme s’il devait encore prouver au monde qu’il ne craint rien, si ce n’est de ne pas aimer celle qu’il a toujours aimé. On essaye d’imaginer son futur lavé de tous péchés et d’oublier son douloureux passé.

Tandis que certaines scènes se passent sans aucune musique de fond, où le silence fait place à l’horreur, d’autres, où l’on aperçoit des personnages pensifs ou tristes, sont orchestrées par la douceur des violons morriconiens. Cette douceur en question amène à une atmosphère rappelant la dure vie de hors-la-loi, créant par la même occasion un paradoxe fou. ‘Yesterday’ des Beatles, repris au piano ou aux violons, participe également à emplir le film de mélancolie.

La musique de Morricone résume également tout le chagrin d’une séquence particulière. Je pense au moment où Noodles arrive à la gare, voyant Deborah s’en aller en train, le laissant seul sur les quais.

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Comment démontrer que cette musique est magique ? Elle influence les spectateurs à ressentir de la compassion pour les personnages principaux. Pour ma part, malgré le fait de m’être souvent attaché à des anti-héros plus que détestables, et malgré ma pitié envers la bande à Noodles galérant énormément pour survivre dans les rues, il m’est impossible de me lier à ces hommes rusés et impitoyables.

Alors pourquoi avoir vu ce film ? Pour toutes les raisons déjà citées et bien d’autres. Les actes portés par les protagonistes sont vraiment infâmes à regarder. Cependant, il n’y a rien de gratuit, tout est explicable. Quand l’on sait que Noodles a passé sa jeunesse en prison, qu’il a tué quand il était adolescent… ou que le plus grand rêve de Max a toujours été de braquer une énorme banque, est-il si étonnant de noter que ces types agissent tels des monstres ?
Je ne caricature en aucun cas un genre de criminel pré-formaté. Le film développe tellement bien le passé de chacun des personnages, qu’il est simple de comprendre qu’ils sont nés et qu’ils ont toujours vécu dans une violence qui les a fortement influencée. En d’autres mots, ce film, baigné dans l’agressivité pure et dure, raconte la folle histoire de cinq amis, liés par le cordon ombilical de l’anarchie.

Autre point incroyable : l’évolution de New-York, en simultanée avec celle du groupe d’amis. Entourés de décors sublimes reconstituant la vieille ville, Sergio Leone et son équipe exposent parfaitement le basculement temporel (ancien à moderne), en reconstituant la Grande Pomme.

Once Upon In A Time America, dans son ton cru et cruel, nous propose de découvrir les fascinantes fatalités de camarades qui n’avaient peur de rien, surtout pas de l’illégalité. Une histoire où diverses facettes humaines ne sont pas mises de côté, donnant l’opportunité aux spectateurs de réfléchir selon leurs vécus et émotions.

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La Nuit Des Morts-Vivants

Le premier film de zombie de l’Histoire du Cinéma n’est pas La Nuit des Morts-Vivants (Night of The Living Dead sous son titre original), datant de 1968, mais plutôt White Zombie, sorti en 1932 et réalisé par Victor Halperin (1895-1983).

Ce dernier décrivait des zombies comme des marionnettes obéissant aux personnes qui leur ont redonné vie, alors que le premier film de Georges Romero se faisait une toute autre idée de ces créatures qu’il surnommait « goules ».

Mort à l’âge de 77 ans, Romero était le père fondateur de l’image que l’on connaît des zombies : des cannibales prêts à ravager l’humanité, quasiment invincibles, assez lents et sans aucune conscience. Inspiré par le roman I Am A Legend (1954), écrit par Richard Matheson (1926-1953), ce cinéaste, avec un petit budget de 114 000 dollars (d’où le choix du noir et blanc), engendre ce qui sera l’emblème des films de zombies tel qu’on a l’habitude de les voir à l’écran. En d’autres mots, Night of The Living Dead (scénarisé par John Russo et Romero lui-même) représente un véritable détachement des œuvres de zombies précédentes, faisant de Romero, l’artiste qui a su revisiter le mythe du mort-vivant pour en construire sa version moderne.

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Dunkerque

Cinéaste adoré et des critiques et du grand public s’il en est, Christopher Nolan a réussi l’entreprise, entamée il y a plus de dix ans avec Batman Begins et concrétisée avec The Dark Knight de faire partie du cercle très fermé des réalisateurs disposant de la totale confiance des studios. Fort de ce statut, le bougre a eu la chance de pouvoir réaliser des films aux ambitions toujours plus démesurées. De là à dire que Christopher Nolan est le nouveau David Lean, il n’y a qu’un pas. Cependant, il semble que deux de ses trois longs-métrages les plus aimés (voire même adorés et défendus en vers et contre tout par une infatigable horde de fans), The Dark Knight, Inception et Interstellar montrent toutes les limites de ce cinéaste. Le premier est le meilleur des trois: tout en proposant ce qui est sans doute le plus grand film sur la société occidentale, et plus particulièrement américaine, post-11 septembre, Nolan réalise le mètre étalon du blockbuster contemporain enrobé d’un héritage très « Michael Mannien » qui n’étouffe pas le film, un des chefs-d’œuvre de ce début de siècle. A contrario, Inception, se reposant beaucoup trop sur son concept, peine à faire exister ses personnages et propose une vision de l’onirisme très froide, très clinique et se finit par un pseudo-twist absolument inutile et malvenu tant le déroulement du film n’est pas aussi tortueux et complexe que Nolan et beaucoup de ses fans aimeraient le faire croire. Quant à Interstellar, les magnifiques images de l’espace peinent à rattraper des personnages aux relations bien trop platoniques pour soutenir un propos vantant justement le pouvoir de l’amour et dont les dialogues semblent servir à expliquer les élucubrations scientifiques de ce bon vieux Christopher. Ajouté à cela un aspect métaphysique balourd et pompeux assez détestable qui est bien loin de rivaliser avec 2001 : L’odysée de l’espace, modèle assumé du cinéaste.

Une fois Dunkerque annoncé, le projet étonne tant le sujet ne se prête absolument au high-concept Nolanien, marque de fabrique tristement réductrice pour un cinéaste pouvant proposer bien d’autres choses, comme le prouvent son trop méconnu Insomnia et The Dark Knight.

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L’introduction donne le ton. Après que soient montrés des soldats anglais pris pour cible dans les rues de Dunkerque par un ennemi qui restera invisible durant tout le film, est dévoilée la plage de Zuydcoote remplie de figurants. Nolan cadre directement son sujet : il veut raconter l’évacuation des soldats anglais depuis la France vers leur île suite à la débâcle de la Bataille de France. Plus haut était à dessein évoqué David Lean, car la révélation de la plage fourmillant de figurants en uniforme et véhicules d’époque n’est pas sans rappeler les longues et ambitieuses fresques historiques du génial réalisateur du non moins génial Lawrence of Arabia. Mais Nolan fait tout autre chose de l’ampleur de son métrage. S’il se concentre sur les destins particuliers d’une poignée de soldats et civils, sur terre (Fionn Whitehead et de l’étonnant Harry Styles), sur mer (Kenneth Brannagh, Mark Rylance), et dans les airs (Tom Hardy et Jack Lowden), il omet totalement l’aspect politique et extérieur au lieu des opérations pour proposer autant un thriller haletant qu’un film de guerre. C’est là que la mise en scène de Nolan, renforcée par la sublime froideur de la photographie de Hoyte van Hoytema, montre toute son efficacité, voire sa virtuosité. Non seulement le spectateur est à proximité immédiate des différents protagonistes, de telle sorte qu’on se croirait avec eux sur la plage, essuyant les tirs des monstrueux et bruyants Stuka de la Luftwaffe, ou dans l’eau, en train de se noyer suite au torpillage d’un destroyer. Mais en plus de cela, il réussit à faire planer sur tout son film l’ombre monstrueuse, presque mythologique, de l’avancée inéluctable de l’armée allemande. Ainsi, Dunkerque fait ressentir dans sa quasi-totalité, une sensation pesante d’oppression et de resserrage d’un étau terrible et destructeur. Le tout auréolé d’une extraordinaire maîtrise du suspense, malgré un deus ex machina assez malvenu en fin de film, Christopher Nolan étale ici tout son talent de metteur en scène mais aussi de faiseur d’images. Seule ombre au tableau, la présence dans le décors de lotissements, immeubles et autres installations urbaines datant au mieux des années 60, qui n’ont rien à faire dans le Dunkerque de 1940. Cela peut sembler être un détail, mais l’œil un tant soit peu attentif sortira du film à la vue de ces anachronismes.

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Si on pouvait faire confiance au talent de metteur en scène de Nolan, c’est bien l’écriture qui suscitait une vive appréhension. Le côté explicatif et pompeux d’Inception et Interstellar, ainsi que son appui trop fort sur ses high-concepts, boursouflaient ces deux films et les rendaient insupportablement prétentieux. Mais, miracle, les défauts de ces deux films sont largement effacés, quand ils n’étaient pas simplement absents. Ici, Nolan se montre avare en dialogues et autres logorrhées explicatives indigestes. Cette sous-écriture toute relative, nous parlons quand même de Christopher Nolan, s’applique aussi aux personnages, qui n’ont pas besoin d’être davantage développés tant l’impression de danger approchant, et de huis clos du film, suffisent à ressentir un attachement pour ces personnages. Nul besoin qu’un soldat montre une photo de sa jolie fiancée l’attendant au pays pour s’attacher à lui, seule l’urgence d’un départ qui semble impossible et l’importance de sauver l’armée anglaise permet de ressentir un attachement presque immédiat pour ces soldats et civils. Une qualité qu’on n’espérait plus voir dans un film de Christopher Nolan, malgré un final tout de même assez pompeux, la faute à un élan de patriotisme quelque peu lourdaud.

Autre ombre au tableau est la composition d’une paresse impressionnante de Hans Zimmer (mais est-ce une surprise ?). Le bougre ne semblant plus capable de faire autre chose que du crescendo. Pire, la musique se fait par moments trop envahissante alors que la seule puissance visuelle de la mise en scène Nolan aurait suffi, c’est là qu’on retrouve soit le caractère pompier de Nolan, souhaitant appuyer la grandiloquence de son film, soit un manque de confiance du réalisateur envers son propre cinéma. Reste à espérer que pour son prochain film, Nolan changera de compositeur comme il avait remplacé, pour le meilleur, son directeur de la photographie Wally Pfister par Hoyte van Hoytema en ce qui concerne Interstellar.

Avec ce dernier film, Nolan semble entamer un tournant dans sa filmographie, se reposant davantage sur sa mise en scène que sur son écriture et ses dialogues. Dunkerque montre qu’il est capable de bien d’autres choses que de films dont on se souvient juste à cause d’une toupie qui tourne ou de Matthew McConaughey qui pleure en gros plan. Si certains défauts du cinéma de Nolan sont toujours présents, ils sont suffisamment discrets pour que s’impose la proposition de cinéma incroyablement maîtrisée, puissante et d’une qualité qu’on n’avait pas retrouvé chez Nolan depuis The Dark Knight. Sans pour autant accéder au panthéon du genre du film de guerre, Dunkerque est une réussite qui donne non seulement envie de voir l’évolution de la carrière d’un Nolan ayant, espérons-le, gagné en maturité. Il ne reste désormais plus qu’à attendre de voir comment Ridley Scott s’occupera de la « suite » avec son projet sur la Bataille d’Angleterre.

Clément Manguette