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Travis Scott – Days Before Rodeo

Récemment, Travis Scott a retourné Internet avec un seul tweet : DAYS BEFORE RODEO, RE-RELEASING EVERYWHERE AUGUST 23. Et, le tweet était accompagné d’une vidéo, des images de la confection du projet. On y voit notamment Metro Boomin en studio avec Travis.

Voir ces images et réécouter la mixtape m’a rendu nostalgique d’une époque pas si lointaine des mixtapes. En effet, avant Spotify, Deezer et Apple Music, les artistes hip-hop sortaient des mixtapes pour faire patienter le public.

C’est quoi une mixtape ?

Il n’y a pas de réelle définition de ce qu’est une mixtape dans le hip-hop. Donc, je vais simplement résumer les différentes raisons d’être d’une tape.

Dans un premier temps, les artistes sortent des mixtapes pour faire attendre leurs publics dans la période avant la sortie d’un album. Ensuite, une mixtape peut également servir comme moyen de se faire connaître, car elle est gratuite. Elle peut également être une compilation des morceaux qui n’ont pas été retenus pour figurer dans l’album final. Enfin, du fait de sa gratuité, ce format permet aux artistes de sortir des morceaux contenant des samples non autorisés.

Days Before Rodeo

Nous sommes en 2014. A cette époque, Travis n’est pas du tout la star mondiale que le grand public connaît actuellement. Il ne compte qu’une mixtape, Owl Pharaoh (2013). Et, il vient seulement d’annoncer la sortie de son premier album nommé Rodeo. Dans ce contexte, celui qui se surnomme La Flame sort Days Before Rodeo.

C’est à ce moment-là que je découvre le rappeur natif de Houston (Sud des États-Unis). Je reçois une véritable gifle lors de ma première écoute. En effet, avec ce projet, l’Américain veut montrer de quoi il est capable. Pour ce faire, il fait appel à un producteur, une légende vivante, Mike Dean, et à un certain Metro Boomin. Avec ces deux producteurs à la manette, le projet s’inscrit assurément dans la lignée de ce qui se fait de meilleur à Atlanta, à cet instant précis de l’Histoire. En effet, dans le monde hip-hop, deux villes se sont toujours battues pour l’hégémonie sur le rap : New-York (côte Est) et Los Angeles (côte West). Mais, au début des années 2010, une nouvelle ville vient se mêler à la bataille : Atlanta.

Le meilleur projet de Travis Scott ?

Comme expliqué précédemment, une mixtape peut servir à présenter son univers musical. Et, Days Before Rodeo est assurément le projet où Travis veut montrer sa patte artistique. Il ne fait pas seulement que s’entourer de très bons producteurs. Il fait également appel aux meilleurs artistes de ce moment-là. Par exemple, dans le deuxième titre du projet, ‘Mamacita’, il invite Young Thug et Rich Homie Quan. Il fait également appel à Big Sean dans le single ‘Don’t Play’. Sans oublier, le groupe Migos, l’accompagnant dans le légendaire ‘Sloppy Toppy’.

Cette mixtape n’est pas seulement un rassemblement des Avengers d’Atlanta mais une démonstration de la maîtrise de son art par La Flame. Et, je vous conseille d’écouter ‘Basement Freestyle’ pour le comprendre.

Days Before Rodeo marque énormément d’auditeurs de rap US lors de sa sortie. Il symbolise une époque où le rap n’était pas encore si populaire, une époque où la créativité des artistes n’était pas bridée par l’envie de vouloir faire de la musique qui plaît au plus grand nombre.

Fortuné Beya Kabala

LA POIVRE ET SEL #10

La Poivre et Sel est une analyse de l’actu culturelle. Pour le dixième épisode, honorons les manga. Un podcast de Bruno, Mouche et Pierre. Bonne écoute !

A qui conseiller My Hero Academia ? ~ 57sec

Adieu Eri, œuvre d’un auteur attirant, mais surtout, perturbant ~ 11min40

Notre arc préféré de One Piece (sans gros spoils) ~ 20min55

Générique
Vinicio Caposella – ‘Che cossè l’amor’
Tracklist
The Different – ‘Boy’ / Kinematic – ‘Peyote’

LA DURE A CUIRE #111

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la moins douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist homonyme !

Tramhaus

Moi, j’aime l’énergie. Mais ce que j’aime par dessus tout, c’est ressentir des émotions fortes à des concerts. Les Néerlandais de Tramhaus seront-ils à la hauteur ? Quand je mate le clip de ‘Ffleur Hari’, la question est vite répondue.

The Smile

Listen close, listen carefully. You will hear that the birds are in the wrong place. Fortunately there the system will provide. Windows 95, Windows 95.

Jack White

Le retour de Jacques Blanc mérite sûrement un article. Pour l’instant, comment nier l’album surprise de l’artiste ? No Name s’écoute comme un bon vin dégusté sous les ruines.

brunoaleas

Wendy-Jasmine Henchich Interview

Wendy-Jasmine Henchich aime la musique. Elle combine sa passion à ses convictions politiques. Elle est DJ et MC chez Les Volumineuses, collectif bruxellois et féministe. Dès lors, elle s’exprime sur le secteur musical, sans langue de bois.

Actuellement, en tant qu’artiste, un combat t’anime plus que tout.

Le combat qui m’anime le plus, c’est la libération de la Palestine. En effet, en tant qu’artiste, surtout quand je suis MC ou quand je mixe, c’est mon devoir de militer sur les plateformes qu’on m’offre, que ce soit en appelant à aller manifester, à voter en pleine conscience, ou encore, en passant de la musique d’artistes de Palestine. Je ne suis pas Palestinienne. Mais c’est une lutte qui nous concerne toustes car il s’agit de défendre des droits humains inaliénables, mais qui sont pourtant bafoués au nom du profit et de l’individualisme. C’est tout un système d’oppression qui est mis en lumière, et pourtant, il est plus épineux que jamais de mettre un terme à ce génocide. Cela n’a pas de sens. C’est le symptôme, on ne peut plus probant, d’un dysfonctionnement de notre humanité.
Si on remonte à la cause première de ce système oppressif, on se rend compte qu’il s’agit du patriarcat : l’envie de dominer l’autre, de lui prendre ses richesses, de l’infantiliser, de l’ostraciser. Par conséquent, les choix que je fais lorsque je décide de travailler, ou non, avec certaines personnes ou organisations, se fait à travers un prisme féministe.

Je te propose de décrire tes autres activités, au sein de notre plat pays. En Fédération Wallonie-Bruxelles, le Concours Circuit est là pour dénicher les talents. Plus de 420 artistes s’étaient portés candidats à l’édition 2022. Eosine remporte le prix. Ce groupe shoegaze fut en compétition avec Alex Lesage, jeune artiste electro, ou encore Jazmyn, chanteuse soul. Toi qui étais membre du jury, quels étaient tes critères de sélection ? Comment choisir les artistes les plus marquants ?

Mon critère de sélection, outre la qualité de l’exécution, le voici : il faut que le projet me fasse vibrer l’âme. Je n’ai donc pas beaucoup de contrôle ni d’objectivité de ce côté-là. Je suis surtout à la recherche de quelque chose d’unique, pas forcément novateur, mais qui permettra au projet de se distinguer.
En 2023, j’avais également eu l’opportunité d’être dans le jury, lors des showcases (ndr : mini-concert promotionnel, où un groupe se produit devant des professionnels, journalistes ou invités, dans un lieu ouvert au public). Lorsqu’il faut passer de 15 à 5 projets, il faut réfléchir avec des critères beaucoup plus rationnels, comme la représentation des styles musicaux, la parité et le potentiel de développement.

Faisons un bond en arrière. Durant la période covid, certaines personnalités ne se gênaient pas pour qualifier la culture de non-essentielle. Comment en sommes-nous arrivés là ? Devrait-on réaliser plus souvent à quel point la culture sauve des vies ?

Tout d’abord, j’ose espérer que ces personnes ont changé d’avis, parce que ce sont les films, les livres, la musique et toutes les autres formes d’art qui nous ont permis de tenir lors des confinements. Ce n’est pas pour rien que certains·es étaient prêt·es à encourir des amendes, en organisant des évènements clandestins.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Je ne suis pas sûre de détenir la véritable réponse. Néanmoins, je pense que c’est lié à cette montée en puissance des organismes de répression et de la mouvance liberticide que l’on observe actuellement en politique. Et comme l’art est le premier espace où il est possible d’exprimer son opinion publiquement et librement, je crois que c’est pour ça qu’il a été tenté de museler le secteur culturel.

Pour terminer, soyons fous ! Si tu étais ministre de la Culture, quelle serait ta première loi pour le bien des artistes belges ?

Hmm… j’aimerais que les artistes soient subsidié·es à 100% ! En effet, je constate qu’être artiste, c’est principalement se vendre ou se mettre en compétition afin de pouvoir financer ses projets. Or, le marketing, c’est un tout autre métier !
Je suis convaincue que beaucoup d’artistes pourraient en être plus loin dans leur carrière car iels gagneraient du temps et de l’espace mental pour leurs projets.

Interview menée par brunoaleas – Photo ©Nafi Yao

Opponents : une bataille intérieure pour vaincre l’ennemi extérieur

Premier projet du groupe Mina Raayeb, Opponents est un EP de 6 titres qui sert de carte de visite pour découvrir l’univers du trio originaire de France. Avant d’évoquer les thématiques abordées dans ce projet, il est nécessaire de s’arrêter sur la qualité de la production. En effet, le groupe est composé de 2 musiciens et ça peut sembler normal pour les autres genres musicaux. Pour ce qui est du rap, c’est une chose assez rare et ça se ressent, ça s’écoute, plus précisément.

Le style musical de Mina Raayeb est un mélange de musique électronique et rap. Ce mélange s’articule de la manière suivante : le rap pour les paroles et la musique électronique pour les compositions. C’est un mélange de genre qui donne un style très percutant et énergique.

Opponents n’est pas seulement un projet avec des prods percutantes. Non, il y a également des paroles percutantes comme l’on aime bien entendre dans le hip-hop. Je ne sais si l’emploi de l’anglais y est pour quelque chose, mais l’EP transpire l’énergie, la puissance, le combat.

Le choix des thématiques permet également d’apporter cette énergie. Le choix du titre de l’EP ne déroge pas à cette direction artistique. En effet, opponents se traduit par adversaires. Dans ce projet, les adversaires ne sont pas seulement les autres mais également soi-même.

Le projet débute avec le morceau ‘Reset’. Il y est question de se préparer mentalement à vaincre notre ennemi. Il est question de cesser de douter de soi-même et de faire un reset mental pour la bataille finale.

Ensuite, dans le morceau éponyme de l’EP, ‘Opponents’, arrive le moment de s’équiper pour aller livrer bataille. Mais à cet instant, on ne connaît pas encore qui est notre adversaire. Dans les morceaux qui suivent, on ressent l’hésitation, la faiblesse avant la bataille. Avec le 4e titre, ‘Jack’, on atteint le point culminant de l’hésitation chez notre guerrier.

Plus nous avançons dans le projet, plus le visage de notre ennemi commence à apparaître. Il faut attendre le dernier track, ‘Growing up’, pour comprendre que notre héros combat un ennemi redoutable, à savoir, le système capitaliste. Un système qui se construit par l’exploitation de l’autre. Et, pour arriver à bout de cet adversaire, il va non seulement falloir que nous nous rassemblions, mais également que nous changions notre façon de fonctionner.
En somme, Opponents est un projet qui nous invite à faire notre propre introspection, à nous révolter et à nous rassembler pour changer les choses.

Fortuné Beya Kabala

Notre sympathie pour Denji

Depuis quelques années, un manga apparaît comme une dinguerie. Chainsaw Man conte l’histoire de Denji. Héros malgré lui, le jeune homme se lance dans la chasse aux démons pour survivre. Assez pauvre. Quasi inculte. Denji est un protagoniste fascinant. Il fusionne avec son chien. Du jour au lendemain, il devient l’Homme Tronçonneuse ! Le jeunot suit alors les ordres de Makima et affronte les menaces aux côtés de Power.

Plus le temps passe, plus une question m’obnubile. Comment se fait-ce qu’un tel paumé soit si attachant, alors que la seconde partie du manga est moins palpitante que la première ?

Primo, nous sommes ses yeux. Comment ? Les lecteurs découvrent littéralement la folie qui s’offre à Denji. L’univers construit par Tatsuki Fujimoto est renversant. Rien n’est acquis. Des liens se font et défont. Des relations se créent et s’annihilent, en un rien de temps. Denji subit énormément de tragédies sans jamais perdre son énergie. Soudain, il devient notre envie de foncer droit dans le feu. Comme si les chapitres symbolisaient aussi notre percée dans le monde si taré du mangaka !

Secundo, l’adolescent ne suit pas exactement le parcours du héros théorisé par Joseph Campbell. Pourquoi cet auteur fut connu ? Pour son analyse du parcours héroïque des récits littéraires. S’il fallait le résumer, définissons 3 étapes : séparations, initiations, retour.
Revenons à notre blondinet. A aucun moment, au début de son aventure, se vit une initiation. Nul mentor rencontré. Inconsciemment, nous ressentons une certaine sympathie pour ce mec qui part de rien… dont les actes sont ensuite vénérés par le peuple sauvé !
En d’autres mots, Denji est livré à lui-même. Makima n’est pas une figure protectrice. Power n’est pas un ange gardien. Dès lors, l’enjeu est prononcé. A qui faire confiance ? Au fil de la lecture, la réponse semble effrayer…

Ces 2 raisons font la force de l’œuvre ! Denji est un personnage plutôt inoubliable, tant ses désirs sont d’une simplicité déconcertante : baiser et manger. Des désirs à assouvir au sein d’une société imprévisible. Des désirs nous rappelant que la normalité est bien relative.

Peut-être que je suis devenu un Chasseur de Démons pour une raison vraiment superficielle… mais je suis prêt à mourir pour continuer à vivre comme ça. -Denji

brunoaleas – Illustrations ©Tatsuki Fujimoto

Les bourgeois de Chute Libre

Remettons l’église au milieu du village. Je ne déteste pas les bourgeois. Certains me diront qu’amasser de l’argent influence notre personnalité. D’autres affirmeront : l’habit ne fait pas le moine. Vaste débat ! Mais, difficile de nier une réalité : dès l’enfance, notre vie est façonnée par le milieu dans lequel on grandit. Puis, plus on grandit, plus nos comportements se distinguent parmi la masse. Apercevoir nos différences est fascinant.

En tout cas, contempler les bourgeois dans Chute Libre est fascinant. En 1993, Joel Schumacher dévoile ce thriller. Il raconte le parcours chaotique d’un homme divorcé, au chômage. Ce dernier souhaite atteindre la maison de son ex-femme pour la fête d’anniversaire de leur fille. Il vit alors de nombreuses rencontres foireuses, en passant par un épicier grossier à des racailles. Son exaspération le mène à être de plus en plus violent vis-à-vis des personnes sur son chemin. Le protagoniste se plaint de l’anarchie ambiante, tout en devenant l’anarchie incarnée.

Le propos du film n’a pas pris une ride ! Il affiche les réactions d’un individu dérangé, face à une société qu’il ne sait plus idéaliser. Combien de proches font un burnout, tentent de trouver un sens à leur job, dénoncent le capitalisme ?!
Joel Schumacher opère un tour de force. Surtout quand on sait à quel point les années 80 furent un tournant pour le libéralisme. En d’autres mots, sa démarche artistique n’a rien d’inintéressant. Le réalisateur dénonce une société ancrée dans un système économique pourrissant nos mentalités. Le profit. La beauté. La compétition. Ces concepts sont viciés, dès les premières séquences de Chute Libre.

Il y a tant à écrire ! Or, une scène retient mon attention. Lorsque le personnage principal se balade sur un terrain de golf, il s’adresse à 2 bourgeois. Son monologue donne à réfléchir.

Nan, mais c’est pas vrai ça ! Vous essayez de me tuer avec une balle de golf. Ca ne vous suffit pas de clôturer ce magnifique terrain pour jouer à votre jeu à la con, en plus, vous voulez me flinguer avec une balle de golf ! Il devrait y avoir des enfants qui jouent ici. Il devrait y avoir des familles qui pique-niquent. Il devrait y avoir un zoo ou un parc d’attraction. Au lieu de ça, il y a des voitures électriques débiles pour un troupeau de vieillards désœuvrés.

Je ne défendrai pas cet énergumène. Néanmoins, il fait méditer sur les actions d’autrui. Comment sommes-nous capables de définir ce qui est bon ou mauvais, si nous nous sommes des crevures, si nos actes sont pitoyables et méprisants ? Je ne théorise pas quelque chose d’original, je sais… mais parfois, une piqure de rappel est nécessaire. Si nous sommes emprunts de sympathie pour le cinglé criant sa rage face à des golfeurs, c’est parce qu’il dénonce les travers de la bourgeoisie. Posséder toujours plus. Préférer l’intérêt individuel aux préoccupations collectives. C’est pourquoi, écouter ce monologue est vachement intéressant, même si la violence n’est jamais le remède à nos maux…

Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots. -Extrait d’un discours de Martin Luther King (1968)

brunoaleas

Mk.gee et l’imperfection

Eric Delsart, tu abuses beaucoup trop. Ce rédacteur écrit une singerie dans les pages du magazine Rock & Folk. Suite à une longue analyse au sujet de Kurt Cobain, il livre un point de vue pessimiste quant au rock. Il manquerait au genre une figure de proue. Plus aucun artiste excite et fascine dans un monde musical toujours plus standardisé. Bref, Kurt n’est plus, et avec lui, c’est toute une scène qui s’écroule, bla bla bla…

Evidemment, je suis bien plus optimiste. Les temps changent, chante MC Solaar. Là où le critique pleurniche une époque révolue, je préfère contempler les nouveaux talents. Mk.gee fait partie des jeunes artistes à suivre ! Pour comprendre à quel point l’artiste envoie du lourd, comparons-le un instant – même si je déteste comparer les personnes – au chanteur de Nirvana.

Cette année, le jeunot sort son premier album nommé Two Star & the Dream Police. 33 minutes, c’est la durée totale de son écoute. En moins d’une heure donc, Mk.gee sonne un univers aux croisées multiples : rock, pop, R&B. Ces 12 chansons portent le poids d’un talent artistique si bien étudié et exécuté de manière experte, décrit Pitchfork, webzine vachement respecté par les mélomanes.
Ses chansons courtes, efficaces et produites de manière à se croire entre les années 80 et 90, attirent l’attention. Mais, c’est la saleté des instrus qui retient ma curiosité.

Kurt Cobain fut adepte du sabotage. Lorsqu’il saccage ses instruments sur scène, ou quand il déploie sa folle imperfection sur In Utero, les auditeurs savourent la performance. C’est pourquoi, le dernier opus de Nirvana est un bijou du quatrième art.

Mk.gee, lui, n’est pas architecte du chaos. Mais il partage un point commun avec l’ange déchu, la volonté d’expérimenter bruits et mélodies. Il n’y a qu’à écouter ‘Candy’ pour s’en rendre compte. Percussions sonnant comme des feux d’artifice. Guitare additionnée à une pédale flanger, dont l’effet gonfle les sons saturés. Voix mi-douce, mi-rocailleuse, affrontant vents et marées ! Puis, l’esprit se retrouve dans les paroles.

I’ve done some bad, I won’t fake it. I got patterns, don’t think I’ll shake it.
Ah, but you fucked up too, and that’s fine. I cut you slack, you cut me minе.

Le rock n’est pas mort. Je l’inscrivais déjà en lettres de feu, ado. J’en suis toujours convaincu. Votre webzine respecte un but : ne pas stagner dans le passéisme. Rock & Folk, je vous laisse le c’était mieux avant. Kurt Cobain détestait les phrases toutes faites. Il semblait adorer les remises en question. Ses écrits, parfois cryptiques, sont enrichissants. Découvrez les paroles d’un musicien en avance sur son temps.

Le talent, à l’évidence supérieur, n’est pas seulement le fruit du travail, mais également ce petit don spécial accordé en bonus à la naissance — et nourri par la passion. Un amour inné, totalement spirituel, inexplicable, new age, putain de cosmique et débordant d’énergie pour la passion. Eh oui, ils représentent un pourcentage plus infime encore du petit pourcentage. Ils sont spéciaux ! Se méfient des faiseurs de systèmes. Tout ne peut pas être jaugé selon la logique intégrale ou la science. Personne n’est suffisamment spécial pour répondre à ça.Kurt Cobain

brunoaleas

See You in L.A. Interview

See You in L.A. est une agence aidant divers musiciens. Lucie Marmiesse soutient Pales, We Hate You Please Die, Tramhaus, Johnnie Carwash, Fishtalk, Cosse, etc. Elle gère donc sa structure pour trouver des perles rock ! Comprenons sa profession.

Présente-nous See You in L.A. en quelques mots.

See You in L.A. est une structure bienveillante de relations presse que j’ai créé en 2016. Je défends des projets rock, post-punk qui sont des coups de cœur.

Nous vivons l’ère numérique. Les plateformes et Internet bouffent l’attention de tout un chacun. Est-ce difficile, aujourd’hui plus qu’hier, de rendre visible le travail des musiciens dont tu t’occupes ?

Le secteur évolue et effectivement ce n’est pas toujours simple. La réduction de fenêtres médiatiques, et les algorithmes des plateformes qui favorisent les artistes populaires, rendent la distinction difficile. Cela ne signifie pas que le métier d’attaché.e presse n’a plus d’utilité ou de sens. Je m’adapte à cet environnement en mutation. L’ère du numérique offre des opportunités avec un accès mondial instantané et des outils analytiques puissants.

Début septembre, on pourra assister sur les rives de la Seine, à la quinzième édition du Rock in the Barn. Un festival laissant notamment la place à Johnnie Carwash. Quel est le meilleur argument pour aller à ce festoche ?

Le meilleur argument pour aller au festival Rock in the Barn est l’expérience immersive unique qu’il offre : une combinaison parfaite d’une programmation électrisante de groupes rock indépendants, régionaux, français et internationaux, dans un cadre enchanteur et verdoyant. Ajoutez à cela la possibilité de savourer des bières fraîches et des délices locaux, et vous avez une fête pour tous vos sens qui promet des souvenirs inoubliables.

Quel est ton plus beau souvenir d’attachée de presse ?

J’en ai plusieurs, mais je crois que mes préférés sont les moments passés aux côtés de mes groupes dans les backstages, en m’imprégnant de l’ambiance avant et après le show.

Interview menée par brunoaleas – Photo ©Carolina Moreno

Cycle de l’enfance : Un Monde Meilleur

L’enfance est sacrée. Parfois, on s’éloignait des codes et obligations imposés par la société… une particularité phénoménale. Certaines œuvres dépeignent les enfants comme des êtres à part. Découvrons un dernier titre américain !

Seul un enfant pouvait trouver la formule pour changer le monde, nous dit l’affiche de Un Monde Meilleur, film dramatique réalisé par Mimi Leder. 

Trevor McKinney, 11 ans, est malheureux. Il vit à Las Vegas avec sa mère Arlène qui est alcoolique et qui a 2 boulots pour les faire vivre parce que le père du petit s’est tiré. Pas que ce soit une grande perte en soi vu qu’il buvait aussi et qu’il était violent avec sa femme. Mais tout de même, ce personnage n’est pas vraiment un gosse en fait, parce que c’est lui qui s’occupe de sa mère. Cette situation initiale a un impact gros comme une maison sur l’intrigue qui va suivre.
Pourquoi ? Et bien parce que les 3 motivations de Trevor sont claires : il souhaite protéger sa mère de son addiction et du retour de son paternel, avoir une bien meilleure vie, et aider les gens autour de lui.

Ce troisième but existe en lui car il ne connait que trop bien le malheur et également parce qu’il est un enfant doté d’une grande empathie. Tout cela est mis en avant quand son professeur, Monsieur Simonet, lui donne un devoir de travaux pratiques qui vise à rendre le monde meilleur. L’idée de Trevor consiste à rendre un service désintéressé à 3 personnes. Cela doit être quelque chose d’important que ces personnes ne peuvent pas faire seules. Ensuite, ces 3 personnes doivent à leur tour rendre un service similaire à 3 autres personnes. Et ainsi de suite. Pay it forward, titre original du film, signifie Payer au suivant. Et ce mouvement peut rapidement grossir, comme le petit l’explique en classe, en dessinant un schéma explicatif de son projet au tableau.
Trevor décide d’aider, en premier lieu, un SDF héroïnomane du nom de Jerry. Pour se faire, il l’invite à son domicile sans l’accord de sa mère. Il le nourrit de céréales, le laisse prendre une douche et se changer, puis l’envoie dormir à l’arrière d’une camionnette qui ne fonctionne plus dans le garage. En découvrant l’inconnu, sa mère pète un câble – normal – et fonce voir le professeur Simonet pour lui demander qu’est-ce que c’est que ce délire – logique hein – mais bon, le gars ne comprend pas trop son emballement. Il dit qu’il n’a pas demandé précisément au gosse de ramener un clodo drogué à la maison. Que c’est un devoir, rien de plus. Ses élèves peuvent l’interpréter comme ils le veulent. Arlène repart furieuse mais finit toutefois par sympathiser avec Jerry, puisque ce dernier répare la camionnette et lui explique en détails le projet de son fils, qu’elle trouve plutôt pas mal, en fin de compte. Peu après, Trevor constate que Jerry n’arrive pas à arrêter de consommer de l’héroïne et rien que pour cela il se dit que sa tentative d’aide est un échec – comme si c’était facile à la base de se sevrer de cette merde – du coup, le petite broie du noir.  
Puis, il tente un peu de se rapprocher du prof, en lui demandant s’il trouvait vraiment que son idée de devoir avait du potentiel. Monsieur Simonet laisse entendre qu’il n’est pas un menteur. Alors, le jeune homme se permet de lui demander ce qui lui était arrivé, car il faut le préciser, puisque c’est un peu important pour comprendre le reste, le prof est brulé au visage, ainsi qu’au torse. Vous avez tiré à la courte paille et c’est tombé sur vous ?, demande-t-il, croyant qu’un groupe d’enfants comme autre, hilare, devant eux, était la bande d’amis de Trevor. Cependant, il n’en était rien. Il l’avait compris en voyant son élève partir seul au loin. Cette remarque sortie sur le la défensive fit comprendre à Trevor que son professeur manquait de confiance en lui, sans doute à cause de son apparence et de ce qui lui était arrivé. Même si c’était maladroit de la part de Simonet, l’enfant n’éprouve pas de rancune, bien au contraire, car il décide de faire de lui sa deuxième personne à aider.

Et là, c’est légèrement plus complexe. En clair, Trevor fait en sorte de réunir son prof et sa mère, sur le plan amoureux. – chaud patate ça ! –. Bien que je trouve cela bizarre, en vrai, chapeau à lui. C’est avec brio que son travail d’entremetteur fut réalisé. Je ne vais pas m’étendre sur sa méthode, je vous laisse la surprise de la découverte.  

Mais ! Juste au moment où cela devient un peu concret entre Arlène et Eugène – c’est le petit nom du prof – Eugène a la haine, et le petit aussi, parce que Ricky McKinney revient ! Dès lors, parlons du jeu d’acteur de chacun. Attention ça va saigner. Le père du petit est joué par John Bon Jovi ! Son jeu est un régal. Là, je vois clairement qu’Arlène et lui ont un passé, à la façon dont ils se regardent et s’engueulent. J’irai même jusqu’à dire que Bon Jovi aurait dû jouer le rôle d’Eugène à la place de Kevin Spacey, tellement l’alchimie est bien plus au rendez-vous entre Helene Hunt et lui ! C’est simple, je ne crois pas en la love story d’Arlène et Eugène, principalement à cause du jeu médiocre de Spacey. Sinon, comme à chaque fois, en ce qui concerne le protagoniste principal, Haley Joel Osment, c’est juste incroyable à quel point sa gueule d’ange en impose. Il est juste méga doué.   

Adam est la troisième personne que Trevor aimerait aider. C’est un enfant de son école qui subit un harcèlement scolaire assez grave. Là encore, il pense qu’il a foiré car il tente de s’interposer quand il voit qu’Adam se fait frapper, sans en trouver le courage. L’inventeur du mouvement lui-même pense que rien n’a fonctionné, que c’est peine perdue. Sauf qu’en fait, un journaliste vient leur rendre visite et leur explique que Pay it forward s’est étendu jusqu’à Los Angeles, grâce à Jerry ! Il a été le seul des 3 personnes initiales à passer le relais, pour des raisons que je vais taire. Je ne vais pas non plus vous dévoiler la fin, ainsi que le parcours du mouvement. Retenons que ce film pourrait aisément déranger les grands cinéphiles, à cause de certaines techniques liées au scénario qui avaient pour but de tout exagérer, pour tirer un max sur notre corde sensible. Pour être plus transparente, c’est un Oscar bait, à savoir, un film semblant avoir pour seul but d’obtenir des nominations aux Oscars.  
Or, ce drame comporte de belles scènes. Il peut très bien faire l’affaire quand on ressent le besoin de relativiser sur sa propre vie. Il est clair que ce qui arrive aux personnages peut exister dans la vraie vie, mais que ces évènements ne touchent pas la masse.

Tatiana Kazakova

Fabien Vehlmann Interview Part 2

Les mangas attirent les plus jeunes. Et les bédés franco-belges ? En 2006, Fabien Vehlmann obtient un prix au festival d’Angoulême pour Seuls. On y suit Dodji, Terry, Leïla et d’autres enfants, au sein d’une ville sans adultes. L’auteur décrit ses envies artistiques !

Parfois les fans n’ont pas toujours cette envie d’être surpris par une approche pacifiste. On a rarement l’occasion d’aborder le pacifisme. Heureusement, il existe des exceptions. Je pense au manga Shaman King, où le personnage principal dialogue avec l’ennemi, au lieu de le combattre. Le concept est pertinent à l’heure actuelle. Plusieurs conflits éclatent à quelques kilomètres. On observe la montée des extrêmes, en Europe. Lire une œuvre pacifique adressée aux jeunes est vraiment intéressant. Voici une perspective différente.

Oui, et je pense même que c’est nécessaire. Je partage complètement des craintes par rapport à l’analyse actuelle des choses, surtout concernant la montée des extrêmes. Bien sûr, nous n’avons pas tous la même perspective.
Lors de dédicaces, je rencontre des personnes moins inquiètes que moi quant à la montée de l’extrême droite, en France. Est-ce que cela signifie qu’ils sont d’extrême droite ? Pas nécessairement. Mais ces idées les choquent moins que celles de l’extrême gauche. Et je leur réponds souvent qu’il est beaucoup moins probable que l’extrême gauche arrive au pouvoir que l’extrême droite, qui semble de plus en plus proche de le faire.
Laisser l’extrême droite accéder au pouvoir n’est jamais anodin, même si elle se présente de manière plus civilisée, à l’image d’une Giorgia Meloni, en Italie. Je tiens à préciser que je combats les idées d’extrême droite, pas les individus. Certaines personnes défendant ces idées peuvent être très intelligentes et intéressantes, même si nous n’avons pas la même analyse des choses. Parfois, il y a aussi des personnes vraiment dangereuses derrière ces idées.
Pour moi, Seuls, à sa modeste échelle, tente de participer à une réflexion : comment continuer à dialoguer, malgré tout, entre des factions opposées ? Dans Seuls, il y a une mythologie opposant les premières et dernières familles, des familles d’enfants plus anciens, en conflit depuis des siècles. Cela sert à illustrer un manichéisme classique dans les récits de jeunesse, cette opposition entre le Bien et le Mal, dont je me méfie.

Dès que l’on se place dans une dichotomie nous les gentils contre eux les méchants, on reproduit ce que l’on voit dans les polémiques, sur les forums Internet ou les réseaux sociaux. On est constamment dans une logique de camp contre camp, ce qui est exacerbé dans les conflits internationaux, comme le conflit israélo-palestinien ou la guerre en Ukraine.
Je me dis que si je peux promouvoir le dialogue dans une BD dont je maîtrise les codes et règles, tant mieux. Je cherche aussi des exemples d’œuvres qui ont réussi à le faire sans être naïves, car les bons sentiments ne font pas toujours de bonnes histoires. La dramaturgie occidentale est basée sur le conflit, depuis la Grèce antique. Peut-on inventer un autre mode de narration, où le conflit n’est pas central ? La tension narrative est essentielle, car elle retient l’attention du lecteur, spectateur. Or, la BD Seuls est en concurrence, non seulement avec d’autres BD, mais aussi avec les réseaux sociaux, les jeux vidéo, le cinéma, et Netflix. Dans cette économie, il faut captiver l’audience, la faire rire, maintenir une forme d’efficacité narrative. Les bons sentiments ne sont pas toujours les plus efficaces par rapport à une scène de violence. Une altercation sur un réseau social générera des milliers de vues, tandis qu’un message de paix avec une fleur semblera naïf.
Donc, trouver la manière de conserver une tension narrative, sans verser dans l’apologie du conflit, est une belle mission pour les auteurs et autrices.

Maintenant, parlons dessin. Te souviens-tu des premières pages du tome 10 ? Tu remercies Bruno Gazzotti. Il relève des défis graphiques. Tu as sûrement déjà travaillé avec un/e dessinateur/trice incapable d’exposer les idées en images.

Oui, c’est quelque chose d’inhérent à la bande dessinée, surtout quand on travaille en binôme. Cette dynamique entre 2 créateurs, comme c’est souvent le cas dans la BD, crée une forme de tension créative. Cela dit, ce n’est pas le cas de toutes les bandes dessinées, car on voit de plus en plus d’auteurs complets qui gèrent à la fois le scénario et les dessins.
Quand il y a un binôme, cette tension est presque systématique. Scott McCloud en parle très bien dans son livre L’Art invisible. McCloud explique que le scénariste tend à vouloir aller vers quelque chose de littéraire, souvent très dialogué et écrit, tandis que le dessinateur préfère une approche plus picturale, proche de la peinture. Ces 2 polarités peuvent créer une belle alchimie, un peu comme une pile électrique. Mais parfois elles peuvent aussi être excessives.
Ce qui arrive souvent, c’est de proposer un scénario dépassant ce que le dessinateur est prêt à réaliser. Un scénariste peut imaginer un récit presque muet, composé de grandes cases contemplatives, tandis qu’un scénariste en quête de rebondissements pourrait vouloir une histoire dense et pleine d’action. Chacun a sa manière de donner au lecteur, l’un à travers de belles images, l’autre à travers une narration riche.
Cependant, un récit sans dialogue, bien que très beau, peut se lire rapidement. Le lecteur parcourt les pages en quelques minutes, comprenant l’idée de chaque image, sans vraiment s’attarder. C’est le problème avec les bandes dessinées qui se concentrent uniquement sur l’aspect visuel : elles peuvent laisser une impression de superficialité et le lecteur peut se sentir frustré, surtout s’il ne trouve pas un équilibre entre le prix de l’album et le temps qu’il y passe.
Pour cette raison, j’ai tendance à surcharger mes récits de dialogues, de personnages et de rebondissements. Une tâche lourde à gérer pour le dessinateur. Bruno est capable de créer des séquences incroyables avec peu d’éléments graphiques, mais cela représente un défi considérable pour lui.
C’est précisément pour cela que dans le tome 10, j’ai voulu rappeler une évidence : je réalise Seuls, une bonne série pour enfants, parce que Bruno se donne énormément de mal pour illustrer des idées qui ne sont pas toujours simples à visualiser. Et je plaide coupable, car il est vrai que j’ai parfois été trop complexe.
Au fil de la série, j’ai voulu introduire un foisonnement de mystères et d’idées, souvent en laissant de nombreuses portes ouvertes vers d’autres mystères. Par générosité, je voulais offrir beaucoup de contenu, mais parfois, le mieux est l’ennemi du bien. À un certain point, vers les tomes 10 ou 11, nous avons accumulé tellement d’intrigues que certains lecteurs se sont sentis perdus. Bruno a été l’un des premiers à me signaler qu’il fallait simplifier et recentrer le récit. Nous avons commencé à le faire dans le troisième cycle. Nous le faisons maintenant de manière encore plus résolue dans le quatrième. Avec notre nouvel éditeur, Rue de Sèvres, cette notion de simplification et de focalisation vers la conclusion de la série est devenue une partie essentielle de notre réflexion.

Dépeindre des enfants en pleurs équivaut à dévoiler leur fragilité. Si on pense à Dodji, contempler ses larmes, ça fait bizarre. Mon propos est caricatural, je sais, mais ce protagoniste symbolise la force de se relever, la débrouillardise. Comment doser les scènes dramatiques ?

C’est compliqué d’avoir une règle précise, car souvent, c’est un peu au pifomètre. On veut montrer que, malgré leur statut de héros, ces enfants sont confrontés à des situations bien trop grandes pour eux. C’est aussi une question de trouver le bon équilibre entre la vulnérabilité et la force des personnages. Si on montre trop souvent leur fragilité, cela peut devenir pleurnichard ; si on ne le fait pas du tout, ça peut devenir trop héroïque.
Sans compter la difficulté émotionnelle pour le dessinateur, quand il faut représenter ces moments. Par exemple, dans le tome 5, quand on révèle la cause derrière la disparition des gens, c’est-à-dire que les enfants sont morts et vivent dans une réplique du monde réel, appelée les limbes, Bruno a dû dessiner des scènes très chargées émotionnellement. Il m’a confié que c’était compliqué, mais c’est très différent des scènes d’action. Quand je lui demande de dessiner une armée de 15 000 cavaliers envahissant le World Trade Center, cela peut paraître abstrait, mais la réalité est que chaque scène a son propre degré de difficulté, en fonction du contexte et du nombre d’éléments visuels à gérer.
A travers le tome 14, il est question de statues qui s’animent pour traquer les enfants. J’avais pensé montrer plusieurs statues, mais Bruno m’a conseillé de n’en représenter qu’une seule pour ne pas alourdir le récit. En effet, dans un album de 46 pages, il est essentiel de simplifier pour se concentrer sur l’essentiel, tout en évitant de perdre le lecteur dans une complexité inutile. Cette tendance à ajouter des éléments, que ce soit des personnages ou des intrigues secondaires, peut parfois diluer le récit. Vers les tomes 10 ou 11, nous avons eu beaucoup de portes ouvertes, ce qui a pu désorienter les lecteurs. Bruno a été l’un des premiers à me dire de simplifier, recentrer le récit, ce que nous avons commencé à faire dans le cycle 3. Nous continuons de manière plus résolue dans le cycle 4. Le changement d’éditeur (ndr : passer des Editions Dupuis à Rue de Sèvres) a aussi renforcé cette nécessité de simplification pour tendre vers la fin du récit.
En fin de compte, chaque décision de simplification, de fermetures de portes, réduit les possibilités narratives et peut décevoir certains lecteurs qui avaient d’autres attentes. Néanmoins, il est aussi important de respecter la vision artistique, tout en cherchant des solutions qui maintiennent l’intérêt des lecteurs.

Interview menée par Pierre Reynders & brunoaleas – Illustrations ©Bruno Gazzotti

LA DURE A CUIRE #110

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la moins douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist homonyme !

Naked Passion

Naked Passion, c’est fini. J’apprends la nouvelle, lorsque j’arpente les plages portugaises… j’aurais aimé découvrir leur prochain album. ‘Overdensities’ est leur dernier titre ravageur. Je félicite ces jeunes Belges. Insert Name devenait leur tremblement de terre. A chaque opus, se ressentait de savoureuses tensions. Bravo. Bonne continuation !

Highly Suspect

I wanted space and time, spend time in space. But what does it matter now that nothing remains. I cannot sleep when all I hear is a silent symphony of pain and disgrace.

delving

Qui se cache derrière delving ? Nicholas DiSalvo, musicien chez Elder. Par le passé, l’artiste prouve ô combien son jeu aboutit à de riches mélodies pour l’Histoire du Rock.
Le voici à nouveau dans nos oreilles. Son nouvel album vient de sortir. Rien n’est laissé au hasard. Dès lors, surfons sur sa vague psychédélique !

brunoaleas