La voie Joji

Joji a décidément trouvé sa voie. George Miller en est à son deuxième album. Nectar impressionne via sa dimension si soignée. Nous assistons à un travail hors-pair des instruments à cordes, parfaitement calibrés pour une voix assez romantique, parfois déprimante.

Le ton est donné dès le premier titre, « Ew ». Joji ne se gêne pas pour incruster des violons qui, isolés, pourraient paraître inadaptées. Là où l’on croirait à un assemblage abusé d’artifices sonores, l’artiste reste les pieds sur terre en jouant ce qu’il maîtrise le plus. La guitare grunge poli de « Run ». Le piano discret sur « Upgrade ». Les cordes grattées, frappées, baisées sont bel et bien à l’honneur sur Nectar. D’ailleurs, quelques chansons sonnent véritablement comme des pièces orchestrales. Heureusement pour nos oreilles, le Japonais ne livre pas de flows pétés sur des basses indigestes (fuck the trap).

Les thématiques, elles, tournent souvent autour de la substance la plus consommée par l’être humain : l’amour, source de nos joies et déceptions.
Faut-il retrouver ses conquêtes perdues ? Doit-on oublier plusieurs relations trop intenses ?
Peut-être qu’à la fin des 18 morceaux, nous obtiendrons des réponses.

Petit bémol au niveau des collaborations. Diplo n’amène rien d’incroyable sur « Daylight ». Lui, qui avait produit une mixtape fantastique avec Skrillex (Jack Ü, 2015). Même chose pour Omar Apollo. « High Hopes » fait office de remplissage. Quel dommage ! Pourquoi ne pas viser plus haut avec l’apport de Kendrick Lamar, Thundercat ou bien James Blake ?

Difficile de savoir si le nouvel opus de Joji marquera son temps. Il prouve en tout cas qu’il est encore plus riche que BALLADS 1 (2018).
A l’instar d’Orelsan, Joji comprend son époque. Il manipule les codes du 
lo-fi afin de construire son propre style musical.

Avouons que depuis la sortie de « SLOW DANCING IN THE DARK », sa patte artistique devient reconnaissable. Que ce soit musicalement comme visuellement, l’univers jojiesque nous emmène vers une certaine idée de la tristesse. Sa musique nous berce sous la pluie. Ses mélodies apportent un sourire sur un visage ensanglanté.

DRAMA
Photo ©Damien Maloney

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