Erudition Sans Complexe

Danser avant l’Apocalypse

La fin du monde est un vaste sujet. Loin de moi l’idée de jouer les Greta Thunberg du dimanche. Notre chute n’est pas à nier. Pas besoin de balancer des chiffres menant à une déprime certaine afin de le comprendre. Parmi les fléaux terriens, citons les feux de forêts, les tsunamis et les trous dans la couche d’ozone. Sans compter les nombreux ouragans qui s’abattront sur nos territoires. Le réchauffement climatique réserve bel et bien des catastrophes. A quoi s’ajoutent des foules capitalistes qui consomment trop et trop vite.

Les confinements imposés par diverses nations freinent-ils les dangers environnementaux ?
La course à la mondialisation semble bien plus difficile à arrêter. Dernièrement, le navire coincé au canal de Suez le prouve sans nul doute. D’ailleurs, les humains ont une sacrée envie de survivre dans leur petit confort. Comme si nous devenions les putes des GAFAM.

Le confinement, c’est la grande victoire du monde virtuel. Il fait beau dehors, il n’y a pas d’avion, les oiseaux s’en donnent à cœur joie, le potager attend, et je reste cloîtré comme un con dans l’électronique, à tapoter sur un clavier. -Pablo Servigne (Wilfried n°12)

L’auteur oublie un point important : on peut s’en sortir à l’aide de la musique !
Découvrons trois tueries spatiales qui donneront envie de danser avant l’Apocalypse.

Rone – Rone & Friends

Pour l’amour de la drogue.
J’ai du flair. J’avais rédigé un article sur la scène electro de France qui bouillonne ces derniers temps. Une œuvre confirme encore ce constat.
Rone arrive pile poil au moment où les artistes de Molière sont au top de leur forme. Via son nouvel album, il réunit la crème de la crème : la punk Jehnny Beth, les poètes d’Odezenne, l’écrivain Alain Damasio et j’en passe ! Chaque morceau s’enchaîne extrêmement bien. Erwan Castex pose ses tripes sur ce projet aux multiples facettes. A l’instar des personnages de sa pochette, nous planons vers d’autres cieux plus radieux.

De La Groove – EQUILIBRIUM

Pour l’amour de la danse.
Souhaites-tu enflammer la piste de danse ? Savoure la compilation du label français De La Groove ! Elle s’écoute notamment sur Soundcloud et Spotify. De quoi sauter de joie, porté par la zic de 6 artistes internationaux, au carrefour de la house et du funk.
Avec plus de 2.000 vinyles vendus en 3 ans et plus d’une cinquantaine de soirées, De La Groove est à suivre de près. Je vous laisse avec « Kissin’ (Club) », parfait pour les fans de Modjo et Crystal Waters !

Shlohmo – Dark Red

Pour l’amour de la collapsologie.
Dark Red de Shlohmo ne date pas d’hier. L’opus de 2015 est un must pour tout passionné d’électro. Un classique pour certains, un indémodable pour d’autres. L’instru est lourde. Elle manipule énormément des graves sonorités tout en étant… quasi démoniaque. Le jeune Américain signe peut-être son œuvre la plus complète. Celle-même qui a fédéré plusieurs personnes prêtes à se faire tatouer l’illustration de l’album. 
Ces 11 titres suffisent à nous baigner en eaux troubles. Non pas à cause de la fonte des glaces, mais bien grâce à une homogénéité instrumentale qui sonne de façon unique. 

DRAMA  Illustration ©_ogygie
Notre playlist PAX pour les amoureux du genre

Les saintes paroles artistiques

Natacha Polony parle d’épistocratie. Lors de son interview chez Sputnik, la journaliste tient un discours raisonné sur le système en place. Les plein pouvoirs sont aux mains des scientifiques. Le citoyen n’a rien à dire.

En dépit de son analyse pointue, n’ayons pas peur des mots… on subit une espèce de dictature. Promenade sans masque, amende. Grosse fête chez toi, amende. Les matchs de foot illustrant des joueurs démasqués, possible. Les attroupements dans les transports en commun, possible. L’absurde dépasse la raison. On nous entube jusqu’à l’os (politesse ++ activée). 

Il est temps d’écouter les oubliés. C’est pourquoi, au lieu de donner la parole aux Saints Virologues, le micro passe aux artistes ! Ces derniers pèsent leurs mots. Ils remettent en question la musique actuelle. Ce même domaine cadenassé par des foutues mesures à la con (fuck politesse).

Quelques irréductibles Gaulois vivent encore en Belgique. De quoi se rassurer. Saule a un avis très prononcé quant aux alternatives remplaçant les concerts réels. Le live streaming apparaît comme un outil grandiose. Cependant, un musicien n’en est pas un autre. Afin de réaliser un spectacle filmé de façon professionnelle, le savoir technique n’est point à la portée de tout le monde. Le budget permettant de s’offrir un bon matériel son/image peut être une autre contrainte. Saule préfère attendre un retour à la normale.
Qui veut vendre son âme au capitalisme, moteur d’une culture d’écrans ?

J’ai refusé toutes les sollicitations pour du live streaming. J’ai dû en recevoir plus d’une cinquantaine. Ce n’est pas mon truc. Comme spectateur et artiste, je suis dingue de vraie musique live. Je préfère me réserver pour les concerts publics. Le live streaming, c’est un sparadrap.
Hormis chez -M-, Cali ou Aubert, le résultat est nul. Tu es un artiste dans sa bulle dont les yeux deviennent globuleux, lorsqu’il se rapproche de son écran pour voir si les suiveurs mettent des emojis ou des pouces levés. Moi, j’ai besoin de la réaction physique des gens, des cris, des regards, du contact, des mouvements de foule, des applaudissement, bref tout ce qui fait l’intensité d’un art vivant.
 -SAULE (Larsen n°39)

L’ancien chanteur de Dillinger Escape Plan partage une approche visionnaire. Il sait travailler sur ses envies, quand les médias traditionnels se foutent royalement de l’industrie musicale. A l’image de Mike Patton et de son Ipecac Recordings, il fonde son propre label nommé Federal Prisoner. Ce type d’initiative annonce une nouvelle ère. Saluons ces artistes qui se dédient à une véritable musique indépendante. Aucune maison de disque pour dicter des ordres. Aucun public à satisfaire. D’après le musicien, inutile de se soucier du genre lorsqu’on assume une identité.
Greg Puciato ne sera jamais aveugle.

Je sens qu’on a atteint un point critique dans l’évolution humaine, un moment où on choisit ce qui va être important ou non pour nous dans le futur.
A chaque fois qu’une société n’a pas accordé d’importance à l’art ou à la culture, c’était durant une période sombre de l’Histoire. 
-Greg Puciato (New Noise Magazine n°55)

Stuart Braithwaite note une obsession au Royaume-Uni : sauver l’industrie de la pêche. Le compositeur de Mogwai affirme que le secteur culturel rapporte bien plus d’argent. Pourtant, personne ne mentionne cette donnée… Sans oublier qu’après un pénible Brexit, le Covid va déclencher la fin de moult formations musicales.
Pendant ce temps, les gouvernements mondiaux n’ont aucun scrupule à confiner les peuples. Désirent-ils vraiment que l’on développe un esprit critique ?!
Ces dernières années effacent l’importance de la culture. Il ne reste plus qu’à proposer une révolution dont la bande-son serait 
As The Love Continues.

Durant de telles périodes, les gens ont besoin de l’art, de livres, de musique,
de films, de la télévision. C’est plutôt le moment de mesurer l’importance de la culture plutôt que de l’oublier. 
-Stuart Braithwaite (New Noise Magazine n°56)

DRAMA  Illustration ©François Boucher

Le meilleur hymne de notre époque

Le meilleur hymne de notre époque n’est pas sorti cette année. Il y a 22 ans, Subsonica révèle « Liberi Tutti ». Ce morceau prône toute libération mentale des asphyxies sociales. Il provient de l’album Microship Emozionale. Moult mélomanes considèrent ce second album comme l’apogée artistique des Turinois.

N’oublions pas que l’œuvre est au carrefour des genres : electro, rock, funk et… pop ! La bande détient la force la force de se distancier des standards méditerranéens, tout en produisant des titres radiophoniques. De « Tutti i miei sbagli », présenté au Festival de Sanremo, à « Discolabirintho », écrit en partie par Morgan, leader des Bluvertigo, autre tuerie de l’espace !

En plus de livrer des tubes ultra accessibles, l’opus transpire une rage juvénile. Ce n’est pas hasardeux si le guitariste Max Casacci avoue que l’album a bercé l’adolescence de plusieurs personnes !

Centrons-nous sur « Liberi Tutti » afin de comprendre cette envie de vivre en brisant ses chaînes.

Liberi, liberi, liberi, liberi tutti.
Dai virus della mediocrità.
Dai dogmi e dalle televisioni.
Dalle bugie, dai debiti.
Da gerarchie, dagli obblighi e dai pulpiti.
Squagliamocela.

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La chanson cite une série de préoccupations. Des problèmes à ne pas éviter, mais dont il faut se libérer. Loin de la débile et ringarde TV. Ou hors des hiérarchies pesantes, des dogmes scolaires. A vous de définir si le ton est engagé ou dérisoire. En tout cas, il ausculte notre société malade et sa catastrophique évolution. Je n’en peux plus des virologues considérés comme des messies sur les plateaux télévisuels. Je me demande ce qui freine les étudiants à créer un blocage massif au vu du manque de contacts, de respect et d’aide à l’enseignement belge.

Nous manque-t-il un Joker version Todd Phillips pour bousculer les mentalités ?

« Liberi Tutti » apparaît presque comme une prophétie. Il suffisait de ne plus donner de crédit aux plus puissants. Arrêtons de nous voiler la face : les hautes sphères préparent une nouvelle économie mondiale. Peut-être que les concerts, les cinémas et les spectacles d’antan n’auront plus lieu d’être. La culture, dite non-essentielle, coûte sûrement trop chère aux dirigeants… Quelle tristesse, alors que le secteur culturel propose des solutions : nombre de personnes limitées selon les tailles des salles et installation de machines faisant circuler l’air sans arrêt. Mais non. On préfère rester assis dans la plus grande parano…

Subsonica semble loin de son message initial, inscrit sur tous les réseaux et dont Microship Emozionale voit sa réédition (toujours plus de money dans le biz ?). Pourtant, « Liberi Tutti » ne perd pas son charme ! A écouter encore et encore, en dansant jusqu’au bout de la nuit.

Drama – Illustration bannière ©Youtube

La chanson la plus actuelle de John Lennon

8 décembre 1980. John Lennon est froidement abattu en pleine rue par un homme dont on ne citera pas le nom (qu’on l’oublie). 10 ans avant cette tragédie, une chanson aux paroles percutantes apparaît sur Plastic Ono Band. « Isolation » reflète la vulnérabilité d’un artiste post-Beatles, aux côtés de Yoko Ono, engagé et porté par des combats idéologiques prônant la paix.

I don’t expect you, to understand
After you caused so much pain
But then again, you’re not to blame
You’re just a human, a victim of the insane

Certes, via ces vers, John Lennon communique sa peine. Néanmoins, il ne blâme pas ceux qui l’attristent. Nous participons tous à l’irrationalité mondiale. Nous sommes victimes des folies humaines. Une vision qui mérite un débat, mais qui résume toutefois à quel point la vie peut être absurde.

Et si cette partie semble trop sombre, le final du morceau amène un vent d’espoir.

We’re afraid of everyone
Afraid of the sun
Isolation
The sun will never disappear

Ce texte, lu aujourd’hui, s’interprète de diverses manières. Lorsque les commerçant ferment boutique et se suicident par après, quand les artistes ne s’expriment plus, ou que les hôpitaux sont surchargés de travail, « Isolation » rappelle un point important. Il y aura toujours de la lumière pour celui/celle qui luttera, en honorant de justes valeurs. Même au sein de la pire société. Même dans le pire cauchemar.

DRAMA Illustration ©Jolanda Kunst

Radiohead et la quête de vérité

Et si nos vies se résumaient à une recherche perpétuelle de la vérité ? Comprendre notre entourage, nos sociétés, nos choix et décisions. Difficile d’échapper à cette envie de découverte. Comment ne pas goûter à de nouveaux horizons ? Quel qu’il soit, l’humain évolue et apprend à chaque étape importante de son existence. De ses premiers pas à son dernier souffle. 

Le monde a soif de connaissance.

Tel est le slogan du webzine. Il n’a rien d’anodin.

Dans le monde culturel, Radiohead attire toujours ma curiosité. La bande se réinvente d’année en année. Elle est vite devenue une référence tant elle expérimentait le rock et l’electro.
Suite à quelques écoutes, ma quête de vérité commençait après l’adolescence. Je m’amusais à décortiquer
In Rainbows (2007). Le premier album vendu sur Internet, sans maison de disque intermédiaire et à prix libre. L’opus nous invite dans des noyades fuzz, nous sert des boucles électroniques et des échos quasiment fantomatiques. Une œuvre émotionnellement bluffante.

Je croyais ensuite en une certaine conviction : Radiohead battait à plate couture les groupes que j’avais l’habitude d’écouter. Il est rare de ne pas être surpris en savourant leur discographie.

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Une évidence frappe alors à l’esprit. Leur jeu des codes musicaux et leurs compositions imprévisibles prouvent qu’un groupe peut survivre à travers le temps. Derrière eux se dresse une flopée de musiciens animés par des flammes créatrices. Radiohead souffle un vent d’espoir. Les nouvelles générations d’artistes ont l’opportunité de se dépasser en les contemplant. Pourquoi se contenter d’admirer ? Relevons de nouveaux défis.

Radiohead inspire et inspirera la musique moderne.

Mes certitudes peuvent disparaître à tout moment. Au final, personne ne détient la Vérité.
Thom Yorke ne prends d’ailleurs aucune responsabilité afin de la répandre. Il enrichit ses morceaux de ses névroses. Il ne détourne pas les yeux quant à notre condition d’esclave d’une culture d’écrans. Il perçoit la musique comme échappatoire. Le point le plus important à ses yeux. Le bilan le plus essentiel à mes yeux.

Je pense qu’aucun artiste ne peut prétendre avoir accès à la vérité ou à une version authentique d’un événement. Mais évidement, ils ont des moyens légèrement meilleurs à leur disposition puisqu’ils ont leurs arts pour amplifier tout ce sur quoi ils veulent écrire.
Ils ont la musique.
-Thom Yorke

Drama

Se souvenir de Pouchkine

Pouchkine, c’est ce genre de fille parfumée d’éthanol.

Mon regard se posait sur elle à un concert de l’armée russe. La puissance des chœurs nous enfermait dans une bulle hors du temps. Un seul réflexe me traversait l’esprit. Il fallait la suivre dans les rues enneigées du kremlin.

Le ciel était de plus en plus triste. A une terrasse, elle demandait l’addition et j’observais au loin ses mains bleues fuchsia. Ses doigts témoignaient d’un dur labeur, révélateurs d’un passé ancré dans l’artisanat et l’artistique. Car oui, j’avais déjà vu son visage au théâtre. Je connaissais déjà ce sourire atypique. Elle n’avait rien d’une femme éteinte.

J’étais le pire épicurien. Cependant, seul le réel compte. Mes quelques mots auraient défini mon destin. Pouchkine m’attirait beaucoup trop. Je ne pouvais rester inactif. Il y avait du vent, je n’avais qu’à vivre. Au lieu d’attendre une poussée d’adrénaline, une voix intérieure me criait : Demain, c’est déjà maintenant. Dès lors, je prenais mon courage à deux mains et rejoignais la table de l’érudite.

Capture d’écran (152)

Ses yeux étaient rivés sur un bouquin de Dostoïevski. Petite vilaine, elle me payait un verre. J’étais là, comme un grand con à l’écouter parler de tout et de rien. Je me perdais dans le fond de ses yeux. L’ambiance semblait si onirique. Le vin ne faisait plus d’effet. Chaque mot de Pouchkine rimait avec déconne.

On quittait le Delta Bar pour se diriger vers la gare du Nord. Je la raccompagnais sous les lampadaires. Sa main empoignait la mienne. Elle me conduisait à son appartement pour un dernier café. Elle me faisait écouter son jeu à la guitare, docile et relaxant. Elle passait également le dernier disque d’un groupe français. Un son ultra-moderne fissurait les murs. Plutôt excellent. De l’electro grasse mêlée à la douce langue de Molière.

On n’avait plus qu’à danser. La vodka dictait nos pas. Une fumée cannabis décorait la pièce.

Elle m’embrassait au cou et me susurrait : Suis-je ta reine d’amour ?

C’était la dernière fois que je la voyais.

Pouchkine, c’est surtout un souvenir inoubliable… se souvenir du présent.

Drama – Photos ©Romain Winkler & Alix Caillet

Qui êtes-vous ?

Certes, la réalité tangible rend concrète et, « contextuellement » acceptable, votre arbitraire position dans la société des Hommes.

Avec une grande justesse, Machiavel écrivait, dans son fameux ouvrage Le Prince, que c’est l’Homme qui fait le statut, et non l’inverse. J’adhère totalement à ce principe, toutefois… Notre humanité, notre monde, permettent, cependant, que la position sociale soit accordée, non pas en fonction des compétences, mais en fonction de la filiation ou du réseau social. Une grande injustice, dont « l’effet papillon » peut s’avérer être une véritable tragédie. L’actualité nous offre quotidiennement de multiples exemples.

Cela étant dit, rien n’indique qu’une position justement acquise, reste légitime sur le long terme. Quelle force « sur-humaine » faut-il posséder pour être incorruptible?

La Justice existe-t-elle dans la nature?

Pour répondre à cette question, nous devrions déjà définir le concept même de « Justice ». Cette définition, nous la voulons la plus neutre possible, car la Justice ne peut être positive de manière universelle.

En droit, la Justice est l’application d’un texte admis par une élite, permettant de qualifier un fait, et d’agir en conséquence. Sans texte, il n’y a pas de Justice possible. Ni la morale, ni l’éthique ne font partie de cette définition.(1)

Philosophiquement, le concept de Justice acquiert une dimension plus noble, qui est totalement inexistante en droit. Cette Justice philosophique est l’adoption d’un comportement de bonne foi, et, surtout, non-nuisible, permettant de rétablir l’équilibre.

L’aspect strictement juridique n’existe pas dans la nature. Serait-ce l’aspect philosophique de la Justice qui apparaîtrait dans la nature ? A la manière de Blaise Pascal, j’en aurai fait le pari. Mais ce pari n’est pas neutre, il n’est que le reflet de mon opinion, fondée, elle-même, sur mon désir et mon interprétation de ce qui existe. En d’autres termes, c’est une utopie. La nature n’est pas noble, elle est neutre.

En me focalisant sur les faits, je constate que la nature n’est ni juste juridiquement, ni juste philosophiquement. Elle fonctionne selon « la loi du plus fort ». Systématiquement. J’en conclus que la nature est mathématiquement juste.

La Justice (juridique et philosophique) a-t-elle un sens ? Est-il justifié (sic) de s’y référer ? La seule réponse que je puisse donner est que la Justice est une décision qui a permis de simplifier les relations humaines, et de limiter les libertés, afin de pouvoir réfléchir à d’autres phénomènes que notre propre sécurité et subsistance. La véritable liberté est inscrite à l’intérieur de limites claires.

Cette Justice est un idéal inapplicable dans l’absolu, mais cela donne un cadre à notre condition.

Je ne suis pas en mesure d’affirmer le bien fondé d’une telle démarche. J’ai seulement envie de croire que nous pourrions nettement améliorer la situation. Rien n’indique, en effet, que nous ayons choisi la « meilleure » Justice. Sur quelles base se repose-t-elle ? Lucien François propose une approche réduite à sa plus simple expression :

L’apparence, produite par un humain, du vœu d’obtenir une conduite humaine, apparence munie d’un dispositif tel que la résistance d’un des destinataires déclenche une pression en sens contraire par menace de sanction.(2)

J’ai une suggestion, quoi qu’il en soit, afin de partir sur des bases plus équitables: supprimer le système d’héritage patrimonial. L’éducation deviendrait la valeur suprême à transmettre.

Seriez-vous prêts à prendre un tel risque ?

Vincent Halin

(1) Pour plus de précision concernant cette question, voir FRANCOIS, Lucien, Le problème de la définition du droit, Liège, Editions de la Faculté de droit de Liège, 1978. Texte intégral disponible ici http://orbi.ulg.ac.be/handle/2268/175176

(2) Extrait de la préface de FRANCOIS, Lucien, Le cap des tempêtes, Essai de microscopie du droit, Paris, LGDJ, Bruxelles, Bruylant, 2001 ; 2e éd., préface de Pierre MAYER, 2012. Plus d’informations ici http://orbi.ulg.ac.be/handle/2268/174238. et Préface intégrale de Pierre MAYER disponible ici http://fr.bruylant.larciergroup.com/resource/extra/9782802737254/BAT%20PREFACE.pdf

Ultraphallus – The Art of Spectres

Je ne m’attarderai pas sur le nom du groupe. Il me plaît. Je pourrais dire la même chose au sujet de l’album, mais je ne vais pas pousser le bouchon aussi loin… cette fois-ci.

Les références au monde ésotérique, à la magie, à l’alchimie, au monde caché, à l’obscurité, sont importantes et récurrentes.

Personnellement, j’apprécie ces références, étant féru des domaines précités.

Au-delà de ces considérations, la musique d’Ultraphallus est à la hauteur (pas celle d’Emmanuel Moire). Et je ne vais pas m’amuser à l’exercice d’une quelconque critique, elle n’a pas lieu d’être. Cet écrit n’est qu’une glose.

Pour situer, il s’agit d’un métal (sic) lent, lourd, dissonant, atmosphérique, oppressant et très « couillu ».

J’apprécie l’atmosphère qui s’en dégage. Elle est sombre et froide (comme la fusion)… On pourrait dire qu’elle reflète parfaitement le monde humain.

Je suggère cet album comme bande son des peintures de Jérôme Bosch.

A l’écoute de cet opus, attendu de longue date (sortie annoncée depuis 2014, voici un 7 devenu 9), j’imagine un être conscient de l’hostilité concrète du monde réel. Un être qui sait, et qui se doit de le communiquer à ses pairs. Le langage direct est pratiquement inexploitable pour exprimer cela.

Le gai savoir est principalement diffusé au travers de symboles difficiles à décoder. Par ailleurs, Dom Antoine-Joseph Pernety disait :

Il faut se défier des endroits qui paraissent faciles à entendre à la première lecture.

Je vous encourage vivement à découvrir The Art of Spectres, sorti sur le label belge SUB ROSA ce 24 mars 2016 (le quatrième Jupiter).

Bonne écoute…

Vincent Halin

Introduction à la Philosophie

Le point de départ varie, d’un chercheur à l’autre. Et ce point est déterminant dans l’orientation prise, et l’avancement de la quête.

Nous sommes une partie intégrante de la démarche. Nos intentions, nos ambitions, nos connaissances et nos croyances limitent, dans un premier temps, le champs d’exploration. Hormis par hasard, ou par enseignement, il est peu probable que nous analysions un domaine dont nous ignorons jusqu’à l’existence.

Une fois dépassé ce point d’origine, tout est possible, car l’esprit de l’Homme ne connait d’autres limites que celles qu’il s’impose à lui-même.

Avez-vous déjà constaté des anomalies, des incohérences, des paradoxes en observant le monde qui vous entoure (et dont vous faites partie) ? Avez-vous ensuite tenté de comprendre ces phénomènes, d’en découvrir les causes ? Enfin, avez-vous cherché des solutions, des améliorations? Si vous répondez par la positive, alors, vous avez déjà éprouvé la démarche du Philosophe.

Ce noble chemin nécessite un état d’esprit des plus rigoureux et scientifique. Car il est parsemé d’embûches, de pièges, de trompe l’œil, de sirènes, de plomb, de souffre, de mercure, mais aussi d’or et de lumière. Vous devrez vous armer de patience et de courage. La Philosophie est un parcours du combattant.

Mais avant même de prendre la route, il est utile de se laver de tout préjugé. S’éloigner de la croyance et se rapprocher de la connaissance. Il est impératif d’enlever la boue qui recouvre nos yeux.

Ce que vous allez découvrir est fascinant, car en Philosophie, comme en Physique quantique, toutes les possibilités co-existent, tout est lié, tout est Un.

Nietzche évoquait « Le Gai Savoir ». Bien que se revendiquant Psychologue, il n’en reste pas moins un excellent introducteur à la Philosophie. Un vrai coup de marteau sur les idées préconçues… et dans la figure aussi, pour certains d’entre nous.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la Philosophie n’est pas un domaine réservé aux « Pieds-tendres ».

Nous allons, ensemble, tels des aventuriers, nous engouffrer dans ce grand Œuvre. Vous pourrez vous délecter également de la musique philosophale…

Etes-vous prêts ?

Vincent Halin

Préambule

Un débat autour du bien fondé de la musique dite « contemporaine » est vain. La musique « contemporaine » n’existe pas, car la musique est contemporaine, entre autre. La musique expérimentale, alors, me direz-vous ? Certes, parlons de la musique expérimentale.

Remarquons, d’entrée de jeu, que tous les styles musicaux quels qu’ils soient, ont connu une période « expérimentale », ce qui a permis, à un moment donné, de définir un style précis.

Aucun style musical n’est né tel quel (Lapalissade, ou précision, au choix). D’ailleurs, tous les styles musicaux existants évoluent. Bien entendu, plus le style est précis, plus son évolution est complexe et lente. On ne voit plus l’évolution en direct, mais après coup. Un peu comme la pousse des cheveux: elle est invisible en direct, mais elle a pourtant bien lieu, et se remarque en différé.

Il est certain que la musique expérimentale peut paraître, à l’oreille du profane, en vrac: inaccessible, inutile, ridicule, masturbatoire, prétentieuse, incompréhensible, laide, inaudible… En gros, une belle plaisanterie, une arnaque. Cette vision de la musique « expérimentale » vaut pour, à peu près, toutes les disciplines artistiques.

Et pourtant, il s’agit là d’une approche simpliste de l’évolution de l’Art… Même si elle peut être vraie également. Je ne citerais pas d’exemple, amusez-vous !

Cela étant dit, loin de moi l’idée de mépriser le profane. Chaque discipline à ses chercheurs, ses pionniers, et peu d’entre nous sont capables de savourer leurs avancées, leurs audaces.

Toutefois, il serait judicieux pour quiconque porte un intérêt à l’Art, de s’ouvrir l’esprit, et d’aller voir ce qu’il se passe hors des sentiers battus. Ceci vaut d’ailleurs pour tout, et pas uniquement l’Art. ‘L’expérimental, c’est avant tout garder un esprit d’enfant qui découvre, et non pas un forme d’élitisme.

Cette démarche, toutefois, requiert patience et humilité. Il pourrait y avoir un ordre à respecter. Zoroastre disait: SAVOIR, POUVOIR, OSER, SE TAIRE. Les bases étant posées, nous pourrons, ensemble, explorer les méandres du monde mystérieux de l' »expérimental ».

Un bon point de départ pour les novices: les racines vomitives. Celles-ci permettent la survie, notamment en cas d’overdose. Jetez un œil, et une oreille, du côté d’IPECAC RECORDINGS.

Vincent Halin