Musique

Damso – Ipséité

Comment Damso est-il devenu un personnage incontournable du rap FR ? Le parcours de Damso est fulgurant depuis à peu près deux ans. Sorti de l’inconnu (ou presque) par Booba, le bruxellois n’en finit pas de plaire et est devenu un véritable phénomène de mode. Qui aujourd’hui n’a jamais entendu parler de Damso ? Voici l’analyse d’un parolier passé du quartier d’Yser à la salle de Forest National.

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King Krule – The OOZ

Après 4 ans d’absence en tant que King Krule, Archy Marshall est revenu aux bases de tout ses multiples projets : Edgar The Beatmaker, Zoo Kid, DJ JD. Les sonorités dub, rock, jazz et son expérience de rappeur donnent une ambiance incroyable à ce deuxième album.

Enregistré sur sa terre natale, en Angleterre, ce second opus se voile d’un mystère particulier. Que ce soit les significations liées à la pochette, aux paroles ou au fil rouge de l’œuvre, des questions se trament par millier dans la tête de l’auditeur. Ce qui rend d’autant plus l’écoute de The OOZ, intéressante, pertinente et intrigante.

Si l’on se centre sur les histoires contées dans ses chansons, le jeune roux londonien les décrivait ainsi au New York Times : Gritty stories about the streets with a sensitive and romantic side. Take social realism and make it surrealism.

Un résumé efficace qui permet de très bien comprendre où nous mènent les paroles abstraites de ce poète des rues : au sein de la mentalité d’un jeune adepte au spleen anglais. La poésie d’Archy nous emporte vers un univers où les illusions, l’imaginaire et l’extraordinaire s’emparent d’évènements banals.

Nul besoin de décrire toutes les lignes écrites par ce parolier car nombreuses sont les interprétations que l’on peut attribuer aux textes de ce chanteur à la voix nonchalante.
Grâce à sa poésie, une image me reste en mémoire, celle d’une aventure sans fin, dans ce qu’il y a de plus urbain, personnelle et nocturne. Ne serait-ce que les sons de gouttes de pluies insérées dans quelques chansons, m’immergent totalement dans un climat froid et humide, où l’obscurité l’emporte sur les lumières de la ville.

La couleur que porte ce jeune musicien est le bleu et l’adjectif qui lui sied à ravir est lunatique plus que mélancolique.

C’est à travers certains morceaux beaucoup plus posés, lents, jazzy et tristes qu’il dévoile le plus souvent son talent de composition, une espèce d’avant-gardisme. Alors que le punk au ralenti de ‘The Locomotive’ et le rock perturbant de ‘Dumb Surfer’ rappellent la fougue de l’artiste, ‘Czech One’, ‘Logos’ ou même ‘Sublunary’ se détachent du ton général, pour s’envoler vers un style plus proche de visionnaires tels que James Blakes ou Mount Kimbie.

Il ne serait pas étonnant d’apercevoir King Krule influencer pas mal d’artistes, tant sa polyvalence dans le monde musical est admirable. Il arrive à prouver que la musique est toujours renouvelable et qu’il est possible de composer en s’inspirant de ses influences intimes et en les façonnant à sa manière.

Il est le genre d’artiste à refuser une collaboration avec Kanye West pour se donner corps et âme à son projet. Ainsi, son authenticité artistique ne prend aucun coup et ce même refus expose un King Krule décidé et convaincu d’accomplir ses idées déjà tracées, sans freiner un seul instant.

L’argument ridicule voulant faire de lui un musicien pour hipster, démontre bel et bien qu’il divise via sa capacité à proposer une large palette de morceaux les plus différents les uns des autres. Il est pathétique de lui faire un pareil reproche, autant écouter des disques déjà entendus. On ressuscite l’ancien pour en faire du nouveau, tout comme l’ont très bien réussi Only Real ou Cosmo Pyke.

Autre découverte : cet Anglais se rattache au Sud. ‘Half Man Half Shark’ dégage une aura tribale pour enfin se terminer avec une transition beaucoup plus calme, enivrée de boucles répétées d’accords de guitares, mêlées à des notes planantes de piano. La voix rauque d’Archy se déploie avec effervescence et des chœurs s’y ajoutent à un moment donné, faisant des paroles, un hymne chanté par des personnes en transe ou possédées par une force surnaturelle. Un magma bouillonne avec ce titre.

La chaleur de The OOZ est entre autres hispanique. Archy avait une muse barcelonaise. Elle présente en espagnol, au passage de ‘Bermonsday Bosom (Left)’, un antagonisme qui va nous suivre tout au long de l’album, et qui sera encore cité dans ‘Bermonsday Bosom (Right)’, mais cette fois-ci, à travers la voix britannique de son père :

Parasite, paradise, parasite, paradise

Cette opposition permanente n’est pas entendue à chaque morceau, mais est ancrée de manière efficiente pour qu’elle résonne de plus belle dans le crâne. Ces 2 mots expriment tellement de choses. Ils renvoient à la Vie et au Réel, à l’inverse d’une philosophie manichéenne, où certains préfèrent penser que le monde se sépare entre le Bien et le Mal. Il n’y a pas de blanc ou de noir, il n’y a que du gris.

The OOZ comporte 19 morceaux, ça file le sourire aux personnes qui attendaient ce retour avec impatience. Prenez-en de la graine Arcade Fire ! 19 pépites qui nous entraînent dans des alentours paradisiaques, où les parasites se cachent partout.

brunoaleas

Niro : De Miraculé à M8RE

Devenir un artiste reconnu est loin d’être une partie de plaisir. Evidemment le terme, « reconnu », est un peu flou, cependant, on peut  même considérer qu’un artiste comme Niro est depuis ces deux dernières années bien ancré dans le paysage du rap français. Mais si l’obtention de cette reconnaissance est sûrement une bonne grosse embûche en moins dans une carrière, il reste encore à l’artiste à affronter le jugement du comment il en est arrivé là. Nombreuses sont les clefs de cette réussite. Le talent paraît comme la plus évidente (évidente pour les plus naïfs). Or, il ne faudrait pas omettre des éléments comme la chance, car évidemment il en faut, tout comme pour la persévérance, le culot, etc…

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Du Rock à Liège! Part 2 / Molk

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Liège n’est pas la plus belle ville d’Europe. Liège est remplie de « barakis ». Liège est rarement synonyme de « convivialité ». Et pourtant, j’aime cette ville!
On peut lui attribuer tous les défauts qu’on veut, il y a bien pire que la Cité Ardente.
Je l’aime, d’autant plus que depuis un certain temps, il s’y respire un air rock’n’roll!

Amants de la bière, de Lemmy et des cultes de l’Antiquité, Molk se constitue de jeunes membres, toujours prêts à faire grincer les guitares, exploser les watts et réveiller les morts d’outre-tombes.

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STUFF. – old dreams new planets

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Il y a énormément de choses à dire sur les gars de STUFF. La bande flamande emmenée par leur batteur atypique, Lander Gyselinck, est peut-être tout simplement le groupe de néo jazz électronique (si je puis dire) se démarquant le plus de la flopée de groupes du genre. En quelques années, leurs sons électroniques et leurs mélodies groovies et sinueuses sont devenues une particularité et une qualité qu’eux seul, dans la lignée de Marc Moulin et de son groupe Placebo, ont su se réapproprier à la perfection.

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Bigflo et Oli – La Vraie Vie

Le grand moment de la confirmation est venu pour Bigflo et Oli. Une étape importante dans la carrière d’un artiste mais pas pour autant la plus compliquée. En tout cas, d’un point de vue purement commercial. D’autant plus simple quand on sait le succès rencontré par un premier album tel que La Cour Des Grands. Un principe très connu est alors de rigueur pour rééditer une telle réussite : on ne change pas une équipe qui gagne !

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Héritiers de Flume Part 3

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Une explication à ce titre est nécessaire pour le comprendre entièrement.
Des artistes se copient inconsciemment ou volontairement pour parfois créer leurs œuvres. Je n’écrirai pas au sujet du « plagiat », au contraire, j’aime utiliser plutôt le terme « hérédité ». De fait, depuis l’arrivé de Flume, c’est-à-dire en 2011, une panoplie d’artistes puise énormément de sa technique. Car il faut savoir qu’il a eu un véritable impact sur le monde de l’électro, non pas parce qu’il est juste un jeune musicien et producteur d’Australie, mais aussi parce qu’il a une signature sonore qui lui est propre. En d’autres mots, il a complètement réussi à façonner une nouvelle approche musicale. Les nombreuses particularités qui font toute sa « magie » apparaissent désormais chez d’autres DJs juvéniles.

Møme, alias Jérémy Souillart est un producteur, ingénieur son et compositeur français. A la suite de 3 EP, ce jeune musicien délivre son premier LP, nommé Panorama, en 2016.

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Mac DeMarco – This Old Dog

Ecrire la critique du dernier album de Mac DeMarco, c’est comme entamer une substance qui enjaillerait n’importe qui. This Old Dog est le quatrième album de ce multi-instrumentaliste canadien. Certains le trouvent déjanté et d’autres le qualifient de génie. Je pense que Mac est ce qui pouvait arriver de mieux dans le paysage du rock indépendant. Son humour fait partie intégrante de ses productions, mais son talent se résume surtout à composer des chansons entraînantes, qui n’ont rien d’un casse-tête et dont les mélodies sont faciles à retenir. Lors d’une interview pour Télérama, Mac avouait qu’il aimait quand les chansons étaient courtes, en gamme majeure, douces et suaves: la « simplicité » correspond à son ingrédient préféré pour de bons morceaux.

Un thème récurrent entoure énormément l’ambiance de This Old Dog: l’Amour. Qu’il soit torturé ou sublimé, ce sujet a été traité maintes et maintes fois chez plusieurs artistes. Et pourtant, c’est peut-être ce qui humanise et nous rapproche le plus de nos idoles.

Cet album détient aussi la propriété de ralentir entièrement tout ce qui se passe autour de nous. Relaxant et planant à souhait, cet opus délivre une prestation musicale qui n’a rien de sauvage.
Le titre qui symbolise le plus cet aspect est sûrement « This Old Dog ». Guitare sèche, batterie aux battements atténués et guitare électrique aux sons de cordes aspirées, cette chanson semble nous transporter dans une zone de confort.
Véritable opium auditif, les paroles ne sont pas inintéressantes:

This old dog ain’t about to forget

All we’ve had

And all that’s next

‘Long as my heart’s beating in my chest

This old dog ain’t about to forget

Déclarant sa flamme à sa bien-aimée, ce chanteur n’a nul besoin de se marier pour lui faire comprendre qu’il ressent un amour éternel à son égard. En se comparant à « un vieux chien », qui équivaut à notre « vieux singe à qui on n’apprend pas à faire de vieilles grimaces », le côté « pitre » de Mac s’efface pour nous prouver qu’il peut être à la fois mature et romantique.

« One Another », elle, symbolise une ode à tous les mecs qui se sont fait larguer. « Une de perdue, dix de retrouvée », ainsi pourrait se synthétiser les paroles optimistes de cette chanson très allègre. Encore une fois, l’artiste prélève un simple fait universel qui parlera à un grand nombre d’auditeur. Cette teinte de réalisme a toujours collé à la peau de Mac, faisant de ses chansons des ballades où ses lyriques sont très profondes.

Le morceau que je retiens le plus se nomme « Moonlight on the River ». Cette piste se détache énormément de ce qu’on a l’habitude d’entendre de la part de Mac, vu qu’elle dure 7 minutes. 7 minutes où la guitare électrique est mise en exergue pour exploser dans des échos interminables, où l’on ne peut qu’aimer ce voyage particulier. En d’autres mots, 7 minutes où le talent du guitariste m’a émerveille, me donnant encore plus envie de suivre les prochains projets de cet artiste!

This Old Dog marque le retour de Mac DeMarco, un musicien dont on retiendra son jeu à la guitare, aux frontières des accords bossa-nova et jazzy.

Ne ratez pas ses concerts loufoques, où il n’a pas peur de cramer les poils de son corps ou de finir en caleçon.

brunoaleas