Nos Concerts

Down to Dust au Wood Studio

Les lumières sanguinaires du Wood Studio (Chênée) n’inspirent pas l’hostilité. Au contraire, elles accueillent des mélomanes afin d’aider Pilori. Suite à une de leur date annulée, des Belges sont venus à leur secours ! (bien sûr) Quoi de mieux qu’un spectacle à deux centimètres des musiciens, sur quelques mètres carré ?! Vu que plus on est de fous, mieux on rit, Down to Dust s’occupe de la première partie, le soir même.

Après leur venue à La Zone, la force de frappe est toujours présente,
La guitare s’embrouille dans une disto aussi féroce que la voix d’Olivier Jacqmin. Ce chanteur partage une rage très communicative. Durant les morceaux, il n’hésite pas à crier loin du micro. Ce crachat de poumons n’est pas le seul point attirant mon regard. Il se pose également sur le jeu de batterie d’Hadrien Panelli. L’artiste délivre une performance tribale et brutale, au service du post-metal !

Groupe Metal 1 Chenée-5
« Savour Your Days » demeure leur morceau le plus accessible, de par sa durée et sa structure efficace. Le titre est une belle synthèse de leur premier EP,
Demonstration. « The light above us » apparaît comme une respiration, où basse et batterie captent l’attention. Quant à « Upstair till the unknown », il est très intelligent de le jouer en dernier. Cette tuerie est bel et bien faite pour la scène ! Son riff final est si lourd qu’il me file la patate, m’excite, m’oblige à pactiser avec le Diable. Bref, il laisse un bon souvenir. Par les temps qui courent, c’est assez énorme.

Certains miracles ont lieu, lors de nos journées dignes de La Quatrième Dimension.
Surveillons l’évolution de ce groupe…
et profitons des concerts qu’ils soient secrets ou illégaux modafucka !

brunoaleas – Photos ©Kyra Thonnard – Wood Studio, novembre 2021

Peet à l’Ancienne Belgique

Le mec remplit la salle. Le mec maîtrise la vibe. C’est un mec, man. Peet enflamme l’Ancienne Belgique pour un concert de plus d’une heure… on ne pouvait pas nier l’évènement !
Malheureusement, je n’étais point à la capitale ce soir-là. Heureusement, le spectacle est diffusé en direct sur les réseaux.

Quelle joie de retrouver ce trublion du 77 ! Les morceaux de Pierre Mignon sont adaptés d’une toute autre façon, face à son public. Le saxophone enrichit ses mélodies. La batterie frappe au grès des invités : Swing, Morgan et Zwangere Guy. L’artiste laisse ses potos se lâcher, comme un Damon Albarn honorant ses collaborations au sein de Gorillaz.
L’univers de Peet se synthétise sur la scène bruxelloise. Un humour qui conte le quotidien des vingtenaires, lorsque ça pulse. Les doutes exprimés sur des sonorités plus planantes. Les spectateurs chantent alors ses paroles décomplexées et dansent grâce à un saxophoniste endiablé !

Le rap est frais. L’ambiance est folle. L’évolution de Peet a de quoi émerveiller. Il ne s’abandonne pas à la pauvreté des basses d’une trap dispensable (là où Vald s’est piégé). Au contraire, ses musiciens donnent une autre couleur à ses productions.
Son amour pour la musique en devient encore plus puissant ! Bref, Peet a mis de la sueur dans le tempo, c’est maintenant que tout commence.

brunoaleas – Photo ©Zozulya Daniil

Bothlane au Reflektor

Ca faisait longtemps que je n’avais pas vécu de vrai concert. Heureusement que la Cité Ardente bouillonne d’évènements totalement fous.
Je me retrouve au Reflektor plus vite que mon ombre dès que je remarque Bothlane programmé à une soirée Hybrid Nights (collectif liégeois). Alain Deval (Ginger Bamboo, Quark, Ana Junnonen) est derrière ce projet. Je l’avais déjà aperçu lors de deux concerts de The Brums. Quant à son aventure solo, elle paraît assez barge!

J’ai testé pas mal de set up mais je ne ressentais pas spécialement le besoin de faire un projet solo. J’étais plus dans l’optique du jazz, de l’improvisation et de l’échange avec d’autres musiciens. Je n’étais pas près pour ça!
Puis, au fur et à mesure, j’ai composé des espèces de morceaux assez expérimentaux, avec peu de beat. Je cherchais beaucoup une texture sonore et de l’improvisation autour d’une idée. Le modulaire m’a permis de synthétiser tout ça. Je ressentais le besoin de faire un truc plus personnel, sans concession et sans l’empreinte d’autres musiciens.
Je viens des arts plastiques, de la peinture. J’aime bien l’idée de passer des journées seul à travailler dans un atelier. Cette sorte d’introspection artistique me manquait. C’est un peu ce que je retrouve avec ce projet. –Alain Deval

Tout le matos batterie/synthé-modulaire du batteur n’est pas sur scène mais bien dans la fosse. La batterie s’entoure d’une multitude de câbles. Lors du show, des lumières aux pieds d’Alain permettent de voyager dans différentes couleurs. Tout est en place afin de vivre un rite electro.

Autour de moi, on balance des têtes et on se dandine. Alain Deval nous fait signe pour qu’on se rapproche de lui. C’est là que se provoque la transe. Les coups de batterie entrent dans l’estomac. Les sonorités, dignes d’un Blade Runner sous coke, transportent de stupéfaction à contemplation. Le batteur ne joue pas pendant 2 heures. 30 minutes suffisent pour créer l’attention.

Il est clair que si tout le monde dansait ce soir-là, je me serait emporté et j’aurais cassé ma clavicule sur un beat d’Alain. Chaque note de sa sainte machine s’arrêtait à de bons moments pour repartir de plus belle. Quelques fois, sa rythmique et ses roulements semblaient provenir d’influences africaines!

On a peut-être l’impression d’écouter des rythmiques africaines parce que j’ai étudié le jazz. J’adore Elvin Jones et son jeu complètement organique. Ainsi que Nasheet Waits, proche des tambours bata et de la trance. D’ailleurs, il y a des disques de bata où l’on dirait presque de la techno.
Dans Bothlane, on s’en éloigne. Je ne cherche pas vraiment ce mélange.
En tout cas, je ne désire pas pondre quelque chose de trop propre ou de trop synthétique. Je veux pouvoir continuer à jouer dans l’instant.
Alain Deval

Alain Deval est la preuve existante qu’une formation jazz, telle que la sienne, amène à de merveilleuses créations artistiques. La musique et ses délires. La musique et ses surprises.

brunoaleas – Photo ©Felipe Obrist

Damned Soul Fest III : une affiche éclectique

Premier Damned Soul Fest de ma vie. Ce petit festival à la (déjà) grande réputation m’intrigue, et je décide donc de m’aventurer dans le magnifique petit village de Bomal sur Ourthe. A mon arrivée, le froid est déjà perçant. Une petite bière pour réchauffer tout ça, et c’est parti! Je découvre la salle, minuscule mais très chaleureuse et accueillante, avec son côté  »underground ». Qui dit petite salle, dit public serré. Mais pas ici ! Malgré la fréquentation importante, nous ne sommes pas les uns sur les autres.

A l’affiche, des groupes belges, mais pas seulement: Luxembourg, France ou encore Pays-Bas, les pays limitrophes sont fièrement représentés. Une diversité qui me plaît. Il y a une diversité de styles aussi : death, hardcore, rock n’roll, ou encore symphonique. Je ne connaissais que trois groupes de l’affiche. Tant mieux, j’aime les découvertes.

Je commence avec Dirty Wolfgang. Première fois que je les vois en live. Récemment, c’est un nouveau batteur qui a rejoint les rangs des « fils de pute » au rock dur version  »loud ». La bande offre un set carré et énergique, mais assez peu naturel. Malgré la qualité des enchaînements, on sent que les trois musiciens doivent encore jouer ensemble avant d’acquérir une réelle cohésion. Mais mises à part les petites erreurs rythmiques, c’est prometteur! Les influences du groupe sont multiples, mais Dirty Wolfgang arrive à les fusionner en un style propre, puissant, et crade à la fois. Bref, on aime !

DirtyDirty Wolfgang

Anwynn enchaîne. Première fois que je revois le groupe  depuis que Kelly Thans de Pandora’s Key remplace « Bouc » au growl. C’était justement ce mélange de voix que j’aimais. Je suis donc sceptique. Mais je me rends vite compte que mes doutes étaient infondés, tant l’alchimie entre Kelly et Eline est intense! Le mélange marche parfaitement bien. Par contre, toujours au niveau des voix, je ne change pas d’avis sur la voix d’Eline au fil des ans : ses notes méritent d’être mieux « posées ». Quant au reste de la bande, c’est toujours aussi bon et précis! Peut être un petit regret : le set perd en constance et en énergie à sa deuxième moitié.

AnwynnAnwynn

Ma découverte de cette édition

C’est devant Dysrancor que je prends une claque monumentale. J’avais déjà entendu parler d’eux, mais je ne m’attendais pas à ce que mes yeux soient scotchés à la scène de A à Z. Je suis plutôt du genre distraite. Donc, si le groupe qui joue ne me transporte pas, je décroche et ne raccroche jamais. Ce n’est pas le cas avec Dysrancor ! Pas grand chose à redire de leur set, plus que maîtrisé. Avec une bonne interaction entre musiciens et une énergie débordante, le groupe propose un mélange très original et convaincant de brutal death et de black sympho. Et, le moins que l’on puisse dire, c’est que ça fonctionne !

Je n’ai qu’un regret : ne pas avoir pu assister au concert des Français de Fractal Universe, qui a bénéficié de très bons échos. Globalement, le son et les lights étaient très bons. Et les prix des boissons et snacks, plus que raisonnables. En résumé, une troisième édition réussie! Au total, ce sont près de 500 personnes qui ont fait le déplacement cette année.

Pour finir sur un mot de Matthieu Addonisio, l’organisateur: « Mes attentes sont comblées, et au niveau financier, c’est une édition plus que réussie ». Il faudra encore attendre quelques semaines pour savoir si une nouvelle édition aura lieu en 2021. Mais nous, on l’espère !

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Valentine Cordier
Photos ©Lau Pi / Illustration bannière ©Lau Pi (Ayoub)
Article également publié sur Metal Overload

Landing Planes au Waterfall Racoon Studio

Lorsque tu traverses à pied et en pleine soirée la N673 (Trooz) juste pour la musique, alors, la passion brûle en toi. Si je pars à la campagne avec mon photographe de choc, c’est pour voir les prestations scéniques de Landing Planes (trio franco-belge/stoner rock).

Une fois arrivé sur les lieux, tout est confort (bière 1 euro, pains/saucisses gratos, bonne humeur au rendez-vous). La salle, petite soit-elle, me rappelle toujours à quel point j’aime l’ambiance d’un concert à petite échelle. 

La salle du Racoon Waterfall offre une atmosphère particulière: du fait d’être isolée dans la campagne et d’avoir une capacité de 50 personnes à peine. Une fois à l’intérieur, on se sent dans une petite bulle entre copains, même avec des inconnus. D’un point de vue pratique, un des avantages est l’accès à la scène pour monter et démonter le matériel, qui se fait à part de l’entrée du public. Chose peu commune pour les petites scènes. On peut aussi y enregistrer l’audio de son live en ramenant une carte SD à l’organisateur. Il a installé tout ce qu’il faut pour y arriver. De quoi promouvoir tout ce qui est post-concert. –David Annenkoff (batteur de Landing Planes)

Le trio débarque sur scène et le soundcheck envoie déjà du lourd! Dès les premières notes jouées, la claque est sévère. Une sonorité bien plus frontale, directe et agressive que celle du premier groupe avant eux. Tout sonne clair. On distingue chaque performance. Le slap du bassiste. Les cris mélodieux du chanteur. Le public, lui, gronde sa joie après chaque fin de chanson. Les morceaux s’enchaînent à merveille. Plus le concert avance et plus mon ami me fait remarquer que Landing Planes serait peut-être la relève de feu Mølk. Une nouvelle met du baume au cœur! Certes, nous n’avons pas connu Kyuss. Cependant, Liège regorge désormais de groupes (Hetouht, Elefar, Karma Nova) dont les concerts deviennent mémorables pour tout féru de rock!

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Le stoner est-il pour autant un genre musical bien reçu en Belgique?

Le stoner vit bien en Belgique! Mieux en Flandre qu’en Wallonie. Mais globalement très bien. D’ailleurs, ce sont des Flamands qui nous ont offert notre première scène (No Name Collective). Le fait qu’il y ait NNC, un collectif dédié au stoner accueillant des groupes du monde entier en Belgique, montre que le genre y est bien reçu. La Belgique rayonne à l’international. Puis, on a des groupes qui fonctionnent bien. Ils sont nombreux et ont un public très fidèle. Atomic Vultures, Your Highness, MIAVA, My Diligence, Fire Down Below, Tangled Horns, Psychonaut,…
Si on regarde du côté des festivals, depuis 2014, on a le Desertfest, un des plus gros festivals de stoner au monde. L’Alcatraz se veut éclectique et a une scène dédiée au genre depuis l’an passé: une scène rien que pour le stoner, un signe de bonne santé!
Quant au public stoner, ce sont des experts qui ont une grande culture. Ils connaissent leurs classiques mais sont toujours ouverts aux nouveautés. Ça change des « true metalheads » qui ne jurent que par les groupes de plus de 30 ans. Dans le stoner, il y a cette recherche de la nouvelle pépite. Sans oublier qu’un esprit communautaire encourage à partager de nouveaux sons et à soutenir les groupes émergeant. Tout le monde s’entraide et s’apprécie.
-David Annenkoff

Ce n’est que le second live pour Landing Planes. Les membres fourmillent d’idées concernant d’autres dates. Il n’est pas trop tard pour découvrir ce groupe qui laisse un bon souvenir d’écoute. Du riff inoubliable et implacable de « Falling Apart » à « Define », dont la violente douceur a su clore le concert en beauté! Rien ne tient qu’à vous d’écouter cette musique d’une lourdeur apaisante (comme dirait David).

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Photos ©Alexis Docquier – 04/01/2020

Fléron tremble pour la release party d’Obsolete Humanity

Au bout d’un parking immense, après un dédale entre des bâtiments délabrés, j’atteins finalement les locaux de Primitive Music: une salle minuscule, mais chaleureuse, à la très bonne acoustique.

Ce soir, Obselete Humanity présente son EP éponyme et partage l’affiche avec Squidhead, Ashes Into Blood et Komah. Une affiche de qualité en accord avec le style que propose les nouveaux venus de la scène liégeoise. Je vois débarquer sur scène quatre jeunes gars vêtus de masques à gaz. Remake death metal de Rise Of The Northstar? La suite me prouvera que non. Continuer la lecture

Deathtura au Reflektor

J’étudie à Louvain-la-Neuve. Lorsque Deathtura passe au Reflektor, je reconnais plusieurs têtes de la cité universitaire. Une communauté prête à se taper presque 100 km afin d’afficher ses cornes digitales. Mon fief se fait envahir par une audience heureuse de retrouver sa jeune bande.

Le chanteur, habillé d’un gilet pare-balles, oscille toujours entre un chant clair et un terrifiant grondement. Un trait assez particulier au groupe. Certains considèrent ces musiciens comme la relève de Channel Zero. D’autres affirment qu’ils ont la qualité de jouer un metal accessible à tout auditeur. 

Les différentes approches de styles caractérisent le plus Deathtura. Tout le monde trouvera son compte avec notre musique. Pour preuve, 85% des personnes qui n’aiment pas le metal adorent nos concerts! On a la jeunesse et l’audace. On a aussi nos influences assez old school.
Le manager de notre label nous a décrit comme faisant du 360° metal. On compte évidemment mieux définir notre style pour notre deuxième album en cours d’écriture. –
Nico Mike D., batteur de Deathtura

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D’ailleurs, ils collent parfaitement à l’affiche liégeoise, derrière un Dagoba qui a fait ses armes dans le mélange des genres (rock/electro/metal).

A titre personnel, mon souvenir le plus marquant au Reflektor, c’est le contact qu’on a eu avec Dagoba. On est passé de fans à collègues le temps d’une soirée! Avant le concert, j’ai passé un moment mémorable, seul sur scène avec Nicolas Bastos. On a parlé batterie forcément… Il a beaucoup complimenté mon kit de batterie et m’a donné plein d’astuces de placements d’éléments. J’ai même réussi à lui glisser quelques conseils sur son propre kit. Un instant un peu particulier qui a plus de valeur aux yeux d’un batteur qu’à ceux d’un lecteur. Cet échange privilégié a été très important pour moi. –Nico Mike D.

Dès les premières notes, je m’avance vers le devant de la scène. L’adolescent ne jurant que par le metal remonte en moi et contemple le jeu du groupe.
Le titre m’épatant le plus: « Escape the Time ». Le riff initial me fascine tant que je ne cesse de fixer les doigts du guitariste. Des mélodies bien plus graves viennent s’y imbriquer. Laissez-les mijoter, puis ajoutez une batterie tapant plus fort que le cœur d’un tachycardique! Sacrée turbulence.

On savoure encore jusqu’au dernier morceau, « Purgatory of Our Future ». De quoi laisser une vague de notes agressives. Le tout accompagné d’un jouissif timbre de voix caverneux. Une chanson qui donne la sensation d’en vouloir plus… Toujours plus de Deathtura! Je souhaite en entendre beaucoup plus après ces trente minutes de live. Un spectacle court mais intense. Un avant-goût prometteur et optimiste quant aux nouvelles générations metal.

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Photos ©Alexis Docquier – Reflektor, 01/09/2022

Jovanotti à Rocella Ionica

Il faut souffrir pour être belle. Une expression à laquelle on pense fortement lorsqu’on passe ses vacances d’été dans le Sud de l’Italie. C’est comme si Greta Thunberg se cachait derrière nos têtes pour nous rappeler qu’il n’y a pas que les banquises qui croulent… Puis, arrive ce jour où l’on m’annonce que je pars assister au Jova Beach Party de Jovanotti, à Rocella Ionica (Calabre). Je pensais avoir fumé la moquette. Pourtant, ça n’avait rien d’irréel. J’allais voir l’artiste italien le plus inspirant et inspiré de ces dernières années !

Jovanotti, ou Lorenzo Cherubini de son vrai nom, est un faiseur de miracle. Tout au long de sa carrière, il n’a cessé de toucher à tout: rap, rock, hip hop, électro, jazz. C’est peu dire d’admettre que ses créations font partie du patrimoine culturel méditerranéen.

L’enthousiasme pour les nouveautés fait partie de notre système opératif aussi bien que la peur du neuf. Entre ces deux fonctions, nous nous dirigeons vers le futur. -Jovanotti

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En 2019, Lorenzo, 53 ans, 14 albums derrière lui et exalté dans les veines, lance un projet hors norme : Jova Beach Party. Il s’agit d’installer une espèce de village sur diverses plages italiennes en 15 dates estivales ! Imaginez un festival visant plus haut qu’un concert de stade ! Le but étant d’emmener le public vivre une expérience naturelle et inoubliable. De quoi fusionner avec le sable et se baigner entre deux concerts. Notre poète en profite également pour inviter différents invités de renom: de Caparezza à Alborosie. Mais une chose à la fois. Il est temps de décrire une odyssée complètement folle…

Si je m’apprête à écrire une flopée de louanges propres à Jova Beach, il ne faut point oublier l’enfer de son trajet. En voiture, on ne savait pas où se garer sans qu’une arnaque calabraise pointe le bout son nez. Si vous savez. Ces enflures qui vous font croire qu’ils travaillent pour le festival proposant une place de parking plus chère que votre vie. Une fois la bécane en lieu sûr, on devait se taper un peu plus de 3 kilomètres à pied, sous un Soleil de midi (celui qui amène à voir double). Ce périple digne d’un mythe grec s’achevait près de la plage de Rocella Ionica.

La musique envahissait déjà les nombreuses infrastructures. Jovanotti, habillé tel un cowboy inca, chantait avec son groupe des versions acoustiques de ses titres. Toujours prêt à enthousiasmer et remercier son public, il enchaîne les mélodies devant 25 000 personnes. Aux premiers abords, le son ambiant donne envie de danser et nous suit à chacun de nos pas.

Que serait une fête sans un heureux évènement ? Un mariage est prévu à chaque date de la tournée du Jova Beach. Allions-nous voir un prêtre ? Nenni ! Lorenzo faisait l’affaire et s’entourait de son groupe tout en bénissant les jeunes mariés de sa musique sacrée !

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S’ensuivent les Palestiniens de 47 Soul sur scène. L’air devient oriental. Un mix entre le bande son des Mystérieuses Cités d’or et l’imagination d’un Bombino. Le duo DJ, Ackeejuice Rockers, chauffe ensuite l’audience avant l’arrivée du romain sur scène.

Qui a déjà admiré la fontaine de jouvence ? Cette soirée était d’une certaine fraîcheur musicale. Nous avions droit à un spectacle de presque 3 heures, où Jovanotti mêlait l’art DJ aux pures prestations instrumentales. L’artiste mixait des tubes ultras connus (‘Alors on danse’, ‘I Gotta Feeling’, ‘Around the World’) et les incrustait entre ses chansons. Il s’élançait derrière sa platine. Il bondissait une guitare en main. Une seule idée me venait en tête: Lorenzo Cherubini était à la quintessence de son art. Lui qui commençait comme DJ en boîte de nuit et qui jouait en cette nuit d’août, devant des milliers de fans.

Quand j’ai commencé à travailler dans les clubs, les DJ étaient derrière leurs platines dans le noir. Personne ne s’enfuyait. La musique était tout. En quelques années, Tomorrowland réalisait des nombres plus importants que Glastonbury, jusqu’au paradoxe de la fiction totale dans laquelle la console est devenue un autel où se célèbre une fonction souvent pré-produite qui manque toujours d’une véritable vibration.
La musique pour le public est le prétexte pour se mettre en scène. Il en a toujours été ainsi. A l’ère numérique et sociale, elle l’est plus radicalement. -Jovanotti

Chaque morceau s’imbriquait de façon inattendue. Derrière sa table de mix, le quinquagénaire offrait des hymnes à la jeunesse et à l’amour. Sans oublier deux invités de luxe venus le rejoindre : Brunori Sas et Toto Cutugno. L’un, symbole d’une nouvelle génération de paroliers. L’autre, grand compositeur de la botte méditerranéenne. Toto prenait tout suite les commandes des musiciens sans problème. Assurance et professionnalisme devant nos yeux.
Dès lors, le show ne semblait jamais finir et les classiques de la musique italienne résonnaient partout sur la plage. Fumée colorées, chants et lumières scéniques fusionnaient afin d’entrer en communion, le temps d’une fête d’une incroyable modernité.

Tout se terminait via ‘Fango’. La guitare de Riccardo Onori grondait sous les étoiles. Un solo qui restera gravé à jamais dans ma mémoire. De nombreux applaudissements pleuvaient alors face à une telle prouesse de la part de Jovanotti et sa bande. Nous repartions les jambes essoufflées et le mental émerveillé. Qui sait s’il sera possible de revivre une telle claque ? Pour l’instant, restons-en à féliciter le talent de Jovanotti à rarement décevoir.

E questa la vita che sognavo da bambino. -Extrait de ‘Megamix’

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brunoaleas – Photos ©Michele Lugaresi

Metaldays 2019

Je vais vous compter mon séjour en Slovénie, dans la vallée isolée de Tolmin. Au cœur d’un festival unique en son genre : les Metaldays !

Lundi, notre arrivée est marquée par une longue marche sous un soleil de plomb (qui perdurera tout le séjour). Le camping est immense et espacé, mais ne contient que deux malheureux arbres. On comprend mieux pourquoi les bois alentours sont colonisés par les tentes !

Voyageant avec une autre fille, on décide de chercher le camping réservés aux filles. Mais on se rend compte, au bout de quatre demandes de renseignements aux gardes, que ceux-ci ignorent où ce dernier se trouve. Ce camping est-il inexistant ? Fatiguées, et accablées par ces 35°C, nous nous résignons à planter notre tente à un endroit au hasard.

A 20h, nous entendons While She Sleeps depuis la rivière Soca, longeant tout le festival.

23 heures, Arch Enemy retentit. Fan nostalgique de la période où Angela Gossow assurait le chant, le show me laisse une impression d’inachevé. Pas de grande présence scénique, pas de grande interaction. Et dans les yeux des musiciens, nulle trace de plaisir ou d’amusement. Michael Amott surtout, à l’air usé, éteint… tenant péniblement sa guitare.

A cela s’ajoutent de nombreuses imprécisions rythmiques. Un peu plus tôt dans la journée, le groupe annulait sa séance de dédicaces à la dernière minute, sans une explication.

Le lendemain, je suis réveillée par une chaleur écrasante qui s’immisce doucement dans ma tente, dont j’ai décidé d’orienter l’entrée vers le nord. Tirée du lit (ou plutôt du matelas gonflable) à 7h30, je décide d’aller goûter aux joies de la baignade dans l’eau limpide de la Soca.

Les abords de la rivière font chuter la température. Passer de 36°C à 16°C nous fait le plus grand bien. Je plains sincèrement les personnes vêtues intégralement de noir… L’eau des deux rivières avoisinantes (la Soca et la Tolminka) ne dépassent pas les 10°C. Un peu de courage, et hop, nous voici au milieu de licornes gonflables.

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Nous décidons de manger de la pizza. 4€ la part près de la mainstage, 8€ la pizza entière près de la deuxième scène. Le choix est vite fait. Cette pizza artisanale nous tiendra fraîches toute la journée.

Milieu d’après-midi, je décide d’assister au concert des compatriotes de Reject the Sickness. Ne connaissant pas du tout la musique du groupe formé en 2010, je m’approche de la scène, un peu hésitante. Mes oreilles repartent plus que satisfaites, nourries d’un son lourd et mélodique aux accents thrash. La voix de Guy Vercruysse me rappelle beaucoup celle de Jean-Philippe Sonnet, chanteur d’Exuviated (encore des Belges).

Sur la main stage, la frontwoman d’Infected Rain nous attire instantanément. Le groupe propose un metalcore sans concession et revendicatif, très agréable à écouter.

Suivra à 20 heures le très attendu concert de Rise Of The Northstar. Immédiatement, une violence brutale s’installe tant sur scène que dans le public. Les Français ont réussi à créer une musique à nul autre pareil, avec des codes propres, et cette originalité se ressent aussi dans le show, prenant.

Peu après, sans savoir à quoi m’attendre, je me rends au concert d’Architects. Je ne connais pas leur musique, mais tout le monde autour de moi m’a conseillé d’aller les voir. Je m’exécute donc sagement. Après 1h20, le bilan est clair : même si leur musique ne m’a pas attirée, leur show était haut en couleurs à tout point de vue. Bémol : le chanteur est peu charismatique, et on dirait qu’il va cracher un poumon à chaque note. Amatrice de growl, je me demande pourquoi le groupe n’a pas davantage recours au chant clair, qui ajouterait quelque chose à un style déjà très mélodique mais assez indéfinissable, associant metalcore, post-hardcore et deathcore. Au vu du jeu de lumières impressionnant, pour assister à un concert des Anglais, mieux vaut ne pas être épileptique. En résumé, lors de leur concert, c’est tout mon corps qui est pris par les basses et la technicité du batteur.

Jour 3. Le réveil est rude. Prise d’un mal de nuque (ça m’apprendra à headbanger), je décide d’aller explorer la zone des massages, et découvre avec effroi le prix de l’activité : 15€ les dix minutes, 40€ les trente minutes. A ce prix-là, je préfère encore ne plus headbanger.

Même constat pour le tant attendu tournoi de lancer de haches : 12,5€ l’heure.

Je recule et décide de me contenter de repos au soleil. Evidemment, comme 99% des personnes présentes ici, je repartirai avec des coups de soleil. L’après-midi passe à une vitesse phénoménale.

Je regarde Kalmah et Kvelertak sur la main stage, et n’en retire rien. Les deux groupes me laissent de marbre. Ils ne sont ni exceptionnels, ni mauvais…

En me plaçant sur l’immense talus bordant la main stage, j’assiste au concert de Rotting Christ dans une autre perspective. Une énergie indescriptible se dégage sur la plaine, dans ce qui se rapproche d’une messe noire. Malgré cet aspect sombre, le chanteur interagit beaucoup avec le public au cours d’un show complet intégrant des effets pyrotechniques. Je n’en attendais pas beaucoup, et je repars en direction de ma tente en ayant pris une claque ! Si, comme certains le pensent, le metal est la musique du diable ; alors Rotting Christ est le diable en personne ! Le concert est déjà fini, et je ne l’ai pas vu passer.

Trente minutes après, je reprends la même place. Enchaîner après une telle ambiance sur un groupe comme Dream Theater peut sembler risqué, voir étrange. Déjà présents en 2015, les cinq musiciens reviennent en force au cœur de la vallée de Tolmin. Le show débute, et devient immédiatement époustouflant, avec des musiciens qui s’amusent visiblement. Le batteur, Mike Mangini, fait sonner et « groover » sa batterie, étant un pilier à part entière d’une musique technique et recherchée. Il convaincra même les plus fervents adeptes de l’ancien batteur, Mike Portnoy.
Dans ce concert, rien de lassant, chaque morceau étant radicalement différent du précédent. Aucun musicien n’est occulté ou mis sur un piédestal.
Quand les premières notes d’ « Illumination Theory » retentissent, mon ventre se soulève, et l’émotion me submerge. Une fine pluie tombe sur des milliers de mains levées, se balançant de gauche à droite, et quelques gouttes, que je le veuille ou non, ruissellent sur mon visage.
On reproche souvent à Dream Theater d’avoir pris la grosse tête. Cela ne se voit pas sur scène. J’ajouterais que quand on atteint un tel niveau d’osmose entre musiciens et de perfection technique, un peu de prétention est pardonnable.

Jour 4. Aujourd’hui, je suis bien décidée à découvrir de nouveaux groupes. Je m’installe donc confortablement devant la new forces stage.

L’après-midi commence avec les français de Lurking, qui produisent un death metal mélodique puissant et précis. Le groupe plus que prometteur était venu défendre leur premier album, Betrayed. Le groupe à chanteuse et inspiré de Lovecraft est parvenu à attirer un certain public. Le soleil harassant n’a pas empêché les curieux de s’amasser petit à petit.

Immortal Shadow poursuit avec un blackened death peu convaincant. Le groupe me fait penser à un Dark Funeral discount et techniquement inabouti. Je ne chercherai pas à les revoir.

Suivent les Slovènes de Captain Morgan’s Revenge, venus défendre un hard rock mélodique et lourd à l’influence punk très nette. Un concert sans prétention mais convaincant, donc.

Je me déplace vers la main stage pour assister au concert de Bloodshot Dawn, et je ne trouve rien d’exceptionnel. Au bout de 30 minutes pénibles, le groupe laisse l’impression de jouer une musique trop technique pour eux. Même si la deuxième partie du set est un peu plus énergique et mélodique, et que le groupe possède un excellent guitariste soliste, Bloodshot Dawn est un groupe de death comme il en existe des milliers. Un peu plus tard, lorsque je me déplacerai sur la deuxième scène, située au milieu des bois, j’assisterai à un death metal beaucoup plus maîtrisé de la part de Skeletal Remains.

Je sacrifie Soilwork et Hypocrisy, me disant que je pourrai les revoir quand bon me semblera.

Les Anglais de Liquid Graveyard, qui suivent Skeletal Remains sur cette même scène, sont bien au point, offrant un death metal progressif carré et mesuré, aux influences grindcore. On voit tout de suite qu’ils savent ce qu’ils font, sans en faire trop.

Sur la new forces stage, Swarm of Serpents me transcende avec un black metal maîtrisé, précis et puissant. Je les reverrais avec plaisir.

Arrive le concert tant attendu du mythique Gaahl, avec sa formation, terme qui prend tout son sens, puisque Ghaal se met énormément en avant, laissant ses musiciens (bons par ailleurs) de côté. Ghaals Wyrd offrira finalement un show monolithique, froid, tant au niveau de la musique que de l’interaction avec le public. Une chose effleure mon esprit : le silence quasi-religieux dont fait preuve le public. Comme si cette grande figure du black metal n’avait désormais plus rien à prouver, plus rien à faire, sinon à être écoutée sagement. Je ne suis pas de cet avis : un groupe, un artiste, pour mériter son public, doit chercher à se renouveler, lui prouver qu’il sait qu’il est là et qu’il est reconnaissant de sa présence. En ce 26 juillet 2019, Ghaal semblait fatigué, usé, désabusé. Peut-être en attendais-je trop en me rendant dans les bois ce soir-là.

A ce propos, une déception encore : j’avais comme a priori que voir du black metal dans ce cadre allait ajouter une certaine plus-value. Non seulement il n’en a rien été, mais en plus, les effets lumineux, qui auraient pu (et du) produire un cadre sombre et intimiste, se sont transformés en effets dignes d’un concert techno, à grands coups de stroboscopes. Mes yeux et ma tête étant épuisés, je ne verrai pas la fin de ce concert que j’attendais tant…

Légèrement fatiguée par la courte nuit que je viens d’affronter, je décide malgré tout de me traîner jusqu’à la main stage, en me disant que le groupe de black metal symphonique qui allait commencer méritait qu’on lui donne sa chance. Je vais nonchalamment chercher un breuvage. Mon dévolu se jette sur un « Sex on the beach ». Je m’assieds assez loin de la scène, quand soudain les premières notes de Winterhorde retentissent. Immédiatement prise aux tripes par l’énergie et le son complexe du groupe, je m’avance. Malgré la trentaine de personnes présentes autour de moi, l’ambiance est au rendez-vous. Le public afflue petit à petit, attiré par le son mélodieux enrichit d’un violon et d’un clavier. Les deux types de voix (claire et growl) rajoutent encore une épaisseur à un son déjà bien riche. Tous les musiciens ont une bonne présence scénique. Je ne vois pas passer la demi-heure. Vous l’aurez compris, Winterhorde n’est pour moi ni plus ni moins que la révélation de cette édition !

En chemin vers la plage, je descends vers la plus petite scène et tombe sur Desdemonia, groupe luxembourgeois de death metal. Avec une musique sans chichis et aux bons riffs, le groupe me semble prometteur !

Korpiklaani ouvre la soirée sur la main stage. Fidèles à eux-mêmes, ils offrent un folk metal amusant mais basique, accessible. L’orage se rapproche et, en plein milieu du concert, c’est le black-out. Le public hurle et réclame le groupe. Le set se termine de manière expéditive.

Dimmu Borgir suit avec vingt minutes de retard. Je dois bien avouer ne pas m’être rendue sur la plaine de la main stage pour y assister, ayant été fortement déçue de leur concert à l’Ancienne Belgique en décembre 2018. Nostalgique de ce que je pourrais appeler le « vieux Dimmu Borgir », c’est-à-dire jusqu’à l’album Abrahadabra (2010), je craignais d’être de nouveau déçue.

Ça y est, le jour du départ a sonné. La pluie se fait de plus en plus forte, comme pour forcer les festivaliers à rentrer chez eux. Mais une chose est sûre : après avoir goûté au festival, on n’a qu’une envie : y retourner !

Mon seul regret est de ne pas avoir vu Alien Weaponry et In The Woods, qui ont tous deux obtenu d’excellents échos.

Valentine Cordier
Article paru également sur Metal Overload.

Une journée au cœur du Festival de l’Alcatraz

La dernière fois que j’ai franchi les portes de la prison courtraisienne, c’était en 2015. Ce samedi matin d’août 2019, j’arrive après deux heures de route. Tout a changé. Il y a désormais trois scènes. En quatre ans, tout est devenu plus grand, plus peuplé, plus… cher. Premier constat : 70 euros la journée. Heureusement que le line-up en vaut la peine. A l’arrivée, 54 euros pour 20 jetons (une bière coûte un jeton, on ne va pas aller loin), et 15 euros le casier. Mon portefeuille tire déjà la gueule.

Sanctuary commence sur la main stage. Le son est tellement atroce, qu’au bout de trois minutes, je fuis vers El Presidio, un grand bar aménagé façon saloon. L’ambiance y est très agréable.

Je me dirige vers Soilwork, n’ayant pas pu les voir lors des Metaldays, en juillet dernier. Et je ne suis pas déçue. Je me retrouve face à des musiciens extrêmement doués. C’est surtout le batteur qui attire mon regard. Bastian Thuusgard n’a que 25 ans lorsqu’il intègre le groupe suédois en 2017. En deux ans, le jeune danois semble avoir trouvé ses marques.

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Prong
commence. J’ai bon espoir que le son soit meilleur cette fois. Mais ce n’est pas le cas. Je m’interroge sur la raison d’un tel son. Mais au lieu de m’apitoyer, je fonce voir Black Mirrors sur la scène La Morgue, petite scène charmante sous chapiteau. Intriguée par l’alternative rock shamanic psychedelia (comme ils se définissent), je suis agréablement surprise devant ce rock dur et mélodique à la fois. Du « rock qui tache » en quelque sorte ! La chanteuse s’agite frénétiquement, comme en transe. Voilà donc d’où vient le terme « shamanic ». Se disant influencée par Janis Joplin, je la comparerais plutôt à une Cherrie Currie, en version moins sage. Ce groupe est une boule d’énergie, et impose son propre style.

Toute cette énergie m’a creusé le ventre. Que vais-je bien pouvoir trouver dans un budget raisonnable ? Trois euros le petit cornet de frites, sept euros les six spare-ribs, huit euros la (petite) pizza. Mon choix se portera donc sur les frites.

Petit tour aux toilettes. Et au risque d’être à contre-courant des commentaires des festivaliers, je les ai trouvées parfaitement propres. Pour m’assurer que ce n’était pas un coup de chance, j’ai tout de même ouvert d’autres portes. Même constat.

Thin Lizzy ne m’intéressant pas du tout, et La Morgue étant un lieu très agréable, je m’apprête à découvrir The Spirit. Avec un nom pareil, je m’attends à un groupe de black metal comme les autres. D’autant plus que la formation allemande est très jeune, puisqu’elle n’est active que depuis 2015. Mais dès les premières notes, j’assiste à un mélange très convaincant de blackened death, de doom, voire même de technical. La formation produit plus que du black metal, elle produit une musique sombre et obscure, qui prend aux tripes. Petit bonus pour le jeu de lumières, qui accentue encore davantage le côté sombre de leur musique.

En direction du concert de Mayhem, une pensée me traverse l’esprit : pourquoi le sol est-il jonché de déchets plastiques et métalliques ? Les poubelles sont rares, mais il y en a quand même. Puis, je me rends compte que malheureusement, en 2019, il y a encore des personnes qui ignorent l’existence des matières biodégradables ou, du moins, des gobelets réutilisables. Je ne peux m’empêcher de comparer cette plaine au sol immaculé des Metaldays…
Mais revenons à Mayhem. Le groupe formé en 1984, faisant polémique suite à de nombreux épisodes violents, ne semble pas avoir renouvelé sa musique, malgré le renouvellement fréquent de ses membres. Après trois morceaux, ce black metal old school m’ennuie profondément. Il est des projets musicaux qu’il faut avoir le courage d’arrêter lorsque l’inspiration vient à manquer. Direction le bar. Puis direction la main stage.

Avatar est annoncé en grandes pompes par le staff du festival. L’arrivée des membres se fait de manière très théâtrale. Arrivée à la moitié du concert, je comprends que même si la musique du groupe, multi-influencée, ne parvient pas à me convaincre, le show est époustouflant. Les membres du groupe que je définirais de « metal théâtral » ont tous une présence scénique incroyable. Pyrotechnie, feux d’artifice, mises en scène… C’est un régal pour les yeux.
Encore une fois, c’est le batteur qui me transcende le plus. Son jeu n’est pas incroyablement technique (au sens compliqué du terme), mais ce qu’il le fait, il le fait plus que bien.

La journée s’achève sous le signe du doom torturé avec les belges d’Amenra. La foule se presse. L’ambiance sombre est encore accentuée par le fait que le concert se déroule sous chapiteau. Ce concert, c’est ce que l’on pourrait appeler du « grand Amenra ». Des musiciens extrêmement doués, un chanteur à la voix transcendante. Quand le morceau « A Solitary Reign » retentit, mon ventre se noue, et une larme ruisselle sur ma joue. Et autour de moi, le silence.

Je rentre après avoir passé une très belle journée, avec des découvertes, et le soleil pour compagnie. Mais les points négatifs précédemment cités noircissent le tableau. Des prix élevés, une foule trop nombreuse, un son très mauvais sur la main stage pour les premiers concerts, etc.

L’Alcatraz Festival se muera-t-il bientôt en nouveau Graspop ? Ou parviendra-t-il à garder son allure de festival « de proximité », en prenant aussi des engagements écologiques ?

Valentine Cordier
Article également publié sur Metal Overload.

Raketkanon à L’Entrepôt

Il y a une sacrée trotte de Liège à Arlon ! Pourtant, mon frère et moi partons vers L’Entrepôt afin d’assister à ce que décrit le nom d’un évènement : une déflagration sonore. En première partie, on retrouve Brutus (que l’on n’a pas vu). Raketkanon assure en tête d’affiche. Notre objectif se limite à se diriger vers l’attraction forte.

Trois chansons suffisent pour dépeindre le contexte dans lequel on a sué. Trois moments forts propres à Raketkanon.

Anna

Perfectionniste acharnée, Anna sort de l’ordinaire. Assez douce, elle sort souvent les griffes pour convaincre son audience. On la retient pour son tempérament atypique. Elle qui mélange son thé au whisky. Elle qui se marie à Las Vegas l’hiver prochain.

Débutant sur une fausse note du guitariste, tout est oublié juste après cette faute au vu du groupe délivrant une prestation hors-norme. « Anna » a très bien ouvert le bal. Il est étonnant d’ailleurs de commencer avec un tel morceau à la fois brutal et doux. Le chant déformé de Pieter-Paul Devos nous éclate directement à la face. Comme si sa voix devenait un nouvel instrument à part entière. L’auto-tune pétée de Booba ne fait pas le poids ! Le groupe se la joue radicale en désirant peut-être nous habituer à ce chant anormal dès les premiers instants du live.

Ernest

Tout le monde connaît Ernest. Depuis son enfance, il porte l’étiquette d’enfant terrible. Celui qui s’amuse à poser des punaises sur les chaises de chacun. Celui qui préfère démonter des serrures plutôt que de s’ennuyer.

Véritable bombe sur scène, « Ernest » représente un des morceaux les plus violents du groupe. Deux guitares au lieu d’une seule, des riffs bruts et efficaces, ainsi que des alarmes jouées au synthé, similaires à une sirène militaire prévenant d’une menace imminente.

Une installation en métal (logo de la bande, au fond de la scène) s’illumine aux couleurs du nouvel opus, RKTKN #3… L’épilepsie provoquée est minime tant les danses s’enchaînent au sein du public (yeux fermés ou têtes balancées à tout sens). Impossible de ne pas crier :

C’est Hiroshima !

Comme tant d’autres pistes du concert, la durée de « Ernest » est écourtée. L’effet n’a rien de décevant. Le concert est d’autant plus carabiné ! Etions-nous prêts pour une telle torgnole ? Clairement pas ! « Ernest » est parfait pour la scène. Une preuve que le groupe se renouvelle dans son genre, tout en gardant un esprit taillé à tout balayer en quelques minutes.

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Lou

Faut-il résumer Lou à un cliché d’adolescente incomprise ? Parfois, elle se remémore ses périodes de scarifications. Sans oublier ses petits rituels satanistes, où les esprits lui soufflaient ses décisions d’avenir. Aujourd’hui, Lou travaille dans la finance. Bizarrement, elle est l’employée modèle respectée de tous…

Pour clôturer ce spectacle, « Lou » est un très bon choix. Comparable à « Anna » pour certains aspects de sa composition, « Lou » synthétise l’atmosphère du dernier album. Au ton schizophrène, les 9 morceaux de RKTKN #3 voguent entre agressivité et berceuses malsaines.

Les gobelets plastiques jetés en l’air, la bière pleuvant sur nous et les pogos terminés, la foule souhaite un autre morceau. Le temps pour Pieter-Paul Devos d’envoyer à la merde un gus qui ne cessait de répéter que le concert était dégueulasse. Le chanteur ne se gène pas pour un fameux

Fuck you all

3 mots qui résument la simplicité de Raketkanon. Lors de l’ultime morceau, un pogo repart de plus belle. Devant la scène, les lumières aux diverses teintes transpercent les yeux des fans.

Le Luxembourg a vibré ce soir-là. Deux souvenirs inoubliables : une ambiance folle et un spectacle intense. Quand sonne la fin, on est presque en manque… Et on prie pour que le quatuor passe prochainement à la Cité Ardente !

brunoaleas – Photos ©Pasquale Caruana et ©Ludovic André – L’Entrepôt

Mike Krol au Reflektor

L’ASBL PopKatari amène du beau monde à Liège ! L’Américain Mike Krol est tête d’affiche au Reflektor. Après une tournée américaine, Mickey s’attaque aux villes européennes. Point le temps de niaiser pour promouvoir son quatrième album, Power Chords. Le nom de cet opus résume l’état d’esprit de tout un groupe. Les « accords de puissance » sont des accords de guitares renforçant la sonorité d’une note. Utilisés à divers rythmes, vous obtenez les compositions d’un Nirvana (leurs morceaux sont majoritairement composés via cette suite d’accords) ou des Pixies. Dieu sait ô combien le punk a besoin de tels morceaux !

Nombreuses sont les anecdotes au Reflektor. Adorant le punk, un assistant de mes professeurs est présent au concert. Puis, des spectatrices se montrent ultra curieuses au sujet de jcclm. Mais je ne n’oublie pas mon but premier : prendre la claque de Pâques !

Malheureusement, j’ai découvert tardivement la rage musicale de Krol. Par contre, quel plaisir de découvrir cette brutalité quasi-viscérale sur scène !

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Un code vestimentaire colle au groupe. Chemises rayées, tronches parfois défoncées, on comprend vite à quel point ils embrassent le délire du leader. Ce dernier a un œil au beurre noire, joue avec le feu lorsqu’il monte sur tout et n’importe quoi (grille devant la scène ou batterie) et fait toujours valser son tambourin (une maltraitance inouïe).

Durant le spectacle, j’ai eu l’impression d’avoir les traits du chanteur… En sang devant une telle furie sonore ! Au fur et à mesure que le show avance, j’ai la sensation d’assister à un « concert mitraillette ». Me prenant en pleine la face le chagrin chanté par Mike Krol. Les larsens et les riffs énergiques et flous (fuzzy, garage) s’enchaînent à la vitesse de la lumière. L’organisateur du concert énonce qu’une vingtaine de chansons ont été jouées. Rien d’étonnant vu le format court et direct liés aux chansons de la bande.

Côté voix, Mike Krol la détruit sauvagement. Il la modifie sur scène, muni d’une multitude de pédales. Assume-t-il le ton de sa voix ? Une question à mettre aux oubliettes. La force du groupe tient beaucoup plus à ses parties instrumentales.

Je quitte la salle en me demandant quand Monsieur Acouphène viendra sonner à ma porte. Devant la scène, j’aime absorber un rock à la fois crasseux et féroce.

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DRAMA
Photos ©DRAMA – Reflektor