Musique

LA DURE A CUIRE #142

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Wheobe

Ça plane pas mal avec Wheobe. On écoutant, « Sore », je me mets instantanément dans la peau des persos de leur clip. Me voici paumé. Animé par la danse. Amoureux.

Empty Head

Empty Head is back. Nos valeureux liégeois changent de batteur, toujours prêts à danser ! « Don’t Wanna » s’inscrit dans leur lignée rock. « On crache notre refus d’obéir« , décrit Simon Galloy, chanteur du groupe. Empty Head critique notre société capitaliste, c’est bien sûr validé.

Agathe Plaisance

Dernière ligne droite avant la sortie de Deep Rest, l’album d’Agathe Plaisance. Le disque sort demain. L’artiste offre un style folk d’une incroyable douceur. Penser aux compositions de Hiroyuki Sawano n’est pas impossible. Surtout quand Agathe mêle une touche de modernité aux instruments à cordes. L’album est alors bien de son époque.

brunoaleas

Publié le 27 novembre 2025

La Calabria à travers Brunori Sas

Combien de méditerranéens le savent ? Savoir quoi ? L’Italie est merveilleuse mais gangrenée par la mafia. La mafia italienne aurait assassiné au moins 1120 personnes en 150 ans, dont 125 femmes et 105 mineurs, selon La Stampa.

Synthétisons. Mon tableau illustre le nombre de victimes des clans, sur le sol italien.

Cosa NostraCamorra‘Ndrangheta
527 victimes233 victimes228 victimes

Faut-il pour autant comparer ce si beau pays à ce poison ?! Pas du tout. Alors, à quoi bon afficher cette réalité ? Les politiciens du pays ne s’emparent pas des questions de luttes anti-corruption… ces costards-cravates se foutent de démanteler les organisations criminelles, d’après Dario Moccia.

Un chanteur, ou plutôt, un poète calabrais, s’exprime via un nouvel album, L’Albero delle Noci. Brunori Sas s’exposait au Festival de Sanremo pour défendre l’opus. Sa chanson mémorable est dédiée à sa fille. Elle raconte à quel point il travaille à être un bon père, face au temps qui passe. Une strophe n’est pas anodine. Mon interprétation est claire et nette. L’artiste calabrais résume la dure vie au Sud de l’Italie.

Sono cresciuto in una terra crudele dove la neve si mescola al miele
E le persone buone portano in testa corone di spine
Ed ho imparato sin da bambino la differenza fra il sangue e il vino
E che una vita si può spezzare per un pezzetto di carne o di pane

Je vous laisse le soin de traduire. En quelques mots, le chanteur dépeint une terre où sang, Soleil et menaces s’entremêlent pour former un peuple souffrant.
Encore une fois, il serait débile de résumer La Botte à une image menaçante. Brunori Sas rappelle un fait souvent indubitable. Parfois, fonder une famille, en Italie ou en Belgique, demeure un refuge pour sauver les âmes. La tache est ardue. La mission en vaut la peine. Comme si fonder une famille demeure restait la seule lueur d’espoir. Pourquoi ? Créer du lien et croire en l’autre, voici deux actions qui nous éloignerons des organisations criminelles.

Bravo Dario Brunori. Bravo pour cette écriture si subtile. Ma mère est née à Cittadelle de Capo. Elle aurait aimée ces paroles. Elle aurait été curieuse, en découvrant un album mélancolique. 10 titres empreints du Sud, cette terre accueillant un peuple à la fois chaleureux et imprévisible.

Il vero lusso in questi tempi di guerra
È avere una casetta con un pezzo di terra

Un orto e una vigna di Guarnaccino
Due calci ad un pallone ed un bicchiere di vino

brunoaleas – à Giovanna

Publié le 26 novembre 2025

LA DURE A CUIRE #141

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Nastyjoe

En 2018, je présentais la musique des Cure comme un remède. Nastyjoe pourrait prendre la relève ? En tout cas, l’ambition du groupe est d’accepter l’imperfection. Mais aussi de chercher sa place dans un monde en mouvement. Un bon début. Quant au style musical, c’est validé !

Borromée

La boite mail explose de propositions musicales. Dossiers de presse, invitations aux concerts, etc. Début novembre, une bouteille est lancée à la mer. Borromée m’envoie sa musique. « What’s Beautiful » synthétise tout ce qui participe à l’accalmie que je recherche. Sa musique n’est alors pas un assemblage de bruits chaotiques, mais une partition délicate et mémorable.

Psychonaut

Je ne serai pas à Bruxelles, cette fin de semaine. Je ne me libèrerai pas pour voir Psychonaut en concert… je suis si attristé. Le groupe partage des sons aussi impressionnants qu’une menace extraterrestre. J’espère les voir pour vivre l’expérience de la scène.
Psychonaut, rendez-vous à Liège ?

Jerkcurb

Le poto de King Krule, Jerkcurb, est bien de retour ! Sa guitare installant une ambiance western, sa voix suave et le côté mi-grunge, mi-planant, voici des caractéristiques hyper bonnes pour l’ouïe.

brunoaleas

Publié le 14 novembre 2025

Geese dans la zone

Découvrir les mangas de Taiyō Matsumoto. Regarder les films de Guillermo del Toro. Lire les romans de Haruki Murakami. Ces simples actions m’emmènent loin de ma zone de confort. Les univers de ces artistes ne me plaisent pas spécialement. Parfois trop mystiques, souvent trop cryptiques.

Cependant, à quoi bon se conforter dans ses idées ? Un groupe exceptionnel me rappelle à quel point l’art doit demeurer une expérience. Geese forme un quintette américain. La voix de Cameron Winter me perturbe au plus haut point. Entre chant d’église et rage rock, le chanteur apporte une touche musicale unique au groupe. Leur créativité ne s’arrête pas aux performances vocales !

Les clips de Geese sont délirants. Un concert qui part en couille (« Taxes ») ou un dialogue entre un adulte et un bébé (« Au Pays du Cocaine »). Deux exemples suffisent à vouloir en écouter toujours plus. Si Geese me fascine autant, c’est bon pour le moral. Je sors de ma zone. Je voyage en terre inconnue. Quel plaisir.

brunoaleas – Photo ©Ray Lego

Publié le 10 novembre 2025

Georgio évite la crise

Georgio a-t-il peur de vieillir ? Impossible à savoir. Quand on écoute son titre « Fleurs », il y a une impression qui marque l’esprit. Le rappeur donne de l’huile à sa flamme, toujours plus.

Je m’explique. Georgio, aidé par Némir, liste les critères des êtres. A savoir, leurs doutes et contradictions. Perso, je crache sur les personnes qui prétendent savoir tout sur tout, tout le temps. Je ne suis pas faiseur de convictions. Georgio semble prendre cette voie. Il s’exprime alors via des questions rhétoriques.

Nous, on fait que d’entendre que c’était mieux avant
Faudrait quoi, qu’on arrête de vivre ? On fait d’jà comme on peut
Les meilleurs partent en premier, on fait sans eux
Parfois j’critique les autres et j’me sens aussi lâche

Il remet à sa place les passéistes. Ces personnalités bloquées dans le passée. Ou pire encore, ces personnages fantasmant un temps révolu – les patriotes, ne parlez pas d’une Belgique souillée par les immigrés, vous êtes au mauvais endroit –.

Je m’en bats la race des gens croyant prêcher la bonne parole. Il y a d’autres priorités dans la vie, comme se connaitre et connaitre ce qu’on aime vraiment. C’est probablement le message du morceau « Fleurs ». Si ce n’est pas le cas, ce n’est pas la fin du monde. Continuons d’écouter un artiste qui rappe avec le cœur.

brunoaleas

Publié le 30 octobre 2025

LA DURE A CUIRE #140

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Cleopatrick

Cleopatrick fait partie de ces rares formation à ne jamais décevoir. Leur son est gros, brut et entêtant. Que demander de plus ?

bby

bby apparait frais comme un gardon. L’énergie rappelle celle de Bloc Party et le jeu, très rock ! Un groupe à suivre juste pour savoir si la bande évoluera de manière fascinante.

IAMWILL

Guillaume Vierset ne se fatigue jamais. Soit il fonde rock et jazz en jouant dans Edges, soit il se connecte au plus près d’Elliott Smith via son nouveau projet, IAMWILL !

Pretty Inside

I am the scream I wanna hear. I love myself and I’m obsessed.
I am the person that I hate. I am the scream I wanna hear.

brunoaleas

Publié le 28 octobre 2025

Kendrick Lamar se joue de lui

Depuis plus d’une décennie, Kendrick Lamar s’impose comme bien plus qu’un simple rappeur : c’est un conteur, un acteur, parfois même, un exorciste. Chez lui, la musique devient un espace de théâtre intérieur, où chaque morceau est joué par un personnage différent.

L’artiste de Compton a fait de cette multiplicité sa marque de fabrique. Là où d’autres se contentent de raconter leur vécu, Kendrick le met en scène, quitte à se confronter à ses propres démons.

Des débuts marqués par la narration

Dès good kid, m.A.A.d city (2012), son premier grand succès, Kendrick pose les bases de son style narratif. L’album se présente comme un film audio : celui d’un adolescent naïf qui tente de survivre dans les rues violentes de Compton. On y entend des dialogues, des interludes téléphoniques, des voix de proches. Le rappeur ne se contente pas de rapper, il joue un rôle, celui d’un « good kid » pris dans une « mad city ».

Chaque chanson devient une scène, chaque couplet un fragment de scénario. Kendrick Lamar montre déjà son goût pour la mise en récit et la construction de personnages : des doubles de lui-même, réels ou imaginaires.

Le masque comme miroir

Avec To Pimp a Butterfly (2015), Kendrick pousse le concept encore plus loin. L’album explore l’identité noire américaine, la célébrité, la culpabilité, la spiritualité… mais toujours à travers des voix multiples.

Dans « u » et « i », par exemple, il se parle à lui-même : la première chanson crie la haine de soi, la seconde célèbre l’amour-propre. Deux faces d’une même pièce. Sur « The Blacker the Berry », il devient un militant enragé ; sur « Alright », un prophète d’espoir.

Kendrick ne change pas de masque pour se cacher, il le fait pour montrer plus de vérité. Derrière chaque voix, il y a une émotion, un doute, une tension qu’il rend audible.

L’homme aux contradictions

Sur DAMN. (2017), il incarne un homme en pleine lutte intérieure : entre foi et peur, orgueil et humilité. Plusieurs titres portent le nom d’un trait humain (« Pride », « Lust », « Fear », « Love ») comme si Kendrick disséquait son âme en morceaux.

Puis vient Mr. Morale & The Big Steppers (2022), son album le plus intime et le plus théâtral à la fois. Il y aborde la thérapie, les traumas familiaux, la masculinité, la paternité. Il y joue plusieurs rôles : celui du père, du mari, du patient en reconstruction. Par moments, des voix féminines viennent le confronter, le questionner, le contredire. On n’écoute plus seulement Kendrick Lamar, on écoute toute une pièce de théâtre.

Une œuvre en miroir de son époque

En multipliant les personnages, Kendrick ne se perd pas : il nous retrouve. Chaque voix, chaque masque parle aussi de nous, de nos contradictions, de nos luttes intérieures.

Dans un monde où l’image d’un artiste se résume souvent à un personnage unique, Kendrick Lamar fait l’inverse. Il refuse la simplification. Il préfère se montrer multiple, complexe, traversé par les doutes et les colères de son temps.

Cette manière de se dédoubler, de se mettre à nu à travers différents visages, fait de lui un artiste à part. Un caméléon du rap, capable de mêler introspection, politique, poésie et performance, sans jamais trahir sa vérité.

Une seule voix, plusieurs vérités

Chez Kendrick Lamar, changer de rôle n’est pas une stratégie, c’est une nécessité. Ses multiples personnages ne sont pas des masques, mais des miroirs : ceux d’un homme en quête de sens, dans un monde fracturé.

Et peut-être est-ce là son plus grand talent : avoir compris que pour dire la vérité, il faut parfois savoir parler avec plusieurs voix.

Fortuné Beya Kabala

Publié le 10 octobre 2025

LA DURE A CUIRE #139

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Vera Daisies

I can’t blame you at all, ’cause I’ve doing this wrong.
Can’t blame you at all, ’cause i’m not able to love.

Mademoiselle K

J’aurai l’occasion d’écrire davantage sur Mademoiselle K. Elle fête 10 ans d’indépendance ! Ce n’est pas rien. L’artiste propose toujours des morceaux sincères et entêtants.

The Experimental Tropic Blues Band

The Experimental Tropic Blues Band est un groupe à voir ! Les Belges ne s’ennuient jamais à composer de manière alambiquée. Comme si les membres avaient gardé leur âme d’enfant. Ca pulse encore et toujours.

Grandma’s Ashes

Grandma’s Ashes rappelle les plus belles heures de Muse. « Saints Kiss » est si mélodieux, impossible de ne pas qualifier le trio de dures à cuire.

brunoaleas

Publié le 9 octobre 2025

LA DURE A CUIRE #138

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

The Growlers

« Feel my funk » est un titre composé par les Growlers. « Tried it all too soon » vient compléter ce mantra de 3 mots.

Coilguns

Quand t’as le seum, dès que le moral est au plus bas, que faut-il écouter de beau ? Coilguns ! Pourquoi ? Le groupe arrive souvent à exorciser la haine, en quelques riffs lourds et puissants.

Tropical Fuck Storm

You want snake skin, mink tails, empires of honeycomb. Multi-colored magic code in a bubble of sea foam. Impression of perfection in the curve of a swan throat.
Don’t try apologize for anything you stole.

brunoaleas

Publié le 6 octobre 2025

Médine lance l’alerte

Médine n’est pas né de la dernière pluie. Ce rappeur publie son premier album solo, en 2004. Ensuite, il se lance dans une carrière singulière, définissant un ton engagé. Il dénonce la politique américaine, affiche l’hypocrisie des politiciens français, attaque la propagande des médias d’extrême droite. Actuellement, l’artiste sort de nouveaux morceaux. A l’écoute des titres, une interrogation persiste.

Peut-on comparer Médine aux lanceurs d’alerte ?

Selon le conseil de l’Europe (2014), un lanceur d’alerte fait des signalements, révèle des informations concernant des menaces ou un préjudice pour l’intérêt général, dans le secteur public ou privé. Citons quelques exemples d’affaires prises en compte : l’erreur judiciaire, la corruption, le crime, la santé publique ou même l’environnement. Julie Majerczak, représentante de RSF auprès des institutions européennes, défend cette figure.

Il est essentiel de protéger les lanceurs d’alerte quand ils permettent d’informer l’opinion publique à travers les médias.

De son côté, Médine assume son envie de protester. Son nouveau disque se nomme Stentor. Il s’agit  un personnage de l’Iliade d’Homère. La notion de lanceur d’alerte est encore plus frappante, quand on sait que ce guerrier de la mythologie grecque est célèbre pour sa voix puissante, une voix de 100 hommes ! Au-delà du caractère dénonciateur du Havrais, symbolise-t-il une boussole pour les jeunes adultes dégoûtés par les médias traditionnels ?
En gros, fait-il un meilleur travail que les journalistes français ? Réponse de Julie Leroy. L’ancienne étudiante de l’UCLouvain est l’auteure d’un mémoire nommé Au cœur et en dehors de l’AfricaMuseum : controverse des acteur•ices sur la question de sa décolonisation.

Oui, il fait clairement un meilleur travail que les journalistes, en France. Il invite à réfléchir à des sujets qui ne sont pas spécialement abordés par les médias traditionnels, comme le néocolonialisme, l’extrême droite ou le racisme.
Il apporte une approche sociologique, critique, qui décentre l’Europe. Il met à jour les dynamiques Nord-Sud. Par exemple, il cite les ressorts de la mondialisation et les interventions occidentales en pays du Sud. Ces faits ne sont pas forcément mis à jour par les instances européennes. Cette approche manque beaucoup dans le journalisme traditionnel.

Dès lors, les rappeurs seront-ils plus crédibles et fiables que les journalistes ?

Il est trop tôt pour le savoir. En tout cas, impossible de nier un constat. Le pouvoir corrompt le 4e pouvoir comme le 4e art.

brunoaleas

Publié le 1 octobre 2025

Le temps libre de Paradoxant

Paradoxant s’écoute comme si on savourait un vin au goût imprévisible. Le groupe belge attire souvent mon attention, tant leur direction artistique est attirante pour les yeux et oreilles. Je pense aux clips animés brillamment ou à leur côté barjot, on s’amuse.

La comédie n’est pas synonyme d’abrutissement. Pour leur dernier clip en date, le quatuor révèle « Jamais sans personne ». On y observe un personnage aux couleurs chamarrées, une sorte de bombe humaine prête à gueuler dans les rues parisiennes. Se met-il à fuir ? Fuir l’ennui, car l’ennui fait peur selon les créateurs de Netflix. Ce perso fuit on ne sait quoi, mais rappelle ô combien l’humain peut être pathétique quand il n’embrasse pas la solitude.

Etre seul revient à réfléchir sur soi et les autres, parfois. Souvent, les gens aiment subir l’infobésité, la surcharge mentale. D’ailleurs, l’ociofobia, terme inventé par le psychologue Rafael Santandreu, désigne la phobie du temps libre. On serait étonné de connaitre le nombre de proches touchés par ce besoin constant de faire des activités, afin d’éviter la culpabilité, l’anxiété et le sentiment de gaspillage du temps. 

Vers la fin du 17ème siècle, Blaise Pascal avait déjà compris les attitudes de ses contemporains. Le philosophe décrit l’ennui dans les pages de Pensées.

Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaires, sans divertissement, sans application.
Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide

Le vide est nécessaire. Parfois, pour mieux réfléchir et comprendre, éloignons-nous du bruit. Est-ce la morale de la chanson « Jamais sans personne » ? Je l’espère.

brunoaleas – Photo ©Lise Lefebvre

Publié le 29 septembre 2025

L’art au rendez-vous

L’art est identitaire. Choisir son art, la manière dont on va l’exprimer, mais aussi, le message qui va le traverser. C’est personnel, individuel, c’est pouvoir être soi-même.

L’art en relation, c’est partager son soi avec l’autre, s’entrechoquer par la différence, dans un monde figé, à un moment bien précis.

Pour moi, c’est se rencontrer soi avec les autres. Et finalement, trouver cette porte de sortie dans un monde difficilement flexible. –Diandra

Je m’appelle Yanis, je danse tous les jours dans ma chambre en regardant des clips de musique. Au début, ça me suffisait, mais là, j’en veux plus. Je veux apprendre, me tuer à la tâche. Créer, découvrir et encore créer. Je cherche une école de danse.
Parfait, il y en a une juste à côté de chez moi. 180€ pour 3 mois. C’est cher.

Je n’en parle pas à mes parents. Ça fait 2 mois que le loyer n’est pas payé. Impossible de leur demander. Je vais faire des heures supplémentaires à mon job. Ça devrait le faire.
Après 3 semaines intenses, j’atteins la somme qui me mènera au sommet. Je rentre dans la salle, mon rêve se réalise. Je me perds dans les pas des profs. L’extase me transporte. Je suis à ma place.

3 mois s’écoulent et je m’écroule. Travail, école, danse, mon corps vacille.

Mes parents ont déménagé. Je pleure en marchant dans les nouvelles rues lorsque j’aperçois une affiche : « Viens comme tu es à la MJ ! Atelier théâtre, chant et danse pour 0,50€/heure. On n’attend plus que toi ! ». Une vague de bonheur traverse mon corps ! Corps qui peut enfin libérer sa créativité sans crainte d’être emprisonné. –Texte fictif de Mouche

Textes écrits aux ateliers Scan-R – Illustration ©Dave McKean

Publié le 22 septembre 2025