Musique

TOP/FLOP ALBUMS 2025

Mon année 2025 a été rythmée par de nombreuses découvertes musicales. Les retours d’artistes qu’on n’avait plus entendus depuis un moment, comme Zara Larsson ou Lady Gaga, ont fait un bien fou et m’ont rappelé pourquoi j’aime autant la pop internationale.

De nouvelles sorties marquantes m’ont également séduite, avec des artistes comme Jade ou le groupe Lambrini Girls, qui ont su apporter fraîcheur et énergie à ma playlist. Cette année, je suis aussi tombée amoureuse de la pop française, féministe, grâce au dernier album de Solann, qui mêle textes engagés et mélodies accrocheuses. C’est clairement mon coup de cœur 2025.

Et côté flop… disons que certains albums très attendus n’ont pas réussi à me surprendre, mais ça fait partie du jeu ! En résumé, 2025 m’a offert une année musicale pleine de surprises et de redécouvertes, et j’ai hâte de voir ce que 2026 nous réserve. Mention honorable pour l’EP de Keo, Siren, en boucle dans ma playlist depuis sa découverte. –Erin Terlier

TOP 5

1|LUX Rosalía

2|That’s Showbiz Baby Jade

3|Who Let The Dogs Out – Lambrini Girls

4|Méga BBL – Théodora

5|Mayhem – Lady Gaga

FLOP 3

1|The Life Of A Showgirl Taylor Swift

2|I Quit Haim

3|Man’s Best Friend – Sabrina Carpenter

Chaque année, il est facile de tomber sur des groupes inventant ou réinventant des univers frais et accrocheurs. 2025 fut assez pauvre. Peu de dingueries musicales en vue.
Tame Impala délaisse le rock. Kevin Parker singe alors Michael Jackson et plagie Beck, dans le plus grand des calmes… Damso, lui, s’exprime via des discours dignes d’une branlette intellectuelle. Quant aux membres de The Mars Volta, leur créativité est morte et enterrée, depuis 2022.

Soufflons. Je ne suis pas pessimiste. D’un côté, je contemple des artistes faussement engagés : Coldplay, Jovanotti, Radiohead. De l’autre, j’admire de belles promesses : Kneecap, Fontaines D.C., Colt, Idles, Ben PLG, Roger Waters, Youssef Swatt’s, Médine, BadBadNotGood, Greg Puciato, Caparezza, Bigflo & Oli, Nicolas Michaux, King Krule, Pile.

Quel est donc le rapport entre la qualité d’un album et l’engagement politique de ses musiciens ? Artistes, soyez à la hauteur. J’en ai marre d’être pris pour un débile profond.

On voit la difficulté de Thom Yorke à admettre qu’un génocide est documenté et filmé en Palestine, pfff… Coldplay ne cite pas une fois des peuples opprimés. A la place, la bande joue les écolo-bobos du dimanche… Jovanotti est convaincu de ne rien dire d’intelligent, au sujet du massacre à Gaza… je m’arrache les cheveux.

Alors, non, POST HEAVEN, quatrième opus des Jadu Heart, n’est pas un tract communiste ! Il me fait simplement rêver. Alors, oui, parfois il suffit juste de rester cohérent avec sa ligne directrice. Camarade Justin, merci pour cette découverte ! –brunoaleas

TOP 5

1|POST HEAVEN Jadu Heart

2|Sunshine and Balance Beams Pile

3|NEVER ENOUGH – Turnstile

4|Saveur cœur abîmé – Colt

5|DUMB – Flume

FLOP 3

1|Lucro sucio; Los ojos del vacio – The Mars Volta

2|BĒYĀH Damso

3|Deadbeat – Tame Impala

Illustration ©Antoine Wathelet

Publié le 19 décembre 2025

LA DURE A CUIRE #143

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Loons

Elio, Antoine et Axel enrichissent l’univers de Loons, en sortant un premier album ! Ballades, frappes au ventre, énergie à vendre et revendre, Life Is est un disque sonnant comme une fusion entre It It Anita et Birds in Row. Est-ce le fruit du hasard ? Nan. Amaury Sauvé bosse depuis quelques années avec ces groupes. Cette fois, ce producteur façonne Life Is, un nouveau bijou rock, pas loin du nu metal.

Pile

Pile compose le meilleur opus de l’année. Tant mieux. Pourquoi ? 2025 fut giga pauvre. Les albums mémorables ne sont pas nombreux.
Le chanteur Rick Maguire décrit, lors d’une interview avec Mowno, ses principales inspirations. La musique des Talk Talk ou des Drive Like Jehu, stimule sa réflexion, empêche les beaux moments de paraître banals et laisse émerger des tensions dissonantes et singulières.

The Garden

Depuis 2020, The Garden prend un virage crasseux… dans le bon sens du terme ! Un groupe doit se renouveler pour mieux renaitre.
Le duo ne cesse de surprendre. « Ugly » annonce du beau à venir !

Die Spitz

In a field, with a fistful of your flowers
Sky is clear, but I still hear the sound of rain
Talk is cheap, but I’ll keep spending all my money
Talk to me, I wanna hear about your day

brunoaleas

Publié le 15 décembre 2025

Weite au Magasin 4

Me voici, Bruxelles ! Mon baptême de l’air au Magasin 4 se fait en compagnie de Weite. Je parle bien des cieux car le groupe nous emporte dès le décollage, dès les premières notes. Au rendez-vous : un concert de rock psychédélique. Les 2 guitaristes se coordonnent pour répéter les mélodies en boucle, monter et descendre en tension.

« Versteinert » annonce un voyage sans secousse. Planer toujours plus, tel est l’objectif. « Roter Traum » me propulse au-delà des nuages. Le morceau de plus de 10 minutes instaure une ambiance rétro-futuriste ! Comme si j’étais en train de vivre une bataille steampunk face à des golems sans foi, ni loi. Mention honorable au titre « Eigengrau », rappelant qu’il y a des membres d’Elder au sein de Weite, de vrais artisans du son.

Durant la soirée, le quintette use de sa virtuosité pour nous faire oublier la grisaille, ce gouvernement de merde ou les problèmes personnels. Tantôt au Maroc, tantôt dans la stratosphère, les mélodies orientales, ainsi que le côté pinkfloydien, font de ce concert une expérience unique.

Il faut voir ce groupe au moins une fois dans sa vie. On n’est jamais assez à voler près de la Lune.
Puis, comme dirait le vieil ami, Alexis Docquier, il faut voir deux à trois concerts par semaine afin de rester en bonne santé !

brunoaleas – Photos ©Alexis Docquier – 29/11/2025

Publié le 5 décembre 2025

Colt à l’OM

La nausée me vient instantanément, en pensant à Bertrand Cantat ou à Sean Combs. Ces dernières années, des dossiers ouverts ou réouverts démontrent qu’il y a encore trop d’agresseurs en circulation, dans le secteur cinéma, comme au sein de la sphère musicale. L’industrie musicale apparaît telle une baignoire pour requins.

Un duo y propage la lumière. Colt communique son énergie, depuis quelques années. Elle est belle ! Je le comprends à l’OM (Seraing). Les artistes y jouent majoritairement leur premier album, Saveur Cœur Abimé

Les langues se délient via plusieurs chansons. L’esprit est fédérateur. Une famille unie sur scène. Pour la première fois, Diego et Coline chantent devant un public. Une bougie posée pour les opprimés. Et en face ? Un public de feu !

Le spectacle est intense. L’electro froide et chaleureuse provoque une ambiance berlinoise de fin de siècle. Puis, qu’en est-il de la performance vocale ? Incroyable. Coline, au cardio de zinzin, défonce tous les records athlétiques. Quant au jeu de lumière, il impressionne par son minimalisme (« Chaos ») ou sa tension (« Invincible »).

La poésie des Bruxellois me transporte si loin. Adieu société apathique et vengeresse. 

Je suis épaté, du début à la fin. Colt mitraille des mots forts, une fois sur scène ! 

Quand on rencontre les personnes qui nous écoutent, on se rend compte de l’utilité que notre musique a eu dans leur vie et c’est à chaque fois quelque chose de différent. C’est toujours hyper touchant. « Demi-mot », « Reboot », ça leur a beaucoup parlé. Le fait que nos chansons soient hyper intenses – autant les joyeuses que les tristes –, ça permet aux gens d’extérioriser ce qu’ils ressentent. C’est pour ça qu’on aime aller dans l’intensité : on sait que ça va résonner.

Antoine

brunoaleas – Photos ©Erin Terlier

Publié le 3 décembre 2025

LA DURE A CUIRE #142

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Wheobe

Ça plane pas mal avec Wheobe. On écoutant, « Sore », je me mets instantanément dans la peau des persos de leur clip. Me voici paumé. Animé par la danse. Amoureux.

Empty Head

Empty Head is back. Nos valeureux liégeois changent de batteur, toujours prêts à danser ! « Don’t Wanna » s’inscrit dans leur lignée rock. « On crache notre refus d’obéir« , décrit Simon Galloy, chanteur du groupe. Empty Head critique notre société capitaliste, c’est bien sûr validé.

Agathe Plaisance

Dernière ligne droite avant la sortie de Deep Rest, l’album d’Agathe Plaisance. Le disque sort demain. L’artiste offre un style folk d’une incroyable douceur. Penser aux compositions de Hiroyuki Sawano n’est pas impossible. Surtout quand Agathe mêle une touche de modernité aux instruments à cordes. L’album est alors bien de son époque.

brunoaleas

Publié le 27 novembre 2025

La Calabria à travers Brunori Sas

Combien de méditerranéens le savent ? Savoir quoi ? L’Italie est merveilleuse mais gangrenée par la mafia. La mafia italienne aurait assassiné au moins 1120 personnes en 150 ans, dont 125 femmes et 105 mineurs, selon La Stampa.

Synthétisons. Mon tableau illustre le nombre de victimes des clans, sur le sol italien.

Cosa NostraCamorra‘Ndrangheta
527 victimes233 victimes228 victimes

Faut-il pour autant comparer ce si beau pays à ce poison ?! Pas du tout. Alors, à quoi bon afficher cette réalité ? Les politiciens du pays ne s’emparent pas des questions de luttes anti-corruption… ces costards-cravates se foutent de démanteler les organisations criminelles, d’après Dario Moccia.

Un chanteur, ou plutôt, un poète calabrais, s’exprime via un nouvel album, L’Albero delle Noci. Brunori Sas s’exposait au Festival de Sanremo pour défendre l’opus. Sa chanson mémorable est dédiée à sa fille. Elle raconte à quel point il travaille à être un bon père, face au temps qui passe. Une strophe n’est pas anodine. Mon interprétation est claire et nette. L’artiste calabrais résume la dure vie au Sud de l’Italie.

Sono cresciuto in una terra crudele dove la neve si mescola al miele
E le persone buone portano in testa corone di spine
Ed ho imparato sin da bambino la differenza fra il sangue e il vino
E che una vita si può spezzare per un pezzetto di carne o di pane

Je vous laisse le soin de traduire. En quelques mots, le chanteur dépeint une terre où sang, Soleil et menaces s’entremêlent pour former un peuple souffrant.
Encore une fois, il serait débile de résumer La Botte à une image menaçante. Brunori Sas rappelle un fait souvent indubitable. Parfois, fonder une famille, en Italie ou en Belgique, demeure un refuge pour sauver les âmes. La tache est ardue. La mission en vaut la peine. Comme si fonder une famille demeure restait la seule lueur d’espoir. Pourquoi ? Créer du lien et croire en l’autre, voici deux actions qui nous éloignerons des organisations criminelles.

Bravo Dario Brunori. Bravo pour cette écriture si subtile. Ma mère est née à Cittadelle de Capo. Elle aurait aimée ces paroles. Elle aurait été curieuse, en découvrant un album mélancolique. 10 titres empreints du Sud, cette terre accueillant un peuple à la fois chaleureux et imprévisible.

Il vero lusso in questi tempi di guerra
È avere una casetta con un pezzo di terra

Un orto e una vigna di Guarnaccino
Due calci ad un pallone ed un bicchiere di vino

brunoaleas – à Giovanna

Publié le 26 novembre 2025

LA DURE A CUIRE #141

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Nastyjoe

En 2018, je présentais la musique des Cure comme un remède. Nastyjoe pourrait prendre la relève ? En tout cas, l’ambition du groupe est d’accepter l’imperfection. Mais aussi de chercher sa place dans un monde en mouvement. Un bon début. Quant au style musical, c’est validé !

Borromée

La boite mail explose de propositions musicales. Dossiers de presse, invitations aux concerts, etc. Début novembre, une bouteille est lancée à la mer. Borromée m’envoie sa musique. « What’s Beautiful » synthétise tout ce qui participe à l’accalmie que je recherche. Sa musique n’est alors pas un assemblage de bruits chaotiques, mais une partition délicate et mémorable.

Psychonaut

Je ne serai pas à Bruxelles, cette fin de semaine. Je ne me libèrerai pas pour voir Psychonaut en concert… je suis si attristé. Le groupe partage des sons aussi impressionnants qu’une menace extraterrestre. J’espère les voir pour vivre l’expérience de la scène.
Psychonaut, rendez-vous à Liège ?

Jerkcurb

Le poto de King Krule, Jerkcurb, est bien de retour ! Sa guitare installant une ambiance western, sa voix suave et le côté mi-grunge, mi-planant, voici des caractéristiques hyper bonnes pour l’ouïe.

brunoaleas

Publié le 14 novembre 2025

Geese dans la zone

Découvrir les mangas de Taiyō Matsumoto. Regarder les films de Guillermo del Toro. Lire les romans de Haruki Murakami. Ces simples actions m’emmènent loin de ma zone de confort. Les univers de ces artistes ne me plaisent pas spécialement. Parfois trop mystiques, souvent trop cryptiques.

Cependant, à quoi bon se conforter dans ses idées ? Un groupe exceptionnel me rappelle à quel point l’art doit demeurer une expérience. Geese forme un quintette américain. La voix de Cameron Winter me perturbe au plus haut point. Entre chant d’église et rage rock, le chanteur apporte une touche musicale unique au groupe. Leur créativité ne s’arrête pas aux performances vocales !

Les clips de Geese sont délirants. Un concert qui part en couille (« Taxes ») ou un dialogue entre un adulte et un bébé (« Au Pays du Cocaine »). Deux exemples suffisent à vouloir en écouter toujours plus. Si Geese me fascine autant, c’est bon pour le moral. Je sors de ma zone. Je voyage en terre inconnue. Quel plaisir.

brunoaleas – Photo ©Ray Lego

Publié le 10 novembre 2025

Georgio évite la crise

Georgio a-t-il peur de vieillir ? Impossible à savoir. Quand on écoute son titre « Fleurs », il y a une impression qui marque l’esprit. Le rappeur donne de l’huile à sa flamme, toujours plus.

Je m’explique. Georgio, aidé par Némir, liste les critères des êtres. A savoir, leurs doutes et contradictions. Perso, je crache sur les personnes qui prétendent savoir tout sur tout, tout le temps. Je ne suis pas faiseur de convictions. Georgio semble prendre cette voie. Il s’exprime alors via des questions rhétoriques.

Nous, on fait que d’entendre que c’était mieux avant
Faudrait quoi, qu’on arrête de vivre ? On fait d’jà comme on peut
Les meilleurs partent en premier, on fait sans eux
Parfois j’critique les autres et j’me sens aussi lâche

Il remet à sa place les passéistes. Ces personnalités bloquées dans le passée. Ou pire encore, ces personnages fantasmant un temps révolu – les patriotes, ne parlez pas d’une Belgique souillée par les immigrés, vous êtes au mauvais endroit –.

Je m’en bats la race des gens croyant prêcher la bonne parole. Il y a d’autres priorités dans la vie, comme se connaitre et connaitre ce qu’on aime vraiment. C’est probablement le message du morceau « Fleurs ». Si ce n’est pas le cas, ce n’est pas la fin du monde. Continuons d’écouter un artiste qui rappe avec le cœur.

brunoaleas

Publié le 30 octobre 2025

LA DURE A CUIRE #140

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Cleopatrick

Cleopatrick fait partie de ces rares formation à ne jamais décevoir. Leur son est gros, brut et entêtant. Que demander de plus ?

bby

bby apparait frais comme un gardon. L’énergie rappelle celle de Bloc Party et le jeu, très rock ! Un groupe à suivre juste pour savoir si la bande évoluera de manière fascinante.

IAMWILL

Guillaume Vierset ne se fatigue jamais. Soit il fonde rock et jazz en jouant dans Edges, soit il se connecte au plus près d’Elliott Smith via son nouveau projet, IAMWILL !

Pretty Inside

I am the scream I wanna hear. I love myself and I’m obsessed.
I am the person that I hate. I am the scream I wanna hear.

brunoaleas

Publié le 28 octobre 2025

Kendrick Lamar se joue de lui

Depuis plus d’une décennie, Kendrick Lamar s’impose comme bien plus qu’un simple rappeur : c’est un conteur, un acteur, parfois même, un exorciste. Chez lui, la musique devient un espace de théâtre intérieur, où chaque morceau est joué par un personnage différent.

L’artiste de Compton a fait de cette multiplicité sa marque de fabrique. Là où d’autres se contentent de raconter leur vécu, Kendrick le met en scène, quitte à se confronter à ses propres démons.

Des débuts marqués par la narration

Dès good kid, m.A.A.d city (2012), son premier grand succès, Kendrick pose les bases de son style narratif. L’album se présente comme un film audio : celui d’un adolescent naïf qui tente de survivre dans les rues violentes de Compton. On y entend des dialogues, des interludes téléphoniques, des voix de proches. Le rappeur ne se contente pas de rapper, il joue un rôle, celui d’un « good kid » pris dans une « mad city ».

Chaque chanson devient une scène, chaque couplet un fragment de scénario. Kendrick Lamar montre déjà son goût pour la mise en récit et la construction de personnages : des doubles de lui-même, réels ou imaginaires.

Le masque comme miroir

Avec To Pimp a Butterfly (2015), Kendrick pousse le concept encore plus loin. L’album explore l’identité noire américaine, la célébrité, la culpabilité, la spiritualité… mais toujours à travers des voix multiples.

Dans « u » et « i », par exemple, il se parle à lui-même : la première chanson crie la haine de soi, la seconde célèbre l’amour-propre. Deux faces d’une même pièce. Sur « The Blacker the Berry », il devient un militant enragé ; sur « Alright », un prophète d’espoir.

Kendrick ne change pas de masque pour se cacher, il le fait pour montrer plus de vérité. Derrière chaque voix, il y a une émotion, un doute, une tension qu’il rend audible.

L’homme aux contradictions

Sur DAMN. (2017), il incarne un homme en pleine lutte intérieure : entre foi et peur, orgueil et humilité. Plusieurs titres portent le nom d’un trait humain (« Pride », « Lust », « Fear », « Love ») comme si Kendrick disséquait son âme en morceaux.

Puis vient Mr. Morale & The Big Steppers (2022), son album le plus intime et le plus théâtral à la fois. Il y aborde la thérapie, les traumas familiaux, la masculinité, la paternité. Il y joue plusieurs rôles : celui du père, du mari, du patient en reconstruction. Par moments, des voix féminines viennent le confronter, le questionner, le contredire. On n’écoute plus seulement Kendrick Lamar, on écoute toute une pièce de théâtre.

Une œuvre en miroir de son époque

En multipliant les personnages, Kendrick ne se perd pas : il nous retrouve. Chaque voix, chaque masque parle aussi de nous, de nos contradictions, de nos luttes intérieures.

Dans un monde où l’image d’un artiste se résume souvent à un personnage unique, Kendrick Lamar fait l’inverse. Il refuse la simplification. Il préfère se montrer multiple, complexe, traversé par les doutes et les colères de son temps.

Cette manière de se dédoubler, de se mettre à nu à travers différents visages, fait de lui un artiste à part. Un caméléon du rap, capable de mêler introspection, politique, poésie et performance, sans jamais trahir sa vérité.

Une seule voix, plusieurs vérités

Chez Kendrick Lamar, changer de rôle n’est pas une stratégie, c’est une nécessité. Ses multiples personnages ne sont pas des masques, mais des miroirs : ceux d’un homme en quête de sens, dans un monde fracturé.

Et peut-être est-ce là son plus grand talent : avoir compris que pour dire la vérité, il faut parfois savoir parler avec plusieurs voix.

Fortuné Beya Kabala

Publié le 10 octobre 2025

LA DURE A CUIRE #139

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Vera Daisies

I can’t blame you at all, ’cause I’ve doing this wrong.
Can’t blame you at all, ’cause i’m not able to love.

Mademoiselle K

J’aurai l’occasion d’écrire davantage sur Mademoiselle K. Elle fête 10 ans d’indépendance ! Ce n’est pas rien. L’artiste propose toujours des morceaux sincères et entêtants.

The Experimental Tropic Blues Band

The Experimental Tropic Blues Band est un groupe à voir ! Les Belges ne s’ennuient jamais à composer de manière alambiquée. Comme si les membres avaient gardé leur âme d’enfant. Ca pulse encore et toujours.

Grandma’s Ashes

Grandma’s Ashes rappelle les plus belles heures de Muse. « Saints Kiss » est si mélodieux, impossible de ne pas qualifier le trio de dures à cuire.

brunoaleas

Publié le 9 octobre 2025