Interview

Møme Interview

METAMORPHOSES EN VOYAGE

Jeune voyageur et musicien incroyable, Møme passait à Liège pour un concert de folie au Reflektor. Le sol collait tant l’alcool coulait. Les gens dansaient en sueur. L’ambiance festive rendait chaque morceau joué encore plus jouissif. Après Talisco et Giraffe Tongue Orchestra, DRAMA saute sur la troisième exclusivité 2017: un entretien avec Møme.

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Comment s’est passé ta collaboration avec Petit Biscuit ? Comment vous êtes-vous rencontrés ?

En gros, c’est tout con. Je suis allé le voir à l’Elysée Montmartre car il m’y avait invité et qu’il y faisait un concert. On avait des potes en commun aussi. En allant ensuite dans les backstage, on a commencé à parler de plein de sons et on s’était super bien entendu. Toute cette histoire date de 6 mois déjà. Puis, on s’était dit que ce serait cool de faire un son ensemble. On se croisait aussi pas mal à des festoches. On avait bossé plusieurs sons par la suite. On avait fait « Gravitation » au moment où j’avais rencontré le chanteur Isaac Delusion.

T’inclues-tu dans cette nouvelle génération, composée de Fakear ou encore Petit Biscuit, qui gère avec les machines ? Est-ce que tu sens cette nouvelle montée ?

Ah oui complètement. Ca fait déjà un moment que c’est en train de se créer. Ca fait 4 ou 5 ans que ce style de musique s’est développé et a émergé, notamment avec des acteurs comme Flume. C’est vrai qu’on a tous été influencé par à peu près les mêmes personnes. En fait, ça nous a ouvert la porte vers une musique plus personnelle à partir de compos qui nous sont propres, qui n’ont rien à voir avec les samples, par opposition à la French Touch. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus facile de produire, les instruments sont plus accessibles. Tout s’est construit également à partir des influences et technologies, comme Ableton par exemple qui s’est démocratisé.

Est-ce que tu penses que ça durera sur le temps ?

Je pense que oui. La musique est train de complètement changer. En ce moment, tout le monde peut faire de la musique, énormément de samples sont disponibles très facilement. Ce qui reste tout de même important c’est de donner une « âme » à ce que tu composes. Ceux qui resteront seront ceux qui donneront l’âme de leur musique, ceux avec un vrai fond derrière. Ce n’est pas le cas pour les musiciens qui ne font qu’ajouter leurs sons les uns après les autres parce qu’ils sont à fond sur des kicks ou sur de bandes de sons. Il y a un peu cette volonté d’apporter ton expérience. Les styles de musiques ont tendance à muter aussi. En ce qui me concerne, là maintenant, je suis très loin de « Aloha », « Cosmopolitan » ou encore « Sunset Lover » de Petit Biscuit. Je crois qu’on a essayé aussi d’apporter de nouvelles sonorités et on verra bien ce que nous réserve la suite des choses avec les albums futurs.

A partir de quel moment tu t’es dit qu’il n’y avait plus de chansons à ajouter à ton album Panorama ? Quand t’es-tu dit qu’il était terminé ?

Ca ne s’est pas du tout passé comme je le pensais. Disons que Panorama est est un peu sorti de manière insouciante parce que ce n’est pas un album qui a été construit sur le temps. Ca été un album très éphémère qui s’est assemblé quand j’étais en Australie. Ca a pris à peu près 6 mois. Je l’ai créé avec très peu de moyens. J’avais une carte son qui ne coutait rien et j’ai fait énormément de bidouillages pour avoir un son pro. Vu que mes prises de sons n’étaient pas initialement optimales, j’ai passé beaucoup plus de temps en post-prod. C’est comme pour un film lorsqu’on ajoute de belles lumières pour certains plans.

Etais-tu bien entouré ou seul aux commandes ?

J’étais carrément tout seul. Pour moi, le fait de composer sur la route et d’aller chercher les gens avec qui j’ai travaillé était avant tout une expérience. Je retiendrai ça de cet album Panorama, ce ne sera pas le son ou la technique proprement dite. Je reste très fier de cet album.

J’allais justement te demander si tu étais super fier d’amener ces chansons, tes bébés, jusqu’à tout ce qui a suivi.

Jamais je n’aurai pensé faire une tournée aussi fat que celle que j’ai fait cette année. Je crois que je fais partie des artistes français à avoir le plus tourner. Je suis présent un peu partout grâce au retours sur l’album, sur les live, sur ce que je faisais, ce qui est bénéfique. Je suis à la fin du développement de Panorama vu que c’est la dernière tournée. Ca fait quelques mois que je réfléchis à comment faire mon prochain album. Ce sera toujours dans un contexte itinérant. Pour revenir à ta première question, il faut vraiment revenir à un fond collé à la musique, car c’est qui manque aujourd’hui. Il est plus facile de produire, mais il ne faut pas oublier de donner un sens à tout ça, même dans la musique électronique.

Qu’est-ce que tu veux dire par « donner un sens à la musique » ?

Qu’il y ait une histoire derrière. Par exemple, je tiens vraiment à rencontrer les gens avec qui je bosse et aller en studio avec eux avant même de juste faire mon boulot de producteur. Les musiques qui ressortent comme efficaces sont toujours celles avec un vrai vécu et une vraie rencontre et amitié derrière.

Il faut qu’il y ait de de l’humain en somme.

Exactement. C’est que je vais essayer de partager en tout cas.

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Serais-tu concevoir un album sans voyager ou bien cela est une nécessite ? 

J’ai un peu la bougeotte. Si je reste trop longtemps à un même endroit, je me sens mal. J’ai besoin de bouger et mes créations sont liées à cela. Les habitudes sont un piège pour moi.

Tu luttes contre la routine.

Ouais mais j’anticipe la routine. Ca m’arrive très souvent d’être dans des routines musicales où je n’ai pas d’inspiration et c’est à ces moments là en général, que je pense à d’autres projets à mettre au point. J’essaye de fuir les habitudes pour avoir de l’inspiration. Ce que disent pas mal de compositeurs, c’est que plus tu vieillis plus c’est difficile de trouver ta manière de t’évader. Le groupe Phoenix disait que quand on est plus jeune, on ne se pose pas beaucoup de questions et qu’en vieillissant en tombe dans des habitudes à la con.

Avec qui aimerais-tu faire un featuring ?

Il y a Ásgeir Trausti. Il y avait Jason Meideros et ça s’est fait il y a pas longtemps, du coup je suis content. Ce mec est très talentueux. Dans l’euphorie, on a composé plusieurs choses ensemble. Il est grave inspirant.

Est-ce que c’est lui qui est venu vers toi ou le contraire ?

On s’est rencontré à une date d’un festival français. On a commencé à discuter là-bas puis je lui ai envoyé un son qu’il a énormément apprécié. On s’est vite accroché sur ce qu’on voulait faire. Pour le coup, j’avais une grosse envie de produire des titres avec lui. Two Another m’intéresse aussi pour un feat… Au final, je n’ai pas envie de faire des collaborations pour la gloire, j’aime aussi en faire avec des groupes indés, pas connus et qui sont parfois dans un style complètement différent du mien. Cela me permet de découvrir d’autres approches et styles de musique.

Est-ce que c’est possible d’avoir quelque chose entre toi et Flume ?

Je ne sais pas. Je l’ai déjà rencontré quelques fois.

Ce serait le choc des titans.

Ce serait énorme. Je l’ai vu pas mal de fois, on a même déjà surfé ensemble par hasard à Sydney. C’était complètement dingue. Flume est une big star. Il fait des feats avec des gens qui ont déjà des fan base impressionnantes. Si je deviens plus gros, je pense que ce serait possible parce qu’il y a des cohérences entre lui et moi. Il a aussi déjà écouté ma musique.

N’as-tu pas la même relation avec Flume qu’avec Petit Biscuit ?

Nan, ça n’a rien à voir. J’ai eu l’occasion de voir Petit Biscuit dans plein de festoches et en studio. On est devenu pote. Flume, je l’ai plus rencontré dans des plateaux ou sur les vagues alors qu’on ne se connaissait pas. Ce n’est pas pareil.

Quelles sont les meilleures choses que t’ont apporté tes voyages ?

Les rencontres en général, c’est ce qui marque. Voir des gens qui aiment la musique et qui ont un bon état d’esprit. Puis les expériences vécues sur le moment, ne serait-ce qu’en voyant différents paysages, c’est tellement cool.

Est-ce que c’est l’Australie qui t’as le plus marqué ?

Nan du tout. En fait, l’Australie c’était le point de départ qui m’a fait réaliser que c’était en voyageant que j’arrivais à faire de la musique et à être inspiré. J’avais déjà fait quelques voyages avant mais c’est à ce moment là que j’avais vraiment décidé de voyager et de faire de la musique en même temps. J’étais prêt à jouer le nomade et à ne pas me poser.
En septembre, je suis parti en Indonésie et j’ai vraiment été chamboulé par leur culture. Là-bas, j’ai enregistré de nouveaux sons et pris des images qui apparais seront peut-être dans mon nouvel album. L’Australie reste un super pays mais je n’ai pas été très dérouté au final. C’était une autre façon de vivre, de nouvelles découvertes et une grande sensation de liberté mais ce n’était pas non plus le choc des cultures. Tandis que l’Indonésie, c’était complètement fou. C’est un pays en voie de développement et la vie est bien différente. Le rapport aux religions, conduire sans casque, voir des gens avec 50 tapis empilés sur leurs scooters, tout ça dans la pollution la plus totale… Ils vivent comme si on vivait il y a 30 ou 40 ans. C’est choquant. Je ferai d’autres voyages l’année prochaine et on verra bien ce que l’avenir me réserve.

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Quel est le public qui t’as le plus marqué l’esprit ?

Je ne veux pas trop me faire d’ennemis. (rire)

Ou alors, veux-tu nous livrer un souvenir où le public était un peu plus différent d’un autre ?

J’ai vraiment aimé le Festival Beauregard parce que les gens étaient complètement fous en Normandie. J’adore les gens qui savent faire la fête sans qu’il y ait de débauches. J’apprécie les endroit où l’on retrouve des personnes très ouvertes. Putain après y a tellement de festoches que j’ai aimé. Il y a aussi l’Olympia qui m’avait assez marqué. C’était une étape importante pour moi. Je n’arrivais pas à croire que je jouais à l’Olympia en face de plusieurs personnes. C’était un vrai concert accompagné de toute ma scénographie actuelle. Ce soir, je suis en mode à la cool, vu que la salle est plus petite, ce sera un concert sans toutes mes lumières que j’ai d’habitude avec moi. Tout le show qui s’est construit autour de mes concerts a commencé à l’Olympia. Les Bretons en France, Vieilles Charrues… Dours aussi. J’avais vraiment aimé même si c’était un peu « Drogue Land ».

Ca a cette réputation.

Ah tout le monde était éclaté. C’est dans ces moments là aussi que je sens que pour les prochains live je taperai plus. Je ferai un truc encore plus profond, plutôt que de l’indé qui tape, mélangée à de la pop électro à l’image de « Aloha » ou « Hold On ». En live, j’ai beaucoup plus envie de taper. Par rapport à ce que j’ai composé aujourd’hui, je suis obligé de jouer mes premiers morceaux gentils en terme de basse ou de gros son. J’ai envie d’être un peu plus vilain sur les prochains live. Je suis parti sur cette ligne mainstream mais un peu plus indé. J’adore Rone par exemple. Chez moi, je ne joue pas du tout ce que je compose. « Aloha » n’est plus trop ma came, aujourd’hui je suis beaucoup plus « rentre dedans » et porté vers les truc qui groove plus.

Est-ce que tu crois que tout ça est lié à ton tempérament ?

Ouais c’est clair. Quand je suis chez moi, j’aime bien composer des trucs chill. Souvent, je commence à bosser vers 8 ou 9h du matin et j’ai pas trop envie de me taper de la techno à cette heure là. Je fais régulièrement des sons chill et puis je me demande comment je vais le jouer en live et parfois je me rends compte que c’est trop mou. J’ai changé de plus en plus d’état d’esprit. J’ai juste hâte de présenter mon deuxième album l’année prochaine.

Est-ce que tu as une plus grande pression lorsque tu joues dans une grande salle ou pas du tout ?

L’Olympia était la plus grosse pression de ma vie. C’était vraiment le concert où il y avait tous les gens avec qui je travaille qui étaient là. Il fallait que je réussisse ce concert pour que ceux qui bossaient avec moi soient fiers de moi. Il y avait aussi des amis et ma famille. J’ai tendance à avoir la pression pour tout, surtout dès qu’il s’agit de se présenter en live.

T’as toujours une envie de bien faire.

Oui c’est ça. Ce sera toujours le cas, je ne serai jamais blasé d’être sur scène. Je crois que je préfère les petites salles aux grandes. Même si parfois dans les petites salles, je ne peux pas installer tout ce que jeux sur scène, ce qui me manque un peu. Si par contre j’arrive à jouer dans de petites salles avec tout mon matos, c’est parfait. Je préfère largement ça qu’à des salles comme le Zénith ou d’autres stades où tu sens une pression acoustique qui ne te donne pas l’impression de jouer à un concert. Plus t’as de monde et moins tu vois de choses.

N’as-tu jamais eu peur du succès ?

Non. Ca dépend de quel succès aussi. Si c’est le genre de succès où on ne te reconnaît pas dans la rue mais où tout le monde connait ton nom et ta musique, alors là je kiffe ce succès. Si on me stoppe dans la rue et qu’on ne connaît même pas ce que je fais, ça, ça me ferait chier. Ce n’est pas mon cas, du coup c’est très bien.

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Emile Cioran écrivait que vouloir à tout prix la gloire équivaut à mourir méprisé, plutôt qu’oublié.

Ca c’est sûr, je suis complètement d’accord. Avant je jouais dans des groupes de rock et je n’étais pas le chanteur leader de ces groupes. J’étais à la guitare ou au clavier et il y avait toujours une personne avec un ego exagéré qui voulait réussir sans savoir ce que c’est. Ces personnes voulaient juste ressentir ce que c’était de réussir juste pour pouvoir dire qu’elles faisaient partie des grands. Et tous ces gens se sont plantés et maintenant, ils n’arrivent pas à faire grand chose.

Ils ne connaissaient pas la réalité des choses.

Oui, et puis même quels étaient leurs intérêts à vouloir faire ça ? Quand t’as la gloire, c’est bien d’en profiter mais il est vain de la rechercher. Surtout qu’en musique tu peux être glorieux à une période puis à une autre, on peut t’oublier.

Au final, tu préférerais plus t’amuser que de laisser une trace ?

Oui voilà. Tu laisses une trace à partir du moment où tu fais ce que tu aimes et que tu le fais à fond. Les gens ne te suivent pas pour ta gloire mais pour ce que tu fais. C’est logique. En ce qui me concerne, tout fonctionne bien pour le moment mais je sais que tout peut changer du jour au lendemain. Et puis pour en revenir à la gloire, le jour où tu l’as plus, faut savoir quoi faire.

Veux-tu dépasser des modèles ?

Nan mais j’ai des buts. J’adore le label Roche Musique en France qui ont des artistes comme FKJ ou Darius. J’adore leurs images et ce qu’ils font. C’est le style d’artistes qui me passionne. J’aime aussi Flume et Kaytranada. Ce sont des gars qui ont juste fait de la musique en ayant toujours une volonté de rechercher de nouveaux trucs. Ils n’ont pas eu peur de prendre des risques. Ils ont apporté des genres nouveaux via leur patte. Je fuis les groupes qui sont très à la mode ou qui représentent des produits proprement dit. Aujourd’hui, il ne faut pas se mentir, le disco fonctionnera toujours. Tout le monde dansera tout le temps là-dessus.

Y a-t-il des clés ou des codes que certains artistes savent user à foison ?

Certains savent comment faire fonctionner un tube sans prendre aucun risque et sans pousser les consciences ou inspirer les foules. Un groupe de funk qui cartonne aujourd’hui n’influencera plus du tout au niveau de sa musique mais plus peut-être plus au niveau de la mode. Ce que j’aime, ce sont les prises de risques, ce que l’on retrouve souvent dans la musique électronique.

Mike Patton disait que si la musique est en train de mourir…

Il trouve qu’elle meure ?! (rire)

Si la musique est en train de mourir c’est à cause d’artistes qui n’arrivent plus à mettre de nouvelles idées sur la table. Si on prend un groupe comme Coldplay, j’ai l’impression que ça fait des années qu’ils font le même ménage.

Coldplay sort des morceaux avec des producteurs qui sont soi-disant à la mode comme Chainsmokers récemment.  Leur prod est ce que Flume aurait pu réaliser il y a 5 ans. C’est vraiment la même chose qui ressort 5 ans après, ce qui reflète vraiment leur non-envie de prendre des risques. Ils ont vraiment beaucoup de talent mais maintenant ils ne sont plus trop dans le coup je trouve. Il faut faire gaffe à ne pas juger trop vite aussi. Je pense que ces gens-là n’ont plus la fougue de personnes voulant créer de nouvelles choses. Ils rendent quand même des gens heureux et ils aiment encore leur musique.

Le principal c’est qu’ils s’amusent mais quand une personne commence à s’intéresser à beaucoup de choses différentes en musique, c’est triste de s’apercevoir que Coldplay stagne. Il est vrai que mon argumentation est un peu égoïste aussi.

Ils n’ont plus rien à prouver aussi. Ils doivent conquérir des gens mais ils ont tellement de fans qu’ils s’en foutent un peu je crois.

Est-ce qu’il y a des morceaux où tu prends des risques dans ton futur deuxième album ?

Oui. Justement, je suis dedans. J’ai envie de partir dans quelque chose de plus personnel. Faire ce que j’aime vraiment sans perdre de vue un public qui m’a suivi pour Panorama et que je n’ai pas envie de perdre. Ce sera ça le plus compliqué. Au fond, j’ai envie d’approfondir mon style, ce qui n’empêche pas mon arrêt aux chansons mainstream. Il faudra que je trouve un juste équilibre entre le mainstream et l’indé. Je compose tout et n’importe quoi, tout ce qui me passe par la tête, c’est le début, le prémisse, le brouillon d’un nouvel album. Et vu que j’aime plein de styles variés, j’ai plein de morceaux qui ne ressemblent à rien. Il va falloir que je fasse le tri. Le plus dur quand tu fais un album, c’est de savoir vers où tu veux aller. Il faut toujours tout anticiper d’une année, il faut se dire qu’il ne faut pas copier les buzz présents. C’est plus intéressant de s’informer sur les influences de ceux qui font le buzz, mais les copier ne sert à rien. Ca peut tout de même rester un apprentissage enrichissant que d’imiter un son, comme quand on regarde des tutoriels de musique. En ce moment ça fuse dans mon cerveau.

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DRAMA
Interview faite le 13/10/17
Photos ©Dominique Houcmant/Goldo (prises au Reflektor, le 13/10/17)

Rive Interview

LE TEMPS D’UNE CHANSON

Kevin et Juliette forment une groupe electro pop nommé de Rive. Subjugué par la musique et le clip de leur morceau « Justice », DRAMA a décidé de les rencontrer à Chênée pour un entretien traitant de leur univers, du féminisme, du temps ou encore du Canada.

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Pouvez-vous nous expliquer un peu plus les dessins sur votre pochette d’album ?

Juliette : La pochette est un buste de femme avec une tête coupée avec au-dessus, un bateau. Il y a un personnage féminin principal et une armée derrière. L’idée c’était de représenter un individu enfermé. Pour ce qui est de la tête coupée, elle est l’acte qui fait fi des carcans. A la place de la tête, il y a ce bateau qui invite au voyage, à l’imaginaire, à l’espoir, à la lutte et à l’action, tout en devant maître de sa vie. Le fait que ce soit un personnage féminin est lié à ce que je suis et à mes paroles féministes.

J’avais pensé à tout ce qui est en rapport à des mythes ou encore à l’Egypte antique, lorsque j’ai vu cette pochette. Y a-t-il un peu de ça ou pas du tout ?

Juliette : Oui effectivement, c’est très symbolisé. Ce qui est important pour nous, c’est qu’il y ait un aspect très poétique et une vraie invitation au voyage. Toutes ces références et symboliques font en sorte d’interroger et d’interpeller. Je pense en tout cas que pour le coup, ça a fonctionné. (rire) Que les gens s’approprient ce visuel pour y placer ce qu’ils veulent est aussi une bonne chose.

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Comment s’est passé votre concert à Montréal, au Canada ? Y a-t-il quelque chose qui vous a marqué là-bas ?

Kevin : Ca s’est très bien passé, c’était notre premier voyage au Canada. On a découvert toute une autre culture. Le français au Canada est très répandu car les Canadiens adorent la musique francophone. Il y a un vrai engouement pour la chanson francophone. On était tout à fait dans ce cadre là.

Juliette : Ce qui est chouette, c’est qu’on doit repartir l’année prochaine avec plusieurs dates, ce qui nous rend super content.

Est-ce que vous aimer beaucoup cette mise en valeur de la langue française ? Je sais que les Québecois aiment beaucoup leur langue. Parmi de nombreuses preuves de ce que j’avance, l’émission The Voice se nomme La Voix là-bas.

Juliette : Oui c’est vrai !

Est-ce que c’est quelque chose qui manque ici en Belgique ?

Juliette : Pas vraiment. Depuis quelques années, on assiste à une recrudescence, une explosion de groupes qui chantent en français. Ce qui est intéressant, c’est que la langue ne fait pas tout. Nos influences sont plutôt anglo-saxonnes, de la pop à l’électro. C’est clair qu’on chante en français, mais on ne s’inscrit pas pour autant dans la « chanson française » un peu plus traditionnelle. On veut combiner le français avec des instrumentaux, des arrangements plus différents de la « chanson française » classique. Un peu comme des groupes comme Odezenne, Fishbach, Sandor, The Pirouettes qui sortent des vieilles contraintes, en s’inscrivant dans une démarche musicale plutôt pop et électro.

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Y a-t-il autre chose que la langue qui vous a marqué l’esprit au Canada ?

Kevin : En ce qui concerne la musique, quand on est arrivé là-bas, ce qui nous a frappé, surtout à Montréal, c’est que par rapport au travail scénique, les Canadiens y interviennent beaucoup. Une fois sur scène, les groupes expliquent leurs chansons et leurs démarches.

Juliette : Il y a beaucoup de communication avec le public.

Kevin : Ici, on est souvent habitué à voir des groupes qui enchaînent leurs morceaux et les gens les prennent comme ils veulent les prendre. On se justifie beaucoup moins sur chaque titre joué.

Juliette : On a apprécié voir les artiste discuter avec le public, c’était vraiment chouette à voir.

Je pense que si vous le faites, ça enlèvera un peu de mystère autour de vos chansons.

Juliette : Ca nous arrange de ne pas le faire. (rire)

Qu’est-ce qui est le plus jouissif, jouer en studio ou en live ?

Kevin : J’aime pas forcément le studio, mais en tout cas, j’aime beaucoup travailler chez moi et créer des morceaux.

Juliette : On fait tout à la maison.

Kevin : On peut passer des journées à créer des sons et tester des choses. J’adore ça. Et la scène… Au final, l’un ne va pas sans l’autre. Je ne pourrai pas faire de la musique pour ne pas la sortir sur scène. Et d’ailleurs, quand on fait un morceau, on essaye de l’imaginer joué sur scène pour voir ce que ça peut apporter comme énergie, sentiment et émotion.

Comment ça passe pour vos compositions ? Etes-vous chacun de votre côté ?

Juliette : On habite en collocation, du coup, pour la communication c’est ultra simple. Je travaille tout ce qui est paroles et mélodies et Kevin, lui, est plutôt sur les arrangements. Comme on se voit quotidiennement, on est toujours en discussion par rapport aux avancées de l’un ou de l’autre. On a chacun une marge de manœuvre dans un domaine. On ne se marche pas sur les pieds. Il n’y a pas d’ambiguïté ni de compétition. C’est vraiment sympa entre nous et donc la communication est beaucoup plus simple entre nous deux. (rire)

Le temps contre nous, c’est ce qui est chanté dans « Justice ». Est-ce que dédier sont temps à la personne qu’on aime, n’est-il pas un des meilleurs actes d’amour que l’on puisse porter à son égard ?

Juliette : Hum… Hum… La chanson parle d’amour mais elle est aussi un peu plus globale. Ce qu’on dit c’est qu’il faut vraiment prendre le temps à un moment pour s’arrêter, ne serait-ce que pour passer du temps des personnes ou pour juste s’interroger sur les choix qu’on fait. Avec ce « temps » qu’on a pris, essayons alors de modifier nos vies et prendre peut-être d’autres décisions, vu qu’on a désormais le temps de réfléchir. Retenons l’idée d’une bulle qui s’arrête, hors-du-temps. On sait que le temps va arriver et nous bouffer, mais cette bulle nous permettra de mieux réfléchir.

J’ai remarqué que cette notion de « temps » revenait assez souvent dans vos chansons. Comme si c’était un personnage.

Juliette : C’est vrai. (rire)

Est-ce qu’il y a un rapport précis avec vos vies ?

Juliette : Ce n’est pas vraiment réfléchi. On se pose plein de questions sur le temps qui passe, le monde sur lequel on vit. Où est-ce que l’on va avec cette société ? Est-ce qu’on a encore le temps de révolutionner ce qu’il y a changer ?
On n’arrête pas de nous rappeler l’existence du réchauffement climatique et on ne sait même pas où l’on va. On sait juste qu’il nous reste plus beaucoup de temps finalement. Ce qui est marrant, c’est qu’on est tellement occupé, toujours dans l’action… On ne prends pas le temps et pourtant… (rire) « Justice » traite vraiment du « temps » et on a une nouvelle chanson, qu’on joue déjà sur scène, où l’on parle des relations qui s’abiment avec le temps et de toutes les questions qui concernent cela. Est-ce qu’on laisse faire le temps ? Abandonnons-nous ou pas du tout ?

Serait-il exagéré d’affirmer que vos chansons sont quand même engagées ?

Juliette : Ca dépend desquelles. J’ai un regard assez dur lié aux sociétés. Je suis féministe depuis toujours. Des chansons comme « Nuit » sur l’EP Vermillion délivre un sujet qui est celui des mouvements féministes des années 70, où les femmes à San Francisco et en Belgique sortaient la nuit pour se réapproprier l’espace public. Ca s’est passé il y a 40 ans, mais aujourd’hui les tracas n’ont pas diminués. Notre regard est engagé et on souffre de ce qui passe de nos jours en politique, parce qu’on y voit aucune vision.
Les paroles restent toujours assez poétiques et on a toujours envie que les gens puissent vraiment s’approprier les textes. On sait ce qui est dit bien sûr, mais si les gens comprennent nos textes différemment, tant mieux.

Cette histoire de mouvement des années 40 me rappelle que l’esthétique de vos clips allient parfois des images en noir et blanc. Y a-t-il des références assumés par rapport à cela dans vos clips ?

Juliette : Il n’y pas vraiment des images reliées à cela mais en tout cas, on aime vraiment ce côté intemporel des choses.

Kevin : Temple Caché, qui a conçu le clip, a compris que ce que l’on aime dans la musique, ce sont les contrastes. Les paroles le reflètent très bien d’ailleurs. Temple Caché avait aussi ce souci de, non pas brouiller les pistes, mais de laisser rêveurs les spectateurs et de savoir attaquer là où il faut.
Dans « Justice », les gamins avec des électrodes pourraient être un symbole de passé rétro.

Juliette : Ou de présent.

Kevin : Passé, futur, obscurité, clarté, tout se mélange.

Juliette : Ma voix mélodique et nos sonorités plus brutes complètent aussi un contraste. Ca nous fait rire et on aime bien ça. (rire)

Kevin : Il y a tout un discours derrière nos chansons. C’est un but aussi d’avoir un univers très imagé et que chacun ait son interprétation de tout cet ensemble.

J’ai l’impression qu’avec les années, le féminisme a eu ses dérives. Prenons pour exemple, ceux qui s’attardent sur le « manspreading » qui m’apparaît comme un problème qui n’en est pas un. Qu’en pensez-vous ?

Juliette : Je ne suis pas du tout d’accord. Selon moi, tout est important. Il n’y a pas une échelle des luttes. Si je parle du « manspreading », on pourrait me rétorquer qu’il y a des problèmes bien plus graves tels que les femmes battues ou violées. Tout ça fait partie d’un système cohérent, patriarcal et machiste. Avoir une langue machiste, des femmes qui soient rarement des personnages principaux dans les films ou encore des super-héroïnes pratiquement toujours en maillot de bain, constituent ce même système. Tout comme les filles emmerdées en pleine rue, les violences conjugales ou les viols. Tout est important.
Pour revenir au « manspreading », hier dans le métro, deux mecs avec les jambes grandes ouvertes bouffaient mon espace. C’est une série de petites choses de cette ampleur qui font qu’en tant que femme, tu intériorises que t’es inférieure. Il y alors une disparition de l’estime de soi, de modèles et moins d’investissement aussi.
La féministe Benoîte Groult disait : « Le féminisme n’a jamais tué personne. Le machisme tue tous les jours. ».
Ca veut bien dire ce que ça veut dire. On a beau critiquer le féminisme, il n’y a jamais eu de mort derrière cela. On le critique surtout parce que ça remet en question un pouvoir en place et l’identité des gens. Le féminisme est un humanisme pour moi qui permet de sortir des stéréotypes qui enferment les femmes, tout autant que les hommes. Il permet de faire des choix sans aucun préjugés qui nous pèsent dessus.

Ce dont j’ai peur, c’est de percevoir qu’on targue une personne de vouloir faire du mal alors qu’il n’en fait pas.

Kevin : Quand tu déranges les autres, il faut que ce soit justifié.

Juliette : Ce qui est sûr, c’est qu’avec ce genre de dénonciation, tout le monde s’interroge. Toi, tu t’interroges sur le « manspreading » d’autres sur le #balancetonporc, ce qui est bénéfique pour savoir dans quelle société on a envie de vivre.

Revenons à vos chansons. Y a-t-il un même récit caché qui les unit ?

Juliette : Oui forcément. Ce ne sont que des sujets personnels et sociétaux. Ils sont liés à des ressentis, à une personne, à des quotidiens. Pour l’instant, on est vraiment dans des thèmes qui racontent ce que je suis et vis. Peut-être qu’à un moment, ça évoluera, mais pour l’instant, ça reste avant tout personnel avec un certains regard sur le monde.

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DRAMA
Interview faite le 16/11/17
Photos ©DRAMA & Pierre Reynders (prises au Centre Culturel de Chênée, le 16/11/17)

Equipe de Foot Interview

BLEU SINCERE

Découvert en première partie d’Odezenne, lors d’un concert à Liège, Equipe de Foot est un groupe rock constitué d’Alex et de Mike. Batteur et guitariste livrent un LP où une femme y est au centre: une Chantal sous des sonorités sauvages et bestiaux

Equipe de Foot - Copyright MARINE TRUITE (01)

Est-ce que vous saviez déjà quel type de sonorité produire avant même de composer, ou tout est venu de façon aléatoire ?

Alex : Avant de réellement composer, on était sûr de deux choses : on voulait faire du rock avec du gros son et on voulait rester un duo, car en duo, tout va plus vite, beaucoup plus vite.
Du coup, on a cherché comment sonner massif sur scène en n’étant que deux. On a trouvé quelques solutions techniques via deux amplis guitare, un ampli basse et beaucoup de disto. Puis, Benja, notre copain ingé-son, a mis son nez là-dedans et on s’est retrouvé avec un son d’énorme mammouth.

Mike : Il y avait quand même la contrainte de sonner gros et gras mais pas violent, on ne voulait pas faire de la mule. Et c’est vrai que Benja nous a beaucoup aidé à faire grossir le mammouth, qui est maintenant bien gras et bien velu il me semble.

S’il fallait choisir un adjectif et une couleur pour cet album, quelles seraient vos réponses ? Et pourquoi ?

Alex : Je dirais “sincère” et “bleu” . “Sincère” car que ça soit dans notre musique, dans nos paroles ou encore lorsqu’on est sur scène, on ne raconte pas d’histoires. Notre musique va, désolé pour la blague, droit au but. Nos textes sont des choses absolument intimes et vraies. On ne parle pas de choses qu’on ne connaît pas, qu’on n’a pas vécues ou qui ne nous touchent pas. Sur scène c’est un peu le même délire, il est impossible pour nous d’avoir la classe dans nos maillots de foot trop grands, on est au final un peu ‘à poil’, on ne peut pas se cacher derrière une attitude.
“Bleu” aussi parce que cet album est blindé de mélancolie et en même temps, le bleu m’évoque des immensités, le ciel par exemple.
Chantal aborde des thèmes sacrément universels comme l’amour, la rupture, les souvenirs, le temps qui passe et qui essaye de nous faire oublier nos passions d’adolescent. “Bleu”, c’est aussi la couleur de la super pochette de Chantal réalisée par Ita Duclair.

 Y a-t-il un même message qui relie chaque chanson au niveau des paroles ?

Alex : Au final, le fil conducteur est certainement Chantal. Chantal représente un peu la femme : la femme aimée, la femme qui te quitte, un amour d’adolescent, une mère. Là où notre premier EP ne parlait que de rupture, ici, on parle également de l’amour naissant, de sexe, de la rencontre de l’autre et de la cohabitation avec son passé.

Vu que vous avez déjà fait la première partie d’Odezenne, pourriez-vous nous les décrire et nous expliquer comment s’est passé votre rencontre ?

Alex : La rencontre avec Odezenne s’est faite par hasard. C’était en janvier 2016, on était un tout jeune groupe, on avait fait quatre ou cinq concerts et trois démos.
On a participé au Tremplin Inter-Quartiers de la ville de Bordeaux parce que la finale avait lieu dans une salle de concert qu’on adore : la Rockschool Barbey. On avait aucune illusion sur nos chances de remporter ce tremplin mais on voulait aller jouer à Barbey !
Les gars d’Odezenne étaient dans le jury de ce tremplin et ont vachement aimé notre façon de faire du foot avec une guitare et une batterie.
Arrivent les délibérations pour choisir le vainqueur du tremplin ; personne ne vote pour nous. Alix, Jaco et Mattia sont choqués qu’on ne remporte rien et décident de créer spécialement pour nous un “prix Odezenne”. Ils nous offrent alors une première partie sur une de leur dates. On est comme des gamins ! De fil en aiguille, on aura joué dix-sept fois pour eux en 2016. On ne les remerciera jamais assez !  

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Parmi les groupes qui existent et dont la formation se constitue de deux personnes sur scène, qui admirez-vous ?

Alex : “Admirer”, c’est fort comme mot ! Disons qu’il y a pas mal de duos cools ! Perso, j’aimais beaucoup les Black Keys avant qu’ils ne partent en couille. Les White Stripes bien entendu. J’aimais bien également un duo australien qui s’appelait The Mess Hall, mais je crois qu’ils ont arrêtés. Il y a aussi un duo belge que j’écoute souvent, ils s’appellent Alaska Gold Rush ; je les ai jamais vu sur scène mais ils ont l’air cools ! Ah oui, The Mirrors aussi sont GAVÉ FORTS. C’est un duo guitare/batterie d’Angers. Sarah déchire à la gratte. Corentin déchire à la batterie. On les a invités à jouer avec nous pour la release party de Chantal. Ils nous ont mis la pétée.

Mike : J’aime beaucoup The Dodos, un groupe américain de folk un peu vénère.
Ils sont deux et c’est hyper bien. Leur album
Visiter est complètement ouf.

Le morceau « 29 Octobre » se détache vraiment des autres. Est-ce qu’il y a eu une aide, des conseils externes pour cette piste ? Aurons-nous droit à d’autres morceaux de ce type dans le futur ?

Alex : « 29 Octobre » est effectivement un morceau un peu plus différent. On l’a abordé un tout petit peu différemment. L’idée n’était pas de “faire le rock” mais d’accepter d’être en accord avec l’ambiance assez sombre du morceau. Benja, notre ingé-son, nous a beaucoup aidé à rendre en son ce qu’on voulait faire, notamment avec cette basse sur les couplets.
C’est un texte dont je suis assez fier parce que je le trouve juste et simple. Il fallait que la musique aille dans le même sens avec très peu de fioritures, restant simple et gardant en même temps un côté “sûr de soi” .
Est-ce qu’il y aura d’autres morceaux de ce type dans le futur ? Certainement. Notre conviction quand on a créé Equipe de Foot était de pouvoir faire ce qu’on voulait. Si le troisième album doit être un album de hip hop, alors ce sera un album de hip hop. Zéro limite.

Les jeunes adolescents que vous étiez seraient-ils fiers de la musique que vous faites ?

Alex : Je ne sais pas si l’ado que j’étais aurait été prêt à entendre notre musique car il écoutait beaucoup de pop. Cela dit, je pense que s’il avait eu une vision du futur incluant Equipe de Foot, il aurait été beaucoup plus détendu dans sa vie.

Mike : L’adolescent que j’étais serait sûrement très content de la musique qu’on fait, mais il serait surtout très content de savoir qu’un jour, il va finir par pécho et qu’il aura une PS4.


DRAMA
Interview faite le 24/10/17

King Fu Interview

HUMOUR, RAGE ET SALETE

Découvert lors d’un concert au Hangar, à Liège, King Fu jouait un soir de rock’n’roll. Se détachant des autres groupes qui jouaient à cette même soirée, ils ont empli la scène de leur aura via un son vif, virulent et vibrant de distorsions.

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Êtes-vous passionnés de kung fu, de cobra ou de jeux de mots ?

Math : Des trois en fait. Mortal Combat à fond.

Hadri : Surtout de jeux de mots. En général, ce n’est pas moi qui trouve les meilleurs mais je peux rire tout seul de trucs comme ‘pitbull de flipper’ ou ‘envoie-moi un mail, Gibson’ pendant des heures. Du coup, quand Greg a proposé Cobracadabra comme titre d’album, j’étais super emballé.

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Pouvez-vous me décrire le Studio 5 de Chênée, l’endroit, ceux qui y bossent et l’atmosphère qui y régnait pour l’enregistrement de votre album ?

Math : Un beau gros bâtiment avec plein de musiciens dedans. On a un local avec nos potes de Cocaine Piss et Daggers. Le reste des locaux, c’est beaucoup de groupes pop rock. On est clairement les plus sales et les plus bruyants du bâtiment. Le studio est pro, facilement accessible et à un prix très raisonnable. Que demander de mieux ?

Hadri  : C’est un endroit assez nouveau, bien équipé. On y a passé 2 jours avec notre ingé son et ami, Olivier Jacqmin. Les groupes sont toujours accompagnés d’un ingé agréé, capable de se servir du matériel du studio.

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Est-il encore possible aujourd’hui d’étiqueter des groupes d’un genre grunge ?
Est-ce que ce mouvement musical n’est pas mort en même temps que le décès de Kurt Cobain ?

Math : Je pense que le terme grunge existait dix ans avant Nirvana, donc pas de raison qu’il disparaisse avec eux. Le style musical a évolué et ce n’est sûrement plus aussi puriste qu’à « l’époque Seattle », mais le terme reste et est toujours très utilisé aujourd’hui.

Hadri : Les meilleurs représentants du grunge n’existent plus (Barkmarket, Soundgarden au début, Nirvana, Hammerhead, Babes in Toyland) mais il y a de très bons groupes récents qui sonnent ‘grunge’ (Dilly Dally, Roomrunner, Greys, Metz…). Tant que des groupes proposeront des morceaux agressifs et mélodiques joués avec une guitare électrique, une basse et une batterie, on pourra dire que le grunge existe.

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Qu’est-ce qui vous plaît le plus lorsque vous jouez sur scène ?

Math : Les bières et la bouffe gratos. Mais pas quand y a des fruits. On est du genre à plutôt aimer les cacahuètes. La route aussi parce qu’on peut boire pendant qu’Hadri conduit.

Hadri : Sentir l’enthousiasme de certains spectateurs, les voir « danser ». Pour ça, notre dernier concert au Hangar à Liège était particulièrement cool.

Comment définiriez-vous l’ambiance de Cobracadabra en quelques mots ?

Math : « From Neil Young to Linkin Park ». Kolbjorn Barrow.


DRAMA
Interview faite le 08/10/17

Dario Mars and The Guillotines Interview

1 GROUPE POUR 3 DECENNIES DE ROCK

Le nouvel album, The Last Soap Buble Crash, des Dario Mars and The Guillotines ne pouvait passer à la trappe ! DRAMA s’accorde un entretien spécial entourant l’univers, la méthode de travail et les inspirations de cette bande de rockers.

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Qui est véritablement Dario Mars, comment est-il né ?

C’est un nom qui évoque pour nous la magie, le mystère… C’est notre Ziggy Stardust.

Pourquoi avoir enregistré d’abords les basse/batterie dans un gros studio, sur un 24 à bande, puis dans une petite maison au milieu de nulle part, jour et nuit au moyen d’un studio mobile ?

La section rythmique est pour nous à la base d’une composition. C’est ce qui donne à mon sens, le cachet d’un groupe, son style, sa griffe qui te fige dans une époque ou pas.
Nous avons, avec David, voulu soigner ce jeu, qui oscille entre late sixties rock, space rock et rock’n’roll. On a voulu habiter notre base rythmique pour qu’elle sonne à la fois nerveuse et puissante. Nous avions besoin du studio et du mec qui pourrait faire sonner ça. Cette personne était Jean Charles Cremers du Chênée palace, un vieux complice à moi qui a notamment produit le premier EP de Hulk. Ensuite, nous avons voulu soigner le « reste » en vase clos. C’est-à-dire qu’on a bidouillé nous-même des sons et chercher la prise ultime, surtout au niveau des chants.

Y a-t-il un message derrière la chanson « Gone With Sorrows » ?

Pas de réel message. C’est une chanson d’amour, ou un défunt parle a un être aimé toujours en vie… En l’occurrence, j’ai écrit cette chanson pour mon frère décédé il y a dix ans.

Si vous pouviez retourner dans les années 70, et que vous pouviez choisir de voir un groupe ou artiste en concert, lequel serait-il ?

David Bowie, Iggy Pop, Black Sabbath avec le line up original, ACDC avec Bon Scott, Aerosmith, DMZ, MC5, Dr. Feelgood, The Stranglers, The Damned, The Saints, Grandfunk Railroad, Tony Joe White, Creedence Clearwater Revival. Y en a tellement que je me bornerai à ceux-là! Tu dois lire Le Temps Du Twist de Joel Houssin.

Est-ce que les réalisateurs viennent vers toi Renaud, lorsqu’il faut composer une bande originale d’un film, ou c’est plutôt toi qui opte avec qui collaborer ?

Ce sont eux qui, invariablement viennent vers moi, sinon je ferais trois fois plus de films !

Avez-vous plus de liberté à composer de la musique pour un long métrage ou pour un album ?

Un album, sans hésitation. Ce qui est dur dans une musique de film, c’est que primo, il faut faire en sorte que ça marche (musique-image), deuxio que ça me plaise et tertio que ça plaise au réalisateur. Tout est question de compromis, de remises en question, d’essais… C’est parfois une somme de travail immense.
Pour un album, c’est beaucoup plus simple, faut juste que ça nous plaise.

Vu qu’il y a deux vocalistes, comment vous vous organisiez pour savoir qui chantait quoi et à quel moment ?

J’ai un timbre et une façon de chanter beaucoup plus rythmique, typé rock’n’roll 50. Bineta a une voix qui s’envole et te prend sur les mélodies, des trucs plus intenses, plus « chantés ».
Disons que les textes où il y a plus de consonnes, c’est moi, et ceux avec plus de voyelles, c’est elle. 
(rire) Sinon, il y a beaucoup d’harmonies, comme sur « Gone With Sorrows », nous chantons tous les deux du début à la fin. Nous adorons faire ça.

Votre public a sûrement de quoi être particulier.

En général, ce sont plus des mélomanes que les membres d’une « secte » (métal-rock-stoner, etc.), vu qu’on passe au mixer trois décennies de rock, ça se comprend aisément… Et c’est très bien comme ça !

DRAMA
Interview faite le 29/06/17

It It Anita Interview

DELIVRANCE SONORE

Le son saturé, rock et noise d’It It Anita sonne aux portes de JCCLM ! Sous vos yeux se lit un entretien allègre avec un groupe belge. Au menu : leur opus AGAAIIN, John Agnello, la scène musicale, Nirvana et le gingembre !

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Les images de vos pochettes d’album représentaient toujours des corps.
Pourquoi avoir privilégier des arbres sur celui-ci ?

Damien : l’arbre de toute façon est un corps aussi. On a collaboré avec un ami photographe pour les 2 premières pochettes. Pour le premier album, c’est lui qui nous avait proposé des images puis on a choisi et pour la deuxième on a eu l’idée ensemble. Pour le troisième disque, il n’avait plus le temps car il voyageait. Du coup, j’ai cherché dans mes archives photos. Cette photo là date d’avril dernier. C’est une photo qui avait une histoire en lien avec le groupe parce que ça faisait partie d’une de nos tournées. Cette photo détenait un chouette truc. Comme je suis graphiste, j’aime bien tout ce qui se passe au travers des images ou même des mots. On peut aussi apercevoir 3 roues sur la remorque qui font référence à ce troisième album, et si tu regardes l’arrière de la pochette du deuxième album, il y a une remorque à deux roues.

Tout est calculé.

Damien : C’est ça. Il y a tout le temps des codes cachés dans les images. A l’arrière du vinyle, il y a une photo du bar, près de New York, dans lequel on allait tous les soirs après les enregistrements. Elle aussi fait partie de l’histoire du groupe et dans le cadrage de l’image, on retrouve trois tabourets toujours en rapport au troisième disque.

Mike : Si tu écoutes le disque à l’envers… Ca parle de Satan !

(rire)

Damien : Si tu passes le disque à l’envers, c’est Tool qui chante une chanson sur Satan.

Bryan : 33, 33, 666…

Damien : 33 fois 666 ça fait…

Mike : Et quand tu l’écoutes à l’endroit, ça fait 999.

Avez-vous enregistré à Brooklyn ?

Bryan : Hey, on n’est pas des pouilleux hein.

(rire)

Damien : On était à côté de New York, à Hoboken, dans le New Jersey. C’est à 20 minutes de New York, si tu voyages en train.

Mike : C’est une île.

Damien : On était dans un studio qui s’appelle Water Music. C’est un studio qui a vu passer Beyoncé, Pavement, Noir Désir.

Pouvez-vous m’expliquer le morceau « Ginger » ?

Mike : Pendant tout une époque, notre warm-up de concert mangeait du gingembre. C’est en croisant Jérémy du groupe liégeois The Experimental Tropic Blues Band, qu’on a demandé à son groupe, d’où venait leur énergie sur scène. Ils mangeaient du gingembre. Du coup, pour la boutade, on a commencé à en manger aussi. Puis on a commencé à en consommer en grande quantité. A la fin, on en parlait tellement que c’était devenu assez obsessionnel pour moi.

Damien : La chanson ne parle pas que de « gingembre ». Ca traite du fait de se dépasser via des substances pour essayer d’être toujours le meilleur. En plus de cela, avant d’enregistrer toutes nos démos, elles avaient toutes un nom de légume qui est une racine à la base. Il y avait une ancienne démo qui se nommait « betterave », « beet » en anglais. Ce titre est resté pour le dernier morceau, « New Beet ».
C’est pareil pour « Parnsip ».

A part le gingembre, y a-t-il autre chose qui vous pousse à vous surpasser ?

Damien : Les pets de Bryan me poussent à me dépasser.

(rire)

Cymophan : Et donc le gingembre vous aidait vraiment ?

Mike : Oui, c’est un truc cool à prendre.

Damien : Ca booste quoi.

Bryan : Ca donne une envie incroyable de baiser.

Damien : C’est aphrodisiaque. 

Mike : Ca m’est déjà arrivé aussi de cracher un morceau de gingembre parce que c’était trop fort.

Bryan : Ah oui…

Mike : C’est quand même un truc fou qui m’est arrivé.

(rire)

Damien : « Ginger » signifie « roux » également, tout comme l’est notre ingénieur du son.

Je pensais que c’était une chanson pour les roux.

Damien : Mais c’est pour tout. C’est universel.

Avez-vous l’impression d’être une tout autre personne lorsque vous faites de la musique ?

Damien : Moi je me sens Bryan, une fois sur scène.

Bryan : Et moi je me sens un peu comme Damien.

Mike : La scène est un des derniers espaces de liberté qu’il nous reste.

Bryan : Putain quoi… Ca c’est classe mon gars.

Damien : C’est beau ce que tu dis.

Mike : Tu fais ce que tu veux sur scène et en règle générale, on n’est pas vraiment des gens extravertis. Que du contraire, on est ennuyeux. On est plutôt des vieux cons.

(rire) Ouais, c’est pas très vendeur tout ça.

Mike : C’est une interview vérité !

(rire)

Bryan : Mike a bien résumé les choses. J’y évacue l’énergie que j’ai en trop, de la nervosité, la tension de la semaine. Je ne me sens pas quelqu’un d’autre. La scène fait partie de moi et elle me permet vraiment de faire des choses autrement.

Damien : Dans la vie, on est des gens calmes et posés qui font des blagues à la con, mais sur scène, il y a une énergie en plus qui nous vient.

Quelle est votre plus grosse peur sur scène ?

Mike : Les problèmes techniques parce qu’on bouge beaucoup sur scène. Pour le reste, je n’ai pas de réelle peur, c’est le plaisir qui prime. Aujourd’hui, on joue à Liège, alors que ça fait des années qu’on n’y a plus fait de concert. On est hyper content.

Damien : Notre dernier concert à Liège, c’était à l’été 2015.

Bryan, n’as-tu pas peur de péter ta batterie ?

Bryan : Non, à part pour la caisse claire ou des peaux. Le vrai problème que j’ai déjà eu, c’est d’avoir la chiasse sur scène. J’ai déjà eu le cas sur scène et je l’avais quittée, en plein concert, pendant dix minutes. Heureusement, le guitariste a su meubler en prenant ma place à la batterie.

Cela me rappelle ton anecdote sur The Dillinguer Escape Plan, lorsqu’on avait fait l’interview avec The Hype. Qu’est-ce qui est le plus important dans vos compositions, mis-à-part avoir un bon son ?

Damien : Le son.

(rire)

Mike : Je pense que le plus important, c’est que tout le monde y puisse y retrouver son compte. Il n’y a rien de pire que de jouer des choses que tu aimes à moitié ou que l’on t’impose. L’essence d’un bon morceau, c’est que tout le monde en soit content de le jouer. Sans pour autant être fier, mais juste y prendre du plaisir. Et si les gens qui nous écoutent aiment ce que l’on propose, c’est la petite cerise sur la gâteau.

Êtes-vous d’accord avec Mike ?

Damien : Ah mais ouais, nous, on est de toutes façons toujours d’accord avec Mike.

Mike : C’est comme ça.

(rire)

Damien : On prend notre pied. Il y a des morceaux qu’on ne joue plus car ils n’ont plus de rapport avec ce qu’on joue maintenant. Notre setlist se compose vraiment de morceaux qu’on a envie de jouer. Il y a même eu une période où on faisait des reprises, comme Pavement, vu qu’on voulait les jouer à ce moment là.

Mike : C’est un peu égoïste mais c’est comme ça aussi.

Bryan : Je suis tout à fait d’accord avec ce qui vient d’être dit.

Quel était le meilleur endroit où vous avez joué ensemble ?

Mike : Bonne question !

Damien : Dernièrement, il y a eu un chouette souvenir dans un festival en Espagne. Il y avait beaucoup de monde et de gens réceptifs. C’était cool de noter qu’on avait fait 2000 kilomètres pour se retrouver en face de plus gens qu’ici, à 50 kilomètres de chez nous.

Mike : C’était des gens curieux.

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Est-ce que c’était un grand festival ?

Damien : Ca s’appelait la Monkey Week et c’est un peu l’équivalent d’un festival de 4 à 5 jours, qui se déroule sur plusieurs endroits, tout comme le Sioux Festival ou encore le Autumn Fall.

Bryan : Le premier jour, on a joué sur une piste d’auto-tamponneuse. C’était vraiment génial.

Mike : C’était très agréable.

Bryan : C’était très festif. Les auto-tamponneuses ne fonctionnaient pas, je tiens à le préciser.

Avez-vous rencontré des groupes sympathiques là-bas ?

Damien : On a rencontré un groupe mexicain qui nous a invité au Mexique. On va essayer d’y aller l’année prochaine.

J’ai vu que vous faisiez un truc avec Cocaine Piss aussi.

Mike : On joue avec eux bientôt. Ce sont des potes avec qui on a déjà joué.

Si j’en parle, c’est aussi parce qu’ils avaient fait un album avec Steve Albini. Ca ne vous intéresserait pas de faire un album avec lui ?

Damien : On a fait un album avec John Agnello, qui est l’équivalent de Steve Albini mais en moins connu et en plus gentil. Steve Albini a un côté un peu froid dans sa production.

L’avez-vous déjà rencontré ?

Damien : Non, pas vraiment.

Mike : Oui ou non ?

Damien : Non…

(rire)

Bryan : Je pense l’avoir vu. Pas vraiment. Mais suivant la règle des 3, si tu connais ce gars là…

Mike : On l’connait quoi.

Bryan : On l’connait.

(rire)

Damien : C’est ça. On connait des gars qui le connaissent. Il a cette réputation d’être assez froid dans sa façon de faire. Alors que John Agnello, c’est le tonton qui va venir vers toi, qui fait des « hug » à l’américaine et qui met directement à l’aise en studio. C’est le deuxième disque que l’on fait avec lui. Pour le premier, il était venu en Belgique, à Sprimont, début 2015. Pour le deuxième album par contre, c’est nous qui, au début de 2016, nous sommes aller le trouver au Water Music. C’est un gars qui a bossé avec Sonic Youth, Kurt Vile, Cindy Loper…

Comment avez-vous fait pour le contacter ?

Damien : Via un contact commun et Internet. On lui a fait écouter des trucs, puis on lui a proposé de collaborer. Il était d’accord. On avait demandé les prix qu’il nous faisait et ça rentrait dans notre budget.

Je vais m’intéresser à ce qu’il a fait.

Damien : C’est vraiment le son nineties que l’on recherche. C’est la musique avec laquelle on a grandi donc forcément, c’est une musique qui nous parle.

Votre style me fait vraiment pensé à Sonic Youth. Rien qu’à penser aux sons saturés dans morceau « 25 (From Floor To Ceiling) ».

Mike : On aime ce genre de son.

Damien : C’est aussi pour cela qu’on voulait collaborer avec lui, vu ses antécédents et sa magie à reproduire des atmosphères nineties. Il produit encore maintenant de supers groupes comme Cymbals Eat Guitars, Kurt Vile ou même Dinosaur Jr, dont il était derrière chaque album, sans parler des projets de Jay Mascis sur le côté.

Est-ce qu’une tournée américaine est possible ?

Damien : On espère ! Ce n’est pas prévu pour le moment.

Mike : C’est compliqué au niveau…

Du budget ?

Mike : Non c’est plus le Visa de travail qui rend la tâche difficile.

Demande à Trump.

Mike : Je vais l’appeler de ce pas. En tout cas, ce serait super d’aller jouer là-bas, même s’il y a trop d’appelés et peu d’élus.

Damien : Ils ont beaucoup de groupes, originaires des USA, qui valent tellement la peine d’être reconnus, qu’ils ne s’emmerdent pas à faire fonctionner des groupes étrangers. C’est pareil pour l’Angleterre. Lorsqu’on a été jouer à Londres, ou même à Glascow, ce sont des villes avec 200 concerts tous les soirs. T’as beau débarqué, tant que tu n’as pas payer de promotion ou quelqu’un pour faire ta publicité en radio, sur des blogs ou autres, peu de gens viendront à tes concerts.

Mike : A Londres ça allait encore.

Damien : C’est vrai qu’il y avait un peu de monde à Londres. Au sinon, tu n’es personne pour ce genre de public. Ces personnes ont d’autres habitudes et se tournent vers autre chose qu’une musique étrangère.

Pensez-vous qu’à votre époque, il y aurait eu beaucoup plus de gens curieux à vos concerts ?

Mike : Je pense que l’offre est beaucoup plus intéressante maintenant. Le développement d’Internet a donné naissance à plein de sorties d’albums venant de groupes de qualité. On n’a jamais eu accès à autant de musique que maintenant. Alors que dans les années 90, on écoutait ce qui sortait.

Damien : On se tenait au courant via les mass media. On savait ce qui existait car on lisait les journaux.

Mike : Je pense que c’était beaucoup plus dur de faire de la musique à cette époque.

Damien : Avec tout ce qui apparaît désormais sur le paysage musical, il faut jouer des coudes pour te faire une place.

Qui sont les plus grands héritiers de Nirvana ?

Damien : J’ai eu une sensation de retrouver la patte de ce groupe, en écoutant le deuxième album de Cloud Nothing, produit par Steve Albini. J’y avais retrouvé une espèce d’incandescence adolescente, de fougue et de rage dans leur musique et dans leur manière de composer.

Mike : Je pense qu’il n’y a plus d’artistes aussi fédérateurs qu’eux et qu’il n’y en aura plus. De par la simplicité et les avantages de leurs chansons, ils sont uniques.

Bryan : Je pense pareil. En ce qui concerne la façon de jouer de Dave Grohl, elle m’a motivé à faire le batterie.

Qu’entendez-vous par « simplicité » ?

Bryan : Ils allaient droit au but, sans faire de fioritures.

Mike : Ils ont des morceaux qui se composent de 3 ou 4 accords, mais ces mêmes accords sont sublimes et bien choisis. Je ne sais pas si c’est dû au hasard mais les détracteurs de Kurt Cobain ont torts, selon moi, il sait super bien jouer et chanter.

Bryan : Lorsque tu es batteur, tu sais facilement reproduire le jeu efficace de Grohl. Il n’est pas dans l’optique de faire du jazz ou du post-rock compliqué, c’est un bourrin qui va à l’essentiel tout en suivant les rythmiques de Kurt à la gratte. Ca m’a fort enthousiasmé et inspiré dans mon jeu.

Tes paroles me font penser à la chanson « Scentless Apprentice ». Grohl délivre une prestation monstrueuse. Son jeu se combine parfaitement avec la guitare de Kurt.

Bryan : En tout cas, ça m’a aidé d’écouter ce type de musique.

Tu es un grand fan aussi.

Mike : Ca a libéré beaucoup de gens.

Bryan : Oui, c’est toujours le cas pour moi.

Mike : Il n’y a pas besoin d’être Steve Vai pour accéder à de hauts niveaux. Personnellement, je n’y connais rien en guitare et en techniques, je ne serai jamais un « guitar hero », et tant mieux, et dès que tu vois un personnage comme Kurt Cobain, t’as envie de te lancer dans des projets.

C’est vraiment un chouette groupe pour apprendre à jouer d’un instrument.

Mike : Oui.

Mine de rien ça parait simple, ne serait-ce que les répétitions de « power chords »…

Mike : C’est forcément naïf, oui.

Mais, mon frère me disait qu’une certaine complexité s’y cache derrière parfois.

Mike : Oui. Quand tu écoutes la ligne de basse de Krist Novoselic, c’est loin d’être bateau, c’est plutôt hyper mélodieux. Puis ce groupe est un trio, ce que je trouve vraiment noble.

Bryan : T’es viré Damien.

(rire)

Mike : No mais j’insiste là-dessus parce qu’ils avaient ce côté d’être juste 3 sans manquer de rien. C’est top.

Damien : Ils étaient simples mais pas simplistes.

Bryan : Et efficaces.

Mike : Je trouve ça important qu’il n’y ait pas que du bruit et qu’on retrouve toujours une belle mélodie.

Définirais-tu le son de Sonic Youth comme étant du « bruit » ?

Mike : Ils ont fait tellement de choses. C’est du « bruit » que peu de gens pourraient imiter. Ils ont plein de morceaux mélodieux tout de même, avec souvent des accordages un peu bizarres mais avec des refrains chantables.

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Interview menée par Drama – Interview réalisée le 21/01/2017

Fatbabs Interview

DEPRESSION A ZERO

Le beatmaker français Fatbabs nous livre un premier ep nommé Daily Jam. Cet évènement ne pouvait passer à la trappe ! C’est pourquoi jcclm invite ce chanteur, beatmaker et producteur à répondre à quelques questions autour de son projet.

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Est-ce que tu es plus porté à composer une musique relaxante ou dansante ?

J’affectionne les deux mais mon tempérament m’oblige à dire dansant. Effectivement, je suis assez énergique et j’aime savoir que des gens vont danser sur la musique que je propose. Les sons énergiques sont également plus faciles à défendre sur scène et il est vrai que j’aime mettre le bordel sur scène.

Comment es-tu rentré en contact avec Naâman ?

Il y a de ça quelques années, nous nous sommes rencontrés sur Rennes via un ami qui pensait que nos styles pouvaient matcher. Apparemment il n’a pas eu tort car depuis, on a sorti une mixtape, deux albums et le troisième est en route. On vient tout juste de le terminer, sa sortie est prévue pour octobre 2016. Ce fut un vrai tournant pour moi de rencontrer Naâman. Depuis, on est toujours ensemble sur les routes, ça me permet de vivre de ma passion, et par la même occasion, de rencontrer un tas de gens cool.

Qui est ton modèle en musique ?

Si je ne devais citer qu’une seule personne, ce serait Diplo. Pas forcément pour toute la musique qu’il crée, mais pour son acharnement et sa volonté à croire en sa musique et à la hisser au plus haut point. Je suis admiratif de son travail et de sa persévérance. Je pense même qu’il a influencé toute cette nouvelle vague caribéenne que l’on peut constater dans la musique en ce moment. Il travaille également avec des artistes jamaïcains, ce qui me parle beaucoup. Petite anecdote, je viens de me réveiller en trance car je rêvais que Diplo m’offrait 2 cassettes de record sampling et que moi je lui filais mon Daily Jam

Au niveau des instrus, aimes-tu plus travailler seul dans ton coin ou collaborer avec de nombreux musiciens ? 

La plupart du temps je commence une instrumentale seul dans mon coin. Par la suite, je m’entoure de musiciens pour embellir ma maquette et la rendre plus organique. Je procède ainsi depuis peu et c’est vraiment intéressant. Ca m’apprend énormément de choses sur la musique et l’utilité de tel ou tel instrument. Comprendre et construire avant de déconstruire, c’est super formateur. J’ai procédé ainsi durant l’élaboration de Daily Jam. C’était un vrai plaisir de s’entourer d’autant de musiciens, une super expérience.

Depuis que tu as commencé la musique, quelle a été ta plus belle découverte dans ce domaine ?

Le bonheur que cela peut créer. Quoi qu’il arrive, si je me dis que même une personne décolle de chez elle le matin pour aller au boulot en étant pas trop motivée et met un de mes sons dans sa caisse, puis retrouve la pêche, alors c’est gagné. Avec Naâman nous avons parfois des retours vraiment émouvants de gens qui écoutent notre musique. Ca n’a pas de prix cette chose là, c’est la raison pour laquelle je n’arrêterai jamais ce que je fais. Même à petite échelle, c’est magnifique de pouvoir influer sur l’état d’esprit des gens. La musique est selon moi le meilleur antidépresseur du monde, alors quand ça marche, c’est un honneur d’être celui qui la prescrit.

Y a-t-il des artistes/groupes que tu trouves sous-estimés ? Si oui, pourquoi le sont-ils et qui sont-ils ?

On travaille avec beaucoup de gens qui mériteraient encore plus d’audimat, vu le travail et la qualité fournie. Si je pense bien à une personne quand tu me demandes ça, c’est mon ami Kool A. C’est un chanteur de Bordeaux, originaire du Rwanda. J’ai rarement rencontré quelqu’un capable de m’impressionner autant. Il rappe, il chante et écrit ses textes. C’est vraiment quelqu’un qui mérite d’être plus connu, alors go check it!!!!

Où révérais-tu de faire un concert de folie ?

Je suis un grand fan de HIPHOP et de black music en générale, si bien que si un jour je joue à Los Angeles ou à New York, il se passera quelques chose dans ma tête, même si le rêve américain devient de moins en moins beau…

DRAMA
Interview faite le 19/05/17

The Devil’s Work Interview

REVELATIONS DU DIABLE

Trio de folie, le groupe rock The Devil’s Work a décidé d’en terminer avec son périple sur la scène musicale. Jcclm livre leurs ultimes révélations pour tout fan ou néophyte de ces Liégeois aux sons qui font capoter!

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Quels étaient les objectifs de votre groupe lorsqu’il s’est formé ?

Butt : Oh rien de très ambitieux : ouvrir les portes de l’Enfer, conquérir le monde, asservir l’humanité, le B.A.-BA du rock’n’roll quoi !! Plus sérieusement, au départ je voulais démarrer un projet solo, mais je me suis vite rendu compte que c’était plus malin d’utiliser la créativité des autres membres et de fonctionner comme un « vrai » groupe, où chacun apporte sa pierre à l’édifice. Ce qui était amusant au départ, c’était qu’on était tous les trois à contre emploi : je n’avais jamais joué de guitare électrique dans un groupe, pareil pour Zoé à la basse, et notre premier batteur était guitariste ! Au-delà de ça, on voulait juste s’amuser et faire du rock n’roll, sans prise de tête, et à ce niveau on s’en est assez bien sortis je trouve !

Est-ce que Liège est une ville remplie de rockeurs ?

Butt : Je vais sans doute pas faire l’unanimité, mais je trouve que oui en fait ! Ça fait 25 ans que je traîne dans ce milieu à Liège et ailleurs, et je trouve qu’on est dans une période assez cool en fait. Il y a plein de bons groupes dans tous les styles, il y a plein de concerts et d’initiatives sympas, je trouve qu’on n’a vraiment pas à se plaindre ! Et je souligne en particulier le travail de La Zone qui, depuis que Mathieu a mis le nez dedans, a une programmation d’enfer ! Je n’oublie pas non plus Marc et le collectif Mental, le Smile, la Légia, il y plein d’endroits et de gens motivés à faire bouger les choses et Dieu sait que ce n’est pas facile, mais ils y vont, chapeau à tous ces gars !! Même le Reflektor commence à s’ouvrir au rock et au métal !! Anthrax, Dog Eat Dog ou Madball à Liège, personne ne l’a vu venir, et personne n’y aurait cru il y a 2 ans à peine !! Au niveau des gens, le succès de lieux comme le Warzone et la proportion de mecs barbus et tatoués au km² me fait penser que oui, Liège est une ville remplie de rockeurs, et c’est tant mieux !!

Comment est née la chanson « Another Man » ?

Butt : C’est la chanson préférée de mon fils ! C’est aussi ma première compo pour ce projet, elle a eu plusieurs formes avant de prendre celle qu’elle a aujourd’hui. Elle résume bien l’esprit que je cherchais dans ce projet : du rock’n’roll débridé, simple, efficace, avec des riffs qu’on retient… Niveau paroles, ça parle des gens qui s’expriment par la colère ou la violence parce qu’ils n’arrivent pas à se faire entendre autrement, et par extension, de violence conjugale. C’est rigolo hein ? On a des chansons avec des thèmes plus légers, demande moi de parler de « The Killing Sun » !

Vas-y explique moi.

Butt : Il s’agit d’une chanson qui parle de l’emprise maléfique que peut avoir la crème solaire sur les gens qui ont une peau sensible au Soleil. Pour ces gens (dont je fais partie), le Soleil est un ennemi mortel, qui ne peut être vaincu que par la pénombre, jusqu’au moment où arrive l’indice 50, avec ses promesses, et son prix à payer !

Vu qu’il y a deux vocalistes (Zoey et Butt), comment vous vous organisiez pour savoir qui chantait quoi/à quel moment ?

Butt : au début, c’est moi qui chantait tout. Quand Zoé a rejoint le groupe, elle se contentait de jouer de la basse, mais dès le départ je voulais qu’elle chante aussi ! Ça a commencé assez vite avec « Demons », qu’elle chante seule, et de fil en aiguille, on a essayé de plus en plus de composer des chansons où on chante tous les deux, en harmonie ou en alternance. Il n’y a pas de règles, mais en général je lui laisse les parties que je ne sais pas jouer à la guitare et chanter en même temps.

Zoé : Haha ! C’est vrai ! Mais le « qui fait quoi » s’est souvent imposé à nous, lorsque nous travaillions une chanson ensemble.

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Est-ce qu’il y a un message caché derrière le dessin se trouvant sur la pochette de The Bright Side Of The Apocalypse ?

Butt : le dessin est de Zoé, elle peut sans doute en parler mieux que moi. Le titre par contre, illustre bien l’esprit du groupe : on dit souvent qu’on fait du doom, mais avec le sourire. L’humour est important. C’est que du rock’n’roll, rien de tout ça n’est bien sérieux, donc on s’amuse un peu avec les clichés du genre. On aime bien rigoler avec Satan et la fin du monde en fait… « Just because we’re all doomed, doesn’t mean we can’t have a good time ». J’adore parler de thèmes dramatiques avec humour. Peter Steele est le maître du genre, et il a une grande influence sur mon écriture.

Zoé : En réalité, je voulais illustrer « The Devil’s Work » dans un premier temps. Il y a donc un bouc, symbole du Diable, qui présente un crâne humain dans sa main. La peinture existait avant le titre de l’EP.

Quel sont vos meilleurs souvenirs en studio et en concerts ?

Butt : on n’a été qu’une fois en studio, pour l’EP. C’était une super expérience, au Noise Factory. Gerald, le maître des lieux, a fait un super boulot, et nous a donné des conseils excellents, sans jamais nous prendre de haut sous prétexte qu’on est des amateurs. J’aurais adoré y retourner pour enregistrer un album, mais je pense que j’ai eu les yeux plus gros que le ventre sur ce projet, qu’on a donc abandonné en même temps que le groupe. C’est mon seul regret : j’aurais bien voulu laisser une trace sonore avec Séba à la batterie, notre ancien batteur qui joue sur l’EP. Sur scène, on a plein de bons souvenirs, on a eu la chance de pouvoir jouer aussi souvent qu’on le souhaitait sans vraiment faire le forcing pour trouver des dates, et ça c’est cool. A titre personnel, les deux dates que j’ai préférées, c’était à La Legia avec les Danois de The Hyle et Evra. Pas beaucoup de monde, mais on a passé une super soirée avec les Danois. Notre premier concert au Belvédère était vraiment cool aussi. On ne connaissait pas grand monde dans le public (c’est assez rare, on joue souvent devant les potes), et les réactions étaient cool. J’étais particulièrement en forme ce soir-là. Je garde assez peu de mauvais souvenirs de concert en fait, on fait toujours en sorte que ça se passe bien…

Quel artiste/groupe reste indémodable et toujours aussi puissant musicalement à vos yeux ?

Butt : Sans aucune hésitation : BLACK SABBATH !!! C’est par eux que tout a commencé, et leurs six premiers albums sont essentiels à tout qui prétend aimer la musique à guitare saturée. Mais je suis un ultra boulimique de musique, donc je pourrais te citer 12 000 groupes, de David Bowie à Obituary, en passant par les Beastie Boys ou Claude Barzotti !!

Est-ce qu’on peut s’attendre à un autre projet après la dissolution de votre groupe ?

Butt : Moi, je suis prépensionné du rock’n’roll. C’est moi qui suis à l’origine de la fin du groupe, et je n’ai pas l’intention de redémarrer un autre projet. Après, il ne faut jamais dire jamais, mais pour l’instant, j’en suis là.

Zoé : en ce qui me concerne, je compte bien continuer dans le même genre de style. Ça fait longtemps que j’ai envie de composer seule pour voir ce qui sort. M’en voilà l’occasion !

Séba : En ce qui me concerne, j’ai toujours TILL DAWN, mon groupe principal avec lequel on prépare notre deuxième album et quelques jours après avoir annoncé la fin du groupe, on m’a contacté pour faire du tambour dans un autre trio rock : Scramjet. L’essai a été concluant, le courant est bien passé, donc dès qu’on aura terminé l’aventure The Devil’s Work, je recommence une nouvelle histoire.

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Interview faite le 17/05/17

Giraffe Tongue Orchestra Interview

Brent Hinds, Ben Wheiman, Thomas Pridgen, Pete Griffin and William DuVall viennent d’horizons différents. Ils sont avant tout des musiciens hors pair. Ils sont aussi membres de Girafe Tongue Orchestra : un véritable événement musical ! Broken line est leur premier album. William DuVall est notre invité pour cette interview totalement inédite !

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Quelle est la raison derrière la naissance de GTO ?

L’origine vient de l’admiration mutuelle que nous avons depuis longtemps les uns pour les autres. Ben Wheinman et Brent Hinds m’ont d’abord abordé pour collaborer sur GTO, il y a approximativement 7 ans. Cependant, pour de nombreuses raisons incluant nos emplois du temps chargé avec nos autres groupes, il a fallu attendre jusque 2016 pour que tout se concrétise enfin.

Pourquoi avez-vous choisi la girafe comme symbole de votre groupe ?

Brent Hinds visitait la section des girafes dans un zoo en Australie. Il a eu l’occasion de leur donner des bananes. Selon Brent, ces girafes ont été capables de prendre les bananes de sa main, de les éplucher et de les manger en un seul mouvement rapide rien qu’avec leurs langues. Brent était tellement impressionné qu’il a suggéré que le nom du groupe soit Girafe Tongue. Le mot Orchestra a été ajouté plus tard. Nous étions tous d’accord pour dire que la girafe était un animal magnifique et unique. Brent Hinds en est un aussi d’ailleurs.

En termes de musique, vous notez sans doute une différence entre un groupe comme Alice in Chains et GTO.

La musique de GTO est la somme totale de toutes nos influences musicales provenant de notre enfance. L’album Broken Lines a de tout : du punk au rock progressif jusqu’au disco, parfois dans la même chanson. GTO impose sa propre marque complètement séparée de nos autres groupes. Ce groupe représente une étape majeure pour chacune de nos carrières.

Qu’apprenez-vous en jouant avec des musiciens provenant d’autres groupes ?

Collaborer pour écrire des chansons est une des choses les plus intimes qu’on puisse partager avec quelqu’un, particulièrement quand ce quelqu’un prend la musique au sérieux comme Ben, Brent et moi-même. On peut vraiment en apprendre énormément sur la manière dont l’autre pense et comment il structure ses idées. Je me sens privilégié d’avoir eu cette expérience avec Ben et Brent. Et je suis très reconnaissant d’avoir interprété un album, et sur scène, avec Thomas Pridgen et Pete Griffin. En comptant le fait que le sentiment est partagé pour eux, je suis empli de gratitude.

Discutons de vos chansons. J’ai l’impression que les paroles ‘Blood Moon’ essaye d’évoquer quelque chose d’universel à propos de la vie moderne.

Oui. L’inspiration initiale pour les paroles de ‘Blood Moon’ nous est venue après avoir vu un jeune couple s’embrasser alors qu’ils remplissaient leur réservoir d’essence dans une station-service, à l’Est d’Atlanta. Ils étaient si beaux ensemble. Ils m’ont frappé comme l’incarnation idéale d’une jeunesse fabuleuse – tu peux avoir peu d’argent, mais tu as tes amis, tu as ton amour et quand tu sors le soir, le monde entier est à toi.

Dans le clip de crucifixion, vous comparez Donald Trump à Adolf Hitler. Qu’est-ce qui vous mène à voir le gouvernement américain de cette manière ?

Récemment, l’Amérique a certainement pris un tournant très malheureux en politique. Mais l’attitude latente qui a mené à ce virement politique, elle, était présente pendant des décennies, voire des siècles, même avant la fondation de l’Amérique. La vidéo de crucifixion a été créée plusieurs mois avant l’élection présidentielle de 2016. Mais de nombreux événements dérangeants ont prit place dès les premiers jours de la campagne. La frénésie nationaliste et la violence attisée au rallye de Trump semblaient étrangement rappeler les incidents qui ont pris place en Europe, avant la Seconde Guerre mondiale. Et avec tout cela, il y avait les coups fourrés qui ont eu lieu dans l’envers du décor par chacun des partis politiques majeurs en Amérique, durant la campagne de 2016. Ils ont pavé le chemin de la victoire de Trump et la situation dans laquelle l’Amérique se trouve aujourd’hui. Il y a un vieil adage qui dit : C’était écrit sur les murs. Ce qui s’est passé est évocateur. Il semble juste que l’art reflète les sentiments de l’artiste sur ce qu’il se passe.

N’est-il pas difficile d’être d’accord avec chaque membre quand vous composez ?

Lorsque plusieurs individus avec des personnalités fortes se rassemblent pour collaborer, il est inévitable qu’il y ait des différences d’opinions occasionnelles. Il y a aussi une immense admiration mutuelle, ce qui engendre beaucoup de confiance. Je pense que nous avons fait du bon travail sur GTO, en nous permettant de bien diviser les charges. Je les laisse s’occuper de la musique et ils me laissent m’occuper des paroles ainsi que de la mélodie. Cette confiance et cette division du travail sont les raisons pour lesquelles nous avons réussi à créer un son que nous n’aurions pas pu achever autrement.

Derrière les paroles sombres du morceau, y a-t-il un message d’espoir ?

Absolument. Je pense que le sentiment prépondérant de l’album est l’espoir. Ça parle de réaliser son propre pouvoir malgré l’impression d’être écrasé par les circonstances.

Parfois, quand j’écoute votre musique, j’ai envie de danser. GTO est-il plus pour les danseurs ou pour les révolutionnaires ?

LES DEUX ! La révolution n’est rien sans la danse, de préférence dans la rue.

DRAMA – Interview réalisée le 17/05/17

Ledé Markson Interview

AGIR POUR SES REVES

Le rap belge existe. Une nouvelle vague de rappeurs belges déferle sur les scènes francophones. L’artiste liégeois, Ledé, a décidé de nous livrer quelques mots autour de son projet, ses influences et ses convictions.

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Pourquoi ne pas avoir combiné les chansons de Napalm et de Delta-Plane pour en faire un et un même album ?

Parce que je les ai faites à 2 périodes différentes de ma vie. Delta-Plane a été enregistré en 2015, et est sorti début 2016, alors que Napalm a été enregistré fin 2016, pour sortir finalement en 2017. Quand tu débutes, c’est mieux de sortir beaucoup de morceaux en une courte période, plutôt que d’attendre trop longtemps avant de sortir quoi que ce soit.

Est-ce que tu composes tout seul au niveau des instrus ou t’as un groupe qui te suit ?

Je compose tout seul quand je fais des instrus, mais je fais parfois appel à des musiciens professionnels pour mettre une basse, une guitare ou encore une trompette. Pour Napalm, j’ai aussi collaboré avec le beatmaker Mataya pour la moitié de l’album.

Est-ce de façon naturelle que tu parles de Liège dans certaines de tes chansons ou c’est parce que tu t’es inspiré d’autres rappeurs qui parlent de leurs villes ?

C’est clair que si j’avais pas entendu des gens comme Kendrick Lamar parler de L.A. ou Kanye West parler de Chicago, j’aurais peut-être jamais parlé de Liège comme je le fais. Parler de sa ville, c’est la base, car on est un produit de son environnement et si je rends pas hommage à la ville qui a fait ce que je suis actuellement, ce serait un manque de respect. Après, chacun parle de ce qu’il veut. C’est pas non plus un plan stratégique, je ne me force pas, je parle de Liège parce que mon inspi fait que je vais parler de Liège.

Comment définirais-tu Liège par rapport aux autres villes que tu connais ?

C’est une ville particulière pour moi. Elle peut être un mélange de toutes les autres villes du monde, et en même temps, elle est unique. Elle n’est pas assez grande pour rivaliser avec Bruxelles, Paris ou autre, mais elle n’est pas assez petite pour passer inaperçu. Liège est sous-côtée alors qu’elle a un potentiel incroyable. Mais la seule difficulté dans la vie, c’est d’arriver à exploiter son potentiel au maximum.

Est-ce important que le rap soit un genre de musique aux paroles engagées ?

Non. Car je ne me considère pas comme un rappeur engagé. Engagé dans quoi? Je donne de l’importance aux paroles mais il faut aussi qu’il y ait des morceaux comme « Rapper’s Delight » de Sugarhill Gang pour pouvoir décompresser en soirée. Il n’y a pas de case dans le rap, pas de barrière. Il y a des règles certes, mais le champ d’action est incroyablement vaste.

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N’as-tu pas l’impression que c’est l’heure de gloire du rap belge en ce moment, avec notamment des artistes comme Roméo Elvis, Damso, Caballero et JeanJass ? Qu’en penses-tu ?

Ce serait viser trop bas que de penser qu’on est actuellement dans l’heure de gloire du rap belge. Le meilleur est à venir. L’apogée viendra quand le rap belge sera connu internationalement et aura quelques « Grammies » à son compteur. Là, on pourra parler « d’heure de gloire ».

Durant les années 90, ce que les adolescents écoutaient énormément était le grunge, mouvement musical lancé par Nirvana entre autres.  J’ai l’impression que ce qui fonctionne vraiment et qui parlent aux jeunes de nos jours, c’est le rap. As-tu une réponse à ce phénomène ? Comment l’expliquer ?

Le rap c’est hyper facile à faire au final en terme de ressources matérielles. Le grunge, c’était une guitare, un ampli, 4 accords et on est parti. Le rap c’est un micro, un ordi, une voix et c’est bon. C’est comme le football, un ballon, un goal et tu peux jouer. Ça explique pourquoi les DJ et les rappeurs sont les nouvelles stars du moment. C’est simple et c’est dans l’ère du temps. La technologie a permis au rap d’être facile à faire et a donc contribué à son succès.

Qu’est-ce que tu as voulu faire passer comme message dans ton morceau « Momentum » ?

« Momentum » est une carte de visite. C’est l’équivalent de ce que je peux faire, la vibe que je peux donner et le message que je peux faire passer juste à l’aide de mots bien choisis. Si on va plus loin, une des idées que je voulais faire passer c’est: « Je débarque sans prévenir, sans demander la permission, et je vous impose ma façon de voir les choses. », sans me soucier de ce que les gens bien-pensants pourraient juger de ma musique.

Qu’est-ce que tu entends par Trop tard pour vivre la vie de rêve dans « Nitro » ?

C’est un message pour tous les gens obnubilés par l’envie de devenir une star, d’avoir des millions dans le compte en banque. C’est pessimiste mais réaliste. Si tu ne te bouges pas le cul maintenant pour réaliser tes rêves, c’est trop tard. C’est un peu pour faire réfléchir. C’est pas en pensant à ses rêves qu’ils vont se concrétiser, c’est plutôt en les faisant que tout devient réel.

Parmi les chansons que tu connais, quelles sont les paroles qui t’ont le plus marquée l’esprit ?

Des artistes comme Baloji, Gandhi, James Deano en rap francophone. Pour les américains, Eminem, Kendrick Lamar, Kanye West, et beaucoup d’autres m’ont marqué au niveau des paroles. C’est impossible de choisir un seul morceau. Je n’aime pas me limiter à un seul son. C’est un artiste, et non pas pas une phrase tirée de son contexte, qui me touche. J’aime bien avoir l’impression de connaître un artiste grâce à sa musique.

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Interview faite le 01/05/17

Talisco Interview

LA LUMIERE DES GRANDS ESPACES

Bête de scène, guitariste talentueux et chanteur de folie, Talisco est un musicien français qui, avec Capitol Vision, signe un second opus aux morceaux ensoleillés et directs.
Cette interview dévoile ses projets futurs, son amour pour L.A. et la musique.

Qu’est-ce qui t’as poussé à faire de la musique ?

Bonne question. Je n’en ai aucune idée. Ça date de quand j’étais gamin. Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours eu ce besoin de créer, raconter des choses et de m’exprimer. J’ai commencé à jouer de la musique lorsque je j’ai appris à manier une guitare, à mes 11 ans. C’était un moyen assez facile pour s’exprimer. Il suffit de faire deux ou trois accords, de chanter par dessus et après tu peux faire d’autres choses de façon spontanée. C’est pas si important de savoir si « c’est bien » ou « pas bien », le principal est de pouvoir s’exprimer. Voilà comment tout a démarré.

Est-ce que t’as débuté avec Talisco ou avec d’autres petits groupes ?

Talisco existe depuis 5 ans, c’est-à-dire depuis peu. Talisco c’est le nom d’un projet, à part ça, j’ai toujours fait de la musique. J’ai fait beaucoup de chose de manière dilettante, puis plus sérieuses depuis 5 ans.

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Quand j’écoute ta musique, je m’imagine toujours plongé en plein dans un western. Est-ce qu’il y a un lien entre ce genre du cinéma et ta musique ? Y as-tu puiser des influences ?

Il y a beaucoup de choses qui m’ont influencé et marqué. J’aime les grands espaces car on y retrouve une notion de « liberté ». En ces lieux, j’aime aussi y voir de la lumière. Du coup, t’as une projection qui est intimement liée à toute ma conception de la liberté. Quand on regarde des western, on rencontre toujours ce que j’explique, que ce soit quand on nous montre le Far West ou alors de grands déserts espagnols. Le western m’a donc probablement influencé. En tout cas, le décors colle bien avec l’image que je me fais de cette « évasion » et de cette « liberté ». Ce qui m’intéresse et influence le plus quand je fais de la musique, c’est cette volonté de vouloir aller chercher de la liberté et de l’évasion.

T’as dû découvrir plusieurs endroits tels que tu viens de décrire, n’est-ce pas ?

Oui, en grand nombre.

Est-ce que ces mêmes endroits ont été inspirant pour tes chansons ?

Je ne sais pas. Aux États-Unis, on peut retrouver des espaces assez incroyables, surtout en Californie. Puis, il y a également un climat qui ressemble à celui présent au Sud de l’Espagne. Un climat méditerranéen qui est chaud, rempli de lumières, agréable, qui te donne envie de rester et de profiter. Je pense que beaucoup de paysages de la Californie m’ont inspirés.

Est-ce qu’ont t’as déjà proposé de composer des musiques de film ?

Oui on me l’a déjà proposé. Malheureusement, pour le moment, je n’ai pas le temps pour cela car je suis vachement concentré pour ce que je produis au sein du projet Talisco. Autour de ça, il y a la création de l’album, beaucoup de concerts et par conséquent beaucoup de voyages. Au final, c’est quelque chose que je réserve pour plus tard mais on peut dire que c’est prévu pour un futur proche.

Ah super. Je te vois bien là-dedans.

J’adorerais.

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Entre la sortie de ton premier album et le second, y a-t-il eu des événements qui ont fait en sorte que tu n’as plus perçu ou joué la musique comme avant ?

Le live, les concerts ont un tout petit peu changé ma façon d’écrire la musique. Je n’ai pas réellement changer dans ma manière d’appréhender la musique et de la créer. Le live m’a donné une envie de créer une musique plus vivante. J’ai voulu rapprocher, et non assimiler, le disque et le live. En effet, certains sons sont plus bruts et directs, et c’est en cela qu’il y a un changement.

Y a-t-il un concert que tu as vraiment aimé faire, où les gens bougeaient réellement plus qu’ailleurs ?

C’est difficile à choisir vu qu’on en a fait beaucoup depuis ces 3 dernières années. Il y a des scènes marquantes. Un des concerts qui m’a le plus marqué, c’est quand on avait fait un petit live où on avait joué une quarantaine de minutes, place de la République à Paris. C’était devant près de 10 000 personnes. Et cette même place se trouve juste à côté de chez moi. Si tu veux, quand tu fais un live avec autant de personnes à un endroit que tu côtoies tous les jours et où d’habitude il ne passe quasiment jamais rien de spécial… Se rendre compte qu’on est en présence de 10 000 personnes qui sont à fond, juste pour un concert… Fin c’est fou quoi. J’ai adoré ce moment.

Quelle est la chanson dont tu es le plus fier pour ce qui est de sa composition ?

En fait, je les aime toutes. Il n’y a aucun morceau que j’ai placé par dépit. J’ai eu le choix et j’ai fait beaucoup de morceaux avant d’en sélectionner dix ou un onze pour un même album. Aucun n’est mis à l’écart. Ce n’est pas une question de « fierté », mais ceux que je retiens sont « Behind the River » ou encore « Sitting with the Braves », complexes à créer étant donné qu’ils abordent des thèmes durs comme la Mort. Pour ces raisons, ce sont des morceaux que je retiens.

Personnellement, j’aime beaucoup « The Race ». J’espère que tu la joueras à ce concert.

On ne va pas la jouer ce soir. On a pas eu le temps de la bosser mais on va la travailler pour la pouvoir l’exécuter bientôt.

« The Race » a son côté Pixies…

Complétement. Je fais référence aux Pixies.

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Juste dans sa sonorité ?

Dans sa sonorité et dans les paroles. J’ai fait en sorte d’inventer un son dans l’esprit des Pixies. Je parle aussi vite fait de l’album Sufer Rosa.

Que penses-tu du dernier album des Pixies ?

Je ne l’ai pas écouté.

Je ne retrouve plus leur magie et je pense qu’ils sont dans une routine qui leur fait défaut. N’est-ce pas une hantise de toujours faire le même style de musique ?

Ouais, ouais peut-être. Mais je crois que pour ce cas-ci, c’est différent parce que les Pixies forment un groupe…

Qui ont influencé pas mal d’autres…

No no, ils forment un groupe avec une certaine méthode et façon de travailler. Ce n’est pas pareil quand on est seul comme moi. Par exemple, je ne crains pas de faire toujours le même son.

Est-ce que les Pixies font parties de tes idoles ?

Ils m’ont vraiment impressionné quand j’étais gosse. Quand j’ai découvert Sufer Rosa, j’ai trouvé ça génial.

C’est vrai que c’était simple et efficace.

Sufer Rosa contient des morceaux de 2min30, voire 3 min grand maximum, et tu te prends une tarte rien qu’avec ça. Cet album est fou.

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Tu sais assurément partager ton meilleur souvenir, lors de l’enregistrement de ton deuxième album.

Le meilleur souvenir n’est pas un évènement survenu pendant l’enregistrement, mais bien avant. C’est lorsque j’ai rencontré Joshua Johnson pour le mix. On s’est rencontré à une soirée à Los Angeles, où on a sympathisé.

Est-ce un producteur ?

C’est un mixeur. Moi quand j’ai enregistré l’album, j’ai fait un pré-mix, où j’équilibre les morceaux et après, je vais voir un mixeur qui va mettre le tout en évidence. Ainsi, il engendre les sons avec la bonne fréquence, avec la couleur et l’empreinte qu’il faut. Joshua Johnson est un mixeur assez connu qui a beaucoup travaillé avec des personnages hip hop, comme Asap Rocky, Jay-Z, Snoop Dog, des énormes…

Et il s’était intéressé à toi, c’est ça ?

C’est plutôt moi qui m’étais intéressé à lui. J’ai été le voir pour savoir si ça le tentait de bosser avec moi. Je lui avais clairement dit que j’avais envie que ce soit lui qui mixe mes morceaux. Ma musique n’est pas du hip hop mais je trouvais ça cool que ce ne soit pas empathique comme démarche, qu’il n’aille pas faire un mix pop rock ou autre. J’attendais quelque chose qui ait un peu plus de gueule. L’avoir rencontrer, aller dans ses studios et s’être focalisé avec lui sur l’opus, à Los Angeles, c’était dingue.

Est-ce qu’on peut s’attendre à de futures collaborations avec des artistes hip hop ?

C’est possible.

C’est possible?! Wow. Ce serait différent…

Ouais. J’ai plein de projets annexes. Beaucoup de choses vont arriver bientôt…

Beaucoup de choses se sont passées à Los Angeles, c’est ça ?

Effectivement. C’est une ville que j’aime beaucoup. J’y retourne d’ailleurs dans quelques semaines. Je m’y sens vachement bien et on y vit à la « cool ».

Et le climat est toujours le même depuis que Donald Trump a été élu ?

Je n’y suis pas allé depuis. Je suis resté en France pour la sortie de Capitol Vision.

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DRAMA
Interview faite le 16/03/17
Photos ©Dominique Houcmant/Goldo – Reflektor

Insecte Interview

POUSSER A L’IMAGINATION

Membre d’un groupe français, séjournant à Bruxelles, nommé Insecte, Oscar Pouts-Lajus a accepté de répondre aux questions de DRAMA. Après votre lecture, vous n’aurez plus aucun secret au sujet de ce petit phénomène en expansion !

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D’où tirez-vous ce nom de groupe ?

À l’origine on s’appelait Inceste. Douce provocation qui n’a pas fait rire tout le monde. Dans notre intérêt, on a préféré inverser 2 lettres et voilà Insecte. Beaucoup plus facile à porter.

Pourquoi avoir choisi de chanter en français et non pas en anglais ?

Au début, je chantais en anglais. J’ai essayé un premier morceau en français (« Fil d’eau Fil d’air ») et j’ai trouvé ça tout de suite plus originale et plus intéressant. Comme mes influences sont en grande partie anglo-saxonnes, le simple fait de chanter en français me donne la sensation d’être moins dans le mimétisme d’une culture qui n’est en fait pas la mienne. Depuis quelques années, le français revient à la mode. Je pense que c’est une bonne chose.

Est-ce que les paroles de vos chansons ont une place importante (où les mots ont une certaine profondeur) dans vos compostions ou vous choisissez des mots juste pour qu’ils collent à une certaine mélodie, pour leurs sonorités ?

Avant d’écrire le texte d’un morceau, je compose toujours la mélodie. Les paroles sont donc au service de la mélodie. C’est rarement l’inverse. Le texte a tout de même son importance, même si il reste étrange, voire énigmatique. Le but c’est que chacun peut l’interpréter comme il le souhaite. Ça pousse à l’imagination.

N’avez-vous pas peur de vous renfermer très vite et très facilement dans un seul style de musique ?

Pas spécialement. Les 2 EPs ont été fait pendant la même période et sont liés. Il fallait qu’il y ait une certaine homogénéité entre les morceaux. On verra l’évolution qu’aura pris le prochain album.

Quels sont les auteurs, chanteurs, cinéastes qui vous ont poussé à faire de la musique ?

J’ai commencé à composer quand j’étais au collège. À l’époque j’écoutais les groupes du moment, c’est-à-dire Radiohead, Arctic Monkeys, The Strokes, etc. Mais très sincèrement j’ai toujours été passionné par la musique en générale. Je ne pense pas que ce soit des auteurs, chanteurs ou cinéastes en particulier qui m’ont poussé à faire de la musique.

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Quels sont les albums que vous admirez pour le moment ?

Le dernier album que j’ai adoré c’est celui d’Arca qui s’intitule également Arca. Sinon je citerai Drunk de Thundercat, Process de Sampha, Recto Verso de Paradis et Have You In My Wilderness de Julia Holter. Ah oui, et Currents de Tame Impala bien sûr.

La chanson « Tokyoto » me fait énormément penser aux sons du groupe Le Colisée, les connaissez-vous ? Si oui, serait-il possible de voir une future collaboration entre eux et vous ?

Oui effectivement on les connaît. J’ai déjà fais des enregistrements pour leur prochain album. On verra comment cela évolue. Il y aura surement une collaboration avec David pour un projet futur d’Insecte.

Qu’est-ce qu’annonce et qu’est-ce qu’il faut comprendre dans le « Au Revoir ! » lâché de multiples fois dans le dernier morceau de Deux ?

Je pense qu’on peut tout simplement voir ce morceau comme l’outro des 2 EPs. Et ça veut surtout dire qu’Insecte reviendra très prochainement avec de nouveaux projets.

DRAMA
Interview faite le 21/04/17
Première photo : Lev. (prise à son, au Welcome Spring Festival, le 26/04/17)