Interview

Dario Mars and The Guillotines Interview

1 GROUPE POUR 3 DECENNIES DE ROCK

Le nouvel album, The Last Soap Buble Crash, des Dario Mars and The Guillotines ne pouvait passer à la trappe ! DRAMA s’accorde un entretien spécial entourant l’univers, la méthode de travail et les inspirations de cette bande de rockers.

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Qui est véritablement Dario Mars, comment est-il né ?

C’est un nom qui évoque pour nous la magie, le mystère… C’est notre Ziggy Stardust.

Pourquoi avoir enregistré d’abords les basse/batterie dans un gros studio, sur un 24 à bande, puis dans une petite maison au milieu de nulle part, jour et nuit au moyen d’un studio mobile ?

La section rythmique est pour nous à la base d’une composition. C’est ce qui donne à mon sens, le cachet d’un groupe, son style, sa griffe qui te fige dans une époque ou pas.
Nous avons, avec David, voulu soigner ce jeu, qui oscille entre late sixties rock, space rock et rock’n’roll. On a voulu habiter notre base rythmique pour qu’elle sonne à la fois nerveuse et puissante. Nous avions besoin du studio et du mec qui pourrait faire sonner ça. Cette personne était Jean Charles Cremers du Chênée palace, un vieux complice à moi qui a notamment produit le premier EP de Hulk. Ensuite, nous avons voulu soigner le « reste » en vase clos. C’est-à-dire qu’on a bidouillé nous-même des sons et chercher la prise ultime, surtout au niveau des chants.

Y a-t-il un message derrière la chanson « Gone With Sorrows » ?

Pas de réel message. C’est une chanson d’amour, ou un défunt parle a un être aimé toujours en vie… En l’occurrence, j’ai écrit cette chanson pour mon frère décédé il y a dix ans.

Si vous pouviez retourner dans les années 70, et que vous pouviez choisir de voir un groupe ou artiste en concert, lequel serait-il ?

David Bowie, Iggy Pop, Black Sabbath avec le line up original, ACDC avec Bon Scott, Aerosmith, DMZ, MC5, Dr. Feelgood, The Stranglers, The Damned, The Saints, Grandfunk Railroad, Tony Joe White, Creedence Clearwater Revival. Y en a tellement que je me bornerai à ceux-là! Tu dois lire Le Temps Du Twist de Joel Houssin.

Est-ce que les réalisateurs viennent vers toi Renaud, lorsqu’il faut composer une bande originale d’un film, ou c’est plutôt toi qui opte avec qui collaborer ?

Ce sont eux qui, invariablement viennent vers moi, sinon je ferais trois fois plus de films !

Avez-vous plus de liberté à composer de la musique pour un long métrage ou pour un album ?

Un album, sans hésitation. Ce qui est dur dans une musique de film, c’est que primo, il faut faire en sorte que ça marche (musique-image), deuxio que ça me plaise et tertio que ça plaise au réalisateur. Tout est question de compromis, de remises en question, d’essais… C’est parfois une somme de travail immense.
Pour un album, c’est beaucoup plus simple, faut juste que ça nous plaise.

Vu qu’il y a deux vocalistes, comment vous vous organisiez pour savoir qui chantait quoi et à quel moment ?

J’ai un timbre et une façon de chanter beaucoup plus rythmique, typé rock’n’roll 50. Bineta a une voix qui s’envole et te prend sur les mélodies, des trucs plus intenses, plus « chantés ».
Disons que les textes où il y a plus de consonnes, c’est moi, et ceux avec plus de voyelles, c’est elle. 
(rire) Sinon, il y a beaucoup d’harmonies, comme sur « Gone With Sorrows », nous chantons tous les deux du début à la fin. Nous adorons faire ça.

Votre public a sûrement de quoi être particulier.

En général, ce sont plus des mélomanes que les membres d’une « secte » (métal-rock-stoner, etc.), vu qu’on passe au mixer trois décennies de rock, ça se comprend aisément… Et c’est très bien comme ça !

DRAMA
Interview faite le 29/06/17

It It Anita Interview

DELIVRANCE SONORE

Le son saturé, rock et noise d’It It Anita sonne aux portes de JCCLM ! Sous vos yeux se lit un entretien allègre avec un groupe belge. Au menu : leur opus AGAAIIN, John Agnello, la scène musicale, Nirvana et le gingembre !

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Les images de vos pochettes d’album représentaient toujours des corps.
Pourquoi avoir privilégier des arbres sur celui-ci ?

Damien : l’arbre de toute façon est un corps aussi. On a collaboré avec un ami photographe pour les 2 premières pochettes. Pour le premier album, c’est lui qui nous avait proposé des images puis on a choisi et pour la deuxième on a eu l’idée ensemble. Pour le troisième disque, il n’avait plus le temps car il voyageait. Du coup, j’ai cherché dans mes archives photos. Cette photo là date d’avril dernier. C’est une photo qui avait une histoire en lien avec le groupe parce que ça faisait partie d’une de nos tournées. Cette photo détenait un chouette truc. Comme je suis graphiste, j’aime bien tout ce qui se passe au travers des images ou même des mots. On peut aussi apercevoir 3 roues sur la remorque qui font référence à ce troisième album, et si tu regardes l’arrière de la pochette du deuxième album, il y a une remorque à deux roues.

Tout est calculé.

Damien : C’est ça. Il y a tout le temps des codes cachés dans les images. A l’arrière du vinyle, il y a une photo du bar, près de New York, dans lequel on allait tous les soirs après les enregistrements. Elle aussi fait partie de l’histoire du groupe et dans le cadrage de l’image, on retrouve trois tabourets toujours en rapport au troisième disque.

Mike : Si tu écoutes le disque à l’envers… Ca parle de Satan !

(rire)

Damien : Si tu passes le disque à l’envers, c’est Tool qui chante une chanson sur Satan.

Bryan : 33, 33, 666…

Damien : 33 fois 666 ça fait…

Mike : Et quand tu l’écoutes à l’endroit, ça fait 999.

Avez-vous enregistré à Brooklyn ?

Bryan : Hey, on n’est pas des pouilleux hein.

(rire)

Damien : On était à côté de New York, à Hoboken, dans le New Jersey. C’est à 20 minutes de New York, si tu voyages en train.

Mike : C’est une île.

Damien : On était dans un studio qui s’appelle Water Music. C’est un studio qui a vu passer Beyoncé, Pavement, Noir Désir.

Pouvez-vous m’expliquer le morceau « Ginger » ?

Mike : Pendant tout une époque, notre warm-up de concert mangeait du gingembre. C’est en croisant Jérémy du groupe liégeois The Experimental Tropic Blues Band, qu’on a demandé à son groupe, d’où venait leur énergie sur scène. Ils mangeaient du gingembre. Du coup, pour la boutade, on a commencé à en manger aussi. Puis on a commencé à en consommer en grande quantité. A la fin, on en parlait tellement que c’était devenu assez obsessionnel pour moi.

Damien : La chanson ne parle pas que de « gingembre ». Ca traite du fait de se dépasser via des substances pour essayer d’être toujours le meilleur. En plus de cela, avant d’enregistrer toutes nos démos, elles avaient toutes un nom de légume qui est une racine à la base. Il y avait une ancienne démo qui se nommait « betterave », « beet » en anglais. Ce titre est resté pour le dernier morceau, « New Beet ».
C’est pareil pour « Parnsip ».

A part le gingembre, y a-t-il autre chose qui vous pousse à vous surpasser ?

Damien : Les pets de Bryan me poussent à me dépasser.

(rire)

Cymophan : Et donc le gingembre vous aidait vraiment ?

Mike : Oui, c’est un truc cool à prendre.

Damien : Ca booste quoi.

Bryan : Ca donne une envie incroyable de baiser.

Damien : C’est aphrodisiaque. 

Mike : Ca m’est déjà arrivé aussi de cracher un morceau de gingembre parce que c’était trop fort.

Bryan : Ah oui…

Mike : C’est quand même un truc fou qui m’est arrivé.

(rire)

Damien : « Ginger » signifie « roux » également, tout comme l’est notre ingénieur du son.

Je pensais que c’était une chanson pour les roux.

Damien : Mais c’est pour tout. C’est universel.

Avez-vous l’impression d’être une tout autre personne lorsque vous faites de la musique ?

Damien : Moi je me sens Bryan, une fois sur scène.

Bryan : Et moi je me sens un peu comme Damien.

Mike : La scène est un des derniers espaces de liberté qu’il nous reste.

Bryan : Putain quoi… Ca c’est classe mon gars.

Damien : C’est beau ce que tu dis.

Mike : Tu fais ce que tu veux sur scène et en règle générale, on n’est pas vraiment des gens extravertis. Que du contraire, on est ennuyeux. On est plutôt des vieux cons.

(rire) Ouais, c’est pas très vendeur tout ça.

Mike : C’est une interview vérité !

(rire)

Bryan : Mike a bien résumé les choses. J’y évacue l’énergie que j’ai en trop, de la nervosité, la tension de la semaine. Je ne me sens pas quelqu’un d’autre. La scène fait partie de moi et elle me permet vraiment de faire des choses autrement.

Damien : Dans la vie, on est des gens calmes et posés qui font des blagues à la con, mais sur scène, il y a une énergie en plus qui nous vient.

Quelle est votre plus grosse peur sur scène ?

Mike : Les problèmes techniques parce qu’on bouge beaucoup sur scène. Pour le reste, je n’ai pas de réelle peur, c’est le plaisir qui prime. Aujourd’hui, on joue à Liège, alors que ça fait des années qu’on n’y a plus fait de concert. On est hyper content.

Damien : Notre dernier concert à Liège, c’était à l’été 2015.

Bryan, n’as-tu pas peur de péter ta batterie ?

Bryan : Non, à part pour la caisse claire ou des peaux. Le vrai problème que j’ai déjà eu, c’est d’avoir la chiasse sur scène. J’ai déjà eu le cas sur scène et je l’avais quittée, en plein concert, pendant dix minutes. Heureusement, le guitariste a su meubler en prenant ma place à la batterie.

Cela me rappelle ton anecdote sur The Dillinguer Escape Plan, lorsqu’on avait fait l’interview avec The Hype. Qu’est-ce qui est le plus important dans vos compositions, mis-à-part avoir un bon son ?

Damien : Le son.

(rire)

Mike : Je pense que le plus important, c’est que tout le monde y puisse y retrouver son compte. Il n’y a rien de pire que de jouer des choses que tu aimes à moitié ou que l’on t’impose. L’essence d’un bon morceau, c’est que tout le monde en soit content de le jouer. Sans pour autant être fier, mais juste y prendre du plaisir. Et si les gens qui nous écoutent aiment ce que l’on propose, c’est la petite cerise sur la gâteau.

Êtes-vous d’accord avec Mike ?

Damien : Ah mais ouais, nous, on est de toutes façons toujours d’accord avec Mike.

Mike : C’est comme ça.

(rire)

Damien : On prend notre pied. Il y a des morceaux qu’on ne joue plus car ils n’ont plus de rapport avec ce qu’on joue maintenant. Notre setlist se compose vraiment de morceaux qu’on a envie de jouer. Il y a même eu une période où on faisait des reprises, comme Pavement, vu qu’on voulait les jouer à ce moment là.

Mike : C’est un peu égoïste mais c’est comme ça aussi.

Bryan : Je suis tout à fait d’accord avec ce qui vient d’être dit.

Quel était le meilleur endroit où vous avez joué ensemble ?

Mike : Bonne question !

Damien : Dernièrement, il y a eu un chouette souvenir dans un festival en Espagne. Il y avait beaucoup de monde et de gens réceptifs. C’était cool de noter qu’on avait fait 2000 kilomètres pour se retrouver en face de plus gens qu’ici, à 50 kilomètres de chez nous.

Mike : C’était des gens curieux.

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Est-ce que c’était un grand festival ?

Damien : Ca s’appelait la Monkey Week et c’est un peu l’équivalent d’un festival de 4 à 5 jours, qui se déroule sur plusieurs endroits, tout comme le Sioux Festival ou encore le Autumn Fall.

Bryan : Le premier jour, on a joué sur une piste d’auto-tamponneuse. C’était vraiment génial.

Mike : C’était très agréable.

Bryan : C’était très festif. Les auto-tamponneuses ne fonctionnaient pas, je tiens à le préciser.

Avez-vous rencontré des groupes sympathiques là-bas ?

Damien : On a rencontré un groupe mexicain qui nous a invité au Mexique. On va essayer d’y aller l’année prochaine.

J’ai vu que vous faisiez un truc avec Cocaine Piss aussi.

Mike : On joue avec eux bientôt. Ce sont des potes avec qui on a déjà joué.

Si j’en parle, c’est aussi parce qu’ils avaient fait un album avec Steve Albini. Ca ne vous intéresserait pas de faire un album avec lui ?

Damien : On a fait un album avec John Agnello, qui est l’équivalent de Steve Albini mais en moins connu et en plus gentil. Steve Albini a un côté un peu froid dans sa production.

L’avez-vous déjà rencontré ?

Damien : Non, pas vraiment.

Mike : Oui ou non ?

Damien : Non…

(rire)

Bryan : Je pense l’avoir vu. Pas vraiment. Mais suivant la règle des 3, si tu connais ce gars là…

Mike : On l’connait quoi.

Bryan : On l’connait.

(rire)

Damien : C’est ça. On connait des gars qui le connaissent. Il a cette réputation d’être assez froid dans sa façon de faire. Alors que John Agnello, c’est le tonton qui va venir vers toi, qui fait des « hug » à l’américaine et qui met directement à l’aise en studio. C’est le deuxième disque que l’on fait avec lui. Pour le premier, il était venu en Belgique, à Sprimont, début 2015. Pour le deuxième album par contre, c’est nous qui, au début de 2016, nous sommes aller le trouver au Water Music. C’est un gars qui a bossé avec Sonic Youth, Kurt Vile, Cindy Loper…

Comment avez-vous fait pour le contacter ?

Damien : Via un contact commun et Internet. On lui a fait écouter des trucs, puis on lui a proposé de collaborer. Il était d’accord. On avait demandé les prix qu’il nous faisait et ça rentrait dans notre budget.

Je vais m’intéresser à ce qu’il a fait.

Damien : C’est vraiment le son nineties que l’on recherche. C’est la musique avec laquelle on a grandi donc forcément, c’est une musique qui nous parle.

Votre style me fait vraiment pensé à Sonic Youth. Rien qu’à penser aux sons saturés dans morceau « 25 (From Floor To Ceiling) ».

Mike : On aime ce genre de son.

Damien : C’est aussi pour cela qu’on voulait collaborer avec lui, vu ses antécédents et sa magie à reproduire des atmosphères nineties. Il produit encore maintenant de supers groupes comme Cymbals Eat Guitars, Kurt Vile ou même Dinosaur Jr, dont il était derrière chaque album, sans parler des projets de Jay Mascis sur le côté.

Est-ce qu’une tournée américaine est possible ?

Damien : On espère ! Ce n’est pas prévu pour le moment.

Mike : C’est compliqué au niveau…

Du budget ?

Mike : Non c’est plus le Visa de travail qui rend la tâche difficile.

Demande à Trump.

Mike : Je vais l’appeler de ce pas. En tout cas, ce serait super d’aller jouer là-bas, même s’il y a trop d’appelés et peu d’élus.

Damien : Ils ont beaucoup de groupes, originaires des USA, qui valent tellement la peine d’être reconnus, qu’ils ne s’emmerdent pas à faire fonctionner des groupes étrangers. C’est pareil pour l’Angleterre. Lorsqu’on a été jouer à Londres, ou même à Glascow, ce sont des villes avec 200 concerts tous les soirs. T’as beau débarqué, tant que tu n’as pas payer de promotion ou quelqu’un pour faire ta publicité en radio, sur des blogs ou autres, peu de gens viendront à tes concerts.

Mike : A Londres ça allait encore.

Damien : C’est vrai qu’il y avait un peu de monde à Londres. Au sinon, tu n’es personne pour ce genre de public. Ces personnes ont d’autres habitudes et se tournent vers autre chose qu’une musique étrangère.

Pensez-vous qu’à votre époque, il y aurait eu beaucoup plus de gens curieux à vos concerts ?

Mike : Je pense que l’offre est beaucoup plus intéressante maintenant. Le développement d’Internet a donné naissance à plein de sorties d’albums venant de groupes de qualité. On n’a jamais eu accès à autant de musique que maintenant. Alors que dans les années 90, on écoutait ce qui sortait.

Damien : On se tenait au courant via les mass media. On savait ce qui existait car on lisait les journaux.

Mike : Je pense que c’était beaucoup plus dur de faire de la musique à cette époque.

Damien : Avec tout ce qui apparaît désormais sur le paysage musical, il faut jouer des coudes pour te faire une place.

Qui sont les plus grands héritiers de Nirvana ?

Damien : J’ai eu une sensation de retrouver la patte de ce groupe, en écoutant le deuxième album de Cloud Nothing, produit par Steve Albini. J’y avais retrouvé une espèce d’incandescence adolescente, de fougue et de rage dans leur musique et dans leur manière de composer.

Mike : Je pense qu’il n’y a plus d’artistes aussi fédérateurs qu’eux et qu’il n’y en aura plus. De par la simplicité et les avantages de leurs chansons, ils sont uniques.

Bryan : Je pense pareil. En ce qui concerne la façon de jouer de Dave Grohl, elle m’a motivé à faire le batterie.

Qu’entendez-vous par « simplicité » ?

Bryan : Ils allaient droit au but, sans faire de fioritures.

Mike : Ils ont des morceaux qui se composent de 3 ou 4 accords, mais ces mêmes accords sont sublimes et bien choisis. Je ne sais pas si c’est dû au hasard mais les détracteurs de Kurt Cobain ont torts, selon moi, il sait super bien jouer et chanter.

Bryan : Lorsque tu es batteur, tu sais facilement reproduire le jeu efficace de Grohl. Il n’est pas dans l’optique de faire du jazz ou du post-rock compliqué, c’est un bourrin qui va à l’essentiel tout en suivant les rythmiques de Kurt à la gratte. Ca m’a fort enthousiasmé et inspiré dans mon jeu.

Tes paroles me font penser à la chanson « Scentless Apprentice ». Grohl délivre une prestation monstrueuse. Son jeu se combine parfaitement avec la guitare de Kurt.

Bryan : En tout cas, ça m’a aidé d’écouter ce type de musique.

Tu es un grand fan aussi.

Mike : Ca a libéré beaucoup de gens.

Bryan : Oui, c’est toujours le cas pour moi.

Mike : Il n’y a pas besoin d’être Steve Vai pour accéder à de hauts niveaux. Personnellement, je n’y connais rien en guitare et en techniques, je ne serai jamais un « guitar hero », et tant mieux, et dès que tu vois un personnage comme Kurt Cobain, t’as envie de te lancer dans des projets.

C’est vraiment un chouette groupe pour apprendre à jouer d’un instrument.

Mike : Oui.

Mine de rien ça parait simple, ne serait-ce que les répétitions de « power chords »…

Mike : C’est forcément naïf, oui.

Mais, mon frère me disait qu’une certaine complexité s’y cache derrière parfois.

Mike : Oui. Quand tu écoutes la ligne de basse de Krist Novoselic, c’est loin d’être bateau, c’est plutôt hyper mélodieux. Puis ce groupe est un trio, ce que je trouve vraiment noble.

Bryan : T’es viré Damien.

(rire)

Mike : No mais j’insiste là-dessus parce qu’ils avaient ce côté d’être juste 3 sans manquer de rien. C’est top.

Damien : Ils étaient simples mais pas simplistes.

Bryan : Et efficaces.

Mike : Je trouve ça important qu’il n’y ait pas que du bruit et qu’on retrouve toujours une belle mélodie.

Définirais-tu le son de Sonic Youth comme étant du « bruit » ?

Mike : Ils ont fait tellement de choses. C’est du « bruit » que peu de gens pourraient imiter. Ils ont plein de morceaux mélodieux tout de même, avec souvent des accordages un peu bizarres mais avec des refrains chantables.

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Interview menée par Drama – Interview réalisée le 21/01/2017

Fatbabs Interview

DEPRESSION A ZERO

Le beatmaker français Fatbabs nous livre un premier ep nommé Daily Jam. Cet évènement ne pouvait passer à la trappe ! C’est pourquoi jcclm invite ce chanteur, beatmaker et producteur à répondre à quelques questions autour de son projet.

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Est-ce que tu es plus porté à composer une musique relaxante ou dansante ?

J’affectionne les deux mais mon tempérament m’oblige à dire dansant. Effectivement, je suis assez énergique et j’aime savoir que des gens vont danser sur la musique que je propose. Les sons énergiques sont également plus faciles à défendre sur scène et il est vrai que j’aime mettre le bordel sur scène.

Comment es-tu rentré en contact avec Naâman ?

Il y a de ça quelques années, nous nous sommes rencontrés sur Rennes via un ami qui pensait que nos styles pouvaient matcher. Apparemment il n’a pas eu tort car depuis, on a sorti une mixtape, deux albums et le troisième est en route. On vient tout juste de le terminer, sa sortie est prévue pour octobre 2016. Ce fut un vrai tournant pour moi de rencontrer Naâman. Depuis, on est toujours ensemble sur les routes, ça me permet de vivre de ma passion, et par la même occasion, de rencontrer un tas de gens cool.

Qui est ton modèle en musique ?

Si je ne devais citer qu’une seule personne, ce serait Diplo. Pas forcément pour toute la musique qu’il crée, mais pour son acharnement et sa volonté à croire en sa musique et à la hisser au plus haut point. Je suis admiratif de son travail et de sa persévérance. Je pense même qu’il a influencé toute cette nouvelle vague caribéenne que l’on peut constater dans la musique en ce moment. Il travaille également avec des artistes jamaïcains, ce qui me parle beaucoup. Petite anecdote, je viens de me réveiller en trance car je rêvais que Diplo m’offrait 2 cassettes de record sampling et que moi je lui filais mon Daily Jam

Au niveau des instrus, aimes-tu plus travailler seul dans ton coin ou collaborer avec de nombreux musiciens ? 

La plupart du temps je commence une instrumentale seul dans mon coin. Par la suite, je m’entoure de musiciens pour embellir ma maquette et la rendre plus organique. Je procède ainsi depuis peu et c’est vraiment intéressant. Ca m’apprend énormément de choses sur la musique et l’utilité de tel ou tel instrument. Comprendre et construire avant de déconstruire, c’est super formateur. J’ai procédé ainsi durant l’élaboration de Daily Jam. C’était un vrai plaisir de s’entourer d’autant de musiciens, une super expérience.

Depuis que tu as commencé la musique, quelle a été ta plus belle découverte dans ce domaine ?

Le bonheur que cela peut créer. Quoi qu’il arrive, si je me dis que même une personne décolle de chez elle le matin pour aller au boulot en étant pas trop motivée et met un de mes sons dans sa caisse, puis retrouve la pêche, alors c’est gagné. Avec Naâman nous avons parfois des retours vraiment émouvants de gens qui écoutent notre musique. Ca n’a pas de prix cette chose là, c’est la raison pour laquelle je n’arrêterai jamais ce que je fais. Même à petite échelle, c’est magnifique de pouvoir influer sur l’état d’esprit des gens. La musique est selon moi le meilleur antidépresseur du monde, alors quand ça marche, c’est un honneur d’être celui qui la prescrit.

Y a-t-il des artistes/groupes que tu trouves sous-estimés ? Si oui, pourquoi le sont-ils et qui sont-ils ?

On travaille avec beaucoup de gens qui mériteraient encore plus d’audimat, vu le travail et la qualité fournie. Si je pense bien à une personne quand tu me demandes ça, c’est mon ami Kool A. C’est un chanteur de Bordeaux, originaire du Rwanda. J’ai rarement rencontré quelqu’un capable de m’impressionner autant. Il rappe, il chante et écrit ses textes. C’est vraiment quelqu’un qui mérite d’être plus connu, alors go check it!!!!

Où révérais-tu de faire un concert de folie ?

Je suis un grand fan de HIPHOP et de black music en générale, si bien que si un jour je joue à Los Angeles ou à New York, il se passera quelques chose dans ma tête, même si le rêve américain devient de moins en moins beau…

DRAMA
Interview faite le 19/05/17

The Devil’s Work Interview

REVELATIONS DU DIABLE

Trio de folie, le groupe rock The Devil’s Work a décidé d’en terminer avec son périple sur la scène musicale. Jcclm livre leurs ultimes révélations pour tout fan ou néophyte de ces Liégeois aux sons qui font capoter!

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Quels étaient les objectifs de votre groupe lorsqu’il s’est formé ?

Butt : Oh rien de très ambitieux : ouvrir les portes de l’Enfer, conquérir le monde, asservir l’humanité, le B.A.-BA du rock’n’roll quoi !! Plus sérieusement, au départ je voulais démarrer un projet solo, mais je me suis vite rendu compte que c’était plus malin d’utiliser la créativité des autres membres et de fonctionner comme un « vrai » groupe, où chacun apporte sa pierre à l’édifice. Ce qui était amusant au départ, c’était qu’on était tous les trois à contre emploi : je n’avais jamais joué de guitare électrique dans un groupe, pareil pour Zoé à la basse, et notre premier batteur était guitariste ! Au-delà de ça, on voulait juste s’amuser et faire du rock n’roll, sans prise de tête, et à ce niveau on s’en est assez bien sortis je trouve !

Est-ce que Liège est une ville remplie de rockeurs ?

Butt : Je vais sans doute pas faire l’unanimité, mais je trouve que oui en fait ! Ça fait 25 ans que je traîne dans ce milieu à Liège et ailleurs, et je trouve qu’on est dans une période assez cool en fait. Il y a plein de bons groupes dans tous les styles, il y a plein de concerts et d’initiatives sympas, je trouve qu’on n’a vraiment pas à se plaindre ! Et je souligne en particulier le travail de La Zone qui, depuis que Mathieu a mis le nez dedans, a une programmation d’enfer ! Je n’oublie pas non plus Marc et le collectif Mental, le Smile, la Légia, il y plein d’endroits et de gens motivés à faire bouger les choses et Dieu sait que ce n’est pas facile, mais ils y vont, chapeau à tous ces gars !! Même le Reflektor commence à s’ouvrir au rock et au métal !! Anthrax, Dog Eat Dog ou Madball à Liège, personne ne l’a vu venir, et personne n’y aurait cru il y a 2 ans à peine !! Au niveau des gens, le succès de lieux comme le Warzone et la proportion de mecs barbus et tatoués au km² me fait penser que oui, Liège est une ville remplie de rockeurs, et c’est tant mieux !!

Comment est née la chanson « Another Man » ?

Butt : C’est la chanson préférée de mon fils ! C’est aussi ma première compo pour ce projet, elle a eu plusieurs formes avant de prendre celle qu’elle a aujourd’hui. Elle résume bien l’esprit que je cherchais dans ce projet : du rock’n’roll débridé, simple, efficace, avec des riffs qu’on retient… Niveau paroles, ça parle des gens qui s’expriment par la colère ou la violence parce qu’ils n’arrivent pas à se faire entendre autrement, et par extension, de violence conjugale. C’est rigolo hein ? On a des chansons avec des thèmes plus légers, demande moi de parler de « The Killing Sun » !

Vas-y explique moi.

Butt : Il s’agit d’une chanson qui parle de l’emprise maléfique que peut avoir la crème solaire sur les gens qui ont une peau sensible au Soleil. Pour ces gens (dont je fais partie), le Soleil est un ennemi mortel, qui ne peut être vaincu que par la pénombre, jusqu’au moment où arrive l’indice 50, avec ses promesses, et son prix à payer !

Vu qu’il y a deux vocalistes (Zoey et Butt), comment vous vous organisiez pour savoir qui chantait quoi/à quel moment ?

Butt : au début, c’est moi qui chantait tout. Quand Zoé a rejoint le groupe, elle se contentait de jouer de la basse, mais dès le départ je voulais qu’elle chante aussi ! Ça a commencé assez vite avec « Demons », qu’elle chante seule, et de fil en aiguille, on a essayé de plus en plus de composer des chansons où on chante tous les deux, en harmonie ou en alternance. Il n’y a pas de règles, mais en général je lui laisse les parties que je ne sais pas jouer à la guitare et chanter en même temps.

Zoé : Haha ! C’est vrai ! Mais le « qui fait quoi » s’est souvent imposé à nous, lorsque nous travaillions une chanson ensemble.

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Est-ce qu’il y a un message caché derrière le dessin se trouvant sur la pochette de The Bright Side Of The Apocalypse ?

Butt : le dessin est de Zoé, elle peut sans doute en parler mieux que moi. Le titre par contre, illustre bien l’esprit du groupe : on dit souvent qu’on fait du doom, mais avec le sourire. L’humour est important. C’est que du rock’n’roll, rien de tout ça n’est bien sérieux, donc on s’amuse un peu avec les clichés du genre. On aime bien rigoler avec Satan et la fin du monde en fait… « Just because we’re all doomed, doesn’t mean we can’t have a good time ». J’adore parler de thèmes dramatiques avec humour. Peter Steele est le maître du genre, et il a une grande influence sur mon écriture.

Zoé : En réalité, je voulais illustrer « The Devil’s Work » dans un premier temps. Il y a donc un bouc, symbole du Diable, qui présente un crâne humain dans sa main. La peinture existait avant le titre de l’EP.

Quel sont vos meilleurs souvenirs en studio et en concerts ?

Butt : on n’a été qu’une fois en studio, pour l’EP. C’était une super expérience, au Noise Factory. Gerald, le maître des lieux, a fait un super boulot, et nous a donné des conseils excellents, sans jamais nous prendre de haut sous prétexte qu’on est des amateurs. J’aurais adoré y retourner pour enregistrer un album, mais je pense que j’ai eu les yeux plus gros que le ventre sur ce projet, qu’on a donc abandonné en même temps que le groupe. C’est mon seul regret : j’aurais bien voulu laisser une trace sonore avec Séba à la batterie, notre ancien batteur qui joue sur l’EP. Sur scène, on a plein de bons souvenirs, on a eu la chance de pouvoir jouer aussi souvent qu’on le souhaitait sans vraiment faire le forcing pour trouver des dates, et ça c’est cool. A titre personnel, les deux dates que j’ai préférées, c’était à La Legia avec les Danois de The Hyle et Evra. Pas beaucoup de monde, mais on a passé une super soirée avec les Danois. Notre premier concert au Belvédère était vraiment cool aussi. On ne connaissait pas grand monde dans le public (c’est assez rare, on joue souvent devant les potes), et les réactions étaient cool. J’étais particulièrement en forme ce soir-là. Je garde assez peu de mauvais souvenirs de concert en fait, on fait toujours en sorte que ça se passe bien…

Quel artiste/groupe reste indémodable et toujours aussi puissant musicalement à vos yeux ?

Butt : Sans aucune hésitation : BLACK SABBATH !!! C’est par eux que tout a commencé, et leurs six premiers albums sont essentiels à tout qui prétend aimer la musique à guitare saturée. Mais je suis un ultra boulimique de musique, donc je pourrais te citer 12 000 groupes, de David Bowie à Obituary, en passant par les Beastie Boys ou Claude Barzotti !!

Est-ce qu’on peut s’attendre à un autre projet après la dissolution de votre groupe ?

Butt : Moi, je suis prépensionné du rock’n’roll. C’est moi qui suis à l’origine de la fin du groupe, et je n’ai pas l’intention de redémarrer un autre projet. Après, il ne faut jamais dire jamais, mais pour l’instant, j’en suis là.

Zoé : en ce qui me concerne, je compte bien continuer dans le même genre de style. Ça fait longtemps que j’ai envie de composer seule pour voir ce qui sort. M’en voilà l’occasion !

Séba : En ce qui me concerne, j’ai toujours TILL DAWN, mon groupe principal avec lequel on prépare notre deuxième album et quelques jours après avoir annoncé la fin du groupe, on m’a contacté pour faire du tambour dans un autre trio rock : Scramjet. L’essai a été concluant, le courant est bien passé, donc dès qu’on aura terminé l’aventure The Devil’s Work, je recommence une nouvelle histoire.

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Interview faite le 17/05/17

Giraffe Tongue Orchestra Interview

Brent Hinds, Ben Wheiman, Thomas Pridgen, Pete Griffin and William DuVall viennent d’horizons différents. Ils sont avant tout des musiciens hors pair. Ils sont aussi membres de Girafe Tongue Orchestra : un véritable événement musical ! Broken line est leur premier album. William DuVall est notre invité pour cette interview totalement inédite !

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Quelle est la raison derrière la naissance de GTO ?

L’origine vient de l’admiration mutuelle que nous avons depuis longtemps les uns pour les autres. Ben Wheinman et Brent Hinds m’ont d’abord abordé pour collaborer sur GTO, il y a approximativement 7 ans. Cependant, pour de nombreuses raisons incluant nos emplois du temps chargé avec nos autres groupes, il a fallu attendre jusque 2016 pour que tout se concrétise enfin.

Pourquoi avez-vous choisi la girafe comme symbole de votre groupe ?

Brent Hinds visitait la section des girafes dans un zoo en Australie. Il a eu l’occasion de leur donner des bananes. Selon Brent, ces girafes ont été capables de prendre les bananes de sa main, de les éplucher et de les manger en un seul mouvement rapide rien qu’avec leurs langues. Brent était tellement impressionné qu’il a suggéré que le nom du groupe soit Girafe Tongue. Le mot Orchestra a été ajouté plus tard. Nous étions tous d’accord pour dire que la girafe était un animal magnifique et unique. Brent Hinds en est un aussi d’ailleurs.

En termes de musique, vous notez sans doute une différence entre un groupe comme Alice in Chains et GTO.

La musique de GTO est la somme totale de toutes nos influences musicales provenant de notre enfance. L’album Broken Lines a de tout : du punk au rock progressif jusqu’au disco, parfois dans la même chanson. GTO impose sa propre marque complètement séparée de nos autres groupes. Ce groupe représente une étape majeure pour chacune de nos carrières.

Qu’apprenez-vous en jouant avec des musiciens provenant d’autres groupes ?

Collaborer pour écrire des chansons est une des choses les plus intimes qu’on puisse partager avec quelqu’un, particulièrement quand ce quelqu’un prend la musique au sérieux comme Ben, Brent et moi-même. On peut vraiment en apprendre énormément sur la manière dont l’autre pense et comment il structure ses idées. Je me sens privilégié d’avoir eu cette expérience avec Ben et Brent. Et je suis très reconnaissant d’avoir interprété un album, et sur scène, avec Thomas Pridgen et Pete Griffin. En comptant le fait que le sentiment est partagé pour eux, je suis empli de gratitude.

Discutons de vos chansons. J’ai l’impression que les paroles ‘Blood Moon’ essaye d’évoquer quelque chose d’universel à propos de la vie moderne.

Oui. L’inspiration initiale pour les paroles de ‘Blood Moon’ nous est venue après avoir vu un jeune couple s’embrasser alors qu’ils remplissaient leur réservoir d’essence dans une station-service, à l’Est d’Atlanta. Ils étaient si beaux ensemble. Ils m’ont frappé comme l’incarnation idéale d’une jeunesse fabuleuse – tu peux avoir peu d’argent, mais tu as tes amis, tu as ton amour et quand tu sors le soir, le monde entier est à toi.

Dans le clip de crucifixion, vous comparez Donald Trump à Adolf Hitler. Qu’est-ce qui vous mène à voir le gouvernement américain de cette manière ?

Récemment, l’Amérique a certainement pris un tournant très malheureux en politique. Mais l’attitude latente qui a mené à ce virement politique, elle, était présente pendant des décennies, voire des siècles, même avant la fondation de l’Amérique. La vidéo de crucifixion a été créée plusieurs mois avant l’élection présidentielle de 2016. Mais de nombreux événements dérangeants ont prit place dès les premiers jours de la campagne. La frénésie nationaliste et la violence attisée au rallye de Trump semblaient étrangement rappeler les incidents qui ont pris place en Europe, avant la Seconde Guerre mondiale. Et avec tout cela, il y avait les coups fourrés qui ont eu lieu dans l’envers du décor par chacun des partis politiques majeurs en Amérique, durant la campagne de 2016. Ils ont pavé le chemin de la victoire de Trump et la situation dans laquelle l’Amérique se trouve aujourd’hui. Il y a un vieil adage qui dit : C’était écrit sur les murs. Ce qui s’est passé est évocateur. Il semble juste que l’art reflète les sentiments de l’artiste sur ce qu’il se passe.

N’est-il pas difficile d’être d’accord avec chaque membre quand vous composez ?

Lorsque plusieurs individus avec des personnalités fortes se rassemblent pour collaborer, il est inévitable qu’il y ait des différences d’opinions occasionnelles. Il y a aussi une immense admiration mutuelle, ce qui engendre beaucoup de confiance. Je pense que nous avons fait du bon travail sur GTO, en nous permettant de bien diviser les charges. Je les laisse s’occuper de la musique et ils me laissent m’occuper des paroles ainsi que de la mélodie. Cette confiance et cette division du travail sont les raisons pour lesquelles nous avons réussi à créer un son que nous n’aurions pas pu achever autrement.

Derrière les paroles sombres du morceau, y a-t-il un message d’espoir ?

Absolument. Je pense que le sentiment prépondérant de l’album est l’espoir. Ça parle de réaliser son propre pouvoir malgré l’impression d’être écrasé par les circonstances.

Parfois, quand j’écoute votre musique, j’ai envie de danser. GTO est-il plus pour les danseurs ou pour les révolutionnaires ?

LES DEUX ! La révolution n’est rien sans la danse, de préférence dans la rue.

DRAMA – Interview réalisée le 17/05/17

Ledé Markson Interview

AGIR POUR SES REVES

Le rap belge existe. Une nouvelle vague de rappeurs belges déferle sur les scènes francophones. L’artiste liégeois, Ledé, a décidé de nous livrer quelques mots autour de son projet, ses influences et ses convictions.

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Pourquoi ne pas avoir combiné les chansons de Napalm et de Delta-Plane pour en faire un et un même album ?

Parce que je les ai faites à 2 périodes différentes de ma vie. Delta-Plane a été enregistré en 2015, et est sorti début 2016, alors que Napalm a été enregistré fin 2016, pour sortir finalement en 2017. Quand tu débutes, c’est mieux de sortir beaucoup de morceaux en une courte période, plutôt que d’attendre trop longtemps avant de sortir quoi que ce soit.

Est-ce que tu composes tout seul au niveau des instrus ou t’as un groupe qui te suit ?

Je compose tout seul quand je fais des instrus, mais je fais parfois appel à des musiciens professionnels pour mettre une basse, une guitare ou encore une trompette. Pour Napalm, j’ai aussi collaboré avec le beatmaker Mataya pour la moitié de l’album.

Est-ce de façon naturelle que tu parles de Liège dans certaines de tes chansons ou c’est parce que tu t’es inspiré d’autres rappeurs qui parlent de leurs villes ?

C’est clair que si j’avais pas entendu des gens comme Kendrick Lamar parler de L.A. ou Kanye West parler de Chicago, j’aurais peut-être jamais parlé de Liège comme je le fais. Parler de sa ville, c’est la base, car on est un produit de son environnement et si je rends pas hommage à la ville qui a fait ce que je suis actuellement, ce serait un manque de respect. Après, chacun parle de ce qu’il veut. C’est pas non plus un plan stratégique, je ne me force pas, je parle de Liège parce que mon inspi fait que je vais parler de Liège.

Comment définirais-tu Liège par rapport aux autres villes que tu connais ?

C’est une ville particulière pour moi. Elle peut être un mélange de toutes les autres villes du monde, et en même temps, elle est unique. Elle n’est pas assez grande pour rivaliser avec Bruxelles, Paris ou autre, mais elle n’est pas assez petite pour passer inaperçu. Liège est sous-côtée alors qu’elle a un potentiel incroyable. Mais la seule difficulté dans la vie, c’est d’arriver à exploiter son potentiel au maximum.

Est-ce important que le rap soit un genre de musique aux paroles engagées ?

Non. Car je ne me considère pas comme un rappeur engagé. Engagé dans quoi? Je donne de l’importance aux paroles mais il faut aussi qu’il y ait des morceaux comme « Rapper’s Delight » de Sugarhill Gang pour pouvoir décompresser en soirée. Il n’y a pas de case dans le rap, pas de barrière. Il y a des règles certes, mais le champ d’action est incroyablement vaste.

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N’as-tu pas l’impression que c’est l’heure de gloire du rap belge en ce moment, avec notamment des artistes comme Roméo Elvis, Damso, Caballero et JeanJass ? Qu’en penses-tu ?

Ce serait viser trop bas que de penser qu’on est actuellement dans l’heure de gloire du rap belge. Le meilleur est à venir. L’apogée viendra quand le rap belge sera connu internationalement et aura quelques « Grammies » à son compteur. Là, on pourra parler « d’heure de gloire ».

Durant les années 90, ce que les adolescents écoutaient énormément était le grunge, mouvement musical lancé par Nirvana entre autres.  J’ai l’impression que ce qui fonctionne vraiment et qui parlent aux jeunes de nos jours, c’est le rap. As-tu une réponse à ce phénomène ? Comment l’expliquer ?

Le rap c’est hyper facile à faire au final en terme de ressources matérielles. Le grunge, c’était une guitare, un ampli, 4 accords et on est parti. Le rap c’est un micro, un ordi, une voix et c’est bon. C’est comme le football, un ballon, un goal et tu peux jouer. Ça explique pourquoi les DJ et les rappeurs sont les nouvelles stars du moment. C’est simple et c’est dans l’ère du temps. La technologie a permis au rap d’être facile à faire et a donc contribué à son succès.

Qu’est-ce que tu as voulu faire passer comme message dans ton morceau « Momentum » ?

« Momentum » est une carte de visite. C’est l’équivalent de ce que je peux faire, la vibe que je peux donner et le message que je peux faire passer juste à l’aide de mots bien choisis. Si on va plus loin, une des idées que je voulais faire passer c’est: « Je débarque sans prévenir, sans demander la permission, et je vous impose ma façon de voir les choses. », sans me soucier de ce que les gens bien-pensants pourraient juger de ma musique.

Qu’est-ce que tu entends par Trop tard pour vivre la vie de rêve dans « Nitro » ?

C’est un message pour tous les gens obnubilés par l’envie de devenir une star, d’avoir des millions dans le compte en banque. C’est pessimiste mais réaliste. Si tu ne te bouges pas le cul maintenant pour réaliser tes rêves, c’est trop tard. C’est un peu pour faire réfléchir. C’est pas en pensant à ses rêves qu’ils vont se concrétiser, c’est plutôt en les faisant que tout devient réel.

Parmi les chansons que tu connais, quelles sont les paroles qui t’ont le plus marquée l’esprit ?

Des artistes comme Baloji, Gandhi, James Deano en rap francophone. Pour les américains, Eminem, Kendrick Lamar, Kanye West, et beaucoup d’autres m’ont marqué au niveau des paroles. C’est impossible de choisir un seul morceau. Je n’aime pas me limiter à un seul son. C’est un artiste, et non pas pas une phrase tirée de son contexte, qui me touche. J’aime bien avoir l’impression de connaître un artiste grâce à sa musique.

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Interview faite le 01/05/17

Talisco Interview

LA LUMIERE DES GRANDS ESPACES

Bête de scène, guitariste talentueux et chanteur de folie, Talisco est un musicien français qui, avec Capitol Vision, signe un second opus aux morceaux ensoleillés et directs.
Cette interview dévoile ses projets futurs, son amour pour L.A. et la musique.

Qu’est-ce qui t’as poussé à faire de la musique ?

Bonne question. Je n’en ai aucune idée. Ça date de quand j’étais gamin. Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours eu ce besoin de créer, raconter des choses et de m’exprimer. J’ai commencé à jouer de la musique lorsque je j’ai appris à manier une guitare, à mes 11 ans. C’était un moyen assez facile pour s’exprimer. Il suffit de faire deux ou trois accords, de chanter par dessus et après tu peux faire d’autres choses de façon spontanée. C’est pas si important de savoir si « c’est bien » ou « pas bien », le principal est de pouvoir s’exprimer. Voilà comment tout a démarré.

Est-ce que t’as débuté avec Talisco ou avec d’autres petits groupes ?

Talisco existe depuis 5 ans, c’est-à-dire depuis peu. Talisco c’est le nom d’un projet, à part ça, j’ai toujours fait de la musique. J’ai fait beaucoup de chose de manière dilettante, puis plus sérieuses depuis 5 ans.

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Quand j’écoute ta musique, je m’imagine toujours plongé en plein dans un western. Est-ce qu’il y a un lien entre ce genre du cinéma et ta musique ? Y as-tu puiser des influences ?

Il y a beaucoup de choses qui m’ont influencé et marqué. J’aime les grands espaces car on y retrouve une notion de « liberté ». En ces lieux, j’aime aussi y voir de la lumière. Du coup, t’as une projection qui est intimement liée à toute ma conception de la liberté. Quand on regarde des western, on rencontre toujours ce que j’explique, que ce soit quand on nous montre le Far West ou alors de grands déserts espagnols. Le western m’a donc probablement influencé. En tout cas, le décors colle bien avec l’image que je me fais de cette « évasion » et de cette « liberté ». Ce qui m’intéresse et influence le plus quand je fais de la musique, c’est cette volonté de vouloir aller chercher de la liberté et de l’évasion.

T’as dû découvrir plusieurs endroits tels que tu viens de décrire, n’est-ce pas ?

Oui, en grand nombre.

Est-ce que ces mêmes endroits ont été inspirant pour tes chansons ?

Je ne sais pas. Aux États-Unis, on peut retrouver des espaces assez incroyables, surtout en Californie. Puis, il y a également un climat qui ressemble à celui présent au Sud de l’Espagne. Un climat méditerranéen qui est chaud, rempli de lumières, agréable, qui te donne envie de rester et de profiter. Je pense que beaucoup de paysages de la Californie m’ont inspirés.

Est-ce qu’ont t’as déjà proposé de composer des musiques de film ?

Oui on me l’a déjà proposé. Malheureusement, pour le moment, je n’ai pas le temps pour cela car je suis vachement concentré pour ce que je produis au sein du projet Talisco. Autour de ça, il y a la création de l’album, beaucoup de concerts et par conséquent beaucoup de voyages. Au final, c’est quelque chose que je réserve pour plus tard mais on peut dire que c’est prévu pour un futur proche.

Ah super. Je te vois bien là-dedans.

J’adorerais.

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Entre la sortie de ton premier album et le second, y a-t-il eu des événements qui ont fait en sorte que tu n’as plus perçu ou joué la musique comme avant ?

Le live, les concerts ont un tout petit peu changé ma façon d’écrire la musique. Je n’ai pas réellement changer dans ma manière d’appréhender la musique et de la créer. Le live m’a donné une envie de créer une musique plus vivante. J’ai voulu rapprocher, et non assimiler, le disque et le live. En effet, certains sons sont plus bruts et directs, et c’est en cela qu’il y a un changement.

Y a-t-il un concert que tu as vraiment aimé faire, où les gens bougeaient réellement plus qu’ailleurs ?

C’est difficile à choisir vu qu’on en a fait beaucoup depuis ces 3 dernières années. Il y a des scènes marquantes. Un des concerts qui m’a le plus marqué, c’est quand on avait fait un petit live où on avait joué une quarantaine de minutes, place de la République à Paris. C’était devant près de 10 000 personnes. Et cette même place se trouve juste à côté de chez moi. Si tu veux, quand tu fais un live avec autant de personnes à un endroit que tu côtoies tous les jours et où d’habitude il ne passe quasiment jamais rien de spécial… Se rendre compte qu’on est en présence de 10 000 personnes qui sont à fond, juste pour un concert… Fin c’est fou quoi. J’ai adoré ce moment.

Quelle est la chanson dont tu es le plus fier pour ce qui est de sa composition ?

En fait, je les aime toutes. Il n’y a aucun morceau que j’ai placé par dépit. J’ai eu le choix et j’ai fait beaucoup de morceaux avant d’en sélectionner dix ou un onze pour un même album. Aucun n’est mis à l’écart. Ce n’est pas une question de « fierté », mais ceux que je retiens sont « Behind the River » ou encore « Sitting with the Braves », complexes à créer étant donné qu’ils abordent des thèmes durs comme la Mort. Pour ces raisons, ce sont des morceaux que je retiens.

Personnellement, j’aime beaucoup « The Race ». J’espère que tu la joueras à ce concert.

On ne va pas la jouer ce soir. On a pas eu le temps de la bosser mais on va la travailler pour la pouvoir l’exécuter bientôt.

« The Race » a son côté Pixies…

Complétement. Je fais référence aux Pixies.

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Juste dans sa sonorité ?

Dans sa sonorité et dans les paroles. J’ai fait en sorte d’inventer un son dans l’esprit des Pixies. Je parle aussi vite fait de l’album Sufer Rosa.

Que penses-tu du dernier album des Pixies ?

Je ne l’ai pas écouté.

Je ne retrouve plus leur magie et je pense qu’ils sont dans une routine qui leur fait défaut. N’est-ce pas une hantise de toujours faire le même style de musique ?

Ouais, ouais peut-être. Mais je crois que pour ce cas-ci, c’est différent parce que les Pixies forment un groupe…

Qui ont influencé pas mal d’autres…

No no, ils forment un groupe avec une certaine méthode et façon de travailler. Ce n’est pas pareil quand on est seul comme moi. Par exemple, je ne crains pas de faire toujours le même son.

Est-ce que les Pixies font parties de tes idoles ?

Ils m’ont vraiment impressionné quand j’étais gosse. Quand j’ai découvert Sufer Rosa, j’ai trouvé ça génial.

C’est vrai que c’était simple et efficace.

Sufer Rosa contient des morceaux de 2min30, voire 3 min grand maximum, et tu te prends une tarte rien qu’avec ça. Cet album est fou.

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Tu sais assurément partager ton meilleur souvenir, lors de l’enregistrement de ton deuxième album.

Le meilleur souvenir n’est pas un évènement survenu pendant l’enregistrement, mais bien avant. C’est lorsque j’ai rencontré Joshua Johnson pour le mix. On s’est rencontré à une soirée à Los Angeles, où on a sympathisé.

Est-ce un producteur ?

C’est un mixeur. Moi quand j’ai enregistré l’album, j’ai fait un pré-mix, où j’équilibre les morceaux et après, je vais voir un mixeur qui va mettre le tout en évidence. Ainsi, il engendre les sons avec la bonne fréquence, avec la couleur et l’empreinte qu’il faut. Joshua Johnson est un mixeur assez connu qui a beaucoup travaillé avec des personnages hip hop, comme Asap Rocky, Jay-Z, Snoop Dog, des énormes…

Et il s’était intéressé à toi, c’est ça ?

C’est plutôt moi qui m’étais intéressé à lui. J’ai été le voir pour savoir si ça le tentait de bosser avec moi. Je lui avais clairement dit que j’avais envie que ce soit lui qui mixe mes morceaux. Ma musique n’est pas du hip hop mais je trouvais ça cool que ce ne soit pas empathique comme démarche, qu’il n’aille pas faire un mix pop rock ou autre. J’attendais quelque chose qui ait un peu plus de gueule. L’avoir rencontrer, aller dans ses studios et s’être focalisé avec lui sur l’opus, à Los Angeles, c’était dingue.

Est-ce qu’on peut s’attendre à de futures collaborations avec des artistes hip hop ?

C’est possible.

C’est possible?! Wow. Ce serait différent…

Ouais. J’ai plein de projets annexes. Beaucoup de choses vont arriver bientôt…

Beaucoup de choses se sont passées à Los Angeles, c’est ça ?

Effectivement. C’est une ville que j’aime beaucoup. J’y retourne d’ailleurs dans quelques semaines. Je m’y sens vachement bien et on y vit à la « cool ».

Et le climat est toujours le même depuis que Donald Trump a été élu ?

Je n’y suis pas allé depuis. Je suis resté en France pour la sortie de Capitol Vision.

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DRAMA
Interview faite le 16/03/17
Photos ©Dominique Houcmant/Goldo – Reflektor

Insecte Interview

POUSSER A L’IMAGINATION

Membre d’un groupe français, séjournant à Bruxelles, nommé Insecte, Oscar Pouts-Lajus a accepté de répondre aux questions de DRAMA. Après votre lecture, vous n’aurez plus aucun secret au sujet de ce petit phénomène en expansion !

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D’où tirez-vous ce nom de groupe ?

À l’origine on s’appelait Inceste. Douce provocation qui n’a pas fait rire tout le monde. Dans notre intérêt, on a préféré inverser 2 lettres et voilà Insecte. Beaucoup plus facile à porter.

Pourquoi avoir choisi de chanter en français et non pas en anglais ?

Au début, je chantais en anglais. J’ai essayé un premier morceau en français (« Fil d’eau Fil d’air ») et j’ai trouvé ça tout de suite plus originale et plus intéressant. Comme mes influences sont en grande partie anglo-saxonnes, le simple fait de chanter en français me donne la sensation d’être moins dans le mimétisme d’une culture qui n’est en fait pas la mienne. Depuis quelques années, le français revient à la mode. Je pense que c’est une bonne chose.

Est-ce que les paroles de vos chansons ont une place importante (où les mots ont une certaine profondeur) dans vos compostions ou vous choisissez des mots juste pour qu’ils collent à une certaine mélodie, pour leurs sonorités ?

Avant d’écrire le texte d’un morceau, je compose toujours la mélodie. Les paroles sont donc au service de la mélodie. C’est rarement l’inverse. Le texte a tout de même son importance, même si il reste étrange, voire énigmatique. Le but c’est que chacun peut l’interpréter comme il le souhaite. Ça pousse à l’imagination.

N’avez-vous pas peur de vous renfermer très vite et très facilement dans un seul style de musique ?

Pas spécialement. Les 2 EPs ont été fait pendant la même période et sont liés. Il fallait qu’il y ait une certaine homogénéité entre les morceaux. On verra l’évolution qu’aura pris le prochain album.

Quels sont les auteurs, chanteurs, cinéastes qui vous ont poussé à faire de la musique ?

J’ai commencé à composer quand j’étais au collège. À l’époque j’écoutais les groupes du moment, c’est-à-dire Radiohead, Arctic Monkeys, The Strokes, etc. Mais très sincèrement j’ai toujours été passionné par la musique en générale. Je ne pense pas que ce soit des auteurs, chanteurs ou cinéastes en particulier qui m’ont poussé à faire de la musique.

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Quels sont les albums que vous admirez pour le moment ?

Le dernier album que j’ai adoré c’est celui d’Arca qui s’intitule également Arca. Sinon je citerai Drunk de Thundercat, Process de Sampha, Recto Verso de Paradis et Have You In My Wilderness de Julia Holter. Ah oui, et Currents de Tame Impala bien sûr.

La chanson « Tokyoto » me fait énormément penser aux sons du groupe Le Colisée, les connaissez-vous ? Si oui, serait-il possible de voir une future collaboration entre eux et vous ?

Oui effectivement on les connaît. J’ai déjà fais des enregistrements pour leur prochain album. On verra comment cela évolue. Il y aura surement une collaboration avec David pour un projet futur d’Insecte.

Qu’est-ce qu’annonce et qu’est-ce qu’il faut comprendre dans le « Au Revoir ! » lâché de multiples fois dans le dernier morceau de Deux ?

Je pense qu’on peut tout simplement voir ce morceau comme l’outro des 2 EPs. Et ça veut surtout dire qu’Insecte reviendra très prochainement avec de nouveaux projets.

DRAMA
Interview faite le 21/04/17
Première photo : Lev. (prise à son, au Welcome Spring Festival, le 26/04/17)

Glass Museum Interview

ILS RESPIRENT MUSIQUE

Antoine Flipo et Martin Grégoire, les membres de Glass Museum, nous ont confessé de profondes pensées. Leur adoration de la musique, leurs goûts musicaux ou encore le jazz sont au centre de l’interview. Ce talentueux duo de Louvain promet!

De nos jours le public qui écoute du jazz est un public très particulier et unique en son genre?

Antoine : Ça dépend parce qu’en fait, on s’en rend compte qu’il y a une certaine « démocratisation du jazz » comme dirait Martin (rire). Aujourd’hui, le jazz part un peu dans tous les sens et du coup, c’est beaucoup plus accessible pour un public beaucoup plus large. On est amené à jouer devant différents types de personnes. Autant on a fait des cafés concerts où c’était plutôt des vieilles personnes qui appréciaient notre musique,  autant on a déjà fait des festivals avec des publics de tout âge. Pour nous, le public ne se restreint pas.

Qu’est-ce que tu entends par « le jazz part dans tous les sens »?

Antoine : Avant le jazz était assez élitiste. Il fallait avoir une certaine connaissance pour apprécier le jazz parce que c’est une musique assez compliquée qui nécessitait un savoir de base pour pouvoir l’aimer dans sa complexité. Tandis que maintenant, ce genre de musique se définit comme une musique qui fait passer des émotions. C’est au final une musique de dialogues. Quand on joue ensemble, on fait pas forcément du jazz, mais il y a quand même un dialogue qui se crée entre nous deux et on retrouve énormément cela dans des vieux groupes de jazz.

Martin : Je pense que le fait que le jazz s’inspire de plus en plus du rock et de l’électro, montre que des gens qui n’en écoutaient pas, vont alors s’y intéresser. Ça peut se noter par une première porte d’un groupe jazz au sens large, comme Snarky Puppy ou BadBadNotGood qui font un jazz proche du rock et qui sortent de l’aspect traditionnel du genre. Ces types de groupes vont amener la curiosité du public à écouter du jazz brut parce que c’est une voie d’accès plus libre.

Je suppose qu’Internet aide beaucoup à rendre plus accessible cette musique.

Antoine : Oui c’est certain. Ça s’avère être vrai beaucoup plus chez les jeunes que chez les personnes un peu plus âgées.

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N’avez-vous jamais pensé choisir un chanteur ou une chanteuse pour vos chansons?

Antoine : Jamais.

Martin : C’était vraiment naturel dès qu’on a commencé à faire de la musique à deux. On avait commencé à « jamer » et à aucun moment on s’est posé la question de mettre un chant. Par contre, on a déjà pensé vouloir faire une collaboration avec un violoncelliste ou encore avec un trompettiste. On est super ouvert à plein de collaborations et si on était amené à ajouter un chant, ce serait toujours dans cette optique de collaboration, mais pas dans notre projet même. Dans nos styles respectifs, les choses font qu’on aime avoir énormément d’espace pour s’exprimer un maximum.

Antoine : je pense que si on devait ajouter un chant, on ferait alors un autre projet.

Martin : Ce serait une autre manière de composer et de réfléchir la musique.

Antoine : Le chant c’est nous qui le faisons.

C’est joli. Qu’est-ce qui vous motive le plus à faire de la musique?

Antoine : Martin dirait: « Les meufs. ».

(rire)

Martin : Le plaisir simple de faire de la musique est motivant parce que j’ai toujours aimé en faire. J’aime bien être derrière ma batterie et faire des concerts. C’est ce que je préfère faire et je me sens bien sur une scène. Alors que je me sens très mal à parler sur une scène, les approches productives et créatives qui se dégagent en studio et sur scène sont hyper enrichissantes, ce qui nourrit mon bonheur.

Antoine : Moi je pense que j’en ai toujours eu besoin. C’est comme si t’avais besoin de faire du sport…

Martin : Comme on respire.

Antoine : Ouais c’est ça.

Une passion.

Antoine : C’est quelque chose que tu développes très tôt. C’est un besoin au final. Je me lève le matin et joue de la musique, tout comme le soir. J’entends la musique chaque jour. Je ne suis que musique! (rire) Je ne sais pas imaginer ma vie sans musique parce qu’elle fait partie de moi maintenant. Depuis que je suis tout petit, j’ai tout de suite accroché à ça. C’est devenu une passion, c’est devenu un besoin. Physique et émotionnel.

(rire)

Martin : Sinon au niveau des meufs c’est clair que…

(rire)

Est-ce que vous essayez de dépasser certains modèles de la musique, des artistes inoubliables?

Martin : Ce serait prétentieux de vouloir prétendre dépasser quelque chose parce que je pense que « créer » passe par une série d’influence, de recyclage d’idées et de groupe qu’on aime bien. On a pas la prétention de vouloir innover ni le jazz ni le rock.

Antoine : Ah je sais pas…

Martin : On a envie de faire un truc différent. On a envie que les gens nous voient en concert. Ce qui est intéressant dans ce projet-ci, c’est que la formule est assez originale au niveau du son.

Antoine : Ce qu’on fait a déjà été entendu mais en Belgique, il n’y a pas beaucoup de groupes avec un duo formé juste d’un pianiste et batteur. Même si tu n’aimes pas spécialement ce type de musique, il te reste en mémoire si tu n’as pas vu ça ailleurs.

Martin : A notre niveau, ça ne fait qu’un an qu’on joue et on est encore un groupe qui se fait connaître. On ne peut pas encore dire qu’on a été influent sur une scène. Glass Museum est encore en développement. Un groupe qui est influent sur un style propre, est un groupe qui a déjà fait quelques albums et qui est assez entendu à travers le monde. C’est ainsi qu’il pourra influencer d’autres artistes.

J’ai noté que vous pouvez jouer assez rapidement et ralentir la cadence très aisément. Est-ce qu’il y a des artistes qui se rapprochent de ce que vous faîtes?

Antoine : Gogo Penguin ou encore Tigran Hamasyan s’y rapprochent. Ce sont deux de nos influences importantes. Quand on a commencé à jouer, on s’est basé là-dessus parce que c’était un style qui nous convenait tous les deux. Au fur et à mesure, on se décroche petit à petit de ce style pour construire quelque chose de beaucoup plus personnel.

Martin : Je suis tout à fait d’accord. Tu peux aussi associer ça au free-jazz même si on est pas vraiment des amateurs de free-jazz. Personnellement, je suis suis un très grand fan de math rock. C’est un style rock où au niveau des compositions, c’est un peu barré et ça peut partir dans tous les sens.

Les sons sont quand même bien calculés dans le math rock, non?
Il n’y a rien qu’à penser à Foals.

Martin : Foals est déjà plus droit. C’est vrai que c’est un style de musique assez coordonné.

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Avez-vous eu du mal à commencer à faire du jazz vu que c’est un genre qui a la réputation de demander beaucoup de travail?

Antoine : Aucun de nous deux n’a vraiment étudié le jazz. Quand on a débuté, on ne s’est pas dit : « On veut faire du jazz. ». On veut faire de la musique. Après quelques concerts, des gens se sont dits qu’on participait à « un réseau jazz ». On nous a juste posé une étiquette.

Martin : Les gens aiment bien définir des styles.

Antoine : On n’avait pas du tout l’envie de faire du jazz au départ. On veut juste faire de la musique via quelque chose de différent.

Martin : Et rigoler quoi.

(rire)

Martin : On s’est juste dit qu’on allait prendre un piano et une batterie pour faire des jams et pour s’amuser.

Si vous deviez ne prendre qu’un seul album avec vous dans une île déserte, lequel choisiseriez-vous?

Martin : Je prendrais le premier album éponyme de SBTRKT.

Antoine : Je n’ai pas vraiment de réponse mais pour l’instant, j’opte pour un album que j’écoute cette semaine et qui se nomme Elaenia de Floating Points.

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DRAMA
Interview faite le 23/02/17
Photos ©DRAMA – Kultura, le 23/02/17

Mølk Interview

Un air stoner sonne à Liège. Molk participe à ce mouvement explosant le nombre de décibels ingérés via une agressivité sonore. DRAMA rencontre le quatuor et discute de sujets variés : mythologie, Quentin Tarantino, Hank Moody, sexe et drogues au rendez-vous !

D’où vient le nom « Mølk » ? Qu’est-ce que cela signifie ?

Yoni : J’ai un peu proposé l’idée parce qu’avant c’était un autre nom. En gros, c’est le nom d’un sacrifice datant de l’Antiquité. C’est un truc bien joyeux. Le sacrifice se nommait Mølk et des humains, du bétail ou encore les premières récoltes étaient sacrifiées au Dieu Moloch. C’était bien festif, joyeux et stoner comme nom de groupe.

Max : Même si au final, c’est un nom qui n’a rien à voir avec le stoner.

Le dessin qui représente une bête sur la pochette de votre premier EP y fait référence ?

Max : Ouais, c’est bien une représentation de Moloch.

Yoni : C’est un espèce de taureau avec beaucoup de bras, qui tient un couteau et un bébé.

Max : C’est l’équivalent de Dionysos de la mythologie grecque.

Les dessins sont vraiment bons en tout cas. Je ne sais pas qui les fait mais franchement ça pète.

Yoni : C’est la copine de Ben qui s’occupe des dessins.

J’adore la chanson « Barbarian ». Comment est née cette chanson ?

Max : Si je me rappelle bien, « Barbarian » est née à une répétition où on faisait juste un jam qui a donné un morceau aux sons aléatoires et efficaces. Je voulais que ce soit bourrin. J’imagine que j’étais en train d’écouter Black Sabbath juste avant, du coup le morceau se rapproche de « Children of The Grave ». Pour ce qui est des paroles, on les a écrites le jour même avant d’enregistrer le morceau en studio. Par contre, je sais vraiment pas pourquoi ça s’est appelé « Barbarian ». Je crois qu’on était tous bien allumé et on a trouvé que ce nom collait bien.

Elle est très dynamique et démarre bien l’album.

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Qu’est-ce qui vous inspire lors des compositions de vos chansons ?

Max : Globalement, on a tous des inspirations différentes dans le groupe. Personnellement, quand j’écris les paroles ou compose la musique, l’inspiration relève de ce que je ressens sur le moment. C’est vraiment basée sur des émotions qui sont assez personnelles. Il n’y a pas d’idée précise, ça peut être tout et n’importe quoi. Pour la suite, je pense qu’on va se lancer dans beaucoup de trips sous acides. (rire)

Yoni : Moi j’aime bien Jésus.

Aaaaah ! (rire)

Maxime, tu chantes et prends la place de l’ancien chanteur. N’est-ce pas trop difficile d’assurer ce rôle ?

Max : Ce qui est surtout difficile, c’est de devoir adapter ma voix au travail procuré par l’ex-chanteur Yannis, alors que je n’étais pas chanteur. Ça passera mieux pour la suite. Je suis plutôt content du résultat donné sur le tout nouvel ep. Sur scène, il faut juste savoir prendre confiance en soi et faire en sorte d’avoir l’habitude de toujours jouer de la même façon, que ce soit sur scène ou entre-nous. Il faut que ça ait de la gueule.

Yannis est vraiment parti pour toujours ?

Max : Oui, il a terminé.

Yoni : Il fait Tarzan.

(rire de Max)

Max : Il fait Tarzan dans la jungle pour le moment. Il est tranquille et se fait plaisir en Amérique du Sud. On va continuer sans lui et avec la formation qu’on a pour le présent.

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Il faut répondre du tac au tac au sujet de ce que vous préférez le plus dans ce que je vous propose :

Blonde ou brune ?

Yoni : Blonde.

Ça peut concerner les femmes comme le type de bière.

Yoni : Blonde d’office. (rire)

Max : « Brune » pour les femmes, « blonde » pour la bière… Nan en fait, « noire » pour la bière. Pour ma pisse, je la préfère blonde que brune, c’est plus encourageant.

Ben : « Brune » pour les meufs et « blonde » pour la bière.

Max : Original. (rire)

Lemmy ou Slash ?

Yoni : Lemmy.

Max : Lemmy.

Ben : Lemmy.

Californication ou Sons of Anarchy ?

Yoni : Je n’ai jamais vu Californication

Max, t’es un fan de séries, je le sais.

Max : Californication forever !

La dernière saison ne t’as pas déçue ?

Max : Si justement. J’ai été vachement déçu par rapport aux quatre premières saisons qui m’ont complètement plus. Le scénario était vraiment terrible et intense à crever. La cinquième se perd un peu et la sixième est juste drôle mais on perd de l’intérêt à l’histoire. Je trouvais marrant de voir Hank avec son un fils dans la septième. Par contre, elle perd son côté humoristique parce que Hank devient vraiment un mec vachement calme. Bref, les quatre premières sont vraiment bien mieux que celles qui ont suivies. La fin de la série, elle, méritait une huitième saison, même si elle n’était pas si mal en soi.

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Gros son ou grosse bite ?

(rire)

C’est un dilemme de fou !

Yoni : Gros son.

Han.

Max : Gros son.

Ben : Gros son.

Yoni : Parfois, ça fait plus plaisir que d’avoir une grosse bite.

Aaah là j’ai la larme à l’œil. On voit les passionnés de musique.

Max : C’était pour savoir si on préfère le sexe ou la musique ?

Ouais ouais.

Max : Comme Lemmy disait : « Un bon plan cul ça dure une demie heure et un bon concert une heure et demie. ». Alors autant choisir la musique.

Pas faux.

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Avant que « Back in Jail » commence, on a droit à la voix de Samuel L. Jackson de Pulp Fiction qui fait son sermon avant de tuer. Pourquoi avoir choisi ce passage de film et de l’avoir inclut dans cette chanson ?

Max : Même si ça a déjà été entendu, vu que Pulp Fiction est mon film préféré, je me suis dit que le passage en rapport avec Ézéchiel passait bien avec l’intro de ce morceau. D’autant que les paroles de notre chanson parle de gangster et de la prison en général. Même si Pulp Fiction ne traite pas spécialement de prison, on y retrouve les thèmes liés aux gangsters. Je trouvais que cet instant du film se mêlait bien avec les paroles. Le bruit du flingue démarre bien aussi avec l’intro du morceau.

C’est classe. Allez-vous pouvoir participer au Graspop un de ces quatre ?

Yoni : On a un nouvel album qui est en cours de route et dès qu’il sera fini, on va pouvoir l’envoyer à différents festivals et à de grosses salles. C’est prévu et en tout cas postulé.

Max : Ça ne m’étonnerait pas qu’on finisse par y jouer parce qu’on a fait pas mal de dates en Belgique. Maintenant qu’on a une toute nouvelle formation de groupe, on va essayer d’enregistrer un vrai premier album doté de 13 titres. On va alors partir pour de plus longues tournées et dates en Belgique. A mon avis, il y a moyen de passer au Graspop même si on va essayer de se focaliser sur des festivals comme le Desert Festival ou tous les festivals de stoner qui sont plus à notre sauce. Au sinon, le Graspop est également tentant. Ce serait terrible d’y jouer.

Que vous évoque Jésus Christ C’est La Musique ?

(rire)

Yoni : C’est compliqué. T’as deux heures devant toi ?

Ouais ! Vous pouvez jouer votre imagination si vous le voulez.

Yoni : En même temps, je suis né dans l’église. J’ai toujours associé Jésus à la musique parce que j’ai fait l’Académie mais mes premiers concerts… (rire)

Max : Vas-y Jésus, parle.

Yoni : Mes premiers concerts se sont produits les dimanches matin à l’église. Du coup, je trouve que Jésus Christ C’est La Musique est un parallèle assez logique.

C’est beau et émouvant.

(rire)

Max : J’ai pas du tout le même parcours malgré mon magnifique catéchisme et tout ce qui va avec, ce qui est surement révolu depuis un sacré bout temps. J’ai pas de grands souvenirs liés à mon enfance qui font référence à tout ça, du coup je sais pas trop quoi y penser. Tu m’aurais dit Satan C’est La Musique, j’aurais pu comprendre certaines choses… Je m’en tirerai en disant que ça doit être une blague, une espèce de « private joke », que tu as choisie.

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DRAMA Photos ©Alexis Docquier (Légia, 08/12/2016) / Interview faite le 08/12/2016

Great Mountain Fire Interview

UNE CLAQUE D’AUTODIDACTES

La convivialité et la bonne humeur régnaient dans le local des Great Mountain Fire, avant leur concert, au Reflektor, lorsque Drama était avec eux pour un entretien spécial JCCLM. Cette interview brasse des sujets voués à attirer l’attention de tout mélomane: style, acoustique, scène, originalité, écriture, etc.

Comment est né Great Mountain Fire ?

Alexis : Avant, on avait un autre groupe. Ça fait longtemps qu’on joue ensemble. On a eu plusieurs projets avant Great Mountain Fire. Puis, tout est venu à nous lors de l’enregistrement de Canopy. A la base, Great Mountain Fire était le nom d’une chanson qu’on devait mettre dans cet album et après, on a décidé de ne pas la rajouter dessus. On a juste garder le nom de cette chanson pour nommer notre groupe. C’était une chanson qu’on avait écrit sous la forme d’un cadavre exquis. Au sinon, on joue depuis qu’on est jeune. On a commencé d’abord vers 12 ans puis vers 17 et 18 ans.

Thomas : En gros, Great Montain Fire est né à Linkebeek, un bled à côté de Bruxelles. Le groupe est né dans une petite vallée. Aujourd’hui, il a dix ans. C’est un p’tit ket qui continue de courir sur la route. (rire)

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Entre vos albums Canopy et Sundogs, il y a 4 ans d’écart. Est-ce que vous avez continuer à pratiquer la musique non-stop ou avez-vous juste fait une grande pause ?

Thomas : Après Canopy, on a fait sa version acoustique. Ça été une autre aventure. Avec Canopy, on a tourné 1 an et demi, 2 ans. On a tourné quelques mois sa version acoustique. Puis, ça été le moment de sortir de nouvelles choses.

Alexis : Il y a eu 3 ans d’écart.

Thomas : En fait, parfois on s’en rend pas compte que le temps de sortir un disque prend autant de temps que de l’écrire. C’est juste une question technique. Canopy a été un peu créé différemment vu qu’on avait déjà tout à portée de main. On a envie que le temps d’écart entre les opus soient plus courts dans le futur.

Avez-vous découverts de nouveaux artistes qui vous ont inspiré, pendant ces années là ?

Thomas : On en découvre tout le temps.

Alexis : Pour répondre à ta question de base, il n’y a pas eu de pause. On a au moins passé un an et demie à composer et il y avait plus ou moins une cinquantaine de maquettes. On en a retenu onze sur le disque. Si tu veux, le temps de l’écriture a mis plus de temps qu’il n’y parait forcément.

Thomas : Canopy était notre premier album donc on avait envie de le défendre, d’aller à l’étranger et de rencontrer de nouvelles personnes. On s’est un peu laisser partir là-dedans. Puis on s’est dit qu’on devait un peu se poser. Mais j’ai l’impression que beaucoup de groupes laissent 3 à 4 ans entre deux disques car ça laisse le temps de grandir aussi. Faire un disque, ça demande du temps et avoir un peu d’isolement, ça aide. On essaye de faire plus vite parce que c’est agréable aussi. Après 80 dates, t’as envie d’autres choses en tant que musicien.

Pour ne pas faire dans la routine…

Thomas : Voilà, c’est ça.

Quel est votre meilleur souvenir sur scène ?

Thomas : Il y en a beaucoup.

Alexis : On a fait un festival en Suisse qui s’appelle Paléo. On a joué là à une heure de l’après-midi…

Thomas : Nan, 1h du mat’.

Alexis : Aaah oui pardon, à 1h du mat’. C’était parti d’une panne de van. Un pneu de notre van avait crevé sur la route. Du coup, on a eu droit à un énorme temps d’attente puis, on est arrivé là complètement fatigué. Une fois arrivé là-bas, avec rien sauf une seule chaise, c’était impossible de faire une sieste. Avant de jouer un concert, il faut garder une certaine énergie donc tu ne peux pas dépenser ton énergie comme dans une journée normale où petit à petit il est 6h puis 7h et où t’as le temps de recharger. Là, on ne pouvait pas recharger avant minuit.

Thomas : On avait jouer après Bloc Party.

Alexis : Il y avait un des synthés qui avait valsé sur scène car il y avait des phénomènes d’ondulations.

Thomas : Paléo est vraiment un festival de dingues. On est arrivé là avec le tapis rouge. On a joué tard avec des gens qui avaient envie de faire la fête et ça tombait bien vu que nous aussi on en avait envie. Bref, il y avait une symbiose de fou car tous ceux qui voulaient faire la fête étaient là.

N’aviez-vous pas trop de pression de jouer après Bloc Party ?

Alexis : Ce n’était pas la même scène.

Alexis : Il y a toujours la pression lorsque tu passes après de gros artistes.

Je n’aime plus trop le son de Bloc Party. Leur dernier album me fait mal. Je sais pas si c’est à cause de la carrière solo du chanteur qui s’est tourné vers un genre beaucoup plus électro, amenant de nouvelles approches au groupe, ou si c’est parce que Bloc Party a changé de batteur, mais franchement, je ne trouve plus aucun intérêt à les écouter.

Alexis : C’est vrai. Maintenant, on peut pas nier qu’en live ça envoie du décibel.

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Il ne faut pas interpréter ce que je vais vous dire comme un reproche. Votre musique me fait penser à celle de Pink Floyd et de Tame Impala. Est-ce que vous n’avez jamais eu peur de faire un son qui ressemble à un autre déjà trop entendu ?

Alexis : Bien sûr !

Thomas : On a des morceaux où on ne réfléchit pas et où l’on s’empêche de les sortir. Parfois, même si une de nos chansons est top, on ne la sort pas car elle ressemble déjà à une autre. On a nos gardes fous à ce niveau là. Après, il y a une part de vérité dans les sorties de morceaux et s’ils ressemblent à d’autres sons, c’est pas grave. On a toujours eu envie de faire de nouvelles choses qui puissent auss nous surprendre nous-même. Quand on fait des choses trop proches d’autres, ça nous emmerde. Ça ne m’étonne pas que tu voies des liens entre nous et ces groupes. Par exemple, Pink Floyd était notre première référence. On écoutait tous ce groupe. A 12 ans, découvrir et écouter Pink Floyd, c’était incroyable. 20 ans plus tard, ça reste quand même dans nos racines.

Il est normal d’observer que dans l’Art, tout le monde se copie vu que chaque jour il y a de nouvelles créations. Ça doit être une sacrée préoccupation de se dire : « Au final, je ne suis qu’une copie d’autre chose. »

Alexis : Ça c’est une hantise mais je sais qu’on peut pas tout contrôler. Tu peux pas faire une chose nouvelle sans coller de références. Ce qui est hyper dur, c’est d’être à la fois mélomane, c’est-à-dire un type qui adore la musique et on l’est tous ici, et en même temps musicien, en faisant passer un bout de ton cerveau à l’autre. Le vrai musicien, un peu fou, isolé et qui écoute rien, a de la chance quelque part, parce qu’il est pas là-dedans. Ça reste un système hyper relatif. Quand on a un son qu’on aime bien, alors ça nous suffit. Après si certains sons se rapprochent du style de Tame Impala, c’est du aux phasers ou encore aux delays courts. C’étaient des choses qui étaient à la mode il y a quelques années et qu’on a reçu. Puis, pour en revenir à Pink Floyd, ce n’est pas le seul groupe à utiliser une guitare dans une reverb. Par contre, je comprends la raison pour laquelle tu nous connectes à eux, rien que dans notre composition psychédélique qui voyage beaucoup. Certains morceaux n’ont pas de structure A/B, A/B, si tu vois ce que je veux dire.

Thomas : Je trouve que c’est un compliment quand tu nous compares à ces groupes et en rien un reproche.

J’avais montré la question à un ami (Cymophan) et il m’avait conseillé de faire gaffe avec ce genre de question parce que parfois, selon lui, les artistes aiment proposer quelque chose qui leur semble original. En ce qui me concerne, je n’aime pas utiliser le mot « originalité ».

Thomas : Parfois, les personnes ne parlent pas de morceaux « originaux » ou des références liées à ce même morceau, ça leur passent par au-dessus aussi.

Pour moi, « être original » ne veut rien dire.

Alexis : En effet, ça veut rien dire. C’est relatif. C’est toujours relatif à quelque chose.

Thomas : Il n’y a qu’à penser aux milliards de groupes et de morceaux qui paraissent sur la Terre et qu’on ne connaît pas. On ne connaît que le dixième de ce qui existe aujourd’hui. Il y a des gens qui font des trucs supers et que personne n’écoute…

Alexis : Je pense qu’il y a des artistes qui détestent être comparés car ça frotte leur ego. Il faut juste s’en rendre compte. A l’époque de Canopy, certains magazines belges disaient de nous qu’on était les Phoenix belges. C’est une façon pour les gens d’avoir une sorte de repère comme un code couleur.

Thomas : C’est une porte d’entrée.

Et vous, ça vous va ?

Tommy : Ce qui nous va surtout, c’est d’avoir été comparé à d’autres groupes et pas à un et un seul groupe. Évidemment, je pense qu’on ressemble un peu à ce qui peut tourner actuellement, vu qu’on fait partie d’un embranchement musical, d’une époque et société particulières. Tout ne relève que de l’inconscient. On est juste inspiré par les mêmes personnes. Tous les jeunes groupes ont été inspirés par les mêmes thèmes et gros courants. Ce qui est cool, c’est d’apporter par la suite, son « schmilblick », sa pierre, sa « définition de », sa propre direction, en d’autres mots, ce qu’on cherche tous. Ce qui est vrai, c’est qu’être le plus loin des autres, c’est le plus important.

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Est-ce qu’on aura droit à un album unplugged de Sundogs ?

(rire d’Alexis)

Thomas : On a déjà fait des versions unplugged en radio mais on ne pense pas faire ça pour cet album. Jouer des unplugged, ça nous plait assez bien. C’est chouette de partager la musique de manière super simple, ce qui existe beaucoup moins aujourd’hui. C’est très électrique de se retrouver à jouer de cette façon pour des gens de notre âge. Présenter d’autres facettes, c’est agréable aussi. On n’est pas du tout contre mais l’idée de Sundogs était reliée à une tournée, à des concerts et à toutes nos autres idées. On préféré créer et continuer notre route plutôt que de perdre un an pour une version unplugged.

C’est vrai que ça demande quand même du travail.

Alexis : On n’a pas le niveau des réels musiciens. On est plutôt autodidacte, du coup on fait ce qu’on peut. On n’aurait pas la capacité spontanée de prendre tout un arrangement acoustique. On n’est pas des techniciens…

Tommy : On l’a fait.

Alexis : Ouais, on l’a fait. C’était un solide défi. On était centré sur l’écriture des partitions. C’était une belle expérience.

Thomas : On avait l’impression qu’en Belgique, il n’y avait pas vraiment d’artistes qui avaient fait d’unplugged et après avoir vu les séries MTV qui en mettaient en honneur, on a alors trouvé ça musicalement intéressant de faire cela. C’est parfois un peu risqué de s’exposer ainsi mais ça révèle juste l’écriture de la chanson.

Alexis : Mais genre aux Francofolies, c’était une catastrophe.

Pourquoi ?

Alexis : En fait, il y a un tel enjeu technique pour faire sonner des instruments acoustiques et spéciaux comme des sitars ou un harmonium, que le temps imparti est un vrai obstacle. On revenait du Paléo, on avait bien la tête dans le cul. (rire)

Tommy : On était même 12 musiciens sur scène.

Alexis : Oui, c’était tout un bazar bien compliqué.

Antoine : On a vécu en l’espace de 12 heures, notre pire et notre meilleur moment en concert.

Alexis : C’était embarrassant.

Antoine : Avec du recul, je trouvais ça assez sympathique.

Tommy : Par rapport à l’acoustique, on a fait le Cirque Royal qui a été pour nous, l’osmose de l’acoustique. On a vraiment eu toute la journée pour s’installer là-bas et on avait bien tripé. Il y avait également un super piano sur scène.

Thomas : On a eu aussi un échange de fou aussi avec des musiciens géniaux. On était vachement libre.

Y a-t-il des choses que vous avez toujours rêver de faire en tant qu’artiste ? Par exemple, Muse a toujours voulu aller faire concert dans l’espace. Et vous ?

(rire)

Alexis : Le rêve de Muse, c’est un rêve capitaliste!

Thomas : On a toujours voulu se cloner et faire une méga, méga big band. Avec 4 Tommy, 4 Antoine, 4 Alex, 4 Moe, 4 Thomas.

Antoine : Pour ce qui est de faire un concert dans une zone géographique particulière, on avait tripé sur des déserts.

Connais-tu Young The Giant ?

Antoine : Non.

C’est un groupe qui s’est amusé à tourner des vidéos où ils exécutent leurs chansons, en version acoustiques, dans des endroits atypiques. Ils ont joué notamment au sommet d’une montagne, près d’un lac ou encore dans un désert. Je vous conseille de les écouter, c’est pas mal.

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Antoine : Cool, ça doit surement donné une émotion par chanson.

Alexis : Ça me fait penser à Antoine qui a eu la chance d’entendre un super bel écho dans un cratère de volcan. C’est un écho hyper défini.

Tommy : C’était parti d’une flatulence.

(rire)

Antoine : Je me suis retrouvé au milieu d’un cratère de volcan et entouré de parois de montagnes, il y avait un écho naturel et merveilleux. Je m’étais pris une grosse claque.

L’as-tu enregistré ?

Antoine : Oui je l’ai enregistré, j’ai une trace. Faire de la musique là-dedans, ça doit être merveilleux et splendide. L’écho se propage comme dans un amphithéâtre.

Alexis : L’écho forme une espèce de rond parfait.

Antoine : Ça donne un effet de malade. En gros, je pense que si on joue là-dedans, ce sera un peu le bordel mais ça peut être très intéressant à exploiter.

Alexis : Ce qui nous intéressait avec Sundogs, c’était d’enregistrer des instruments dans des lieux spécifiques qui donnent une couleur sonore. On peut y retrouver de nombreux claviers, des voix ou des sons de synthés qui ont été enregistrés dans un couloir ou encore un hall spécial. Il y avait donc des répercussions très précises. L’enregistrement doit savoir imprimer la façon dont on se sert de l’espace.

Tommy : Je me souviens qu’en acoustique, une batterie extérieure avait finalement un son très mate. C’était vraiment tout le contraire de ce que l’on pouvait pensé.

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DRAMA – Photo : Alexis Docquier (Reflektor, le 01/12/16) / Interview faite le 01/12/16

Tiers Monde Interview

LE LYRICISTE DU HAVRE

A l’occasion de son concert à Liège, le 16 décembre dernier, Tiers Monde a accepté une interview pour jcclm. Nous avons abordé plusieurs thèmes comme ses textes ou encore ses futurs projets.

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Dans tes chansons, tu utilises énormément de punchlines et pourtant, on dirait que tu refuses justement cette course à la punchline pour être le meilleur.
Alors au final, quelle signification ont-elles dans tes textes ?

Au départ, « faire des punchlines » m’a toujours donné l’impression que ça me rendait fort. Je respecte énormément les rappeurs qui ont beaucoup de punchlines. Malheureusement, je trouve que plus tu en mets dans le morceau, moins il y a d’esprit dans le morceau. Il y a moins de profondeur, ou même moins d’émotions. Donc, c’est vrai que j’essaye souvent de trouver un juste milieu dans mes sons pour transmettre de l’émotion plutôt que d’être là à faire le spectacle, tu vois ? Pour moi, mettre trop de punchlines, c’est un peu comme les troupes de basket qui font le spectacle (Harlem Globe Trotters). Il faut trouver un juste milieu. Je pourrais comparer ça aussi à un match de boxe. Quand tu arrives au combat, tu ne dois pas mettre que des gros coups, d’abord tu en mets des petits et t’essayes de travailler le truc. Je suis dans cette optique là, c’est-à-dire garder l’esprit dans mes sons.

Tu utilises pas mal de références qui viennent de plusieurs horizons. Tu peux passer du manga à l’histoire, puis repasser par le foot et j’en passe. Comment t’organises-tu pour travailler ?

Je m’organise pas moi. (rire) Non, en fait c’est souvent des choses que je croise dans mon quotidien, je regarde énormément de reportages, de matchs de foot ou de dessins animés. Récemment, j’ai repris la lecture. Ça faisait longtemps que j’avais arrêté et malgré les apparences, je me remets à lire doucement. Des choses du quotidien me donnent des idées. Je me dis que telle chose peut rimer avec telle autre ou que je peux faire une blague avec ça, etc. Ou alors, j’essaye de trouver ce qui se rapproche de mon thème. Mais y a pas vraiment d’organisation de travail, j’essaye juste d’avoir plus de rigueur en terme d’horaire, de bosser musicalement le matin et lyricalement l’après-midi. C’est la seule organisation que j’ai.

Tu utilises beaucoup de métaphores dans tes textes. Rien que le son « Babel » est basé sur une métaphore en réalité, celle de la tour de Babel. Ça apporte quoi à tes textes pour toi ? Quelle est l’importance de toutes ces métaphores ?

C’est un kiffe parce que je suis quelqu’un qui a appris à aimer la langue française. A l’époque, j’écoutais des morceaux de rap comme ceux de Iam ou de MC Solaar. Ils utilisaient beaucoup ce genre de figures de style. Du coup, c’est un truc qui se perd un peu et j’avais justement l’envie, notamment dans le morceau « Babel », de faire un peu ça, de prendre tout un morceau quasiment au deuxième degré par rapport à une référence. Je l’ai fait et ce n’est pas plus mal, je suis content du résultat.

Aussi bien dans No Future que dans 404 Error de Brav’, on a pu voir que vous reformiez Bouchées Doubles. Est-ce que la reformation du groupe pour un futur album est envisageable ou pas ? Pourquoi ?

Le groupe Bouchées Doubles n’est pas mort, c’est simplement pas le moment de refaire un album de par ses projets et mes projets. Faut juste attendre que les planètes s’alignent.

Maintenant on va parler de ton prochain album Mamadou que tu as annoncé d’une manière surprenante à la fin de ton précédent projet. Tu as dit qu’il parlera de toi mais quand on y regarde de plus près, tu as déjà parlé de toi dans tes morceaux. Qu’est-ce qui va fondamentalement changer dans tes futurs textes ?

Ça va être un peu plus précis. Je vais parler de petites choses qui me gênent, de mes défauts ou en tout cas, ce que je considère être comme des défauts. Des défauts qu’on a tendance à cacher, il va être là le travail. Dé-filtrer certaines apparences que j’aie parce que je sais que de par mon label et mon style de rap, les gens se disent: « Il est exemplaire. ». Mais ce n’est pas si facile que ça, on va vraiment se concentrer sur ça et aussi parler un peu plus des problèmes familiaux parce que quoi qu’il en soit une famille c’est uni mais c’est aussi un synonyme de petits problèmes. C’est aussi de ça que je veux parler sans trop m’étendre. Il ne va pas il y avoir des morceaux fleuves où je parle que de mes relations, que de mes parents ou autre, ça va vraiment être disséminé dans plusieurs morceaux parce que je crains que ça ne lasse trop les gens de faire 10 morceaux où je ne parle que de moi. Les mêmes raisons qui m’ont poussé à ne pas parler de moi aujourd’hui sont encore valables aujourd’hui et font que je me dis qu’il y a plus important que moi. Je me dis que ça dépasse ma personne. Par exemple, ce qu’il se passe aujourd’hui en Syrie, ou d’autres cas comme ça, sont plus importants que les petits malheurs de Mamadou qui habite au Havre, tu vois ce que je veux dire ? Donc y a toujours ces raisons-là qui me mettent une petite réserve et qui me disent qu’il y a des choses plus importantes à citer que le fait que mon plat ne soit pas assez salé.

Ça va être comme une remise en question du coup ?

Ça va être un changement de méthode de travail mais ce sera pas grand chose parce que c’est aussi un truc que j’ai envie de faire. Je pense que ça va être cool, y a pas de raisons que ce soit plus galère que ça. Voilà, pour pas te mentir, j’ai déjà quasiment 6 maquettes. J’ai déjà commencé à faire un peu le travail et je ne sens pas la difficulté.

Qu’est-ce qui t’a poussé à vouloir faire un album si personnel tout à coup ? Est-ce que c’est dû à un événement ou autre chose ?

Non. C’est tout simplement qu’à chaque album, j’essaye de faire quelque chose de différent. En finissant l’album No Future, je savais déjà qu’il fallait que j’écrive différemment mes textes, donc je l’ai annoncé tout simplement et musicalement on est en train de décider ce que ça va être. Le défi va être d’emmener le rap un peu plus loin musicalement.

Est-ce qu’on aura droit à quelques featuring sur ce nouvel album ?

On n’a pas encore décidé de tout ça. Moi, j’aime bien utiliser les featurings nécessaires. Je ne suis pas un gars qui va dire:  « Il me faut lui, lui, lui. ». Je réfléchis plus à « lui, il va apporter ça dans ce morceau-là » . Vu que le projet est encore en construction, je ne saurais pas encore dire quelque chose comme: « Il manque quelque chose dans ce morceau et lui pourrait amener ce que je souhaite. ». C’est vraiment pas un calcul du type : « Lui, il a fait le buzz faut que je le ramène absolument. ». C’est surtout des questions de nécessité en ce qui concerne le morceau.

Une date de prévue peut-être ? Ou une période ?

Une période… Ce sera en 2017 pour sûr, mais je ne sais pas encore. Ça dépend de plein de trucs et surtout de mon rendement pendant le mois de décembre et janvier. Là, on est déjà mi-décembre donc on verra.

Il y a un membre de jcclm (Drama) qui m’a tanné pour que je te demande ce que veut dire « Molo Bolo ».

Dis-lui… (rires) Dis-lui que je suis sous-scellé. Il y a mon huissier juste là, je ne peux rien révéler. Je pense qu’à la fin de ma carrière, avant de partir, je vais recruter un nouveau Tiers Monde et je vais lui dire: « Tiens, ça veut dire ça. Maintenant débrouille toi. ». Ça peut être un bon délire ça, non ? Un héritier.

Laurent Grauls / Interview faite le 16/12/16