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La curiosité d’Onha

Onha semble être extrêmement curieux. Cet artiste de la Cité Ardente ne fait pas dans la demi-mesure. On sent qu’il souhaite jouer sur plusieurs terrains musicaux. Espérons d’ailleurs qu’il balance divers morceaux aux sonorités jazz. Pour le moment, son nouveau son se nomme ‘Balise’. A son écoute, tout est là pour illustrer sa curiosité. (et son envie de soigner son univers)

Là où ‘Toujours’ sonne plus comme un standard des productions actuelles, ‘Balise’ donne une meilleure importance aux instrumentations. Elles suffisent à faire rêver.

Aucune basse vulgaire qui fait tâche. Oui, fuck the trap. Le bassiste l’accompagnant se lâche et ça groove du feu de Dieu ! Sa richesse sonore envoie diverses notes bien placées. Nul flow pété qui étouffe l’instru. Onha maîtrise bien et bien la mélodie de ‘Balise’. Il apporte son grain de poésie au milieu des plantes.

Il assume sa volonté de poser des vérités via ses paroles. C’est ça qu’on veut ! Marre de ces moralistes au ton politiquement correct (salut Bigflo & Oli). Marre de ces pseudos-rappeurs qui ne racontent rien (coucou Roméo Elvis). Onha puise dans ses impressions personnelles afin d’imaginer une introspection de qualité. Sans oublier son partage d’observations intéressantes sur nos sociétés. Puis, il a le mérite d’avoir une plume subtile. Un style à surveiller de près !

Qu’il se consume comme le récit du Soleil. Qu’il récite à chacun de nos éveils.

brunoaleas Photo ©tiny.prod

Nekfeu – Feu

Membre du S-Crew, de l’Entourage et de 1995, Nekfeu est le jeune rappeur français qui a une cote énorme ces derniers temps. Avec son album solo, Ken Samaras révèle sa puissance de parolier. Voici quelques paroles dorées.

J’connais les risques de l’amour mais j’ai toujours l’amour du risque. -« Risible Amour »

J’ai épousé ma plume pour affronter les tempêtes et repousser la brume. -« Plume »

La crise, qui est-ce qu’elle atteint?
Toi, moi ou le suicidaire qui escalade un toit? -« Tempête »

Je ne vois plus que des clones, ça a commencé à l’école.
A qui tu donnes de l’épaule pour t’en sortir?
Ici tout l’monde joue des rôles en rêvant du million d’euros.
Et j’ai poussé comme une rose parmi les orties. –« Nique les Clones Part II »

feu-dans-la-légende©Quentin Curtat

Enfin, peut-être le top :

Je suis devenu celui dont aurait rêvé celui que je rêvais d’être.
Tu me suis? Je ne vais pas me réveiller. –« Egérie »

Centrons-nous sur deux de ses morceaux: « Egérie » et « Risibles Amours ».
Le premier est un hymne à l’ego trip£. Il consiste à mettre en avant le rappeur. Il présente une réalité qui a une moindre importance par rapport à sa vie. Sa mise en image renvoie au final du clip de 
« Flashing Light », où Kanye West, ligoté dans un coffre de voiture, se fait matraquer de coups de pelle par une fille en sous-vêtements. Cette dernière rejoint Nekfeu dans la voiture comme si « Egérie » était la suite de « Flashing Light ». Le clin d’œil est drôle… d’une arrogance qui fait du bien.
Le second est une histoire d’amour ultra moderne. L’instru est lourde. Elle sonne au rythme d’un rap de veille école indémodable. Le titre se réfère également aux nouvelles Risible Amours écrites par Kundera. Car oui, le Fennec fait de nombreuses références à la littérature : Le HorlaMartin Heden, etc. Cette chanson nous embarque dans la vie ténébreuse du rappeur. Il raconte ses histoires amoureuses dont il se lasse très vite. Cela me rappelle l’effet que me procure les chansons de Jacques Brel : il arrive à attirer toute mon attention lorsqu’il conte ses récits.

Construit sur des failles… Ken a suivi sa voie et est devenu un des rappeurs, si ce n’est LE rappeur, le plus intéressant des ces dernières années.

brunoaleas
Nouvelle mise en page de la critique de 2016.

Coldplay – Parachutes

We live in a beautiful world

Une phrase chantée sur un ton mélancolique. D’une voix presque larmoyante. Ainsi, s’ouvre le premier album de Coldplay. 6 mots d’autant plus forts, lorsque l’on sait que Parachutes est dédié à Sara Champion, mère de Will Champion, batteur du groupe. L’opus fête ses 20 ans et symbolise un coup de cœur musical.

Enfant, je ne connaissais pas encore la rage de Nirvana ou l’artisanat de Radiohead. J’écoutais Coldplay en boucle. Il me plaît de définir leurs premiers projets comme des orgasmes auditifs. Leurs premières chansons me relaxent au plus haut point. J’ai grandi avec Parachutes. J’ai dansé, calé, admiré… bref, j’ai été bercé par cette musique. Ma critique est plus subjective que raisonnable. Parachutes demeure un travail d’une grande délicatesse. Puis, à l’inverse de ses clips, sa musicalité n’a pas pris une ride.

Quand Coldplay poursuivait les traces de Jeff Buckley, ses membres n’avaient rien à prouver. Leur tristesse sonore s’allie à des paroles d’une simple poésie. Simple, et non simpliste.

Look at the stars
Look how they shine for you

Des mots qui font écho en chacun de nous. ‘Yellow’ est désormais un hymne crié à leurs concerts. Peut-être que les membres ont choisi ces paroles en blaguant. Cependant, une fois prononcées par Chris Martin, elles prennent une sacrée dimension. À l’origine, les membres du groupe doivent apparaître dans le clip. Les funérailles de Sara se déroulent le jour du tournage. Chris, seul acteur de la scène, courre sur la plage de Studland. Il y affronte un climat assez morose. Défiant le temps. Défiant la mort ? Son sourire résume tant de choses. Il illustre l’optimisme de Coldplay. Un sentiment notable dès leur succès.

Nous voyons le côté optimiste de la musique. Beaucoup de nos chansons sont assez maussades et racontent de mauvaises choses, surtout via leurs paroles.
Mais elles aboutissent à plusieurs types de rebondissements qui impliquent de l’optimisme… Dans ‘Spies’, il y a un petit twist à la fin, ce qui est un peu contraire à sa musique. Sa mélodie sonne vraiment sombre, mais ses paroles à sa fin sont plutôt positives. C’est une espèce de dichotomie.
Will Champion

Le batteur complète et avoue qu’à l’image d’un ‘Perfect Day’ (Lou Reed, 1972), Parachutes contient des paroles heureuses et une musique triste. Là réside la recette afin de créer diverses ambiances. Contempler un tableau d’une terre brûlée, centré sur une rose gardant ses couleurs. Danser sous la pluie. Pleurer de joie.

Parachutes a une âme. Caractériser sa poésie de naïve ou d’innocente, c’est ne pas accepter d’être en apesanteur. Et même si cela paraît abstrait, l’album me parle encore aujourd’hui. Durant une période où le gouvernement fait de nous ses chienchiens. A une époque où la culture est bafouée. Il est d’autant plus sain d’écouter ce qui nous fait vibrer.

Parachutes noue 2 sentiments les plus universellement ressentis : mélancolie et gaieté.
Un projet où une bande de potes avait du mal à garder un bon tempo, allant même jusqu’à virer leur batteur… pour enfin le reprendre, grâce l’amour amical. Voici donc les frustrations et amusements des débuts. Un résultat qui amène à un disque honorant toute démarche acoustique. Ces mélodies de l’enfance me parleront encore demain.

bruonaleas – à Giovanna

La jeune scène electro(choc) française

La scène française electro n’a rien à envier aux autres phénomènes du genre. De Daft Punk à DJ Mehdi, de Kavinsky à SebastiAn, nombreux sont les artistes à avoir exploité la house. Ces derniers participent à une fameuse déclinaison appelée French Touch. La France est bel et bien terre d’un royaume aux sons machinaux. Quid des nouveaux arrivants ? Qui tracent les sentiers d’une ère musicale maintes fois réinventées ?

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STUFF. et l’abstraction géométrique

Yôkaï et STUFF. débarquent d’une autre dimension. Pour certains, les deux groupes font partie de l’avant garde musicale belge. Il est peut-être trop tôt pour se prononcer là-dessus. En tout cas, leurs sonorités imbriquent divers genres dont le résultat est une formule aux riches mélodies.

Pour ce qui est de STUFF., ses musiciens allient dernièrement leur groove à l’art de Guy Vandenbranden (1926-2014). Les caractéristiques du graphiste sont le miroir des instrus surprenantes et académiques propres aux Flamands : symétrie, couleurs chamarrées, géométrie variable. Il ne restait plus qu’à donner vie à l’œuvre « Composition » (1967), exposée au Musée Royal des Beaux-Arts d’Anvers. Frederik Jassogne réalise alors un clip où les formes dansent à l’image d’un cobra se tortillant devant des charmeurs de serpents.
La démarche a de quoi être pertinente. Elle prouve qu’aucune frontière ne sépare les musées de la scène musicale. Le but étant aussi de savoir rendre hommage à des productions graphiques.

Cette inspiration offre un aperçu de ce que sera le troisième album du quintet. Tant pis si leurs morceaux ne passeront pas sur les ondes radiophoniques. Tant pis si le public ne sera pas au rendez-vous. STUFF. fait du bien aux plus curieux des mélomanes.

brunoaleas

TOP FILMS 2020

Quelle année.

Pour ce qui est du cinéma, 2019 a marqué les esprits avec pléthore de films plus passionnants les uns que les autres. JokerParasite, Little Women
2020 a donc un rôle étrange à jouer. Comment succéder à une telle année en plein milieu d’une pandémie mondiale, qui arrête toute l’industrie ?
En termes de cinéma, dire que 2020 a été une année riche serait mentir. Mais une erreur odieuse serait de dire que rien d’intéressant n’a vu le jour.

Car quelques pépites brillent sous la couche de crasse de cette année difficile.
Citons les plus belles d’entre elles.

En avant n’est pas le meilleur des Pixar. Mais il n’en est pas moins extraordinaire.
Touchant, visuellement somptueux, et doté d’un scénario qui fonctionne à merveille, il n’y a pas à douter. La dernière œuvre de la compagnie à la lampe mérite la première place parmi les films de 2020.

Le choix a été cornélien, puisque c’est The Platform qui arrive en seconde position. Ce film d’horreur espagnol ayant eu un franc succès sur Netflix a parfaitement su capter l’essence de son genre. Imaginez un monde dans lequel votre quantité de nourriture est aléatoire. Qui n’aurait pas peur de se retrouver, un jour, enfermé à mourir de faim, et pratiquer le cannibalisme pour ne pas y rester ? The Platform est à mourir d’angoisse, palpitant à souhait. Il ne mérite cependant pas la première place à cause de sa conclusion, trop vaporeuse et vide de sens. Elle nous laisse un peu… sur notre faim.

Plus horrifique mais moins angoissant : Invisible Man. Scénariste du premier Saw, Leigh Whanell est aux commandes de cet hybride horreur/science-fiction.
Invisble Man reprend bien sûr son concept de base au célèbre roman de HG Wells. Mais Whanell modernise ce mythe connu. Cette soupe étrange de science-fiction et d’horreur psychologique produit une œuvre riche, et intéressante.

Dernier film d’horreur de la liste, Vivarium arrive en quatrième. Surréaliste et étrange, l’œuvre raconte l’histoire d’un couple enfermé dans un monde qui se répète sur lui-même.
Si on admet que la répétition sans but est le propre de la folie, alors Vivarium offre un monde fou et déstabilisant. Le spectateur sera franchement perturbé par l’univers du film, qui est sa grande force.

Enfin, en dernier se trouve Le cas Richard Jewell, du grand Clint Eastwood. A l’âge de 90 ans, le réalisateur de Gran Torino (2008) n’a pas fini de nous surprendre.
Il partage une effroyable vision de la société américaine. Un homme, faussement accusé de terrorisme, se voit complètement détruit par les médias, qui n’ont pas fini de le persécuter. Le film suivra le point de vue effroyable de cet inadapté social. Quelle angoisse.

Difficile de résumer 2020 autrement que « l’année de l’angoisse ». Partout, les films jettent un regard désespéré sur le monde.
Et si le confinement n’a rien amélioré à cette « culture de la claustrophobie », il s’agit bien là d’un courant esthétique puissant qui émerge. Durera-t-il ? Quelle sera sa puissance ? Quels seront les chefs d’œuvres qui le marqueront ?

Nous verrons cela en 2021. –Lou

TOP 5

  1. En avant – Dan Scanlon

  2. The Platform – Galder Gaztelu-Urrutia

  3. Invisible Man – Leigh Whanell

  4. Vivarium – Lorcan Finnegan

  5. Le cas Richard Jewell – Clint Eastwood

Dans une année 2020, où les grosses sorties ont été reportées, ce sont les films originaux qui triomphent. Des œuvres qui assument leur radicalité de forme et/ou de fond et qui font confiance à l’intelligence du public… un comble pour une année de confinements.

Et s’il y a bien un réalisateur qui construit une œuvre en dehors de tout standard, c’est bien Terrence Malick (Badlands, La Ligne Rouge, Tree of Life). Toujours en quête de moments de grâce, il filme dans Une vie cachée le parcours d’un agriculteur autrichien qui sacrifie sa vie, en renonçant au service dans l’armée d’Hitler. Le cinéaste nous offre un film fleuve d’une poésie, d’une spiritualité, d’une conviction et d’une beauté formelle absolument incroyable. –AS

TOP 5

  1. Une vie cachée – Terrence Malick

  2. Madre – Rodrigo Sorogoyen

  3. Tenet – Christopher Nolan

  4. Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait – Emmanuel Mouret

  5. Drunk – Thomas Vinterberg

J’ai triché. J’avoue ne pas respecter l’exercice. L’œuvre filmique la plus bouleversante de l’année est un court, et non un long métrage. Tim Dup s’allie à Hugo Pillard. Le résultat ? 16 minutes de questionnements universels. Le genre de métaphysique qui torture soit à l’adolescence, soit à l’âge adulte. A quoi bon faire ce que l’on fait ? Tim Dup tente d’y répondre, tout en exposant les coulisses de son second album. Qu’en restera-t-il ? évoque tout simplement la beauté de la vie.

Par contre, s’il fallait absolument retenir un et un seul long métrage, il se nomme Felicità. (allez le voir, c’est tout)

Drunk est également un coup de cœur inoubliable. L’être humain ne peut se défaire de certains vices. Les drogues n’ont rien de miraculeux. Thomas Vinterberg le démontre d’ailleurs à l’écran. Danser. Boire. Mourir. Renaître. Ce film est à voir et revoir.

L’humour efficace n’était pas non plus absent. Borat 2 illustre une Amérique malade. Malgré la réussite du nouveau projet de Sacha Baron Cohen, c’est l’imagination Taika Waititi qui occupe ce classement. Ce dernier réalise un drame et une comédie mémorable, Jojo Rabbit. Se moquer d’Hitler n’est peut-être plus si subversif qu’avant. Néanmoins, il est toujours possible de sensibiliser à des thèmes tragiques via l’ironie.

Quant à Uncut Gems et 1917, je n’aimerais pas vraiment les voir à nouveau. Sauf que leurs propositions cinématographiques sont vraiment pertinentes. L’un synonyme d’une course malsaine, dont le climax final traumatise. L’autre, signe des performances techniques qui font vivre la guerre aux spectateurs.

Nulle science-fiction pour ce top. C’est bien atypique de ma part !
Une seule évidence apparaît claire et nette : cette année, des artistes sacralisent des tranches de vie grâce à un œil critique et créatif. –brunoaleas

TOP 5

  1. Qu’en restera-t-il ? – Hugo Pillard

  2. Felicità – Bruno Merle

  3. Drunk – Thomas Vinterberg

  4. Jojo Rabbit – Taika Waititi

  5. Uncut Gems – Joshua et Ben Safdie

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