TOP FILMS 2017

CLEMENT MANGUETTE : Malgré son lot de bons films, 2017 fut une année quelque peu morne, il aura fallu attendre l’été pour que la majorité des auteurs sortent leurs films, sorties presque successives jusqu’à l’apogée Blade Runner 2049, ou alors est-ce mon adoration sans limites pour ce film qui biaise mon point de vue ? Peut-être, mais peu importe, car si une poignée de films hollywoodiens ont su tirer leur épingle du jeu (Logan, Dunkirk et Blade Runner en tête), on peut au sortir de 2017 faire une fois de plus faire le constat d’un Hollywood sur la pente descendante standardisant de plus en plus ses productions aux budgets toujours plus faramineux. Entre l’ogre Disney, et ce qu’il implique au niveau des relations malsaines que la boîte a avec ses réalisateurs, qui étend de plus en plus sa mainmise sur Hollywood (hier Marvel et Star Wars, aujourd’hui la Fox) et la Warner qui semble de plus en plus hésitante à laisser le « final cut » à ses réalisateurs, nul doute que l’on se précipite droit vers au pire un fossé artistique, au mieux une standardisation profondément ennuyeuse. Ce qui, encore une fois, n’a pas empêché 2017 de voir naître des propositions de cinéma hautement intéressantes.

Je tiens également à préciser avoir manqué nombre de films s’annonçant absolument prometteurs soit par faute de temps, soit par défaut de distribution. Tel est le cas pour le documentaire We Blew It (Jean-Baptiste Thoret), de Faute D’Amour (Andrey Zvyagintsev) ou encore de The Lost City Of Z (James Gray). Sur ce, place au classement (qui n’en est pas vraiment un tant les places occupées au-delà du numéro 3 sont interchangeables).


TOP 10

1. Blade Runner 2049 Denis Villeneuve

Véritable monstre en cage depuis l’annonce du canadien Denis Villeneuve aux commandes du film et de Ridley Scott à la production, Blade Runner 2049 se hisse au-delà de toutes les espérances. Plus qu’une simple suite, c’est un véritable complément au chef-d’œuvre de Ridley Scott qu’offre ici Villeneuve, tout en y insufflant des thématiques présentes dans le cinéma du Canadien depuis ses débuts en 1998, au travers d’une filmographie jusqu’ici irréprochable. Le film se paie en plus le luxe d’offrir un discours on ne peut plus pertinent sur l’industrie hollywoodienne actuelle en soulignant l’inutilité de faire renaître un passé mort et oublié. Mais réduire Blade Runner 2049 à cette simple qualité serait criminel tant il raconte beaucoup plus de choses que ça (notamment sur la recherche de soi, d’où on vient, de la création), mais aussi parce qu’il est d’une splendeur visuelle, sonore, et artistique. Chaque plan transpire le soin apporté par les artisans ayant travaillé sur le film. Bref, une réussite totale et assurément le meilleur film hollywoodien depuis Mad Max: Fury Road.

2. Silence – Martin Scorsese

Troisième volet d’une trilogie consacrée à la foi, entamée par La Dernière Tentation Du Christ et continuée par Kundun. Scorsese renoue avec son cinéma dans ce qu’il a de plus religieux. Il raconte les persécutions subies par les chrétiens Japonais vues par un couple prêtres jésuites magnifiquement interprétés par Andrew Garfield et le toujours excellent Adam Driver. Scorsese va ici plus loin que le « simple » thème de la foi et la façon de la vivre, et dépeint de façon anti-manichéenne au possible une société japonaise désirant s’affranchir de l’influence des puissances européennes et de maintenir leur culture. Véritable chemin de croix long de près de trois heures, la pénibilité du film sert de façon magistrale son propos et la longue descente aux Enfers de ses deux protagonistes, le tout servi par une reconstitution et mise en scène sublime du maître. Maintenant, il ne reste plus qu’à attendre The Irishman.

3. Un Jour Dans La Vie De Billy Lynn – Ang Lee

Peut-être le film le plus déchirant de l’année, Ang Lee raconte comment les jeunes soldats envoyés au Moyen Orient et revenant au pays, traumatisés, sont totalement dépossédés de leur histoire et de leur trauma par une poignée de cyniques n’ayant pour but que de pérenniser une nation qui destine une partie de ses forces vives à se faire tuer dans un désert à des milliers de kilomètres de chez eux. Tout ça pour que ses citoyens se complaisent dans une consommation ostentatoire et nihiliste. La guerre est une chose horrible, découvrir pourquoi on se bat réellement (autre que les grands principes de démocratie et de liberté) en est une autre. Sans pour autant être une véhémente charge antimilitariste, le film d’Ang Lee montre que les héros fabriqués par les cyniques ne sont que des marionnettes. C’est là que la filiation avec Le Mémoire De Nos Pères de Clint Eastwood est manifeste: le film raconte en substance la même chose et arrive à la même conclusion: la meilleure façon d’honorer ces « héros » est de se souvenir d’eux tels qu’ils étaient et non pas comme une image montée de toute pièce par des publicitaires. Notons également un excellent Vin Diesel qui montre, à l’instar d’Andrew Garfield, que bien dirigé, il est un excellent acteur, et un tout aussi excellent, mais trop rare, Garrett Hedlund.

4. La La Land – Damien Chazelle

Si la tendance actuelle qu’a Hollywood à faire revivre ses gloires passées, le film de Damien Chazelle concilie à mon sens parfaitement cette volonté de rendre hommage à un cinéma révolu, surtout pour ce qui est de la comédie musicale classique, tout en y intégrant son cinéma. Là où Denis Villeneuve est à contre-courant du Blade Runner de Ridley Scott, le jeune Chazelle va piocher d’un côté chez Coppola (One From The Heart), de l’autre chez Jacques Demy (Les Parapluies De Cherbourg), ou encore chez Stanley Donen (Singin’ In The Rain) tout en sollicitant, de manière moins viscérale certes, les thématiques déjà abordées dans Whiplash. A savoir notamment les sacrifices nécessaires pour réussir son rêve, en suivant le couple de Sebastian et Mia, campés par le merveilleux duo de Ryan Gosling et Emma Stone qui ont tous les deux confirmé en 2017 être des acteurs formidables. Peut-être avec Blade Runner 2049 le plus beau film de l’année, tant on sent un soin similaire à celui du film de Denis Villeneuve sur tous les niveaux: que ce soit l’interprétation des acteurs, les couleurs de la photographie de Linus Sandgren, la musique de Justin Hurwitz et la caméra de Damien Chazelle, virevoltant dans les rues de ce Los Angeles rêvé. Peut-être est-ce là que réside le succès de La La Land, parce que toutes ses composantes font de ce film un rêve éveillé.

5. L’Autre Côté De L’Espoir – Aki Kaurismäki

Le Finlandais revient six ans après son Le Havre en suivant également un migrant désirant s’en sortir dans la Finlande contemporaine. Comme d’habitude chez Kaurismäki, on retrouve ces visages burinés et figures fatiguées par un monde qui n’a pas de sens et dans lequel il convient de se mettre ensemble pour le rendre intelligible. Une fois de plus, le décalage entre l’austérité toute finlandaise de ces personnages et l’humour des situations font mouche et rappelle Chaplin, sans pour autant sacrifier ce qui fait aussi le sel du cinéma unique de Kaurismäki: la sympathie infinie que provoque ses personnages pourtant désabusés par le monde moderne mais aussi la tendresse qu’ils éprouvent entre eux passant par des moments fugaces, ce qui les rend d’autant plus beaux. Il serait dommage que l’auteur des géniaux La Vie de Bohême et I Hired a Contract Killer arrête sa carrière ici, tant son cinéma a une chaleur qu’on ne retrouve nulle part ailleurs.

6. Au Revoir Là-Haut – Albert Dupontel

A l’heure où le cinéma français s’embourbe dans des productions de plus en plus standardisées, ce qui n’est pas sans rappeler la situation outre-Atlantique, il reste chaque année des ilôts épars que l’on n’attendait pas forcément. Qu’ils émanent d’auteurs confirmés ou de nouveaux talents, ils qui sont d’autant plus bienvenus. Cette année, c’est Albert Dupontel qui tire son épingle du jeu avec l’adaptation du roman Au Revoir Là-Haut, de Pierre Lemaître, prix Goncourt 2014. Le film raconte l’arnaque montée par deux vétérans de la Première Guerre mondiale via la vente de monuments aux morts. Si le film n’ait pas excepté une légèreté évoquant Charlie Chaplin, il est aussi, dans son introduction, effroyablement puissant quand il s’agit de filmer les tranchées, ou de filmer ces vétérans, mis en marge de la société parisienne des années 20 semblant vouloir oublier l’horreur des tranchées à grands coups de réceptions bourgeoises. Malgré ce focus sur une époque et son état d’esprit, Dupontel n’oublie jamais ses personnages principaux, surtout Péricourt, gueule cassée dont la reconstruction, qu’elle soit physique ou identitaire est le véritable fil conducteur du film. Une merveille d’humour, d’intelligence et, surtout, d’ambition, ce qui fait particulièrement plaisir à voir dans un cinéma français tournant de plus en plus à vide.

7. Song To Song – Terrence Malick

Cela fait plusieurs années que Terrence Malick nous a habitués à des films particuliers, à la limite de l’expérimental et donc extrêmement clivant tant l’appréciation de cette partie de la filmographie du réalisateur dépend d’un spectateur à l’autre. Song To Song ne déroge pas à cette règle: en tout point déroutant, il suit le parcours sentimental et spirituel de trois personnages incarnés à la perfection par la fantomatique Rooney Mara, Michael Fassbender et Ryan Gosling (encore lui). Des festivals de musique aux appartements et villas californiennes, Malick fait virevolter sa caméra au gré des rencontres vécues par les personnages, avec une toujours sublime photographie d’Emmanuel Lubezki. Ajoutez à cela les apparitions toutes aussi savoureuses les unes que les autres de Cate Blanchett, Natalie Portman, Pattie Smith ou encore Val Kilmer, et l’on obtient le film le plus déroutant de l’année posant énormément de question sur notre propre condition occidentale, sans évidemment y répondre. Quel serait l’intérêt sinon ?

8. Logan James Mangold

Après un volet absolument raté, il était étrange que James Mangold revienne pour un troisième film sur le héros aux longues griffes. Pourtant, on peut presque voir dans Logan une appropriation de l’imaginaire entourant Wolverine, similaire à l’appropriation que Villneuve s’est faite de l’univers de Blade Runner. En découle un film éminemment personnel, relevant plus du western crépusculaire autour de la figure du super-héros que du film de super-héros en tant que tel. En montrant un Wolverine et un professeur X épuisés, fatigués, Mangold montre dans un élan absolument fordien la fin de ses légendes. Le film aurait sans doute été plus beau s’il avait annoncé la fin effective du film de super-héros à Hollywood, ce qui n’a pourtant pas l’air d’être le cas, tout comme L’homme Qui Tua Liberty Valance a été le film annonciateur de la fin du western classique.

9. Jackie – Pablo Larraín

Parti comme un énième biopic à Oscar, le Chilien Pablo Larrain arrive à transcender son sujet et à livrer un film éminemment malickien, dans lequel on est placé au plus près de la veuve du défunt John Kennedy durant les jours et de préparation de ses funérailles. Pas consensuel pour un sou, le thème du film étant la fabrication de l’histoire et des mythes de l’Amérique, la figure du président Kennedy est implicitement critiquée sans pour autant tomber dans une violente charge contre un de ceux qui a failli plonger le monde dans la troisième guerre mondiale, chose rappelée par le personnage de Robert Kennedy, ce qui rend la pique d’autant plus marquante.

10. Dunkirk Christopher Nolan

Après les boursouflés Inception et Interstellar, la crainte était que Nolan renoue avec ses défauts avec son Dunkirk. Et si l’on en retrouve quelques fugaces traces, force est de constater que Nolan a réussi à se renouveler en proposant un film dépouillé en dialogues ou explications saugrenues et nous met au plus près de ses protagonistes, le temps d’un huis clos sur la plage de Dunkerque, alternant entre les points de vue de l’infanterie, de l’aviation et de la marine. La tension que Dunkirk fait grandir tout au long de son déroulement est sa grande force: on sait que l’ennemi est proche, et on sait qu’il va arriver. En outre, le fait que l’ennemi n’est jamais montré donne une dimension presque mythologique à l’étau qui se resserre sur les soldats anglais et français. Pourtant, le film est très maladroit dans sa reconstruction historique et la composition de Hans Zimmer est une fois de plus d’une fainéantise assez incroyable quand on la compare à son travail sur Blade Runner 2049. Quoiqu’il en soit, Dunkirk est la maturité retrouvée (depuis The Dark Knight qui va sur ses dix ans) pour un Christopher Nolan qui redonne envie de voir ce que réserve la suite de sa carrière.


DRAMA
: J’ai trouvé cette fin d’année riche en films extraordinaires. Même si ce début d’année à commencer avec le visionnage d’œuvres telles que La La Land, emportant les spectateurs dans des couleurs ou musiques vivifiantes et confirmant un certains talent à Damien Chazelle pour la mise en scène et la réalisation. Nocturnal Animals, sorti fin 2016 mais sur nos écrans en janvier dernier, n’est pas non plus à négliger. Ce thriller perturbe aisément via des scènes capables de chambouler toutes les idées qu’on le pouvait se faire au sujet de son intrigue principale.

L’acteur de l’année s’appelle Ryan Gosling (même si je n’ai pas accroché à Song To Song, aux commandes d’un Terrence Malick aux créations devenues trop caricaturales) et les actrices à retenir sont Ana de Armas (Blade Runner 2049), Emma Stone (La La Land), Ahn Seo-hyeon (Okja) et surtout Noomi Rapace (Seven Sisters). Cette dernière délivre une prestation mémorable et folle de 7 personnages baignés dans un univers futuriste, où les décisions politiques mènent à des séquences dont la violence gifle souvent le spectateur de façon brutale.

Mais 2017, c’est aussi l’année qui a porté sur le devant de la scène un phénomène captivant : deux longs-métrages qui ont énormément divisés. Ils se nomment Blade Runner 2049 et Star Wars VIII : The Last Jedi. Alors que le premier propose un type de cinéma dont la plupart des communs des mortels n’est plus habitué à voir (et ça j’en suis sûr), le second, lui, décide d’offrir une tabula rasa à des fans liés à une saga qui n’a pas fini de faire parler d’elle.

Si le nouveau Star Wars, assez mauvais en certains points, se trouve dans ce top, c’est parce qu’il apporte de nouvelles lectures concernant l’univers passionnant des chevaliers de l’espace. Je pense qu’il est bon de souligner cette caractéristique malgré un scénario bancale qui découle notamment d’un épisode VII extrêmement foireux.

La suite au Blade Runner de Ridley Scott est admirable, tant elle résulte d’un savoir-faire qui me rappelle grand nombre de vieux films : on est plus enclin à contempler diverses images où leurs expositions ne s’enchaînent pas à grande vitesse, mais durent longuement à l’écran. Roger Deakins mérite un Oscar (voilà c’est écrit). Un dernier point, mais pas des moindres, pour ce qui est du bijou de mon Québecois adoré : j’adore les films qui torturent mes méninges et qui m’amènent à plusieurs questionnement une fois à leurs fins. Inutile d’insister sur le fait que Blade Runner 2049 en réussit le pari. N’oublions pas aussi le choix intelligent de Ryan Gosling pour un rôle qui lui va comme un gant. Alors oui, Denis Villeneuve, comme pour le top de l’an passé, se place numéro un grâce à un travail hors-pair et très peu comparable à celui des autres cinéastes d’aujourd’hui.

TOP 10

1. Blade Runner 2049 Dennis Villeneuve

2. La La Land  Damien Chazelle

3. Baby Driver  Edgar Wright

4. Nocturnal Animals  Tom Ford

5. Colossal  Nacho Vigolando

6. Okja  Bong Joon-ho

7. Les Gardiens De La Galaxie 2  James Gunn

8. Logan  James Magold

9. Star Wars Episode VIII: Les Derniers Jedi   Rian Johnson

10. Seven Sisters  Tommy Mirkola



LE DARON :

TOP 10

1. Quelques Minutes Après Minuit – Juan Antonio Bayona

Magnifique, touchant, universel. Bayona à son sommet.

2. Logan – James Mangold

La réponse a 10 ans d’attentes. Le film Wolverine que l’on rêvait de voir.
Et en plus sur fond de western.

3. La Planète Des Singes : Suprématie – Matt Reeves

La conclusion simiesque à la nouvelle trilogie
de l’une des meilleurs saga de tous les temps.

N’hésitez pas à jeter un œil sur nos critiques de quelques classiques du cinéma.

Manhattan – Woody Allen

Easy Rider – Dennis Hopper

Dr. Strangelove Or: How I Learned To Stop Worrying And Love The Bomb
Stanley Kubrick

Orange Mécanique – Stanley Kubrick

Le Président – Henri Verneuil

La Nuit Des Morts Vivants – Georges Romero

Once Upon A Time – Sergio Leone

Laisser un commentaire