Coline et Toitoine, c’est le duo électropop qui renverse la scène bruxelloise. En mai 2021, la bande sort leur premier EP, Soma. Inspiré du roman Le Meilleur des Mondes, cet EP est composé de sept chansons. Ils ont pour thème la société dans son ensemble, le tout en dépeignant un monde dystopique. Les sujets sont variés, et terriblement actuels : l’urgence climatique, les dérives politiques, la pression sociale et ses travers, etc.
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Grandma’s Ashes Interview
En France, le stoner féminin est fièrement porté par Grandma’s Ashes ! Au nom jouant d’emblée avec l’humour absurde, le trio partage un univers décomplexé. Comprenons « Daddy Issues » et découvrons la définition d’un morceau efficace.
Nous vivons une période historique totalement inédite. Sortir un opus en 2021 doit être exceptionnel.
Eva : C’est particulier parce qu’on jouait cet EP depuis 2 ans, en live. Notre public connaissait déjà les chansons. Là, c’est littéralement un accomplissement de les partager via un mini-album. Bien sûr, on est frustrée de ne pas avoir pu tourner par après. Mais la sortie de l’EP amène à une plus grosse focalisation sur un vrai album. On vit plutôt bien sa sortie.
Edith : On est assez étonnée pour ce qui est de la réception du disque. On pensait faire un flop total mais les retours étaient plutôt agréables à digérer. C’était une très belle surprise.
Vos méthodes de distribution sont-elles de la vieille école ?
Edith : On réfléchit beaucoup sur la manière de construire une identité, une fois sur les réseaux. Puis, on a eu des demandes pour nos supports physiques, ce qui permet de garder un contact avec le public. Il y a un regain d’intérêt pour le vinyle. Il reste pertinent à réaliser pour un groupe. Alors que tout ce qui est CD et cassettes sont mis de côté.
Odezenne a une relation assez particulière avec ses fans. La bande s’adresse par e-mails à sa communauté. Vous effectuez les mêmes démarches ?
Eva : A la base, on avait l’habitude de communiquer à nos concerts (rire). Là, c’est bien plus compliqué. On est active sur les réseaux. Sur ces plateformes, des questions découlent de la part du public. On vise à répondre à chacune d’entre elle. Nous nous y impliquons vachement lorsqu’on nous interroge quant à l’avenir du groupe.
Myriam : On personnalise nos messages. On aime envoyer des cartes, de les signer, de partager de vieilles setlists ou de livrer des dessins. Ces actes deviennent uniques.
Vous percevez l’univers musical différemment depuis la sortie de The Fates.
Myriam : Oui. Je me concentrais beaucoup sur le live et sur le fait de composer et d’écrire uniquement pour notre jeu en concert. Je voulais voir comment le public pouvait réagir face à mon travail. A savoir, quel morceau faire durer plus longtemps, quel autre pour lancer les pogos. Depuis qu’on s’attaque à l’album, on bosse sur des musiques appréciables en dehors des live.
Eva : On réfléchit beaucoup plus sur des compositions brutes. On n’a pas à se prendre la tête sur ce qui doit être impérativement efficace sur scène.
Quelle est la meilleure leçon à tirer de votre premier projet ?
Edith : Adopter de meilleures organisations. (rire) On a collaboré avec pas mal de personnes extérieures à notre trio. C’est déstabilisant. Au niveau de la communication, on prévoit de mieux s’exprimer sur nos projets.
Myriam : Au départ, nos méthodes de travail étaient bien plus punk. En studio, on a enregistré tout en 3 jours, sans rien éditer derrière. On se demandait quand tout allait s’enchaîner. Ensuite, on a réalisé qu’on devait avoir affaire à un label et à des distributeurs.
Lors de votre interview au Sensation Rock, vous caractérisez « Daddy Issues » comme un morceau efficace. Comment définir ‘un morceau efficace’ ?
Eva : Un morceau efficace est celui dont la mélodie est chantée inconsciemment dans la douche, après 2 ou 3 écoutes.
Myriam : L’efficacité s’illustre via une mélodie qui reste en tête, mêlée à une énergie qui entraîne tout le monde.
Edith : Ca équivaut aussi à la sensation ressentie après avoir reçu une claque. A chaque fois qu’on joue « Daddy Issues », j’ai l’impression qu’on réussit à plier notre spectacle avec brutalité. Le morceau n’a pas demandé beaucoup de prises en studio, juste beaucoup d’énergie.
Les paroles et le clip de cette chanson me laissent imaginer une Terre vierge de tout, ne subissant pas l’arrivée de l’humanité prête à polluer et détruire.
Voulez-vous traduire l’absurdité de la vie grâce à vos textes ?
Eva : L’esthétique même du groupe est de dépeindre des situations problématiques avec humour. On aborde les injustices, la mort, le fatalisme, les absurdités de la vie. On se fixe ces thèmes comme buts à nos textes. On ne met pas du tout à l’écart l’introspection. « Daddy Issues » parle de la séparation de mes parents advenue lors de mon enfance. Ces termes signifient ‘un traumatisme psychologique’. Il se développe par exemple chez une femme qui se méfie des hommes. Pourtant, ces mots sont parfois insultants pour une femme qui a vécu un trauma à la con par le passé. C’est banaliser un événement de la vie trop facilement.
Myriam : Nos sujets se rapportent aux difficultés à tisser des liens durables entre les personnes. On chante les contrariétés et contraintes qui ne devraient pas avoir lieu dans une relation humaine.
Aujourd’hui, il serait difficile de savourer des sketchs ressemblant à ceux des Monty Python, ou bien à ceux des Inconnus. La censure et la bien-pensance sont deux obstacles artistiques à ne pas ignorer. Est-il plus facile de s’exprimer en musique ?
Eva : Les Inconnus ont un humour beaucoup plus potache que le nôtre. Par contre, on se rapproche bien plus de l’absurdité anglaise des Monty Python. C’est plus fin, plus bête. On est loin de la grandiloquence française qui se veut dénonciatrice de quelque chose.
Myriam : On ne se concentre pas forcément sur la dénonciation.
Edith : Il n’y a pas vraiment de quoi se taper des barres en lisant nos textes. Je préfère endosser un rôle nihiliste. Les personnages que l’on présente sont en pleine crise existentielle. Il y a comme une idée de déconnexion.
Et si vous aviez un message à passer aux artistes français, quels seraient vos mots ?
Eva : De s’accrocher. De ne surtout pas baisser les bras. De continuer à défendre son art et sa culture. C’est très important. Une société sans art est une société mourante. Elle ne vaudrait plus le coup de se battre pour ses causes. Même si c’est difficile de garder sa veine artistique ou d’avoir confiance en son art, continuons à réaliser nos rêves.
Interview menée par Drama – Photo ©Yann Morrisson
Sud Adventura Part 3 / Cittadella del Capo
Sud Adventura Part 2 / Maratea
Sud Adventura Part 1 / Diamante
Ces films impossibles à terminer Part 1
Comment exprimer son dégoût face à certains films ? Pourquoi fuir devant l’incompréhension ? Nous revenons sur quelques expériences foireuses du septième art. Au programme : 3 films décriés par mois.
Sleepy Hollow – Tim Burton
Pour beaucoup, Tim Burton est un des plus grands cinéastes de sa génération. Et si, en effet, son style atypique et son alchimie unique ont fait de lui un grand nom du cinéma fantastique contemporain, son parcours n’est pas immaculé. Sleepy Hollow (1999) est une douloureuse éraflure dans la filmographie du génie.
Nous contemplons des personnages trop plats et caricaturaux. Il ne se passe pas grand-chose, et la matière est trop pauvre pour laisser la magie opérer. Avec beaucoup d’efforts, il est possible d’atteindre la moitié de l’œuvre. Mais son dynamisme, déjà faible, s’écroule assez vite. L’effort que demande le visionnage rompt le contrat entre le spectateur et le film. Alors, Sleepy Hollow se goûte dans la gastronomie de Burton telle une tranche de pain de mie, sans saveur ni intérêt.
Downsizing – Alexander Payne
Downsizing date de 2018 et est un parfait exemple de mariage raté entre deux genres. Collés de force à grands coups de scotch, la comédie et le drame empiètent l’un sur l’autre comme de mauvais voisins : impossibles à concilier, ils ne demandent qu’à se fuir l’un l’autre.
Pourtant, il est possible, et même très intéressant, de faire de la comédie dramatique. Rire des choses tristes est un terrain fertile qui a su inspirer de nombreuses œuvres. Néanmoins, il y a une différence entre ‘comédie dramatique’ et ‘comédie + drame’. Dans Downsizing, les rires et les pleurs se succèdent sans s’entremêler, sans s’associer. Si bien qu’on a l’impression, en réalité, de se trouver devant deux films différents, diffusés en même temps. Or, le téméraire qui aurait tenté une telle expérience le sait : c’est insupportable.
El Topo – Alejandro Jodorowski
Alejandro Jodorowski est un véritable alien. Perdu entre les styles et au-dessus des conventions, il est le maître du bizarre et parmi les rois incontestés des films d’auteur. En 1970, le réalisateur franco-chilien sort son deuxième long métrage : El Topo. Comme on peut en attendre de l’artiste, le film est une œuvre étrange. Ecrite, tournée, et montée bizarrement. Cependant, bizarrement ne signifie pas mal, car on sent une grande maîtrise de la part du réalisateur. Malgré la qualité incontestable d’El Topo, en venir à bout est un supplice. Sa lenteur et son vide narratif sont si pesants que peu d’entre nous pourront se vanter d’avoir atteint les dernières minutes.
L’œuvre semble avoir été conçue pour les artistes, mais pas pour les spectateurs. Ou en tout cas, pas pour le public occidental actuel, peut être trop habitué au cinéma hollywoodien, rapide, rempli et rythmé.
Lou
Tim Dup – La course folle
Une pastille pour l’été, voilà ce dont nous avions besoin. Une pastille sucrée, un bonbon qui dégouline de gourmandise. Tim Dup débarque avec un album hédoniste où son principal terrain d’action s’ancre en Italie. Pas de chichi. Ce pays est parfait pour célébrer l’ivresse de la vie.
L’artiste se lâche alors en délaissant ses tics hip hop. Il dépeint des cadres méditerranéens à travers un chant parfois haut perché. Sa poésie emporte les auditeurs vers les doux souvenirs d’été, à notre amour du voyage.
Ce nouveau disque est singulier car j’y trouve une certaine forme de paix,
de lumière et de Soleil. –Tim Dup Continuer la lecture
La dure à cuire #52
Le Mal contourné par Miyazaki
L’égoïsme est un thème extrêmement fascinant. Peu importe sa nature, l’être humain ne peut échapper à cet état d’esprit.
Le cinéaste Hayao Miyazaki exploite ce sujet à de nombreuses reprises. Là où deux poids, l’Homme et la Nature, tentent de s’équilibrer dans ses productions, une autre parenthèse est à noter. L’artiste nippon expose les mortels et leurs sacrifices.
Ne passons pas en revue toute l’orfèvrerie visuelle du maître de l’animation. Le Vent se lève retient mon attention. Non pas qu’ils soit mon Miyazaki favori. Cependant, il présente bel et bien un récit pertinent. Il s’articule autour d’une histoire vraie : le destin de Jiro Horikoshi (1903-1982). Cette figure conçoit le Mitsubishi A6M Zero. L’appareil est considéré comme l’un des meilleurs de la Seconde Guerre mondiale. Il reste pourtant associé à une sombre période du militarisme japonais, propre aux missions kamikazes de forces aériennes.
Au départ, je ne devine pas ce que veut transmettre l’œuvre. Plus l’histoire avance, plus je comprends mon erreur. Il ne s’agit pas de raconter des batailles historiques. Face à mes yeux se dressent deux histoires d’amours. D’une part, la passion de l’aviation ancré chez un homme depuis son enfance. De l’autre, la flamme amoureuse brûlant chez deux jeunes adultes. Le Vent se lève perturbe l’espace d’un instant. Il ne se limite pas du tout à son aspect documentaire.
Miyazaki ne pointe pas seulement des progrès aéronautiques et les mœurs d’une époque. Il emmène également les spectateurs vers le surnaturel. Jiro partage ses rêves avec son idole Giovanni Battista Caproni. L’importance du rêve se dépeint alors grâce à ces images !
Vu sous cet angle, je construis un début de conviction : Miyazaki contourne le Mal à l’aide de son Art. Le Vent se lève décrit les atrocités de la guerre mais ne s’y focalise pas pendant des heures. Le réalisateur provoque l’oubli des atrocités via ce qu’il conte. Caproni est au service d’un certain Benito Mussolini. Il ne représente pas le Diable à l’écran. Il rappelle plutôt à quel point choisir équivaut à renoncer.
Le cofondateur du Studio Ghibli présente des personnages égoïstes entreprenant leurs souhaits les plus profonds, quel qu’en soit le prix à payer.
Au bout de la course, une séquence vient marquer mon esprit. Des larmes arrivent presque à mes yeux en observant une et une seule relation fusionnelle : Jiro et sa bien-aimée atteinte de tuberculose. Rien ne peut arrêter ces êtres déchirés par leurs obligations. Ils se complètent et symbolisent la persévérance (Disney n’a qu’à se cacher).
Un avion amélioré peut devenir une arme de guerre. Un couple peut se rencontrer malgré des risques maladifs. Dès lors, est-ce que notre passion l’emporte sur notre raison ? Est-ce que l’amour rend aveugle ? Qui sommes-nous pour juger ? Est-ce vraiment correct de s’émouvoir devant un homme participant au chaos mondial ?! Trop de questions avalent le mental… ce qui donne une vraie force aux propos du film.
Les années 30 sont tragiques. Heureusement, quelques rêveurs vivent leurs désirs. Le réalisateur avoue avoir produit une simple mise en scène, celle d’un ingénieur soucieux de concevoir de beaux avions. Nos visions ont beau être manichéennes, parfois, l’égoïsme aussi s’éloigne du Mal.
Le Temps scintille et le Songe est savoir. -Paul Valéry
brunoaleas
La dure à cuire #51
Le problème One Piece
1997. Quelle belle époque. Les premiers tomes de One Piece sont publiés à ce moment. On découvre alors le monde laissé par Gol D. Roger. Juste avant sa mort, ce Roi des pirates ouvre une chasse au trésor inspirant Monkey D. Luffy à naviguer sur toutes les mers. En 2011, le manga d’Eiichirō Oda atteint un record : il se vend à plus de 37 millions d’exemplaires !
Aujourd’hui, il est évident que son univers n’est plus le même qu’avant. Malheureusement, un problème devient de plus en plus apparent à sa lecture. Comment est-ce possible ?! Qu’est ce qui dérange ? L’heure du jugement est tombée.
brunoaleas et anti.cons / Illustration ©Eiichirō Oda
Générique Clément Trouveroy
Musique finale Kohei Tanaka & Shirō Hamaguchi – ‘To The Grand Line’
Zoo Baby Interview
Zoo Baby signe un disque où le désamour tient une place centrale. Le Chicoutimien décortique bel et bien ce thème via ses titres dansants. Profitons-en pour le questionner sur la conception de son opus bercé dans l’intimité et baigné dans un groove omniprésent !
N’en as-tu pas marre qu’on te compare à Julian Casablancas ?
Franchement, c’est flatteur. Que ce soit avec The Strokes ou au sein d’autres projets, Julian Casablancas a une vision précise de la musique. Quand j’ai commencé à jouer du punk, c’est un peu la comparaison que je souhaitais avoir. Mais au Québec, on compare surtout les groupes locaux entre eux. Cette comparaison très flatteuse vient de l’Europe. Il n’y a rien d’insultant. Puis, ouais, elle ne me dérange pas encore.
Plus sérieusement, je me questionne beaucoup sur le fond de ton album. Il transmet des images érotiques. Je songe alors à un amour aussi addictif et néfaste qu’une drogue.
Faut-il y voir des descriptions de couples du XXIe siècle ? Ou est-ce encore plus universel ?
Quand j’ai conçu l’album, je vivais une phase de déception face à l’amour. Je le voyais sous un angle froid, en manque d’émotion et d’humanité. J’aborde les relations comme une série de pièges. Si le ton suave et le groove des instrus se mêlent aux textes, c’est pour donner de la beauté aux messages. J’étais juste capable d’écrire des chansons en étant désillusionné.
Cela me rappelle la notion de romantisme, la souffrance est indissociable d’une histoire amoureuse.
Je ne suis pas un romantique. Je ne veux pas généraliser l’amour de cette manière. On ne retrouve même pas la passion d’un romantique dans mes chansons. On est loin du tout-mutilation. Il y a juste une froideur, un retrait face à l’émotion. C’est de l’amour sur le papier.
Il y a une distance entre le narrateur et une interrogation : où l’atome sentimental peut atterrir ? L’amour peut vite devenir une quête assez vide de sens, surtout quand tu accumules les mauvais souvenirs. J’ai essayé d’en faire une thématique. Cette lourdeur textuelle contraste avec la pop léchée et groovy que je propose.
A l’écoute de « Filles gentilles », j’imagine qu’à chaque relation amoureuse, nous nous comportons comme des éternels insatisfaits.
Oui, totalement. Il y a toujours cette peur de manquer quelque chose. Cette façon de toujours suivre le film dans ta tête, de choper ce que tu considères comme les meilleures opportunités de ta vie… c’est comme un sentiment d’imbu de soi-même. Ca éloigne beaucoup de monde. « Filles gentilles » dresse un constat : celui de savoir si l’amour est un schéma où la désillusion se répète en plusieurs cycles.
J’ai eu beaucoup de retours par rapport à cette chanson. Comme si elle reflétait notre génération. Cette même génération qui n’a pas le goût d’arriver à la trentaine.
Une fois l’album digéré, on se dit que nulle recette n’aide à trouver son bonheur. Est-ce une interprétation qu’on peut aussi retrouver pour les chansons de Gazoline ?
Je ne sais pas. Quand j’écrivais pour Gazoline, j’étais vraiment amoureux. Je crois que Gazoline, grâce aussi à son style plus rock, se positionne dans quelque chose de plus humain et sensible. J’ai l’impression que c’était nécessaire de balancer une sensibilité à fleur de peau à assumer complètement. La morale de Gazoline est peut-être de vivre la beauté des émotions, la simplicité des expériences.
Alors que Zoo Baby transpire quelque chose de plus froid. On a affaire à une métaphore de l’amour. La distance se perçoit dans tout. Des sujets ne sont pas tout à fait assumés, des idées ne sont pas conclues. On se retrouve dans une espèce de statu quo, dans un état de non-avancement.
Pourquoi avoir fait appel à Julien Mineau pour l’architecture sonore du projet ?
Au départ, je voulais m’occuper de toutes les parties instrumentales. Puis, je me suis mis à jouer dans une bande. Je savais aussi que Julien Mineau était vraiment un cavalier seul, un ermite, qui allait comprendre cette volonté de travailler dans une chambre en mettant en avant l’isolation et l’introspection. Je voulais qu’il amène l’architecture sonique de l’opus. Ca me plaisait de partager mes idées entre nous deux, sans qu’il n’y ait personne d’autre pour nous interrompre.
Julien n’est jamais satisfait d’un son, ce qui a donné beaucoup de profondeur à Zoo Baby. J’aimais vraiment penser outside the box. J’aimais prendre des risques, enlever des mélodies trop accrocheuses ou évidentes et tenter de nouvelles approches musicales.
Une collaboration avec Fred Fortin serait-elle possible ? Il est fabuleux pour ce qui est de créer des ambiances très intimes.
Des albums comme Planter le décor ont influencé mon écriture et mes compositions. Néanmoins, Fred Fortin baigne dans le folk, le blues. C’est un vocabulaire que je ne connais pas vraiment. Mes démarches et mon bagage artistique se rapprochent plus aux productions de Prince.
J’adorerai travailler avec Fred Fortin, mais il me faudrait un projet qui puisse exploiter au mieux ses forces.
Terminons sur une note d’actualité. Vis-tu cette période Covid comme un étouffoir ou comme une incroyable source d’inspiration ?
Quand cette période a débutée, j’avais beaucoup de morceaux en stock. Je n’avais jamais vraiment le temps de bosser dessus. Ensuite, j’étais en pleine créativité pendant 6 mois.
Pour le moment, j’ai du mal à raconter de nouvelles choses. Il faut que tu vives en amont de ta création pour partager des histoires. Sauf que là, je n’ai pas la sensation d’avoir vécu des folies. Je n’ai pas joué de l’été. Je ne vois pas ma famille. Je n’ai pas rencontré de filles (rire). Je n’ai pris aucune brosse monumentale (ndlr : se saouler).
Interview menée par Drama – Photo ©Jimmi Francoeur



