La bonté de Trigun

Aimer la vie est facile quand vous êtes à l’étranger.
Là où personne ne vous connaît, vous tenez votre vie entre vos mains, vous êtes maître de vous-mêmes plus qu’à n’importe quel moment
. -Hannah Arendt

Cette citation pourrait s’apparenter au personnage de Vash lorsqu’on prend connaissance de ses origines. Ce n’est point le cas. Notre protagoniste traîne sur une planète désertique, où brûle deux Soleils, où prévaut souvent la loi du plus fort. Il évolue dans un univers assez dur, mêlant les codes de la science-fiction et du western.
Sa prime à 60 milliards de double dollars tombe lorsqu’il détruit la ville de July. Sauf que Vash n’a rien d’un monstre. Il subit une cruauté environnante qui ne cesse de l’entraîner vers de nombreuses catastrophes. Dès lors, les peuples lui collent l’étiquette de l’Ennemi Numéro 1. Heureusement, ses capacités à se défendre sont hors normes. Suffisent-elles à réduire le nombre de victimes sur son passage ? Pas vraiment.

Trigun est empreint d’une grande tristesse construisant quelques réflexions quant aux choix existentiels. Est-ce une bonne raison de mater cet anime ? Bien sûr, mais pas seulement ! Une caractéristique marque énormément l’esprit. Je pense à l’exploitation du thème propre à la bonté. L’œuvre développe un message de paix. Son principal émissaire n’est nul autre que Vash The Stampede. Même s’il est accompagné de compagnons au coeur d’or, le géant rougeâtre s’élève au-dessus de la foule en respectant une éthique : chaque vie a son importance. Qui sommes-nous pour décider du sort d’autrui ? Notre protagoniste suit un principe clair et net : supprimer une vie équivaut à détruire l’avenir de tout un chacun. Symbolise-t-il la figure héroïque au sens le plus pur du terme ? Difficile de l’admettre à 100%. En tout cas, il s’en approche à grand pas.

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Vash est sans doute mon personnage préféré toute œuvre confondue. A défaut de chercher à comprendre l’ennemi, il cherche d’abord à se comprendre soi-même. Il le fait aussi à travers tout ce que son passé lui a enseigné. Il a sa propre philosophie.
‘Trop bon, trop con’, voilà comment définir celui qu’on surnomme pourtant Le Typhon Humanoïde. Sa bonté passe par le fait qu’il soit maladroit, profondément gentil, comique et doté d’une sagesse digne des plus grands ermites. Il aime son prochain. Un charisme inégalé est également à prendre en compte ! 
-anti.cons

Revenons aux pensées d’Hannah Arendt. Après la Seconde Guerre mondiale, la philosophe allemande analyse les origines du totalitarisme. L’idéologie de la terreur repose notamment sur une conviction : tout est permis, tout est possible. Cette description colle parfaitement à l’antagoniste de Trigun, Knives. Ce dernier est aux antipodes d’un Vash bienveillant, dont l’amabilité n’a pas de limite. Il désire montrer sa supériorité, loin des habitudes et envies des mortels.
Cette némésis semble vide de pensées et moins bien écrite que le reste des personnages. Parfois, il n’en faut pas plus afin de dévoiler la personnification du Mal. Il s’agit là d’une vision assez bornée face à une ouverture d’esprit. L’un méprise l’humain, l’autre, malgré les bains de sangs sur sa trajectoire, ne perd jamais foi en l’humanité… c’est beau, putain.

La musique, les affrontements, les dialogues, tant de points positifs sont à énumérer. Je préfère honorer la sagesse qui transpire de chaque épisode. Que d’émotions ! Trigun est bel et bien une pièce majeure de la japanimation. Il apparaît tel un essai à mettre entre toutes les mains.

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