Demon Slayer et son succès monstrueux

Demon Slayer (titre original : Kimetsu no Yaiba) explose littéralement les ventes de mangas ! Il en va de même pour l’industrie de la japanimation avec son dernier film en date. Au Japon, le récit se termine pourtant en 23 volumes l’année dernière. L’aventure s’achève mais une question demeure : pourquoi, mais surtout comment réussit-elle à vaincre One Piece en 2020, en étant première du classement des ventes japonaises de mangas ?

Ère Taisho (1912-1926), Tanjiro et sa famille mène une vie pauvre mais tranquille en récoltant du charbon. Un jour, Tanjiro part vendre ses récoltes en ville comme à son habitude. À son retour, sa famille est décimée par ce qui semble être des démons. Nezuko est l’unique survivante mais elle est transformée en une de ses créatures. Apeuré, Tanjiro part avec sa petite sœur inconsciente à la recherche d’un médecin. Sur son chemin, il fait la rencontre de Giyu Tomioka, un ‘pourfendeur de démon’. Ce dernier remarque tout le potentiel des deux jeunes et les recommande à un dénommé Urokodaki. S’ensuit un long apprentissage pour Tanjiro (qui ne dure que quelques chapitres grâce à la magie du scénario) afin qu’il rende son humanité à Nezuko et qu’il venge sa famille.

Le début de l’histoire paraît banal, et ce parce que Demon Slayer rentre dans la case nekketsu. Les nekketsus se basent sur l’histoire d’un héros qui part en quête. Ces mangas ont certains critères qui font qu’ils ont tous tendance à se ressembler comme un arc tournoi, une ellipse ou un arc de guerre par exemple. On assiste donc à un schéma de scénario déjà vu et revu : le héros voit son quotidien chamboulé, il commence un entraînement puis, combat des ennemis pour accomplir sa quête. C’est sûr qu’après des classiques tels que BleachNarutoDragon Ball (et j’en passe), c’est difficile d’acquérir la confiance des lecteurs avec un scénario aux mêmes traits. Il ne faut pas s’arrêter aux premiers tomes pour avoir son avis tout fait sur l’œuvre !

Demon Slayer, c’est avant tout un style de dessin exceptionnel. L’anime complète encore plus le délire avec une colorimétrie juste sublime. Entre les character design toujours bien dégotés et les combats d’une crédibilité notable, on ne sait plus où donner de la tête. Vous avez certainement déjà vu des dessins des combats de Demon Slayer. Ceux-ci s’exercent dans un style particulier appelé ‘souffle’. Ces souffles sont intimement liés à des éléments naturels : l’eau, la foudre, le feu ou parfois des choses plus originales : la bête ou le son.

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Les combats ne sont pas du style ‘le gentil est trop fort donc le méchant perd’. Non. Tanjiro doit à chaque fois redoubler d’intelligence dans ses combats. Ce dernier fait preuve de respect et de compassion envers ses ennemis (même si ceux-ci sont des mangeurs d’hommes). Il va même jusqu’à faire une prière après leurs morts. Tanjiro peut sans doute vous rappeler Naruto : un personnage au grand cœur. Il cherche toujours à comprendre le fond de pensée de ses ennemis. Mention spéciale pour le combat avec le démon aux tambours au tome 3. Il m’a bien mis sur le cul grâce à de nombreux retournements de situations.

En outre, à travers les planches, on arrive à ressentir tout l’amusement de l’auteure. Entre gags et parodies, elle arrive parfaitement à détourner ces personnages à travers des situations comiques ou ridicules. Elle nous livre à chaque fin de chapitre quelques croquis exclusifs tout en faisant preuve d’auto-dérision : elle se représente sous la forme d’un crocodile. Elle aime aussi parodier ses personnages à la fin du tome en les représentant en lycéens et professeurs. Cet humour saugrenu m’a totalement conquise.

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Demon Slayer (anciennement Les rôdeurs de la nuit pour l’anecdote ^^) est le big boss de ce qu’on appelle déjà ‘la nouvelle génération’ des mangas. Chacun a son avis personnel là-dessus. Selon moi, il représente le renouveau du genre nekketsu, aux côtés d’autres titres comme My Hero Academia ou Black Clover. Les ventes en témoignent. Un style de dessin remarquable (complimenté par l’illustre Yoshihiro Togashi, l’auteur de Hunter X Hunter), des gags efficaces, des personnages captivants aux chara-design soignés, un héros inspirant et inspiré d’autres grands héros. Demon Slayer arrive aussi à se différencier à travers son univers inspiré de l’ère Taisho (une époque trop peu représentée à mon goût dans les mangas). Son public cible tous les âges ! Petits comme grands. Je suis sûre que votre grand-mère apprécierait ce manga. Bien que le nekketsu vise surtout les jeunes adolescents via les magazines japonais, le principe de quête et de voyage a un don pour fasciner tout le monde.

Il est vrai que le scénario ressemble à des titres comme One Piece ou Hunter X Hunter… sauf qu’après plus de 70 années de nekketsu, Demon Slayer continue dans les pas des plus grands et arrive se frayer un chemin à leurs côtés. Parfois, le genre nekketsu a beau avoir l’air de tourner en rond, il suffit juste de réinventer et d’innover. Tel est le cas de Demon Slayer !

Je peux également vanter tous les mérites de l’anime. Néanmoins, mon ami et invité le fera sans doute mieux que moi.

Un manga c’est cool, mais un anime ça peut être mieux. L’opening de Demon Slayer, déjà légendaire, joue beaucoup. Les Orignal Soundtracks le sont également. Curieusement, une musique de qualité employée durant un moment dans l’anime peut marquer les spectateurs. La musique résonne chez eux et devient un moyen de faire parler de l’œuvre, même après la fin de l’anime, tel que l’OST de l’épisode 19. Le style d’animation est différent de ce qu’on a l’habitude de voir, au niveau des visages, des formes, de la colorimétrie, etc.
Demon Slayer opère les codes d’un shonen à la Naruto, mais en réalité, c’est ce qui marche et plaît ! Donc, son succès s’explique ainsi. Mais également par le fait que ça se passe dans un Japon ancien. On respire cet air mettant en scène des objets, des vêtements, des pratiques, des traditions qui captivent le public japonais. N’oublions pas de mentionner les seiyus (acteurs spécialisés dans le doublage au Japon) qui ont fait un taff de fou furieux, ainsi que le bénéfice du gros coup de pub pour cet anime. -Ledetif

Demon Slayer a tout pour plaire et donner une toute nouvelle atmosphère au monde des mangas et des animes. Il est tout autant grandiose dans les deux domaines. Un grand coup de légèreté, ça ne se refuse pas !

En vous laissant avec une ambiance de glycine…

glycine 2

anti.cons

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