Modernité ne signifie pas apaisement. Nous vivons une époque où quelques personnes souhaitent atteindre perfection et beauté absolues… écouter la musique est alors salvateur. Surtout quand elle donne à réfléchir. Empty Head conte les failles des Hommes modernes. Vous le constaterez, lorsque la bande sortira son mini-album. Interview exclusive avec François Michels, guitariste au sein du groupe fort prometteur.
Vos nouveaux morceaux étaient déjà joués sur scène, ces deux dernières années. Pour terminer leurs compositions, vous faisiez confiance aussi bien à votre instinct de musicien qu’aux retours du public.
Certains des morceaux de l’EP sont joués en live depuis plus d’un an, d’autres depuis quelques mois, ça dépend de quand ils ont été composés. On joue toujours nos nouveaux morceaux en live avant de les clôturer et de les enregistrer pour pouvoir nous les approprier et les tester en ‘conditions réelles’. Après quelques scènes, c’est beaucoup plus naturel et facile de sentir ce qui marche ou ne marche pas dans une composition et, si besoin, de changer certains arrangements. Certains morceaux passent par un nombre incalculable de versions, d’autres fonctionnent dès la version une ou deux – c’est rarement le cas pour nous, on aime souvent se couper les cheveux en quatre –.
D’ailleurs, pour le moment on joue déjà en live quelques morceaux qui viennent d’être composés et qui n’ont donc pas encore été enregistrés. Pour nous, en tant que musiciens, c’est le plus excitant ! On aime que notre set évolue en même temps que nos compositions et ne pas devoir attendre un an ou plus que les morceaux soient enregistrés et sortis avant de pouvoir les jouer sur scène. Donc pour répondre à ta question, je dirais que c’est un mélange des deux : on a besoin de sentir la réponse du public durant un live pour pouvoir évaluer nos morceaux. Avec le projet Empty Head, on veut avant tout communiquer de l’énergie et faire bouger le public donc c’est super important pour nous de passer par le test live.
J’aimerais débattre des textes de votre futur EP, Tales of a Modern Man. On y décèle une figure récurrente. Elle semble incapable d’être elle-même, souvent trop coincée dans les contraintes et responsabilités imposées par nos sociétés. Aujourd’hui, peut-on encore faire de la musique à la fois engagée et efficace ? Croyez-vous que la musique puisse conscientiser sur le fait que cette société veut tout, tout de suite, sans réfléchir sur chaque choix et décision ?
On pense en effet que la musique peut aider à faire réfléchir. Dans notre cas, on ne cherche pas vraiment à conscientiser un public par rapport à une problématique sociétale particulière, ni à proposer une solution à un problème. Nos textes reflètent la plupart du temps des réflexions personnelles ou des expériences vécues et ont souvent une dualité : ils peuvent paraître noirs, intimes, profonds au premier abord, mais sont aussi souvent critiques et ironiques. On essaie plutôt de mettre des mots sur certaines pensées qui nous habitent et nous préoccupent, de les mettre à nu, pour que les personnes qui se retrouveraient dans ces textes sachent qu’elles ne sont pas seules.
Tales of a Modern Man suit un fil rouge. Vos chansons critiquent la ‘pseudo-toute-puissance humaine’. Qu’est-ce qui vous fascine dans cette thématique ?
Le fait que cette ‘pseudo-puissance’ n’est qu’un mirage. L’Homme moderne avec un grand ‘H’ est un être supérieur, à la pointe de la technologie et au sommet de la chaîne alimentaire. Productif, efficace, aisé, heureux, parfait.
En 2023, plus qu’à n’importe quelle autre époque, tout n’est qu’une course aux apparences. Les textes de Tales of a Modern Man s’attaquent à l’envers du décor.
Interview menée par brunoaleas – Photo ©Barthelemy Decobecq