Mon voisin Totoro

Quand on adore une œuvre, parfois il arrive d’exagérer ses propos, d’encenser certains auteurs. Sans mesure. Sans nuance. Je fais attention à relativiser, à garder un esprit critique, sans avoir la prétention d’étiqueter chaque coup de cœur comme génialement original. Il existe bel et bien des exceptions d’artistes trop talentueux, aux productions indémodables. Citons Ennio Morricone pour la musique, ou Albert Camus en littérature.

Ces dernières années, plusieurs personnalités, comme Makoto Shinkai, transforment les dessins animés en bijoux pour les yeux. Mais franchement, qui règne en maître sur le cinéma d’animation ? Un seul nom me vient en tête. Hayao Miyazaki est, de loin, un poète de l’image dont l’art surpasse les surprises d’autres auteurs.
Par le passé, je définissais Xavier Dolan comme étant un poète du grand écran. Par contre, avant de voir ses films, il n’est pas comparable à Miyazaki. Ce dernier surprend et chamboule nos attentes. En plus d’animer des imaginaires extraordinaires, il propose des histoires prenantes, émouvantes et foncièrement pertinentes. Le réalisateur québécois, lui, joue de diverses manières en partageant la plupart du temps un montage très accrocheur. Ses techniques sont fascinantes : jeu avec les flous, déformer la taille des plans, magnifier les lumières chaudes, etc. Cependant, ses récits ne sont pas toujours les plus intéressants au monde. Quant au cinéaste japonais, il fait appel à notre enfance et, surtout, à la beauté d’imaginer des univers extrêmement poétiques.

Une-scene-de-Mon-voisin-Totoro-527360

Le paradis réside dans les souvenirs de notre enfance. Nous étions protégés par nos parents et étions innocemment inconscients de tant de problèmes qui nous entouraient. -Hayao Miyazaki

Mon voisin Totoro illustre cette philosophie. Il rappelle à quel point les enfants voient un tas de choses, des choses impossibles à deviner pour les adultes. L’histoire se focalise sur deux sœurs, Mei et Satsuki. Elles s’installent avec leur père dans une maison à la campagne, tandis que leur mère doit se soigner ailleurs. Nos jeunes protagonistes découvrent alors un monde magique peuplé de créatures étranges. Ces entités n’ont rien de dangereux. Elles enveloppent les spectateurs dans un cocon dont il ne peut se défaire.

Le film est bercé par une musique provoquant plusieurs émotions, de la joie à l’émerveillement. Joe Hisaishi signe des compositions pour magnifier les moments doux où petits et grands respectent et remercient la Nature. Comme si les forêts et champs ne faisaient qu’un avec les personnages. Comme si rien n’était perdu tant que les éléments naturels veillent sur eux.

Mon voisin Totoro est une sucrerie visuelle. De nombreuses scènes dévoilent des dialoguent emplis de bienveillance, d’amour sincère. Hayao Miyazaki expose des tableaux, proches de respectueuses toiles impressionnistes, remplissant nos mirettes d’étoiles… mais, répétons-le, ses scénarios permettent de plonger vers une ambiance unique en son genre.

brunoaleas

Laisser un commentaire