Musique

Porcupine Tree / Phoenix

Porcupine Tree – CLOSURE / CONTINUATION

Quelle mission respecter à l’écoute des nouveaux albums sur le marché actuel ? Dois-je aimer chaque tube passé en radio ? Dois-je lécher les artistes anglais car ce sont souvent les meilleurs sur la scène musicale ? Niet.
Je recherche la surprise. Mes vœux sont exaucés grâce à Porcupine Tree ! Prog, rock, metal et tutti quanti, nombreuses sont les étiquettes posées sur le groupe.

Aujourd’hui, CLOSURE / CONTINUATION sonne comme leur dernier album. De mon côté, je découvre ces artisans du sound design via cette production. L’opus ne me charme pas instantanément. Mais avouons qu’il n’y qu’à écouter le bassiste et le batteur pour comprendre la maestria de l’œuvre. Je devais dévoiler la raison qui fait de ce groupe une perle rare parmi les perles.

Au 21e siècle, il est évident que nous sommes dans une ère électronique, où la guitare est mise au second plan. Ce qui nous ramène à Walk the Plank qui illustre bien mon désintérêt pour la guitare. (…) si je devais résumer ma pensée, je dirais qu’il est très difficile pour moi, et même pour la grande majorité des guitaristes, de prendre une gratte et se dire Wow, je n’ai jamais entendu ça de ma vie !, à moins d’utiliser une tonne de technologie pour trafiquer le son. Tout a déjà été fait un millier de fois. En revanche, si tu prends un synthétiseur ou un logiciel, tu peux encore créer des sons inédits. -Steven Wilson, guitariste, bassiste, claviériste et chanteur de Porcupine Tree (New Noise Magazine n°63)

Phoenix – Alpha Zulu

Ouh. Ah. Phoenix et son retour sans fracas. Précisons un fait. J’adore la quasi totalité de leurs morceaux. Wolfgang Amadeus Phoenix fait d’ailleurs partie de mes albums préférés. Une curiosité s’enflamme donc à la vue de leur nom. Néanmoins, force est de constater que les membres ne proposent plus rien de frais.

Alpha Zulu sonne comme une mauvaise repompe des sonorités propres aux derniers albums, sans aucune plus value. The Only One répète sans cesse une phrase insupportable. Winter Solstice ne décolle jamais. Tonight est entrainant mais les adjectifs s’arrêtent là.
Lomepal l’annonçait, la Ville Lumière repose sur ses lauriers. Les Versaillais semblent faire de même…

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LA DURE A CUIRE #73

Metallica – 72 Seasons

Qui désire lire mon avis à chaud sur le nouveau tube de Metallica ? Les gaillards font leur retour et la fougue de James Hetfield défonce encore des amplis. Rien de neuf sous le Soleil, même si la bande attise ma curiosité.

The Murder Capital – Gigi’s Recovery

The Murder Capital dégage une aura malsaine. Elle m’attire (c’est bon signe). Elle donne envie de découvrir leurs morceaux encore et toujours. Ethel semble tenir en haleine mais demeure avant tout, un single fort, brut et dont la mélodie demeure entêtante.

Johnnie Carwash – Teenage Ends

Notre album Teenage Ends parle de la vie de tous les jours, d’amitié, de rupture, d’amour…
On s’inspire des choses du quotidien. S’il y a un fil rouge, ça serait guitare-basse-batterie, nous trois, l’amitié, le partage et le fun !
-Johnnie Carwash

Satchel Hart

Le morceau est important à mes yeux parce que ça parle de poulet. Quand j’étais petit, j’avais peur du cri du coq, mais pas du coq en lui-même. Tous les matins, je me réveillais en chialant. J’ai décidé d’écrire une chanson dessus pour ne plus avoir peur.
Ça a l’air con comme ça, mais c’est vrai.
-Satchel Hart

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The Bobby Lees / Johnnie Carwash

The Bobby Lees – Bellevue

De nouveaux jeunes du label Ipecac défoncent les amplis. The Bobby Lees propose un rock brut, sans censurer un pamphlet ou l’autre. Porté par une chanteuse aussi zinzin qu’un poussin trop près du Soleil, le groupe se focalise sur un jeu rapide et rageur.

Compte tenue de leur énergie, Bellevue est une réussite. Dès la première chanson de l’album, leur musique attise ma curiosité et je souhaite en découvrir davantage. Puis, les clips de la bande reflètent leur autodérision et leur force de frappe. A l’image de Sam Quartin près de son cochon au dernier clip en date, me voici sale et rempli d’une sauvage envie de crier.

Mention honorable à Greta Van Fake, un titre qui se moque enfin des membres de Greta Van Fleet. Ces derniers sont une arnaque industrielle. Merci pour la poilade.

Je pense qu’il est bon de rester fidèle à soi-même par tous les moyens nécessaires et de faire seulement ce qui semble juste. Je pense que vous allez vous faire un ennemi ou deux en vivant ainsi. Cela m’est arrivé, sans aucun doute.
Il m’a fallu un certain temps pour avoir le courage et l’amour-propre de m’y tenir, et accepter le fait que tout le monde ne m’aime pas, ne me comprenne pas.
Sam Quartin

Johnnie Carwash – Teenage Ends

Les Pixies vous manquent ? Pas moi. Ces dinosaures font désormais pitié à entendre, tant ils ne composent plus de vraies propositions artistiques. Heureusement, ces musiciens ont laissé derrière eux un grand et beau héritage musical.

Plusieurs groupes capturent une simplicité instrumentale, où basse et chant sont honorés. Je pense à Priests, à Sorry ou bien à Johnnie Carwash. La bande pond un premier album qui plaira aux amateurs de rock cherchant tempête comme accalmie.
Un titre retient mon attention : Nothin’. Le morceau dégage une atmosphère adolescente via sa mélodie. D’ailleurs, son clip renforce cette impression. Comme si ses images me rappelaient qu’il n’y a rien de mieux que s’ennuyer, avant d’atteindre la vingtaine.

L’objectif de ce clip est de sublimer le morceau. C’est une chanson différente de tous les autres morceaux de l’album. On voulait la mettre en valeur dans une vidéo qui contraste avec nos autres clips DIY ou d’animations.
C’est Julien Peultier qui l’a réalisé. On l’a choisi parce que son identité visuelle collait parfaitement à l’ambiance mélancolique et contemplative que l’on recherchait. On n’a pas été déçus ! On n’a pas écrit Nothin’ avec un message en tête, c’est simplement un témoignage. Julien a créé une histoire qui raconte tous les détails qui nous tiennent à cœur et qui élargit même l’interprétation du morceau. Merci Juju !
-Johnnie Carwash

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Willow / Sharko

Willow – <COPINGMECHANISM>

La fille de Will Smith ne met pas encore des claques aux présentateurs TV… mais plutôt à ses auditeurs. Le nouvel album de Willow est mixé comme une sucrerie pop et imaginé comme un pogo metaleux. Pour quel résultat ? Un opus propre, brutal, à écouter plusieurs fois.

L’énergie de ses compositions fait de l’écoute, une activité nullement ennuyeuse. Car la chanteuse sait construire de belles transitions douces puis enragées. Willow s’inscrit parmi ces artistes n’ayant point peur de jouer les possédées en pleine transe (ur a stranger en est la preuve). Ses performances vocales sont si fascinantes, qu’elle plairait à tout public. Du vieux réac’ qui décapsule des bières avec les dents, à cette fille bercée par Disney, mais chantant des versets sataniques sous la douche !
Puis, matez-moi la pochette de
<COPINGMECHANISM>. Nom de Zeus. Elle donne envie de jouer d’un instrument à tout moment de la journée.

Sharko – We Love You David

Sharko ne joue pas du rock de papa. Ne le comparons ni à Judas Priest, ni à Scorpions. Heureusement ! David Bartholomé ne frôle pas le kitsch, même si on le verrait bien s’adonner à des accords glam rock ou à des cris miaulant la tristesse.

We Love You David concentre ce que le musicien fait de mieux. Paroles décomplexées. Rock sans fioriture. Style direct et mélodieux. Ajoutez un grain de folie nous rappelant qu’il est victime du Syndrome de Peter Pan, et le cocktail est mémorable !

On était en plein confinement. Le fait de renouer avec l’autre m’animait. D’essayer de rejouer ensemble sans tricher.
C’est-à-dire que ce qu’on joue doit apparaître tel quel sur l’album. Donc, si on ne triche pas, on essaye de trouver les arrangements adéquats tout de suite.
David Bartholomé

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LA DURE A CUIRE #72

Red Hot Chili Peppers – The Return of the Dream Canteen

Et dire qu’un groupe comme les Red Hot Chili Peppers survit à travers le temps… pour quelles raisons ?! Ses musiciens talentueux. Son énergie à revendre. Unique bémol : le charabia pathétique chanté par Anthony Kiedis sur plusieurs morceaux du nouvel opus.

Opinion – Molly

Il y a quelques jours, l’album Molly fêtait ses 2 ans ! Opinion rappelle l’efficacité de l’œuvre plutôt généreuse (22 morceaux quand même), assez grunge et terriblement mémorable !

Brutus – Unison Life

Faut-il encenser une quelconque évolution musicale de Brutus ? Probablement pas. Malgré la voix fascinante de Stefanie Mannaerts, le groupe baigne toujours dans une homogénéité sonore poussant à croire que leurs nouvelles productions sonnent toujours comme les précédentes…

Ferielle – L’eau qui dort

Frais et agité, le morceau Face à face de Ferielle donne envie de griller les feux rouges. C’est bel et bien l’heure de danser. Les futures compositions de l’artiste vous y aideront !

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LA DURE A CUIRE #71

Arctic Monkeys – The Car

Le nouvel album des Singes divise. The Car n’est pas la bande son d’un ascenseur poussiéreux d’un hôtel 5 étoiles. Mais plutôt l’incarnation de la classe musicale. Le compositeur Alex Turner épate à nouveau. Il puise du côté des Beatles et honore Ennio Morricone.

Eosine

Comme à son habitude Eosine soigne son imaginaire. Leur nouveau clip offre encore psychédélisme et accalmie. Un style musical commence vraiment à caractériser le quatuor liégeois…
quoi de plus prometteur pour la suite ?

Elder – Innate Passage

Lorsqu’un morceau stoner fait plus de 5 minutes, soit ça passe, soit ça casse.
Elder n’ennuie jamais via Endless Return.

Clayton Ravine – EP1

Réunissez les fans de Weezer ou de Nada Surf, ils aimeront Clayton Ravine. Le rock sympatoche de la bande est très appréciable.
A l’avenir, espérons qu’ils pourront se distinguer de leurs aînés.

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Arctic Monkeys, la fascinante évolution

Alex Turner a 20 ans, lorsque le premier disque des Singes de l’Arctique est distribué. Nous sommes en 2006. Les jeunes Arctic Monkeys s’affichent tels des fans des Strokes, à l’énergie débordante et au succès immédiat.
Ses membres sont-ils toujours à considérer comme des artistes inspirés ? La réponse est affirmative. Un détail est à ajouter. Chaque album composé par le groupe est différent de l’autre. S’écoute alors une discographie passant d’un jeu plutôt punk à des ballades sans riff brutal, sans percussions sauvages.

L’évidence est certaine. Alex Turner a grandi. D’un vulgaire vendeur de concessionnaires (époque AM) au crooner et digne héritier des Beatles (désormais, via The Car), l’Anglais évolue sans perdre de visions précises dictant la couleur de ses productions. D’abord, en s’alliant avec Miles Kane, aux commandes de The Last Shadow Puppets, bande morriconienne ressuscitant les cendres d’un rock décomplexé. Puis, travaillant depuis le second opus avec James Ford. Cet homme de l’ombre produit à nouveau la richesse sonore des nouveaux titres du quatuor.

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Certes, Alex Turner ne propose rien de neuf. Impossible de le comparer à l’avant-gardiste nommé Mike Patton. Pourtant, il grandit – insistons –. J’évolue pratiquement au même rythme que lui. Aujourd’hui, j’admets vouloir écouter des chansons calmes, bien plus qu’hier. Fut une époque, Slipknot, Children of Bodom ou Machine Head envahissaient mes oreilles, 27 heures sur 24. J’avance avec Turner, depuis ses débuts sur scène. Voir cet artiste proposer de telles ballades, où violons et basses règnent sur les morceaux, me réjouit. Sans compter son audace à imaginer des concepts farfelus : l’hôtel sur la Lune propre au sixième album et la bagnole énigmatique de The Car. Il faut applaudir.

Une question demeure : leur huitième projet survivra-t-il à l’épreuve du temps ?

On ne jouera pas les voyants. Par contre, le successeur de The Car confirmera à jamais leur place de musiciens inspirants.

Je suis à l’aise avec l’idée que les choses n’ont pas à être une chanson pop.A. Turner

brunoaleas – Photo bannière ©Mojo

Aussi tribal que The Smile

Moult médias affichent leur condescendance vis-à-vis de The Smile. Le nouveau projet de Thom Yorke et Johny Greenwood est trop souvent comparé à Radiohead. Les Anglais ont toujours une empreinte reconnaissable dans chacun de leur projet. L’amour electro de Yorke chez Atoms for Peace. Ou le soin apporté aux instruments à cordes, lorsque Greenwood compose des bandes originales.

Il est temps d’assumer les faits. Le trio The Smile est unique en son genre ! Pourquoi ? Pour une et seule raison. Tom Skinner, batteur de Sons of Kemet, apporte une sonorité très prononcée. Les Anglais délivrent des performances tribales. Que ce soit les percussions, les guitares, la basse, plusieurs morceaux dégagent des ambiances africaines. Comment ne pas penser à Tony Allen à l’écoute de ‘The Smoke’ ?

L’afrobeat s’entend aussi sur ‘The Opposite’. Ce style de musique, à la rythmique répétitive, se construit sur peu d’accords joués en boucle par des guitares. Quant au percussion, elles invitent souvent à s’agiter, à entamer une danse de la pluie. Bien sûr, Thom Yorke y apporte sa science : échos, cris aigus, déformations vocales. Les musiciens l’accompagnant partagent un univers chaleureux, froid et moqueur (‘You Will Never Work in Television Again’, étant une satyre du show-business). Enfin, et pour dernière preuve, le clip propre à ‘Free in the Knowledge’ dévoile des scènes shamaniques, comme intrinsèque à l’univers de la bande.
Laissons à ce torchon de 
Libé l’envie d’assimiler passé et présent. Yorke et Greenwood demeurent créatifs, même aux côtés d’un batteur jazz.

De nos jours, il est fréquent que les individus considèrent que leur véritable personnalité s’exprime dans les activités auxquelles ils consacrent leur temps libre. Conformément à cette perception, un bon travail est un travail qui vous permet de maximiser les moyens de poursuivre ces autres activités à travers lesquelles la vie a enfin un sens. -Extrait d’Eloge du carburateur. Essai sur le sens et la valeur du travail écrit par Matthew B. Crawford

brunoaleas – Photo ©Alex Lake – Two Short Days

L’imprévisible Whorses

Si Whorses était un mammifère, ce serait un malinois. Belge. Energique. Vif. Décrivons un univers captivant. La bande sort un double album mémorable, en avril dernier. Une première partie hostile et une seconde chaleureuse.

L’exercice est réussi. Mais que vaut le groupe en live ?

Ses musiciens délivrent des mélodies déstructurées. Une impression notée pour la première partie de l’opus éponyme. Leur technique casserait les attentes des radios ! J’assiste à leur spectacle au Reflektor de Liège, après avoir paumé ma carte d’identité. Le concert commence et un tsunami noise me fend le visage. Ma déprime s’estompe quelques instants. Ma cure est surprenante. Je chope encore plus de cheveux blancs. Je danse devant ces fous du larsen. Whorses est imprévisible. Quand son chanteur monte sur le bar. Quand ses membres se confondent sur scène. L’expérience est intense, même entouré de trois pelés et deux tondus.
Dès lors, une question se pose afin de comprendre cet effet : comment composent les Flamands ? Le guitariste Timotheus De Beir éclaire notre lanterne.

Il n’y a pas de ligne directrice rationnelle. Les mélodies dérivent de manière intuitive. Nous jouons juste ce qui nous semble juste à la composition.

Une réponse simple, efficace. D’autres éléments participent à leur rage indescriptible : la courte durée des morceaux, les voix de sale gosse, les riffs lourds et incisifs. Pour découvrir cette joie épileptique, fonçons à l’Ancienne Belgique. Fin septembre, Whorses joue en première partie d’It It Anita. La fusion colle parfaitement. La capitale risque de trembler.

brunoaleas – Texte & photo