Musique

Tounu et le corps libre

La France compte son lot d’artistes surfant sur de la techno hilarante. Salut C’est Cool remporte peut-être la palme d’or de l’humour stellaire. Tounu débarque ensuite avec sa version des faits : acceptons la nudité pour s’affranchir des règles et des préoccupations ! Le clip farfelu de leur deuxième single annonce du lourd. Un ton bon enfant et des sonorités dansantes sont au rendez-vous. Le duo donne envie de brûler des vêtements.

C’est à se demander si ces Français sont inspirés par les traditions allemandes. Sont-ils les enfants du Freikörperkultur (FKK), fruit d’une longue tradition outre-Rhin ? Ce concept du XIXe siècle signifie ‘la culture du corps libre’.

En Allemagne de l’Est communiste, la FKK constituait une véritable échappatoire dans un pays où les restrictions et les privations étaient nombreuses. Se dénuder représentait une façon de se sentir libre dans une période tourmentée et face à un État répressif. –Robin Tutenges

Qui sait si la nudité est l’ultime stade à atteindre pour s’éloigner des normes ? Méditons en bougeant notre derrière à l’écoute de facéties tounesques !

DRAMA  Illustration ©Tounu

Suber Oaks – Out Of Time

Out of Time est le premier EP de Suber Oaks, groupe liégeois d’indie rock tout fraichement né – oui, début 2020 c’est récent, les mois de confinement ne comptent pas. Premier EP donc, premiers pas dans la cour des grands, premier contact avec le public.

Enfin premier contact, c’est beaucoup dire : vous connaissez peut-être déjà trois de ses membres du groupe tribute d’Arctic Monkeys, Dandelion & Burdock (pour les habitués de l’Unifestival de Liège, ils y ont joué lors de l’édition 2019). Le groupe nous a aussi bien fait mariner avant la sortie de l’EP début avril. En effet, deux titres ont été diffusés sur Youtube il y a déjà un an, tout ça pour prendre le temps de se construire une petite fanbase avant de balancer la sauce.
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Danser avant l’Apocalypse

La fin du monde est un vaste sujet. Loin de moi l’idée de jouer les Greta Thunberg du dimanche. Notre chute n’est pas à nier. Pas besoin de balancer des chiffres menant à une déprime certaine afin de le comprendre. Parmi les fléaux terriens, citons les feux de forêts, les tsunamis et les trous dans la couche d’ozone. Sans compter les nombreux ouragans qui s’abattront sur nos territoires. Le réchauffement climatique réserve bel et bien des catastrophes. A quoi s’ajoutent des foules capitalistes qui consomment trop et trop vite.

Les confinements imposés par diverses nations freinent-ils les dangers environnementaux ?
La course à la mondialisation semble bien plus difficile à arrêter. Dernièrement, le navire coincé au canal de Suez le prouve sans nul doute. D’ailleurs, les humains ont une sacrée envie de survivre dans leur petit confort. Comme si nous devenions les putes des GAFAM.

Le confinement, c’est la grande victoire du monde virtuel. Il fait beau dehors, il n’y a pas d’avion, les oiseaux s’en donnent à cœur joie, le potager attend, et je reste cloîtré comme un con dans l’électronique, à tapoter sur un clavier. -Pablo Servigne (Wilfried n°12)

L’auteur oublie un point important : on peut s’en sortir à l’aide de la musique !
Découvrons trois tueries spatiales qui donneront envie de danser avant l’Apocalypse.

Rone – Rone & Friends

Pour l’amour de la drogue.
J’ai du flair. J’avais rédigé un article sur la scène electro de France qui bouillonne ces derniers temps. Une œuvre confirme encore ce constat.
Rone arrive pile poil au moment où les artistes de Molière sont au top de leur forme. Via son nouvel album, il réunit la crème de la crème : la punk Jehnny Beth, les poètes d’Odezenne, l’écrivain Alain Damasio et j’en passe ! Chaque morceau s’enchaîne extrêmement bien. Erwan Castex pose ses tripes sur ce projet aux multiples facettes. A l’instar des personnages de sa pochette, nous planons vers d’autres cieux plus radieux.

De La Groove – EQUILIBRIUM

Pour l’amour de la danse.
Souhaites-tu enflammer la piste de danse ? Savoure la compilation du label français De La Groove ! Elle s’écoute notamment sur Soundcloud et Spotify. De quoi sauter de joie, porté par la zic de 6 artistes internationaux, au carrefour de la house et du funk.
Avec plus de 2.000 vinyles vendus en 3 ans et plus d’une cinquantaine de soirées, De La Groove est à suivre de près. Je vous laisse avec « Kissin’ (Club) », parfait pour les fans de Modjo et Crystal Waters !

Shlohmo – Dark Red

Pour l’amour de la collapsologie.
Dark Red de Shlohmo ne date pas d’hier. L’opus de 2015 est un must pour tout passionné d’électro. Un classique pour certains, un indémodable pour d’autres. L’instru est lourde. Elle manipule énormément des graves sonorités tout en étant… quasi démoniaque. Le jeune Américain signe peut-être son œuvre la plus complète. Celle-même qui a fédéré plusieurs personnes prêtes à se faire tatouer l’illustration de l’album. 
Ces 11 titres suffisent à nous baigner en eaux troubles. Non pas à cause de la fonte des glaces, mais bien grâce à une homogénéité instrumentale qui sonne de façon unique. 

DRAMA  Illustration ©_ogygie
Notre playlist PAX pour les amoureux du genre

Feu! Chatterton et son cocon

Depuis des années, Feu! Chatterton construit son cocon. A la sortie de son troisième album, tout devient plus limpide. Palais d’argile apporte une véritable richesse sonore à la scène française.

Ce même cocon est peut-être à l’image de l’idée du club de Bagarre. On y accepte tout et tout le monde : les rockeurs puant le tabac des beaux jours, les possédés vibrant sur l’electro, et surtout, les amoureux des lettres. Le nouvel album des Français fédère grâce à une poésie portant un regard sur l’époque contemporaine. Arthur Teboul parle d’écran total, de message à porter à la mer, d’ombres et de rêves. Le dandy assume d’avantage ses envolées lyriques et ses contes n’ennuient jamais. Sa poésie permet de s’imaginer plusieurs histoires originales.

Est-ce que « L’homme qui vient » décrit un inconnu dont les ambitions le dépassent ? Est-ce que « Laissons filer » exprime le besoin de placer la Nature au centre de nos préoccupations ? Inutile de se lancer dans des débats stériles. Il n’existe point une et une seule interprétation de ces textes. Feu! Chatterton peint diverses images aussi abstraites qu’universelles. A leur écoute, nous nous changeons en de simples fugitifs. Nous jouissons du confort linguistique et instrumental d’une bande au sommet.

Les jeunes musiciens s’aident d’Arnaud Rebotini afin de jouer sur différents terrains. Le personnage est notamment connu pour faire l’amour aux machines.
Ce qui n’empêche pas Feu! de se méfier des dérives technologiques.

On est dans une société où le mot ‘‘accélération’’ est central. Quand on fait de la physique, c’est un concept qu’on utilise beaucoup. Mais je ne sais pas s’il va bien aux humains. Alors, on est obligé de se poser et de prendre de la distance, de remettre un peu de lenteur, d’essayer de retrouver des forces apaisantes. C’est ce qu’on essaye de mettre dans ce disque. Ca vient vraiment de nos propres réflexions et problèmes face à ce monde liquide accéléré. –Sébastien Wolf

Le guitariste/physicien craint d’ailleurs un constat : les personnes deviennent de moins en moins sensibles. Palais d’argile questionne bel et bien nos désirs et notre évolution. Parmi ces inquiétudes, une interrogation demeurera toujours en tête.

Mais que savions-nous faire de nos mains ?

« Monde Nouveau », au ton prophétique (écrit avant la période Covid-19), rappelle une espèce d’évidence : profitons de nos capacités pour réaliser nos rêves tant qu’il est encore temps. Qui souhaite disparaître à cause de loisirs superficiels ?

DRAMA – Photo ©Fanny Latour Lambert/SDP

Ladylo – Yet, It Is the Truth

Il n’y a pas longtemps s’est déroulée La Semaine de la Musique belge. Pendant 7 jours, les artistes du pays ont été mis à l’honneur via, entre autres, des captations live et des playlists. Ce fut l’occasion pour beaucoup de réaliser à quel point la scène belge est foisonnante. Ce qu’on entend à la radio, ce n’est que la partie émergée d’un iceberg bien plus gros que celui qui a envoyé Leornado Di Caprio au fond de l’Atlantique.

Parmi toute cette faune musicale, j’ai découvert Ladylo, groupe de rock/flashpop (dixit leur compte Instagram). Mi-février, ils sortent leur deuxième album, Yet, It Is The Truth.
Œuvre incroyable, et ce pour plusieurs raisons.
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Two, three, four… Street Soldier !

Chaque année offre son lot d’albums, de singles et de nouvelles sorties musicales. Tout comme à notre habitude, nous sauterons à pieds joints dans un de nos genres de prédilection, le Hardcore Beatdown ! 

Dans l’article précédent, nous avons parlé des anglais de Pintglass. Restons une fois encore dans cette chère Angleterre, où Street Soldier lâche un énorme kick en pleine face avec leur premier album, Turn Dangerous. Continuer la lecture