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Tous les articles par Drama
LA DURE A CUIRE #79
Coma_Cose – Un Meraviglioso Modo di Salvarsi
L’Italie regorge de groupes rock aux idées talentueuses. Même si certaines formations feraient mieux d’innover en termes de sonorités (vous savez très bien de qui je parle). Coma_Cose reflète une attitude rock. D’un côté, leur musique ne me transcende point. De l’autre, je suis curieux d’écouter leurs prochains albums.
Slipknot – The End, So Far
Slipknot surprend souvent. Via ses approches, ses choix mélodiques, ses envies artistiques, le groupe perdure à travers le temps. Certes, il perd quelques fans sur son chemin. Néanmoins, ne reprochons pas aux membres de faire de l’immobilisme musical.
Sonic Medusa – The Sunset Soundhouse Tapes
Sonic Medusa accroche dès le premier riff de ‘Goblin Suite’. J’en suis déjà fan. Appelez cela rock de papa, stoner du désert… j’appelle ça : fuck that shit, we fight the mountains !
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Kobato, œuvre insignifiante de CLAMP ? Part 2
/!\ SPOILER. Critique à lire si vous avez terminé la série Kobato. En attendant, jetez un œil sur la première partie de la critique. C’est gratuit. /!\
Évitons tout suspens inutile. Kobato n’est pas une œuvre qui transcende mais elle n’en est pas moins signifiante. Lorsque je referme le dernier tome de cette histoire, j’ai le sourire aux lèvres et ce, pour plusieurs raisons.
Mon héroïne, celle que j’encourage depuis le début, a accomplit sa quête. Les autrices du collectif CLAMP réussissent à ne pas briser, à ne pas me lasser des liens qui m’unissent à leur univers. La compassion que j’ai envers Kobato et ses amis est maintenue, tout au long des 6 tomes.
Outre le développement des personnages l’intrigue réussit à me choper. L’enjeu est devenu plus intéressant : finalement, récolter les sentiments blessés des gens n’est plus la mission principale de la protagoniste. Elle doit faire un choix douloureux. Elle n’est pas seule maîtresse de son destin. Elle est liée à la destinée d’autres âmes. Elle doit prendre des décisions douloureuse pour sauver son univers.
MAIS ce que j’aime le plus dans cette œuvre, et qui la différencie des autres, est que C’EST UNE BOUFFEE d’air frais ! A la première lecture, j’avais compris l’intrigue, les enjeux et la fin (qui même si elle est tirée par les cheveux, reste agréable à lire, on est heureux pour Kobato).
Via Tsubasa Reservoir Chronicle et XXXHolic, CLAMP nous emmène dans les tréfonds de réflexions mystiquo-philosophiques. Des réflexions saupoudrées de distorsions temporelles, où parfois, plusieurs relectures sont nécessaires pour tenter de tout comprendre. Kobato amène une petite pause pour se ressourcer entre 2 histoires complexes. Ce manga ne transcende pas de par la profondeur de son récit. Cependant, il est signifiant par l’équilibre qu’il apporte à l’univers de CLAMP, grâce à sa douceur, sa simplicité.
Mouche
LA DURE A CUIRE #78
Bully
Quel rêve. Je ne parle pas de Måneskin jouant avec Tom Morello. Mais bien de Bully, force grunge, chantant accompagnée de Soccer Mommy, autre force rock. Deux voix cinglantes pour d’agréables sonorités 90s !
One-Eared Boy
Quand on croit que les chants rock n’ont plus rien de fédérateur, One-Eared Boy prouve le contraire. Il ne reste plus qu’à crier.
Pomme – (Lot 2) consolation
Parfois, exposer ses sentiments sur le papier est une épreuve. Via ‘very bad’, Pomme offre une ballade qui se fout des jugements, des étiquettes.
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Gipi Interview
Gipi est un auteur atypique. En 2006, il fut d’ailleurs primé au Festival d’Angoulême. Ses histoires sont le reflet de sa personne. L’humour et la poésie transpirent de ses planches. Surtout à la lecture de sa nouvelle bande dessinée : Barbarone. L’œuvre présente une aventure spatiale. Naïveté et cynisme sont au rendez-vous. Découvrez la mentalité d’un artiste italien suivant ses propres codes.
Avant de se pencher sur Barbarone, je souhaitais t’annoncer que notre équipe critique des bandes dessinées japonaises. Lis-tu un manga qui est d’une grande aide dans ton travail quotidien ?
Ecoute, je riais avant d’entendre ta question car je pense qu’il n’y a pas de personne moins adaptée que moi pour y répondre. Je n’ai jamais lu de manga. Jamais. Non pas que j’en sois contraire mais en général, je lis très peu les bandes dessinées. Presque rien. Les mangas sont probablement arrivés en Italie, quand j’étais déjà trop vieux pour en vouer une passion. Parfois, j’en feuillette car j’aime les solutions dessinées par certains auteurs.
Des BD t’attirent quand même pour plusieurs raisons.
De prime abord, je suis sûrement attiré par le style de dessin. Puis, en 3 minutes, fin, même pas en 3 minutes… je sais si j’ai envie d’en découvrir davantage, en 40 secondes. J’examine l’écriture des personnages et celle des dialogues pour savoir s’il en vaut la peine de gaspiller son temps, face à telle ou telle lecture.
Quand je lis, j’adore être surpris. J’ai lu pas mal de BD et je recherche cet auteur prêt à proposer un nouveau récit, à illustrer des dessins inédits. Désires-tu les mêmes sensations ?
Je cherche une absolue authenticité entre l’auteur et ce qu’il raconte. Les trames surprenantes ne m’intéressent pas. Je regarde si la personne écrivant, racontant, dessinant est honnête avec elle-même et par conséquent, avec le lecteur. Ça peut sembler étrange, mais d’expérience, je peux le comprendre très vite.
Parlons de Barbarone. C’est une bande dessinée complétement folle. Chaque personnage de cette aventure spatiale incarne un caractère qui t’appartient. Gogo pour le narcissisme. Pozza di Piscio pour le cynisme. Quant à Barbarone, il est la personnification de l’enthousiasme. Il veut découvrir de nouvelles créatures, de nouvelles planètes, en respectant chaque être vivant sur son parcours. En fin de compte, et même s’il s’agit du premier volume d’une trilogie, Barbarone n’est-elle pas ton œuvre la plus optimiste ?
Oui, c’est mon œuvre la plus allègre, assurément. Celle où j’ai pu le plus jouer. Je suis vraiment revenu à la BD divertissante dont j’étais passionné durant ma jeunesse. Je ne sais pour quel motif quand je concevais des livres, je réalisais des histoires sombres. Ces mêmes motifs étaient un peu tristes. Barbarone naît toujours pour une triste raison vu la dure période vécue avant sa parution. La réaction qui en résulte fut sûrement plus joyeuse. Donc, j’aime beaucoup ce livre, ses personnages.
C’est mon œuvre la plus autobiographique. (rire) Même si j’ai sorti des livres directement plus autobiographiques en apparence, et même si je n’ai jamais voyagé dans l’espace. Barbarone est bien le plus autobiographique.
Était-il plus thérapeutique d’écrire une œuvre comme Barbarone, plutôt qu’une autre comme La Terre des Fils ?
Oui. Imaginer Barbarone était vraiment curatif. La bonne humeur de ses pages était très précieuse à ce moment de ma vie. La Terre des Fils est un livre complètement différent. Les racines de cette histoire découlent du passé de ma famille, chose qu’on ne peut pas deviner en la lisant car cela concerne ma vie privée. Même pour ses motivations, cette œuvre est bien plus différente. A cette époque, j’avais besoin de publier une histoire où je n’y étais pas moi-même, sans ma voix narrative. C’était une importante période de rupture.
Barbarone… c’est un jeu. Son récit est bien plus similaire à ce que je suis dans la vie de tous les jours. Je m’assimile à ces personnages, cette approche plus joueuse au sujet de l’existence.
Pour Barbarone, tu utilises un papier déjà aperçu sur La Terre des Fils. Pour ce qui est des traits du dessin, j’aimerais comprendre quelle est la plus grande difficulté quand on dessine tout à la main et au Bic.
Tu n’as pas accès au Control Z. Il faut rester concentré. Sincèrement, j’aime travailler de cette manière. J’aime l’idée de risquer de ruiner une page, au lieu de toujours avoir une voie électronique pour fuir.
Il y a bel et bien une vraie difficulté quant à la conception de Barbarone. Cette bande dessinée ne présente pas de vignettes. Ses planches n’ont pas de vignettes divisant les actions à des moments précis. Dès lors, créer des pages devient difficile. Il faut que le flux de bulles de lecture soit juste, sans l’aide des vignettes. J’ai vraiment fait en sorte que l’on puisse tout comprendre à la lecture. Et ce, même si tu sautes des dialogues par erreur. Ce système était complexe à mettre au point. C’était un défi.
L’autre challenge était d’illustrer un personnage à l’intérieur d’un autre. A savoir, Pozza di Piscio s’exprimant après avoir été bu par Gogo. Là, c’était vraiment confus. (rire)
As-tu laissé Barbarone entre les mains d’un enfant pour voir sa réaction ?
Oui. Il est préférable que l’enfant ne soit pas trop jeune, au vu de l’énorme quantité de jurons. Les enfants de mes amis s’amusaient beaucoup à le lire. On me racontait que les expressions de Gogo sont mêmes entrées dans certains lexiques familiaux. Ce sont des phrases qu’ils répètent et qui les font rire. C’est aussi arrivé à la sortie de Aldobrando, un livre imaginé avec Luigi Critone. Là aussi, les enfants reprenaient les passages vulgaires car on sait qu’ils rient facilement avec les gros mots. (rire) Ca me plaisait beaucoup.
Le jeune Aldobrando et l’aventureux Barbarone ont des points en commun, non ? Ils font preuve d’innocence à diverses situations.
Tout à fait. Quand je crée des héros, ils portent un regard d’enfant sur le monde. Aldobrando suit un parcours et Barbarone se dirige vers un autre. Ce dernier est bien plus stupide. Il dégage aussi un côté obscur. On peut l’observer au premier volume, quand il s’énerve sur une minuscule créature.
Portes-tu aussi un regard d’enfant sur le monde ? Trouver la joie dans les petits riens de la vie. Préserver l’innocence.
Je suis Barbarone quand je rencontre quelqu’un. Immédiatement, j’ai envie de devenir de son ami. Je désire être une personne correcte, généreuse, bonne. Souvent, je me fais arnaquer. (rire) Il est bon de vivre ainsi. Je pense qu’il vaut mieux se faire tromper plutôt que d’être détaché, distant ou méfiant, dès qu’on rencontre des gens. Il faut avoir les mains ouvertes lorsqu’on vit, et ne pas garder les poings fermés. C’est vrai, à poings fermés, tu te défends. Sauf qu’une fois les mains ouvertes, n’importe qui peut te laisser quelque chose d’inattendu. Mais c’est plus risqué.
Une fois ton ouvrage terminé, pourquoi avoir choisi Rulez pour l’éditer ?
J’avais très peur de Barbarone. Par le passé, j’avais déjà exploité l’humorisme avec parcimonie. Cependant, je n’avais jamais fait de livre entièrement comique. J’étais effrayé. J’avais l’impression de suivre une voie incohérente, déviant de mon parcours artistique. Suivre Rulez, c’était la voie la plus juste car la plus différente. Je suis en très bon rapport avec Coconino Press. Je ferai d’autres livres avec ces éditeurs. Je leur ai vraiment dit que je me prenais une vacance. Barbarone est un livre différent à traiter différemment. Tout va bien. Coconino soutient le travail confié à ma femme. Elle dirige Rulez. L’idée était de faire un livre à la maison. Le contrôler sous tous ses aspects, dans sa distribution, etc. C’était aussi une expérience. Cette collaboration fait que je n’ai pas le droit de mentir vu que ma femme est à mes côtés (rire). Le travail joue également un rôle important dans ma journée. Puis, c’est beau de contempler le soin apporté par Chiara Palmieri (ndr : épouse de Gipi). C’est un soin à la fois maniaque et incroyable. Je n’ai jamais vu ça.
Revenons un instant sur la thématique de l’optimisme. J’aimerais rebondir sur une de tes anciennes déclarations. Soit, tu y répondras en 30 secondes, soit en 30 jours… Gipi, Dieu te hait encore ?
(rire) S’il existe, il ne hait personne en théorie. Donc, je ne crois pas qu’il me haïsse. Malheureusement, je ne crois pas en Dieu. Je fais de tout pour y croire. Je vis comme s’il existait. Je vis comme si les enseignements chrétiens étaient réels. Je lis la Bible. C’est juste que je ne crois pas au personnage principal (rire). Ça me rappelle une très belle blague de Woody Allen. Il déclarait : Bon, la Bible est une histoire prodigieuse. Dommage que son protagoniste ne soit pas crédible.
Tu n’as pas peur de vivre une grande fable.
No, no. Ça dépend de ce que tu entends par grande fable.
Une fable niant la dure réalité.
Non. Selon moi, le devoir des êtres humains est d’affronter les dures réalités sous toutes leurs formes et aspects. Nous vivons un temps où l’on envisage une illusion de protection pour les jeunes générations. Comme si la société pouvait les préserver du mal. Ceci me semble très cruel vis-à-vis des jeunes. J’ai toujours pensé que la vie était quelque chose de dure. Quand tu es jeune, elle peut ne pas le sembler. Mais quand tu commences à vieillir, tu comprends qu’elle peut être très douloureuse. Se construire pour l’affronter, c’est aussi la tâche des plus jeunes… mais c’est cool de le faire. (rire) Ca, c’est le plus important.
Lomepal au Palais 12
Quand je débarque au Palais 12, je ressens une soif de curiosité. Lomepal s’entoure de musiciens pour présenter Mauvais Ordre. Est-ce vraiment suffisant pour se déplacer jusqu’à la capitale ? Bien sûr. Voyons si le fan des Strokes défend un rap enrichissant et mélodieux.
Une fois serré comme une sardine, je l’attends impatiemment. L’attente est trop longue et Limsa n’arrange rien. Ce dernier assure la première partie. Rien ne va. Trois jeunes filles gueulent ses paroles de merde. L’artiste vanne maladroitement : Bruxelles ! Montrez que vous êtes chauds ! On n’est pas à Charleroi ici. Cerise sur le gâteau, le rappeur prévient un comparse-producteur qu’un morceau démarre sur une fausse note… s’ensuit un malaise assez pénible. Le public n’en peut plus. La tension est palpable.
Passée cette pseudo-écoute (Limsa, mon cerveau fut totalement débranché), voici de premières sensations fortes : des notes de pianos retentissent brillamment, des lumières s’activent de toute part, plusieurs hommes arrivent enfin un par un ! Lomepal, vêtu de blanc, apparaît charismatique. L’air sérieux, il entonne ‘Auburn’. Morceaux rock assumé. Le titre est toujours aussi entêtant. La guitare et le synthé m’emportent vers un électrisant western. Le Parisien ouvre le bal comme il se doit !
Il enchaîne les chansons du nouvel opus, en reflétant une belle assurance. Le sourire aux lèvres. Les mains pointant son public. Il invite à lâcher prise.
Lomepal domine la scène. Mieux encore ! Le rappeur maîtrise son chant. Sa voix ne fait jamais défaut. Là où ‘Crystal’ sonne comme le piège parfait pour celles et ceux à la voix trop mielleuse, son interprète gère et communique son énergie ! La salle boit ses paroles.
Les morceaux plus méchants ne sont point délaissés. ‘Lucy’ et ‘Pommade’ font tourner les têtes. Il fait de plus en plus chaud. Lomepal est inépuisable. Un atout majeur pour ce trentenaire à la cheville foulée. Seuls bémols : ‘Maladie moderne’ couplé à ‘Pour de faux’. Est-ce le véritable ventre mou du concert ? Assurément.
Mais le show est si jouissif qu’il est impossible d’en être dégoûté.
D’ailleurs, saluons le travail des techniciens. La scénographie est minimaliste au vu des néons accrochés aux structures métalliques. Les lumières n’ont rien de psychédéliques. Ces points rendent l’évènement mémorable. Le concert ne provoque pas une crise d’épilepsie. Ce concert est visuellement propre et sobre. Le spectacle est également intense. ‘Decrescendo’ est joué lors du rappel. Ambiance électrique à fond les ballons. Pression sonore fascinante. Lomepal réinterprète le morceau. Comme pour ‘Etna’, il incarne une figure théâtrale. Couleurs et écrans se mêlent pour ensuite se fermer devant l’artiste. Ainsi se conclue sa performance. Un adieu digne d’une pièce tragique. Lomepal s’en va sous de longs applaudissements. A force de travailler, d’écouter les Beatles, de croire en la musique, il façonne une foutue perle.
LA DURE A CUIRE #77
Post Nebbia – Entropia Padrepio
Secrètement, je n’apprécie plus vraiment des groupes tels que Temples. La recette rock psychédélique fut pompée à maintes reprises, en Europe et ailleurs. Quand soudain arrive Post Nebbia ! Le temps de changer d’avis…
LotuS
J’aime beaucoup les mélodies de voix de LotuS.
Il me fait penser à Trent Reznor de Nine Inch Nails et comme j’en suis fan, ça m’interpelle directement ! -Pasquale Caruana, ingénieur du son de LotuS
Cottrell
Nous avons maintenant une vraie section rythmique. Elle permet de s’aventurer dans des terrains plus propices, tant au niveau humain que musical. Evidemment, ce n’est pas très correct de le formuler comme ça par rapport aux précédents membres de Cottrell, mais c’est la réalité. Comme les astres sont mieux alignés au niveau musical et humain, tout devient plus facile pour la composition et l’interprétation.
Pour le reste, on ne se pose plus trop de questions. Ce sont les morceaux qui nous entraînent vers telle ou telle voie. Et puis on se demande : on garde ou pas.
Pour l’enregistrement des deux nouveaux morceaux, nous avons pris une direction moins « prise live » en studio. Elle est plus qualitative dans l’approche, par rapport au doublage des guitares, à l’enregistrement tour à tour. -Benjamin Delgrange, chanteur/guitariste de Cottrell
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Tirailleurs : le récit d’une vie
Le 4 janvier dernier sort dans les salles Tirailleurs, produit entre autres par Omar Sy et réalisé par Mathieu Vadepied. Mon attention se porte initialement sur ce film, car d’aussi loin que je me souvienne, je n’avais jamais entendu parler d’un film sur la vie des tirailleurs sénégalais. Concernant les tirailleurs, il est d’emblée important de préciser un point historique : tous les tirailleurs ne venaient pas du Sénégal. Les tirailleurs sont assimilés à ce pays car les premiers tirailleurs enrôlés venaient précisément du Sénégal.
D’un point de vue général, le film est assez beau et les décorations nous font réellement voyager entre la France et le Sénégal.
Un titre trompeur et polysémique
Le titre choisi est intéressant à plusieurs égards. Selon moi, l’emploie du pluriel permet de souligner le fait que l’identité des tirailleurs était multiple. Dans le film, cette diversité de nationalité est illustrée par le fait que plusieurs langues sont parlées par les soldats africains. La scène de l’arrivé de Bakary Diallo (Omar Sy) au front, nous permet de nous rendre compte que Bakary ne sait pas communiquer avec ses compagnons d’infortune car il parle peul (langue d’Afrique de l’Ouest) mais pas les autres.
Ensuite, une fois de plus, ce choix nous renseigne également sur le fait que l’histoire ne va pas se focaliser uniquement sur une seule personne. Tout au long du film, nous suivons l’évolution de Bakary mais également celui de Thierno (Alassane Diong).
Enfin, avec un tel titre, il est normal que le spectateur s’attende à voir un récit sur la vie des tirailleurs. Or, dès les premières minutes du film, le réalisateur nous fait comprendre que le sujet ne sera pas l’histoire de ces Africains enrôlés de force mais, celui d’un père et d’un fils loin de leurs terres. Ainsi, le titre anglais Father and Soldier est plus fidèle au scénario du film.
Est-ce qu’un enfant tue des hommes ?
Durant le film, nous contemplons l’évolution de la relation entre Thierno et Bakary. Au début, l’histoire se base sur le point de vue de Bakary. Néanmoins, plus Thierno s’éloigne de son père, plus l’histoire se focalise sur lui. Cet éloignement atteint son point culminant, lorsque Thierno répond Est-ce qu’un enfant tue des hommes ? à la phrase Tu n’es qu’un enfant de son père. A ce moment précis, l’attention n’est plus portée sur le père. Nos yeux sont rivés sur son fils.
La scène de la tentative d’évasion du camp illustre parfaitement la fin de l’influence de Bakary sur Thierno. En effet, après une brève altercation, Bakary pense avoir convaincu Thierno de le suivre dans son plan. Cependant, ce dernier va très vite déchanter quand il s’apercevra que son fils, profitant de la situation, décide de rester.
Un film presque parfait
L’œuvre coche malheureusement des points négatifs. Certaines scènes peuvent paraître trop longues et sans intérêts pour l’intrigue. Certains personnages manquent de profondeur. C’est particulièrement le cas pour le Lieutenant Chambreau (Jonas Bloquet). Ce perso est très important quant à l’évolution de la psychologie de Thierno. Néanmoins, ses apparitions dans le film sont très peu convaincantes. Pour les spectateurs, il passe pour un personnage secondaire.
Tirailleurs est un bon film racontant la vie d’un père, tirailleur sénégalais, et de son fils durant la guerre. Le réalisateur décide de reléguer la guerre en second plan. Il se concentre sur ceux qui sont entrainés dans ce conflit contre leur volonté. Ainsi, ce film n’est pas un film sur la guerre, ni sur les tirailleurs sénégalais, mais le récit d’une vie.
Fortuné Beya Kabala
Molière serait-il rouge de honte ?
Quand j’allume la radio, mon ouïe suinte le sang. A qui la faute ? Aux artistes francophones ne racontant plus rien d’intéressant. J’avais déjà détruit Roméo Elvis et ses messages vides et dispensables. Désormais, citons quelques merveilles artistiques. Rassure-toi Molière, il existe encore de vrais paroliers.
Anat Moshkovski & Shuzin
Anat Moshkovski questionne sa monade. L’Israélienne écrit une lettre d’amour à l’unité et essence de son esprit profond. C’est beau, simple et entêtant.
Ma jolie monade. Tu changes l’histoire de ma vie. Tu sais, je sens. Tu colles les nuages.
Parfois j’oublie que je t’aime…
Tim Dup
Tim Dup sort son quatrième album cette année. Les Immortelles empoignent des sujets qui concernent tout un chacun : l’état climatique, la fatale mortalité et l’introspection pure.
‘Si je m’écoutais vraiment’ apparaît comme son morceau le plus ludique. Le chanteur liste ses envies premières, ses puissants désirs. Il invite à réfléchir sur nos actes… me rappelant ma détestation pour les effets de mode !
Si je m’écoutais vraiment. Je ferais tomber les clés. Déserterais la ville.
J’irais perdre mon temps. Au profit de l’exil.
Bleu Reine
Le clip de ‘Comme un seul homme’ fut tourné dans les ruines d’un prieuré, à la forêt de Compiègne. En termes de sonorités, Bleu Reine joue un folk à la fois calme et angoissant. Une vive impression frappe mon esprit. La chanteuse semble sacraliser une sainte paix pour tous les peuples. Ce message devient un hymne.
On se rendra comme un seul homme. On changera la donne.
Pomme
Pomme réunit deux ambiances. Noirceur et innocence. Voici deux sujets qu’elle met en image via le clip de ‘jardin’. On y a aperçoit des enfants dont l’apparence fait écho à l’univers de Tim Burton. A quoi s’ajoute la patte de la musicienne. La douceur et le phrasé de Pomme rendent sa musique super accessible.
Pourquoi j’y pense encore ? Y a quoi de mieux avant ? À part les rires en farandole. À part l’été qui me console. Qu’est-ce qui me manque tant ? Pourquoi j’y pense encore autant ?
Y a quoi de mieux avant ?
Disiz
Le rap véhicule souvent des vérités. Quand les bien-pensants croient savoir tout sur tout, au sujet de l’insécurité des banlieues, l’immigration de masse, les médias traditionnels, arrivent alors Nekfeu, Damso et Disiz pour remettre les pendules à l’heure.
Ce dernier livre ‘Extra-Lucide’ en 2012. Le texte parle de l’artiste, de son rapport à l’art. Aujourd’hui, méditer sur ses sages paroles n’est point futile.
Depuis gosse, je m’ennuie, dans la rue, à l’école. Pourtant, y’a plein d’pistes, mais jamais ça décolle. Pour ça qu’je déconne, pour ça qu’je décode. Ce monde crypté qui rend fou, qui rend folle. Cherche le signal, les cœurs en paraboles sont parasités car à hauteur d’homme. Grandi en cité, Banlieusard-Gentilhomme. Ils avaient tracé mon destin, j’ai trouvé la gomme.
brunoaleas – texte et photo
Insomniaques
Dormir le jour et rester debout la nuit. Quelle plus poétique façon de fuir la réalité ?
La nuit lorsque nous allons dormir, c’est un peu comme si on prenait un raccourci jusqu’au lendemain. Mais… si on désire que le matin n’arrive jamais, autant ne pas dormir. Puis, confronté à la brulure de la lumière du soleil, on s’endort, priant que le temps s’efface avec nous. Je voudrai que tout s’arrête.
Insomniaques est un manga d’une rare douceur. Classé dans les seinen, probablement à cause de son ton mature et poétique, il raconte pourtant l’histoire très simple d’une paire de camarades de lycées tombant lentement amoureux l’un de l’autre.
Ganta Nakami est insomniaque. Il ne se souvient plus depuis quand mais pas moyen de s’endormir la nuit. Il passe donc ses journées de classes à somnoler et ses pauses à trouver un endroit où se coucher. C’est dans une vieille salle d’astronomie abandonnée qu’il trouvera le calme et la paix, mais aussi qu’il rencontrera Isaki Magari. Isaki est une fille de la même année que lui, optimiste et enjouée qui se trouve être insomniaque, tout comme Ganta. Sympathisant rapidement de par leur affliction commune, ils devront monter à deux un club d’astronomie afin de sauvegarder ce havre de paix qu’est l’observatoire ou ils se retrouvent à chaque occasion. C’est ainsi qu’ils apprennent lentement à se connaitre et à rejoindre leurs univers nocturnes de solitude.
Nous passerons la totalité du temps alloué de ce récit à voir ces personnages attachants se construire un monde. L’infinité de la nuit est propice à la romance, à la poésie. L’isolation et le calme donnent l’opportunité à nos protagonistes d’êtres seuls au monde et de raconter une histoire d’amour aussi légère qu’un nuage et d’une intimité aussi profonde qu’un ciel étoilé. Ganta va voir sa vie changer quand cette nouvelle raison de rester éveillé va transformer son tourment personnel en fantastique intérêt : pour alimenter les activités du club, il découvrira la photographie du ciel nocturne et de la fille qu’il aime.
Peu de mangas possèdent un découpage aussi étendu. Chaque dessin laisse à l’autre l’occasion de respirer. Une impression de douce brise et de sérénité se dégage des pages au simple feuillettement. La taille des cases est impressionnante. L’auteur n’a aucun scrupule à utiliser une demi-page entière pour une simple expression. Puisque nous suivons la plupart du temps la perspective de Ganta, nous observons de très nombreux plans contemplatifs de Magari, au fil des pages. Les détails, mais aussi la simplicité des points de focus centrés sur notre demoiselle, transmettent sans mot dire la tendresse du regard porté et l’amour profond partagé par nos héros. Couplez cela à de nombreuses représentations époustouflantes de la nature sauvage et bien sûr, du sacro-saint firmament, gardien de leurs histoires, nous avons là un manga splendide.
Un anime est prévu pour 2023. J’en attends beaucoup de la trame musicale. Elle pourrait apporter énormément de personnalité et de sensibilité à cette œuvre déjà si belle.
Pierre Reynders
LA DURE A CUIRE #76
TH da Freak – Coyote
Plus le temps passe, plus Thoineau Palis semble sacraliser Dame Nature à 200%. L’impression est ressentie à la vue de ses clips, sur son projet bordelais TH da Freak. La vidéo de Killing Bleach rappelle ce penchant grungesque.
Je l’encourage à continuer, tant rivières et forêts sont sources de paix.
Iggy Pop – Every Loser
Iggy Pop a beau vieillir, ses morceaux sont toujours aussi intéressants. L’artiste ne recherche pas la complexité. Sur Strung Out Johnny, sa voix fait le taff et la mélodie s’écoute sans ennui !
Cosse – It Turns Pale
Il reste quelques jours avant la sortie officiel du nouvel opus de Cosse, It Turns Pale. Le groupe s’était enfermé aux Pays-Bas pour pondre cet album aux compositions atypiques et addictives. Vous en saurez davantage en mars. Récemment, Nils Bö, chanteur de la bande, me partageait ses sages paroles ! Pour l’instant, écoutons Easy Things. Il est temps de lâcher prise.
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L’étendard d’UssaR
Pensiez-vous vraiment en terminer avec mon discours sur l’amour ? Le thème est de nouveau sous vos yeux, tant il semble de plus en plus nécessaire d’écouter des paroles amoureuses. Ca ne vient pas de moi. Certains artistes honorent encore la chanson française. UssaR dévoile son intimité via sa voix grave, sa délicatesse au piano. L’artiste confirme l’arrivée de son nouvel album, début janvier. Découvrons son univers à la fois sincère et accrocheur.
Le ton est donné lorsque le titre ‘6 milliards’ arrive à nos oreilles. UssaR ne cache pas une fatalité propre au sentiment amoureux. Plus on aime, plus on prend des risques. Lesquels ? Vivre une rupture, le manque viscéral, les maladroits désaccords, le chantage affectif, et j’en passe !
Le chanteur est comparable aux romantiques du XIXe siècle.
L’amour romantique est une maladie de l’âme car la passion qui l’anime résonne avec souffrance. Véritable aliénation, la passion reste cependant préférable à toute forme de compromis pour les romantiques. -La conférencière Catherine de Laborderie
N’imaginez pas les morceaux du jeune francophone comme ultra déprimants. L’écriture du parolier est très accrocheuse. La sève artistique d’Alain Souchon, ou de Michel Berger, expose la beauté des petits rien de la vie. UssaR le comprend. Que sa passion continue de l’enflammer !
J’aimerais seulement m’endormir. Ma tête sur ta robe noire. Comme un enfant dans un sourire. Quand lève le vent, notre étendard. -UssaR
brunoaleas – Photo ©Jeanne Lula Chauveau