Beau is afraid : comédie cauchemardesque

Beau is afraid est le troisième long métrage d’Ari Aster (Midsommar, Hérédité). Tantôt drôle, tantôt perturbant, le film nous conte les peurs de Beau.

Le film débute avec un écran noir inquiétant. Le spectateur comprend rapidement qu’il est en train d’assister à la naissance du personnage principal. Tout de suite après, nous nous retrouvons une quarantaine d’années plus tard avec Beau (Joaquin Phoenix) face à son psychiatre.

Les choses s’emballent lorsque Beau doit rentrer chez lui. Sur le chemin du retour, il assiste à des scènes loufoques : la ville est dans un état post-apocalyptique, un étrange personnage tatoué de la tête aux pieds l’attend devant l’entrée de son immeuble pour l’agresser physiquement. Dès cet instant, le spectateur se questionne pour savoir si tout ceci est la réalité ou le fruit de l’imagination de l’étrange Beau ?

Tout partout, et en même temps

Ari Aster construit son film en trois grosses parties. Chaque partie peut être considérée comme un voyage dans les tréfonds des traumas de son protagoniste. Chaque élément garde une certaine cohérence et on peut apercevoir un fil conducteur jusqu’à l’issue de la première partie. Dès l’entamé de la deuxième partie, le spectateur est littéralement noyé par les informations. Le réalisateur utilise cette partie (la plus longue des trois autres) pour remonter aux origines des traumas de Beau. L’exercice qui, initialement, ne semble pas périlleux, se transforme en une séance de psychanalyse incompréhensible. En effet, nous embarquons dans des scènes qui sont à la fois drôles, étonnantes, sans queue ni tête et malaisantes. Pensons au moment où le film se transforme en un tableau de peinture vivant.

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Un peu trop long ?

Depuis ces dernières années, il y a une surenchère sur celui ou celle qui réalisera le film le plus long. Beau is afraid n’échappe pas à ce phénomène. Cette longueur est paradoxale car on ressent une impression d’inachevé à la fin de la projection. Ce sentiment s’amplifie par le fait qu’on reçoit énormément d’informations durant tout le film, sans pour autant comprendre où tout cela conduit.

Freud is everywhere

Aster n’hésite pas à faire appel aux théories du plus connu des psychanalystes, Sigmund Freud. Tout au long du voyage de Beau, celui-ci se confronte au complexe d’Œdipe. Effectivement, Beau semble vivre une relation très glauque avec sa mère. Cette dernière a une emprise très malsaine sur lui.

La sexualité est également un sujet récurrent dans l’intrigue. Malheureusement, le cinéaste n’exploite pas en profondeur les symboles freudiens. Il se contente de simples évocations qui parfois tournent à la caricature. La scène dans laquelle Beau découvre l’identité de son géniteur l’illustre parfaitement. Freud a théorisé le concept du ‘ça’ qui renvoie notamment aux pulsions sexuelles. Le réalisateur le caricature un peu lors de la conclusion de cette thématique dans son œuvre, car il dépeint le père de Beau sous forme d’un phallus géant. Il assume certainement ce choix pour rajouter un élément d’absurde lié au côté comique du film. Cependant, cela demeure frustrant de ne pas avoir une explication plus complexe des angoisses sexuelles de son personnage principal.

Heureusement, Joaquin Phoenix, coutumier du rôle du gars pas bien dans sa tête, livre une performance hors norme. Il réussit, magistralement, à transmettre aux spectateurs la confusion qui règne dans sa tête. Finalement, Beau ne serait-il pas un Joker qui tente de comprendre sa folie ?

Fortuné Beya Kabala

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