Augure

‘augure’ :  personnage important qui se croit en mesure de connaître et de prédire l’avenir, de faire des pronostics. Le Larousse ne ment jamais. Mais peut-on se tromper sur l’idée d’un film ? Sûrement. Lorsque je découvre le film de Baloji sur grand écran, je me trouve semi-subjugué. Les décors, les costumes, les panoramas et bien sûr les évènements mystiques illustrent une œuvre colorée où ressentir un trip psychédélique n’est pas à proscrire. Baloji est cinéphile.

Mon enfance à Liège, aux côtés d’une grande communauté italienne, a fait de moi un fan absolu de cinéma italien, de la famille des grands ‘i’, comme Pasolini, Fellini, Antonioni. Leur onirisme me parle. –Baloji

Sa passion, on la saisit pleinement à la vue des rites, du désert et de clans filmés soigneusement. Quelles en sont les conséquences directes ? L’envie de contempler un univers partagé entre naturel et surnaturel. Mention honorable aux magnifiques costumes accrochant notre regard du début à la fin.

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Au départ, nos yeux suivent le trajet de Koffie. Il est maudit dès l’enfance à cause de ses tâches de naissance. Le jeune homme revient au Congo pour rendre visite à sa famille, accompagné de son épouse enceinte. L’Afrique apparaît tribale, animiste, où de nombreux cultes doivent être respectés. Koffie met les pieds là où on l’accepte difficilement. Les points de vue basculent d’une personne à l’autre, afin d’apercevoir ce que le cinéaste appelle les vrais victimes de son histoire.

Ses propos ne me choquent pas. Cependant, je ne valide pas sa pensée. Quand Baloji s’exprime lors d’interviews, il explique précisément les images de son film. D’après lui, la personne à plaindre n’est pas Koffie. Les personnages les plus à plaindre sont les protagonistes décidant de rester en Afrique. Ces femmes et hommes n’ayant pas le luxe de quitter leur terre natale… c’est pourquoi, le jeune réalisateur définit Koffie comme un privilégié.
Ne serait-ce pas trop prétentieux de sa part ? Que signifient ces termes ?! Selon l’artiste, si Koffie réalise des va-et-vient, c’est qu’il est extraordinairement chanceux. En d’autres mots, si Koffie vit chez les Occidentaux, il n’est qu’un homme différent des siens. Baloji s’engouffre dans une généralisation hâtive. Même si son message clair à ses yeux, il passe à côté de la plaque. Quitter sa terre est chose aisée… qui ose le prétendre ?! Trouver un job à l’étranger, est-ce complexe, vraiment ?! Croiser des racistes, est-ce une bénédiction ?! Ne plus revoir sa famille pendant de longues années, un paradis pour tant de personnes… mais bien sûr…

Vous l’aurez compris, Augure est fort au niveau formel. Quant au fond, le propos derrière les métaphores de l’artiste, il est impossible de le deviner. Je me renseigne souvent sur les coulisses d’un film. D’habitude, j’aime découvrir l’envers du décor, ce ne fut pas le cas pour l’œuvre du jeune sophiste.
Baloji ne laisse pas aux spectateurs l’opportunité de déceler sa pensée profonde. Puis, tant mieux. Si c’est pour avaler ses paroles… non merci. L’exil d’une personne n’est jamais comparable à celui d’une autre.

brunoaleas

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