La Base

Jeune rap belge Part 2

Etats-Unis. France. Deux pays où règnent rap et hip-hop. Que se passe-t-il en Belgique ? Qui sait jongler avec les mots ? Qui sait nous faire danser ? Réponse en deux parties.

Blu Samu

Blu Samu dégage une énergie plutôt fédératrice. Ses mots percutent les oreilles pour ensuite s’enflammer sur la piste de danse, telle la personne du clip ‘Turquoise’. Il nous reste plus qu’à écouter sa voix suave.

LaClique

LaClique est une bande composée de trois rappeur + un beatmeaker. Lorsqu’on écoute leurs sons, on ressent le plaisir du passe-passe. Comme un S-Crew partageant la même passion. ‘Dans le noir’ symbolise cet amour pour le rap.

Glauque

Sache que j’exagère la taille des détails. Que mes relations servent à écrire. -Glauque

brunoaleas

Jeune rap belge Part 1

Etats-Unis. France. Deux pays où règnent rap et hip-hop. Que se passe-t-il en Belgique ? Qui jongle avec les mots ? Qui nous fait danser ? Réponse en deux parties.

Onha

Qui se souvient des années 2000 ? Cette période dorée pour les artistes. Là où ils testaient n’importe quelle sonorité. Onha rappelle ce moment plutôt émouvant. Je joue la carte nostalgique… j’assume ! Je ne sors pas les mouchoirs. Depuis ces dernières années, le Liégeois ne pond jamais des titres homogènes. Malgré ‘l’ambiance année 2000’ propre à ‘Sentiment de Vie’, il prouve qu’on peut difficilement l’enfermer dans une case.

Isha

Bruxelles demeure une réelle source inspirante pour les rappeurs. Isha fait partie de cette jeune génération aux productions prolifiques, une génération souvent prometteuse.
Puis, qui aurait pu croire que s’allier à Limsa produirait des étincelles ?! En première partie de Lomepal, au Palais 12, le Français ne m’avait pas du tout époustouflé… en duo, la sauce prend et devient savoureuse !

Swing

La mafia serait moins dangereuse que la police… vraiment ?! Il faut l’entendre pour le croire ! Cette folie fut prononcée par Swing sur ‘Mafia’, un titre de son premier album. A-t-il déjà payé une taxe au prix de sa vie ? A-t-il déjà dû mentir pour ne pas mourir ? Tant de questions qui méritent quelques réponses. Heureusement, son opus, Au Revoir, Simeon, est foutrement dingue. Productions fraiche et fascinantes. Paroles d’une profonde introspection. Et chant accrocheur, tant l’auteur teste sa voix en long et en large, surtout au niveau des notes aiguës.
Relevons un point fort pour conclure via un message positif. Le mot
cœur est cité de nombreuses fois, lorsqu’on écoute le jeune Bruxellois. Comme si l’artiste avait mis toute son âme dans son œuvre. Tu rappes pas avec le cœur ? T’as rien à faire au stud’.

brunoaleas

Roméo Elvis ne sait pas écrire

Pourquoi Roméo Elvis ne sait pas écrire ? Depuis ses débuts, le jeune rappeur surfe sur des instrus de qualité… sauf que ce facteur ne suffit pas à valoriser ses textes ! Comprenons son point faible.

Sur le pont de ‘Dessert’, il cite une marque de chaussure, affiche sa philosophie propre à son dress code (wow), ennuie et fait de la peine : Chaussures Puma sur les pieds. J’suis dans les nuages, dur de perdre. J’fais des murs de texte, et des purs de verte. Le Motel sauve les pots cassés en tant que producteur. Désormais, le binôme ne joue plus entièrement sur les projets de Roméo. Ce dernier doit redoubler d’effort.

L’échec littéraire le plus récent se nomme ‘L’adresse’. Le morceau n’apporte rien, si ce n’est l’avis du Belge au sujet des haineux. Roméo vit sa meilleure Vie, lorsqu’il se balade avec sa beuh dans le froc. Roméo se rend compte que la Vie est parsemée d’aléas. Roméo découvre qu’il est impossible de voir la Vie en rose… le troisième single de TPA brasse du vide. A la fin de son écoute, l’auditeur est en droit de crier : Et ???!!!
Le seul point positif à retenir : les clins d’œil du pseudo-rappeur posés sur d’autres artistes (Nos, Ademo, Lorenzo). Au bout du compte, ‘L’adresse’ démontre les faiblesses d’une plume incapable de se renouveler, même au troisième album !

Trois putains d’opus et toujours deux thèmes récurrents. Bruxelles. Marijuana. Ces deux mots complètent la carte d’identité de Roméo Van Laeken. Pareil pour la petite sœur qui troque la drogue douce au féminisme (une cause comme une autre, je préfère la fumette). Parenthèse fermée. Le grand frère ne cesse de sacraliser la plante verte. Quand on a une telle communauté composée de jeunots, est-ce vraiment la meilleure pratique au monde ? Loin de moi l’idée de prier pour que les rappeurs deviennent des anges. Néanmoins, je préfère un Nekfeu prêt à analyser les relations humaines, à creuser des sujets de société !

‘Nappeux’ demeurera mon titre préféré. En 2017, Elvisito débarque avec des paroles en béton, au chant fédérateur. Citer la capitale n’est plus synonyme d’épilepsie buccale. On plane avec l’instru de façon légale. Quittons-nous sur ces rares notes portant à un début de réflexion : voit-on nos sociétés selon notre prisme ou d’après celui des autres ? La biz de Liège, 100% bio.

brunoaleas Photo ©Séverine Courbe

L’oxymore en rap

Disiz décortique le sentiment amoureux tout au long de son nouveau projet. L’Amour est son treizième album. Quelle raison le pousse à se dédier à un tel thème vu et revu ?

Je pense que c’est l’énergie du désespoir. Dans ma vie personnelle, j’avais accumulé pas mal de problématiques à régler. Il fallait que je change quelque chose. Ma séparation et mes autres changements m’ont permis d’aller au bout de moi-même. Disiz

Le rapport à l’autre, le rapport à soi, sont ses sujets principaux. L’artiste expose également ses folies nocturnes, sans jamais sombrer dans la vulgarité. Dès lors, que vient foutre Damso sur l’album ?

Yseult correspond bien plus au cadre proposé par le rappeur d’Amiens. Dems, lui, est à mille lieues de conquérir le public féminin dans son entièreté. Cette audience est parfois trop choquée par son style cru et rustre.
Sauf que via « RENCONTRE », le Belge délivre une performance digne d’intérêt. Même s’il saoule à cause de ses formulations inutilement puantes (on se fout de la manière dont tu doigtes ta meuf), ses paroles servent de tremplin à Disiz. Sa plume marque une forte nuance face à l’écriture de son aîné. Le son passe de l’ombre à lumière, d’une froideur bruxelloise à une chaleur caribéenne.

Disiz Le Remède partage sa joie. Les mélomanes imaginent souvent le même constat artistique : le malheur inspire bien plus que le bonheur… écouter « RENCONTRE » symbolise une belle exception.

DRAMA – Photo ©Yagooz

Impossible d’arrêter Nekfeu

Après un film exutoire, Ken Samaras capte l’attention l’année dernière. Mettons de côté les rumeurs qui annoncent l’abandon de sa carrière. L’artiste doit sûrement gratter jour et nuit. Certes, Les Etoiles Vagabondes (Syrine Boulanouar, 2019) illustre un rappeur qui galère à trouver son inspiration. Désormais, il semble impossible de l’arrêter.
Certaines de ses récentes collaborations marquent l’esprit. Des exercices où il continue d’afficher des vérités sur le papier. (à des années lumières de ce branleur de Roméo Elvis)

Nekfeu apparaît en forme sur la don dada mixtape. L’ambiance est mélancolique sur « malevil ». Sa voix rauque fait peser la sombreur du projet d’Alpha Wann. Puis, son flow blasé fait un bien fou ! Il dégage de la sagesse. On a beau être généreux, l’égoïsme est le propre de l’Homme.

On traite les autres d’égoïstes parce qu’on l’est tous.

Avec plus de 8 millions d’écoutes sur Spotify, « Moins un » connaît un sacré succès. Nekfeu s’allie à un ancien du rap, Dinos. La fusion fonctionne à merveille. A croire qu’une bienveillance berce leurs paroles. L’invité de Stamina, transpire une putain d’attitude ! Grosso modo, il avoue une certitude sur les passionnés de rap authentique. Ils vivent les vraies expériences en ce bas monde… fort.

Si t’écoute du bon rap, t’as perdu trop d’gens.

Comment ne pas citer Népal ? Lui et son ami offrent une dernière perle sur Adios Bahamas. Nekfeu admet que la route est longue avant d’atteindre les cimes. Il l’exprime en jouant avec les mots et en faisant de l’argot sa poésie. Les groupes ont tendance à voir une sûreté économique en se joignant à des labels. Lui, préfère serrer la ceinture et tracer sa voie. Dans ce merdier, la vérité est troublante. Ca ne l’empêche pas d’oublier d’où il vient. Le message alimente la philosophie d’un Népal qui ne cesse de manquer à la scène française.

Maintenant le squa est dans les kiosques, qui est-ce qui ose quoi ?

brunoaleas Photo ©Julien Lienard

La curiosité d’Onha

Onha semble être extrêmement curieux. Cet artiste de la Cité Ardente ne fait pas dans la demi-mesure. On sent qu’il souhaite jouer sur plusieurs terrains musicaux. Espérons d’ailleurs qu’il balance divers morceaux aux sonorités jazz. Pour le moment, son nouveau son se nomme ‘Balise’. A son écoute, tout est là pour illustrer sa curiosité. (et son envie de soigner son univers)

Là où ‘Toujours’ sonne plus comme un standard des productions actuelles, ‘Balise’ donne une meilleure importance aux instrumentations. Elles suffisent à faire rêver.

Aucune basse vulgaire qui fait tâche. Oui, fuck the trap. Le bassiste l’accompagnant se lâche et ça groove du feu de Dieu ! Sa richesse sonore envoie diverses notes bien placées. Nul flow pété qui étouffe l’instru. Onha maîtrise bien et bien la mélodie de ‘Balise’. Il apporte son grain de poésie au milieu des plantes.

Il assume sa volonté de poser des vérités via ses paroles. C’est ça qu’on veut ! Marre de ces moralistes au ton politiquement correct (salut Bigflo & Oli). Marre de ces pseudos-rappeurs qui ne racontent rien (coucou Roméo Elvis). Onha puise dans ses impressions personnelles afin d’imaginer une introspection de qualité. Sans oublier son partage d’observations intéressantes sur nos sociétés. Puis, il a le mérite d’avoir une plume subtile. Un style à surveiller de près !

Qu’il se consume comme le récit du Soleil. Qu’il récite à chacun de nos éveils.

brunoaleas Photo ©tiny.prod

Nekfeu – Feu

Membre du S-Crew, de l’Entourage et de 1995, Nekfeu est le jeune rappeur français qui a une cote énorme ces derniers temps. Avec son album solo, Ken Samaras révèle sa puissance de parolier. Voici quelques paroles dorées.

J’connais les risques de l’amour mais j’ai toujours l’amour du risque. -« Risible Amour »

J’ai épousé ma plume pour affronter les tempêtes et repousser la brume. -« Plume »

La crise, qui est-ce qu’elle atteint?
Toi, moi ou le suicidaire qui escalade un toit? -« Tempête »

Je ne vois plus que des clones, ça a commencé à l’école.
A qui tu donnes de l’épaule pour t’en sortir?
Ici tout l’monde joue des rôles en rêvant du million d’euros.
Et j’ai poussé comme une rose parmi les orties. –« Nique les Clones Part II »

feu-dans-la-légende©Quentin Curtat

Enfin, peut-être le top :

Je suis devenu celui dont aurait rêvé celui que je rêvais d’être.
Tu me suis? Je ne vais pas me réveiller. –« Egérie »

Centrons-nous sur deux de ses morceaux: « Egérie » et « Risibles Amours ».
Le premier est un hymne à l’ego trip£. Il consiste à mettre en avant le rappeur. Il présente une réalité qui a une moindre importance par rapport à sa vie. Sa mise en image renvoie au final du clip de 
« Flashing Light », où Kanye West, ligoté dans un coffre de voiture, se fait matraquer de coups de pelle par une fille en sous-vêtements. Cette dernière rejoint Nekfeu dans la voiture comme si « Egérie » était la suite de « Flashing Light ». Le clin d’œil est drôle… d’une arrogance qui fait du bien.
Le second est une histoire d’amour ultra moderne. L’instru est lourde. Elle sonne au rythme d’un rap de veille école indémodable. Le titre se réfère également aux nouvelles Risible Amours écrites par Kundera. Car oui, le Fennec fait de nombreuses références à la littérature : Le HorlaMartin Heden, etc. Cette chanson nous embarque dans la vie ténébreuse du rappeur. Il raconte ses histoires amoureuses dont il se lasse très vite. Cela me rappelle l’effet que me procure les chansons de Jacques Brel : il arrive à attirer toute mon attention lorsqu’il conte ses récits.

Construit sur des failles… Ken a suivi sa voie et est devenu un des rappeurs, si ce n’est LE rappeur, le plus intéressant des ces dernières années.

brunoaleas
Nouvelle mise en page de la critique de 2016.

Damso – QALF

Si Lithopédion (2018) a pu être considéré comme l’album de la maturité, QALF est très certainement celui de la responsabilité. Damso y clarifie son rôle de père, de fils, d’homme et aussi de citoyen belge rattaché par le cœur à l’Afrique. La musicalité de son pays natal et de son continent en général est d’ailleurs très présent sur l’album, dans les sonorités, mais aussi parmi les collaborations.

Avec QALF, Damso nous a surpris.
Il s’est livré à son public à cœur ouvert. Et même si l’album est très complet en lui-même, suivant des variations de rythme et de thèmes, des surprises vont très certainement arriver pour parfaire et préciser toutes ses pensées, sûrement avec des sons plus nwarr.  
-Robin Gille


Damso-fondation-768x492©Africa Top Success

Damso devient petit à petit un géant du rap francophone. Via QALF, il mélange ses curiosités sonores. Le mélomane passe à des basses et paroles sévères (« D’JA ROULE »), ainsi qu’à des influences africaines (« MEVTR »). Gros coup de cœur sur « 911 » digne de la bande son propre à GTA : Vice City (2002). C’est juste ce qu’il faut pour se relaxer ou danser au ralenti.

Le rappeur déclare que son projet est une philosophie à savourer avant la sortie d’un nouvel opus. Une raison de plus d’écouter la richesse instrumentale de QALF.
Quant aux propos de l’album, certains les jugent trop fragiles. Pourtant, ils n’ont rien de dérangeants. L’artiste ne se pose pas en tant que moralisateur. Il n’a rien d’un justicier masqué. Comme à son habitude, il pose ses tripes sur le papier. Ses thèmes tournent autour de son vécu : la maladie de sa mère, sa paternité, l’amour et ses futilités.

Il n’a pas la prétention d’un Roméo Elvis parlant de colonialisme (« La Belgique Afrique »), alors que ce dernier n’est qu’un sauvage comme un autre.
William Kalubi Mwamba crée un orphelinat à Kinshasa (2018), puis, met sur pied la fondation Vie sur nous afin de lutter contre l’exploitation minière (cobalt, coltan, cuivre). Des groupes armés dirigent ces mines en terre congolaise. Ce sont des milliers d’hommes/femmes qui sont dans des conditions déplorables.

Si le ton est engagé, il est surtout digeste et important à entendre.
Damso sait de quoi il parle et d’où il vient. 
-brunoaleas

Caballero & JeanJass – High & Fines Herbes

Adieu le CSA. L’émission High & Fines Herbes est de l’entertainment pur et dur. Enfermés à Barcelone, 6 rappeurs doivent passer 6 épreuves planantes afin d’élire le Poumon d’Or. Un concept qui fait très américain. Un délire provenant bien sûr des cerveaux de Caballero et JeanJass. Les deux lascars ne se limitent pas à filmer cette dinguerie… Une mixtape sort en avril et met en PLS tous les fans du belgo-franco game !

Les morceaux sont de qualité. Ils font appel à une part du fleuron du rap actuel.
C’est pourquoi, Caba et Jinedine Jidane nous rappellent à quel point on vit le summum du rap francophone.

Entre un Roméo Elvis bien vulgos, une fusion allemande entre Swing et Oxmo Puccino ou une vraie découverte nommée Chilla, High & Fines Herbes offre moult univers artistiques. Sans compter un Mister V délivrant un banger des plus jouissifs, en laissant enfin tomber sa darko-trap et son Auto-Tune. Franchement, même Alkpote et le Roi Heenok se fondent brillamment à ce jeune panorama.

Puis, il y a les valeurs sûres tel Lomepal, ayant une plume toujours aussi intéressante à suivre.

Que dire du bon son old school comme « Profondeurs Part II » ?
Cette particularité donne un côté imprévisible à l’opus.

Là où les deux Belges m’habituaient à des instrus peu mémorables (une fois en groupe), celles d’High & Fines Herbes mettent en valeur leurs paroles. Et quand les productions sont bercées par les tirades pétées du Roi, on savoure. Ouais, ça se savoure.

Ce projet signe une année où le rap rayonne. Il prouve également qu’on a été gâté cette dernière décennie (Nekfeu, Lomepal, Tiers Monde, Jok’air, Vald, etc.). Sans aucun ton moralisateur, il nous souffle des thèmes comme ceux du temps qui passe ou de la défonce. Dommage que Bigflo et Oli viennent tout gâcher avec leur rap politiquement trop correct.

Peace and weed.

brunoaleas – Illustration ©Mouv

Bruxelles, capitale du rap belge

A l’occasion de la sortie de Juste Avant Kwami, le nouvel album de Moka Boka, faisons un tour d’horizon du rap bruxellois. Parce qu’il n’y a pas que Paname qui rayonne ! Parce qu’il n’y a pas que Roméo Elvis ou Damso dans le game ! Une scène rap non négligeable et toujours plus prometteuse vit en pleine capitale belge. 

Le 77 / Blu Samu

Après quelques concerts bien dynamités, Le 77 a sa communauté. Le trio a construit un univers depuis ses débuts. Le délire autour des lunettes les plus folles à trouver. Comme celui autour du bawler, un mec qui s’en branle de tout, au look douteux et à la drôle de dégaine.

Impossible de ne pas citer Blu Samu lorsqu’on parle de ces Bruxellois. Son énergie hip hop donne toujours un nouveau souffle aux flows de Peet ou de Félé Flingue. Les deux amis ont souvent laissé place à cette force explosant notamment dans ‘Bawlerangers’ (morceau mythique du groupe). Les paroles portugaises de la chanteuse donnent également un côté plus exotique au 77 (‘Salzil’), loin du rap francophone habituel.

Je vous conseille vivement le premier album de la bande, C’est le 77 (2017), afin de saisir l’humour et l’esprit de famille de leurs morceaux.

T’es qui pour dire que moi j’suis personne ?

Swing

L’Or du Commun a participé au succès de Roméo Elvis. Devinez quoi. Swing y provient et charbonne aussi de son côté. Il m’a déjà flanqué une belle claque avec son premier album solo, Marabout (2018).

En février prochain, il revient avec un nouvel EP, ALT F4. Ses deux premiers singles (‘N’ et ‘Gris’) témoignent d’une introspection assez intéressante. Une suite logique à ‘Homosapiens’ (SAPIENS, 2018), constat intelligent de l’être humain et de ses vrais intérêts. Désormais, Swing n’hésite plus à traiter de ses hantises personnelles ainsi que de ses questionnements existentiels.

‘Gris’ délivre d’ailleurs une pensée où Swing semble traduire toute la complexité de la vie; la manichéisme n’a pas lieu d’être. Est-ce que Nemir et Angèle, invités de marque du prochain disque, arriveront à se fondre dans les réflexions du rappeur ?

Pour le moment, les deux morceaux parus ont une certaine couleur sonore, comme si un fil rouge sera présent tout au long de l’écoute d’ALT F4. Un artiste à suivre de très près les amis.

Machines, machines, paramètres, suis-je l’exception à la règle ?

Moka Boka

Moka Boka, jeune nouveau de la scène, mérite notre attention. Son nouvel opus s’écoute d’une traite tant chaque morceau s’enchaîne fort bien. Au rendez-vous : une atmosphère planante, des paroles proches des thèmes de l’amitié, de l’amour ou de ses objectifs personnels. Pour chacun, l’artiste nous révèle ses vérités et convictions.

Juste Avant Kwami confirme aussi que son flow colle à ses instrus travaillées. Le rappeur mène le bateau sans aucun featuring. C’est sans compter l’aspect ultra-moderne de son projet. Ses prods rappellent celles d’un Nekfeu, lors de sa période Cyborg (2016). Par instant, j’en viens même à penser à du Kanye West ! Ecoutez ‘Nord’ ou ‘Intro (Pour te voir)’ et faites ces liens. Puis, vous comprendrez à quel point cette relève du rap belge promet du lourd !

Est-ce que Dieu m’aime fort ?

brunoaleas

Lomepal – 3 jours à Motorbass

Antoine Valentinelli a tourné deux fois la page dans sa carrière.
La première avec FLIP (2017). Personne ne s’attendait à une telle rafale de classiques. Une collection de sons composés par d’excellents producteurs tels que Superpoze, Ponko ou Le Motel!
La seconde avec Jeannine (2018). Une introspection aux paroles et thèmes universels. Une dédicace à sa grand mère et aux âmes torturées.

L’enfant du 13e arrondissement ne nous offre pas un vulgaire et banal best of… Mais bien une session acoustique qui donne ses lettres de noblesse à son chant et surtout, à ses chansons. Il s’enferme du 29 au 31 mai au studio parisien de Motorbass. Son objectif: reprendre 15 titres de ses précédents opus, accompagné de Pierrick Devin (Phoenix, Nekfeu) à la guitare, du percussionniste Aymeric Westrich, de Rami Khalifé au vibraphone, et d’Ambroise Willaume (Sage) au piano, wurlitzer et guitare. Chacun s’applique à remanier les tubes du chanteur.

Capture d’écran 2019-10-19 à 01.31.23©Youtube

Durant ces 3 jours, le fan des Strokes capture la délicatesse de ses paroles. Que ce soit son cri d’amour à la jeunesse (« Môme ») ou ses délires frénétiques (« 70 », « 1000° »), l’ambiance montmartroise enferme l’auditeur dans une bulle sensible. Pianiste et guitariste participent à créer cette magie. De la beauté non négligée des cordes de « Trop Beau » ou de l’interprétation soignée de « Bécane », ce projet s’écoute d’une traite comme un hymne à la chanson française. Mention honorable à « Tout Lâcher » renouvelant parfaitement sa version originale.

Ce live enregistré reflète également un souhait caché de l’artiste.

J’ai plus un background rock à la base. Le rap était un moyen de me faire entendre. -Lomepal

Charles Baudelaire affirmait qu’un poète jouit d’un incomparable privilège: être à sa guise lui-même et autrui. Antoine, tu traces ta route tout en t’éloignant des normes du rap. Bravo Palpal. Bravo.

brunoaleas