Glass Museum Interview

ILS RESPIRENT MUSIQUE

Antoine Flipo et Martin Grégoire, les membres de Glass Museum, nous ont confessé de profondes pensées. Leur adoration de la musique, leurs goûts musicaux ou encore le jazz sont au centre de l’interview. Ce talentueux duo de Louvain promet!

De nos jours le public qui écoute du jazz est un public très particulier et unique en son genre?

Antoine : Ça dépend parce qu’en fait, on s’en rend compte qu’il y a une certaine « démocratisation du jazz » comme dirait Martin (rire). Aujourd’hui, le jazz part un peu dans tous les sens et du coup, c’est beaucoup plus accessible pour un public beaucoup plus large. On est amené à jouer devant différents types de personnes. Autant on a fait des cafés concerts où c’était plutôt des vieilles personnes qui appréciaient notre musique,  autant on a déjà fait des festivals avec des publics de tout âge. Pour nous, le public ne se restreint pas.

Qu’est-ce que tu entends par « le jazz part dans tous les sens »?

Antoine : Avant le jazz était assez élitiste. Il fallait avoir une certaine connaissance pour apprécier le jazz parce que c’est une musique assez compliquée qui nécessitait un savoir de base pour pouvoir l’aimer dans sa complexité. Tandis que maintenant, ce genre de musique se définit comme une musique qui fait passer des émotions. C’est au final une musique de dialogues. Quand on joue ensemble, on fait pas forcément du jazz, mais il y a quand même un dialogue qui se crée entre nous deux et on retrouve énormément cela dans des vieux groupes de jazz.

Martin : Je pense que le fait que le jazz s’inspire de plus en plus du rock et de l’électro, montre que des gens qui n’en écoutaient pas, vont alors s’y intéresser. Ça peut se noter par une première porte d’un groupe jazz au sens large, comme Snarky Puppy ou BadBadNotGood qui font un jazz proche du rock et qui sortent de l’aspect traditionnel du genre. Ces types de groupes vont amener la curiosité du public à écouter du jazz brut parce que c’est une voie d’accès plus libre.

Je suppose qu’Internet aide beaucoup à rendre plus accessible cette musique.

Antoine : Oui c’est certain. Ça s’avère être vrai beaucoup plus chez les jeunes que chez les personnes un peu plus âgées.

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N’avez-vous jamais pensé choisir un chanteur ou une chanteuse pour vos chansons?

Antoine : Jamais.

Martin : C’était vraiment naturel dès qu’on a commencé à faire de la musique à deux. On avait commencé à « jamer » et à aucun moment on s’est posé la question de mettre un chant. Par contre, on a déjà pensé vouloir faire une collaboration avec un violoncelliste ou encore avec un trompettiste. On est super ouvert à plein de collaborations et si on était amené à ajouter un chant, ce serait toujours dans cette optique de collaboration, mais pas dans notre projet même. Dans nos styles respectifs, les choses font qu’on aime avoir énormément d’espace pour s’exprimer un maximum.

Antoine : je pense que si on devait ajouter un chant, on ferait alors un autre projet.

Martin : Ce serait une autre manière de composer et de réfléchir la musique.

Antoine : Le chant c’est nous qui le faisons.

C’est joli. Qu’est-ce qui vous motive le plus à faire de la musique?

Antoine : Martin dirait: « Les meufs. ».

(rire)

Martin : Le plaisir simple de faire de la musique est motivant parce que j’ai toujours aimé en faire. J’aime bien être derrière ma batterie et faire des concerts. C’est ce que je préfère faire et je me sens bien sur une scène. Alors que je me sens très mal à parler sur une scène, les approches productives et créatives qui se dégagent en studio et sur scène sont hyper enrichissantes, ce qui nourrit mon bonheur.

Antoine : Moi je pense que j’en ai toujours eu besoin. C’est comme si t’avais besoin de faire du sport…

Martin : Comme on respire.

Antoine : Ouais c’est ça.

Une passion.

Antoine : C’est quelque chose que tu développes très tôt. C’est un besoin au final. Je me lève le matin et joue de la musique, tout comme le soir. J’entends la musique chaque jour. Je ne suis que musique! (rire) Je ne sais pas imaginer ma vie sans musique parce qu’elle fait partie de moi maintenant. Depuis que je suis tout petit, j’ai tout de suite accroché à ça. C’est devenu une passion, c’est devenu un besoin. Physique et émotionnel.

(rire)

Martin : Sinon au niveau des meufs c’est clair que…

(rire)

Est-ce que vous essayez de dépasser certains modèles de la musique, des artistes inoubliables?

Martin : Ce serait prétentieux de vouloir prétendre dépasser quelque chose parce que je pense que « créer » passe par une série d’influence, de recyclage d’idées et de groupe qu’on aime bien. On a pas la prétention de vouloir innover ni le jazz ni le rock.

Antoine : Ah je sais pas…

Martin : On a envie de faire un truc différent. On a envie que les gens nous voient en concert. Ce qui est intéressant dans ce projet-ci, c’est que la formule est assez originale au niveau du son.

Antoine : Ce qu’on fait a déjà été entendu mais en Belgique, il n’y a pas beaucoup de groupes avec un duo formé juste d’un pianiste et batteur. Même si tu n’aimes pas spécialement ce type de musique, il te reste en mémoire si tu n’as pas vu ça ailleurs.

Martin : A notre niveau, ça ne fait qu’un an qu’on joue et on est encore un groupe qui se fait connaître. On ne peut pas encore dire qu’on a été influent sur une scène. Glass Museum est encore en développement. Un groupe qui est influent sur un style propre, est un groupe qui a déjà fait quelques albums et qui est assez entendu à travers le monde. C’est ainsi qu’il pourra influencer d’autres artistes.

J’ai noté que vous pouvez jouer assez rapidement et ralentir la cadence très aisément. Est-ce qu’il y a des artistes qui se rapprochent de ce que vous faîtes?

Antoine : Gogo Penguin ou encore Tigran Hamasyan s’y rapprochent. Ce sont deux de nos influences importantes. Quand on a commencé à jouer, on s’est basé là-dessus parce que c’était un style qui nous convenait tous les deux. Au fur et à mesure, on se décroche petit à petit de ce style pour construire quelque chose de beaucoup plus personnel.

Martin : Je suis tout à fait d’accord. Tu peux aussi associer ça au free-jazz même si on est pas vraiment des amateurs de free-jazz. Personnellement, je suis suis un très grand fan de math rock. C’est un style rock où au niveau des compositions, c’est un peu barré et ça peut partir dans tous les sens.

Les sons sont quand même bien calculés dans le math rock, non?
Il n’y a rien qu’à penser à Foals.

Martin : Foals est déjà plus droit. C’est vrai que c’est un style de musique assez coordonné.

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Avez-vous eu du mal à commencer à faire du jazz vu que c’est un genre qui a la réputation de demander beaucoup de travail?

Antoine : Aucun de nous deux n’a vraiment étudié le jazz. Quand on a débuté, on ne s’est pas dit : « On veut faire du jazz. ». On veut faire de la musique. Après quelques concerts, des gens se sont dits qu’on participait à « un réseau jazz ». On nous a juste posé une étiquette.

Martin : Les gens aiment bien définir des styles.

Antoine : On n’avait pas du tout l’envie de faire du jazz au départ. On veut juste faire de la musique via quelque chose de différent.

Martin : Et rigoler quoi.

(rire)

Martin : On s’est juste dit qu’on allait prendre un piano et une batterie pour faire des jams et pour s’amuser.

Si vous deviez ne prendre qu’un seul album avec vous dans une île déserte, lequel choisiseriez-vous?

Martin : Je prendrais le premier album éponyme de SBTRKT.

Antoine : Je n’ai pas vraiment de réponse mais pour l’instant, j’opte pour un album que j’écoute cette semaine et qui se nomme Elaenia de Floating Points.

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DRAMA
Interview faite le 23/02/17
Photos ©DRAMA – Kultura, le 23/02/17

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