ATTENTION CRITIQUE AVEC SPOILERS
Dernier train pour Busan (2016) est un film de zombie réalisé par le Sud-Coréen Yeon Sang-ho. Racontant le voyage infernal d’un père et d’une fille sur un train envahi par des morts-vivants, ce film renferme de nombreuses similitudes et quelques différences par rapport au premier film de Georges A. Romero, pilier du film de zombies. A l’instar de La Nuit des Morts-Vivants (1974), ce film concentre toute son intrigue dans un espace assez fermé : tout au long de wagons ou dans des gares. Quant au temps choisi, le réalisateur a lui aussi opté pour que son récit se déroule à sa propre époque contemporaine.
Le message de l’œuvre, lui, renvoie à une volonté d’unité et ne glorifie pas du tout les perversités de l’individualisme. Tout comme pour Night of The Living Dead, on pourrait également croire que les zombies ne sont qu’un propos pour dévoiler au grand jour les vrais visages de chaque protagoniste. De fait, alors qu’une micro-société se retrouvait dans une maison dans le premier film de Romero, Sang-ho l’a situe dans un train. Chaque individu claustré symbolise, dans les deux long métrages, la société dans son entièreté. Certes l’œuvre de Romero est d’origine américaine, il n’empêche que l’on retrouve aussi dans Dernier train pour Busan, une focalisation totale sur les psychologies diverses des personnages. Par rapport à Night of The Living Dead, on distingue toujours un personnage colérique et lâche, celui courageux et optimiste, un couple de jeunes amoureux (voué à mourir brutalement eux aussi) ou encore, des contaminés qui deviennent petit à petit aussi inconscients que les zombies qui les ont mordus. Car si les morts-vivants ont perdus toutes capacité de raisonner dans ce long métrage sud coréen, ils y sont illustrés un peu plus différemment : ils sont en effet rapides (conception impossible selon Romero, qui les conçoit comme incapables de courir) et invincibles. Il sont d’autant plus dangereux, vu ces nombreux avantages énumérés.
Pour en revenir sur les humains contaminés, ils détiennent aussi, comme pour le film précédent, des informations venant de l’extérieur (apportées via les médias).
Mais que serait un film de zombies sans ce qui nourrit principalement le code narratif, c’est-à-dire une lutte entre les hommes ? Ce point se démarque beaucoup des deux films. Encore une fois, la Peur menace les humains, les poussant dans leurs retranchements et rappelant au spectateur ce que constitue une collectivité qui se porte bien.
Si certains essayent de survivre et de sauver le plus grand nombre, d’autres leur barrent le passage car ils ne veulent en aucun cas être touché par la maladie.
C’est alors que les valeurs telles que la solidarité, l’amour pour son prochain, l’importance donnée à la filiation entre enfants et géniteurs, sont remis en question et pleinement dépeints à l’écran. D’autres atouts de ce long métrage se résument à une musique angoissante, environnant souvent son ambiance, ainsi que de gros plans et une caméra portée sur le mouvement continu.
Les seules caractéristiques hétérogènes tiennent notamment de la différence de budget entre les deux films et les années d’écart qui les séparent. Pour Dernier train pour Busan, une abondance d’explosions à l’écran (typique des « blockbusters » en général) est présente, et non plus de simples maquillages pour les acteurs interprétant des zombies. Un « live action » permet de poser beaucoup plus de détails sur le faciès des acteurs, jouant les rôles des humains touchés par le virus. La tension de l’histoire est d’autant plus forte étant donné que l’extérieur du train est très rarement montré au spectateur : il est littéralement embarqué dans le même pétrin que les protagonistes. Malgré quelques points qui divergent, il est normal d’observer une évolution des codes à travers les âges.
Néanmoins, Dernier train pour Busan révèle que les grandes lignes qui ont fait le cinéma de Romero, et qui ont constitué les films de zombies, tels qu’on les connaît le mieux (fait de suspens, horreur, interrogation sur l’essence de l’Homme, etc.), sont toujours pareilles. Véritable leçon de cinéma, ce blockbuster apparaît comme une réussite qui mérite le coup d’œil.
DRAMA