Le son de James Blake m’évoque beaucoup de choses abstraites. En effet, il m’est arrivé de me représenter ce chanteur comme l’incarnation du personnage du Voyageur contemplant une mer de nuages (1818), peint par Caspar David Friedrich, sortant du tableau pour nous chanter, immergé dans le brouillard, un air mélancolique sans jamais s’arrêter sur son chemin.
Musique
TOP 15 ALBUMS 2015 4e partie
3. Feu – Nekfeu
Membre du S-Crew, de l’Entourage et de 1995, Nekfeu est le jeune rappeur français qui a une cote énorme ces derniers temps.
Avec cet album solo, Ken le Fenek montre toute sa puissance de parolier. Voici quelques paroles dorées:
CYMANDE au XJAZZ Festival de Berlin
Je chéris le samedi 7 mai 2016, jour où j’ai assisté au concert de Cymande, au Bi Nuu à Berlin. J’ai cru rêver. Une sensation que j’avais déjà ressentie précédemment, lorsque j’ai vu Faith No More au Pukkelpop à Kiewit en 2009.
Ces deux groupes ont en commun, outre leurs identités très fortes, l’arrêt, supposé définitif, de leurs carrières respectives. »But it’s Alright, if you still go on. »
La « reformation » de Cymande étant cependant beaucoup plus improbable que celle de Faith No More. Et pourtant…!!! « The time is right now ».
J’ai rarement eu l’opportunité de vivre un moment de « communion » aussi agréable. L’entièreté du public, ainsi que tous les musiciens du groupe, nous arborions tous un large sourire, tout au long du show. C’était un cadeau. Comme lors de certaines fêtes, où tout le monde offre et reçoit en même temps. Tout ceci peut sembler naïf, j’en suis bien conscient.
La philosophie peut elle aussi sembler naïve. Notamment celle à laquelle Cymande fait référence, à savoir: le Rastafarisme. D’ailleurs, l’espace d’une soirée, nous étions tous conviés à devenir « Rastas ».
Nul besoin d’être un érudit pour constater que l’actualité n’est pas des plus apaisante, heureusement, le message de Cymande est un réconfort. Le groupe se serait donné pour mission d’à nouveau diffuser leur message de paix, d’éducation et d’amour, par ces temps obscurs où nous avons encore plus besoin de cela.
« It’s only freaks, out there »(..) « Gotta be aware, don’t get too lost in your dreams! ». J’entends le sage qui accompagne, renforce, encourage, donne les éléments pour affronter la dure réalité. En bref, tout l’opposé des messages diffusé par les grands médias de notre société occidentale. Cette société qui préfère que nous dormions, là où Cymande nous invite à l’éveil.
Oui la vie est une épreuve, oui le monde est impitoyable, oui l’injustice est permanente, oui nous sommes entourés d’ogres. C’est effrayant, mais c’est la réalité. Ouvrons les yeux, acceptons. Ne nous laissons pas corrompre, et accomplissons-nous.
Rompons avec l’individualisme, associons-nous, partageons, vivons en tribu, soyons prêts à affronter l’ennemi en permanence, et à communier avec ce que la nature a de meilleur à nous offrir.
Dirigeons-nous vers la simplicité. La mégalomanie est un vice. Ne souhaitons pas les richesses, ni le pouvoir. Repensons le monde autrement. La seule coercition légitime est celle de la nature.
Instruisons-nous, dans tous les domaines. Valorisons la connaissance, ne « l’élitisons » pas. Je m’emporte. J’expose mes utopies. Pourtant, je tiens à vivre en fonction de ces valeurs, avec ou sans vous. Je m’éloigne, lentement, de cette léthargie imposée. J’accepte la lutte inégale, je n’ai pas le choix.
Merci à Cymande de m’insuffler tout cela. La poésie existe, elle est un Art de vivre qui nécessite un engagement profond.
Ce samedi 7 mai, j’ai partagé un moment d’osmose avec quelques uns de mes semblables. Et je me suis senti soutenu dans mon combat contre « le démon », qui est tant intérieur qu’extérieur.
Au delà de ces considérations, Cymande nous a offert un spectacle délicieux.
Un « Brothers on the slide » magistral en ouverture, malgré un flingue discret du chanteur. Des versions rallongées de « Bra », de « Zion I », et de « Rickshaw », chaque musicien ayant à son tour l’opportunité d’improviser. Quelques chansons du nouvel album, qui m’ont moins marqué (à réécouter au calme). Ainsi qu’une amusante surprise (quoiqu’ils l’avaient déjà exécutée à Paris récemment. Mais, à Paris, cela reste moins surprenant) vers la fin du show, Cymande qui reprend MC Solaar, qui avait lui-même samplé Cymande. La boucle est bouclée? « The message is Music, and Music is the message! ».
Ma petite déception: « Dove » manquait à l’appel. Peu importe, c’était une soirée de fête, de retrouvailles, de musique, de philosophie, et Berlin en était le parfait creuset.
Tout un symbole.
Vincent HALIN
Diamanda Galas au Handelsbeurs de Ghent, le 20 avril 2016
S’ouvrir l’esprit, s’ouvrir les yeux et les oreilles, s’aventurer en terrain inconnu… Cette soif de découverte est l’apanage de l’enfance. A l’âge adulte, ces besoins diminuent, ces envies disparaissent… chez la plupart d’entre nous. La pression sociale, la peur et la fatigue sont généralement à la source de l’effritement de notre curiosité innée.
Heureusement, nous ne nous soumettons pas tous à cette fatalité. Nous pouvons rester éternellement frais. Ma curiosité est mon moteur. Mes découvertes sont mon carburant.
Diamanda Galas fut une magnifique découverte pour moi. Elle nous raconte des histoires, dans une ambiance de Piano-bar sombre, déjanté, voire Gothique (ou même d’Art Gothique, au sens où Fulcanelli l’entendait). Même dans une salle de plusieurs centaines de personnes, on peut ressentir un climat très intime.
Elle ne s’adresse pas à tout le monde, elle s’adresse à ceux qui le désirent! En effet, ce qu’elle exprime n’est pas agréablement reçu par tous. Elle aborde la musique d’une manière très personnelle, très unique. Elle excelle tant au piano qu’au chant, et empreint ces deux disciplines de son univers particulièrement singulier. Nombreux sont les détracteurs d’une telle approche… Je fais partie des amateurs. Soit.
Un concert de cette Artiste est une expérience interpellante. Cela va bien au-delà du simple divertissement, il s’agit d’une invitation à l’éveil. J’ai ressenti quelque chose de mystique pendant son spectacle. Il y a une dimension invisible, habituellement rejetée par notre société. La magie, la transmutation, les Esprits, tout ça n’existe pas, n’est-ce pas ? A moins que… ??? Vous préférez regarder une publicité montrant une jeune femme à moitié nue, lascive, qui semble vous désirer? Elle correspond parfaitement aux critères esthétiques imposés par la société de consommation, pourtant, ne serait-ce pas elle le mirage ?
Etes-vous prêts à regarder, à écouter le monde tel qu’il est? Dans la splendeur secrète de son horrible réalité ? Il semble que ce soit bien là que se situe le peu de libre-arbitre auquel nous pourrions prétendre. Nous avons le choix de croire ce qu’on nous dit, ou de chercher une autre vérité.
Diamanda Galas nous incite à la découverte d’un monde caché, au même titre que Platon, Zarathoustra, ou d’autres… N’ayez pas peur de ça, c’est bien plus enrichissant que la télé-réalité. Ne vous reposez pas. Un homme avisé m’a dit un jour: « Ne te conforte pas dans l’eau chaude de tes problèmes, et plonge-toi dans l’eau froide de la vie! ». Je ne peux pas vous dire qui est à l’origine de cette phrase, mais je vous souhaite de vous approprier cette cinglante sentence!
J’ai adoré le concert de Diamanda Galas au Handelbeurs de Ghent, ce mercredi 20 avril 2016 ! Elle m’a élevé.
Vincent HALIN
Photo ©Vincent Halin
Qui êtes-vous ?
Certes, la réalité tangible rend concrète et, « contextuellement » acceptable, votre arbitraire position dans la société des Hommes.
Avec une grande justesse, Machiavel écrivait, dans son fameux ouvrage Le Prince, que c’est l’Homme qui fait le statut, et non l’inverse. J’adhère totalement à ce principe, toutefois… Notre humanité, notre monde, permettent, cependant, que la position sociale soit accordée, non pas en fonction des compétences, mais en fonction de la filiation ou du réseau social. Une grande injustice, dont « l’effet papillon » peut s’avérer être une véritable tragédie. L’actualité nous offre quotidiennement de multiples exemples.
Cela étant dit, rien n’indique qu’une position justement acquise, reste légitime sur le long terme. Quelle force « sur-humaine » faut-il posséder pour être incorruptible?
La Justice existe-t-elle dans la nature?
Pour répondre à cette question, nous devrions déjà définir le concept même de « Justice ». Cette définition, nous la voulons la plus neutre possible, car la Justice ne peut être positive de manière universelle.
En droit, la Justice est l’application d’un texte admis par une élite, permettant de qualifier un fait, et d’agir en conséquence. Sans texte, il n’y a pas de Justice possible. Ni la morale, ni l’éthique ne font partie de cette définition.(1)
Philosophiquement, le concept de Justice acquiert une dimension plus noble, qui est totalement inexistante en droit. Cette Justice philosophique est l’adoption d’un comportement de bonne foi, et, surtout, non-nuisible, permettant de rétablir l’équilibre.
L’aspect strictement juridique n’existe pas dans la nature. Serait-ce l’aspect philosophique de la Justice qui apparaîtrait dans la nature ? A la manière de Blaise Pascal, j’en aurai fait le pari. Mais ce pari n’est pas neutre, il n’est que le reflet de mon opinion, fondée, elle-même, sur mon désir et mon interprétation de ce qui existe. En d’autres termes, c’est une utopie. La nature n’est pas noble, elle est neutre.
En me focalisant sur les faits, je constate que la nature n’est ni juste juridiquement, ni juste philosophiquement. Elle fonctionne selon « la loi du plus fort ». Systématiquement. J’en conclus que la nature est mathématiquement juste.
La Justice (juridique et philosophique) a-t-elle un sens ? Est-il justifié (sic) de s’y référer ? La seule réponse que je puisse donner est que la Justice est une décision qui a permis de simplifier les relations humaines, et de limiter les libertés, afin de pouvoir réfléchir à d’autres phénomènes que notre propre sécurité et subsistance. La véritable liberté est inscrite à l’intérieur de limites claires.
Cette Justice est un idéal inapplicable dans l’absolu, mais cela donne un cadre à notre condition.
Je ne suis pas en mesure d’affirmer le bien fondé d’une telle démarche. J’ai seulement envie de croire que nous pourrions nettement améliorer la situation. Rien n’indique, en effet, que nous ayons choisi la « meilleure » Justice. Sur quelles base se repose-t-elle ? Lucien François propose une approche réduite à sa plus simple expression :
L’apparence, produite par un humain, du vœu d’obtenir une conduite humaine, apparence munie d’un dispositif tel que la résistance d’un des destinataires déclenche une pression en sens contraire par menace de sanction.(2)
J’ai une suggestion, quoi qu’il en soit, afin de partir sur des bases plus équitables: supprimer le système d’héritage patrimonial. L’éducation deviendrait la valeur suprême à transmettre.
Seriez-vous prêts à prendre un tel risque ?
Vincent Halin
(1) Pour plus de précision concernant cette question, voir FRANCOIS, Lucien, Le problème de la définition du droit, Liège, Editions de la Faculté de droit de Liège, 1978. Texte intégral disponible ici http://orbi.ulg.ac.be/handle/2268/175176
(2) Extrait de la préface de FRANCOIS, Lucien, Le cap des tempêtes, Essai de microscopie du droit, Paris, LGDJ, Bruxelles, Bruylant, 2001 ; 2e éd., préface de Pierre MAYER, 2012. Plus d’informations ici http://orbi.ulg.ac.be/handle/2268/174238. et Préface intégrale de Pierre MAYER disponible ici http://fr.bruylant.larciergroup.com/resource/extra/9782802737254/BAT%20PREFACE.pdf
Ultraphallus – The Art of Spectres
Je ne m’attarderai pas sur le nom du groupe. Il me plaît. Je pourrais dire la même chose au sujet de l’album, mais je ne vais pas pousser le bouchon aussi loin… cette fois-ci.
Les références au monde ésotérique, à la magie, à l’alchimie, au monde caché, à l’obscurité, sont importantes et récurrentes.
Personnellement, j’apprécie ces références, étant féru des domaines précités.
Au-delà de ces considérations, la musique d’Ultraphallus est à la hauteur (pas celle d’Emmanuel Moire). Et je ne vais pas m’amuser à l’exercice d’une quelconque critique, elle n’a pas lieu d’être. Cet écrit n’est qu’une glose.
Pour situer, il s’agit d’un métal (sic) lent, lourd, dissonant, atmosphérique, oppressant et très « couillu ».
J’apprécie l’atmosphère qui s’en dégage. Elle est sombre et froide (comme la fusion)… On pourrait dire qu’elle reflète parfaitement le monde humain.
Je suggère cet album comme bande son des peintures de Jérôme Bosch.
A l’écoute de cet opus, attendu de longue date (sortie annoncée depuis 2014, voici un 7 devenu 9), j’imagine un être conscient de l’hostilité concrète du monde réel. Un être qui sait, et qui se doit de le communiquer à ses pairs. Le langage direct est pratiquement inexploitable pour exprimer cela.
Le gai savoir est principalement diffusé au travers de symboles difficiles à décoder. Par ailleurs, Dom Antoine-Joseph Pernety disait :
Il faut se défier des endroits qui paraissent faciles à entendre à la première lecture.
Je vous encourage vivement à découvrir The Art of Spectres, sorti sur le label belge SUB ROSA ce 24 mars 2016 (le quatrième Jupiter).
Bonne écoute…
Vincent Halin
TOP 15 ALBUMS 2015 3e partie
7. Undertow de Drenge
NME lui donne un 9/10 et Rolling Stone Magazine 3,5/5 étoiles!*
Les deux maigrichons de Sheffield ont enregistré cette merveille dans cette même ville, au McCall Sound Studios. C’est à croire que cette ville d’Angleterre n’engendre que de supra bons artistes (tels que les Arctic Monkeys, Bring Me The Horizon, Pulp, Bruce Dickinson des Iron Maiden et j’en passe). Continuer la lecture
TOP 15 ALBUMS 2015 2e partie
11. Policy de Will Butler
Le petit frère de Win Butler (chanteur d’Arcade Fire) a vendu du rêve en grosse barre en se lançant dans une carrière solo.
Ce percussionniste, pianiste, guitariste, bassiste et chanteur a fait un fabuleux album rock mêlant chœurs, saxophone et gratte électrique.
C’est un garage rock épique que cet acharné de la scène rock nous délivre, avec des chansons entraînantes, comme la très belle « Witness ».
Cet album traverse également des tempos plus lents avec des ballades telles que « Finish What I Started » (qui rappelle John Lennon), ou encore « Son of God », ballade qui mériterait d’ailleurs d’être chantée avant chaque diner, le soir, à table, et en famille! Continuer la lecture
Ennio Morricone : 60 years of Music
60 ans de musique… Essentiellement de musiques de films.
En effet, qui n’a jamais écouté Ennio Morricone, n’a jamais vu les classiques du Cinéma occidental (en particulier européen). On pourrait aller jusqu’à dire qu’Ennio Morricone a créé le concept même de « bande originale ». Il n’est pas le premier à s’y être exercé, mais il est le premier à avoir sublimé l’exercice. D’autres ont suivi naturellement.
Bien qu’il continue d’augmenter sa filmographie (ndlr : récemment avec The Hateful Eight, de Quentin Tarantino. Je vous invite d’ailleurs à lire la critique de Cymophan à ce sujet), le Maître accorde sa préférence à la direction d’orchestre. C’est ainsi que nous avons saisi l’opportunité d’aller le voir à l’œuvre, en concert.
Sa précédente tournée « My Life in Music » avait des odeurs de crépuscule. Concerts annulés ou reportés. En cause, initialement un mal de dos qui deviendra plus tard une thrombose…
Heureusement, un répit lui a été accordé, et nous avons pu assister à un concert magistral au palais 12 du Heysel à Bruxelles, le 3 février 2015 (le show était, à l’origine, programmé le 24 octobre 2013).
Revisitant ses œuvres les plus célèbres, pour le plus grand plaisir des fans, même des plus incultes.
La présence de la Diva Susanna Rigacci est comme une cerise sur le gâteau. Son interprétation de « L’Estasi Dell’Oro » (« Ecstasy of Gold », tiré du film non moins grandiose : Il Buono, Il Brutto, Il Cattivo, plus connu en français sous le titre, Le Bon, La Brute et le Truand), symbolise un peu le point d’Orgue du spectacle. Ce morceau est d’ailleurs rejoué en rappel presque à chaque concert.
Le 20 Février 2016, pour la tournée « 60 years of Music », Monsieur Morricone se produit à nouveau au plat pays. Cette fois, c’est le Sportpaleis d’Anvers qui l’accueille. Nous ne pouvions manquer cela! Cette tournée est annoncée comme étant différente des précédentes. Nous pourrons écouter ses nouvelles œuvres. La sortie récente du dernier Tarantino (dont le seul intérêt est justement la participation d’Ennio Morricone… J’aime la critique facile et gratuite) lui donne l’occasion de diriger ses nouvelles pièces en public.
Quel délice.
Mes compagnons et moi-même aurons régulièrement la chair de poule.
La musique d’Ennio Morricone est subtilement saupoudrée d’envolées lyriques flamboyantes qui vous submergent. Et c’est encore plus vrai en concert.
Ajoutez à cela que, pour beaucoup d’entre nous, ces musiques rappellent aussi des œuvres cinématographiques majeures. Vous seriez, très certainement, plongé dans une atmosphère pouvant provoquer l’effet « Madeleine de Proust ».
Ce concert du Sportpaleis était sublime. Susanna Rigacci fait montre d’un talent exceptionnel et d’une technique incroyable. En la regardant, en l’écoutant surtout, j’ai mesuré à quel point le chant est le sommet de l’expression musicale. L’instrument le plus mystique, le plus précis, et le plus magique. On ne triche pas avec le chant. On ne se cache pas.
Ennio Morricone a, comme tous les génies, toujours su choisir ses collaborateurs. Il a longtemps travaillé avec la Soprano Edda Dell’Orso, mais aussi avec le virtuose de la Flûte de Pan Gheorge Zamphir, notablement. Il a collaboré avec Sergio Leone, Pier Paolo Pasolini, Giuseppe Tornatore, Roland Joffé, Brian De Palma, Georges Lautner pour les réalisateurs…
Son approche de la composition était assez novatrice (Elle l’est toujours, mais c’est moins flagrant aujourd’hui, tellement il a inspiré d’autres artistes).
Sans rentrer dans des développements de théorie musicale, Ennio Morricone est un champion de « variation sur un même thème pour orchestre ». Par exemple, le thème joué par les violons, pendant que le reste de l’orchestre accompagne, sera repris par les cuivres, alors qu’à leur tour les violons accompagnent, ensuite ce sera le tour du piano, et ainsi de suite.
Ennio Morricone joue aussi beaucoup sur les décompositions d’accords par différents instruments. Là où le violon jouera la tonique de l’accord, le violoncelle jouera la tierce, la trompette la quinte, et la guitare la 7ème, par exemple.
Enfin (et surtout), il est à l’écoute de la nature, dont il s’inspire judicieusement. Les différents bruits, bruissements, bruits de vent, cris d’animaux sont une source inépuisable dans laquelle le compositeur va se servir. Il a déclaré, dans une interview accordée à L’express :
(…) Même le banal tapotement d’un stylo sur une table, isolé de son contexte, peut se réincarner en musique. Le cri du coyote, si on l’écoute bien, est éminemment musical. Pour le traduire en musique dans Le Bon, la brute et le truand, j’ai demandé à deux chanteurs de crier ensemble, puis j’ai mixé leurs deux voix en ajoutant de l’écho. (…)
Il y a peu de « spectacle » lors de ce genre de concert. ce n’est pas pour cela qu’on se déplace. Les concerts s’écoutent, et se ressentent dans le chair (les poursuiteurs sont au chômage, les lampistes au repos, les danseuses au vestiaire, et le Signor Morricone ne fera pas de « Stage-Diving »).
J’encourage tous les amateurs de musique, qui n’en auraient pas encore eu l’occasion, à assister au concert d’un orchestre philharmonique. Le son produit par 6 violons, 4 contrebasses, plus de 70 choristes, un piano, des dizaines de cuivres et de bois, une basse électrique, une guitare électrique, une batterie, des percussions, un piano, une Harpe, une Soprano… C’est véritablement envoûtant. (par contre, je n’encourage pas les cinéphiles à aller voir le dernier Tarantino… D’ailleurs je n’encourage pas les cinéphiles, tout court).
Sans vouloir faire l’oiseau de mauvaise augure, si vous en avez la possibilité, allez voir Ennio Morricone, tant qu’il est encore parmi nous.
C’est un des compositeurs contemporains les plus intéressant et productif, bien qu’il se considère comme un « chômeur » en comparaison avec Johan-Sebastian Bach.
Et oui, seulement 60 ans de musique.
Vincent Halin
TOP 15 ALBUMS 2015 1ère partie
15. Haha de The Garden
Il faut bien s’écarter des sentiers de la musique que l’on consomme à longueur de journées (que ce soit à la radio, tv ou autres), de temps en temps.
Ces jumeaux, l’un à la basse et l’autre à la batterie, arrivent à assimiler l’électro vulgaire (qui collerait pour une pub dédiée au tuning) et un rock de dandy dada. Puzzle et Enjoy, à ne pas négliger également, sont les projets solos des deux frères. En effet, si vous adhérez totalement à l’univers polyvalent de The Garden, ces deux projets vont vous plaire à foison, assurément.
Pour résumer, The Garden fait partie de ces groupes qui s’écartent à la perfection de ces « sentiers » dont je parlais plus haut.
Introduction à la Philosophie
Le point de départ varie, d’un chercheur à l’autre. Et ce point est déterminant dans l’orientation prise, et l’avancement de la quête.
Nous sommes une partie intégrante de la démarche. Nos intentions, nos ambitions, nos connaissances et nos croyances limitent, dans un premier temps, le champs d’exploration. Hormis par hasard, ou par enseignement, il est peu probable que nous analysions un domaine dont nous ignorons jusqu’à l’existence.
Une fois dépassé ce point d’origine, tout est possible, car l’esprit de l’Homme ne connait d’autres limites que celles qu’il s’impose à lui-même.
Avez-vous déjà constaté des anomalies, des incohérences, des paradoxes en observant le monde qui vous entoure (et dont vous faites partie) ? Avez-vous ensuite tenté de comprendre ces phénomènes, d’en découvrir les causes ? Enfin, avez-vous cherché des solutions, des améliorations? Si vous répondez par la positive, alors, vous avez déjà éprouvé la démarche du Philosophe.
Ce noble chemin nécessite un état d’esprit des plus rigoureux et scientifique. Car il est parsemé d’embûches, de pièges, de trompe l’œil, de sirènes, de plomb, de souffre, de mercure, mais aussi d’or et de lumière. Vous devrez vous armer de patience et de courage. La Philosophie est un parcours du combattant.
Mais avant même de prendre la route, il est utile de se laver de tout préjugé. S’éloigner de la croyance et se rapprocher de la connaissance. Il est impératif d’enlever la boue qui recouvre nos yeux.
Ce que vous allez découvrir est fascinant, car en Philosophie, comme en Physique quantique, toutes les possibilités co-existent, tout est lié, tout est Un.
Nietzche évoquait « Le Gai Savoir ». Bien que se revendiquant Psychologue, il n’en reste pas moins un excellent introducteur à la Philosophie. Un vrai coup de marteau sur les idées préconçues… et dans la figure aussi, pour certains d’entre nous.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la Philosophie n’est pas un domaine réservé aux « Pieds-tendres ».
Nous allons, ensemble, tels des aventuriers, nous engouffrer dans ce grand Œuvre. Vous pourrez vous délecter également de la musique philosophale…
Etes-vous prêts ?
Vincent Halin
Préambule
Un débat autour du bien fondé de la musique dite « contemporaine » est vain. La musique « contemporaine » n’existe pas, car la musique est contemporaine, entre autre. La musique expérimentale, alors, me direz-vous ? Certes, parlons de la musique expérimentale.
Remarquons, d’entrée de jeu, que tous les styles musicaux quels qu’ils soient, ont connu une période « expérimentale », ce qui a permis, à un moment donné, de définir un style précis.
Aucun style musical n’est né tel quel (Lapalissade, ou précision, au choix). D’ailleurs, tous les styles musicaux existants évoluent. Bien entendu, plus le style est précis, plus son évolution est complexe et lente. On ne voit plus l’évolution en direct, mais après coup. Un peu comme la pousse des cheveux: elle est invisible en direct, mais elle a pourtant bien lieu, et se remarque en différé.
Il est certain que la musique expérimentale peut paraître, à l’oreille du profane, en vrac: inaccessible, inutile, ridicule, masturbatoire, prétentieuse, incompréhensible, laide, inaudible… En gros, une belle plaisanterie, une arnaque. Cette vision de la musique « expérimentale » vaut pour, à peu près, toutes les disciplines artistiques.
Et pourtant, il s’agit là d’une approche simpliste de l’évolution de l’Art… Même si elle peut être vraie également. Je ne citerais pas d’exemple, amusez-vous !
Cela étant dit, loin de moi l’idée de mépriser le profane. Chaque discipline à ses chercheurs, ses pionniers, et peu d’entre nous sont capables de savourer leurs avancées, leurs audaces.
Toutefois, il serait judicieux pour quiconque porte un intérêt à l’Art, de s’ouvrir l’esprit, et d’aller voir ce qu’il se passe hors des sentiers battus. Ceci vaut d’ailleurs pour tout, et pas uniquement l’Art. ‘L’expérimental, c’est avant tout garder un esprit d’enfant qui découvre, et non pas un forme d’élitisme.
Cette démarche, toutefois, requiert patience et humilité. Il pourrait y avoir un ordre à respecter. Zoroastre disait: SAVOIR, POUVOIR, OSER, SE TAIRE. Les bases étant posées, nous pourrons, ensemble, explorer les méandres du monde mystérieux de l' »expérimental ».
Un bon point de départ pour les novices: les racines vomitives. Celles-ci permettent la survie, notamment en cas d’overdose. Jetez un œil, et une oreille, du côté d’IPECAC RECORDINGS.
Vincent Halin