Musique
Fléron tremble pour la release party d’Obsolete Humanity
Au bout d’un parking immense, après un dédale entre des bâtiments délabrés, j’atteins finalement les locaux de Primitive Music: une salle minuscule, mais chaleureuse, à la très bonne acoustique.
Ce soir, Obselete Humanity présente son EP éponyme et partage l’affiche avec Squidhead, Ashes Into Blood et Komah. Une affiche de qualité en accord avec le style que propose les nouveaux venus de la scène liégeoise. Je vois débarquer sur scène quatre jeunes gars vêtus de masques à gaz. Remake death metal de Rise Of The Northstar? La suite me prouvera que non. Continuer la lecture
LES MEILLEURS CLIPS 2019
Les 45 meilleurs clips de 2019 ! Bonne année !
DRAMA / Illustration ©Lunatic
TOP/FLOP ALBUMS 2019
TOP EPs 2019
12 merveilleux clips de la décennie 2010
De King Krule à Rive, voici une liste chronologique (et non un classement) de clips équivalant à des rêves visuels. 12 chansons qui participent aux fantastiques surprises de ces 10 dernières années.
La dure à cuire #14
Coldplay – Everyday Life
Coldplay revient avec un huitième album éminemment politique. Everyday Life se sépare en deux parties distinctes remplies de messages de paix : Sunrise et Sunset. Chris Martin et sa bande partent d’ailleurs en Jordanie, près de nombreuses terres de conflits, afin de présenter l’œuvre (un magnifique concert autour de ruines d’un autre temps).
La musique des Britanniques était morte à mes yeux après Viva la Vida or Death and All His Friends (2008). Suite à cet opus, nous n’avions plus droit qu’à une série de tubes pop sans charme. Plus aucune comparaison avec la délicatesse d’un Jeff Buckley. Nul plaisir à écouter des nappes de synthés n’ayant rien de novateur. Les fameux cris de Martin en devenaient même caricaturaux.
Autre péché mignon: ma préférence au Coldplay mélancolique à celui festif. Ces dernières années, ils participaient à un bonheur… artificiel et mal branlé. Bien sûr, mes arguments sont plus que subjectifs. Leurs deux premiers albums ont bercé mon enfance. Une période de ma vie où l’émotion se glissait à mes oreilles via des chansons aux tristes compositions.
Mais avons-nous là un nouveau Coldplay ?
Il fallait attendre 2019 pour que le quatuor revienne aux bonnes vieilles sources. Piano et guitare sèche sont mis à l’honneur. Tout comme l’univers oriental, ayant énormément apporté à la musique dans sa globalité (rien que la guitare inventée par les Egyptiens).
Si certains se lasseront des mélodies de Everyday Life, je les encourage à l’écouter plusieurs fois. Histoire de saisir ce qui nous dépasse (‘Guns’), l’incompréhensible haine des femmes et hommes (‘Trouble in Town’), ainsi que ces instants fédérateurs, où la musique devient l’arme du futur (‘Arabesque’).
Certes, les paroles de Chris Martin semblent parfois mielleuses ou simplistes. Cependant, en ces temps de troubles politiques, de telles chansons sont plus que nécessaires. La démarche est intelligente. Oublions les sons trop électroniques et désincarnés des Londoniens. Ils gagnent en humanité grâce à leur pacifisme. Une lyrique d’autant plus attachée à une utilisation efficace de purs instruments: guitare, piano, saxophone, violons.
Difficile de savoir laquelle des deux parties l’emporte sur l’autre. Ce qui importe : un projet tenant la route, chapeauté par de très bons musiciens.
Comment conclure un article que je ne pensais jamais écrire ? Plusieurs hommages s’insèrent à Everyday Life. Choisissons le poème de Saadi Shirazi (1210-1291), Les Enfants d’Adam, prononcé dans ‘Bani Adam’. Des mots qui marquent l’esprit ad vitam æternam.
Les êtres humains sont membres d’un tout
Dans la création d’une essence et d’une âme
Si un membre souffre de douleur
Les autres membres inquiets resteront
Si vous n’avez aucune sympathie pour la douleur humaine
Le nom de l’homme vous ne pouvez le retenir
brunoaleas – à Giovanna
La dure à cuire #13
Deathtura au Reflektor
J’étudie à Louvain-la-Neuve. Lorsque Deathtura passe au Reflektor, je reconnais plusieurs têtes de la cité universitaire. Une communauté prête à se taper presque 100 km afin d’afficher ses cornes digitales. Mon fief se fait envahir par une audience heureuse de retrouver sa jeune bande.
Le chanteur, habillé d’un gilet pare-balles, oscille toujours entre un chant clair et un terrifiant grondement. Un trait assez particulier au groupe. Certains considèrent ces musiciens comme la relève de Channel Zero. D’autres affirment qu’ils ont la qualité de jouer un metal accessible à tout auditeur.
Les différentes approches de styles caractérisent le plus Deathtura. Tout le monde trouvera son compte avec notre musique. Pour preuve, 85% des personnes qui n’aiment pas le metal adorent nos concerts! On a la jeunesse et l’audace. On a aussi nos influences assez old school.
Le manager de notre label nous a décrit comme faisant du 360° metal. On compte évidemment mieux définir notre style pour notre deuxième album en cours d’écriture. –Nico Mike D., batteur de Deathtura
D’ailleurs, ils collent parfaitement à l’affiche liégeoise, derrière un Dagoba qui a fait ses armes dans le mélange des genres (rock/electro/metal).
A titre personnel, mon souvenir le plus marquant au Reflektor, c’est le contact qu’on a eu avec Dagoba. On est passé de fans à collègues le temps d’une soirée! Avant le concert, j’ai passé un moment mémorable, seul sur scène avec Nicolas Bastos. On a parlé batterie forcément… Il a beaucoup complimenté mon kit de batterie et m’a donné plein d’astuces de placements d’éléments. J’ai même réussi à lui glisser quelques conseils sur son propre kit. Un instant un peu particulier qui a plus de valeur aux yeux d’un batteur qu’à ceux d’un lecteur. Cet échange privilégié a été très important pour moi. –Nico Mike D.
Dès les premières notes, je m’avance vers le devant de la scène. L’adolescent ne jurant que par le metal remonte en moi et contemple le jeu du groupe.
Le titre m’épatant le plus: « Escape the Time ». Le riff initial me fascine tant que je ne cesse de fixer les doigts du guitariste. Des mélodies bien plus graves viennent s’y imbriquer. Laissez-les mijoter, puis ajoutez une batterie tapant plus fort que le cœur d’un tachycardique! Sacrée turbulence.
On savoure encore jusqu’au dernier morceau, « Purgatory of Our Future ». De quoi laisser une vague de notes agressives. Le tout accompagné d’un jouissif timbre de voix caverneux. Une chanson qui donne la sensation d’en vouloir plus… Toujours plus de Deathtura! Je souhaite en entendre beaucoup plus après ces trente minutes de live. Un spectacle court mais intense. Un avant-goût prometteur et optimiste quant aux nouvelles générations metal.
DRAMA
Photos ©Alexis Docquier – Reflektor, 01/09/2022
La dure à cuire #12
Jovanotti à Rocella Ionica
Il faut souffrir pour être belle. Une expression à laquelle on pense fortement, lorsqu’on passe ses vacances d’été dans le Sud de l’Italie. C’est comme si Greta Thunberg se cachait derrière nos têtes pour rappeler qu’il n’y a pas que les banquises qui croulent… puis, arrive ce jour où l’on m’annonce que je pars assister au Jova Beach Party de Jovanotti, à Rocella Ionica (Calabre). Je pensais avoir fumé la moquette. Pourtant, ça n’avait rien d’irréel. J’allais voir l’artiste italien le plus inspirant et inspiré de ces dernières années !
Jovanotti, ou Lorenzo Cherubini de son vrai nom, est un faiseur de miracle. Tout au long de sa carrière, il ne cesse de jouer diverses musiques : rap, rock, hip hop, électro, jazz. Admettons un fait. Ses créations font la richesses culturelle en Méditerranée.
L’enthousiasme pour les nouveautés fait partie de notre système opératif aussi bien que la peur du neuf. Entre ces deux fonctions, nous nous dirigeons vers le futur. -Jovanotti in Sbam
En 2019, Lorenzo, 53 ans, 14 albums derrière lui et exalté dans les veines, lance un projet hors norme : Jova Beach Party. Il s’agit d’installer des villages sur diverses plages italiennes, en 15 dates estivales ! Imaginez un festival visant plus haut qu’un concert de stade ! Quel est le but ? Emmener le public vivre une expérience naturelle, inoubliable. De quoi fusionner avec le sable et se baigner entre 2 concerts. Notre poète en profite également pour inviter différents invités de renom : de Caparezza à Alborosie.
Mais une chose à la fois. Il est temps de décrire une odyssée complètement folle…
Si je m’apprête à écrire une flopée de louanges propres à Jova Beach, n’oublions pas l’enfer de son trajet. En voiture, on ne sait pas où se garer, sans qu’une arnaque pointe le bout son nez. Si. Vous savez. Ces enflures qui vous font croire qu’ils travaillent pour le festival, proposant une place de parking plus chère que votre vie. Une fois la bécane en lieu sûr, on doit se taper un peu plus de 3 kilomètres à pied, sous un Soleil de midi (celui qui amène à voir double). Ce périple, digne d’un mythe grec, s’achève près de la plage de Rocella Ionica.
La musique envahit déjà les nombreuses infrastructures. Jovanotti, habillé tel un cowboy inca, chante avec son groupe des versions acoustiques de ses titres. Toujours prêt à enthousiasmer et remercier son public, il enchaîne les mélodies devant 25 000 personnes. Aux premiers abords, le son ambiant donne envie de danser et nous suit à chacun de nos pas.
Que serait une fête sans un heureux évènement ? Un mariage est prévu à chaque date de la tournée. Allons-nous voir un prêtre ? Nenni ! Lorenzo fait l’affaire et s’entoure de son groupe, tout en bénissant les jeunes mariés de sa musique sacrée !
S’ensuivent les Palestiniens de 47 Soul sur scène. L’air devient oriental. Un mix entre la bande son des Mystérieuses Cités d’or et l’imagination d’un Bombino. Le duo DJ, Ackeejuice Rockers, chauffe ensuite l’audience, avant l’arrivée du romain sur scène.
Qui admire la fontaine de jouvence ? Cette soirée est d’une certaine fraîcheur musicale. Nous avons droit à un spectacle de presque 3 heures, où Jovanotti mêle l’art DJ aux pures prerformances instrumentales. L’artiste mixait des tubes ultras connus (« Alors on danse », « I Gotta Feeling », « Around the World ») et les incruste entre ses chansons. Il s’élance derrière sa platine. Il bondit, une guitare en main. Une seule idée me vient en tête : Lorenzo Cherubini est à la quintessence de son art. Lui qui commence comme DJ en boîte de nuit et qui joue en cette nuit d’août, devant des milliers de fans.
Quand j’ai commencé à travailler dans les clubs, les DJ étaient derrière leurs platines dans le noir. Personne ne s’enfuyait. La musique était tout. En quelques années, Tomorrowland réalisait des nombres plus importants que Glastonbury, jusqu’au paradoxe de la fiction totale dans laquelle la console est devenue un autel, où se célèbre une fonction souvent pré-produite qui manque toujours d’une véritable vibration.
La musique pour le public est le prétexte pour se mettre en scène. Il en a toujours été ainsi. A l’ère numérique et sociale, elle l’est plus radicalement. -Jovanotti in Sbam
Chaque morceau s’imbrique de façon inattendue. Derrière sa table de mix, le quinquagénaire offre des hymnes à la jeunesse et à l’amour. Sans oublier 2 invités de luxe, venus le rejoindre : Brunori Sas et Toto Cutugno. L’un, symbole d’une nouvelle génération de paroliers. L’autre, grand compositeur de la botte méditerranéenne. Toto prend tout suite les commandes des musiciens, sans problème. Assurance et professionnalisme devant nos yeux.
Dès lors, le show ne semble jamais finir. Les classiques de la musique italienne résonnent partout sur la plage. Fumées colorées, chants et lumières scéniques fusionnent afin d’entrer en communion, le temps d’une fête d’une incroyable modernité.
Le show se termine via « Fango ». La guitare de Riccardo Onori gronde sous les étoiles. Un solo qui restera gravé à jamais dans ma mémoire. De nombreux applaudissements pleuvent alors face à la prouesse. Bravo à Jovanotti et sa bande. Nous repartons les jambes cassées et le mental émerveillé. Qui sait s’il sera possible de revivre une telle claque ? Pour l’instant, félicitons le talent de Jovanotti à rarement décevoir.
E questa la vita che sognavo da bambino. -Extrait de « Megamix »
brunoaleas – Photos ©Michele Lugaresi