Vald – Agartha

Vous aimez la logique? Vous n’aimez que les rappeurs qui s’expriment de manière sérieuse et sensée? Si la réponse est oui, vous allez avoir du mal à suivre le véritable délire que représente l’album Agartha de Vald.

Le petit Valentin nous a habitué à sortir de l’ordinaire, à se démarquer de différentes manières. Que ce soit dans la provocation sexuelle (allez voir le clip numéro 3 de « Selfie », vous m’en direz des nouvelles) ou encore dans le décalage complet (« Bonjour »), Vald a toujours été un artiste avec un univers très particulier. Il est inclassable. Il peut faire tout un son dans lequel il va kicker le monde du rap et un autre où il paraît romantique (à sa manière).

L’album Agartha est justement un mélange de plusieurs facettes de Vald.
Malgré tout, il me semble que l’album entier a une connotation assez triste de par la plupart des morceaux. Une des sensations qui revient le plus souvent en écoutant
Agartha, est celle de la mélancolie. Lorsque Vald écrit « Je t’aime », il y a une sincérité dans le texte qui est indéniable. Il explique de manière implicite son comportement vis-à-vis des femmes. Il parle d’une tristesse qu’il ressent suite à la mort de proches comme le fait paraître cet extrait:

J’ai laissé mon cœur à ton chevet
J’ai croisé un ange en avance

Dans cet extrait, on peut déduire qu’à la mort de son ami, et/ou de son ex, il a perdu tout sentiment et qu’il est à présent dénué de toute émotion, tel un cyborg. Par ailleurs, on peut aller encore plus loin dans l’interprétation de ce texte et remettre en cause la signification de tous les mots qui se rapportent à « la mort ». Ce lexique bien spécifique pourrait également signifier la perte d’une personne chère, sans pour autant que celle-ci soit morte. Quand Vald dit:

Moi qui rêve tant d’horizon
J’peux pas te voir te doigter l’oignon 

on imagine en quelque sorte son ami sombrant dans les « ténèbres », qu’il ne fait rien de sa vie et qu’il passe son temps à ne rien faire plutôt que d’essayer de trouver un travail par exemple, ou que sais-je?
La mort pourrait alors signifier le déclin de son ami qui vit dans un état semblable à un décès imminent.

Un autre titre qui selon moi expose bien ce côté triste et sombre de l’album est « Ma meilleure amie ». Vald parle d’une dépendance, cela peut être n’importe quelle dépendance que ce soit, et il en parle sur un air assez joyeux avec un texte qui est pensé, écrit et construit dans le but d’être totalement sinistre, tout en concernant des dangers de la dépendance. Ce côté enfantin, qui se ressent dans la mélodie, renforce l’idée d’une personne dépendante qui ne se rend pas compte qu’elle perd tous ses amis, le soutien de sa famille, etc. On s’immisce dans les pensées d’une personne accroc pour à la fois savoir ce qu’elle ressent mais également comprendre pourquoi elle se laisse aller dans une telle dépendance. C’est extrêmement intéressant de prendre un point de vue nouveau sur la consommation de substance ou sur toute autre dépendance. Bien sûr, de nombreux rappeurs se sont déjà penché sur les dangers de la drogue, mais le fait de se mettre dans l’esprit d’une personne addict à quelque chose est complètement incroyable.

Agartha propose également des sons un peu perchés comme « Lézarman », « Strip » ou encore un « Eurotrap » qui avait été révélé avant la sortie de l’album. Dans ces sons on retrouve un Vald pur, un Vald qui fait ce qu’il aime, c’est-à-dire partir loin, très loin. Tout en étant différents les uns des autres, ces morceaux parviennent tout de même à avoir une caractéristique commune qui existe grâce à la personnalité de l’auteur, ce qui rend le tout fascinant.

« Lézarman » étant le son le plus « valdiste » de l’album.

Pour aborder ce texte il faut tout d’abord savoir que Vald adore se moquer gentiment des croyances reptiliennes et autres illuminatis (il a d’ailleurs analysé son propre clip « Mégadose » de manière illuminati) et il est également fasciné par toutes les sortes de religions quelles qu’elles soient. C’est donc la raison pour laquelle « Lézarman » est un condensé d’accusations envers la société reptilienne qui nous dominerait (selon ces croyances). C’est à mourir de rire lorsqu’on fait attention aux paroles.

Le second « Strip » est un story-telling. Vald raconte une histoire en incarnant les personnages à tour de rôle. Une histoire funèbre d’un groupe de 4 garçons se rendant dans un strip-club (d’où le titre). Vous jugerez que le rappeur joue à la perfection le rôle des divers protagoniste si vous aimez l’exagération et l’humour noir (âmes sensibles s’abstenir). « Eurotrap », quant à lui, est comme le rappeur l’appelle lui-même: « trap de Viking ». C’est tellement particulier qu’il est mieux que vous découvriez par vous-même.

Enfin, on va parler de l’aspect technique de l’album. Par « aspect technique », il est notamment question de de flow. Un des meilleurs sons pour parler de l’aspect technique d’Agartha est « Vitrine », en featuring avec Damso (un clip à voir en famille). Je ne vais pas m’étendre sur Damso, il a tué le beat, il a fait tout à la perfection, comme à son habitude. Vald a également détruit l’instru et c’est très fort d’être au même niveau qu’un Damso sur cette collaboration. Il commence son couplet de manière un peu spéciale, néanmoins, au bout de 4 lignes, il commence à rapper avec un flow, une aisance sur l’instrumental et des punchlines qui en feraient pâlir plus d’un. Juste pour le plaisir, en voici une:

Salope sur son 31
Pour sursaut dans ses reins
Le néon éclaire sa plastique, et son cœur en est un
Les jambes toujours plus ouvertes comme rappeur en déclin

Agartha m’a réellement surpris! N’étant pas, à la base, un réel fan de Vald, je pensais détester cet album tout simplement parce que je n’accrochais pas trop à ces anciens projets, cependant, j’avais tord. Il propose un panel tellement large de types de sons, qu’on ne peut pas ne pas aimer au moins un morceau de l’album (sauf si vous détestez le rap, si c’est le cas, je ne vous aime pas): il y a de tout pour tout le monde.
Mention spéciale pour le titre « Totem » qui représente tout simplement la meilleure chanson de l’opus, en terme de rap pur et violent.

Laurent Grauls

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