De l’encre a coulé pour The Garden! Le duo californien transpire une démarche avant-gardiste. En mêlant punk et electro, il ne se prive pas d’éclectiques ambitions.
A l’opulente discographie, les jumeaux Shears reviennent avec un quatrième album, Kiss My Super Bowl Ring. Leurs 11 nouveaux morceaux démontrent encore leur folle musicalité? Continuer la lecture
Musique
Noel Gallagher vs Liam Gallagher
Noel et Liam Gallagher sont notamment connus pour avoir joué dans Oasis. Depuis leur séparation, des mélomanes fantasment une reformation. Noel a dernièrement laissé penser qu’il s’y consacrerait en 2022. Je n’ai rien d’un fan désespéré du groupe. A choisir, je préfère mille fois Blur, bande rivale. Goût du risque. Provoc’ intelligente. Vive Blur. Oasis a tout de même influencé le paysage rock 90’s.
Désormais, les frères mancuniens se vannent à distance et continuent de jouer de la musique dans leurs projets respectifs. Mais qui des deux diablotins mérite vraiment l’écoute ?
Classicisme vs anti-nostalgie
Liam Gallagher représente le plus les sonorités Oasis. Cette flamme rock perdure à travers ses albums. Cependant, il ne sort en aucun cas de sa zone de confort et produit ce qu’un groupe de rock exécute de plus basique, à savoir le bon vieux couplet/refrain/couplet – just wow –. Difficile pourtant de critiquer un morceau tel que ‘One Of Us’. Pourquoi cracher sur de mélodieux violons et un chant fédérateur ? Sans oublier ‘Shockwave’, rappelant que les Gallagher, tout comme Alex Turner et Miles Kane, font partie des héritiers directs des Beatles.
Noel Gallagher, lui, s’éloigne de son frère, en proposant une sauce bien plus perchée ! Parfois planant, souvent dansant, son troisième opus, Who Built the Moon ? (2017), est une réussite. Chaque partie instrumentale de l’album est soignée. On a l’impression que toute personnalité y ayant participé s’est totalement lâchée. Il sonne telle une bande originale d’un James Bond, version asiatique, sous acide. ‘The Man Who Built the Moon’ est à des années lumières d’un Liam Gallagher devenu une caricature d’Oasis. A chaque écoute, la chanson tient en haleine. Ses notes allongées et torturées se fondent parfaitement aux chœurs, ainsi qu’à une reverb ambiante. Son atmosphère en est d’autant plus grandiose !
Personnalité zéro
On se fout des déclarations polémiques des deux frangins. On ne juge pas l’homme en dehors de son art. Même si, entre-nous, je ne souhaite pas aller boire un verre avec ces grandes gueules. Par contre, si j’ai l’occasion d’embarquer vers un concert psychédélique de Noel, alors, pourquoi pas ?
brunoaleas – Illustration ©Dibbs Clothing
La dure à cuire #24
La dure à cuire #23
Sorry – Snakes
Nous ne voulions pas faire un album de rock. D’ailleurs je n’aime pas trop nos premiers singles grunge… –Asha Lorenz
La chanteuse de Sorry s’exprime ainsi au sujet de leur album à venir, 925. Elle-même et le guitariste Louis O’Brien attirent l’attention pour un tas de raisons.
A la base, ils étaient en compétition. Ils postaient des morceaux sur Soundcloud en tant que rivaux. Ces jeunes Londoniens ont ensuite assemblé leur force afin de former Sorry. Ils ont vite partagé la scène avec d’autres groupes du Sud de Londres (Shame, Goat Girl ou encore HMLTD).
Bref, au lieu de bûcher à l’unif, ils ont passé leur temps libre dans leurs chambres jouant de la musique ensemble.
Le jeu électrisant d’O’Brien et la nonchalance vocale de Lorenz participent à créer un univers particulier. A l’écoute de Snakes, on étouffe aussi bien avec la guitare qu’avec la batterie. Cette dernière délivre des coups emplis d’échos, comme si son enregistrement s’était déroulé dans un hangar désaffecté. Cette angoisse permanente nous traverse également via les paroles.
And every time I made you cry
I was crying too
Right Round The Clock démontre que les deux membres savent fusionner leurs voix avec brio. Des chants en partie de ping pong, portés par un saxophone enrichissant les mélodieux piano, basse et guitare.
Quant à Rock’n’Roll Star, il clôt l’EP sur une touche positivement virulente ! Un saxo qui n’est jamais de trop. Une batterie d’une très bonne vivacité. Et une voix qui passerait crème dans un bar miteux. Prions pour que la chanson soit transmise dans une saison de True Detective !
La capitale anglaise grouille de futures pépites musicales. On mise sur Sorry. Des sonorités qui se rapprocheront d’une pop malsaine.
DRAMA
La dure à cuire #22
King Krule – Man Alive!
Le premier album est souvent le meilleur. Le second confirme si tel artiste ou tel groupe demeure talentueux. King Krule en est à son troisième opus. Man Alive! se compose de 14 morceaux qui ont la force de mêler plusieurs genres musicaux (dub, jazz, electro, etc.). Tellement iconoclaste que Mowno pose l’étiquette « indie philosophique » au disque. Autant dire qu’on n’est pas les seuls à fumer la moquette.
Archy Marshall (de son vrai nom) revient après une longue période d’absence. En novembre 2019, il nous balançait déjà de quoi nous guérir le mental: un court métrage nommé Hey World!, réalisé par sa compagne Charlotte Patmore et lui-même. On y découvrait 4 titres inédits, enregistrés à l’arrache, dans des décors typiquement anglais. Il y avait de quoi saliver quant à l’attente d’un nouveau projet, même si les 4 morceaux étaient présentés de façon claquée. Mais c’est aussi pour cela qu’on aime ce Roi du spleen britannique. Ne venez pas nous ennuyer à résumer ses productions d’attrape-hipsters. King Krule a un style… Et quel style !
Man Alive! s’ouvre avec un morceau fort dynamique, porté sur une paranoïa (« Cellular »). L’observation d’un monde qui s’écroule. Encore une preuve que ses habituels accords jazz collent parfaitement à ces sons electros, bizarroïdes, envahissant l’auditeur du début à la fin. On continue notre traversée via plusieurs chansons plus sombres les unes des autres. Comment oublier « Stoned Again », où une voix caverneuse nous chante les déboires d’une jeunesse chaotique ? King Krule fonctionne comme un Andy Shauf (artiste folk de talent).
L’important, c’est d’accrocher l’auditeur dès la première ligne. Mais aussi de vivre ce que tu écris. C’est pour ça que je passe beaucoup de temps seul, à l’extérieur, dans un bar ou autre, à écouter et à regarder ce qu’il se passe autour de moi. Sinon je ne peux pas en parler. –King Krule
« Comet Face », lui, est une véritable poussée d’adrénaline bercée par un saxophone endiablé et une basse sortant d’un cartoon maléfique.
A chaque fin de morceau débute la musique de la piste suivante. Comme si tout coulait de source. Comme si on ne pouvait pas changer la liste proposée. Du feu infernal des 4 premiers titres à la glace paradisiaque du reste de l’album.
« The Dream » marque un point de rupture. C’est à se demander si le chanteur n’a pas appris qu’il allait devenir père à ce moment-là de la conception de l’opus. En effet, la suite nous réserve une déclaration d’amour envers sa femme et sa fille (« Perfecto Miserable »), et un cri d’optimisme lancé à ce monde cruel (« Alone, Omen 3 »).
« (Don’t Let The Dragon) Draag On » a moins de puissance que le reste de Man Alive! à cause de sa boucle d’accords répétée encore et encore. Mais ce qui arrive par après amène à planer. « Underclass » représente la classe king krulienne par excellence. On saisit là toute l’adoration jazz de l’artiste, grâce à un saxophone qui se lâche de façon hyper mélodieuse (tel un orgasme tant attendu !).
Man Alive! est un savant mélange du premier et second album d’Archy. La noirceur de 6 Feet Beneath the Moon (2013) et l’expérimentation de The OOZ. L’aboutissement d’une grande force musicale enfin reconnue. Maintenant, une seule question se pose…
Qui sera prêt à détrôner le Roi ?
DRAMA – Illustration ©Sound of Brit / Man Alive!
fuck covid-19
On ne pouvait pas rester les bras croisés. Ce foutu coronavirus peut vite rendre paranoïaque. C’est pourquoi, il était évident qu’on vous préparait une playlist afin de vous remonter le moral. Partons du principe que la musique est souvent un remède aux maux de nos sociétés. 13 morceaux vous sont alors offerts pour danser, vous relaxer ou planer en quarantaine!
Des Cranberries à Eté 67. De Billy Joel à Amandine Bourgeois.
On espère que vous prendrez votre pied comme lorsqu’on a conçu cette liste.
Spéciale dédicace à Classic 21, une radio vraiment inspirante.
DRAMA
Illustration ©L’Internaute / Jim Carrey
La dure à cuire #21
La dure à cuire #20
Bothlane au Reflektor
Ca faisait longtemps que je n’avais pas vécu de vrai concert. Heureusement que la Cité Ardente bouillonne d’évènements totalement fous.
Je me retrouve au Reflektor plus vite que mon ombre dès que je remarque Bothlane programmé à une soirée Hybrid Nights (collectif liégeois). Alain Deval (Ginger Bamboo, Quark, Ana Junnonen) est derrière ce projet. Je l’avais déjà aperçu lors de deux concerts de The Brums. Quant à son aventure solo, elle paraît assez barge!
J’ai testé pas mal de set up mais je ne ressentais pas spécialement le besoin de faire un projet solo. J’étais plus dans l’optique du jazz, de l’improvisation et de l’échange avec d’autres musiciens. Je n’étais pas près pour ça!
Puis, au fur et à mesure, j’ai composé des espèces de morceaux assez expérimentaux, avec peu de beat. Je cherchais beaucoup une texture sonore et de l’improvisation autour d’une idée. Le modulaire m’a permis de synthétiser tout ça. Je ressentais le besoin de faire un truc plus personnel, sans concession et sans l’empreinte d’autres musiciens.
Je viens des arts plastiques, de la peinture. J’aime bien l’idée de passer des journées seul à travailler dans un atelier. Cette sorte d’introspection artistique me manquait. C’est un peu ce que je retrouve avec ce projet. –Alain Deval
Tout le matos batterie/synthé-modulaire du batteur n’est pas sur scène mais bien dans la fosse. La batterie s’entoure d’une multitude de câbles. Lors du show, des lumières aux pieds d’Alain permettent de voyager dans différentes couleurs. Tout est en place afin de vivre un rite electro.
Autour de moi, on balance des têtes et on se dandine. Alain Deval nous fait signe pour qu’on se rapproche de lui. C’est là que se provoque la transe. Les coups de batterie entrent dans l’estomac. Les sonorités, dignes d’un Blade Runner sous coke, transportent de stupéfaction à contemplation. Le batteur ne joue pas pendant 2 heures. 30 minutes suffisent pour créer l’attention.
Il est clair que si tout le monde dansait ce soir-là, je me serait emporté et j’aurais cassé ma clavicule sur un beat d’Alain. Chaque note de sa sainte machine s’arrêtait à de bons moments pour repartir de plus belle. Quelques fois, sa rythmique et ses roulements semblaient provenir d’influences africaines!
On a peut-être l’impression d’écouter des rythmiques africaines parce que j’ai étudié le jazz. J’adore Elvin Jones et son jeu complètement organique. Ainsi que Nasheet Waits, proche des tambours bata et de la trance. D’ailleurs, il y a des disques de bata où l’on dirait presque de la techno.
Dans Bothlane, on s’en éloigne. Je ne cherche pas vraiment ce mélange.
En tout cas, je ne désire pas pondre quelque chose de trop propre ou de trop synthétique. Je veux pouvoir continuer à jouer dans l’instant. –Alain Deval
Alain Deval est la preuve existante qu’une formation jazz, telle que la sienne, amène à de merveilleuses créations artistiques. La musique et ses délires. La musique et ses surprises.
brunoaleas – Photo ©Felipe Obrist
La playlist PAX
Parfois, il en faut peu pour voyager.
Grâce à certains souvenirs d’adolescence et à ma curiosité de ces dernières années, voici pour vos oreilles une playlist assez envoûtante. Ces 12 morceaux sont de l’ordre de l’expérience. A leurs écoutes, je me souviens surtout d’une sensation particulière, presque transcendantale.
Au lieu de développer mes idées en profondeur, je préfère donner la parole à 6 personnes que j’apprécie énormément.
Leurs mots nourrissent cet article. Leur imagination décrit ma playlist. –DRAMA Continuer la lecture