Captivant pour son caractère, son originalité et ses propres dénonciations, Oyasumi Punpun, en français littéralement Bonne Nuit Punpun, est un manga classé comme seinen et pour public averti. L’histoire est écrite et dessinée par Inio Asano (La Fille de la plage, Dead Dead Demon’s DeDeDeDe Destruction). Au total, treize tomes sont édités chez Kana, collection Big Kana, sous-branche destinée aux plus grands formats.
Ne vous attendez pas à une pointe d’optimisme dans ce récit. On y aborde des sujets sérieux et difficiles. Nous suivons l’aventure par le biais de Punpun, un petit oiseau à l’apparence random (toute la famille est comme ça). Le but du character design de ce personnage est de pouvoir directement s’identifier à lui. Ainsi, on le suit de l’enfance à la vingtaine. À noter que les personnages secondaires ne nous voient pas comme un oiseau mais bien comme un humain normalement constitué.
Les thèmes évoqués sont toujours bouleversants et délicats. Ceux-ci sont bien souvent tabous dans notre société mais pourtant plus que présents. Dès les premiers chapitres, divers sujets complexes sont au rendez-vous : les violences conjugales, le divorce, les meurtres, la pédophilie, les dérives sectaires, la religion (omniprésente toute l’histoire), les croyances, la dépression, l’alcoolisme, les problèmes de timidité, le regard des autres et bien d’autres encore…
Je ne peux pas conseiller ce manga aux plus sensibles d’entre vous. Ses thématiques sont cruciales dans son récit. Considéré comme une tranche de vie, puisque l’on suit l’évolution de Punpun, nous suivons donc sa croissance : premier amour, l’introspection de soi, les questions existentielles, la crise d’adolescence, etc.
Quant aux dessins, je les ai personnellement adorés pour leurs détails soignés. En particulier les characters design bluffants des personnages secondaires. Ils font ressentir du dégoût et de la peur… voire de la terreur pour certains. Quelques visuels de personnages des premiers tomes suffisent afin de saisir le concept.
Pour ne présenter qu’un seul personnage, citons Punpun Papa (le père de Punpun si vous n’avez pas compris). Il s’agit un homme (un oiseau bien sûr) terriblement humain, frappant sa femme mais très aimant et « sincère » envers son fils. Une personne que l’on peut croiser n’importe où, dans la rue, au travail, dans un bar, sans se douter de sa vraie nature. Un individu à deux facettes, parfois joviale, le reste du temps violente.
Ce manga est vraiment très agréable à lire, malgré son ambiance particulière. Dérangeante. Etrange. Folle. Elle dégage de réels malaises. Sans oublier, son grand suspense. Le genre de manga dont on apprécie principalement l’histoire, la narration et non les personnages principaux.
D’ailleurs, ce seinen occupe une place importante sur mon étagère, puisqu’il se range aux côtés de coups de cœur (que j’espère vous dévoiler via de nouvelles critiques ^^). J’ai découvert une nouvelle façon de voir le monde. L’œuvre dépeint une vision maussade, toujours appuyée sur le pessimisme. Mais le pire dans tout ça (oui, il y a pire), concerne surtout l’effet propre à l’identification personnelle. Il s’applique à des moments totalement aléatoires. Que ce soit un simple râteau d’ado jusqu’aux pensées pédophiles, en passant par l’alcoolisme et le suicide. Ce manga rappelle que nous avons tous une part d’ombre. Harmonieuse pour certains, choquante pour d’autres.
Sur ce, je vous souhaite de passer une bonne nuit…
anti.cons