La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la moins douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist homonyme !
I Hate My Village
Quand l’Afrique rencontre l’Italie, nous voici face à I Hate My Village. Le groupe rejoint diverses sonorités s’éloignant des standards radiophoniques. La voix d’Alberto Ferrari, tête pensante chez Verdena, amène sa touche inspirée au titre ‘Water Tanks’.
Through The Void
Le nu metalcore, ça vous parle ? Through The Void envoie du pâté. Conséquences ? Mêler les genres pour ensuite danser en toute liberté !
While She Sleeps
I’m saving it for best. Taking all the sentiments. And starting at the end. Pain in single measures. Try not to wake the neighbours now. We’re all high as the gods. And as low as the demons but she’s alone.
UssaR partage ses émotions depuis quelques années. Pour Des Nu.es, son nouvel opus, il s’éloigne des synthétiseurs ou autres machines. Il dépose son cœur sur le piano. Le jeune auteur se livre sur plusieurs sujets : la boxe, les loosers et la valeur des mots !
Quand j’écoutais ton mini album, il y a une chanson que j’aimais réécouter plusieurs fois. Elle se nomme ‘Podium’. Le texte est dédié aux loosers magnifiques. Parfois, les gens ont du mal à s’exprimer sur les actions dont ils sont fiers. C’est plus facile de se plaindre ?Cette idée est présente sur le titre ?
Je ne sais pas. Rendre hommage aux loosers magnifiques, c’est quelque part un sujet de société. Cette société qui nous tire durement vers le bas, vers une insatisfaction, où chaque conquête est plus difficile à avoir, où chaque victoire est de plus en plus mince et lointaine. C’est une belle figure le looser magnifique. On en retrouve partout, au cinéma, au théâtre, en littérature. Pensons aux héros de John Cassavetes. Puis, je suis très sportif. Je suis fasciné par celles et ceux qui n’arrivent pas à accomplir leur objectif. La personne glorieuse m’intéresse moins. A l’inverse de celle qui vient de perdre 10 ans de sa life finissant quatrième sur le podium (rire). Parfois, elle ne se plaint pas. Je pense qu’elle a gagné quelque chose au final. Quant au jeu d’écriture, c’est un plaisir de pouvoir dérouler des métaphores sportives tout au long du morceau.
Parlons-en du sport. Que retrouves-tu dans ton sport qui est introuvable en musique ?
(court silence) C’est étonnant comme question. Moi, je fais de la boxe. J’en fais pas mal. C’est une école de la confrontation. Tu es face à un adversaire mais tu es toujours ton propre adversaire. Il faut maîtriser son souffle, sa peur, ses appréhensions. Les parallèles avec la musique sont en rapport avec l’ancrage, les liens au sol. En musique, si tu flottes de manière éthérée, sans base solide, sans le savoir d’artisan qu’est composer des harmonies, sans un travail de parolier, tu vas te perdre. Tu risques de t’essouffler, te retrouver dans les cordes. Bon après, dans le sport, il y a des perdants et gagnants. En musique, tu ne sais jamais si tu gagnes ou si tu perds. Tu flottes dans un entredeux (rire). Je ne crois pas aux prix et distinctions. Il n’y a pas de récompense. Il n’y a que celle que tu t’attribues à toi-même.
Revenons sur le thème de la fierté. De quoi es-tu le plus fier lorsque tu penses à tes nouvelles chansons ?
Je ne vais te mentir, j’en suis très fier de cet EP. Je suis très content de ce que j’ai réussi à faire. Il est arrivé d’un geste, à poil. J’ai réussi à garder, même dans sa production, les dépouillements, petits bruits, souffles, imperfections. C’était voulu. Pour être honnête, je suis vraiment très fier du travail harmonique posé sur certains morceaux. Les morceaux comme ‘Ouistreham’ ou ‘Il pleut encore’ sont de beaux morceaux, bien écrits. Il y a quelque chose qui se tient. Ca reste pop, en ayant une exigence au niveau de l’écriture harmonique. Ca fait mec qui se la pète mais j’en suis fier (rire). La réussite de cet EP, c’est son côté léché. Par le passé, j’avais oublié que les gens veulent être avec toi, à l’endroit de l’écoute. Pour Des Nu.es, je me suis dit que les auditeurs devaient être assis à côté de moi, dans la pièce. Ils doivent entendre le piano, les fins de morceaux. Comme si on était à un endroit précis et qu’on n’y bouge pas pendant 6 morceaux.
Le piano est le meilleur instrument pour traduire ce qu’on ressent durant l’hiver.
En fait, sur Des Nu.es, le piano est à la fois le médium et la finalité. Je compose souvent au piano. J’avais envie de composer des chansons. J’entends par là, délaisser les expérimentations. Revenir aux couplets, refrains, harmonies, des choses plus chansonesques. Quand j’ai eu ces chansons, il fallait refaire un chemin, c’est-à-dire, écrire des partitions pour se servir du piano. Donc, trouver la chanson qui colle le mieux à l’instrument. C’est un double processus. D’abord composer au piano, puis réécrire au piano.
Sur ‘Moitié beaux’, tu chantes Tout finit trop tôt. Te détaches-tu de ce genre de phrase ou est-ce vraiment toi que l’on identifie dans ton écriture ?
Il y a très peu cynisme à travers mon écriture. Il n’y a pas d’utilitarisme. Je ne suis pas en train d’utiliser les mots pour plaire ou séduire à tout un chacun. Je pense vraiment que tout finit trop tôt. Les bonheurs sont passagers. Les amours meurent trop tôt. Les succès, passions et joies sont évanescents. L’introduction de L’Insoutenable Légèreté de l’être m’avait marqué à vie. Kundera écrivait que nous faisons de nos vies des croquis, sans jamais avoir le temps de finir le tableau, qu’on est déjà sur le croquis suivant. Il y a un écho à ça, à quelque chose qui nous échappe, qui coule entre nos mains et qui nous condamne… à cette insoutenable légèreté de l’être (rire). UssaR me permet une catharsis, d’être le réceptacle noir de mes émotions, pensées et ressentis. La sincérité fait vraiment partie de mon écriture. Je l’espère. S’il y a l’épaisseur d’un papier de cigarette entre ce que je pense et écris, c’est bien.
Roméo Elvis sait enfin écrire ? Il y a deux ans, j’incendie le Bruxellois. Pourquoi ? Citer des marques, faire l’apologie du cannabis et se branler sur sa ville natale… le ton fut fort ennuyeux. Heureusement, je reste curieux. Je ne me définis pas fermé d’esprit. Dès lors, à l’écoute du titre ‘Orangé (Nelly)’, je dandine de la tête. Car l’artiste délivre encore des prods fraiches et dansantes. Mais là, l’hommage à sa grand-mère est assez poétique et illustre une dimension décomplexée. Puis, une impression règne en maître. L’enfant en Roméo s’exprime sans coup de bide. On assiste à une nouvelle écriture de sa part.
Décalage horaire. Le ciel change de couleur. Au-dessus des nuages. Dans ma tête, les troubles. Tu passes dans mes pensées. Les souvenirs me trouent l’cœur.
Ecoutons son nouveau mini-album, Echo, plus en profondeur. ‘Mercure et Jupiter’ dépeint une planète de plus en plus chaotique. ‘Smooth 3.0’ file la pêche, tant le duo formé avec Peet est une bonne poilade. Mais le morceau le plus réussi est sûrement ‘Nightshot’. Lorsque les rappeurs décrivent leur quotidien aussi bien que leurs réflexions, mon attention s’active instantanément ! Le morceau me rappelle ‘Premier pas’ de Nekfeu. A savoir, une fresque de nos vies souvent remplies de doutes. Il aura fallu attendre plusieurs albums avant d’écouter une plume assez mature, franchement philosophique.
Tu penses qu’on est sur Terre pour une bonne raison ? Bah ouais. J’attends encore la date de floraison. Comment ça ? J’sais pas, j’suis comme c’placard dans cette grosse maison, j’sais pas à quoi j’sers. Mais frérot on sert à rien. Enlève-toi ça de la tête. Nan parce que franchement. Elle va tourner sans nous la Terre.
Yórgos Lánthimos… we don’t need no education. We don’t need no thought control. No dark sarcasm in the classroom. Teacher, leave them kids alone. Hey, teacher, leave them kids alone. All in all, it’s just another brick in the wall. All in all, you’re just another brick in the wall.
Qui se souvient de Moonlight ? Ce drame américain récompensé par l’Oscar du meilleur film, en 2017. A mon avis, pas grand monde… les humains oublient plus qu’ils ne respirent. Ne soyons pas méprisants ! Une question me vient à l’esprit lorsque je pense aux propos du long métrage. Quel est le rôle des cinéastes ? Abderrahmane Sissako certifie son idée sur le sujet. Le réalisateur mauritanien l’exprime sur le plateau de Médiapart.
Le rôle d’un cinéaste, de tout artiste, est de se projeter loin dans le monde. Savoir ce qui arrive dans un pays, continent.
Barry Jenkins s’inscrit-il dans cette mission d’anticiper les faits et événements ? Le réalisateur de Moonlight décrit des situations précaires, tendues, extrêmes, c’est-à-dire, le quotidien d’un jeune Afro-Américain, près de Miami. Comment ? En illustrant trois périodes cruciales d’une vie. Barry Jenkins explore le présent sans poser un ridicule jugement quant aux futurs de ses personnages. De l’enfance à l’âge adulte, le protagoniste est notre serpent s’incrustant là où personne ne souhaite sa venue. Ni sa mère, ni ses camarades de classe. Chiron est régulièrement martyrisé. Mais à aucun instant, il va se plaindre.
A Liberty City, la vie est rude. Surtout si nous nous révélons être bien plus différents des autres. Mais quand tout semble perdu, quand tout semble illusoire, une lueur d’espoir n’est jamais très loin. Qui est la lumière de Chiron ? Juan. Incarné brièvement par Mahershala Ali, le personnage prend le gosse sous son aile. Non pas pour le former à être le prochain dealer du coin… mais pour jouer un mentor bienveillant.
Alors, qui se souvient de Moonlight ? Sans doute, les plus cinéphiles d’entre nous. Cependant, même si ma mémoire n’est pas la plus vive au monde, je me souviendrai toujours de l’œuvre pour un point émouvant. Il s’agit des sages paroles prononcées par Juan.
A un moment, c’est à toi de décider qui tu veux être. Ne laisse personne décider à ta place.
Le plan final devient alors mémorable. Comme si Chiron fut toujours éclairé par Juan. Ce clair de Lune est si chaleureux. Il suffit parfois d’une personne pour que nos vies soient bouleversées du jour au lendemain. J’en suis convaincu. Et si Barry Jenkins l’était aussi ?
‘augure’ : personnage important qui se croit en mesure de connaître et de prédire l’avenir, de faire des pronostics. Le Larousse ne ment jamais. Mais peut-on se tromper sur l’idée d’un film ? Sûrement. Lorsque je découvre le film de Baloji sur grand écran, je me trouve semi-subjugué. Les décors, les costumes, les panoramas, et bien sûr, les évènements mystiques illustrent une œuvre colorée. Bref, ressentir un trip psychédélique n’est pas à proscrire. Baloji est cinéphile.
Mon enfance à Liège, aux côtés d’une grande communauté italienne, a fait de moi un fan absolu de cinéma italien, de la famille des grands ‘i’, comme Pasolini, Fellini, Antonioni. Leur onirisme me parle. –Baloji
Sa passion, on la saisit pleinement à la vue des rites, du désert et de clans filmés soigneusement. Quelles en sont les conséquences directes ? L’envie de contempler un univers partagé entre naturel et surnaturel. Mention honorable aux magnifiques costumes accrochant notre regard du début à la fin.
Au départ, nos yeux suivent le trajet de Koffie. Il est maudit dès l’enfance à cause de ses tâches de naissance. Le jeune homme revient au Congo pour rendre visite à sa famille, accompagné de son épouse enceinte. L’Afrique apparaît tribale, animiste, où de nombreux cultes doivent être respectés. Koffie met les pieds là où on l’accepte difficilement. Les points de vue basculent d’une personne à l’autre, afin d’apercevoir ce que le cinéaste appelle les vrais victimes de son histoire.
Ses propos ne me choquent pas. Cependant, je ne valide pas sa pensée. Quand Baloji s’exprime lors d’interviews, il explique précisément les images de son film. D’après lui, la personne à plaindre n’est pas Koffie. Les personnages les plus à plaindre sont les protagonistes décidant de rester en Afrique. Ces femmes et hommes n’ayant pas le luxe de quitter leur terre natale… c’est pourquoi, le jeune réalisateur définit Koffie comme un privilégié. Ne serait-ce pas trop prétentieux de sa part ? Que signifient ces termes ?! Selon l’artiste, si Koffie réalise des va-et-vient, c’est qu’il est extraordinairement chanceux. En d’autres mots, si Koffie vit chez les Occidentaux, il n’est qu’un homme différent des siens. Baloji s’engouffre dans une généralisation hâtive. Même si son message est clair à ses yeux, il est à côté de la plaque. Quitter sa terre est chose aisée… qui ose le prétendre ?! Trouver un job à l’étranger, est-ce complexe, vraiment ?! Croiser des racistes, est-ce une bénédiction ?! Ne plus revoir sa famille pendant de longues années, un paradis pour tant de personnes… mais bien sûr…
Vous l’aurez compris, Augure est fort au niveau formel. Quant au fond, le propos derrière les métaphores de l’artiste, il est impossible de le deviner. Je me renseigne souvent sur les coulisses d’un film. D’habitude, j’aime découvrir l’envers du décor. Ce ne fut pas le cas pour l’œuvre du jeune sophiste. Baloji ne laisse pas aux spectateurs l’opportunité de déceler sa pensée profonde. Puis, tant mieux. Si c’est pour avaler ses paroles… non merci. L’exil d’une personne n’est jamais comparable à celui d’une autre.
Le commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, et sa femme, Hedwig (Sandra Hüller, rôle principal de la Palme d’Or, Anatomie d’une chute), s’efforcent de construire une vie de rêve pour leur famille dans une maison avec jardin à côté du camp.
C’est au bord d’une rivière que s’ouvre La Zone d’Intérêt. Le commandant Höss passe une agréable journée avec sa famille. La journée a d’abord commencé avec un déjeuner sur l’herbe puis la joyeuse famille est allée se baigner dans le lac. Enfin, il était temps de plier bagage car un orage s’était déclaré.
Avant d’aller voir ce film, je ne connaissais rien du synopsis ni du thème abordé. Donc, j’ai été encore plus frappé par le fait que nous sommes entrainés progressivement dans l’horreur la plus glaçante. Ce qui est le plus fascinant dans ce film, c’est le fait que le réalisateur Jonathan Glazer ne fait jamais rentrer la caméra dans le camp de concentration. Tout au long du film, le spectateur ne verra que la parfaite vie de famille de Rudolf Höss de l’autre côté du mur qui jouxte celui d’Auschwitz-Birkenau.
Le retour à la réalité
Ici encore, tout se passe en subtilité. Le basculement vers l’horreur se fait étape par étape. On aperçoit d’abord cet imposant mur puis des internés du camp, et finalement la fumée sortant de l’effroyable cheminée. Dans un premier temps, on fait appel à notre vue puis à notre ouïe et enfin, à l’odorat. Et, c’est pour ce dernier sens que la réalisation s’est sublimée. En effet, comme dans un cinéma nous ne pouvons pas sentir les odeurs, Jonathan Glazer fait appel à une personne en particulier. Ce choix n’est pas anodin. Dans le film, la mère d’Hedwig vient rendre visite à la famille pour un moment. Elle ne reste que quelques instants au sein de la maison Höss car, contrairement aux autres, elle n’arrive pas à passer outre le fait que des personnes soient exterminées juste à côté. Chaque nuit, lorsque les corps sont brulés et que la fumée commence à s’échapper de la cheminée, une odeur horrible s’empare de toute l’habitation. On ne peut plus faire abstraction de la réalité. Et c’est, selon moi, le fait d’être incapable de fuir la réalité qui lui fait fuir la maison.
L’éléphant dans la pièce
L’expression anglophone the elephant in the room désigne un problème manifeste que personne ne souhaite mentionner.
Le mal est banalisé dans le quotidien de la famille Höss. L’exploitation des internés du camp de concentration est vue comme du simple travail. Ils travaillent comme jardinier, comme femme de ménage ou nounou. Mais, rien n’est dit explicitement. Pour les jardiniers, on devine qu’ils viennent du camp à leurs vêtements caractéristiques. Pour les femmes juives, qui s’occupent des tâches ménagères, ce sont les menaces de Mme Höss en l’encontre de leurs vies qui nous mettent la puce à l’oreille.
En prenant la partie de raconter la Shoah à travers les yeux du bourreau, Jonathan Glazer décide de relater l’horreur sans montrer le camp. Mais, la nature a horreur du vide et l’imaginaire du spectateur parvient à faire surgir de l’ombre l’éléphant dans la pièce.
La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la moins douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist homonyme !
Opinion
Opinion, c’est la rage juvénile à l’état pur. Non pas pour son côté grunge… mais pour sa soif d’expérimenter un genre musical parfois trop monotone. Le Français enregistre Horrible dans la nuit du 31 décembre au premier janvier 2023. Le résultat est gras et jouissif !
Aucklane
Avis aux fans des White Stripes ! Aucklane est de retour. Aucklane, Sonic Tides, No Prisoners, It It Anita, Naked Passion, Oghma, Empty Head, Apex Ten… le rock belge raconte, sonne, loin et fort.
The Wytches
Ca fait combien de temps que les Wytches épatent nos oreilles ?! Depuis 2014, la bande enchaine les albums réussis. Leur dernier opus en date, Our Guest Can’t Be Named, regorge encore leur énergie inspirante.
Luciano Panama
Luciano Panama reprend une incroyable chanson de Fabrizio de Andrè. Il ne reste plus qu’à lire les paroles si actuelles et pertinentes : Si accontenta di cause leggere. La guerra nel cuore. Il lamento di un cane abbatuto. Da un’ombra di passo. si soddisfa di breve agonie. Sulla strada di casa. Uno scoppio di sangue. Un’assenza apparechiata per cena. E a ogni sparo di caccia all’intorno. Si domanda Fortuna.
Etats-Unis. France. Deux pays où règnent rap et hip-hop. Que se passe-t-il en Belgique ? Qui sait jongler avec les mots ? Qui sait nous faire danser ? Réponse en deux parties.
Blu Samu
Blu Samu dégage une énergie plutôt fédératrice. Ses mots percutent les oreilles pour ensuite s’enflammer sur la piste de danse, telle la personne du clip ‘Turquoise’. Il nous reste plus qu’à écouter sa voix suave.
LaClique
LaClique est une bande composée de trois rappeur + un beatmeaker. Lorsqu’on écoute leurs sons, on ressent le plaisir du passe-passe. Comme un S-Crew partageant la même passion. ‘Dans le noir’ symbolise cet amour pour le rap.
Glauque
Sache que j’exagère la taille des détails. Que mes relations servent à écrire. -Glauque
La nouvelle est tombée… Akira Toriyama n’est plus des nôtres. Comment y croire ? L’artiste derrière Dragon Ball, Arale, Blue Dragon, et bien d’autres dingueries, nous quitte à l’âge de 68 ans. Pourtant, il est impossible d’y croire… avouons-le, l’auteur fut la figure artistique la plus inspirante de ces dernières années. Pensez à DBZ. Combien de personnes, fans ou détracteurs, se souviennent de Goku, ses amis, ennemis et objectifs ?! Les 7 boules de crystal. Vegeta. Les haricots magiques. La liste est longue. Les références perchées et bons souvenirs sont beaucoup trop nombreux.
Le premier épisode de Dragon Ball donne le ton. On découvre Son Goku, un enfant doté d’une force surpuissante. Il se joue d’un tigre à dents de sabre et pêche un piranha géant. Il vit simplement avec ce que lui procure la nature. Il chérit aussi un don de son grand-père, une boule de cristal. Un beau jour, il rencontre Bulma, une jeune fille de la ville. Les jeunots décident ensuite de partir vers l’inconnu. Une fois aux côtés du candide Goku, nous voici plongé à l’intérieur d’un monde vaste, riche, mais surtout, surprenant. Akira Toriyama dévoile alors des scènes cocasses, érotiques, absurdes, épiques, mémorables. Ce qui démarre comme une aventure banale, deviendra un mythe. Goku représentera une figure héroïque. Pourquoi ? Le protagoniste fait preuve de bonté en respectant une attitude admirable : il relève n’importe quel défi, partout et tout le temps !
Goku marque les esprits car il ne freine devant rien, ni personne. La peur n’est plus un obstacle. La soif de pouvoir n’est nullement un idéal. Le cœur n’est pas de pierre. Vous l’aurez compris, Akira Toriyama pond une bande dessinée fascinante. Comment l’oublier ? Ou plutôt, oubliera-t-on sa patte artistique, son magnifique univers ? Le dessinateur trace une histoire intemporelle. Akira Toriyama est immortel.
Le titre de cet article surprend, n’est-ce pas ? Il n’existe pas de musique idéale. La perfection n’existe pas. Pourquoi titrer ainsi, alors qu’il s’agit de l’une de mes profondes pensées ? Je souhaite citer un groupe qui touche à la perfection. Un trio pas comme les autres. Thom Yorke, Jonny Greenwod et Tom Skinner dévoilent un second album fascinant. The Smile est de retour. Le ton est sophistiqué, plus que jamais.
De fait, en peu de morceaux, les Anglais font encore preuve de magie. Wall of Eyes est un opus procurant une sensation à part. Voyager n’est plus un obstacle. The Smile réunit plusieurs mélodies accrocheuses. Une basse aux notes rondes, claires, chaleureuses. Une guitare jamais timide, assumée et piquante. Une batterie au service de musiciens débordant d’imagination. Antoine Pierre est batteur chez TaxiWars, Nex.Ape et bien d’autres projets. Il apporte son point de vue quant au jeu de Tom Skinner. Le jeune Bruxellois dépeint un musicien inspirant.
Tom Skinner est l’un des descendants de Tony Allen. J’entends beaucoup d’afrobeat lorsqu’il bat son instrument. Pour moi, c’est de la haute voltige en ce qui concerne la musique. Tom Skinner fait du bien à Thom Yorke. Ca fait du bien de l’écouter. J’ai l’impression d’écouter Radiohead avec un nouveau batteur, d’une certaine manière.
L’ADN de Radiohead est là, accompagné d’un batteur qui va un peu plus loin en termes de figures rythmiques. Rien que le premier album dévoilait des figures rythmiques ultra subtiles et intelligentes. Même si elles sonnent hyper simples, elles ne sont pas du tout carrées. Tom Skinner est super fin. Ca groove bien.
Quant aux cordes, car oui, un orchestre accompagne le groupe, que dire ? Si ce n’est : Félicitations les gars, vos composition sont toujours aussi classieuses ! Le mixage de Sam-Pett Davies (déjà présent aux côtés de Thom Yorke sur la bande originale de Suspiria) n’a rien à envier aux méthodes du grand gourou radioheadesque, Nigel Godrich. Puis, The Smile impose la procrastination. Quand on est mélomane, il n’y a pas à craindre d’attendre la nuit la plus propice pour l’écoute d’un nouvel album. Procrastination n’est pas ignominie, d’après d’après le Christian Science Monitor.
Pour éviter une tâche difficile, on finit par en accomplir une autre, comme quand Isaac Newton a procrastiné sur ses recherches alchimiques et découvert le calcul infinitésimal.
C’est pourquoi, à l’heure où j’écris ces mots, je n’ai toujours pas écouter Wall of Eyes dans son entièreté. Mais je sais qu’il n’y a rien de mal à imaginer déjà cette expérience musicale comme un moment spécial et atypique. Je serai encore largué vers une autre dimension, tels les spontanés enfants filmés pour le clip de « Friend Of A Friend ».
L’année passée, Jean Cremers remporte le Prix Rossel de la bande dessinée. Vague de Froid ne passe pas inaperçu ! Après avoir partagé son récit fraternel, l’artiste continue son parcours chez Glénat. Dès lors, Le Grand Large apparaît sous nos yeux. Ce second livre retrace le voyage océanique de Léonie. Comprenons l’écriture de l’auteur.
Tes dialogues sonnent vachement réels. Ils n’y a rien de cadenassé, robotique. On le remarque lorsqu’on lit Vague de Froid. Comme si la lecture nous transportait aux côtés des personnages, en pleine montagne. Ecris-tu d’une traite, ou alors, effaces-tu ce qui n’apparaît pas authentique ?
C’est intéressant comme question, on ne me l’a jamais posée. Le scénario est le plus important pour moi, comme pour d’autres auteurs. J’ai peut-être vécu un traumatisme de cinéma qui explique tout cela. J’ai du mal à ne pas faire de liaisons avec notre réalité. Il y a une différence entre Tu sais pas et Tu ne sais pas. Ca peut vite sonner faux. Cette sorte de faux dialogue m’embête en BD. J’avais envie de rompre avec les codes de la langue française. J’aime écrire comme je parle. Surtout que Vague de Froid conte mon voyage en Norvège, une aventure avec mon frère. Je voulais rester authentique à ce niveau-là. Vague de Froid est une belle expérience pour ce qui est de respecter l’authenticité des dialogues. Par contre, quand une phrase est importante, je la mets en bon vieux français. Histoire qu’elle ait plus d’impact, qu’on cale dessus. Puis, dans Le Grand Large, on suit trois personnages parlant de manière authentique. Je n’avais pas le temps d’y mettre les formes et de paraître désuet.
Lors de ta venue à L’Escale, une librairie liégeoise, tu révélais ô combien tu aimais écrire des scénarios. Sans un bon scénar’, est-il impossible de travailler sur une BD qui mérite d’être lue ? Le scénario demeure la base donnant envie de dessiner ou bien est-ce tout simplement accessoire vu qu’on peut tester mille et une pratiques ?
Je ne dirais pas que le scénario est accessoire. C’est le scénario qui fait la bande dessinée. Le dessin sert aussi de scénario pour certains. Je pense qu’on peut partir de n’importe quelle base. Des auteurs s’en sortent dans l’impro, d’autres via un scénario bancal devenant intéressant grâce à un dessin original. Je pense notamment à Gipi. C’est mon auteur préféré. Parfois, j’ai l’impression qu’il n’écrit pas de scénario vraiment conventionnel mais qu’il se laisse aller à son ressenti profond. C’est également une forme de scénario. Si je devais être 100% honnête, je dirais qu’il faut une petite base. Néanmoins, des auteurs ne se préoccupent pas d’un scénario et le crée sur le moment même, dès qu’ils dessinent. C’est ça qui est merveilleux. Tout objet mérite d’être lu pour autant qu’il apporte quelque chose. Que ce soit en termes de scénar’, dessin ou couleur.
Les dialogues en disent beaucoup sur les auteurs de BD. On ne les désigne jamais comme de fins observateurs de nos faits et gestes. Quand je discutais avec Gipi, il assumait le fait d’abandonner les lectures dévoilant des récits artificiels. Vous devez sûrement avoir ce point en commun.
J’espère (rire). Il faut observer la façon de bouger des gens. L’attitude est importante. Le dessin ne se limite pas à bêtement copier une suite d’images. Il faut que ce soit crédible, authentique. C’est aussi la partie la plus amusante. Une personne n’est pas l’autre. Nos mouvements l’illustrent chaque jour. Je suis content que tu le soulèves.
A travers Le Grand Large, de jeunes personnalités sont livrées à elles-même. Contre vents et marées, elle souhaitent rejoindre la terre ferme. Je ne peux pas m’empêcher de méditer sur les paroles de Jean Jacques Rousseau : L’homme est naturellement bon, c’est la société qui le corrompt. Selon le philosophe, le mal n’est pas inné. Dieu ne maudit pas les êtres. L’homme s’est lui-même corrompu. Cette corruption relève d’ailleurs de sa liberté. Partages-tu cette vision optimiste, imaginer les humains bons à la naissance ?
Pas vraiment. Je suis très pessimiste. Je pense qu’on est entouré de bonnes et mauvaises personnes et qu’il faut rester prudent dès la pré-adolescence. On y note des comportements bizarres. Un enfant qui harcèle quelqu’un n’est ni mauvais, ni corrompu par la société. Quand on a 12 ans et qu’on s’amuse à frapper un gosse pour faire rire les autres, ça n’a rien à voir avec un phénomène sociétal… c’est beaucoup plus de l’ordre personnel. Il n’y a qu’à penser aux gosses laissés à l’abandon. Je ne sais pas si j’adhère à la philosophie de Rousseau, même si elle est réelle. En tout cas, je ne m’en suis pas servi pour Le Grand Large. La protagoniste, Léonie, est colérique et impulsive. Je ne sais pas si ça fait d’elle quelqu’un de mauvais. Je ne sais pas non plus ce que tu entends par un individu bon. Je ne suis pas allé aussi loin dans la métaphore, l’inspiration. Je me suis contenté de me mettre à la place de mes personnages. Je crois qu’on a tous le droit de craquer un peu, de réaliser de mauvaises actions, tant qu’elles restent relativement bonnes. Puis, on n’est pas tous bons. Il y a des gens qui ont un mauvais fond, t’sais. Ce n’est pas du tout la société qui les corrompt. Des personnes sont égoïstes naturellement. Parfois, c’est juste un trait de caractère. Après voilà, tout est relatif quant à ce que tu définis bon et mauvais (rire). Le monde n’est ni noir, ni blanc.
J’aimerais connaître les retours au sujet du Grand Large. A mon avis, des lecteurs furent apaisés. Au fil de la lecture, on saisit la nécessité de créer du lien.
Oui. Récemment, j’étais présent au Festival d’Angoulême. Des personnes s’arrêtaient afin de prendre un exemplaire pour leur enfant. Elles m’avouaient une belle info. Ma bande dessinée aide à comprendre qu’il faut faire confiance aux gens naturellement. C’est là que je comprends enfin ta précédente question (sourire). Oui, il faut faire confiance aux gens, tout en restant prudent. En lisant mon livre, des personnes se rappelaient de leur jeunesse, où elles étaient un peu trop naïves. Elles se souvenaient de l’époque où les erreurs les forgeaient. Des gens avec un handicap venaient aussi me trouver. Ils s’exprimaient sur le fait d’être représentés et ça leur faisait du bien, parce que ça n’avait rien de forcé. Et là, ça me soulageait. Ca prouvait que je faisais bien mon boulot. Je ne voulais pas être trop moralisateur sur la question du handicap. D’autres gens se sentaient aussi rassurés quant au départ de leur enfant. Tout le monde quitte le nid un jour ou l’autre. Ils le comprenaient. Ils s’apercevaient que ce n’est pas aussi hardcore que le récit du bouquin.
Tu expliquais ta métaphore du grand large une fois à L’Escale. Tu reprenais la figure des parents laissant leurs enfants dans la cours de récré. Comme si ces enfants n’avaient plus qu’à se débrouiller, seuls face à un nouveau monde. Que trouvais-tu de si fascinant dans cette idée ? Quel est le point de départ ?
C’est une bonne question. En vrai, c’est une épreuve que tout le monde vit, que tout le monde oublie. Tu vois ? Pour les parents, c’est évident que ça va bien se passer. Vu que ça s’est bien passé pour eux. On retombe toujours sur ses pattes. Mais ce n’est pas ça la question. La gosse va p’tet galérer pendant deux semaines, deux ans, dix ans… En dépeignant des parents de cette façon, si détachés de la réalité, je souhaitais montrer leur oubli vis-à-vis de cette période de l’enfance. On peut prendre pour exemple un jour d’école, où c’est le bordel dans la cour de récré, et tu dois y passer la journée. C’est un peu comme ta première nuit, en tant qu’enfant. A un moment donné, t’en n’a plus conscience. Je me suis dit : Tiens, c’est marrant. C’est une épreuve tellement horrible que tout le monde fait. C’est comme le permis de conduire. On stresse, mais une fois que c’est passé, on n’en parle plus jamais. L’idée était intéressante. En même temps, j’en profitais pour réaliser une métaphore de la vie.
Quand on est adolescent, on rejoint souvent un groupe d’appartenance. Il suffit de placer une caméra dans une cour d’école pour observer plusieurs clans. Tes persos trimballent quelques failles et souffrances. Crois-tu que nos différences sont plus fédératrices que nos ressemblances ?
Ouais. Exactement. Etre différent nous rassemble. On se rejoint sur une courte durée avec les personnes qui nous ressemblent. Qui se ressemble s’assemble n’est vraiment pas une phrase correcte. Les opposés s’attirent est bien plus juste. On y trouve quelque chose qu’on ne connait pas, quelque chose de frais. Alors, ça fait peur au début, peut-être qu’on n’ose pas se lancer. Dans mon histoire, les personnages sont forcés d’être ensemble. Léonie ne laisse pas Balthazar couler. Elle n’abandonne pas Agathe dans sa décharge. Leurs différences engendrent un trio hyper dynamique. Fin, je l’espère. En tout cas, la création du trio les pousse à aller plus loin, les menant vers des problèmes, à une trame scénaristique. Donc ouais, les différences sont fédératrices, bien plus que les ressemblances qu’on croit unificatrices. C’est sûr et certain.
Ton second livre présente un personnage fabuleux nommé Agathe. Cette dame accompagne Balthazar et Léonie. Elle donne à réfléchir. Parfois, il suffit de rencontrer une personne pour que notre quotidien change du tout au tout. J’en suis convaincu. Faut-il absolument croiser une Agathe pour mieux traverser le grand large de l’adolescence ?
On serait chanceux d’en croiser une, ça c’est sûr. J’ai eu la mienne. C’était ma sœur. Bon, il va y avoir du spoil (rire). En gros, pour Agathe, je m’inspire de ce genre d’ami qu’on connait à l’école, qui, après, dégage de nos vies. Ces amis sachant qu’on ne les verra plus jamais après une certaine période. Il faut donc en profiter. Par conséquent, la relation est incroyablement fusionnelle, libératrice. Mais nous, on n’en profite pas vraiment sur le moment. On s’en rend compte bien plus tard. J’avais un ami comme ça à Saint-Luc (ndr : école d’art, à Liège). Je l’adorais, c’était mon meilleur ami. On faisait plein de trucs ensemble. Il avait une certaine retenue. On sentait qu’il y avait un truc qui clochait, par moment. Dès notre cursus terminé, il a disparu du jour au lendemain. Ce type m’a appris énormément, comme le fait que rien n’est grave, qu’on peut toujours se relever. Je ne pensais pas rencontrer quelqu’un comme lui, jusqu’au jour où je me suis fait d’autres amis. Et lui, je l’ai vraiment vu comme Agathe. C’est-à-dire, une personne qui aide les gens à grandir. Après avoir accompli son but, cette personne s’en va pour toujours. Pour répondre à ta question, rencontrer son Agathe ça nous apporte évidemment un gros booste. Mais en même temps, c’est un peu triste. A un moment donné, il y a une séparation. Quand on est trop proche de quelqu’un, on commence à redouter l’instant où il ne sera plus là. Ce serait un bonheur de voir des personnes découvrir leur Agathe mais certaines n’en sortiraient pas indemnes, j’crois (rire). Moi, j’ai ressenti une sensation de manque. J’étais habitué à le voir tous les jours. Je croyais que ça allait durer toute la vie. La rupture est un peu brutale. Mais ça fait partie de la vie.