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Dardust Interview

Dardust est auteur-compositeur. Son travail attire plusieurs artistes italiens. D’ailleurs, Jovanotti ne reste pas indifférent à son univers. Aujourd’hui, Dario Faini défend Urban Impressionism. Interview exclusive avec le pianiste coloriant des paysages brutalistes, à l’aide de son imagination !

Quand j’écoute Urban Impressionism, plusieurs images me viennent en tête. Je pense directement à l’hiver, au noir et blanc, à la beauté de la neige. Mais j’aimerais qu’on se concentre sur les émotions. Voulais-tu provoquer certaines émotions avec cet album ?

Je ne pense jamais sur l’output émotif de celles et ceux qui écoutent ce que je fais. Je raisonne toujours sur l’input émotionnel. Il advient quand j’écris quelque chose, quand je suis à un endroit, quand je définis un périmètre d’imagination, où je vais aller. Dans ce disque, les concepts des périphéries, des couleurs, que je voulais porter dans ce blanc et noir, ils arrivaient pendant que je commençais à sculpter l’imaginaire du disque.
De là, m’est venu le concept de Urban Impressionism. J’imaginais vraiment le piano qui entrait dans ce blanc et noir des périphéries qui ne sont autre que nos périphéries émotionnelles. Moi, je viens d’une périphérie. Je me sentais aussi à une périphérie, au niveau émotif, un peu en marge de la société, rappelant un sentiment d’abandon, d’être un peu aux extrêmes. Et j’ai toujours eu ce sentiment de rédemption pour compenser cette manière d’être en marge. Je l’ai fait avec l’imagination et le piano, quand j’étais petit. Donc, ce disque est un retour à la première étincelle, quand j’ai initié à être musicien, à être créatif dans la musique.

Tu voulais te connecter avec ton passé.

Je voulais être le moi du passé mais avec une nouvelle maturité. Après plusieurs années, je voulais revenir au point initial, mais avec la maturité propre à mes expériences passées. La créativité n’est autre que réallumer la curiosité. Je parle de cette curiosité affichée, quand on découvre les première choses, les premières fois. Donc, via ce disque, je revenais un peu dans ces parages.

C’est beau de parler de créativité. Est-il vraiment possible de se réinventer, en proposant de nouveaux albums ou, au bout du compte, les artistes sont toujours les mêmes, ont toujours les mêmes messages, la même détermination ?

On dit toujours que chaque artiste a une matrice de quatre ou cinq points, dans laquelle, il revient ponctuellement. Ou on dit qu’un chanteur, songwriter, a toujours quatre ou trois chansons, trois ou quatre formules, puis, il tourne toujours autour. En effet, il existe une matrice dans chaque artiste. Néanmoins, l’important est d’y apporter de nouvelles couleurs, de nouveaux schémas et de les faire progresser.
C’est évident que ma matrice de base soit celle d’unir deux fondations de mon palais : le piano et l’electro. Elles sont mes premiers mondes musicaux. Je les ai découvert quand j’étais petit. A chaque fois, je souhaite les mélanger, contaminer et porter vers de nouveaux imaginaires.

Il y a quelques semaines, je visitais pour la première fois Paris. Cette ville est une source d’inspiration pour Urban Impressionism. Tu as sûrement éprouvé un sentiment de grandeur, face à l’architecture de cette capitale. Comment le traduire en musique ?

Je ne suis pas allé dans le centre de Paris, voir son architecture faste et grandiose. Je suis plutôt allé dans les périphéries, dans les lieux où on ne va pas communément. En général, on ne va pas à l’Espace d’Abraxas, contempler ces monuments d’architecture brutaliste.
J’ai créé une carte comptant douze ou treize points positionnés aux périphéries parisiennes. Ces lieux me fascinaient vraiment au niveau de leur architecture brutaliste.
Pourquoi le brutalisme ? Le brutalisme, ce sont des palais nus qui exposent des matériaux rugueux, aux géométries austères. Tout est réduit au minimalisme le plus fonctionnel. Ça me plaisait l’idée d’aller là, colorier cela avec mon imagination. Quand tu es au centre de Paris, c’est tellement beau, grandiose. Tu observes déjà la énième puissance, en termes de beauté. Par contre, quand tu vois certaines vues blanches et noires, juste du ciment sans couleur, c’est là que se déclenche l’envie de compenser. Lorsque tu contemples le visuel de mon disque sur YouTube, les palais bougent d’une manière précise. C’est mon piano qui commence à déstructurer et colorier les blancs et noirs.

Dans les clips, on aperçoit des visages. Choisir ces personnes, c’est témoigner d’une époque ?

Non. Ces personnes ne sont autre que le symbole de mes émotions. Elles symbolisent les histoires, l’humanité et l’émotivité. Elles sont le cœur de l’expérience humaine, dans ces environnements ascétiques. Ces visages sont aussi les histoires de mon piano, ce qu’il raconte.

Nous avons parlé architecture, émotions, maintenant, centrons-nous sur la psychologie. Tu fus diplômé en psychologie, après avoir étudié à Rome. Cette connaissance aide à composer.

Certainement. La psychologie m’aide à enquêter sur moi-même. Il s’agit de savoir comment extérioriser mon imaginaire, mes émotions. La psychologie a fait de moi quelqu’un de plus conscient, quant à l’écoute et la composition. Disons, cette pratique m’a créé un troisième œil, une connaissance majeure sur le processus créatif. Sans oublier, une connaissance au sujet de ce qu’on provoque chez les auditeurs. Voici donc un travail d’artisan, cette deuxième phase est créative. Concernant la première, il y a de la pure émotion. Là, intervient la psychologie pour ce qui est du travail cathartique, des analyses sur soi pour faire naître des choses probablement cachées. C’est un travail d’enquêteur, comme un détective focalisé sur le passé, prêt à débusquer des secrets.

Revenons à l’album. Tu soignes les ambiances de tes morceaux. Des artistes, avant de sortir leur opus, partent en voiture écouter leur son. La technique aide à connaitre les sensations ressenties pour les futurs conducteurs savourant le disque. As-tu écouté tes sons à différents endroits pour ressentir, comme il se doit, tes sons ?

Absolument, oui. Je le fais toujours. Après une journée en studio, j’exporte les démos et je pars me promener avec mes écouteurs. Je marche ou je pars aussi en voiture en y connectant mon iPhone. J’écoute les sons sur des baffles, à la maison. A chaque fois que tu les écoutes à divers lieux, avec du matériel varié, ta perspective d’écoute change et tu découvres toujours de nouvelles choses à améliorer, des points manquants.

Quel est le titre dont tu es le plus fier ?

Peut-être « Le Bolero Brutal » car j’ai l’impression qu’il est le plus perturbant, celui où j’ai le plus innové dans mon langage pianistique. Comme si j’allais vers une nouvelle dimension, en jouant du piano. J’aime les choses qui me surprennent, in primis.

Interview menée par brunoaleas (2025) – Photo ©Emilio Tini

Vampire Weekend à l’Adidas Arena

Dans quelques années, je souffle sur 30 bougies. Les cheveux blancs sont déjà sur la tête mais le choc sera à vivre. Après avoir vu Vampire Weekend à l’Adidas Arena, à Paris, une idée persiste… je tourne la page d’un chapitre de ma vie.

Les New-Yorkais symbolisent la fougue et joie de mélanger diverses cultures musicales. On le comprend, en savourant les chansons du premier disque éponyme. Quant au dernier album en date, il prouve encore une fois que les mélomanes n’abandonnent pas leur démesure. Les nombreux instruments de Only God Was Above Us se retrouvent sur scène. Ils illustrent un tableau surnaturel, où on ne compte plus les brillants musiciens.

Au départ, 3 membres jouent sur scène. Ensuite, un grand rideau tombe et voici une armée de personnes, prêtes à enflammer la soirée. Que retenir ? Le minimalisme des vampires l’emporte sur la grandiosité présente sous nos yeux.
La couleur rouge envahit et se pose sur tout le monde, une fois lancé le titre à l’ambiance tribale, « New Dorp. New York ». On aperçoit aussi un néon blanc, brandi par Ezra Koenig, lorsqu’il chante « Mary Boone », près de ses musiciens. « Capricorn » rayonne grâce des lumières dorées. Bref, la mise en scène ne laisse pas indifférent.

Qu’ajouter de plus ? Je me fais vieux. Mais je préfère vieillir en écoutant mes groupes préférés, qu’isolé comme un rat écrasé sur l’E25. Vampire Weekend épate énormément. A leur concert, je trouve la formation inspirante car inspirée par la culture africaine, rock et baroque. A leur show, je signe la fin d’une époque, celle où l’excitation était comparable à l’énergie de « Cousins » ou d’un « A-Punk ». Contempler la bande, au moment où je visite pour la première fois la Ville Lumière, demeure un souvenir délicieux. Puis, sur « Capricorn », les paroles d’Ezra résument finalement mon état d’esprit.

Too old for dyin’ young
Too young to live alone
Sifting through centuries
For moments of your own

brunoaleas – texte & photo – Adidas Arena, 13/12/2024

TOP ALBUMS 2024

Tel Pitbull, a.k.a. Mister Worldwide, mon année 2024 a été mondiale. La scène musicale africaine a particulièrement capté mon intérêt durant cette année. En effet, Tyla, Tems, Ayra Starr, ainsi que Rema, ont tous sorti un projet en 2024. Ce sont les albums de Tyla et Rema qui ont le plus retenu mon attention.

Concernant Tyla, je voulais savoir si la jeune chanteuse sud-africaine allait réussir à être convaincante dans un long format. Et, l’exercice est plutôt réussi, car elle est parvenue à allier amapiano et pop dans un très bon album.

S’agissant de Rema, les attentes étaient différentes. C’est un artiste confirmé et il est intéressant de voir s’il était capable de se renouveler. Et, une fois de plus, il a su le faire parfaitement. Pour ce nouvel album, il est retourné vers la source et s’est fortement inspiré de sa culture yoruba.

2024, c’est également le retour en force de la pop avec notamment le Brat Summer !! La couleur verte est à la mode l’été dernier, grâce à l’album Brat de la chanteuse britannique Charli XCX. Donc, ne soyez pas étonnés de voir Sabrina Carpenter, une certaine artiste pop très populaire ces derniers temps, dans la liste. –Fortuné Beya Kabala

TOP 10

  1. Heis – Rema
  1. Cowboy Carter – Beyoncé
  1. American Dream – 21 Savage
  1. BDLM VOL. 1 – Tiakola
  1. GNX Kendrick Lamar
  1. Tyla+ Tyla
  1. S/O Dieu – Jeune Lion
  1. Nouvelle Trap 2 – Huntrill
  1. Bad Boy Lovestory – Theodora
  1. Short n’ Sweet – Sabrina Carpenter

Le sorties musicales étaient folles. Cette année fut bien plus intéressante que l’An dernier. Plusieurs artistes confirment leur titre de surdoués de la zic : Vampire Weekend, Tom Odell, The Smile, Slomosa, Dardust, BadBadNotGood, Nicolas Michaux, Kendrick Lamar. D’autres, évoluent d’une manière giga fascinante. Pensons à Tangk, inspirant album composé par Idles. Citons le jeu explosif de Lysistrata ou l’imprévisible Willow.

Ces personnalités ne défont pas une conviction. Je deviens un vieux singe. J’attends les grands soirs pour savourer certains albums. Mentions honorables aux musiciens pas encore écoutés, à écouter à un moment propice : The Cure, Nilüfer Yanya, The Last Poets, Alexa Melo.

Qui retient le plus mon attention ? Des Chicagoens ! Friko, via Where We’ve Been, Where We Go from Here, offre une énergie communicative et jouissive. L’effet durera probablement pendant des lustres. Comment définir la puissance du groupe ? Une voix androgyne. Une batterie speedée à bloc. Une basse nullement invisible. Actuellement, la bande déchire et partage les plus belles mélodies rock. –brunoaleas

TOP 10

  1. Where We’ve Been, Where We Go from Here – Friko
  1. Only God was above Us – Vampire Weekend
  1. Ceremonial contrefact – Willow
  1. Black Friday – Tom Odell
  1. Veil – Lysistrata
  1. Tangk – Idles
  1. Mid Spiral – BadBadNotGood
  1. Two Star & the Dream Police – Mk.gee
  1. Wall of Eyes – The Smile
  1. Blue Giant (オリジナル・サウンドトラック) – Hiromi

LA DURE A CUIRE #120

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Post Nebbia

Le psychédélisme en Italie porte un nom : Post Nebbia. Un groupe à suivre de près.

In Flames

We will burn in the fire. We will be branded in flames. We will have to rise from the ashes. From the fires of our own mistakes. This is a war and no one will win it.

Mue

Mue, qu’est-ce donc ? 5 musiciens rock qui donnent envie de danser, nuit et jour !

brunoaleas

TOP/FLOP FILMS 2024

Qui dit fin d’année, dit classement des meilleurs et des moins bons films de l’année. 2024 était une année très attendue avec des sorties comme Dune : Deuxième partie, Joker : Folie à Deux ou bien Gladiator 2. Et, je ne cite pas les sorties de fin d’année en Belgique, comme Wicked, L’Histoire de Souleymane ou Conclave. En somme, nous avons eu, une nouvelle fois, une année bien fournie. Mais, il faut faire des choix !

Cette année, nous avons fait le choix d’un Top 7 et d’un Flop 3.

Mon Flop 3 rassemble les films sur lesquels j’avais placé énormément d’attente et les retrouver dans cette liste témoigne de ma grande déception. Donc, je ne vais pas plus développer et vous laissez découvrir cette liste, car le sujet est bien trop sensible pour moi.

Pour ce qui est de mon Top 7, excepté Dune 2, il ne s’agit que de découvertes. Je vous invite vivement à regarder, au moins, les films qui se trouvent aux 3 premières places.

Vous ne serez pas déçus.

Vous demandez-vous quel film se trouve premier de cette liste ? Je vous laisse un indice : A24. Mais je ne parle pas du film qui a scenario dans son titre. –Fortuné Beya Kabala

TOP 7

  1. La Zone d’Intérêt – Jonathan Glazer
  1. Ni Chaînes ni Maîtres – Simon Moutaïrou
  1. Il reste encore Demain – Paola Cortellesi
  1. Dune 2 – Denis Villeneuve
  1. Pauvres Créatures – Yórgos Lánthimos
  1. Wicked – Jon Chu 
  1. Vice-versa 2 – Kelsey Mann 

FLOP 3

  1. Dream Scenario – Kristoffer Borgli
  1. Black Tea – Abderrahmane Sissako
  1. Back to Black – Sam Taylor-Johnson

Je ne choisis pas mes films préférés par hasard. Chaque année, un critère de sélection se note particulièrement. Une dimension sociale se cache derrière mes choix. L’humain est souvent au centre des préoccupations. En 2023, j’opte pour Yannick. C’est surtout Sound of Metal, en 2021, qui synthétise mon goût pour ces êtres obligés de vivre. Qu’ils soient torturés, incompris ou porteurs d’handicap, les personnages de ces films sont fascinants.

La vision d’un Japonais complète alors ma soif de curiosité. Il se nomme Hirokazu Kore-eda. L’artiste exerce son métier depuis près de 30 ans. Il forge sa réputation grâce à sa direction d’acteurs. Lorsqu’il filme Nobody Knows (2004), il offre une grande part d’improvisation aux enfants devant la caméra. Le résultat est plutôt bluffant. Les spectateurs contemplent parfois plus qu’une fiction. Comme si, finalement, un documentaire apparaissait sous les yeux.
Justin Vanhoolandt est membre du ciné-club Nickelodéon. Dans leur dixième revue, il décrit une autre force artistique du réalisateur.

C’est en apportant un regard contemporain et lucide sur sa société que Kore-eda constitue l’une des figures majeures du cinéma japonais actuel.
Il accorde une importance toute particulière au thème du quotidien, qui se révèle lorsqu’une série de gestes et d’actes se répète, au fil des jours. Ne versant jamais dans le misérabiliste des sujets, le cinéaste japonais dépeint, au contraire, la bravoure des jeunes à faire leur possible pour y arriver et pouvoir affirmer leur identité.

Saluons le travail de l’artiste. L’Innocence fut bouleversant à contempler. Les divers points de vue des protagonistes illustrent une société en perte de repères. Le long métrage rappelle aussi à quel point faire preuve de nuance est vital. Quant à sa mise en scène, elle offre des plans oniriques. Que demander de plus pour rêver dans une salle de cinéma ? –brunoaleas

TOP 7

  1. L’Innocence – Hirokazu Kore-eda
  1. Look Back – Kiyotaka Oshiyama
  1. L’Amour Ouf – Gilles Lellouche
  1. Le Deuxième Acte – Quentin Dupieux
  1. Le Robot Sauvage – Chris Sanders
  1. La Nuit d’Orion – Sean Charmatz
  1. Il reste encore Demain – Paola Cortellesi

FLOP 3

  1. Pauvres Créatures – Yórgos Lánthimos
  1. Trap – M. Night Shyamalan
  1. Deadpool & Wolverine – Shawn Levy

LA DURE A CUIRE #119

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

The Murder Capital

Je reprendrais peut-être mes critiques-express, en 2025. Il s’agissait d’écrire quelques mots, au sujet des nouvelles sorties musicales.
The Murder Capital me le rappelle. C’est un groupe fascinant. Leur nouveau titre, « Words Lost Meaning », annonce déjà la belle énergie du futur album !

Coilguns

A handful of riots should reorganize how we’re wasting our lives.

Karto di Cromo

Lors des grandes fêtes, on pense souvent aux absents. Comme si certains proches nous manquaient plus que tout. Ecoutons alors Karto di Cromo.

Pogo Car Crash Control

Pogo Car Crash Control s’essaye à l’anglais. J’adore la langue de Molière. Mais laissons ces musiciens tester de nouveaux terrains. Hâte de voir l’évolution de cette jeune bande dont la rage inspire encore.

brunoaleas

Look Back

La vie est faite d’aléas. D’ailleurs, j’ai écrit un livre sur le sujet ! Look Back dépeint cette beauté si fascinante, voire étrange, liée aux rencontres. Que raconte vraiment ce film d’animation ? La jeune Fujino a une confiance absolue en son talent de mangaka. Kyômoto, elle, se terre dans sa chambre, pratiquant sans relâche l’art du manga. Ces deux personnages d’une même ville vont se réunir, grâce à leur passion pour le dessin.

Tatsuki Fujimoto est assurément le mangaka le plus intéressant de sa génération. Ses récits ne déçoivent pas, tant ils allient surprises et émotions. L’auteur de Look Back dessine un manga parfait pour le grand écran. Quel délice pour les animateurs qui ont étudié les planches de l’artiste. Pourquoi ? Car l’œuvre originale est composée de pages dignes d’un storyboard. Puis, quand un animateur nommé Kiyotaka Oshiyama sublime ce travail, que reste-t-il ? Si ce n’est nos yeux ébahis par la maitrise d’un artiste ayant bossé sur Le Garçon et Le Héron, Evangelion 2.0, ou bien, Devilman CryBaby.

Aujourd’hui, l’animation apparait exceptionnelle. Pensez aux dernières sorties du studio DreamWorks. Les cinéphiles sont obligés de l’admettre.

Quant à Look Back, lorsque Fujino et Kyomoto sont dans un train, le paysage défilant derrière elles offre des tableaux réalistes, à chaque seconde ! Nous sommes face à l’animation dépassant de loin la photographie.

Exit mille dialogues. Les images reflètent, à elles seules, la détermination des protagonistes ! Adressons alors un message à Nicolas Mathieu (prix Goncourt, 2018). Né avant le culot et la honte, il insinue une ineptie. Les mangas ne seraient pas de la littérature… je l’invite à lire Look Back. Saurait-il pondre un dixième de son inventivité scénaristique ? Les chercheurs de Palo Alto se posent encore la question ! 

Laissons l’écrivain de côté. Look Back, que dire sur son rythme et sa narration ? Ou, pourquoi ce moyen métrage se démarque des autres films, en 2024 ? Il n’y a pas que son animation qui claque les yeux. Il aborde divers thèmes, via une relation évoluant d’année en année : la passion, l’amitié, l’amour de la passion, le sacrifice, le feu de la passion. L’auteur fait durer certaines séquences. Dès lors, les spectateurs captent la durée du temps. En d’autres mots, ils comprennent à quel point réaliser des mangas est une dure épreuve.
Mais à quel moment observons-nous la grande réussite du film ? Lors d’une uchronie. Nulle divulgation. Rappelons juste une définition lourde de sens. Les bandes dessinées sont le temps transformé en espace, selon l’illustrateur Art Spieglman.

Découvrez Look Back. Cette histoire apparaît universelle, vu qu’elle analyse deux sensations déjà ressenties par tout le monde, puissance et impuissance face à ce qu’on adore.

brunoaleas

LA DURE A CUIRE #118

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la plus douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist !

Friko

Nous voulions nous assurer d’explorer tout le spectre émotionnel et musical que nous étions capables d’explorer car la power pop est incroyable.
Mais ce n’est qu’une petite partie de la musique que nous aimons.Friko

Homme Bleu

Quand un morceau offre une ambiance rappelant Radiohead, saluons la performance !
« I Ride », composé par Homme Bleu, nous embarque vers une simple réflexion. Parfois, au lieu de se poser mille questions, profitons des paysages.

Treaks

Jesus, Satan, Maria, I’ll take them in my arms. I’ll kiss the sky & angels to take part of your fight.

Disarme

Disarme, musicienne autodidacte, évoque dans « Change » l’aspiration au changement. Elle trouve refuge dans la musique, dans un monde étouffant les rêves. Finalement, ses sons sont reliés à son adolescence… une nostalgie plutôt émouvante.

brunoaleas

TOP MANGAS 2024

Bam bim bam, cette année je fais un top 100% action ! Que voulez-vous ? Il faut varier les plaisirs. J’ai mis beaucoup de seinens psychologiques dans les derniers classements, mais cette année, c’est la bagarre qui m’a conquis.

D’abord, par l’imbattable One, qui sort ENCORE une série complètement incontournable. Cet auteur me donne véritablement le tournis : il enchaîne, coup sur coup, les scénarios les plus originaux et trépidants. À chaque fois, il prend une idée de scénario qui ne semble pas très originale au premier abord, ou qui semble très difficile à faire marcher sur le papier. Puis, il nous surprend de chapitre en chapitre, sans jamais s’arrêter. L’auteur a maintenant un tel prestige qu’il peut se targuer d’avoir littéralement les meilleurs dessins du game avec One Punch Man et la meilleure (ou presque) animation de Mob Psycho 100.
Je préfère ne pas détailler cette nouvelle série nommée Versus. A mon sens, la découverte progressive de son scénario, de son univers, fait tout son sel, mais foncez ! C’est un scénario débordant d’idées, parfaitement rythmé et rempli de combats trépidants. Quant au dessin, il est assuré par Kyotaro Azuma, que je ne connaissais pas, mais qui a une patte très similaire à celle de Yusuke Murata, dessinateur de One Punch Man. Il est ultra détaillé, dynamique, épuré… bref, parfait !

La deuxième bonne surprise de l’année se révèle être The Bugle Call. On a ici un récit de dark fantasy qui est clairement là pour occuper un vide ! Avec la fin de Berserk qui arrive et celle de Übel Blatt, dévoilée il y a quelques années, aucune œuvre de dark fantasy ne se démarquait vraiment jusqu’à présent.
Et voilà Bugle Call. Avec son univers sombre et mystérieux et ses personnages très attachants, on est prêt à verser des larmes, en se laissant porter par la mélancolie de ce récit. Le rythme m’a beaucoup plu. D’un côté, on prend vraiment bien le temps de s’ancrer dans ce monde et de rencontrer les personnages, et en même temps, les évènements et les divers mystères rendent la lecture très addictive ! Les dessins de Higoro Toumori ont quelques points communs avec ceux de Fujimoto, ce qui est un beau compliment. J’aime cette façon qu’ont ces 2 auteurs de donner des expressions très étranges à leurs personnages : des sourires pincés, des regards distants. Les personnages n’en sont que plus complexes et attachants.

Et pour finir, laissez-moi vous conseiller le meilleur shonen bagarre de ces dernières années : Gachiakuta. On me parle tellement de Jujutsu Kaisen, de Dandadan, cependant, où est l’amour pour Gachiakuta ? Il faudra attendre l’anime pour que l’œuvre ait des fans, je suppose. La mangaka responsable de l’œuvre est la successeure d’Atsushi Ohkubo (Soul Eater, Fire Force). Ca se reconnaît ! Ses dessins ressemblent à une fusion entre les styles de son maître et de celui de Boichi (Dr Stone, Sun-Ken Rock). On a un univers très “tag”, avec des traits bruts et des expressions très linéaires, sans oublier ce goût de la sculpture, lorsqu’il est temps de faire du détail. Les décors, et surtout les objets, sont détaillés avec grand amour. Quant au scénario, je le décrirais comme celui de Fire Force, si les personnages étaient sympas. Nous voici plongé vers une quête de vengeance. Elle devient vite une enquête sur un univers riche, plein de rebondissements. Chaque étape du voyage amène une nouvelle confrontation et un combat très divertissant. Le héros possède une personnalité explosive, pleine de fraîcheur. Elle ne sera pas sans rappeler un certain rival dans un autre shonen plus… héroïque.

Sur ce, voilà une belle liste de lecture pour vous. N’oubliez pas. Nous aimons les récits de combat, car c’est dans la nature de l’être humain de lutter pour ce qui est important pour lui. Rien de mieux que de voir des personnages courageux donner tout pour leurs objectifs, quand on se sent démotivé. Alors, continuez à vous battre ! –Pierre Reynders

TOP 3

  1. Versus – Kyôtarô Azuma
  1. The Bugle Call – Higoro Toumori
  1. Gachiakuta – Kei Urana

Je sens une envie, un nouveau désir. Mes recherches ne seront plus pareilles… je ne suis plus le même fan de bédés qu’auparavant ! Non, je ne suis pas malade. Non, je ne vis pas une crise. Je désire lire des œuvres développant des personnages riches, aux caractères pertinents, aux idées ambitieuses.

Je ne joue pas les péteux. J’évalue autrement les mangas. Pourquoi ? Berserk et L’Atttaque des Titans sont 2 seinens qui changent radicalement mes attentes concernant mes prochaines lectures. En d’autres mots, ces titres placent la barre haute. Le fatalisme est souvent au centre de ces livres. Je ne souhaite pas pour autant me plonger dans des lectures plus déprimantes que la pluie belge, à longueur de journée.

D’ailleurs, My Hero Academia prouve encore une bonne nouvelle. Il est possible de trouver une lueur d’espoir en chacun de nous, qu’on soit mauvais ou désespéré. J’admire son auteur, Kōhei Horikoshi. Il donne tant d’importance aux détails. Quel en est le résultat ? Son scénario n’est jamais ennuyeux.
Une autre BD se focalise sur l’espoir. Versus fut la meilleure bombe de l’année ! Son scénariste, One, arrive à divertir comme à surprendre, face à des planches dépeignant le désespoir de l’humanité. Espérons voir une série illustrant la démesure et imagination propres à One.

Quant à The Bugle Call, il s’agit probablement d’un futur banger. Chaque personnage n’est pas là par hasard. Chaque réplique donne une couleur aux situations et réactions. Quel délice ! Le manga n’apparaît pas tel un vulgaire récit de dark fantasy, où l’originalité semble illusoire. Au contraire, petit à petit, des informations enrichissent un univers fou ! –brunoaleas

TOP 3

  1. The Bugle Call – Higoro Toumori
  1. Versus – Kyôtarô Azuma
  1. My Hero Academia – Kôhei Horikoshi

Ni Chaînes ni Maîtres, croire pour résister

Lors de mon visionnage Ni Chaînes ni Maîtres, une chose me frappe fortement : c’était le fait d’apercevoir l’humain derrière la figure de l’esclave. L’esclavage est une thématique qui retient énormément mon intérêt. Ainsi, j’ai visionné bon nombre de documentaires, films et séries sur la thématique. Cependant, c’est la première fois où il n’est pas seulement question de l’horreur de la captivité et de la volonté de se libérer de cette dernière, mais d’un voyage au cœur des croyances, des espérances, de la vie d’un homme.

Cicéron le contremaître

L’histoire prend place sur l’Isle de la France (actuelle île Maurice), en 1759. On y suit la vie de Massamba (Ibrahima Mbaye Tchie), esclave dans la plantation d’Eugène Larcenet (Benoît Magimel). Il y occupe le poste de contremaître et son travail consiste à veiller au bon travail de ses frères de condition. Massamba est surnommé « Cicéron » par son maître et sert également d’interprète, car il a appris le français. Toutefois, cette situation de privilégié ne correspond pas à la réalité. En effet, il échappe à la récolte de la canne à sucre, sous le soleil brûlant de l’Isle de la France, mais il est complètement ostracisé par les siens, car considéré comme un traître à leurs yeux.

Au fil du film, nous apprenons que Cicéron a abandonné l’homme qu’il était avant la captivité, dans le but d’épargner sa fille. En effet, en échange de son « emploi » de contremaître et d’interprète, sa fille Mati (Anna Thiandoum) échappe aux sévices sexuels auxquels les femmes et filles esclaves sont victimes de façon quotidienne. Massamba rêve de voir Mati affranchie, mais Mati rêve de fuir cette société esclavagiste.

Massamba le marron

Massamba n’est pas né esclave. Il est devenu esclave et a été déporté depuis l’actuel Sénégal. Ainsi, pour protéger sa fille, il a dû oublier sa culture et des croyances pour apprendre la culture de ses tortionnaires. Soudain, la fuite de Mati lui fait reconsidérer le choix d’oublier la personne qu’il était avant la captivité.

Pour redevenir Massamba, Cicéron doit renouer avec sa spiritualité. Massamba était un initié, c’est-à-dire, une personne initiée aux pratiques religieuses, aux croyances de ses ancêtres. Mais il avait rompu le lien avec ses ancêtres donc il doit renouer avec eux. Cette quête débute avec sa fuite de la plantation et son entrée dans le marronnage (terme signifiant la fuite de l’esclave et la résistance pour conserver cette liberté). Il s’échappe initialement pour retrouver Mati, car une chasseuse d’esclave a été lancée à la poursuite de cette dernière.

La spiritualité comme mode de résistance

Ibrahima Mbaye Tchie s’exprime sur la spiritualité de son personnage : Elle affirme qu’on ne doit jamais abandonner ses croyances, qu’il faut préserver une part de spiritualité, quelles que soient les situations auxquelles nous sommes confrontés.

La spiritualité est le fil conducteur du scénario de Ni Chaînes ni Maîtres. On peut le résumer avec le schéma suivant : renoncement – introspection – renouement. À ma connaissance, c’est la première fois que la dimension spirituelle est autant développée dans un film focalisé sur la traite négrière. À mon sens, c’est la raison pour laquelle, la figure de l’esclave retrouve son humanité dans cette œuvre. En effet, le schéma de narration change de focale et place l’Humain-esclave au centre de l’histoire.

En somme, en renouant avec ses ancêtres, Massamba retrouve, non seulement, une liberté au regard de sa condition antérieure d’esclave, mais redevient celui qu’il était avant la captivité.

Fortuné Beya Kabala