Tous les articles par Drama

Cycle de l’enfance : Sixième Sens

L’enfance est sacrée. Parfois, on s’éloignait des codes et obligations imposés par la société… une particularité phénoménale. Certaines œuvres dépeignent les enfants comme des êtres à part. Découvrons des titres américains et japonais !

Vous savez pourquoi vous avez peur quand vous êtes seuls ? Non ?
Vincent Gray le savait, lui. Il le savait car il possédait un sixième sens que son ancien psychiatre n’avait pas su voir en lui. D’où vient cette séquence de cinéma ? Du thriller fantastique de M. Night Shyamalan, tout part de là. 

La scène d’ouverture du Sixième Sens nous sert sur un plateau d’argent absolument toutes les clés de compréhension de l’intrigue. Suivez-moi, je vous explique. Le docteur Malcolm Crowe se prend une cuite chez lui avec sa femme, Anna. Ils sont en train de fêter une récente distinction professionnelle qui assure les compétences de Malcolm en tant que psychiatre pour enfants. Alors que le couple admire le cadre hors de prix qu’ils ont devant eux, Anna remarque que d’un seul coup il fait très froid, donc, elle donne un pull à son mari et enfile un gilet. Peu après cela, la température monte entre eux, ce qui les conduit à se rendre dans leur chambre. Ils sont en train de se déshabiller puisqu’ils ont l’intention de faire l’amour. Mais en fait, Malcolm n’enlève uniquement son pull et Anna, son gilet. C’est là qu’Anna marche sur du verre brisé et que leur bonheur conjugal se transforme en drame.  

Quelqu’un est entré chez eux par effraction ! Et cette personne n’est autre que Vincent Gray. Nu, ou presque, dans leur salle de bain, il réclame ce que le docteur pour enfants lui avait promis. Ce qu’il veut par-dessus tout est de ne plus avoir peur. Il le dit et le montre. Mais comme il ne ressent pas d’entrain immédiat de la part de Malcolm, qui d’ailleurs ne l’avait pas reconnu, Vincent décide de tuer son ancien psychiatre par balle, sous les yeux de sa femme, avant de se suicider. 

Un écriteau de transition annonce ensuite que la scène qui suit se déroule à l’automne prochain.  

On y voit Malcolm Crowe assis sur un banc, prendre des notes devant la maison d’un petit garçon de 9 ans. Ce dernier sort de chez lui et se rend jusqu’à une église non loin de là, à toutes jambes, suivit par le psychiatre, qui le rejoint à l’intérieur. On comprend aisément qu’il s’agit de leur première rencontre.
À partir de là, il y a déjà quelque chose qui cloche. Malcolm ne pouvait pas connaître ce petit garçon, alors pourquoi prend-il des notes sur lui, et qui plus est, en le suivant ? Depuis quand les psys se comportent ainsi ? C’est totalement creepy ! Et c’est pour ainsi dire normal, puisque ce mec est un revenant. Rien d’autre ne peut l’expliquer. Il n’y a qu’à voir la tête que tire le petit Cole, en le voyant le suivre et entrer dans l’église. Sur son visage, je lis de la peur car il sait ce qu’il voit. De plus, il lui parle, se présente comme un médecin compétent qui veut l’aider alors que rien n’est prévu pour que cela se produise. À aucun moment du film le docteur ne parle à quelqu’un d’autre que Cole. Il reste vêtu de la même manière tout du long, à part quelques fois où on le voit avec le pull donné par sa femme quand ils avaient froid, la nuit de sa mort. Pour moi, il est clair que cette façon de faire lui est dictée par son instinct. Malcolm a quelque chose à régler. Il veut absolument aider un enfant dans la même situation que Vincent, afin de réparer ses torts et partir en paix. Il agit à chaud, exactement comme les autres revenants qui visitent Cole, si ce n’est qu’il fait preuve de plus de maîtrise, ce qui explique que l’enfant baisse la garde en sa compagnie. 

Je rappelle que nous avons clairement assisté à un meurtre dès le début. On pourrait bien sûr penser qu’une blessure par balle n’est pas toujours fatale, si on est rapidement emmené à l’hôpital le plus proche. Après tout, Anna était là et s’est précipitée à son chevet. Mais moi, je n’avais aucun doute. Tout ce que j’ai vu par la suite n’a fait que confirmer ce que je pensais.
Petit détail très parlant, quand Cole sort de l’église juste après sa première rencontre avec le psy, il choppe une statue religieuse au passage. On voit par la suite qu’il s’est constitué un autel anti-revenants dans sa chambre pour être un peu tranquille quelque part. Quand Malcolm rend visite à Cole chez lui, on sent bien que le petit est retissant à l’idée de parler à voix haute avec lui, de peur d’être prit pour un fou par sa mère, exactement comme avec ses camarades de classe. 

Parlons-en de ses camarades ! Lors d’une fête d’anniversaire à laquelle Cole avait été invité par le père du petit Darren, ce dernier, ainsi que Toni, l’acteur en herbe complètement naze, décident d’enfermer Cole dans ce qu’ils appelaient un donjon. Sauf qu’il y avait un vieux revenant violent dedans, qui a conduit le petit médium à se faire hospitaliser. Là-bas, M. Night Shyamalan fait son caméo. Il incarne un médecin et accuse la mère de maltraitance car ils ont trouvé des plaies, partout sur le corps du petit. Même là, Malcolm est présent et personne ne le calcule. Malgré l’ignorance de tous, ce psy garde la tête froide et s’accroche à sa vision rationnelle du monde, tout comme la mère et le médecin de l’hôpital. 
D’ailleurs, dans ce film, il y a un puissant symbolisme dans les couleurs. Le vert est utilisé pour représenter le rationnel. Lynn, la mère de Cole, est très souvent vêtue de vert, car elle se demande qui fait du mal à son fils. Puis, elle ne comprend pas les manifestations de l’au-delà, celles qui gravitent autour de son enfant. Donc, elle se torture à trouver des explications logiques. Au moment où elle discute avec le réalisateur indien, on les perçoit tous les 3 accablés par des inquiétudes beaucoup trop terre à terre, ce qui ne colle pas avec la situation. Ces personnages sont tant rationnels face à l’enfant qu’ils provoquent une confusion. Une confusion encore plus appuyée à l’apparition d’un jeu en bois, vert, face aux protagonistes, placé là comme un rappel artistique. A l’inverse, c’est la présence du rouge qui représente le surnaturel. Teinte complètement absente, lors de ce dialogue.  

S’ensuit une scène absolument mythique dans laquelle Cole demande au doc pourquoi il est triste. Alors, le perso joué par Bruce Willis se confie à propos de Vincent, le patient qu’il n’a pas pu aider. Malcolm pense également que sa femme n’aime pas l’homme qu’il est devenu et que c’est pour cela qu’ils se comportent maintenant comme des étrangers. – Non mec, elle t’aime, c’est juste que t’es mort –.  

Soudainement le petit raconte son secret. Pourquoi ? Les confidences personnelles de son revenant préféré déclenchent cette volonté. J’ai trouvé cela très attendrissant. Cette scène est pour moi l’une des plus importantes, avec celle du meurtre, car quand on pense aux 2 simultanément, tout s’éclaire d’un coup.  

Laissez-moi vous montrer ce que j’y ai vu : 
  
Je vois des gens qui sont morts. 
 
En rêves tu veux dire ? 
 
Cole fait non de la tête. 
 
Quand tu es éveillé ? 
 
Là c’est un oui. 
 
Tu vois des morts, dans des tombes, des cercueils ?
 
Non ! Ils vont et viennent comme n’importe qui, ils ne se voient pas entre eux, ils ne voient que ce qu’ils ont envie de voir, ils ne savent pas qu’ils sont morts. 
 
Et tu en vois souvent ? 

Tout le temps ! Ils y en a partout. 

À ce moment précis, Cole vient d’énoncer des infos primordiales sur les morts qui sont partout autour de lui et cela inclut Malcolm Crowe. Plus aucun doute n’est possible, il est indéniable que ce visage sceptique cache un savoir inconscient. En voyant cette scène, je ressens indubitablement une présence fantomatique. Puis, Cole a froid. Il dit qu’il voit des morts tout le temps. Il est clair qu’il n’énonce pas tous ces détails sur les perceptions des morts pour rien. Il le fait car il aimerait lui aussi aider le psy.
La scène du secret est vraiment un point culminant du jeu d’acteur de Haley Joel Osment. Au moment du tournage, il n’avait que 12 ans, mais il joue parfaitement du début à la fin. Grace à cela, son personnage nous fait comprendre énormément de choses, sans nous les montrer, sans les dire avec l’aide des dialogues, mises en situations. En l’observant bien, je comprends qu’il connait l’origine et la nature de Malcolm mais qu’il ne le lui dit pas pour ne pas le brusquer. Il trouve plutôt des moyens détournés pour lui ouvrir les yeux. 

Maintenant accrochez-vous ! 

Ce film n’est pas du tout un long métrage à twist ! Il n’y a aucune révélation de fin à proprement parlé puisqu’il est facile pour tout spectateur attentif de comprendre la condition fantomatique de ce psy. Il n’y a que Malcolm qui doit comprendre ce qu’il est. Mais avant, il doit commencer par croire au sixième sens de Cole. 

Ce qui se produit quand il se rend compte des paroles similaires dites par Vincent et Cole. Une révélation s’empare alors de lui quand il écoute une cassette d’un entretien enregistré avec Vincent, il y a longtemps. Non seulement il croit au sixième sens des 2 gamins, mais en plus de cela, il trouve une solution pour que Cole se débarrasse de ses peurs. Je vous la donne en mille : l’aide avec un grand A. A cet instant, mes sentiments se mitigent car on se retrouve face à une facilité scénaristique, plus précisément, quand Cole aide son premier fantôme. En effet, une petite fille nommée Kyra vient le voir et lui demande de l’aider. Dans quel but ? Dire à son père que sa belle-mère l’a empoisonné. Et là, on nous montre encore une révélation avec l’aide d’une cassette ! Cole la donne au père qui la visionne tout de suite. Il peut y voir une petite partie d’un spectacle de marionnettes de sa fille, jusqu’à ce que la belle-mère entre avec le dîner. On la voit mettre un liquide bizarre dans la soupe, avant de la servir à la petite. À mon sens, c’est bien trop simple pour être crédible, d’autant plus que les morts ne sont pas censés savoir qu’ils sont morts. Mais passons. 

Kyra, comme les autres morts, possède un instinct qui la conduit à Cole. Dans le bus, l’enfant déclare même à Malcolm qu’elle est venue de loin pour le voir, au constat de la route qui n’en finit pas. Les revenants savent que le garçon peut les voir. Tout comme le docteur, un revenant l’aidant pour s’aider lui-même. Et c’est précisément cette valeur d’entraide que j’aime dans ce film. Elle est accompagnée d’un symbolisme immense. Cette technique ne laisse personne indifférent. Je me dois de la saluer.
Regarder ce film est pour moi un immense plaisir. Je l’ai vu pour la première fois à mes 11 ans. Il est même devenu mon film préféré de cette époque. C’est pourquoi, je lui pardonne tous ses défauts. Tout d’abord, ce que je ressens en le visionnant est plus fort que toutes mes petites déceptions. Ensuite, j’admire le travail réalisé. Tout cet effort déployé par les acteurs, par la place du symbolisme, des détails, par la musique qui déclenche de fortes émotions et qui est bien en accord avec les rebondissements et la tension dramatique. Gros big up à James Newton Howard, au passage, pour ses compositions musicales qualitatives ! 

J’aime ce film et ça ne changera jamais. Si vous ne l’avez pas vu, foncez le voir, même si je vous déballe presque tout. Sorry, mais il le fallait, sinon j’allais dire quoi sérieux ? Non en vrai, ça va, je vous épargne moult subtilités.  

Tatiana Kazakova

Slomosa au Misery Fest

Ce n’est plus un secret. En Belgique, les douches sont gratuites en été. Il suffit de mettre sa tête dehors pour recevoir la pisse des Dieux. Mais ! Mais, mais, mais ! Lorsqu’une brasserie organise un petit festival pour fêter son anniversaire, en pleine campagne, comment refuser ?! Il faut affronter vents et marées !

Je me dirige alors vers le Misery Beer. Le manoir est plutôt connu pour ses bières spéciales, son cadre verdoyant et son ambiance rock’n roll. L’endroit fête son cinquième anniversaire. Fonçons. E25, me voilà !

La Province de Liège s’apparente aux décors de Silent Hill… rien ne m’arrête. A 20h se pointe un quatuor plutôt incroyable. Slomosa fut surprenant à Leuven (Het Depot, novembre 2023). Ma mémoire ne peut défaire ce souvenir. La voix fédératrice. Les gros riffs efficaces. Une nostalgie aimée et retrouvée pour les fans de Kyuss ou Fu Manchu. Juste avant l’arrivée des Norvégiens sur scène, 2 personnes souriantes prennent le micro. Le propriétaire de la brasserie entame un discours émouvant, aux côtés de sa femme.

Recevoir Slomosa, ici… je ne comprends rien à ma vie. Merci ! Les gars, sachez-le, j’étais un cancre. J’étais un cancre !

Le concert commence, l’énergie du groupe est à nouveau remarquable. Epaté par la force de frappe, je confirme une vieille idée. Slomosa est vraiment balèze sur scène. 2 membres de Silenceless acquiescent et valident cette observation. Nul besoin de feu d’artifice, lumières psychédéliques ou costumes carnavalesques… ici, on se concentre sur un jeu stoner, décoiffant. Le groupe kiffe sa vie et sourit face à un public en délire.

Pogos en veux-tu en voilà et joyeux lurons frôlant les airs – plusieurs personnes se laissent porter par d’autres bras pour ensuite être bousculées h24, l’euphorie au max –. J’ai rarement autant ri, lors d’un concert. A ce point là ?! Fuck yeah. Le public crée le show, digne d’une comédie inouïe ! Un dinosaure muni d’une coupe afro, un masque de cheval ou d’autres fantaisies rythment le spectacle.

Like animals, we dig the earth, chante Benjamin Berdous. ‘Battling Guns’ illustre l’absurdité de la guerre et pointe une sorte de fatalisme… mais à cette soirée, tout le monde souffle un vent de joie incomparable. Comme quoi, danser et fêter sont des actes salvateurs – clin d’œil aux politicards pro confinements –.

Longue vie à Slomosa ! Hâte d’écouter Tundra Rock, un prochain album à hurler haut et fort !

brunoaleas – Photos ©Dominique Bernard – Misery Beer, 27/07/2024

LA DURE A CUIRE #109

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la moins douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist homonyme !

Mk.gee

En septembre, je vous lâche un article sur Mk.gee… impossible de nier cette surprise de l’année !

Nilüfer Yanya

Lost to a cult, let me bend this light beam. They replace my bloodstream. You should pull that trigger, aim it at my liver. Losin’ a pulse and all my problems. I love to dance in my new costume.

Screaming Females

On continue l’hommage dédié à Steve Albini. L’ingé son s’occupait de Screaming Females, en 2012. Pour quel résultat ? Une bouffée d’air frais balancée par un trio à la discographie dorée.

brunoaleas

Cycle de l’enfance : Une Sacrée Mamie

L’enfance est sacrée. Parfois, on s’éloignait des codes et obligations imposés par la société… une particularité phénoménale. Certaines œuvres dépeignent les enfants comme des êtres à part. Découvrons des titres américains et japonais !

Je ne veux pas partir. Je veux continuer à pêcher des légumes dans la rivière tout en mangeant de faux repas avec un sourire crispé aux lèvres. Je veux être fière de ma maison. Bancale, trouée, elle sait nous protéger avec une fidélité sans faille.

Je ne me lasserai jamais du cynisme comique de mamie ! Infatigable malgré la faim et le travail acharné, elle ne cesse de me nourrir de sa sagesse. Elle m’ouvre les yeux sur le monde, les autres et mon cœur. Pour elle, la pauvreté n’est qu’une question de point de vue. La richesse d’âme ne s’achète pas, elle se cultive.

Je veux rester pour voir Akihiro grandir. Le voir jouer, courir, faire des bêtises, pleurer face à la beauté de la vie et continuer à rayonner d’amour.

Sa mamie et lui se voient relier par le destin. La mère du jeunot se retrouve dans l’impossibilité d’élever ses enfants. C’est pourquoi, elle confie Akihiro, du jour au lendemain, à sa grand-mère.

Je ne réussis pas à terminer ma lecture. Je veux encore rester avec Akihiro et sa mamie, à Saga. C’est difficile de les quitter. Quitter ce cocon de tendresse et de sincérité. Une Sacrée Mamie, sorti en 2009, imaginé par Yoshichi Shimada, me met une sacrée claque d’amour.

Mouche – Illustrations ©Yoshichi Shimada

One Piece et son final – droit de réponse

Dans ma tête, quand j’étais enfant, j’avais le fantasme de dessiner un manga où la fin est la partie la plus excitante ! Je me demande si je peux en faire une réalité désormais !
Eh bien, j’ai bientôt fini l’arc Wano. Les préparatifs sont presque terminés. Cela m’a pris 25 ans… lol… cependant, vous êtes les bienvenus si vous commencez à me lire aujourd’hui. Parce qu’à partir de maintenant ça va être – le – One Piece ! Je vais dépeindre tous les mystères de cet univers que j’ai cachés jusqu’à présent. Ça va être amusant. Attachez vos ceintures et profitez du voyage !!! -Eiichirō Oda, communiqué datant de juillet 2022

One Piece est un manga encastré dans mon cœur. On ne présente plus cette œuvre extraordinaire, mais si je devais résumer son message en quelques mots, je dirais qu’il s’agit d’une immense fresque humaniste, une ode à la liberté.

La grande quête de libération des héros passe obligatoirement par la découverte d’une histoire perdue et oubliée, effacée par les vainqueurs tyranniques qui règnent sur le monde. Rappel cruel que ce n’est qu’en détenant les clés de notre passé que nous pouvons nous défaire des chaînes qui nous oppriment. Pas d’évolution sans compréhension. Et tous ceux qui veulent faire taire ou transformer la vérité sont ceux qui veulent vous pacifier. Alors libérez-vous !

Il est facile de voir que je porte ce manga particulièrement dans mon cœur. Mais quelle n’est pas ma surprise lorsque j’entends d’infâmes détracteurs médire de ma série bien-aimée. Eh bien, Monsieur brunoaleas, laissez-moi vous dire que je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites ! Je vais démonter vos arguments :

➜ Il y a tellement de mystères à résoudre. Comment ne pas bâcler le travail ? Est-il possible de relier tous les points d’interrogations du manga ?

Oda et son équipe ont en effet créé un monde gigantesque, rempli de personnages, d’intrigues et de mystères en tous genres. Et c’est justement tous ces mystères qui planent sur ce monde qui retiennent notre attention. Si, avant les tout derniers chapitres, il ne reste rien à découvrir du monde, alors même qu’il s’agit d’un manga sur l’exploration maritime, ce serait bien étrange ! Mais il suffit de voir les derniers chapitres, remplis de personnages qu’on n’avait pas vus dessiner depuis carrément plus de vingt ans, pour comprendre que rien ne sera oublié. Oda a un plan bien en tête et toutes les ficelles seront reliées. Je dirais même que l’œuvre sera un jour complète, en un seul morceau.

➜ Si l’auteur vient à mourir, pourrions-nous voir un/e autre mangaka reprendre le flambeau ?

Mais quel pessimisme ! Ne parlons pas de malheur ainsi ! Quoi qu’il en soit, il est bien connu que les éditeurs qui ont suivi Oda durant sa longue carrière sont tous au courant des derniers secrets que recèle l’intrigue. Si, en effet, l’auteur venait à se faire frapper par la foudre – ce qui est quand même peu probable, il n’est pas si vieux que ça –, il y aurait bien des successeurs capables de reprendre le flambeau. Après tout, l’un des thèmes les plus importants de One Piece est « la transmission de la volonté par héritage ».

➜ Imaginons le final réussi. Puis, imaginons plusieurs suites publiées juste après. Ces suites ne viendraient-elles pas gâcher 30 ans de lecture ?

Boichi nous a démontré avec son spin-off One Piece épisode A, se focalisant sur le périple d’Ace, qu’il est tout à fait possible de continuer à enrichir l’univers d’Oda sans pour autant toucher à la magie de l’œuvre originale. Pour ma part, je suis ravi à l’idée que la fin de One Piece ne sera que le début d’une nouvelle ère où cette œuvre, passée au rang légendaire, deviendra un terreau fertile pour l’imagination d’une toute nouvelle génération.

➜ La conclusion de Game of Thrones fut décevante, – euphémisme activé –. Les derniers épisodes sont à ce point ruinés qu’il est impossible de conseiller la série. One Piece risque gros. Si son final est foiré, il sera difficile de conseiller la lecture du manga, comme si de rien n’était.

L’échec de Game of Thrones est explicable par plusieurs facteurs. La série Game of Thrones est l’adaptation d’un roman, tandis que One Piece est une œuvre originale. Les producteurs de la série ont clairement déclaré avoir voulu arrêter Game of Thrones afin de se diriger vers d’autres projets, tandis qu’Oda a déclaré que One Piece était l’œuvre de sa vie. Nous ne parlons pas ici d’une franchise contrôlée par le marketing dont le but est de créer le plus de contenu en moins de temps possible, mais bien d’un projet titanesque dans lequel un artiste exceptionnel a mis désormais 27 ans de son existence. Je pense que si One Piece vous plaît, la fin a peu de chance de vous décevoir. Et puis, pour citer Luffy, refusant à Usopp de se laisser dévoiler le secret du One Piece par un pirate légendaire :

Si le papy nous dit quoi que ce soit au sujet du trésor, alors moi j’arrête d’être pirate ! C’est de l’aventure que je veux ! Pas un petit voyage sans adrénaline !

Alors profitons du voyage au lieu de trop se soucier de sa fin !

Car oui, One Piece, ce n’est pas qu’un manga, c’est un voyage ! Il est long et parfois ardu, mais c’est l’expérience narrative la plus satisfaisante disponible chez votre libraire.

Alors hissez la grand-voile !

Pierre Reynders – Illustrations ©Eiichirō Oda

Le Deuxième Acte

4 persos. 1 resto. 1 histoire commune. Il n’en faut pas plus pour Quentin Dupieux. Il a déjà assez pour délirer. Le Deuxième Acte regorge de répliques reflétant l’impertinence créative du réalisateur. Quel bien fou ! Le Français n’en est pas à son premier film choral. Incroyable Mais Vrai entrecroise déjà de curieux protagonistes.

Pour cette treizième œuvre, le cinéaste dépeint un scénario assez banal. Florence est déterminée à présenter l’homme de ses rêves, David, à son père Guillaume. Cependant, David ne partage pas les sentiments de Florence. Dès lors, il concocte un plan pour la dissuader de son affection en la poussant vers son ami Willy.

Encore une fois, je tire mon chapeau. Non pas pour l’effet poupée russe déployé à l’écran, illustrant une histoire dans une histoire. Non pas pour le minimalisme assumé de Quentin Dupieux (peu de décors et personnages, film à la durée très courte, etc.).
Saluons plutôt sa critique d’une société à la fois conformiste et pathétique… car tout le monde y passe ! L’intelligence artificielle. Les acteurs-violeurs. Les artistes moralisateurs et leur hypocrisie. Bref, Le Deuxième Acte offre un moment de répit. Cette bouffée d’air frais est bien plus subversive que n’importe quel film d’un yes man hollywoodien respectant des quotas ethniques. Parlons-en. Cette exécrable méthode est taillée pour s’acheter une bonne conscience.
Oui, on peut rire de tout. Sauf que l’humour noir ne peut satisfaire tout le monde. Chaque individu est sensible à sa manière. Et non, la censure n’est pas un nouveau phénomène.

La liberté d’expression, c’est un immense débat. On avait tendance à dire qu’avant c’était mieux, qu’on pouvait dire plus de choses. C’est totalement faux. Renaud avait ses chansons censurées à la radio. Coluche s’est fait virer d’Europe 1. La censure, il y a en toujours eu, il y a en a partout. Tout le monde peut être plus ou moins touché par la censure. Il ne faut pas faire de généralité. Elle peut venir de n’importe où.Jérémy Ferrari

Je partage l’avis de l’humoriste. Ne voyons pas la censure tel un obstacle. Si les artistes souhaitent rester authentiques, autant considérer les censeurs à l’instar de brebis égarées. Le défi est à surmonter, comme le fait Dupieux.
Alfred Hitchcock avait tout compris. Via Psycho, son honorable thriller, il détourne le code Hays, une censure mise en place par l’institution Motion Pictures Producers and Distributors Association (1934-1966). Selon darchinews, la loi interdisait l’apparition de violence, les scènes à connotations sexuelles, ou les antihéros à l’écran. Le Maître du Suspense filme alors une violence et nudité suggérées. Un tueur poignarde une jeune femme sous la douche. Pour éviter qu’on la voit nue, les spectateurs n’aperçoivent pas un plan rapproché. Hitchcock découpe le corps en une série de gros plans, évitant soigneusement la poitrine. Il en va de même pour le couteau touchant la peau de la femme. Le plan est coupé dans le but de ne pas voir l’arme rentrer dans le corps.

Actuellement, certains artistes se plaignent pourtant d’un climat tendu. Je comprends. Parfois, des voix s’élèvent pour un rien. Emotions et déraisons guident trop d’idiotes personnes. En 2015, la France en paye le prix…

Depuis les attentats de Charlie Hebdo, force est de constater que la liberté de création est de plus en plus mise en péril.Bastien Vivès

Lors de cet attentat, un cap brutal fut franchi. Faut-il abandonner ? Faut-il s’avouer vaincu ? Comme si le dissensus valait moins que la doxa… la vie est trop courte pour se laisser malmener. Qui ose avouer que des dessinateurs méritaient de mourir ?! S’il faut se battre pour qu’on réfléchisse ensemble sur la pratique de l’humour noir, battons-nous.
Le Deuxième Acte est un film au propos intelligent. En cassant le quatrième mur, les personnages questionnent directement notre bienséance, ou plus précisément, le politiquement correct. A présent, que faut-il saisir ? Ce qui nous dérange, la raison de notre malaise.

brunoaleas

LA DURE A CUIRE #108

La Dure à Cuire est un concept né en 2018. Commentons l’actualité rock de la moins douce, à la plus brutale. Puis, écoutons sa playlist homonyme !

Vampire Weekend

Only God was Above Us est un album à poncer. Vampire Weekend mêle mille instruments sans aboutir à la cacophonie. La bande livre là un nouvel origami auditif !

Causa Sui

Causa Sui se donne depuis 2005. Leurs instrus offrent un rock sophistiqué impossible à nier !

Tacoblaster

Comment prolonger l’ambiance des années 90 ? Ecoutez Tacoblaster. Le jeune groupe balance son premier album qui ravira les fans d’une autre époque !

brunoaleas

Porco Rosso

En Italie, durant l’entre-deux-guerres, Marco Pagot, un ancien pilote émérite de l’armée royale italienne, se voit transformé en cochon. Il se reconvertit ensuite en chasseur de primes sous le nom de Porco Rosso. Vivant sur une île déserte perdue dans l’Adriatique, il écoute à la radio son air préféré, ‘Le Temps des Cerises’, en lisant une revue de cinéma. Un jour, les Mamma Aiuto, des pirates de l’air, comptent attaquer un paquebot transportant de l’or. Marco décide d’intervenir pour sauver un groupe d’écolières à bord. S’ensuivent une série d’aventures, de combats aériens et de rencontres avec d’autres personnages hauts en couleur. Le film explore des thèmes tels que la bravoure, l’amitié et l’amour.

La transformation de Marco en Porco

Le réalisateur Hayao Miyazaki choisit de ne pas donner une explication à cette transformation. Néanmoins, les circonstances de la transformation de Marco sont celles évoquées dans la scène clé du film, où Porco raconte une histoire à Fio pour l’endormir. En faisant cela, l’auteur nous invite à imaginer notre propre interprétation des causes de cette transformation.

Dans une interview de 1992, Miyazaki partage des éléments intéressants qui permettent de plus ou moins comprendre les raisons de cette transformation.
Pourquoi donc avoir choisi un cochon comme personnage principal ? Pourquoi illustrer le symbole du capitalisme ? Il l’explique franco.

Il [le cochon] nous ressemble beaucoup ! Quand on est jeune, on est plein d’espoir et l’on pense que l’on sera un héros. Avec l’âge, on se rend compte que l’on n’a pas accompli ce but à cause de l’orgueil, des caprices, des désirs, du goût de la possession.

Revenons à l’instant précis de la transformation. Marco est pilote d’hydravion durant la Première Guerre mondiale. Un jour, avec ses camarades aviateurs, ils se retrouvent à livrer une bataille féroce au-dessus de la mer Adriatique. Durant cette bataille, il perd son équipe ainsi que son ami d’enfance, Berlini. Il se refuse à accepter la perte de son ami qui venait de se marier. C’est à cet instant qu’il a une vision.

Dans cette étrange vision, il contemple les avions ennemis et amis monter au ciel pour rejoindre une étrange procession composée d’avions tombés aux combats. Ce cortège funèbre est si important qu’il forme une véritable Voie lactée.
Quant à Marco, malgré le fait qu’il souhaite échanger sa vie avec celui de son ami, le sort ne le permet pas. Il survit alors à cette terrible bataille. Cet épisode traumatisant peut être considéré comme le tournant de sa vie.

En me référençant aux diverses interviews du cinéaste, concluons une hypothèse. La transformation de Marco en Porco Rosso cause en lui une prise de conscience brutale. En d’autres mots, mourir pour son pays n’a pas de sens. Marco était bel et bien porté par un idéal : tuer et mourir pour son pays. Selon moi, en observant tous ces avions, il s’est rendu compte que toute cette violence n’avait pas de sens.

Porco et Miyazaki

Lors d’une interview, après la sortie du film, Miyazaki décrit clairement Porco Rosso : C’est un film né seulement d’une passion. Puis, il confirme une précision. C’est son seul et unique film personnel. C’est un film qu’il a principalement fait pour lui. Ainsi, il est normal de voir des similitudes entre le personnage principal et le réalisateur.

Le choix de l’Italie sous Benito Mussolini n’est pas non plus anodin. Rappelons que l’artiste était marxiste. Faire en sorte que l’intrigue ait lieu dans l’Italie des années 1929, laisse de la place pour parler du fascisme. Cette thématique est initialement abordée en toile de fond. Le voile est levé lorsque Porco prononce une phrase devenue culte : Je préfère encore être un cochon décadent qu’un fasciste.

Un film aux multiples facettes

Porco Rosso n’est pas simplement un film qui explore l’être humain. C’est aussi un film d’action, d’aventure et d’humour.

L’humour se note à travers le Boss et le gang des Mamma Aiuto. Ces pirates de l’air, plus maladroits que menaçants, rajoutent une touche d’humour à cette œuvre. Que ce soit par leur comportement burlesque ou le fait qu’ils n’arrivent jamais à leur fin, cette bande peu chanceuse arrive majestueusement à faire rire le spectateur.

Le film aborde également la situation des femmes dans l’Italie du début du XXe siècle. On y voit des femmes qui rejoignent les usines pour travailler. Ces dernières sont une main d’œuvre à bas coût. En 1929, l’Italie, tout comme le monde entier, vit une crise économique à la suite du krach boursier de 1929. Miyazaki, via le personnage de Paolo Piccolo, met en évidence l’exploitation des femmes durant cette période. Paolo justifie l’emploi des femmes à la place des hommes par des considérations économiques. En effet, il exploite les femmes car ces dernières perçoivent un salaire moindre par rapport aux hommes pour le même travail. Il prend prétexte de la crise économique pour justifier cette pratique prédatrice, mais en réalité, on est dans la continuité de l’exploitation du prolétariat.

Fortuné Beya Kabala

Vampire Weekend et son nouvel origami

Origami auditif. Ces termes ne viennent pas de moi. Thibaut de Goûte Mes Disques pond ces mots pour définir le nouveau disque de Vampire Weekend, Only God was Above Us. Franchement, le qualificatif est parfait. Les musiciens n’en sont pas à leur première réussite. De fait, leur discographie transpire plusieurs influences : rock, afropop, jazz, baroque… bref, un tas de dingueries sur scène ! Le groupe revendique donc 2 influences : la musique populaire d’Afrique et la zic classique occidentale.

A la base, la bande menée par Ezra Koenig se compose d’étudiants en musicologie. Comme quoi, rester sur un banc et écouter un gus parler encore et encore, ça sert ! Ils décident d’auto-produire leur premier opus, dès l’obtention de leur diplôme. Ce premier album éponyme sort en 2008. Qu’en est-il 16 ans plus tard ? Les New-Yorkais réalisent des chansons ambitieuses, inspirantes et… matures.

Peut-être qu’avec cet album, il s’agit à la fois d’atteindre une vraie maturité, en termes de vision du monde et d’attitude, mais aussi d’aller plus loin dans l’espièglerie. Il y a un amateurisme juvénile en même temps que certains de nos mouvements les plus ambitieux. –Ezra Koenig

La premier titre annonce l’ambiance. ‘Ice Cream Piano’ résume, en plus de 3 minutes, la politique merdique des USA. Ezra Koenig pense sûrement à l’état actuel du monde.
L’Oncle Sam n’est pas très loin. Une idée martèle mon crâne. Une phrase synthétise une volonté américaine, préserver le chaos.

You don’t want to win this war, ’cause you don’t want the peace

Des mots prononcés dans le plus grand des calmes. Ils nous invitent à danser et certifie le caractère philosophique du groupe. La sagesse des vampires se ressent sur quelques morceaux. Et si finalement, en écoutant ‘Hope’, on ne se laisserait pas aller à un faux fatalisme ? The prophet said we’d disappear. The prophet’s gone, but we’re still here, prononce Ezra. Les paroles donnent à réfléchir. Comme si Ezra éclipsait nos doutes, craintes et prises de têtes.

N’oublions pas les instrus de l’album ! Elles sont mémorables. Les minimes et superbes touches de violons sur ‘Capricorn’. L’énergie solaire de ‘Prep-School Gangsters’. ‘Mary Boone’ et son rythme réunissant hip hop et sonorités orientales.
Quant à ‘Connect’, comment nier la succulente et pétillante performance ? Je ne m’ennuie jamais. J’en redemande. Le piano me propulse vers une contrée riche en émotions !

L’origami continue de surprendre. Si Only God was Above Us devient le dernier album du groupe, alors, il peut s’offrir les lauriers d’Euterpe.
Ecouter leurs chansons donne envie de jouer de la musique. En faut-il plus pour aimer une formation aux fascinantes facettes musicales ?

brunoaleas

CySev et l’aliénation

L’avenir appartient aux plus pessimistes ? Les rapports du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat, la montée de l’extrême droite, le capitalisme fou de notre époque… on sue du sang.

Les plus cyniques se moqueront de celles et ceux en plein déni de la réalité. Ils préparent leur plus belle voix. Il suffisait de lire la politologue Hannah Arendt, le linguiste Noam Chomsky ou bien, Aurélien Barrau. Cet astrophysicien ne pense pas pour rien dire. En 2022, il publie Il faut une révolution politique, poétique et philosophique. Il s’entretient alors avec une professeure de lettres nommée Carole Guilbaud.
Ses mots résument l’une de mes convictions. Il faut cesser d’être pessimiste. Imaginons des alternatives à notre système politico-économique !

Il ne s’agit plus de commenter ou de comprendre le réel : il s’agit de produire du réel. Ce qui tue aujourd’hui et avant tout, c’est notre manque d’imagination. L’art, la littérature, la poésie sont des armes de précision. Il va falloir les dégainer. Et n’avoir pas peur de ceux qui crieront au scandale et à la trahison.

Cette citation me rappelle un groupe, plus précisément, une chanson. ‘Takata’ est interprétée par le duo CySev. Son clip affiche les nombreux outils d’aliénation de notre ère : drone, casque virtuel, robots… pourtant, on y contemple une course, embrassade, danse, ainsi que des sourires. C’est en écoutant les paroles qu’on se focalise sur une et une seule question.

Faut-il mettre notre société sur pause pour que tout le monde se rende compte des catastrophes à venir ?

brunoaleas

Le Comte de Monte-Cristo

Un miracle advient ! Un film français est un souffle épique ! Le Comte de Monte-Cristo est réalisé par Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière. L’adaptation du classique de la littérature force le respect. Les cinéastes s’éloignent quelques fois du roman. Mais, ils présentent toujours un protagoniste qui renaît de ses cendres. Edmond Dantès, jeune marin, débarque à Marseille pour s’y fiancer avec Mercédès Herrera. À la suite d’un exploit en pleine mer, on lui promet la place de capitaine. Trahi, il est dénoncé comme conspirateur bonapartiste. Il est alors enfermé au château d’If. La souffrance est au rendez-vous. Son mental sombre petit à petit. Soudain, il s’évade et prend possession d’un trésor caché sur l’île de Montecristo. Il va désormais se venger et retrouver ses accusateurs.  

Comment ne pas ressentir un ennui profond devant une histoire de vengeance ? L’œuvre propose une relecture foutrement bien filmée, affichant des actrices et acteurs talentueux.

Laurent Lafitte incarne la crasse. Ce procureur du roi symbolise un adage clair et net : la fin justifie les moyens. Encore une fois, l’artiste n’a rien à prouver. Son dédain, mépris et indifférence frôlent l’excellence. Son personnage s’observe comme un être abject qu’on aimerait condamner dans les flammes de l’Enfer.

Anaïs Demoustier joue Mercédès, une dame fascinante. Elle semblait être la dernière lueur d’espoir d’Edmond. Malheureusement, lors de son retour à la civilisation, il découvre qu’elle est mariée à un homme peu vertueux.
Lire Dumas, c’est découvrir les nombreuses nuances des passions et relations humaines. Face à sa bien-aimée, Edmond se perd dans la confusion et le doute… des sentiments vécus tout au long de notre vie. Le caractère universel de l’œuvre se résume bel et bien aux dialogues entre Mercédès et Edmond.

Enfin, Pierre Niney porte le rôle principal de main de maître. J’aurais souhaité le voir partager plus de moments avec l’abbé Faria, son mentor et aide divine. Alexandre Dumas rédige des instants poétiques, d’une sagesse folle, lors de leur rencontre à la forteresse. Le film met de côté ces passages si beaux.
Le scénario demeure tout de même pertinent. La transformation d’Edmond en Monte-Cristo. Ses alliés et ennemis. Sa soif de justice. Tant d’éléments font de ce personnage l’un des meilleurs, toute fiction confondue !

Monte­-Cristo n’est pas un Robin des bois, c’est quelqu’un qui a tout l’argent du monde, mais il ne le donne pas. Il le consacre à sa vengeance. C’est un héros totalement moderne dans cette dimension individualiste, égoïste. Matthieu Delaporte

brunoaleas