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Feu! Chatterton – L’Oiseleur
J’ai toujours cru en Feu! Chatterton. J’attendais avec impatience le retour de ce groupe français. Ici Le Jour (a tout enseveli) faisait partie de mes extraordinaires découvertes de 2015 et me prouvait que la variété française existe toujours.
L’Oiseleur, leur second opus, équivaut à un retour plus que réussi. Mention honorable aux coups de communication qui annonçaient les futurs clips réalisés de main de maître.
Sale Gosse Interview
RIEN N’EST REVOLU !
Sale Gosse ravive un feu punk qui était nécessaire en nos terres belges. Ce trio familial jouait à La Zone, où tout leur talent de musicien s’était déchaîné. Intervertissant leurs rôles sur scène, le show était puissant. DRAMA les rencontre pour discuter rock, Liège, famille et désordre !
Sacralisez-vous Iggy Pop ? Si oui, pourquoi ?
Maman : J’ai très vite été séduite par Iggy Pop quand j’étais jeune à Lille. C’était un de mes premiers concerts et j’étais fascinée. Je ne m’attendais pas à ce qu’il déballe tout le matos. J’adore Iggy Pop et je suis contente qu’il soit encore vivant.
Surtout après tout ce qu’il a pris.
Randa : Oui c’est ça. Les autres sont tous tombés comme des mouches mais lui est encore là.
Maman : J’étais beaucoup plus fan des Stooges à l’époque mais ce qu’il a fait à côté, dont ses collaborations, je trouve ça fun.
J’ai écouté l’album Pop Post Depression où il joue avec Josh Homme et j’ai trouvé la fusion des deux géniale.
Randa : Et n’oublions pas aussi sa collaboration avec Michel Houellebecq.
Maman : Et Peaches, B-52’s, David Bowie et même avec Catherine Ringer des Rita Mitsouko.
Est-ce que vous aspirez à être comme lui ou vous vous en foutez complètement ?
Maman : Nan, nan.
Randa : Il fait du tai-chi, je fais du yoga donc la ressemblance s’arrête là.
(rire)
Quel est le truc le plus rock que vous ayez fait ?
Randa : Moi j’ai été au lit hier soir sans me brosser les dents.
(rire)
Maman : Le premier concert que j’ai fait avec mon groupe de filles quand j’avais 20 ans. J’ai fini à l’hôpital parce que j’avais glissé à cause de chaussures à la con qui ne m’aidaient pas à marcher. Je m’étais faite très mal.
Ah la maladresse.
Maman : C’était rock and roll.
Lino : Le groupe dans lequel je suis est je pense la chose la plus rock and roll que je fais.
Randa : Prendre un instrument et faire de la musique, c’est déjà rock and roll en soit. Ca dépend aussi de ton milieu, ton âge, ton genre et ta famille. Mais rien que le fait de se dire qu’on veut faire de la musique, c’est un acte rock.
Maman : Finalement, en ce qui nous concerne, la création du groupe est vraiment le truc le plus rock.
Randa : Malgré les impossibilités ou improbabilités.
Aviez-vous déjà fait de la musique avant Sale Gosse ?
Maman : Avec mon fils Lino on était dans groupe nommé Me And My Fucking Mum.
(rire)
Maman : On a 15 ans de différence tous les trois et continuer à jouer ensemble reste un bel exploit.
Randa : Au sinon, samedi passé j’ai craché de la bière sur Animal Youth et c’était bien rock.
Ils vont se venger.
Maman : Nan, ils sont cool.
Quels sont les avantages et inconvénients de faire de la musique en famille ?
Lino : L’avantage c’est qu’on se connaît déjà de base.
Maman : Qui a envie de jouer avec sa mère ?
Tout dépend à quel type de mère on s’adresse.
Randa : L’avantage c’est d’être tombé sur une famille existante vu j’ai été adoptée.
C’est une belle image d’un groupe.
Maman : Oui. Je pense que ce sera de plus en plus à la mode. Parfois, des personnes après nos concerts viennent nous trouver pour nous dire qu’elles aussi jouent avec des membres de leurs familles. Mais elles n’ont pas passé le cap, et nous on l’a fait.
Quel cap ?
Maman : Celui d’aboutir à former un groupe et de faire vraiment de la musique dans les règles de l’Art. J’ai commencé avec Lino dans Me And My Fucking Mom, puis il voulait que je le lâche jusqu’au moment où il a craqué dès l’arrivée de Randa dans la famille.
Pourriez-vous me décrire Luik Records et l’apport de ce label après y avoir signé?
Randa : On n’a rien calculé. Au début, on avait fait une démo de 3 titres qu’on jouait dans des bars. Elle était aussi postée sur Soundcloud. Quelques jours plus tard, Damien Aresta, avec qui j’avais déjà bossé par le passé, me contacte pour signer sur Luik Records. Il nous a trouvé des dates , dont une tournée en France, et apporté une aide pour l’enregistrement d’un EP.
Maman : Il a fait le papa.
Ordre ou désordre ?
Maman : Désordre. Putain c’est vaste le désordre. Je suis une fille assez désordonnée. Rien que l’endroit où l’on répète est un amoncellement de plusieurs choses. C’est tout petit chez moi et c’est toujours le bordel.
Lino : Je choisi « désordre ». J’aime surtout un désordre où j’arrive quand même à m’y retrouver. Appelons cela « un désordre ordonné ».
Randa : Ordre. Je suis passé par la case « désordre » et c’est casse-tête. Maintenant je suis obligée de choisir l’ordre malgré moi. Il le faut pour me simplifier la vie. L’ordre mène à une énorme tranquillité. Il t’arrive tellement de merdes au quotidien que si on devait choisir le « désordre », ce serait encore pire. C’est en cultivant un minimum d’ordre que tu arriveras à bien naviguer d’une manière ou d’une autre.
Maman : J’ajouterai que le rock and roll est parfois désordonné.
Si vous jouez comme des pros, vous serez ordonnés.
Randa : Ouais mais tu ne nous as pas encore vu.
(rire)
Randa : On en reparlera après le set.
The Beatles ou The Rolling Stones ?
Lino : Beatles. Tout est une question d’affinité. J’ai toujours été attiré par eux. J’aime leurs compositions même si leurs paroles ne sont pas toujours très recherchées. J’ai toujours trouvé les Beatles plus intéressants que les Stones.
Randa : Stones. J’aime leur coté sex-appeals même si ce sont des Anglais qui ont copié le style de musique des afro-américains. J’aime leur ambiance bluesy.
Maman : Je dirai les deux. Je suis la plus vieille et j’ai connu les deux.
Les as-tu vu en concert ?
Maman : Non pas du tout. A choisir, j’aurais vraiment voulu voir les Beatles. Quant aux Stones, quand j’avais vu à la télévision Keith Richard taper un fan avec sa gratte parce qu’il montait sur scène, j’avais trouvé ça dégueulasse.
Nirvana ou Guns N’Roses ?
Maman : Nirvana.
Lino : Nirvana.
Randa : Guns N’Roses !
(rire)
Randa : Je vote les Guns juste pour Axl Rose car c’est un sketch ce mec.
Lino : Et Kurt Cobain n’est pas un sketch.
Randa : Nan mais Kurt Cobain c’est autre chose. J’ai grandi avec MTV qui diffusait les deux groupes mais j’ai plus de souvenirs colorés et comiques d’Axl Rose. Il a quand même réussi à séduire Stephanie Seymour.
Lino : Mais ça on s’en fout.
(rire)
Maman : J’ai commencé la musique dans les années 90 avec une Américaine qui avait amené tout ce bagage grunge chez moi, en Lorraine. Je trouvais ça génial. Les Guns N’Roses sont trop surfaits pour moi.
J’ai l’impression que Nirvana s’était fait dépassé par leur succès. Est-ce que vous pensez que vous perdriez les pédales si le succès vous dépassait ?
Lino : Si on atteignait le même succès qu’eux, on deviendrait dingue.
Randa : Je pense qu’il faut remettre les choses dans leurs contextes. A l’époque, l’effervescence du rock indépendant et du rock grunge avait formé tout un mouvement récupéré par le mainstream. Aujourd’hui, ça ne nous arrivera pas parce que si on voulait que le succès nous rattrape, on ferait du rap. En ce qui concerne les succès à grande échelle, le rock est devenu démodé.
Maman : Pas en famille.
Randa : On restera dans une espèce de niche et ce n’est pas plus mal.
Maman : De toute façon, c’est chiant d’être connu.
Randa : Même si avoir son Tour Bus… C’est quand même la classe.
Bruxelles ou Liège ?
Maman : Bruxelles !
Lino : Bruxelles. J’ai toujours vécu là-bas. Même si Liège est très cool. J’ai toujours apprécié les moments où j’y étais.
Qu’aimez-vous le plus à Liège ?
Randa : Je trouve que les Liégeois sont les gens les plus méditerranéens de toute la Belgique. Il y a un vrai laisser-aller ici.
Maman : Je suis née à Dunkerque et Liège me rappelle vachement l’ambiance chez les Ch’tis. Les gens sont simples et hyper humains.
Randa : Rien qu’au marché de Noël liégeois, j’étais stupéfaite de voir à quel point les gens transpiraient la bonne humeur. A Bruxelles, ce n’est pas pareil. Les Liégeois sont plus accueillants. Cependant, mon cœur reste attaché à Bruxelles parce que c’est ma ville et que je l’adore.
Grande salle ou petite salle de concert ?
Lino : Petite !
Randa : On a déjà joué dans une douche, devant 10 personnes, et c’était un de nos meilleurs putain de concert. C’était génial.
Comment est-ce que c’était de jouer au Reflektor ?
Lino : J’avais bien aimé.
Randa : Je trouve que ce n’était pas un des meilleurs qu’on ait fait. On jouait avec Monolithe Noir ce soir-là. Cette soirée était organisée par Luik Records et on s’est retrouvé avec Monolithe Noir sur l’affiche, un artiste à l’opposé total de notre style de musique. A cause de cette énorme différence, il n’y avait pas beaucoup de gens.
Jouer en studio ou en live ?
Lino : Jouer en live.
Randa : Live.
Maman : Live.
Randa : Le studio c’est chouette mais ce n’est pas pareil. Les deux sont très chouettes.
Où naissent vos chansons ?
Randa : A la maison. Ta journée en studio peut te coûter 400 balles voir plus et c’est sûr qu’on n’est pas les Rolling Stones qui dormaient dans leurs studios, en fêtant et travaillant jour et nuit. C’était un vrai espace de création pour eux. Aujourd’hui, vu les prix, on a intérêt à avoir terminé le morceau avant de rentrer chez soi.
C’était une autre époque.
Randa : Ouais… L’âge d’or est loin derrière nous.
Maman : Mais faire du rock and roll est encore possible même avec très peu de choses. Notre studio est fait de briques et de broc, 10 mètres carrés d’instruments.
Randa : C’est rudimentaire.
Dormez-vous sur vos instruments ?
Lino : Exactement.
Randa : Maman oui. Elle se réveille le matin avec des amplis sur la face.
DRAMA
Interview faite le 21/11/17
Photos ©Alexis Docquier – La Zone, Liège
Lumières mystiques Part 2
Bagarre Interview
LE CLUB
Bagarre sort du lot avec des textes à la fois simples, efficaces et surréalistes, ornementés d’une instru directe et frontale. DRAMA reçoit l’aide de Pauline Wathelet pour une interview centrée autour d’un des groupes français des plus extravertis !
Est-ce que vous pensez qu’une petite bagarre vaut mieux qu’un dialogue parfois ?
Le dialogue ? On ne connaît pas… En fait, plus sérieusement, il n’y a pas de petites bagarres. Nous, on passe notre temps à mener des bagarres avant tout contre nos blocages, ou ce qui nous coince dans nos vies. C’est ce qu’on essaye de faire aussi musicalement, en faisant s’entrechoquer différentes influences musicales très variées, en donnant la liberté de les faire dialoguer entre elles, les mélanger. C’est en zonant sur SoundCloud qu’on est aussi arrivé à composer comme cela, en allant chercher plein de musiques différentes. Aujourd’hui, il n’y a plus vraiment de frontières, on peut vraiment tout écouter. Internet est super inspirant pour nous, même central dans notre processus créatif où on va chercher des influences très variées et parfois assez underground, de la ghetto house à la funk. Avec le temps qu’on passe aussi devant des écrans et la façon dont on communique avec les gens, Internet a pris une place de fou dans nos vies, dans nos intimités, et ça donne aussi envie d’en parler dans nos chansons. Il y a un morceau dans notre album CLUB 12345 qui s’appelle « La Vie C Nul » et qui parle d’un mec qui reste devant son ordi et tombe amoureux d’une X CAM par exemple. C’est aussi un lieu assez libre où la parole se libère ou se lâche, où il y a autant de dialogues improbables que de clashs à la con…
Le look semble important dans vos clips. Suivez-vous une mode ou un styliste en particulier ?
Ouais être bien sapé, avec nos chaînes, nos survets, c’est important pour nous. Déjà parce que c’est grave cool et aussi parce que dans Bagarre, on devient autre chose que ce qu’on est. On s’invente tous les cinq : c’est pour ça qu’on a créé ce lieu qu’est le CLUB 12345, où l’on projette toutes nos envies, nos fantasmes et nos pseudos. Tout ça nous permet d’être réellement nos personnages, de dire certaines choses qu’on n’oserait pas dire, de faire des choses qu’on n’oserait pas faire.
Quel est l’album français qui vous a le plus marqué l’esprit ?
Notre playlist sur Youtube ! On écoute plus vraiment d’album en entier. La musique qu’on fait est vraiment composite… Comme la façon dont ton écoute la musique, track par track, avec plein de trucs différents.
La chanson « Béton Armé » fait référence aux attentats du Bataclan et à l’état d’urgence que vit la France depuis ?
Clairement. Il y a eu après les années 2015 et 2016, une envie de faire retour sur ce qu’on avait vécu. C’est vrai que les attentats du 13 novembre ont vraiment eu lieu là où on habite, dans notre quartier, là où on passe tous les jours. On avait envie, besoin de parler de ce qui s’était passé, des attentats de janvier 2015, puis de novembre, puis de Nice… Quand on a commencé à écrire l’album à l’été 2016, on a beaucoup parlé de ces événements, alors on a voulu l’évoquer dans nos chansons, et être capable d’en dire quelque chose. On a essayé de se saisir de ce moment où tout est un flou dans ta tête, ou bien trop dense. Ce moment où les images et les mots s’enchaînent et tu comprends pas vraiment ce qu’il se passe, ou ce qu’il va se passer. C’est un peu cet état là qu’évoque « Béton Armé », tout en étant toujours tourné vers la danse, comme une réponse première à la noirceur.
Comment définiriez la ville de Paris ? Elle a une place assez particulière dans vos chansons. Paris danse entre mélancolie et fête pour vous ?
Paris est une inspiration permanente, par sa brutalité, la solitude qu’elle implique, son mouvement. C’était le thème de « Ris Pas » sur notre EP Musique De Club. Mais Paris nous inspire surtout l’inverse. La ville pousse aussi les gens les uns sur les autres au bon sens du terme, et le club, que ce soit un appartement avec des potes, un bar bondé, un hangar à Bobigny ou une vrai boîte, c’est toi qui le crée, c’est où tu veux. C’est une réponse à la semaine comme la nuit libre est une réponse à la journée. C’est le moment où tu te sens libre d’être plus toi, de casser des barrières. Le Club est un lieu de contact, où se crée vraiment des liens, dans la nuit, dans les basses. Où l’on va pour des raisons qui sont à la fois les mêmes et différentes pour tout le monde. C’est là où tu vas vivre plus fort. Et nous, en tant que groupe c’est vrai que depuis quelques années on a pu grâce à des collectifs comme nos potes Fils de Vénus (ou plein d’autres) voir la nuit changer : on voit des groupes lives à 2h du mat’, c’est moins cher. La nuit est vachement plus diverse et ouverte qu’avant et c’est trop bien !
DRAMA et Pauline Wathelet
Interview faite le 13/02/18
Albert Hammond Jr. – Francis Trouble
ACCROCHEUR AS FUCK
Albert Hammond Jr. m’a complétement surpris.
Francis Trouble, son quatrième album, explore un thème extrêmement personnel: la mort-né de son frère jumeau nommé Francis. L’opus s’inspire de l’impact de cet évènement lié à la vie du guitariste américain. Il symbolise également un hommage à ce membre de la famille qu’il n’a malheureusement pas connu.
Quand Tame Impala vend son âme au diable
Qu’est-il arrivé à Kevin Parker? Le chanteur et tête pensante du groupe australien Tame Impala vient de coopérer avec ZHU sur un nouveau morceau nommé « My Life ». On savait que le groupe oscillait vers une musique pop, fan également d’une certaine Britney Spears, mais de là à nous produire un son aussi vide de sens, ça ne pouvait s’imaginer.
Lumières mystiques Part 1
Tunic au Garage
Winter comes. Le Soleil n’avait plus l’air d’être de mise en Belgique. Dans le pays de la frite, les 10 heures de Soleil de l’entièreté du mois de décembre 2017 faisaient pâlir tout ceux qui voulaient leur vitamine D.
Heureusement que les concerts rock ne manquent pas à Liège. Il me fallait une dose de musique bien brutale, à l’image de ce climat qui n’épargnait personne.
Mon souhait exaucé grâce à PopKatari, je me retrouvais au Garage (Liège) pour assister au live de tunic, un trio provenant de Winnipeg.
Soldout Interview
PLUS FIN QUE JAMAIS
Soldout, duo belge composé de Charlotte Maison et de David Baboulis, évoluant d’album en album vers un style électro très épuré et enflammant toute piste de danse.
DRAMA, fan du groupe depuis l’enfance, s’adresse à Charlotte afin de discuter Forever, Blade Runner, Goose ou défi musical.
Quel est la différence majeure entre le Soldout du premier album comparé à celui de maintenant ?
On a évidemment beaucoup évolué au long de ces 5 albums. Notre premier album est sorti en 2004, donc ça fait longtemps, c’était le tout début, on l’a écrit plus vite, il a un côté plus jeune, donc plus simple et un peu plus rock. Beaucoup de gens nous parlaient d’un côté un peu punk à ce moment-là. Maintenant, on est plus dans la finesse de la production, ça nous intéresse d’expérimenter, donc au fil des années, on a plus travaillé la mélodie, et la production du son.
Avant la sortie de Forever, avez-vous trouvé de nouveaux plaisirs à jouer avec des machines pour créer des sons ?
Oui, on essaie de changer un peu de synthés à chaque fois. La technologie avance très vite, donc sur ordinateurs il y a des nouveautés chaque année. On essaie de rester à jour, et d’expérimenter avec ce qu’il y a de neuf, même si on utilise toujours des grand synthés classiques, comme le Minimoog, le Korg Ms20, et le SH 101.
Comment s’est passée votre collaboration avec Goose ?
Ca s’est passé très simplement. On se connaissait un peu, on savait qu’on s’appréciait mutuellement, donc on les a contacté pour faire un titre ensemble. On leur a envoyé plusieurs démos, et ils ont flashé sur la démo de « Do It Again ». La ligne de basse était déjà là, mais il manquait tout le reste. On est allé deux jours entiers dans leur studio à Courtrai, à triturer des synthés, à tester des sons, des accords. Il sont très bons, et jouent pleins d’instruments, donc c’est cool pour nous de voir comment un autre groupe fonctionne. J’ai testé des voix sur place, puis on est rentré chez nous à Bruxelles avec toute la matière sur un disque dur. Il a fallu encore pas mal de temps à David pour tout trier, choisir les sons, faire un structure logique avec tout ce qu’on avait fait. En quelques semaines, il leur a envoyé le résultat, et ils étaient emballés.
Comment s’est passée votre tournée en Chine et quel en est votre meilleur souvenir ?
L’accueil du public! Ils ne nous connaissaient pas, mais ils étaient à fond dans la musique, et on a pu parler avec certains après les concerts. On adore jouer devant un nouveau public, dans des petites salles, dans des pays lointains. Nos meilleurs souvenirs sont sans doute les concerts à Xiamen, et Chongqing. Chongqing est une ville énorme de 20 millions d’habitants, on avait l’impression d’être dans Blade Runner… Et vu qu’on est assez fans de science-fiction, c’est clair que là-bas, les paysages urbains étaient vraiment incroyables à voir. Xiamen est un ville côtière, dans le Sud, c’était plus chill là-bas. Il faisait beau, c’était plus « une ambiance relax », totalement l’opposé de Chongqing! Mais on a adoré ces deux côtés très contrastés de la Chine.
Blade Runner 2049 est sorti au cinéma cette année, ce qui nous rappelle l’énorme influence qu’a eu Vangelis sur la musique électro. Est-ce qu’il en va de même pour votre musique ? Si votre réponse est non, y a-t-il un autre artiste qui vous a beaucoup influencé ?
Ah ben c’est drôle, j’ai cité Blade Runner dans la question précédente, sans savoir que tu allais en parler. David a beaucoup écouté Vangelis, il a aussi écouté Klaus Schulze, The Orb, mais aussi Front 242, et bien-sûr, Depeche Mode. Je pense que l’influence de tous ces groupes est claire dans notre musique, même si notre dernier album Forever sonne un peu moins 80s. Moi je suis un peu plus jeune, donc je suis plus années 90, j’ai écouté PJ Harvey, Catpower, No Doubt, Madonna, et des groupes plus instrumentaux comme Mogwai et Sigur Rós. Aujourd’hui, on écoute vraiment de tous les styles de musique, mais moi j’ai quand même une petite préférence pour ce qui est un peu dark 🙂
Y avait-il un défi particulier à relever pour ce nouvel album ?
Le défi est toujours le même, ne pas se répéter et toujours avoir envie. On est content du résultat. Ce n’est pas facile de se retrouver devant une page blanche, il y a toujours un moment où on risque de commencer à tourner en rond. Je pense qu’à ce moment-là, on aura envie d’autre chose.
DRAMA
Interview faite le 15/01/18
Photos ©Dominique Houcmant/Goldo – Reflektor, 30/03/17
Dead Sullivan Interview
YouTube, c’est merveilleux. De nos jours, la musique n’a aucune frontière. Drama découvre Dead Sullivan sur le média incontournable. Lorsqu’il écoute le groupe pour la première fois, il fut tellement détendu. Leur ambiance lui rappelait les sons d’Elliott Smith. C’est peu dire !
Avez-vous appelé votre album Imbecile en référence au sentiment d’être un idiot quand on est amoureux ?
Ça devrait être en référence à se sentir comme un idiot, pas forcément à être amoureux, mais plutôt pour toute sorte de relations. C’était à l’origine le nom du deuxième morceau de l’album. Mais quand j’ai créé la couverture et que j’ai écrit imbecile sur sa tête, je me suis dit que ça marchait mieux parce que beaucoup des chansons partagent une atmosphère lyrique similaire, étant surtout à propos des relations avec les gens qu’on a autour de nous et comment parfois, ils nous font se sentir idiots.
J’ai remarqué des atmosphères intimes et douces dans vos morceaux. Comment et où composez-vous ?
Je fais tous les enregistrements dans ma propre chambre, du coup, il y a beaucoup de bruits ajoutés par inadvertances, mais ça rajoute une texture à la musique que j’aime bien. J’ai aussi un chien qui ronfle très fort donc si vous écoutez attentivement vous pourrez peut-être l’entendre ronfler, ou m’entendre lui dire de la fermer. La majorité de la musique que j’écoute est plutôt lofi alors je n’ai jamais eu l’impression que c’était fatalement nécessaire d’avoir un équipement d’une grande qualité pour faire de la bonne musique. J’essaie toujours de rendre mes morceaux aussi bons que possible, mais je travaille mieux dans mon propre espace donc je trouve l’ambiance bienvenue.
Quelles sont les plus belles choses pour un musicien qui vient du Texas ?
Je suis né à Dallas et j’ai vécu au Texas toute ma vie alors je ne connais pas grand-chose d’autre. Mais Dead Sullivan a récemment fait une tournée à travers l’Arkansas et le Tennessee. J’ai eu l’occasion de rester dans quelques maisons montagnardes, alors c’est vrai que j’aurais bien voulu qu’il y ait plus de montagnes ici aussi. Mais j’aime toujours vivre au Texas même si ça devient extrêmement chaud parfois. À Denton, il y a aussi une bonne scène DIY (électro artisanale) pour la musique, ce qui est une belle qualité de l’endroit où je vis parce qu’il y a beaucoup d’opportunités pour regarder ou faire des spectacles.
J’aimerais savoir. Tu as sûrement que tu qualifies de meilleur album de 2017.
Je me suis récemment intéressé au groupe Slint et à leur album Spiderland. J’aime l’intensité de leur musique émotionnelle et instrumentale. Elle est très unique. J’écoute souvent de la musique plus lente et douce. Je suis content d’avoir trouvé quelque chose de plus lourd qui me plaise. J’admire vraiment Dave Pajo, le guitariste de Slint, et tous ses projets complémentaires.
Est-ce que la musique est un remède à tout dans ta vie ?
Non je ne pense pas qu’il y ait un remède à tout mais c’est agréable de faire quelque chose et d’en être fier. L’art a tendance à rester une distraction saine ou un hobby pour beaucoup de gens. Mais si tu t’y prends sérieusement et si travailles dur, ça commence à développer un sens plus profond pour toi et, espérons-le, pour les autres. Ce qui motive le plus, ce qui donne le plus envie de continuer, est de savoir qu’il y a des gens là, ayant la volonté de t’écouter, de te supporter.
Quel est ton endroit de rêve pour faire un grand concert ?
Nous n’avons pas eu l’occasion de jouer au-delà du Sud. Ce serait super de voyager et de jouer plus dans le Nord-Est. On a surtout fait des spectacles intérieurs et je pense qu’on apprécie vraiment tout endroit où les gens sont juste heureux d’écouter des concerts.
DRAMA – Interview réalisée le 21/01/18
Detachment
Une personne que j’apprécie beaucoup m’avait conseillé de visionner Detachment (2011). Dès que j’ai appris que Tony Kaye était à la réalisation, la pensée de m’émerveiller devant cette œuvre n’était pas impossible. De fait, le cinéaste m’avait déjà énormément bluffé grâce à American History X (1998) : véritable leçon de vie, au scénario digne d’un pamphlet contre le racisme.
A la différence de American History X, ce deuxième long-métrage est beaucoup plus métaphysique en ce qui concerne ses propos. Il raconte certes les diverses vies estudiantines, les galères liées aux professeurs et la dure réalité qui se cache derrière les lumières de la ville, néanmoins, ses thèmes sont bien plus universels et complexes qu’il n’y paraît.