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Metaldays 2019

Je vais vous compter mon séjour en Slovénie, dans la vallée isolée de Tolmin. Au cœur d’un festival unique en son genre : les Metaldays !

Lundi, notre arrivée est marquée par une longue marche sous un soleil de plomb (qui perdurera tout le séjour). Le camping est immense et espacé, mais ne contient que deux malheureux arbres. On comprend mieux pourquoi les bois alentours sont colonisés par les tentes !

Voyageant avec une autre fille, on décide de chercher le camping réservés aux filles. Mais on se rend compte, au bout de quatre demandes de renseignements aux gardes, que ceux-ci ignorent où ce dernier se trouve. Ce camping est-il inexistant ? Fatiguées, et accablées par ces 35°C, nous nous résignons à planter notre tente à un endroit au hasard.

A 20h, nous entendons While She Sleeps depuis la rivière Soca, longeant tout le festival.

23 heures, Arch Enemy retentit. Fan nostalgique de la période où Angela Gossow assurait le chant, le show me laisse une impression d’inachevé. Pas de grande présence scénique, pas de grande interaction. Et dans les yeux des musiciens, nulle trace de plaisir ou d’amusement. Michael Amott surtout, à l’air usé, éteint… tenant péniblement sa guitare.

A cela s’ajoutent de nombreuses imprécisions rythmiques. Un peu plus tôt dans la journée, le groupe annulait sa séance de dédicaces à la dernière minute, sans une explication.

Le lendemain, je suis réveillée par une chaleur écrasante qui s’immisce doucement dans ma tente, dont j’ai décidé d’orienter l’entrée vers le nord. Tirée du lit (ou plutôt du matelas gonflable) à 7h30, je décide d’aller goûter aux joies de la baignade dans l’eau limpide de la Soca.

Les abords de la rivière font chuter la température. Passer de 36°C à 16°C nous fait le plus grand bien. Je plains sincèrement les personnes vêtues intégralement de noir… L’eau des deux rivières avoisinantes (la Soca et la Tolminka) ne dépassent pas les 10°C. Un peu de courage, et hop, nous voici au milieu de licornes gonflables.

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Nous décidons de manger de la pizza. 4€ la part près de la mainstage, 8€ la pizza entière près de la deuxième scène. Le choix est vite fait. Cette pizza artisanale nous tiendra fraîches toute la journée.

Milieu d’après-midi, je décide d’assister au concert des compatriotes de Reject the Sickness. Ne connaissant pas du tout la musique du groupe formé en 2010, je m’approche de la scène, un peu hésitante. Mes oreilles repartent plus que satisfaites, nourries d’un son lourd et mélodique aux accents thrash. La voix de Guy Vercruysse me rappelle beaucoup celle de Jean-Philippe Sonnet, chanteur d’Exuviated (encore des Belges).

Sur la main stage, la frontwoman d’Infected Rain nous attire instantanément. Le groupe propose un metalcore sans concession et revendicatif, très agréable à écouter.

Suivra à 20 heures le très attendu concert de Rise Of The Northstar. Immédiatement, une violence brutale s’installe tant sur scène que dans le public. Les Français ont réussi à créer une musique à nul autre pareil, avec des codes propres, et cette originalité se ressent aussi dans le show, prenant.

Peu après, sans savoir à quoi m’attendre, je me rends au concert d’Architects. Je ne connais pas leur musique, mais tout le monde autour de moi m’a conseillé d’aller les voir. Je m’exécute donc sagement. Après 1h20, le bilan est clair : même si leur musique ne m’a pas attirée, leur show était haut en couleurs à tout point de vue. Bémol : le chanteur est peu charismatique, et on dirait qu’il va cracher un poumon à chaque note. Amatrice de growl, je me demande pourquoi le groupe n’a pas davantage recours au chant clair, qui ajouterait quelque chose à un style déjà très mélodique mais assez indéfinissable, associant metalcore, post-hardcore et deathcore. Au vu du jeu de lumières impressionnant, pour assister à un concert des Anglais, mieux vaut ne pas être épileptique. En résumé, lors de leur concert, c’est tout mon corps qui est pris par les basses et la technicité du batteur.

Jour 3. Le réveil est rude. Prise d’un mal de nuque (ça m’apprendra à headbanger), je décide d’aller explorer la zone des massages, et découvre avec effroi le prix de l’activité : 15€ les dix minutes, 40€ les trente minutes. A ce prix-là, je préfère encore ne plus headbanger.

Même constat pour le tant attendu tournoi de lancer de haches : 12,5€ l’heure.

Je recule et décide de me contenter de repos au soleil. Evidemment, comme 99% des personnes présentes ici, je repartirai avec des coups de soleil. L’après-midi passe à une vitesse phénoménale.

Je regarde Kalmah et Kvelertak sur la main stage, et n’en retire rien. Les deux groupes me laissent de marbre. Ils ne sont ni exceptionnels, ni mauvais…

En me plaçant sur l’immense talus bordant la main stage, j’assiste au concert de Rotting Christ dans une autre perspective. Une énergie indescriptible se dégage sur la plaine, dans ce qui se rapproche d’une messe noire. Malgré cet aspect sombre, le chanteur interagit beaucoup avec le public au cours d’un show complet intégrant des effets pyrotechniques. Je n’en attendais pas beaucoup, et je repars en direction de ma tente en ayant pris une claque ! Si, comme certains le pensent, le metal est la musique du diable ; alors Rotting Christ est le diable en personne ! Le concert est déjà fini, et je ne l’ai pas vu passer.

Trente minutes après, je reprends la même place. Enchaîner après une telle ambiance sur un groupe comme Dream Theater peut sembler risqué, voir étrange. Déjà présents en 2015, les cinq musiciens reviennent en force au cœur de la vallée de Tolmin. Le show débute, et devient immédiatement époustouflant, avec des musiciens qui s’amusent visiblement. Le batteur, Mike Mangini, fait sonner et « groover » sa batterie, étant un pilier à part entière d’une musique technique et recherchée. Il convaincra même les plus fervents adeptes de l’ancien batteur, Mike Portnoy.
Dans ce concert, rien de lassant, chaque morceau étant radicalement différent du précédent. Aucun musicien n’est occulté ou mis sur un piédestal.
Quand les premières notes d’ « Illumination Theory » retentissent, mon ventre se soulève, et l’émotion me submerge. Une fine pluie tombe sur des milliers de mains levées, se balançant de gauche à droite, et quelques gouttes, que je le veuille ou non, ruissellent sur mon visage.
On reproche souvent à Dream Theater d’avoir pris la grosse tête. Cela ne se voit pas sur scène. J’ajouterais que quand on atteint un tel niveau d’osmose entre musiciens et de perfection technique, un peu de prétention est pardonnable.

Jour 4. Aujourd’hui, je suis bien décidée à découvrir de nouveaux groupes. Je m’installe donc confortablement devant la new forces stage.

L’après-midi commence avec les français de Lurking, qui produisent un death metal mélodique puissant et précis. Le groupe plus que prometteur était venu défendre leur premier album, Betrayed. Le groupe à chanteuse et inspiré de Lovecraft est parvenu à attirer un certain public. Le soleil harassant n’a pas empêché les curieux de s’amasser petit à petit.

Immortal Shadow poursuit avec un blackened death peu convaincant. Le groupe me fait penser à un Dark Funeral discount et techniquement inabouti. Je ne chercherai pas à les revoir.

Suivent les Slovènes de Captain Morgan’s Revenge, venus défendre un hard rock mélodique et lourd à l’influence punk très nette. Un concert sans prétention mais convaincant, donc.

Je me déplace vers la main stage pour assister au concert de Bloodshot Dawn, et je ne trouve rien d’exceptionnel. Au bout de 30 minutes pénibles, le groupe laisse l’impression de jouer une musique trop technique pour eux. Même si la deuxième partie du set est un peu plus énergique et mélodique, et que le groupe possède un excellent guitariste soliste, Bloodshot Dawn est un groupe de death comme il en existe des milliers. Un peu plus tard, lorsque je me déplacerai sur la deuxième scène, située au milieu des bois, j’assisterai à un death metal beaucoup plus maîtrisé de la part de Skeletal Remains.

Je sacrifie Soilwork et Hypocrisy, me disant que je pourrai les revoir quand bon me semblera.

Les Anglais de Liquid Graveyard, qui suivent Skeletal Remains sur cette même scène, sont bien au point, offrant un death metal progressif carré et mesuré, aux influences grindcore. On voit tout de suite qu’ils savent ce qu’ils font, sans en faire trop.

Sur la new forces stage, Swarm of Serpents me transcende avec un black metal maîtrisé, précis et puissant. Je les reverrais avec plaisir.

Arrive le concert tant attendu du mythique Gaahl, avec sa formation, terme qui prend tout son sens, puisque Ghaal se met énormément en avant, laissant ses musiciens (bons par ailleurs) de côté. Ghaals Wyrd offrira finalement un show monolithique, froid, tant au niveau de la musique que de l’interaction avec le public. Une chose effleure mon esprit : le silence quasi-religieux dont fait preuve le public. Comme si cette grande figure du black metal n’avait désormais plus rien à prouver, plus rien à faire, sinon à être écoutée sagement. Je ne suis pas de cet avis : un groupe, un artiste, pour mériter son public, doit chercher à se renouveler, lui prouver qu’il sait qu’il est là et qu’il est reconnaissant de sa présence. En ce 26 juillet 2019, Ghaal semblait fatigué, usé, désabusé. Peut-être en attendais-je trop en me rendant dans les bois ce soir-là.

A ce propos, une déception encore : j’avais comme a priori que voir du black metal dans ce cadre allait ajouter une certaine plus-value. Non seulement il n’en a rien été, mais en plus, les effets lumineux, qui auraient pu (et du) produire un cadre sombre et intimiste, se sont transformés en effets dignes d’un concert techno, à grands coups de stroboscopes. Mes yeux et ma tête étant épuisés, je ne verrai pas la fin de ce concert que j’attendais tant…

Légèrement fatiguée par la courte nuit que je viens d’affronter, je décide malgré tout de me traîner jusqu’à la main stage, en me disant que le groupe de black metal symphonique qui allait commencer méritait qu’on lui donne sa chance. Je vais nonchalamment chercher un breuvage. Mon dévolu se jette sur un « Sex on the beach ». Je m’assieds assez loin de la scène, quand soudain les premières notes de Winterhorde retentissent. Immédiatement prise aux tripes par l’énergie et le son complexe du groupe, je m’avance. Malgré la trentaine de personnes présentes autour de moi, l’ambiance est au rendez-vous. Le public afflue petit à petit, attiré par le son mélodieux enrichit d’un violon et d’un clavier. Les deux types de voix (claire et growl) rajoutent encore une épaisseur à un son déjà bien riche. Tous les musiciens ont une bonne présence scénique. Je ne vois pas passer la demi-heure. Vous l’aurez compris, Winterhorde n’est pour moi ni plus ni moins que la révélation de cette édition !

En chemin vers la plage, je descends vers la plus petite scène et tombe sur Desdemonia, groupe luxembourgeois de death metal. Avec une musique sans chichis et aux bons riffs, le groupe me semble prometteur !

Korpiklaani ouvre la soirée sur la main stage. Fidèles à eux-mêmes, ils offrent un folk metal amusant mais basique, accessible. L’orage se rapproche et, en plein milieu du concert, c’est le black-out. Le public hurle et réclame le groupe. Le set se termine de manière expéditive.

Dimmu Borgir suit avec vingt minutes de retard. Je dois bien avouer ne pas m’être rendue sur la plaine de la main stage pour y assister, ayant été fortement déçue de leur concert à l’Ancienne Belgique en décembre 2018. Nostalgique de ce que je pourrais appeler le « vieux Dimmu Borgir », c’est-à-dire jusqu’à l’album Abrahadabra (2010), je craignais d’être de nouveau déçue.

Ça y est, le jour du départ a sonné. La pluie se fait de plus en plus forte, comme pour forcer les festivaliers à rentrer chez eux. Mais une chose est sûre : après avoir goûté au festival, on n’a qu’une envie : y retourner !

Mon seul regret est de ne pas avoir vu Alien Weaponry et In The Woods, qui ont tous deux obtenu d’excellents échos.

Valentine Cordier
Article paru également sur Metal Overload.

Une journée au cœur du Festival de l’Alcatraz

La dernière fois que j’ai franchi les portes de la prison courtraisienne, c’était en 2015. Ce samedi matin d’août 2019, j’arrive après deux heures de route. Tout a changé. Il y a désormais trois scènes. En quatre ans, tout est devenu plus grand, plus peuplé, plus… cher. Premier constat : 70 euros la journée. Heureusement que le line-up en vaut la peine. A l’arrivée, 54 euros pour 20 jetons (une bière coûte un jeton, on ne va pas aller loin), et 15 euros le casier. Mon portefeuille tire déjà la gueule.

Sanctuary commence sur la main stage. Le son est tellement atroce, qu’au bout de trois minutes, je fuis vers El Presidio, un grand bar aménagé façon saloon. L’ambiance y est très agréable.

Je me dirige vers Soilwork, n’ayant pas pu les voir lors des Metaldays, en juillet dernier. Et je ne suis pas déçue. Je me retrouve face à des musiciens extrêmement doués. C’est surtout le batteur qui attire mon regard. Bastian Thuusgard n’a que 25 ans lorsqu’il intègre le groupe suédois en 2017. En deux ans, le jeune danois semble avoir trouvé ses marques.

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Prong
commence. J’ai bon espoir que le son soit meilleur cette fois. Mais ce n’est pas le cas. Je m’interroge sur la raison d’un tel son. Mais au lieu de m’apitoyer, je fonce voir Black Mirrors sur la scène La Morgue, petite scène charmante sous chapiteau. Intriguée par l’alternative rock shamanic psychedelia (comme ils se définissent), je suis agréablement surprise devant ce rock dur et mélodique à la fois. Du « rock qui tache » en quelque sorte ! La chanteuse s’agite frénétiquement, comme en transe. Voilà donc d’où vient le terme « shamanic ». Se disant influencée par Janis Joplin, je la comparerais plutôt à une Cherrie Currie, en version moins sage. Ce groupe est une boule d’énergie, et impose son propre style.

Toute cette énergie m’a creusé le ventre. Que vais-je bien pouvoir trouver dans un budget raisonnable ? Trois euros le petit cornet de frites, sept euros les six spare-ribs, huit euros la (petite) pizza. Mon choix se portera donc sur les frites.

Petit tour aux toilettes. Et au risque d’être à contre-courant des commentaires des festivaliers, je les ai trouvées parfaitement propres. Pour m’assurer que ce n’était pas un coup de chance, j’ai tout de même ouvert d’autres portes. Même constat.

Thin Lizzy ne m’intéressant pas du tout, et La Morgue étant un lieu très agréable, je m’apprête à découvrir The Spirit. Avec un nom pareil, je m’attends à un groupe de black metal comme les autres. D’autant plus que la formation allemande est très jeune, puisqu’elle n’est active que depuis 2015. Mais dès les premières notes, j’assiste à un mélange très convaincant de blackened death, de doom, voire même de technical. La formation produit plus que du black metal, elle produit une musique sombre et obscure, qui prend aux tripes. Petit bonus pour le jeu de lumières, qui accentue encore davantage le côté sombre de leur musique.

En direction du concert de Mayhem, une pensée me traverse l’esprit : pourquoi le sol est-il jonché de déchets plastiques et métalliques ? Les poubelles sont rares, mais il y en a quand même. Puis, je me rends compte que malheureusement, en 2019, il y a encore des personnes qui ignorent l’existence des matières biodégradables ou, du moins, des gobelets réutilisables. Je ne peux m’empêcher de comparer cette plaine au sol immaculé des Metaldays…
Mais revenons à Mayhem. Le groupe formé en 1984, faisant polémique suite à de nombreux épisodes violents, ne semble pas avoir renouvelé sa musique, malgré le renouvellement fréquent de ses membres. Après trois morceaux, ce black metal old school m’ennuie profondément. Il est des projets musicaux qu’il faut avoir le courage d’arrêter lorsque l’inspiration vient à manquer. Direction le bar. Puis direction la main stage.

Avatar est annoncé en grandes pompes par le staff du festival. L’arrivée des membres se fait de manière très théâtrale. Arrivée à la moitié du concert, je comprends que même si la musique du groupe, multi-influencée, ne parvient pas à me convaincre, le show est époustouflant. Les membres du groupe que je définirais de « metal théâtral » ont tous une présence scénique incroyable. Pyrotechnie, feux d’artifice, mises en scène… C’est un régal pour les yeux.
Encore une fois, c’est le batteur qui me transcende le plus. Son jeu n’est pas incroyablement technique (au sens compliqué du terme), mais ce qu’il le fait, il le fait plus que bien.

La journée s’achève sous le signe du doom torturé avec les belges d’Amenra. La foule se presse. L’ambiance sombre est encore accentuée par le fait que le concert se déroule sous chapiteau. Ce concert, c’est ce que l’on pourrait appeler du « grand Amenra ». Des musiciens extrêmement doués, un chanteur à la voix transcendante. Quand le morceau « A Solitary Reign » retentit, mon ventre se noue, et une larme ruisselle sur ma joue. Et autour de moi, le silence.

Je rentre après avoir passé une très belle journée, avec des découvertes, et le soleil pour compagnie. Mais les points négatifs précédemment cités noircissent le tableau. Des prix élevés, une foule trop nombreuse, un son très mauvais sur la main stage pour les premiers concerts, etc.

L’Alcatraz Festival se muera-t-il bientôt en nouveau Graspop ? Ou parviendra-t-il à garder son allure de festival « de proximité », en prenant aussi des engagements écologiques ?

Valentine Cordier
Article également publié sur Metal Overload.

Les Etoiles Vagabondes

Ça vous est déjà arrivé d’aimer un documentaire plus que le sujet qu’il présente à l’écran ?

Lorsque Nekfeu balance sa bande-annonce pour le film qui présente son nouvel album… L’excitation est à son maximum! J’ai trituré Cyborg (2016) à l’époque. Quant à Feu (2015), il représente l’album qui m’a donné goût au rap.

Désormais, il n’est pas seulement question d’un album ! Les Etoiles Vagabondes, réalisé par Nekfeu et Syrine Boulanouar, est arrivé à une période obscure de ma vie. Ce genre de moment où l’on voudrait arrêter le temps, où l’on souhaiterait disparaître dans l’abîme… Et pourtant, je voulais voir ce que le Fennek nous avait réservé depuis sa très longue pause ! 

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La Carrière Festival remet le couvert

Après une première édition soldout, La Carrière Festival revient avec son lot de découvertes musicales.

La Carrière est en passe de devenir le rendez-vous estival des amoureux de musique indépendante. Ce festival à taille humaine se déroule le 17 août, le long du Burnot, entre les villages de Bioul et d’Arbre, à 20 kilomètres de Namur, et propose une ambiance conviviale, un cadre naturel, des produits locaux… Mais surtout une programmation musicale hétérogène qui mêle pop, slacker, folk, post punk, kraut et électro. Une diversité des genres qui réunit les plus vieux comme les plus jeunes. Continuer la lecture

TOP 5 PERSOS TARANTINO

Hauts en couleur, les personnages de Quentin Tarantino ne cessent de surprendre.

Le dialogue a toujours eu son importance dans les longs métrages de Quentin Tarantino. Ce qui les sublime par-dessus tout, ce sont ses personnages. Incarnés par des acteurs et des actrices d’exception (Brad Pitt, Leonardo DiCaprio, Uma Thurman, etc.), ils font honneur à l’imagination et aux scènes cultes du cinéaste. Avant la sortie de Once Upon a Time… in Hollywood au cinéma, un petit classement des meilleurs personnages de Quentin Tarantino s’impose.

1. Calvin J. Candie (Django Unchained)

Messieurs, vous aviez ma curiosité, maintenant vous avez mon attention.

Il pourrait être votre meilleur ami comme votre pire ennemi. Cette dualité résume la complexité comportementale de Calvin J. Candie. Qui de mieux que Leonardo DiCaprio pour refléter cette crapule sans nom? On ne compte plus les films où l’acteur brille à travers ses prestations (The Departed, Shutter Island, The Revenant). Pourtant, Django Unchained marque un renouveau dans son jeu. Le raciste, imprévisible dans ses actes et aux diverses nuances, colle parfaitement à la peau d’un Leonardo DiCaprio. Tout comme Hans Landa (Christoph Waltz, Inglourious Basterds), Calvin J. Candie fascine, tant sa rhétorique effraye et séduit.


2. King Shultz (Django Unchained)

Je n’avais jamais rendu sa liberté à quelqu’un. Je me sens responsable de toi.

Père spirituel de Django, le docteur King Shultz symbolise une rare générosité au sein du septième film de Quentin Tarantino. Plongés dans un western sans foi ni loi, King Shultz et Django forment un duo passionnant à suivre. Ils enchaînent dialogues et stratégies utiles pour s’échapper d’un monde brutal. La sagesse du docteur fait de Christoph Waltz un être intelligent et attachant. L’allemand n’a jamais été aussi doux à entendre!


3. Jules Winfield (Pulp Fiction)

Et tu connaîtras pourquoi mon nom est l’éternel quand, sur toi, s’abattra la vengeance du Tout-Puissant!

Jules Winfield constitue la part la plus symbolique de Pulp Fiction. Son costume, sa réplique tirée de la Bible et son duo avec Vincent Vega (John Travolta) sont mémorables! Samuel L. Jackson campe un premier rôle quoi va relancer sa carrière. Son personnage désire s’éloigner de son travail de tueur à gages. Il souhaite s’exiler et changer de code moral. Il vise à rompre sa routine trop pesante… De quoi intriguer le spectateur et le pousser à mieux saisir sa personnalité!

 

4. Hans Landa (Inglourious Basterds)

J’adore les rumeurs. Les faits sont parfois trompeurs alors que les rumeurs, vraies ou fausses, sont souvent révélatrices.

Et si le Mal incarné se cachait derrière un sourire? Il serait nazi et se nommerait Hans Landa. La scène d’ouverture d’Inglorious Basterds donne le ton. Le colonel SS débarque chez une famille française dans le but de débusquer des Juifs… Et de les exterminer. La tension est à son comble. Le sadisme du colonel s’illustre en tout point. Antagoniste par excellence, Christoph Waltz interprète le personnage le plus terrifiant de la filmographie de Quentin Tarantino.


5. Marquis Warren (The Hateful Eight)

Tu crois en Jésus maintenant, hein salope? Bien bien. Parce que tu vas le rencontrer.

S’il y a quelqu’un à ne surtout pas embêter, c’est bien le Major Marquis Warren. A la fois juge et témoin, il scrute chaque détail de ce qui l’entoure. La neige ne suffira pas à laver les mains ensanglantées des salopards… Marquis Warren en est tout à fait conscient. Malgré un talentueux casting, il représente le plus charismatique des protagonistes perdus à Red Rock. Une réussite pour cette sixième collaboration entre Samuel L. Jackson et Quentin Tarantino.

Et les femmes?

L’exercice du classement est toujours une tâche difficile. Difficile d’affirmer qu’aucune femme forte n’apparaît dans les œuvres de Quentin Tarantino.

Comment ne pas penser à Béatrix Kiddo (Uma Thurman)?! Elle qui manie le sabre et qui a soif de vengeance. Son dialogue avec Bill (Kill Bill 2) et sa détermination à vaincre ses ennemis ne seront jamais oubliés du public.

Daisy Domergue (Jennifer Jason Leigh), elle, s’apparente aux remarquables brutes de The Hateful Eight. De féminine, elle n’a que le physique. Le côté le plus impressionnant de cette prisonnière se résume à sa pure sauvagerie.

Quant à Zoë (Zoë Bell), elle porte les couleurs de sa courageuse bande d’amies (Death Proof). Doublure et cascadeuse de choc, l’actrice n’a pas froid aux yeux. Durant le sixième film du réalisateur, elle n’hésite pas à jouer une scène à risque, couchée sur une voiture à toute vitesse.

brunoaleasArticle paru aussi à La Libre Belgique.

Les rappeurs, entrepreneurs 2.0

Les rappeurs multiplient les coups de communications divers et variés pour promouvoir leur musique. De la réalisation d’un film à la production de chocolat. Petit passage en revue de ce marketing des temps modernes.

Octobre 2017,  une photo de Paul Rosenberg, le manager d’Eminem, circule sur Instagram. Il y présente le CD Trial by Fire de Yelawolf devant une affiche publicitaire dotée d’un « E » inversée et imaginée pour le médicament Revival. Puis vient une vidéo diffusée sur Youtube, où l’on voit des patients assurer la promotion d’un nouveau genre de médicament : « Revival », sorte de pilule magique destiné à éradiquer les « musiques atroces ».

L’ensemble est évidemment un fake, un détournement, une campagne choc conçue par le rappeur Eminem pour promouvoir son nouvel album et toucher le plus de gens possibles. La technique n’est pas novatrice. Elle a fait ses preuves depuis des années sur le sol américain. Mais on la retrouve désormais en France, et en Belgique, où les rappeurs multiplient les démarches inédites et parfois farfelues.

L’originalité à la française

Poids lourd du rap français, Nekfeu disparaît des radars entre 2016 et 2019. Il revient en force avec un album décliné sous divers formats, tout en restant très silencieux sur ses activités. Sort alors au même moment, Les Etoiles Vagabondes. Ce documentaire, réalisé par Syrine Boulanouar et Nekfeu lui-même, se centre sur la création de ce nouvel opus.

Diffusé lors d’une date unique dans 200 salles françaises et d’autres pays francophones, ce long métrage est visionné par près de 100 000 personnes en même temps, le 6 juin à 20h.
Les surprises ne s’arrêtent pas là ! Il était prévu qu’un album éponyme soit disponible le même soir. Mais un autre album vient s’y ajo
uter quelques jours après ! Intitulé Les Étoiles Vagabondes : Expansion, il regroupe 34 morceaux sur un double volume. S’ensuit le clip de « Sous les nuages », une façon de capter l’attention du public. Résultat : un disque de platine en moins de 2 semaines pour le premier disque et 39 667 exemplaires écoulés pour le second.

Face à ce phénomène, PNL, déjà applaudi pour son clip réalisé sur la Tour Eiffel (« Au DD »), riposte. Le duo dévoile quatre titres inédits disponibles en exclusivité sur Apple Music, pendant une semaine. Il cultive lui-aussi le mystère et suit à la lettre un code particulier très strict. Les frères refusent toute interview et s’adressent régulièrement à leurs fans à travers des vidéos live.

Vald surprend également, puisqu’il intègre une dimension participative à son travail. Deux exemples à la clé. Le clip de « Eurotrap » (2017) met en scène le rappeur dans une pièce tapissée de fond-vert. Il donne la possibilité à plusieurs internautes d’incruster ce qu’ils y veulent. Même raisonnement pour la pochette de XEU (2018), entièrement blanche, que n’importe qui peut illustrer à sa manière et la partager publiquement.

Quant à Lomepal, le 30 avril dernier, en partenariat avec Radio Nova, il accomplit un de ses rêves : présenter son propre programme audiovisuel en direct, Le Vérité Show. Il le prépare et l’anime de A à Z. La radio française lui laisse ses locaux, le temps d’organiser une soirée pleine de surprises et de réaliser un clip en direct. De quoi tourner un clip avec Orelsan, mener des interviews avec ses amis (Roman Frayssinet, Caballero, Roméo Elvis, etc.) et traiter de sujets peu présents dans le monde de la télévision (les feux tricolores à Paris). 

Une fierté d’être belge

Au plat pays, les artistes contemporains ont aussi recours à ce genre d’astuce marketing. Citons Stromae qui n’a cessé de mêler auto-dérision et idées saugrenues.
En avril dernier Roméo Elvis, lui, s’allie à une entreprise belge de confiserie ! Lors de la sortie de Chocolat (2019), il s’associe à Galler afin de produire des « Crocs Roméo », de petites barres chocolatées aux couleurs de son album. Fanatique des crocodiles, le Bruxellois collabore également avec une marque de vêtement, Lacoste en l’occurrence. Une pratique courante chez nos amis Français, notamment pour Orelsan, égérie d’Avnier x Umbro.

brunoaleas – Illustration ©13or_du_hiphop

The Black Keys – Let’s Rock

Le duo de rock américain sort un neuvième album au titre digne d’un slogan pour pogoteurs: Let’s Rock. Tout ce qui entoure l’univers de ces musiciens de l’Ohio continue de fasciner… A l’opposé d’un projet qui s’essouffle.

L’écart d’inquiétude était de 5 ans. On doutait sur un possible retour des Black Keys. Jusqu’en septembre dernier, les deux compères revenaient à l’attaque, sans réunion, de “pré-production” ou de chansons écrites à l’avance. Continuer la lecture

Rumours Interview

Rumours est un groupe à l’univers spécial. Ils ont une apparence chamanique et humoristique. Découvrons-les en cinq questions !

Lorsque j’écoute votre musique, j’ai toujours l’impression d’assister à un véritable rituel. Comme si votre son reflétait l’atmosphère d’un sacrifice.
Concevez-vous votre musique comme cela ?

Quand nous écrivons notre musique, le son sera toujours une réflexion de notre humeur du moment. Nous n’écrivons pas des choses parce qu’elles sonnent biens, mais aussi parce qu’on le sent bien.
Nous sommes très sensibles à ce genre de choses. Le vrai sacrifice repose dans notre volonté de se submerger d’un sentiment particulier. Quelque chose qui nous fait du mal, ou quelque chose qui nous a fait du bien, puis essayer d’aller aussi profond que possible, et la capturer dans notre élan. Nous pensons que c’est la seule voie par laquelle les gens peuvent assimiler la musique. L’artiste doit vouloir aller jusqu’au bout pour que l’auditeur puisse être capable de ressentir ne serait-ce qu’un peu de ce qu’ils veulent dire.
On peut voir cette honnêteté comme un sacrifice, mais dans nos têtes, il n’y a pas d’autres façons de faire. Si c’est une charge ou une bénédiction, on ne le sait pas encore. Mais ça le vaut bien.

Quel est le sens caché de votre clip ‘I Dance’ ?

‘I Dance’ est là où tout a commencé. Hannah, a rendu ce groupe possible. Elle a toujours été intriguée par la manière dont l’endroit influence la musique qu’on fait.
‘I Dance’ a été fait dans un vieux monastère de Bruges, là où elle grandissait. Tous les sons de cette chanson ont été enregistrés dans cette pièce. Le clip essaye de capturer l’atmosphère qu’elle a ressenti pendant la réalisation de cette chanson : sombre, isolé, chamanique, mystique. Ce fut là le tout début de Rumours. Nous étions un peu obsédés par le mot chamanique. Pour nous, tout ce que nous faisions était chamanique. C’est un mot qu’à l’époque, nous ne comprenions pas tout à fait. C’était juste quelque chose qui apaisait nos esprits quand ils étaient coupés du monde qui nous entourait. Notre communauté est plus grande que ce que les gens pensent. Nous sommes entourés par de nombreuses personnes qui pensent comme nous et nous en sommes reconnaissants. Sans cette communauté, beaucoup d’entre nous ne pourraient survivre comme ils le font. Une fleur n’est jamais appréciée que parce qu’elle est belle. Personne ne sait que nous sommes les seuls à l’arroser.

Je pense que la série TV Dark s’apprêterait très bien de votre musique.

C’est justement le rêve d’Hannah de faire la musique d’une bonne série. Nous espérons que ça se passera dans le futur.

Stefanie est un membre du groupe BRUTUS. Elle fait les beats de Rumours. Procure-t-elle un peu de sa rage artistique dans les compositions de Rumours ?

Tout d’abord, elle ne fait pas que les beats de Rumours. Dans Rumours, chacun fait ce qu’ils ont envie de faire pour ce qui est d’écrire des chansons. Nous n’avons aucune barrière. Pour ce qui est du jeu, lorsque nous disséquons une démo pour la jouer en live. Nous ne prenons jamais en considération qui a écrit telle ligne. Nous savons juste qui va la jouer parce que nous connaissons bien nos instruments. La rage artistique est une mauvaise manière de décrire faire ce qu’on sent bien. On ne voit pas Stefanie comme une artiste malveillante, qui fait tout à partir d’une rage artistique. Elle écrit sa musique par amour, et uniquement par amour véritable. Sa musique peut sembler dure, mais si vous l’écoutez vraiment, c’est sa tendresse qui fait frissonner. Alors oui, elle nous procure sa tendresse artistique. Et pas qu’un peu.

Comment décrieriez-vous l’image et l’esthétique de votre groupe ?

Nous avons pris de nombreux chemins différents, ces trois dernières années. Nous jouons un style chamanique jusqu’au rétro, en passant par la techno, jusqu’à littéralement des choses qui ne se combinent pas du tout ensemble. Nous avons toujours été conscients de ce à quoi nous devrions ressembler, mais pas de ce à quoi nous ressemblions vraiment. Surtout à nos débuts. Nous expérimentions avec ce qui nous faisait plaisir, ce qui nous faisait rire et nous rapprochait. Maintenant, on se rend compte que ce n’est pas vraiment dans les extrêmes que nous trouverons cette beauté ou cette densité.
Depuis notre EP Infant, nous étions obsédés par tout ce qui était sombre et bizarre. C’était la forme que la rébellion avait pris dans notre vie, je suppose. Mais maintenant nous sommes libérés de tout ça. Nous sommes plus vieux et plus à l’aise. Là où tout se joue maintenant, c’est à l’écriture d’une true story, qui pourrait ou pas inspirer les gens, mais que nous aurons avant tout écrit en tant que famille. Ce à quoi nous essayons de ressembler n’a désormais plus d’importance. Nous nous rendons compte que, plus tu es honnête à propos de qui, et de ce que tu es, plus les gens sont touchés. Et nous, en tant que musiciens, avons aussi besoin de faire quelque chose de nos vies, non ? Nous ne trouvons pas de sens dans l’amélioration de soi. Et si c’était le cas, on ne tiendrait même pas deux jours.

DRAMA – Photo ©Vi.be

TH da Freak – Freakenstein

La créature de Frankenstein car il est un peu couillon

Telle était la réponse de TH da Freak lorsqu’on leur demandait quel monstre les symbolise. Via cette figure fictionnelle, on devine que la bande pratique le fantastique et la dérision à travers ses créations. La pochette de leur troisième album, Freakenstein, témoigne d’un amour déraisonné pour la bête de Mary Shelley. D’ailleurs, l’intro de l’album nous embarque vers une troublante ambiance proche d’un film de Tod Browning (Dracula, Freaks). Continuer la lecture