Misuzu a 24 ans et est enseignante dans un lycée. Elle mène une vie banale, passe du temps avec sa meilleure amie et aussi avec le fiancé de cette dernière. Celui qui l’a violée il y a quatre ans… et qui continue depuis. Continuer la lecture
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La dure à cuire #42
Impossible d’arrêter Nekfeu
Après un film exutoire, Ken Samaras capte l’attention l’année dernière. Mettons de côté les rumeurs qui annoncent l’abandon de sa carrière. L’artiste doit sûrement gratter jour et nuit. Certes, Les Etoiles Vagabondes (Syrine Boulanouar, 2019) illustre un rappeur qui galère à trouver son inspiration. Désormais, il semble impossible de l’arrêter.
Certaines de ses récentes collaborations marquent l’esprit. Des exercices où il continue d’afficher des vérités sur le papier. (à des années lumières de ce branleur de Roméo Elvis)
Nekfeu apparaît en forme sur la don dada mixtape. L’ambiance est mélancolique sur « malevil ». Sa voix rauque fait peser la sombreur du projet d’Alpha Wann. Puis, son flow blasé fait un bien fou ! Il dégage de la sagesse. On a beau être généreux, l’égoïsme est le propre de l’Homme.
On traite les autres d’égoïstes parce qu’on l’est tous.
Avec plus de 8 millions d’écoutes sur Spotify, « Moins un » connaît un sacré succès. Nekfeu s’allie à un ancien du rap, Dinos. La fusion fonctionne à merveille. A croire qu’une bienveillance berce leurs paroles. L’invité de Stamina, transpire une putain d’attitude ! Grosso modo, il avoue une certitude sur les passionnés de rap authentique. Ils vivent les vraies expériences en ce bas monde… fort.
Si t’écoute du bon rap, t’as perdu trop d’gens.
Comment ne pas citer Népal ? Lui et son ami offrent une dernière perle sur Adios Bahamas. Nekfeu admet que la route est longue avant d’atteindre les cimes. Il l’exprime en jouant avec les mots et en faisant de l’argot sa poésie. Les groupes ont tendance à voir une sûreté économique en se joignant à des labels. Lui, préfère serrer la ceinture et tracer sa voie. Dans ce merdier, la vérité est troublante. Ca ne l’empêche pas d’oublier d’où il vient. Le message alimente la philosophie d’un Népal qui ne cesse de manquer à la scène française.
Maintenant le squa est dans les kiosques, qui est-ce qui ose quoi ?
brunoaleas – Photo ©Julien Lienard
La curiosité d’Onha
Onha semble être extrêmement curieux. Cet artiste de la Cité Ardente ne fait pas dans la demi-mesure. On sent qu’il souhaite jouer sur plusieurs terrains musicaux. Espérons d’ailleurs qu’il balance divers morceaux aux sonorités jazz. Pour le moment, son nouveau son se nomme ‘Balise’. A son écoute, tout est là pour illustrer sa curiosité. (et son envie de soigner son univers)
Là où ‘Toujours’ sonne plus comme un standard des productions actuelles, ‘Balise’ donne une meilleure importance aux instrumentations. Elles suffisent à faire rêver.
Aucune basse vulgaire qui fait tâche. Oui, fuck the trap. Le bassiste l’accompagnant se lâche et ça groove du feu de Dieu ! Sa richesse sonore envoie diverses notes bien placées. Nul flow pété qui étouffe l’instru. Onha maîtrise bien et bien la mélodie de ‘Balise’. Il apporte son grain de poésie au milieu des plantes.
Il assume sa volonté de poser des vérités via ses paroles. C’est ça qu’on veut ! Marre de ces moralistes au ton politiquement correct (salut Bigflo & Oli). Marre de ces pseudos-rappeurs qui ne racontent rien (coucou Roméo Elvis). Onha puise dans ses impressions personnelles afin d’imaginer une introspection de qualité. Sans oublier son partage d’observations intéressantes sur nos sociétés. Puis, il a le mérite d’avoir une plume subtile. Un style à surveiller de près !
Qu’il se consume comme le récit du Soleil. Qu’il récite à chacun de nos éveils.
brunoaleas – Photo ©tiny.prod
Nekfeu – Feu
Membre du S-Crew, de l’Entourage et de 1995, Nekfeu est le jeune rappeur français qui a une cote énorme ces derniers temps. Avec son album solo, Ken Samaras révèle sa puissance de parolier. Voici quelques paroles dorées.
J’connais les risques de l’amour mais j’ai toujours l’amour du risque. -« Risible Amour »
J’ai épousé ma plume pour affronter les tempêtes et repousser la brume. -« Plume »
La crise, qui est-ce qu’elle atteint?
Toi, moi ou le suicidaire qui escalade un toit? -« Tempête »
Je ne vois plus que des clones, ça a commencé à l’école.
A qui tu donnes de l’épaule pour t’en sortir?
Ici tout l’monde joue des rôles en rêvant du million d’euros.
Et j’ai poussé comme une rose parmi les orties. –« Nique les Clones Part II »
©Quentin Curtat
Enfin, peut-être le top :
Je suis devenu celui dont aurait rêvé celui que je rêvais d’être.
Tu me suis? Je ne vais pas me réveiller. –« Egérie »
Centrons-nous sur deux de ses morceaux: « Egérie » et « Risibles Amours ».
Le premier est un hymne à l’ego trip£. Il consiste à mettre en avant le rappeur. Il présente une réalité qui a une moindre importance par rapport à sa vie. Sa mise en image renvoie au final du clip de « Flashing Light », où Kanye West, ligoté dans un coffre de voiture, se fait matraquer de coups de pelle par une fille en sous-vêtements. Cette dernière rejoint Nekfeu dans la voiture comme si « Egérie » était la suite de « Flashing Light ». Le clin d’œil est drôle… d’une arrogance qui fait du bien.
Le second est une histoire d’amour ultra moderne. L’instru est lourde. Elle sonne au rythme d’un rap de veille école indémodable. Le titre se réfère également aux nouvelles Risible Amours écrites par Kundera. Car oui, le Fennec fait de nombreuses références à la littérature : Le Horla, Martin Heden, etc. Cette chanson nous embarque dans la vie ténébreuse du rappeur. Il raconte ses histoires amoureuses dont il se lasse très vite. Cela me rappelle l’effet que me procure les chansons de Jacques Brel : il arrive à attirer toute mon attention lorsqu’il conte ses récits.
Construit sur des failles… Ken a suivi sa voie et est devenu un des rappeurs, si ce n’est LE rappeur, le plus intéressant des ces dernières années.
brunoaleas
Nouvelle mise en page de la critique de 2016.
Qui est le vaccin de l’autre ?
La dure à cuire #41
LES MEILLEURS CLIPS 2020
Les meilleurs clips de 2020 ! Bonne année !
DRAMA / Illustration ©Lunatic
TOP/FLOP ALBUMS 2020
Coldplay – Parachutes
We live in a beautiful world
Une phrase chantée sur un ton mélancolique. D’une voix presque larmoyante. Ainsi, s’ouvre le premier album de Coldplay. 6 mots d’autant plus forts, lorsque l’on sait que Parachutes est dédié à Sara Champion, mère de Will Champion, batteur du groupe. L’opus fête ses 20 ans et symbolise un coup de cœur musical.
Enfant, je ne connaissais pas encore la rage de Nirvana ou l’artisanat de Radiohead. J’écoutais Coldplay en boucle. Il me plaît de définir leurs premiers projets comme des orgasmes auditifs. Leurs premières chansons me relaxent au plus haut point. J’ai grandi avec Parachutes. J’ai dansé, calé, admiré… bref, j’ai été bercé par cette musique. Ma critique est plus subjective que raisonnable. Parachutes demeure un travail d’une grande délicatesse. Puis, à l’inverse de ses clips, sa musicalité n’a pas pris une ride.
Quand Coldplay poursuivait les traces de Jeff Buckley, ses membres n’avaient rien à prouver. Leur tristesse sonore s’allie à des paroles d’une simple poésie. Simple, et non simpliste.
Look at the stars
Look how they shine for you
Des mots qui font écho en chacun de nous. ‘Yellow’ est désormais un hymne crié à leurs concerts. Peut-être que les membres ont choisi ces paroles en blaguant. Cependant, une fois prononcées par Chris Martin, elles prennent une sacrée dimension. À l’origine, les membres du groupe doivent apparaître dans le clip. Les funérailles de Sara se déroulent le jour du tournage. Chris, seul acteur de la scène, courre sur la plage de Studland. Il y affronte un climat assez morose. Défiant le temps. Défiant la mort ? Son sourire résume tant de choses. Il illustre l’optimisme de Coldplay. Un sentiment notable dès leur succès.
Nous voyons le côté optimiste de la musique. Beaucoup de nos chansons sont assez maussades et racontent de mauvaises choses, surtout via leurs paroles.
Mais elles aboutissent à plusieurs types de rebondissements qui impliquent de l’optimisme… Dans ‘Spies’, il y a un petit twist à la fin, ce qui est un peu contraire à sa musique. Sa mélodie sonne vraiment sombre, mais ses paroles à sa fin sont plutôt positives. C’est une espèce de dichotomie. –Will Champion
Le batteur complète et avoue qu’à l’image d’un ‘Perfect Day’ (Lou Reed, 1972), Parachutes contient des paroles heureuses et une musique triste. Là réside la recette afin de créer diverses ambiances. Contempler un tableau d’une terre brûlée, centré sur une rose gardant ses couleurs. Danser sous la pluie. Pleurer de joie.
Parachutes a une âme. Caractériser sa poésie de naïve ou d’innocente, c’est ne pas accepter d’être en apesanteur. Et même si cela paraît abstrait, l’album me parle encore aujourd’hui. Durant une période où le gouvernement fait de nous ses chienchiens. A une époque où la culture est bafouée. Il est d’autant plus sain d’écouter ce qui nous fait vibrer.
Parachutes noue 2 sentiments les plus universellement ressentis : mélancolie et gaieté.
Un projet où une bande de potes avait du mal à garder un bon tempo, allant même jusqu’à virer leur batteur… pour enfin le reprendre, grâce l’amour amical. Voici donc les frustrations et amusements des débuts. Un résultat qui amène à un disque honorant toute démarche acoustique. Ces mélodies de l’enfance me parleront encore demain.
bruonaleas – à Giovanna


