Quelle année.
Pour ce qui est du cinéma, 2019 a marqué les esprits avec pléthore de films plus passionnants les uns que les autres. Joker, Parasite, Little Women…
2020 a donc un rôle étrange à jouer. Comment succéder à une telle année en plein milieu d’une pandémie mondiale, qui arrête toute l’industrie ?
En termes de cinéma, dire que 2020 a été une année riche serait mentir. Mais une erreur odieuse serait de dire que rien d’intéressant n’a vu le jour.
Car quelques pépites brillent sous la couche de crasse de cette année difficile.
Citons les plus belles d’entre elles.
En avant n’est pas le meilleur des Pixar. Mais il n’en est pas moins extraordinaire.
Touchant, visuellement somptueux, et doté d’un scénario qui fonctionne à merveille, il n’y a pas à douter. La dernière œuvre de la compagnie à la lampe mérite la première place parmi les films de 2020.
Le choix a été cornélien, puisque c’est The Platform qui arrive en seconde position. Ce film d’horreur espagnol ayant eu un franc succès sur Netflix a parfaitement su capter l’essence de son genre. Imaginez un monde dans lequel votre quantité de nourriture est aléatoire. Qui n’aurait pas peur de se retrouver, un jour, enfermé à mourir de faim, et pratiquer le cannibalisme pour ne pas y rester ? The Platform est à mourir d’angoisse, palpitant à souhait. Il ne mérite cependant pas la première place à cause de sa conclusion, trop vaporeuse et vide de sens. Elle nous laisse un peu… sur notre faim.
Plus horrifique mais moins angoissant : Invisible Man. Scénariste du premier Saw, Leigh Whanell est aux commandes de cet hybride horreur/science-fiction.
Invisble Man reprend bien sûr son concept de base au célèbre roman de HG Wells. Mais Whanell modernise ce mythe connu. Cette soupe étrange de science-fiction et d’horreur psychologique produit une œuvre riche, et intéressante.
Dernier film d’horreur de la liste, Vivarium arrive en quatrième. Surréaliste et étrange, l’œuvre raconte l’histoire d’un couple enfermé dans un monde qui se répète sur lui-même.
Si on admet que la répétition sans but est le propre de la folie, alors Vivarium offre un monde fou et déstabilisant. Le spectateur sera franchement perturbé par l’univers du film, qui est sa grande force.
Enfin, en dernier se trouve Le cas Richard Jewell, du grand Clint Eastwood. A l’âge de 90 ans, le réalisateur de Gran Torino (2008) n’a pas fini de nous surprendre.
Il partage une effroyable vision de la société américaine. Un homme, faussement accusé de terrorisme, se voit complètement détruit par les médias, qui n’ont pas fini de le persécuter. Le film suivra le point de vue effroyable de cet inadapté social. Quelle angoisse.
Difficile de résumer 2020 autrement que « l’année de l’angoisse ». Partout, les films jettent un regard désespéré sur le monde.
Et si le confinement n’a rien amélioré à cette « culture de la claustrophobie », il s’agit bien là d’un courant esthétique puissant qui émerge. Durera-t-il ? Quelle sera sa puissance ? Quels seront les chefs d’œuvres qui le marqueront ?
Nous verrons cela en 2021. –Raturix
TOP 5
-
En avant – Dan Scanlon
-
The Platform – Galder Gaztelu-Urrutia
-
Invisible Man – Leigh Whanell
-
Vivarium – Lorcan Finnegan
-
Le cas Richard Jewell – Clint Eastwood
Dans une année 2020, où les grosses sorties ont été reportées, ce sont les films originaux qui triomphent. Des œuvres qui assument leur radicalité de forme et/ou de fond et qui font confiance à l’intelligence du public… un comble pour une année de confinements.
Et s’il y a bien un réalisateur qui construit une œuvre en dehors de tout standard, c’est bien Terrence Malick (Badlands, La Ligne Rouge, Tree of Life). Toujours en quête de moments de grâce, il filme dans Une vie cachée le parcours d’un agriculteur autrichien qui sacrifie sa vie, en renonçant au service dans l’armée d’Hitler. Le cinéaste nous offre un film fleuve d’une poésie, d’une spiritualité, d’une conviction et d’une beauté formelle absolument incroyable. –AS
TOP 5
-
Une vie cachée – Terrence Malick
-
Madre – Rodrigo Sorogoyen
-
Tenet – Christopher Nolan
-
Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait – Emmanuel Mouret
-
Drunk – Thomas Vinterberg
J’ai triché. J’avoue ne pas respecter l’exercice. L’œuvre filmique la plus bouleversante de l’année est un court, et non un long métrage. Tim Dup s’allie à Hugo Pillard. Le résultat ? 16 minutes de questionnements universels. Le genre de métaphysique qui torture soit à l’adolescence, soit à l’âge adulte. A quoi bon faire ce que l’on fait ? Tim Dup tente d’y répondre, tout en exposant les coulisses de son second album. Qu’en restera-t-il ? évoque tout simplement la beauté de la vie.
Par contre, s’il fallait absolument retenir un et un seul long métrage, il se nomme Felicità. (allez le voir, c’est tout)
Drunk est également un coup de cœur inoubliable. L’être humain ne peut se défaire de certains vices. Les drogues n’ont rien de miraculeux. Thomas Vinterberg le démontre d’ailleurs à l’écran. Danser. Boire. Mourir. Renaître. Ce film est à voir et revoir.
L’humour efficace n’était pas non plus absent. Borat 2 illustre une Amérique malade. Malgré la réussite du nouveau projet de Sacha Baron Cohen, c’est l’imagination Taika Waititi qui occupe ce classement. Ce dernier réalise un drame et une comédie mémorable, Jojo Rabbit. Se moquer d’Hitler n’est peut-être plus si subversif qu’avant. Néanmoins, il est toujours possible de sensibiliser à des thèmes tragiques via l’ironie.
Quant à Uncut Gems et 1917, je n’aimerais pas vraiment les voir à nouveau. Sauf que leurs propositions cinématographiques sont vraiment pertinentes. L’un synonyme d’une course malsaine, dont le climax final traumatise. L’autre, signe des performances techniques qui font vivre la guerre aux spectateurs.
Nulle science-fiction pour ce top. C’est bien atypique de ma part !
Une seule évidence apparaît claire et nette : cette année, des artistes sacralisent des tranches de vie grâce à un œil critique et créatif. –DRAMA
TOP 5
-
Qu’en restera-t-il ? – Hugo Pillard
-
Felicità – Bruno Merle
-
Drunk – Thomas Vinterberg
-
Jojo Rabbit – Taika Waititi
-
Uncut Gems – Joshua et Ben Safdie
–
TOP/FLOP 2019 – TOP/FLOP FILMS 2018 – TOP FILMS 2017
–