En 2023, je cite Arthur Teboul. Plus précisément, je souligne à quel point sa plume est remarquable. Sans oublier son envie de rendre la poésie accessible à tout le monde. Cette ambition mérite quelques applaudissements.
Comme vous pouvez le lire, le chanteur épate. Il performe également chez Feu! Chatterton, groupe brillant. Mais un autre artiste prend, haut la main, la place de meilleur auteur-compositeur francophone. Florent Marchet est un poète d’exception. Pourquoi ? Depuis 2004, le Berruyer ne cesse d’étudier la société au scalpel. Là où UssaR, Tim Dup ou Arthur Teboul, soignent une écriture plutôt onirique, Florent Marchet, lui, se colle souvent au réel.
Il critique alors l’idolâtrie (« L’idole »), dissèque les violences conjugales (« Comme il est beau »), imagine le futur (« Apollo 21 »), décrit le fléau du temps (« Notre jeunesse », « Benjamin »). Il dépeint avec précision nos quotidiens, qu’ils soient tragiques ou banals.
Son écriture rappelle l’univers de Hirokazu Kore-eda. Le cinéaste, connu pour avoir réalisé Nobody Knows (2004) et Une Affaire de Famille (2018), filme ses acteurs et paysages, tel un sociologue prêt à illustrer la vie des Japonais. L’artiste est d’autant plus talentueux vu qu’il n’inflige pas une once de manichéisme. Florent Marchet rejoint cette voie, en délivrant un vocabulaire spontané et populaire.
J’aime bien concevoir les chansons comme le regard qu’on porte sur le monde, tel qu’on le ressent. Je ne me vois pas parler essentiellement de ma petite personne, de mes petits émois. […]
Florent Marchet
Je suis laborieux. Dès que je dois fabriquer de la pensée, c’est terrible. Je cherche mes mots. Je mets un temps infini à construire une phrase. Je préfère m’exprimer sur des sujets à travers des chansons. Bref, vous l’aurez compris, je ne serai jamais politicien.
Sociomusicus. Attribuons cet adjectif au musicien ! Pour ce travail si sensible, si pointu, merci.
brunoaleas – Photo ©Marie Rouge